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Point de presse de Mme Carole Poirier, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration et de communautés culturelles

Version finale

Le mercredi 1 mars 2017, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures une minute)

Mme Poirier : Alors, bonjour. Ce matin, justement au lendemain de notre nuit passée pour la loi pour le retour des juristes au travail, bien, je serais heureuse d'entendre le gouvernement revenir sur la décision qu'ils ont prise lors du vote sur la motion du mercredi de la semaine passée.

On se rappellera que la motion du mercredi était pour demander au gouvernement d'introduire, dans le projet de loi n° 98, des propositions que nous avons faites pour l'intégration des nouveaux arrivants au travail. Malheureusement, le gouvernement a refusé, mais c'est assez incompréhensible comme décision.

Et je vous ferai un petit rappel des faits. Période de questions du 6 février, le chef de l'opposition demande au premier ministre : Allez-vous appliquer les mesures d'intégration que nous vous proposons? Le premier ministre répond : Ayons des travaux en commun. Moi, je l'invite, avec une personne de sa députation, à nous visiter puis à échanger avec la ministre de l'Immigration et notre gouvernement sur l'ensemble de ces mesures-là. Je pense qu'il a raison et qu'il pointe... lorsqu'il pointe cette mesure-là. Donc, on peut s'attendre à un travail de collaboration.

Deuxième étape, j'écris à la ministre Kathleen Weil le 8 février et je reçois un appel dans les jours qui suivent pour un rendez-vous, mais qui aura lieu seulement que le 13 mars prochain.

Entre-temps, le premier ministre fait une autre déclaration en disant que le projet de loi n° 98 va devenir le véhicule pour justement introduire les mesures que nous proposons et il dit : Le projet de loi n° 98, donc, s'il y a des recommandations puis des suggestions à faire pour des amendements, c'est à la ministre de la Justice qu'il faut s'adresser.

Donc, notre compréhension est claire, à ce moment-là, qu'il y aura ouverture pour introduire, dans le projet de loi n° 98, des mesures en lien avec l'intégration. La ministre est toujours fermée. Bon, on pouvait mettre ça sur le dos de la grève des juristes, on est bons joueurs, mais là c'est fini, et là on s'attend à une ouverture importante.

Parce que, nous, on en a proposé, des choses. On a proposé le fait qu'on applique la même règle qu'en Ontario, appliquée depuis 2013, à l'effet que c'est interdit de demander de l'expérience canadienne lors d'une entrevue, le fait d'appliquer les C.V. anonymes, d'avoir un guichet unique pour la reconnaissance des acquis, d'avoir un cadre légal commun pour les universités et les ordres professionnels. Et ça, c'est en ligne directe, là, avec le projet de loi qui est sur la table.

On a demandé plus de francisation. Pourquoi on demande ça? Tout simplement parce qu'on n'est pas les seuls à le demander. Le rapport de l'IREC de janvier 2016 nous disait : Le Québec rate sa cible. On rate notre cible parce qu'on ne met pas assez d'argent en francisation. Le rapport Bachand, on se rappellera du ministre Bachand qui nous a produit un rapport en décembre 2016, Plus de diplômés, mais sans emplois. Ça, c'est des résultats concrets.

Pourquoi un immigrant qui fait sa demande dans un processus où on lui dit : Quels sont tes diplômes, quelles sont tes compétences, quelles sont tes années d'expérience, ça lui donne des points pour pouvoir avoir son certificat de sélection? Un coup entré au Québec, tout ça ne vaut plus rien, ne vaut plus rien. Il doit recommencer dans un processus de reconnaissance d'acquis. Pourquoi ne pas faire ce processus-là au moment où il fait sa demande et lui dire l'heure juste : Il va falloir que tu retournes au cégep, il va falloir que tu retournes faire des études? Si tu es médecin, il faut que tu recommences à peu près toute ta médecine. Pourquoi on ne donne pas l'heure juste au lieu de créer justement du désespoir et surtout des familles qui arrivent ici et qui se retrouvent démunies parce qu'on ne leur offre pas d'emploi?

Alors, on est au moment où le gouvernement doit prendre des décisions. Projet de loi n° 98, on va revenir au retour du congé, on va faire en sorte de demander à la ministre... Là, il y a des juristes, là, on peut écrire des amendements, là, ça va aller plus vite, là. Alors, on demande à la ministre : On veut avoir ces dispositions-là dans le projet de loi n° 98. On veut faire en sorte que l'intégration en emploi des immigrants, ce soit un vrai objectif au Québec.

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais il me semble que la réponse vous a déjà été donnée. Il me semble que le gouvernement vous a dit : On est prêt à prendre les mesures que vous avez proposées, mais celles concernant les ordres professionnels. Il me semble que la réponse a été donnée, là, déjà, la semaine dernière. Il y a même une proposition d'amendement qui a été faite.

Mme Poirier : Bien, justement, l'amendement qui a été fait, il est contradictoire avec l'ouverture que le premier ministre avait faite. Le premier ministre avait été très clair en disant : Si vous avez des propositions pour le projet de loi n° 98, on va les prendre. Mais, dans la réponse à la motion, ils sont venus complètement fermer la porte.

