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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, et M. Pascal Bérubé, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique

Version finale

Le jeudi 16 mars 2017, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures une minute)

M. Lisée : Le maire de Montréal a dit hier qu'il y a des gens qui ont dormi au gaz. Il y a des gens qui ont dormi au gaz puis qui sont payés pour être vigilants. Il y a des gens qui sont payés pour assurer la sécurité des Québécoises et des Québécois, en particulier en situation d'urgence, à la Sûreté du Québec, au 9-1-1, au ministère des Transports, dans la fonction publique, dans les cabinets de ministres, au niveau ministériel, au cabinet du premier ministre et le premier ministre. Ces gens-là sont payés pour veiller à la sécurité des Québécois. Ces gens-là sont payés pour voir venir la difficulté. Ces gens-là sont payés pour organiser les services pour qu'on soit prêt au pire.

De toute évidence, sur toute la chaîne, il y a eu des manquements graves. Il y a eu des fautes professionnelles, il y a eu des bris de service. Il y a des gens qui n'ont pas fait le travail pour lequel ils sont payés, et ces gens-là doivent répondre de leurs actes. La première personne qui doit répondre de ses actes, c'est le ministre des Transports, Laurent Lessard, qui hier a démontré hors de tout doute qu'il n'était pas à la hauteur de la tâche qui est la sienne. Nous pensons que le premier ministre doit le suspendre de ses fonctions, doit le démettre immédiatement. Il n'était pas à la hauteur de la tâche avant la crise, pendant la crise, après la crise. Le ministre des Transports a laissé tomber les Québécois au moment où ils avaient besoin de lui.

Des informations qui nous proviennent depuis hier montrent que les décisions indispensables pour assurer la sécurité des Québécois n'ont pas été prises, des décisions d'affectation, des décisions de mettre en vigueur des protocoles existants pour augmenter le nombre de personnes en charge de la sécurité. Nous devons savoir qui, à quel moment, n'a pas fait son travail, et pour ça, ça prend un enquêteur externe. Nous ne demandons pas une grande commission d'enquête qui va prendre un an, nous demandons un enquêteur administratif, un ancien sous-ministre de la Sécurité publique, de la protection civile ou des Transports, désigné conjointement par le gouvernement et l'opposition, une condition indispensable à établir la confiance dans cette enquête.

Nous demandons que cet enquêteur prenne quelques semaines pour faire le tour de ce qui s'est produit et vienne rendre compte à une commission parlementaire. Et nous demandons que cet enquêteur ne fasse pas que nous dire quels ont été les processus. On veut qu'il nous dise qui a dit quoi, à qui, à quel moment, qui n'a pas fait son travail et quelles sanctions doivent être posées pour les fautes professionnelles graves qui ont été commises au cours des 48 dernières heures, fautes professionnelles graves qui ont mis à risque la vie de centaines de Québécois.

Nous espérons que le premier ministre, aujourd'hui, contrairement à hier, sera à la hauteur de la situation. On espère que le premier ministre reconnaîtra avec nous que son ministre des Transports, ses services administratifs, les sous-ministres qu'il a lui-même désignés — c'est le premier ministre qui désigne les sous-ministres — n'ont pas été à la hauteur de la tâche qui est la leur, et que le premier ministre va se rendre compte que ce fiasco, en fin de course, il lui appartient, à partir des désignations qu'il a faites, des personnes qu'il a choisies, et que donc il doit admettre avec nous qu'un enquêteur externe désigné conjointement doit faire la lumière et faire ses recommandations.

Nous voulons savoir aussi, au niveau politique, comment il se fait que, lorsque la SQ était incapable de parler au MTQ, il n'y a pas eu un signal d'alerte qui s'est rendu plus haut, au cabinet du ministre de la Sécurité publique, pour dire : Il y a un problème, on est en crise majeure, des centaines de personnes sont dans leur voiture. La SQ ne peut pas parler au MTQ, que se passe-t-il pour réparer ce bris de communication? À quel moment est-ce que le ministre de la Sécurité publique a été avisé qu'un des services essentiels, dont il a la charge, n'arrivait pas à faire son travail? À quel moment est-ce que le ministère de la Sécurité publique a avisé le ministère des Transports que le ministère des Transports ne répondait pas à l'appel? Et, si ça n'a pas été fait, pourquoi? Où sont les incompétents? Qui sont les incompétents et combien d'heures faudra-t-il avant qu'ils soient remplacés par des gens compétents?

