(Quinze heures trente minutes)
M. Gaudreault : Oui. Alors,
bonjour à tous et à toutes. Merci d'être ici. Écoutez, moi, je suis extrêmement
heureux d'accueillir aujourd'hui tous ces gens du Saguenay — il y a Mireille
Jean, évidemment, députée de Chicoutimi, qui était avec moi, mais là elle a dû
s'absenter rapidement pour une commission parlementaire — simplement
pour porter la voix de citoyens qui se battent, au fond, pour leur dignité,
pour l'accessibilité, pour la mobilité, donc le transport adapté pour les
personnes qui sont ici, en faisant ressortir la réalité de grands territoires
comme la ville de Saguenay, plus de 1 200 kilomètres carrés, augmentation
de l'achalandage du transport adapté depuis quelques années, mais, parallèlement
à ça, diminution du budget. Donc, augmentation de l'achalandage, diminution du
budget, ça fait en sorte qu'il y a des personnes qui sont ici puis qui
pourraient témoigner qu'elles attendent des heures et des heures avant de
pouvoir avoir accès, obtenir même un transport qui va les conduire à des
activités de loisirs, aller rencontrer des amis, aller au travail, aller
obtenir également des soins de santé.
Donc, on a dénoncé ça aujourd'hui puis on
trouvait ça absolument important de le faire aujourd'hui parce qu'on est à une
semaine du budget. Donc, il reste une semaine au gouvernement pour répondre
positivement à cette demande des personnes qui est vraie pour Saguenay à cause
de la grande réalité du territoire, mais qui est vraie pour l'ensemble du Québec
également. On a obtenu une rencontre avec le ministre Laurent Lessard, le ministre
des Transports. Il a manifesté de l'écoute, nous devons le dire, mais maintenant
il faut qu'il livre la marchandise. Alors là, il n'arrête pas de nous dire :
Il faut que je fasse des demandes au ministre des Finances, je suis en
demande aussi auprès des ministres des Finances. On ne veut pas des demandes,
on veut des résultats.
Alors, il reste une semaine. Il faut que
M. Lessard entende bien la parole des gens qui sont ici, et fasse pression, et
obtienne, de la part du ministre Leitão, dans son prochain budget, une
augmentation du financement pour le transport adapté. Juste en termes de...
pour Saguenay, on parle d'un manque à gagner de 300 000 $, ce qui ne couvre
pas, évidemment, les coûts, là, pour le transport adapté. Je laisserais la
parole à Manon Blackburn pour quelques précisions.
Mme Blackburn (Manon) :
Alors, bonjour, tout le monde. Ça fait que, dans le fond, nous, on a commencé
ce dossier-là il y a à peu près... peut-être depuis le mois de novembre, quand
on a eu notre société de transport adapté qui nous a dit qu'à partir... qu'il
voulait mettre en place des mesures que, nous, on trouvait discriminatoires,
c'est-à-dire qu'il voulait faire un calendrier de transport qui laissait la
place aux gens, pour les activités de groupes, de pouvoir se déplacer une fois
sur deux, donc une fois aux deux semaines.
Ça fait que donc, nous, on s'est dit...
Bien, écoutez, on s'est mis en action. Notre dernière action, c'était
aujourd'hui, de venir interpeller M. Lessard afin qu'il puisse mettre de
l'argent supplémentaire dans le transport adapté, considérant, comme on vous
l'a dit tantôt, le Saguenay, c'est quand même le plus gros territoire au
Québec. Et on a aussi, pas loin de chez nous aussi, toujours à Saguenay, une
corporation de transport adapté, Saguenay-Nord, qu'eux aussi sont confinés,
dans le fond, à demeurer chez eux les fins de semaine, tout ça.
Donc, je vais laisser aussi la place à
Francine, de pouvoir continuer.
Mme Gagnon (Francine) :
Dans le fond, il ne me reste plus... Bonjour. Il ne me reste plus grand-chose à
vous dire, sinon que, bon, on réitère notre demande d'un meilleur financement
pour le transport adapté. On veut un transport adapté qui est adapté aux
besoins réels des personnes. On veut aussi, pour notre région, qu'il y ait une reconnaissance
de la grandeur de notre territoire, ce qui en fait une spécificité, mais notre
combat est pour le transport adapté partout au Québec, en même temps. Donc, on
attend les suites. On espère voir quelque chose dans le budget.
