(Onze heures seize minutes)
M. Cloutier : Je vous remercie
d'être avec nous ce matin. Alors, cafouillage administratif au ministère de
l'Éducation, improvisation répétée de la part du ministre et manipulation
comptable, un immense écart entre ce qui est annoncé par le gouvernement et la
réalité dans les faits.
Alors, ce qui se passe au ministère de
l'Éducation, c'est un peu comme si on vous annonçait que vous avez gagné un billet
d'avion pour aller dans le Sud puis que, quand vous arrivez pour prendre
l'avion, finalement, vous apprenez que le billet n'a jamais été payé. Exactement
ce qui se passe au ministère de l'Éducation parce qu'on annonce des sommes,
mais, en réalité, les sommes, elles, les règles budgétaires sont tellement
tardives que l'argent n'est juste pas disponible pour être réellement dépensé.
Et là je vais vous donner quelques exemples pour vous illustrer que c'est vrai
pour le primaire, secondaire, c'est vrai pour les cégeps, mais c'est aussi vrai
pour les universités.
Alors, prenons l'exemple de la dernière
mise à jour budgétaire... pardon, plutôt celle du 26 novembre 2015. Mise à jour
budgétaire, le premier ministre, la main sur le cœur, dit aux Québécois :
On va augmenter les budgets à la hauteur de 20 millions, 2015‑2016, pour
soutenir les élèves en difficulté, pour l'aide individualisée en mathématiques.
Or, il aura fallu attendre à la mi-mars avant de connaître les modalités pour
dépenser les sommes. Alors, on a-tu besoin de vous dire que l'argent qui a été
annoncé en 2015 pour la rentrée scolaire, là, de 2015, en réalité, les
modalités budgétaires ont été connues juste à la mi-mars, ce qui fait en sorte
qu'essentiellement ces sommes ont servi à quoi… ont été carrément transférées
dans les surplus à la commission scolaire.
Exactement le même scénario de ce qui vient
de se produire pour 2016. Mise à jour économique annoncée le 25 octobre 2016, le
gouvernement du Québec dit : Il faut réinvestir en éducation, ça n'a pas
de bon sens. On annonce immédiatement un 35 millions. Bien, je vous annonce
qu'au moment où on se parle, aujourd'hui, le 20 mars, on n'a aucune espèce
d'idée comment on peut avoir accès à ces 35 millions qui avaient pourtant été
promis par le gouvernement du Québec au mois d'octobre dernier.
Alors, on aurait pu penser que, lorsqu'on
a un ministre de l'Éducation qui dit fièrement au milieu qu'on va réinvestir en
éducation, bien, qu'il sache où il s'en va, qu'il s'assure que les sommes
soient dépensées. Or, le 35 millions, là, on n'a aucune espèce d'idée c'est
quoi la séparation entre les universités et les cégeps, primaire et secondaire,
puis pire, on n'a aucune idée comment les utiliser puis là on est rendus au 20
mars, là. Je vous rappelle que l'année scolaire a commencé en septembre
dernier. On est rendus au 20 mars et on n'a aucune espèce d'idée comment
utiliser ces sommes qui ont été annoncées lors de la dernière majorité budgétaire.
Pourtant, cette façon de procéder tardive,
avec des règles budgétaires qui sont inconnues jusqu'à la fin de l'année, a été
longuement déplorée par la Fédération des commissions scolaires ainsi que l'association
des directions générales. Je vais les citer. Ils déplorent des problématiques
majeures en matière de prévisions budgétaires en raison du retard dans la
transmission des informations requises, ce qui fait en sorte que ces délais ne
tiennent aucunement compte du processus budgétaire contraignant des commissions
scolaires, d'une part, et la Loi sur l'instruction publique.
Alors, on pourrait penser que c'est isolé
au primaire, secondaire, mais la réalité est exactement la même pour nos
cégeps. Savez-vous quand nos cégeps ont été informés des directives budgétaires
pour la rentrée scolaire de septembre 2016? Cinq jours avant Noël. Alors, j'ai
la lettre, là, ici, si vous voulez en avoir une copie, on vous la présentera.
Cinq jours avant Noël, on a connu le détail des directives budgétaires pour nos
cégeps, mais pire, certaines d'entre elles sont carrément inapplicables pour
l'année en cours, et, encore une fois, je vais vous donner des exemples
concrets.