J'ai eu la chance, dans ma vie, d'être conseiller de Lucien Bouchard au moment où il y avait la crise du verglas, et tous les jours on se demandait : Qu'est-ce qui peut arriver de pire dans les 24 prochaines heures et sommes-nous prêts au pire? Et le leadership politique, il est essentiel pour donner l'énergie, donner l'impulsion à l'ensemble des services administratifs. Je ne dis pas que le premier ministre aurait dû faire comme Lucien Bouchard à l'époque, parce qu'on n'avait pas une ampleur semblable, mais c'était le ministre des Transports et le ministre de la Sécurité publique qui auraient dû, à partir de mardi, annuler tous leurs rendez-vous et dire : Bien, on va gérer cette crise-là, on va envoyer les bons signaux, on va poser les bonnes questions.

Et de toute évidence, pour eux, ce qui s'en venait, ce qui était prévu, ce qui était sur les écrans, ce qu'on voyait en couleur se dégager de l'Ontario vers chez nous, ce n'était pas assez important pour qu'ils en fassent une priorité. Il y a une grave responsabilité politique qui est engagée et il y a une grave responsabilité administrative. Les Québécois ont l'impression, avec raison, que leur gouvernement les a laissé tomber dans un moment de grand besoin. Nous devons savoir qui, nous devons savoir comment. Et avant de, bien sûr, faire en sorte que ça n'arrive plus jamais, il faut que les gens qui sont responsables d'avoir laissé tomber les Québécois soient imputables et sanctionnés.

M. Bérubé : Responsabilité ministérielle et gestion de crise, encore une fois, le ministère des Transports, sous le gouvernement libéral, on a passé à côté de potentielles tragédies humaines importantes. Les questions que le chef du Parti québécois pose sont très importantes.

À partir de quel moment le ministre de la Sécurité publique et le ministre des Transports ont-ils reçu l'appel, l'état de situation les informant de la gravité? Et, à partir de cette séquence-là, on va être capable de mesurer leur réaction. Et je regrette, à titre de parlementaire, qu'hier, dans un moment important, où il faut donner l'information, expliquer et rassurer, que le blâme a été porté sur vous, alors qu'on aurait dû s'adresser aux Québécois et surtout aux personnes qui étaient malencontreusement prises, captives sur l'autoroute, leur expliquer comment on a failli. Et, en ce sens, le message qu'on veut envoyer, c'est qu'on veut faire toute la lumière, toute la vérité pour, un, d'abord comprendre ce qui s'est passé, ensuite s'assurer que ça ne se représente jamais.

Nous avons vécu, le chef du Parti québécois et moi, cette responsabilité ministérielle aussi de la gestion de crise, que ce soit Mégantic ou L'Isle-Verte, rapidement, il faut agir. C'est une façon pour un gouvernement d'être rapidement en phase avec la situation, et, en ce sens, c'était une crise qui commandait des réponses extraordinaires.

Et je termine en disant qu'en matière de sécurité publique, quand on m'explique que le 9-1-1 a été appelé, que la réponse n'était pas immédiate, qu'on ne répond pas aux policiers au ministère des Transports, imaginez, là, si on perd confiance, dans une situation comme celle-là, aux autorités policières et aux liens qu'ils peuvent faire avec leurs partenaires, on a un sérieux problème.

Le Modérateur : Merci, MM. Lisée et Bérubé. On va y aller avec les questions. Merci d'avoir une question, une sous-question. On va au micro de droite, M. Laforest.

M. Laforest (Alain) : Bonjour. Si on fait un peu rapidement la genèse des événements, on a un sous-contractant, on a le ministère des Transports, on a la Sûreté du Québec, on a la Sécurité publique. On append que la Sécurité publique n'a pas jugé bon d'ouvrir son centre d'urgence, et là vous blâmez le ministre des Transports.

À ce que je sache, ce n'est pas le ministre des Transports qui est responsable d'ouvrir le centre d'urgence. Ce n'est pas le ministre de la Sécurité publique?