Comme Sylvain disait tout à l'heure, on a
eu de l'écoute du ministre, on ne sait pas... On ne connaît pas la réponse, on
va l'attendre. On va l'attendre impatiemment au budget d'avril, sinon, bien, on
va continuer nos démarches. Merci.
La Modératrice
: On va
maintenant passer à la période de questions. Je vous demanderais de rester sur
le sujet par respect pour les groupes. Une question et une sous-question.
Merci.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Je commence par une précision, en
fait... Est-ce que ça fonctionne?
M. Gaudreault : Oui, ça va très
bien.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Le 300 000 $, c'est pour un
an?
M. Gaudreault : Oui, c'est un
manque à gagner annuel pour la ville de Saguenay.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : À quoi ça peut servir concrètement?
Qu'est-ce que ça peut amener? Est-ce que ça peut être un autobus chaque semaine
au lieu d'aux deux semaines...
Mme Gagnon (Francine) :
Bien, ça éviterait les coupures qui étaient annoncées.
Mme Blackburn (Manon) :
Ça éviterait les coupures que la STS voulait mettre en place en novembre
dernier, donc... puis, tu sais, on parle de 300 000 $. C'est sûr que,
si on en avait davantage... parce que ça, c'est le minimum, parce qu'on a quand
même d'autres problématiques de l'interarrondissement. Tu sais, on a des gens
qui sont de La Baie, mais qui voudraient venir vers Jonquière puis qui ne
peuvent pas le faire présentement parce qu'on a un manque d'argent. Donc, c'est
la grandeur du territoire qui fait que... puis le 300 000 $, il est
justifiable pour l'année qu'on a terminée au 31 décembre 2016, donc...
Puis c'est sûr, comme on parlait, il y a
beaucoup de nouveaux achalandages. Notre clientèle, elle est vieillissante
aussi, la population est vieillissante. Donc, peut-être que l'an prochain on va
peut-être dire qu'on a un manque à gagner de 500 000 $.
M. Gaudreault : Parce que, peut-être
juste pour vous préciser, là, par exemple, en à peu près cinq ou six ans, on a
presque 1 000 utilisateurs de plus au Saguenay. Là, on était à autour de
1 500 à peu près en 2009, puis là on est à 2 500.
Mme Gagnon (Francine) :
Depuis 2012, il n'y a pas de financement pour le nouvel achalandage.
M. Gaudreault : C'est ça.
Mme Gagnon (Francine) :
Bien, c'est d'ailleurs sous toi qu'il y a eu le dernier...
M. Gaudreault : Oui. Alors,
depuis l'arrivée du nouveau gouvernement, il n'y a pas eu d'augmentation du
financement pour couvrir l'augmentation de l'achalandage, et la réalité fait en
sorte, comme le disait Manon, qu'il y a plus d'utilisateurs. Comme je vous dis,
au Saguenay, on n'est pas loin de 1 000 utilisateurs de plus depuis
quelques années. Alors, c'est autant de personnes qui ont plus de difficultés à
se déplacer pour aller obtenir des soins de santé, du travail, des loisirs,
etc.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Qu'est-ce que vous comprenez de la
réponse de M. Lessard en Chambre aujourd'hui? Il a peut-être laissé entendre
qu'il y aurait quelque chose dans le budget mais comment vous l'interprétez,
vous?
Mme Gagnon (Francine) :
Bien, ce qu'il nous a expliqué, c'est que…
Une voix
: Micro.
Mme Gagnon (Francine) :
J'avais oublié que je répondais pour tout le monde en même temps. Dans le fond,
ce qu'on a compris, c'est que, même s'il y avait quelque chose dans le budget,
il ne pouvait pas nous le dire. Donc, on espère. On attend.
Mme Blackburn (Manon) :
Mais je pense qu'il a compris quand même la problématique de l'étendue de notre
territoire aussi et des revendications qu'on a faites aussi, puis on va aussi
acheminer des documents à M. Lessard aussi.