Prenez, par exemple, l'accueil et
l'intégration des autochtones. Ça, ça a été annoncé l'année dernière. En
théorie, pour la rentrée scolaire en septembre 2016, les intervenants avaient
jusqu'au 30 mai 2016 pour appliquer. Alors, 30 mai 2016, là, c'est pour la
rentrée. Alors, on aurait pu penser que, je ne sais pas, moi, durant le mois
d'août, durant l'été, on aurait connu les modalités, la façon de procéder pour pouvoir
dépenser l'argent. 25 janvier 2017. Il aura fallu attendre, là, à la fin du
mois de janvier 2017 pour connaître les modalités, la capacité de pouvoir
dépenser les sommes qui étaient prévues pour l'intégration des autochtones.
Je continue. Autre exemple, étudiants en situation
de handicap. Situation de handicap, là, c'est tous les élèves avec des troubles
d'apprentissage, des difficultés particulières. On parle d'une enveloppe de
21,5 millions. Le gouvernement du Québec a fait connaître les modalités
pour les étudiants en situation de handicap pour les cégeps cinq jours avant
Noël pour la rentrée scolaire de 2016, là. Alors, comment voulez-vous qu'on
puisse embaucher le personnel nécessaire, offrir les services adéquats si on
arrive comme ça, à la dernière minute, en fin d'année?
Enfin, 18 millions pour un programme
qu'on appelle Soutien à l'atteinte de l'excellence en enseignement supérieur,
dont une partie concerne la maîtrise du français. Bien, ces sommes-là,
18 millions, qui étaient prévues pour la rentrée scolaire de 2016, là, au
moment où on se parle, les cégeps n'ont aucune idée comment avoir accès à cet
argent-là. C'est un mystère. Alors, on est rendus au 20 mars, là, pour ce
18 millions là, on n'a aucune espèce d'idée comment utiliser cet argent.
Universités, maintenant. On pourrait
penser que c'est différent pour les universités. Alors, quand est-ce que les
universités ont reçu les modalités? Cinq jours avant Noël, même chose. Mais ce
qui est encore plus terrible, c'est qu'on apprend pourtant que les règles
budgétaires, qui ont été rendues publiques juste le 19 décembre, étaient
prêtes, en réalité, dès le mois d'août 2016. Le document qui a été transmis
pour le fonctionnement des universités du Québec est daté du mois d'août.
Pourtant, il a été rendu public uniquement quelques jours avant Noël.
Alors, vous aurez compris qu'avec de tels
exemples, ça explique ce qui a été rendu plus concret, la semaine dernière,
lorsque nous avons eu le détail de la mise à jour économique, c'est qu'il y a
une disparité immense entre ce que le gouvernement annonce et la dépense
réelle. Je vous rappelle que le gouvernement du Québec avait prévu une
augmentation de 4,6 % en éducation. Or, au moment où on se parle, on parle
plutôt d'une dépense réelle avec une augmentation de 0,3 %. Alors, il y a
un écart de 627 millions, bien, qui était pourtant prévisible, parce que
le gouvernement du Québec annonce des projets concrets, mais qui ne voient
jamais le jour ou les modalités de dépenses sont juste inaccessibles.
Maintenant, je vous rappelle qu'en
campagne électorale le premier ministre, Philippe Couillard, avait dit aux
Québécois : Vous pouvez compter sur nous, il va y avoir des croissances
des dépenses à la hauteur de 3,5 %. Vous savez que non seulement ce n'est
pas le scénario qu'ils ont privilégié, mais on parle d'un écart de 2 260 000 000 $
entre ce qui aurait dû être à 3,5 % et la réalité d'aujourd'hui.
Alors, tout ça pour vous dire que... Qu'est-ce
que vous pensez qu'il va arriver, la semaine prochaine? On va avoir un
gouvernement du Québec qui va venir vous voir, qui va vous dire : Augmentation,
5 %, 6 %, 7 % en éducation, explosion des budgets. Mais ça va
être par rapport à quoi? Ça va être par rapport à la dépense réelle. C'est
évident que, par rapport à la dépense réelle, il va y avoir un écart important
en termes de pourcentage parce qu'en réalité les sommes ne sont pas dépensées.