M. Lisée : Tu veux répondre?

M. Bérubé : Bien, oui. En fait, la Sûreté du Québec a tenté à plusieurs reprises de rejoindre le ministère des Transports pour une raison très simple : leurs véhicules ne peuvent pas se rendre sur les lieux, ils ont besoin de l'outillage, des charrues, des instruments du ministère des Transports ou de leur sous-traitant pour pouvoir se rendre sur place. C'est une question de sécurité, sinon eux-mêmes se mettent en danger.

Alors, cette question-là, il y a des dizaines d'appels qui ont été logés, ils n'ont pas pu se rendre. Quant à un centre d'hébergement, c'est une autre responsabilité, là. Qu'ils appellent la sécurité civile à ce moment-là. Ça s'est produit à d'autres endroits, ça aurait pu se faire là également.

Mais d'abord que les policiers puissent aller constater, avec les paramédics potentiellement, l'état du danger, ça, c'était la première étape préalable ou potentiellement simultanée à un centre, là, d'accueil pour les personnes qui étaient, là, prises dans le froid.

M. Lisée : La question va se poser, il n'est pas certain qu'il fallait que la Sécurité publique entre en action à ce moment-là. Ce qui est certain cependant, c'est que la SQ tentait de rejoindre le MTQ et n'arrivait pas à le rejoindre. C'est pourquoi je pose la question au ministre Coiteux : Quand a-t-il su qu'il y avait un bris de communication, dans une situation grave, entre les services policiers de son ministère et les services du ministère de M. Lessard? S'il l'a su, qu'a-t-il fait, lui, ou son cabinet, ou son administration? À quelle heure? Et, de toute évidence, pendant toute la nuit, ça n'a pas été fait.

Donc, il y a une responsabilité qui est engagée de la part de M. Coiteux, mais on voit bien que le noeud du problème est au MTQ, et c'est l'inaction du MTQ qui a fait en sorte que la SQ, entre autres, et d'autres ne pouvaient pas faire leur travail correctement. Et donc la responsabilité première, elle est au ministre Lessard, mais je ne dis pas que M. Coiteux a fait ce qu'il devait faire au bon moment. Nous voulons avoir des réponses à ces questions-là aussi.

M. Bérubé : Juste un petit élément. Il y a des caméras partout sur le réseau. Je ne peux pas croire que c'est les mêmes qu'on avait à Orsainville, là, qui n'ont rien vu, là. Ces caméras, elles étaient partout sur le réseau, elles permettent...

Écoutez, là, ils ont capté un harfang des neiges, là, qui allait devant l'écran, là, puis ils ont montré ça, là, sur le site du ministère, il y a à peu près deux ans, comme une grande fierté. Est-ce qu'on peut voir ce qui se passe sur l'autoroute aussi? Les caméras sont partout.

M. Laforest (Alain) : Donc, pour vous, les 300 personnes prises dans leur véhicule, à Montréal... il y a quand même eu deux morts, là, dans la région de Montmagny. Est-ce qu'on a tout fait pour aller les chercher?

M. Lisée : Bon, ça, il y aura une enquête du coroner dans ce cas-là. Les informations que nous avons pour l'instant, c'est que la volonté de trouver ces personnes était au rendez-vous. Je ne veux pas tirer de conclusion politique sur ces cas-là. Je veux laisser l'enquête du coroner faire la lumière là-dessus. Je ne doute pas de la volonté de chacun des intervenants, que ce soit la SQ, des pompiers, les policiers, ceux qui étaient au travail, qui ont voulu bien faire leur travail. Je veux savoir s'il y avait assez de gens au travail, s'ils étaient correctement coordonnés, si des décisions avaient été prises pour renforcer les équipes. Nous avons des indications ce matin que ce n'était pas le cas. Ça, c'est une décision politique de renforcer ou de ne pas...

M. Laforest (Alain) : On parle de Montréal ou on parle de Montmagny?

M. Lisée : Non, je ne parle pas de Montmagny. Montmagny, je mets à l'écart, O.K.? Montmagny, le coroner nous le dira. Je ne veux pas faire de politique avec des questions où il y a mort d'homme. Laissons le coroner faire ça. Là où nous savons qu'il y a une responsabilité politique, c'est dans la gestion de crise sur l'autoroute 13.

Le Modérateur : Merci. Mme Richer, LaPresse canadienne.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour, M. Lisée. Au cours des dernières années, il y a plusieurs ministres qui se sont succédé au ministère des Transports. Ça semble être des portes tournantes et ça semble être un ministère difficile ou impossible à diriger, à gouverner.

Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu... Vous demandez une enquête. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'y voir, dans cette crise, un problème non pas circonstanciel mais structurel? Et est-ce qu'il n'y a pas lieu d'élargir l'enquête sur toute la gouvernance et la structure du ministère des Transports? Est-ce qu'il y a un problème plus profond?

M. Lisée : Écoutez, la structure était la même lorsque nous étions au pouvoir et que nous avons géré la crise du verglas, lorsque nous avons géré la crise à Lac-Mégantic, à L'Isle-Verte, mais à Lac-Mégantic, il y avait des problèmes de transport aussi. Ça marchait. Ça marchait. Il y avait des organigrammes assez semblables.

Et moi, je pense qu'il y a une responsabilité individuelle. Des personnes n'ont pas pris les bonnes décisions pour des raisons qui sont obscures. Est-ce que c'est de l'incompétence, c'est de la nonchalance, de l'inefficacité? C'est sûr qu'il y a des questions à la MTQ  qui créent un malaise sur… Lorsqu'il y avait un ministre, Robert Poëti, qui voulait faire la lumière, il a été retiré de son poste, mais ce n'était pas la lumière sur une situation comme celle qu'on vient de voir, c'est sûr les questions de malversation.

Est-ce que la gestion de M. Couillard du ministère des Transports, à changer le ministre régulièrement, est une bonne chose? Évidemment non. Est-ce que l'incapacité du premier ministre de trouver un bon ministre des Transports aggrave les choses? Évidemment oui. Mais, sous d'autres gouvernements, ce ministère-là, dans des situations d'urgence, a bien fonctionné.

Mme Richer (Jocelyne) : C'est le premier ministre Couillard qui a nommé M. Lessard dans cette fonction-là. Selon vous, quelle part de responsabilité doit-il assumer dans le cafouillage qu'il y a eu mardi?

M. Lisée : Une énorme part de responsabilité, et c'est ce que l'enquête doit démontrer. Les personnes que M. Couillard a choisies comme compétentes pour gérer des situations de crise se sont montrées incompétentes. Alors, le jugement de M. Couillard est engagé.

Le Modérateur : Merci. On va avec M. Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour, M. Lisée. Vous dites qu'il y a des gens qui ont prises des mauvaises décisions. Donc, si on enlève M. Lessard, là, au ministère des Transports, il y a un sous-ministre qui est responsable de ça, il y a des employés. Quelles seraient les conséquences qu'il pourrait y avoir? Parce qu'on a toujours l'impression qu'il n'y a pas vraiment de conséquence pour les employés de la fonction publique.

M. Lisée : Il faut que l'impunité cesse. Il faut que des gens soient tenus responsables. Alors, moi, je ne peux pas vous dire qui, quoi, à quelle heure et quelle sanction. Mais c'est pourquoi nous demandons un enquêteur externe, qui connaît l'administration publique, qui sera choisi de concert entre le gouvernement et l'opposition pour nous dire : Bien, voici ce qui aurait dû être fait par telle personne. Elle ne l'a pas fait. Il y a des règles, il y a des sanctions. Lorsqu'une faute professionnelle, grave ou non, a été commise, il peut y avoir une suspension, on peut avoir un renvoi. Ces règles-là existent. Elles…

Une voix :4uvUne mutation...

M. Lisée : Une mutation… On ne veut pas de Gilles. C'est fini, les Gilles. On n'en veut pas.

M. Lecavalier (Charles) : Parce qu'on a souvent l'impression que le genre de punition, c'est de se retrouver administrateur à l'ENAP ou…

M. Lisée : Une faute professionnelle grave doit encourir une réelle sanction. Si quelqu'un est incompétent dans un poste, il y a peut-être des responsabilités beaucoup moins importantes que cette personne-là devrait assumer, avec un salaire beaucoup moindre, pour ne pas mettre en danger les personnes dont il a la charge.

M. Lecavalier (Charles) : Comment est-ce qu'on peut expliquer que ce soit le maire Coderre qui ait donné une chronologie des événements, incluant les gestes ou les non-gestes du MTQ, et non pas le ministère des Transports qui a fait un point de presse avec tous les faits, ce qui s'est déroulé, etc?