La Modératrice
: Merci.
Marco Bélair-Cirino du Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Vous avez mentionné que ça pose des problèmes, le manque de transport
adapté, notamment pour aller à des consultations de médecin, mais, dans la vie
de tous les jours — j'imagine que les personnes que vous représentez
ne sont pas chez leur médecin chaque semaine, là — c'est quoi, les
impacts sur leur vie quotidienne?
Mme Blackburn (Manon) :
Bien, écoutez, si on regarde, dans le fond, O.K., l'utilisation du transport
adapté, O.K., il va y avoir le médical, il va y avoir le travail, il va y avoir
au niveau scolaire et il y a beaucoup une grosse partie qui va faire… on va
l'appeler loisir, mais on n'aime pas nécessairement le terme «loisir», mais,
pour certains, ça peut être du maintien des acquis, ça peut être tout ça.
Donc, les gens, dans le fond, on le sait
qu'à partir de 21 ans et plus, souvent, il y a des gens qui ont très peu accès
soit au marché du travail ou à l'école, donc ce sont des gens qui vont se
retrouver dans les organismes communautaires pour aller faire des activités,
que ce soit du maintien des acquis ou peu importe. Donc, ça, ça demande quand
même, pour nous, de l'organisation et de dire qu'on va priver ces gens-là pour
un motif de transport... parce que, tu sais, de plus en plus... quand on a
commencé au transport adapté, il n'y avait pas de motif, O.K., c'est que tu
prenais le transport adapté puis peu importe le motif.
Maintenant, ils sont rendus qu'ils sont en
train de regarder : Ah! bien, si c'est du loisir, bien là, ça commence, tu
sais, à tenter de dire : Bien, regarde, si c'est juste du loisir, ce n'est
pas grave. La personne, même si elle va jouer aux quilles rien qu'une fois aux
deux semaines, ça ne sera pas grave ou si elle sort rien qu'une fois par
semaine, ça ne sera pas grave. Mais ce n'est pas ça qu'on veut, tu sais, parce
que, pour nous, c'est discriminatoire. Chaque personne a le droit sortir le
nombre de fois qu'elle veut par semaine puis aller aux endroits qu'elle veut,
que ça soit faire son épicerie, que ça soit aller dans un spectacle, d'aller
chez la famille ou quoi que ce soit. C'est des droits que les personnes ont.
Donc, c'est un peu ça, notre réalité qu'on a vécue au cours des derniers mois.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que, parmi vos membres, il y en a qui se sentent mal à l'aise de faire
appel au transport adapté pour justement faire des activités sociales? À tort,
là, mais est-ce qu'il y en a qui…
Mme Blackburn (Manon) :
Non. Bien, ça sera à eux autres, je pense, à répondre, mais je pense que tous
en commun... je ne pense pas qu'ils soient… Vous avez-tu de la difficulté à
téléphoner puis dire : Je veux sortir parce que je m'en vais à l'amicale?
Est-ce que c'est un frein?
Des voix
: Non.
M. Gaudreault : Mais c'est
plus long.
Mme Blackburn (Manon) :
Mais, des fois, ça peut être plus long.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Pouvez-vous expliquer la logistique pour vous d'être venus aujourd'hui à l'Assemblée
nationale? Il n'y avait malheureusement pas suffisamment de place dans les
tribunes pour accueillir tout le monde. L'Assemblée nationale, bon, c'est un
lieu historique qui n'est pas, disons, adapté à 100 % aux déplacements des
personnes handicapées ou à mobilité réduite. Pouvez-vous expliquer, c'est ça,
les défis que votre activité posait aujourd'hui?
Mme Blackburn (Manon) :
Bien, les défis, dans le fond, je pense que, tu sais, c'est sûr que c'est
désolant de voir, même encore en 2017, qu'il y a des gens qui doivent dans un
autre endroit qu'être à la place où ils auraient voulu être, mais ça, on le
savait au départ. Mais, je veux dire, au moins, les gens... on a été quand
même... tu sais, ils nous ont offert quand même une salle pour pouvoir suivre
la période de questions.