Elles ne sont pas dépensées, pourquoi? Parce que les modalités... le détail est
connu tellement tardivement qu'on peut parler de cafouillage administratif,
d'improvisation parce qu'en théorie ils viennent nous dire que l'argent va
servir, entre autres, aux élèves en difficulté, à l'apprentissage du français,
mais les modalités, on ne les connaît jamais, de sorte que l'argent n'est pas
dépensé.
Alors, surprenez-vous pas si, la semaine
prochaine, on arrive avec des augmentations en éducation à 6 %, 7 %?
C'est évident, on est à 0,3 %, là, au moment où on se parle. C'est sûr que
l'écart entre les deux risque d'être important.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Mathieu Dion, Radio-Canada,
Micro de droite.
M. Dion (Mathieu) : Se peut-il
que... il y a l'année fiscale qui se termine en mars, puis l'année scolaire,
elle, se termine en juin. Est-ce qu'il peut y avoir un lien avec ça dans les
modalités de dépenses?
M. Cloutier : Bien, c'est
évident que ça serait le fun au Québec qu'on ait des activités comptables qui
soient les mêmes avec le réseau de l'éducation, mais ça ne peut pas expliquer
le cafouillage et l'improvisation actuelle. Ce n'est pas normal qu'on dépose
des mesures budgétaires, qu'on annonce... pas les mesures budgétaires, pardon, qu'on
annonce, lors des révisions budgétaires, des programmes précis, par exemple
pour de l'argent qui va aller pour les élèves avec des problèmes particuliers,
puis qu'on arrive à la fin de l'année scolaire puis qu'on ne sache toujours pas
où l'argent doit aller. Parce que ce qu'il faut comprendre, c'est que cet
argent-là, là, s'il n'est pas dépensé, il s'en va dans les surplus. Il s'en va
donc dans les surplus du gouvernement du Québec parce que c'est le même
périmètre comptable.
Alors, ce que j'essaie de vous dire
finalement, c'est qu'on annonce de l'argent, il n'est jamais dépensé puis, en
bout de course, il se ramasse dans les surplus du gouvernement du Québec.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce que
d'aligner ça avec l'année scolaire pourrait être une des solutions pour éviter
ce genre de situation là?
M. Cloutier : Bien, ça serait
préférable que ça concorde, mais ça n'explique pas le cafouillage. Si un
gouvernement du Québec, demain matin, décide de faire une mise à jour
économique puis d'annoncer des sommes, encore faut-il que les sommes soient
disponibles. Mais vous devriez faire connaître non seulement les sommes, mais
les modalités de dépenses en même temps. Ce que j'essaie de vous dire
finalement, s'il y a une mise à jour économique, la mise à jour économique
devrait être accompagnée de la façon dont on peut utiliser les sommes.
Là, où est-ce qu'ils ont le problème,
c'est qu'on fait des annonces, on se pète les bretelles, on laisse entendre
qu'on investit, mais on tarde tellement dans les règles qui sont rendues
disponibles que, finalement, l'argent n'est jamais dépensé.
La Modératrice
: Micro
de gauche, Mathieu Boivin.
M. Boivin (Mathieu) : Est-ce
quelqu'un d'autre a une question sur le sujet du jour?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, rapidement.
M. Boivin (Mathieu) : Vas-y,
Marco.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Merci. Vous parlez d'improvisation, de cafouillage administratif, mais ce n'est
pas tout le contraire, tout ça n'est pas prémédité par le gouvernement? On
annonce, devant les caméras, des investissements accrus et on tarde peut-être à
annoncer les règles budgétaires justement pour ne pas que les sommes soient
dépensées? Vous y voyez vraiment un cafouillage administratif. Donc, il n'y a
aucune faute politique là-dedans.
M. Cloutier : Bien, la faute
politique, elle est immense, c'est celle d'improviser des programmes, mais que
finalement ils sont incapables de les mettre en opération pour nos jeunes. Je
veux juste rappeler, là...
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
pourquoi ils sont incapables de les mettre en application? Parce que les règles
budgétaires ne sont pas...
M. Cloutier : Parce qu'ils
dorment au gaz, parce qu'on a un ministre de l'Éducation qui ne s'assure pas
que l'argent est rendu disponible. Moi, là, si j'étais ministre de l'Éducation,
le 26 novembre 2015, j'avais appris qu'il y a 20 millions qui est rendu
disponible pour le soutien aux élèves en difficulté, j'aurais cogné à la porte
du ministère et j'aurais dit : Bon, bien, maintenant, comment on applique
ces règles-là? Comment on le rend disponible demain matin pour embaucher le
personnel de soutien, le personnel qui est nécessaire?