M. Lisée : Il est plus compétent. Denis Coderre est plus compétent que Laurent Lessard. C'est aussi simple que ça, et, si M. Couillard veut convaincre M. Coderre d'être ministre des Transports, moi, comme citoyen du Québec, je serais très content.

Le Modérateur : On y va avec M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : M. Lisée, vous avez parlé de suspendre Laurent Lessard. Pourquoi vous ne demandez pas carrément sa démission? Est-ce que vous souhaitez qu'il quitte carrément, définitivement?

M. Lisée : Oui. Oui, je souhaite qu'il quitte ses fonctions, oui.

M. Vigneault (Nicolas) : Sur cette enquête-là, l'enquêteur... qu'est-ce que vous attendez de cette enquête? Vous ne voulez pas vraiment une commission, évidemment, il y en a déjà suffisamment. Qu'est-ce que vous attendez de cette enquête-là?

M. Lisée : Donc, je veux de la rapidité. Je veux quelqu'un qui peut entrer au ministère des Transports, entrer au ministère de la Sécurité publique, avoir le mandat d'interviewer les gens, de faire la chronologie, de comparer les témoignages et de rendre un rapport sur ce qui n'a pas marché et les personnes qui n'ont pas fait leur travail, les personnes administratives, les personnes politiques. À partir d'une réelle chronologie des événements et des témoignages, on peut avoir, en quelques semaines, un portrait de la situation, des recommandations de sanction, et je veux que cette personne-là fasse rapport à une commission parlementaire.

Le Modérateur : On y va avec M. Boivin, Le Soleil. Micro de droite.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, M. Lisée. Croyez-vous que la façon dont cette crise a été gérée ouvre la porte pour les gens qui en ont subi les conséquences à une forme de dédommagement? Est-ce qu'ils devraient être compensés pour ce qu'ils ont subi?

M. Bérubé : Bien, d'abord, la première décision qui s'imposait, c'est pour le remorquage. Ils ont pris... ça, ça a été... il y en a eu une bonne décision, c'est celle-là, pour le remorquage. Pour le reste, il y a des gens qui ont manqué du travail, il y a des gens qui ont manqué de nourriture. Il y a des gens qui étaient en situation problématique quant à leur santé. Il y a un diabétique hier, un citoyen diabétique qui a parlé qu'il était en manque grave pour sa condition. Alors, il n'est pas exclu qu'ils décident eux-mêmes d'intenter des recours. Compte tenu de la situation, il y a une responsabilité ministérielle, une responsabilité de l'État sur une route qui est gérée par le gouvernement du Québec, en plein centre-ville de Montréal, de ne pas être capable de les secourir, de leur apporter le réconfort et l'aide nécessaire. C'est grave. Imaginez, c'est à Montréal. Moi qui habite une circonscription rurale, ce que je peux vous dire, cet après-midi, quand je vais me rendre au Bas-Saint-Laurent, je vais me poser des questions, s'il arrivait quelque chose dans une région peu densément peuplée.

Alors, je pense qu'il en vient aux citoyens d'abord d'obtenir des réponses, des excuses, et potentiellement ça leur appartiendra, des dédommagements.

M. Boivin (Simon) : Mais ils auraient raison de le faire, à votre avis...

M. Bérubé : Ça leur appartient. Là, on est dans une démarche entre des citoyens, mais je les comprendrais d'en demander, je vais dire ça comme ça.

M. Boivin (Simon) : Autre question, M. Lisée. Hier, M. Lessard a parlé d'une sous-ministre qui était en charge de la coordination des mesures d'urgence. Craignez-vous qu'on cherche à identifier un bouc émissaire chez les fonctionnaires pour éviter de subir soi-même un traitement, disons, désagréable?

M. Bérubé : Il a commencé par les journalistes hier.

M. Lisée : C'est sûr qu'il y a une chaîne de commandement où il y a eu des manquements un peu partout sur la chaîne, alors chacun doit être tenu pour responsable de ce qu'il a fait ou il n'a pas fait. Parce que c'est très public, parce qu'on l'a tous vu agir et ne pas agir, on peut tous conclure que le ministre responsable a été irresponsable et ne peut plus être ministre.