Mais, écoutez, c'est des affaires qu'on
vit encore, en 2017, un peu partout, pas juste ici, au Parlement, là. On est
souvent confrontés, au niveau infrastructures, tout ça, que les personnes
handicapées, bien, malheureusement, n'ont pas, des fois, le droit d'aller où
ils veulent, tout ça, pas le choix d'aller où ils veulent. Donc, il faut
toujours faire des vérifications souvent avant qu'on puisse sortir.
Là, heureusement, il semble y avoir des
travaux qui se font à l'extérieur, donc on ose espérer que l'Assemblée
nationale... parce que c'est un lieu public qui devrait être beaucoup plus
accessible que ça présentement.
M. Gaudreault : Oui. Mais
je voudrais ajouter, si tu permets, Manon, c'est pour ça, quand ils sont venus
me voir au bureau de comté pour me parler de ça, moi, j'ai dit : Écoutez,
on n'a pas à se préoccuper de la situation des personnes au niveau physique.
Vous êtes des citoyens comme tout le monde, vous allez venir à l'Assemblée
nationale comme tout le monde. Alors, c'est sûr qu'on fait face à une réalité
qui fait en sorte qu'ils ont été... plusieurs d'entre eux ont été dans une
salle à part avec la télé, mais ça fait prendre conscience que, sur
60 millions de travaux, j'espère que l'Assemblée nationale va aussi
prévoir quelques millions pour adapter le salon bleu pour que toutes les
personnes qui soient ici puissent assister à la période de questions. Ça, c'est
la première chose.
Deuxième chose, c'est toutes des personnes
qui viennent du Saguenay, alors c'est pour ça qu'on a choisi aujourd'hui parce
que la période de questions commence à 14 heures, donc c'était plus facile
de partir plus tôt du Saguenay, faire deux heures de route, venir ici, parce
que la période de questions à 10 heures les autres jours, ça signifiait de
partir très, très tôt du Saguenay pour venir ici. Donc, c'est tout ça, les
composantes de la réalité.
Puis moi, je voudrais terminer, là, pour
faire suite à la question des différentes activités, moi, je ramène toujours ça
au niveau de la dignité dans le sens qu'on n'a pas à poser de question à savoir
où la personne veut aller. Est-ce qu'elle veut aller au travail? Est-ce qu'elle
veut aller aux loisirs? Est-ce qu'elle veut aller voir quelqu'un qu'elle aime?
On n'a pas à poser ces questions-là, on a juste à offrir le service.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que les transporteurs posent ces questions-là parce que leurs
gestionnaires leur demandent de poser ces questions-là?
M. Gaudreault : Bien, c'est
un peu ce que disait Manon tout à l'heure... Oui, allez-y.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Il n'y a pas règle formelle qui...
Mme Gagnon (Francine) :
Il y a des priorités pour le transport adapté. On ne peut pas refuser pour le
travail, le scolaire et le médical. Pour le reste, tout irait bien s'il n'y
avait pas un manque de budget, et c'est dans le reste, justement, que, quand il
y a un manque de budget, c'est là qu'ils ont un petit peu de poigne pour
couper, comme pour reprendre l'expression consacrée.
Puis nous, dans la région, ce qu'on
proposait, à cause du 300 000 $ de manque à gagner, c'était que les
activités de groupe, dorénavant, à partir de novembre 2016, se tiennent une
semaine sur deux. Donc, là, ça apportait... c'était une perte pour les
personnes, c'était une perte pour les organismes qui les organisaient... parce
que là, souvent, les organismes, ils louent des lieux pour organiser ces activités-là.
En tout cas, bref, ça compliquait la vie de tout le monde, en premier la vie
des personnes. Donc, de là est venu, là, tout le mouvement, comme Manon vous
l'a expliqué tout à l'heure.
Mais, au départ, non, la philosophie n'est
pas de dire : Non, tu n'iras pas à telle place parce que ça, c'est du
loisir. Ça, ça n'existe pas encore, Dieu, heureusement, mais, comme je viens de
vous dire, le fait qu'il y a un manque de financement, c'est à peu près la
seule porte de sortie qu'ils ont pour essayer de récupérer.
Des voix
: Merci.
(Fin à 15 h 43)