Or, ce n'est pas ça qui se passe, là. C'est
que, là, l'argent dort, on n'a aucune compréhension sur la façon dont
l'utiliser. Il aura fallu attendre à la mi-mars. Je rappelle que l'année
scolaire a recommencé en septembre, là, donc six, sept mois avant. Alors, c'est
sûr que c'est ridicule. Alors, il y a quelqu'un qui dort au gaz, c'est sûr. Ce
n'est pas normal que tu aies de l'argent, là, les besoins sont immenses, puis
finalement tu ne l'utilises pas. C'est ça qui n'a pas de bon sens.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que l'austérité que vous avez dénoncée au cours des deux dernières
années et demie s'est poursuivie ou vous avez senti quand même une différence,
là, dans les services offerts au cours des derniers mois?
M. Cloutier : Bien, c'est sûr
que ça se poursuit. On est à 0,3 % d'augmentation au moment où on se
parle. On parle de centaines de millions d'écart. Juste rappeler, là,
traditionnellement, au Québec, là, la moyenne, si vous prenez les 20 dernières
années, c'est une croissance de 3,6 % en moyenne. Mais là, depuis que les
libéraux sont là, là, ça varie, 0,3 %, 0,8 %, 1,2 %. Mais, si
vous aviez gardé la moyenne à 3,6 % durant les trois dernières années, on
arrive avec un écart de 2 260 000 000 $ de moins dans le réseau
de l'éducation.
Alors, ce qui se passe maintenant, la
façon d'appliquer l'austérité, ça a l'air plus sournois, plus subtil. On se
pète les bretelles dans des grandes annonces, on annonce des bonbons, mais en
réalité on s'organise pour ne jamais déballer le bonbon, puis c'est ça qui se
produit présentement.
La Modératrice
: Pascal
Dugas, micro de gauche, QMI.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Oui. Donc, vous avez parlé d'improvisation, là, je rebondis sur la question de
mon collègue. Est-ce que c'est vraiment de l'improvisation ou c'est plutôt une
tactique du gouvernement pour, lors du budget, annoncer des hausses? Parce que
vous avez parlé des deux, mais...
M. Cloutier : Il y a un
mélange des deux. Le ministre de l'Éducation, c'est clair qu'il ne sait pas où est-ce
qu'il s'en va avec les sommes qu'il annonce. Ça, c'est factuel. Maintenant, ça
se pourrait que son collègue aux Finances dise à son collègue à l'Éducation ou
ne lui dise carrément pas. Ça prend tellement de temps pour connaître les
modalités de dépenses que finalement les sommes ne sont juste pas utilisées.
Comment expliquez-vous que j'ai un document qui est daté d'août 2016 pour les universités,
mais qui a été rendu public cinq jours avant Noël? Bien, s'il était prêt au
mois d'août 2016, pourquoi ils n'ont pas été donnés, pourquoi...
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
C'est planifié, selon vous?
M. Cloutier : Bien, en tout
cas, c'est des drôles de hasards. Puis on a une ministre à l'Enseignement
supérieur qui visiblement ne s'assure pas que les sommes soient rendues
disponibles puis un collègue au primaire, secondaire, qui, même chose, dort
alors qu'il y a des sommes qui devraient être utilisées, et rendues publiques,
et connues avant.
La Modératrice
:
Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, M. Cloutier. Donc, juste pour bien vous comprendre, là, sur la même
question que mon collègue, ça serait donc non pas une incapacité de mettre en
place des règles budgétaires qui permettraient donc ensuite de ventiler les
dépenses, mais ce serait plutôt un geste délibéré de retarder la mise en place
des mécanismes qui permettraient des dépenses?