Maintenant, à l'intérieur, derrière les portes du MTQ, comment ça s'est déroulé? C'est certain qu'il y a eu des manquements. Lesquels? Ce n'est pas des boucs émissaires qu'il faut aller chercher, ce sont des responsables qui n'ont pas fait leur travail. Mais c'est sûr que, s'il fallait que seulement des fonctionnaires soient sanctionnés et que le ministre des Transports, dont tout le monde a pu constater l'incompétence, reste en poste, ce serait une grave injustice.

Le Modérateur : On continue avec Boivin, M. Cogeco Nouvelles.

M. Boivin (Mathieu) : M. Coiteux et M. Lessard nous ont demandé 48 heures, hier, pour en arriver à une conclusion, une enquête crédible. Vous avez tous les deux été au gouvernement. Est-ce que 48 heures pour en arriver à tirer le fin mot de l'histoire, c'est réaliste? Est-ce que c'est nécessaire? Et qu'est-ce qu'il risque de se passer pendant ces 48 heures là?

M. Lisée : Bien, c'est sûr que, d'abord, 48 heures, c'est à la fois trop long et pas assez long. Alors, c'est sûr que tant mieux si, en 48 heures, on a des informations supplémentaires sur la chronologie. Mais vous avez remarqué que Denis Coderre, lui, en quelques heures avait une première chronologie qu'il rendait publique. C'est comme ça qu'il faut faire. C'est comme ça qu'on a fait dans la crise du verglas, c'est ce qu'on a fait dans la crise de Lac-Mégantic et à L'Isle-Verte.

Alors, M. Coderre, lui, savait comment gouverner pendant une crise. Les deux ministres, hier matin, à 9 h 20, donc très tard, n'avaient pas de chronologie à vous donner, n'avaient pas d'informations concrètes à vous donner, balbutiaient devant vous. Clairement, ils n'ont pas été à la hauteur de la tâche. Nous espérons que, demain, ils aient des informations complémentaires à nous donner, mais elles vont faire une chronologie, j'espère, mais elles n'identifieront pas les responsables du fiasco, en particulier eux deux.

Alors, je doute que, dans cette chronologie, on nous dise quel était l'horaire du ministre Lessard pendant les 48 heures précédentes. Et, pendant cette fameuse nuit, combien de fois est-il intervenu? Quel comité d'urgence, quelle cellule de crise a-t-il constitué? Quand est-ce qu'ils se sont parlé pendant la nuit, le ministre de la Sécurité publique et le ministre des Transports? Quel appel a été fait ou n'a pas été fait au bureau du premier ministre pour dire qu'il y avait 300 voitures de citoyens qui étaient pris? À quelle heure le premier ministre a-t-il été avisé de ça? Pourquoi il s'est présenté devant vous, hier matin, comme un passant ahuri de ce qui se passait plutôt qu'un premier ministre en charge d'une situation de crise?

Je ne pense pas que ça soit dans le rapport demain, et donc raison de plus d'avoir une enquête indépendante rapide pour répondre à toutes ces questions-là.

M. Boivin (Mathieu) : En bref et en clair, vous prédisez qu'il n'y aura rien de spécialement valable dans cette reddition de comptes là, demain.

M. Lisée : Non, mais je présume qu'on va apprendre des choses demain. Est-ce qu'on va apprendre toutes les choses qu'on doit savoir? Je présume que non.

Le Modérateur : Merci. Je crois que c'est... Dernière question en français, M. Bélair-Cirino.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Bérubé ou M. Lisée, là, comme vous le souhaitez... M. Bérubé, puisque vous êtes porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique, quel était le rôle du centre de contrôle, du centre de coordination du gouvernement, dans la mesure où ce centre de contrôle là a accès à toutes les caméras, notamment du ministère des Transports. Il y a des employés qui sont là 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ils surveillent, notamment, le printemps, la crue des eaux. Donc...

M. Bérubé : Bien, voilà, alors, pour n'importe quel automobiliste de la région de Montréal ou de la banlieue, sachez une chose : si vous passez sur une autoroute, sur une autoroute, et qu'on est capable de capter votre plaque pour vous envoyer une facture, bien... ça, c'est le minimum, ils sont capables de le faire. On ne serait pas capable de voir 300 véhicules sur une autoroute? Je n'y crois pas.