M. Salvet (Jean-Marc) : Ça, je comprends, mais ce débat-là, donc, a déjà été fait. Il y a eu un vote à l'Assemblée nationale, ils ont dit non. Ils ont dit : On est prêts à prendre les mesures concernant les ordres professionnels. Vous, vous dites : On va revenir à la charge. Il me semble que ce débat a déjà été fait la semaine dernière. Il y a même eu un vote là-dessus.

Mme Poirier : Même s'il y a eu un vote, je vais vous dire, on va revenir à la charge. Il y a un problème, ce problème-là doit être réglé. Le problème de l'intégration des immigrants est un réel problème. Les taux d'emploi sont incroyables. Il y a encore des gens qui se présentent...

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais est-ce que le n° 98 est le bon véhicule puisqu'eux-mêmes précisent maintenant vos propositions, mais celles ayant trait aux ordres professionnels? Les autres, il faut en discuter ailleurs.

Mme Poirier : D'accord.

M. Salvet (Jean-Marc) : Il me semble que c'est ce que j'ai entendu de la part du gouvernement.

Mme Poirier : Alors, le cadre légal commun pour les ordres professionnels et les universités, il est où dans le projet de loi n° 98? On ne le voit pas du tout. Le guichet unique, il est où dans le n° 98? Je ne le vois pas. Ça, c'est de la reconnaissance d'acquis. C'est en lien direct avec les ordres professionnels. Ils ont dit non à ça aussi lorsqu'ils ont voté la motion.

M. Bergeron (Patrice) : Pourquoi vous ne comptez pas sur votre rencontre du 13 mars alors, qui devrait peut-être vous apporter d'autres éclairages sur ce qu'on veut faire avec vos autres propositions?

Mme Poirier : Bien, ma crainte, c'est que le 13 mars, on ne fasse que nous dire : Bien, on travaille là-dessus, on travaille là-dessus, on travaille là-dessus. Moi, je ne veux pas qu'on travaille là-dessus.

Lors de la période de questions, le 6 février, on a dit au premier ministre très clairement : On est prêts que d'ici juin il y ait des vrais changements. Il y a des choses qui peuvent être changées. Le fait de dire qu'il faudrait avoir plus de personnes des communautés culturelles qui soient à l'emploi de l'État québécois, ça, c'est un projet de loi qu'on peut faire tout de suite, là, c'est facile, facile. Le fait qu'on puisse dorénavant avoir un pourcentage de nominations au sein des C.A., des organismes de l'État, ça peut se faire tout de suite, ça. Ça peut être un papillon qu'on met dans le n° 98, là. On peut le transformer, le n° 98, en omnibus pour y mettre plus de choses, pour y mettre justement les C.V. anonymes, pour mettre le fait qu'on puisse avoir... justement changer la loi comme en Ontario.

On peut transformer le n° 98. Quand on s'entend ici, on peut tout faire. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est : Ouvrons les portes du n° 98, donnons-nous ce véhicule-là et changeons les choses. Assez de parler, agissons.

M. Boivin (Mathieu) : Mme Poirier, il y a un sondage ce matin qui nous apprend que la majorité des Québécois ne sont pas d'accord à accueillir davantage d'immigrants au Canada et qui nous dit qu'il y a encore trois Québécois sur quatre qui souhaitent un resserrement de la surveillance aux frontières pour empêcher l'arrivée d'immigrants illégaux. Commentaires?

Mme Poirier : Bien, je vous dirais un commentaire très simple. Premièrement, on parle de réfugiés. Les réfugiés, c'est de compétence fédérale. Alors, à mon avis, le titre, là, sur les immigrants, on parle de réfugiés. C'est une distinction qu'on ne fait pas assez souvent. Il y a une grosse différence. Un sans-papiers, un demandeur d'asile, un réfugié puis un immigrant, c'est quatre catégories différentes et on fait un amalgame un peu facile.

Moi, je dis : On a un régime qui fonctionne au Québec, qui est le régime de recevoir des gens par le certificat de sélection. Ça, c'est de l'immigration économique. Ça fonctionne. Il y a un autre... Elle fonctionne mécaniquement. L'intégration à l'emploi ne fonctionne pas, mais ça fonctionne sur le processus.

Il y a un deuxième processus qui s'appelle les réfugiés. On l'a vu avec les Syriens, là, ça a super bien fonctionné. C'est des gens qu'on a reçus, intégrés, etc. Ça fonctionne bien. Là, actuellement, il y a un phénomène à la frontière, j'appellerais le phénomène Trump, qui fait que des gens passent la frontière de façon illégale. Alors, il faut que ces gens-là soient traités comme on fait avec des gens qui arrivent de façon illégale et qu'ils suivent le processus aussi, donc, de demandeurs d'asile et éventuellement de réfugiés, qu'ils fassent la démonstration qu'ils sont des réfugiés. Il y a un processus, il y a des règles. Il faut que ces gens-là respectent les règles.

M. Boivin (Mathieu) : Et donc il faudrait effectivement, tel que stipule la question, là, qu'on resserre la surveillance aux frontières pour empêcher l'arrivée d'immigrants illégaux.