M. Cloutier : Moi, je
considère que c'est un mélange des deux, parce que, quand tu es ministre
sectoriel, ta job, c'est de t'assurer que les services soient rendus. Quand tu es
au Conseil du trésor, tu peux avoir toutes sortes d'autres stratégies
d'austérité 2.0 puis de t'assurer d'étirer l'élastique. Mais il y a
certainement deux visions là-dedans. Il y a celle du ministre de l'Éducation,
qui n'est pas au rendez-vous, qui improvise, à mon point de vue, parce que
lorsque tu annonces des sommes pour les élèves en difficulté… puis ça se peut
que son collègue au Conseil du trésor, lui, applique une vision d'austérité,
s'assure que l'argent n'est pas disponible, complexifie le processus
administratif, puis c'est pour ça que je parle également de cafouillage.
M. Bergeron (Patrice) : Et
cet argent-là, techniquement, donc, est-ce qu'il est retourné au fonds
consolidé, dans ce temps-là, quand il ne peut pas être dépensé ou…
M. Cloutier : C'est-à-dire que,
pour le primaire, secondaire, il se retrouve sous forme de surplus à
l'intérieur des commissions scolaires. Mais il faut comprendre que les
paramètres comptables ont été modifiés et font maintenant partie du paramètre
comptable du gouvernement du Québec. Ils sont donc considérés comme faisant
partie des surplus en bout de course.
Alors, les commissions scolaires ne
peuvent pas juste dire : L'année passée, on nous avait annoncé
20 millions pour les élèves en difficulté, bien, ce n'est pas compliqué,
on va prendre cet argent-là, on va le réutiliser en septembre prochain. Non,
non, ce n'est pas de même ça marche. Les surplus sont isolés, se retrouvent
dans le périmètre comptable du gouvernement du Québec et ne peuvent pas être
réutilisés pour l'année subséquente.
M. Bergeron (Patrice) : Et
une petite question comme ça, sur la bande. Vous avez vu un sondage en fin de
semaine, là, samedi. Qu'est-ce que ça vous dit, vous, ce sondage-là, là, sur
cette montée de la popularité d'un parti qui est sur votre gauche, là?
M. Cloutier : Ça ne me dit
rien de nouveau, si ce n'est que notre volonté de vouloir travailler en
collaboration, remplacer le gouvernement libéral, et on aura amplement le temps,
au cours des prochains mois, de voir de quelle façon on peut en arriver à une
convergence fonctionnelle avec les autres formations.
La Modératrice
:
Mathieu Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) : Je
voulais vous poser cette question-là aussi. Est-ce que c'est inquiétant, pour
vous, de voir qu'en quelques semaines à peine Gabriel Nadeau-Dubois est capable
de capturer 4 % d'intentions de vote directement pigées dans les poches du
PQ.
M. Cloutier : Comme je l'ai
dit, il y a une volonté, qui a été exprimée, de vouloir en arriver à des
ententes ponctuelles avec Québec solidaire. Maintenant, il y a un corridor qui
a été exprimé. On a des collègues qui sont directement mandatés par notre chef
pour qu'il y ait des discussions avec eux, et je vais leur laisser tout
l'espace nécessaire pour répondre à vos questions davantage.
M. Boivin (Mathieu) : Est-ce
qu'on aurait raison d'interpréter comme une certaine panique, là, ces espèces
d'appels à la convergence là? Ils sont en train de vous capturer des votes puis
vous restez là à espérer quoi, au juste?
M. Cloutier : Ce n'est pas
comme si c'était nouveau. Cette volonté de convergence, elle date... Moi, je
fais partie de ceux... Je suis convaincu, en fait, qu'il doit y avoir une unité
des forces progressistes et indépendantistes au Québec. Ça fait partie des
enjeux des deux dernières courses au leadership du Parti québécois. Ce n'est
pas un enjeu qui est nouveau, et, à ma connaissance, tous les candidats, durant
la course, durant les deux dernières courses, ont toujours exprimé une volonté
à cette unité que je considère encore nécessaire aujourd'hui. Puis je rappelle quand
même que le Parti québécois a toujours été une grande coalition, puis elle peut
encore le faire aujourd'hui.
M. Boivin (Mathieu) :
Sentez-vous un désir, du côté des solidaires, à cette convergence-là ou si vous
êtes tous seuls à danser?
M. Cloutier : Bien, vous avez
lu comme moi et entendu les propos de M. Nadeau-Dubois qui dit qu'il est
ouvert à ce qu'il y ait une collaboration, dans certains comtés, pour éviter la
division, pour remplacer le gouvernement libéral, parce que notre objectif,
c'est de remplacer le gouvernement libéral pour offrir une vision plus
progressiste, plus ouverte pour l'avenir du Québec.