Il y a un centre de contrôle avec des caméras partout. Je disais tantôt, en boutade, qu'on s'est vanté, il y a deux ans, ah, on a vu passer un harfang des neiges. Vous avez tous vu ça, là, ça a été un buzz sur les réseaux sociaux. Qu'on n'ait pas vu ça, il y a manifestement eu de la négligence ou a capté les images, on a transmis cette information à quelqu'un à la Sécurité publique, à la direction du MTQ. Et, à partir de ce moment-là, quand le politique est au courant de ça, qu'est-ce qu'il en fait? Quelle est son appréciation de la situation? Et 300 véhicules, vous avez vu des images, c'est quand même assez imposant. Et là il y a l'effet cumulatif, parce qu'il y a d'autres véhicules qui peuvent s'accumuler, potentiel de collision, un peu un jeu de billard, comme il s'est passé à Magog.

Alors, je ne comprends pas comment ils ont pu ne pas voir. Et, si les gens ont vu, pourquoi ils n'ont pas été crus? C'est ma réflexion.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que le Plan national de sécurité civile aurait dû être déployé et à quelle heure, selon vous?

M. Bérubé : La sécurité civile, ça s'applique en toutes circonstances, lors de catastrophes ferroviaires, lors de catastrophes humaines, en mer, en forêt. Et maintenant, on apprend qu'il va falloir en déployer en milieu urbain, là où il y a pourtant des services de santé, de sécurité, d'assistance qui sont à proximité. Alors, la sécurité civile, l'assistance, la gestion de crise, les centres opérationnels, c'est en toutes circonstances. Est-ce que le ministère de la Sécurité publique l'a envisagé? Je n'ai pas cette réponse, mais, chose certaine, la situation commandait ce genre de décision de la part du ministre.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Parce qu'on semble se questionner sur qui était responsable, mais il y a un mécanisme qui prévoit...

M. Bérubé : C'est un automatisme. Il y a...

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...dans des situations semblables que le sous-ministre associé coordonne les opérations. Donc, il y a quelqu'un...

M. Bérubé : Il y a une séquence, il y a quelqu'un qui dirige, il y a un interministériel. On nous a même dit que le ministère des Transports a négligé de participer à plusieurs discussions, conférences téléphoniques dans la nuit. Alors, pour quelle raison ils étaient aux abonnés absents? Je ne le sais pas. Mais chose certaine, cette séquence-là est importante parce que chaque minute comptait, compte tenu des conditions climatiques, compte tenu du confinement dans lequel étaient les automobilistes. On dit 300, mais c'est plus que ça, 300 véhicules.

Il y a manifestement... C'est plus sérieux et les conséquences étaient plus périlleuses qu'on peut le croire, à la lumière de ce qu'on apprend maintenant sur chacune des histoires de chacun des véhicules qui étaient là.

Le Modérateur : Merci. On y va en anglais. M. Hicks.

M. Hicks (Ryan) : M. Lisée, you talked about politicalresponsibility and an administrative responsibility. So how should Quebeckers divide up the blame over the failure to rescue these stranded motorists?

M. Lisée : Well, the politicalresponsibility is first and foremost because the people designated by the Premier to head these departments had the responsibility to make sure that the administration is up to speed in cases like that. And clearly we all saw that they were not up to speed. They failed in their responsibility. That's why we're asking for Mr. Lessard to be removed from his post immediately.

Now, how in the chain of command administrative were the faults? Now, we need an impartial expert designated by the Premier and the Opposition to go into the machine, ask all these questions, someone who knows how this works, someone who was there in previous crisis that when well, like «la crise du verglas» or Mégantic. I mean, the Québec Government and administrative services worked very well during «la crise du verglas», during Mégantic. They were superb. I mean, we've been teaching, as case studies, how Québec fared well in these crises.

So clearly, now, under the Liberal Government, under these people, the failure is apparent. So we have to go down with this enquiry, say who was responsible of not doing their jobs, and what are the sanctions that should be put. No one should go unpunished for having put in jeopardy the health of so many Quebeckers.

M. Hicks (Ryan) : Do you think there is a deeper structural problem within the ministry? And I don't want to tie things together that aren't related, but, I mean, last year, around this time, we started to hear all kinds of allegations about a poor work culture within the Ministry of Transportation, allegations of corruption, and obviously they are not the same thing, but we're seeing that some kind of dysfunction happened here. Do you think that this symbolizes a deeper problem?