Mme Poirier : Bien, moi, ce que je dis, c'est que ce qu'il faut faire, c'est qu'il faut s'assurer que le processus soit suivi et que, si le processus n'est pas suivi, bien, ces gens-là, il faut qu'ils fassent la démonstration comme tous les autres. Il y a plein de réfugiés qui arrivent au Québec, ça prend des fois trois ans, quatre ans, cinq ans, et on a vu des réfugiés, après cinq ans, être retournés dans leur pays parce qu'ils n'ont pas fait la démonstration de la dangerosité de leur situation. Alors, on a un processus qui a été établi, suivons ce processus.

M. Croteau (Martin) : Vous dites que l'immigrant qui arrive aux frontières, c'est du ressort du fédéral. Néanmoins, est-ce que vous attendez des actions du gouvernement du Québec par rapport au phénomène Trump?

Mme Poirier : Bien, il est bien sûr, parce que la ministre a besoin de parler à son homologue fédéral, parce que ces gens-là arrivent ici, mais on a aussi un flux d'immigrants... de réfugiés qui arrivent aussi par le Manitoba présentement. Moi, ce que j'entends... j'ai lu, en tout cas, dans des articles que vous avez publiés, c'est que la ministre avait une conversation à avoir avec ses homologues des autres provinces pour établir quelles seraient les modalités à venir pour, dans le fond, stopper et de régulariser la situation. Les gens ne passent... s'ils passent par la vraie frontière, là, alors là ils déposent leurs documents en disant : Je fais une demande de demandeur d'asile, et tu en as d'autres qui passent par les chemins de travers et qu'on est obligés d'arrêter par la GRC. Alors, il y a comme deux processus, là. Il ne faut surtout pas mélanger les choses.

M. Croteau (Martin) : Vous parlez de stopper. Vous voulez dire quoi exactement? Vous souhaitez que ces migrants-là qui craignent être déportés par l'administration Trump et qui fuient vers le Canada, vous souhaitez que leur arrivée au Canada soit stoppée? Qu'est-ce...

Mme Poirier : Pas stoppée. Ce que je dis, c'est qu'elle doit se faire dans les règles. On a des règles, faisons-le dans les règles, et ces gens-là doivent passer par le processus de demandeur d'asile tel qu'on le fait dans les normes actuelles.

M. Croteau (Martin) : Mais, de votre point de vue, est-ce que ces gens-là sont les bienvenus au Québec? Est-ce qu'il devrait y avoir quelque chose de particulier de fait au Québec pour les accueillir ou les accommoder?

Mme Poirier : Bien, moi, je pense qu'on a déjà des processus. On est très accommodants. Ces gens-là vont suivre le délai de carence en santé, vont avoir droit à toutes sortes de modalités. C'est déjà des programmes prévus, là. Il n'y a rien de nouveau là-dedans, mais il faut s'assurer que ces gens-là aient droit aux mêmes services que ceux qui vont arriver par un aéroport, par exemple.

M. Croteau (Martin) : Donc, il ne faudrait pas mettre sur pied un programme particulier pour ces gens-là?

Mme Poirier : Pas du tout. Les programmes existent déjà, tout est en place. Il faut juste s'assurer qu'on leur donne les meilleurs services possible. Ce n'est pas facile, ce qu'ils vivent, là, et, s'ils se sentent expulsés des États-Unis, bien, je pense qu'il faut regarder leur situation et regarder s'ils sont dans une situation vraiment de demandeurs d'asile et de réfugiés. C'est ça qu'il faut regarder.

M. Boivin (Mathieu) : Est-ce que vous la comprenez, l'inquiétude des Québécois qui est manifestée, là, dans les réponses au sondage?

Mme Poirier : Je peux comprendre. Moi, je suis très à l'écoute de ça, mais c'est que la majorité des gens ne connaissent pas nos processus, actuellement, et je pense qu'on a justement un devoir de vulgariser ces processus-là pour faire en sorte de faire la démonstration qu'on a une structure d'accueil qui existe déjà.

Ces gens-là n'arrivent pas à l'hôtel demain matin, là, et avec une carte d'aide sociale puis une carte d'assurance maladie, là. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne au Québec. Il y a un processus, ils doivent le suivre, et moi, je dis que, si ça se fait dans les règles et de façon, je dirais, contrôlée, là, par nos règles, tant mieux.

M. Bellerose (Patrick) : Le sondage semble suggérer que les francophones sont davantage réfractaires, justement, à cette arrivée de gens des États-Unis. Est-ce que ça veut dire quelque chose, selon vous?

Mme Poirier : Non, pas du tout. Je ne pense pas qu'il y a une connotation, puis vous ne m'amènerez pas sur le domaine du racisme, pas du tout. Je pense qu'on peut avoir de l'inquiétude. On voit ce qui s'est produit dans des pays européens où il y a des flux migratoires importants. On n'en est pas là, on n'est pas dans ce genre de situation là. Il y a des processus. Moi, je pense que faire connaître les processus, ce serait bien. Merci.

Des voix : Merci.

(Fin à 11 h 13)

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