La Modératrice
:
Véronique Prince, TVA.
Mme Prince (Véronique) : Oui.
Juste pour finir là-dessus, justement, est-ce que vous pensez que le Parti
québécois aurait dû, finalement, présenter un candidat dans Gouin?
M. Cloutier : Absolument pas.
Le Parti québécois doit démontrer sa bonne volonté, doit démontrer sa volonté à
unir. Et, au-delà du discours, on est jugés par les gestes qu'on pose, et il y
a des gestes d'ouverture qui sont posés par notre formation politique, et ces
gestes d'ouverture sont fondamentaux pour ouvrir la voie vers, éventuellement,
une forme de convergence qui nous permettra de remporter les prochaines
élections. Il faut arrêter de se diviser entre nous.
Alors, identifions les éléments communs,
acceptons que nous partageons certaines visions communes et d'autres enjeux où
il peut y avoir une division. Mais, au-delà de ça, ce qui compte vraiment,
c'est de prendre le pouvoir, remplacer le gouvernement libéral par une
formation qui est progressiste.
Mme Prince (Véronique) : Mais
dans Gouin, là, vous ne pouvez pas battre... il n'y a pas un fédéraliste qui va
passer dans Gouin. Alors, le but, ce n'est pas de... c'est de battre
l'adversaire, le but, mais l'adversaire, dans Gouin, il n'est pas là. Ça fait
qu'à ce moment-là, pourquoi ne pas y aller avec «que le meilleur gagne»? Vous
êtes d'accord avec ça, vous?
M. Cloutier : Bien, non
seulement je suis d'accord, je suis profondément convaincu que le Parti
québécois doit poser des gestes d'ouverture, et c'est dans cet esprit-là...
Mme Prince (Véronique) :
C'est le bon endroit, le bon moment pour le faire?
M. Cloutier : De présenter...
c'est-à-dire que de tendre la main, de démontrer qu'au-delà du discours
politique nous posons des gestes concrets pour en arriver, lors de la prochaine
élection, à une forme de convergence, en respectant nos diversités mutuelles,
m'apparaît être la bonne stratégie et la bonne approche à faire envers les
Québécois parce qu'il faut arrêter de se diviser entre nous.
La seule façon, pour moi, d'y arriver,
c'est si on réussit à additionner les forces pour gagner le nombre de députés
suffisant pour diriger le Québec, avec une vision plus progressiste en santé,
en éducation pour le développement régional, pour le développement économique,
par exemple. Alors, oui, c'est la bonne approche.
La Modératrice
: On va
maintenant passer en anglais. Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Because the fiscal year and the
school year don't line up, how do you propose that this delay, in giving out the
reinvestments is best?
M. Cloutier : Well, my main concern is not about the date itself. My main concern
is about the facts that the Government of Québec says that
it's going to invest in education, but, in fact, we don't know the regulation
that comes with it, and that brings a huge gap between what it should be and
what it is in reality. And I'm quite upset by the fact that they say they put
money in education, but, in fact, the money, they just don't use it.
Mme Fletcher (Raquel) : Are you saying that the reinvestment is ineffective? Because I
heard you say, in French, that that money that's designated for, say, the year
2016 can't be used in the next year. So if they don't get the money until March,
that leaves March, April, May, three months.
M. Cloutier : That's a fact, that's a fact. They should put in place all the
measures, the necessary measures, from the start, in September. But often they
wait so long, late in March, that, at the end of the day, the «commission scolaire» just doesn't have the
latitude to use that money to invest for our children, and that's the main
problem.
Mme Fletcher (Raquel) : Is that delay worse for First Nations students and students with
disabilities?
M. Cloutier : Well, the delay is worse for everyone, but there are programs
targeted for aboriginal people and, yes, there are more delays for them. And a
lot of the money that was supposed to be used won't be used at the end of the
day, because they just didn't know all the necessary measures to make the right
decision at the right time.
Mme Fletcher (Raquel) : So what happens with that money, then, if the money isn't
reinvested until, say, late March?
M. Cloutier : The money goes back in the big picture of the Government of Québec, and they use that money however they want, wherever they want.
Mme Fletcher (Raquel) :OK. Thank you.
M. Cloutier :
Merci.
(Fin à 11 h 38)