M. Lisée : Well, it's clear that, under Liberal administration, the Department of Transportation is the sick man of the Government. OK? Under our administration, we didn't have this problem. Under our administration, it worked pretty well. Under our administration, during times of crisis, everyone was up to speed.

So is there a problem of Liberal culture? Is this the people that the Liberals designate in the leadership positions, in this department? The fact that will always be followed me is when they had a Minister who wanted to fix things, Robert Poëti, they kicked him out, and they kicked him out, and then they had two other chances to put him back in, and the Premier just doesn't want him to be Minister of Transportation. Well, maybe he has another chance to right this wrong.

M. Hicks (Ryan) : Mr. Bérubé, you talked about cameras, you talked about the fact that the Ministry of Transportation was quick to put out a video clip of a snowy owl flying in front of a camera. So what do you think this situation says about where there priorities are?

M. Bérubé : Well, it's our national bird emblem. Well, there's cameras everywhere around this highway, so, if you get caught not paying what you have to pay on some highways, they are going find you, they're going to give you a clear image. But first they didn't see 300 cars together totally not rolling? This is first question.

If they know that, if the Minister of Public Security and the Minister of Transport are aware of that, what they decide to do? When did the call was receive? What is the schedule of the Minister, since they had the news till they take action? So what we have in mind is hard to understand how a situation like this can happen in an urban area. I live in a rural area. If something happens there, in the Gaspé area, what is going to be the reaction of the authorities? If they can't fix it in Montréal and you have 300 families, people, 12 hours under cold, hungered, snow, anxiety, fear, I'm clueless. So we're asking questions for the people and we want the truth for the people.

Le Modérateur : Merci. Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Bérubé, if I understand correctly what you're saying is that, you know, they had the cameras. If they see you speeding, they'll give you a ticket, but, if they see you in trouble, they do nothing?

M. Bérubé : Big Brother is all around the highways of Québec. If you don't pay what you have to pay, they're going to catch you. They even catch the «harfang des neiges», which is a beautiful bird. They put the video and the picture everywhere. They were proud of that. I want to see the tape of what they have about 300 cars stuck on a highway under those conditions.

So there's a question. I do remember, in the Québec jail, they didn't see nothing. No picture, nothing. So is there the same operator? I don't think so. So, if they know something, if they have something, a tape, pictures, something, someone has to do something.

Mme Fletcher (Raquel) : Do you want to make that video public?

M. Bérubé : Well, it could help the inquiry, sure.

Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Lisée, what do you think of the behavior of Mr. Lessard or his reaction yesterday during his first press conference? He told the reporters to quit yelling at him. I don't know if you saw the video of that. Some commentators said that it was bizarre behavior.

M. Lisée : Well, bizarre, it was not only bizarre, it was unacceptable. A minister of Transport, after a night of crisis, should have been up very early, if he had slept at all. He should have been here at 6 :00 o'clock in the morning to tell you the run down of what had happened, what needs to happen, how the thing is managed. And he came in a nonchalant way, at 9 :20, finding it was early, early for tough questions. Clearly he showed, just by his demeanor, that he was not up to the task that is his to protect the drivers of Québec on the highways in these difficult conditions.

Le Modérateur : Merci. Dernière question, Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Just one final question, Mr. Lisée. I believe you addressed this in French, but can you explain who would be responsible for this external investigation, how it would be managed?

M. Lisée : Yes. Well, I think what we need now, first, is for the Minister to leave. I mean, everyone saw that he was incompetent in a time of crisis. Who else was incompetent in the chain of command? We need an independent person, a former «sous-ministre»…

Une voix : Deputy Minister.

M. Lisée : So we need an independent former Deputy Minister who handle crisis well in Megantic, or in «la crise du verglas», or at L'Isle-Verte, someone who knows how it should have happened, someone designated both by the Premier and the Opposition that takes a few weeks to interview everyone in the chain of command and then render a report on what failed and who failed and recommend sanctions.

Some people there, by their action or inaction, put in jeopardy the health of hundreds of Quebeckers. They need to be held responsible, and so we want this report to be made public, to a «commission parlementaire», a parliamentary commission, so we can hear what has happened. And we want sanctions to be applied where it is opportune to do so. OK? Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup, tout le monde.

(Fin à 8 h 36)

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