(Quatorze heures trente-quatre minutes)
Mme Massé : Alors,
bonjour, tout le monde. Alors, à notre tour de venir vous faire part de nos préoccupations
et de notre volonté de voir le prochain budget provincial être à la hauteur des
besoins et des attentes des Québécois et des Québécoises. Vous le savez comme
moi, le gouvernement libéral a fait des choix qui ont fait très mal à la population
québécoise durant les trois dernières années. Maintenant qu'on arrive à l'heure
des surplus, un surplus quand même assez important, voire même, d'une certaine
façon, indécent, je pense qu'il est incontournable que ce gouvernement-là
réinvestisse. Je dirais même, dans un premier temps, rétablisse, et
deuxièmement, réinvestisse pour s'assurer de prendre soin des gens, parce que
c'est les gens qui ont vécu les impacts de leurs coupures, prenne soin de la
planète, parce que, plus de planète, écoutez bien, là, ça n'ira pas bien, et
prenne soin de notre portefeuille collectif, parce que c'est notre capacité
collective de prendre soin les uns des autres, d'être solidaires les uns des
autres.
Alors, nous, à la lecture du budget la
semaine prochaine, c'est cette lunette-là qu'on va prendre. Est-ce que ce
gouvernement-là, après des années d'austérité, prend soin des gens, prend soin
de la planète et prend soin de notre portefeuille collectif? Quelques mesures
qu'il nous apparaît tomber sous le sens d'apparaître dans ce budget de
surplus... Hein, je vous rappelle, cette année, là, c'est 2,5 milliards
qui vont être versés au Fonds des générations. Après trois années d'austérité
libérale, je vous jure que ce 2,5 milliards-là pourrait être
définitivement mieux investi.
Alors, prendre soin de la planète, ça veut
dire quoi? Ça veut dire, de façon impérative, s'occuper du transport collectif.
Il y aurait une façon simple de faire ça... le gouvernement ontarien,
d'ailleurs, vient de décider de le faire, c'est-à-dire d'inverser la partie du
budget du ministère du Transport qui est allouée actuellement aux autoroutes,
aux routes, de prendre cette proportion-là, qui est environ de 65 %, et de
faire 65 % de transport collectif en développement et en soutien aux
sociétés de transport et d'allouer le 35 % au niveau des autoroutes. Donc,
inverser, ça ne coûte rien, hein, c'est un coût nul pour le budget 2017‑2018,
sauf que ça prend soin de la planète, et ça, c'est un incontournable que nous
voulons, nous souhaitons voir apparaître au prochain budget.
Ce n'est pas tout. Il faut aussi
massivement investir dans le transport collectif en région. Ce qui arrive
présentement, c'est que les surplus peuvent être utilisés à plein de choses. On
a vu, dans les dernières semaines, que le gouvernement a décidé de devancer des
dépenses, tu sais, pour à peu près 400 millions, qui devraient avoir lieu
l'an prochain. Nous, ce qu'on vous dit, c'est : Il faut que les gens
puissent se déplacer. Il faut donner les moyens aux gens partout au Québec, en
région, dans les régions périphériques des grands centres et même dans les grands
centres, mais je pense principalement au niveau des régions, leur permettre de
se déplacer et leur permettre surtout de ne pas devoir accéder à une deuxième
ou à une troisième voiture pour être capables de faire le déplacement entre
leur village et la ville centre dans laquelle, d'ailleurs, malheureusement, le
gouvernement a concentré la majorité des services dans les dernières années.
Alors, prendre soin de la planète, ça veut
dire faire le virage nécessaire au respect de nos engagements de Paris et ça
veut dire investir massivement dans les transports collectifs. D'ailleurs, je
nous rappelle que le transport collectif crée trois fois plus d'emplois que le
secteur autoroutier, et ça, c'est le Conseil du patronat qui le dit, là. Alors,
dans un Québec qui a besoin de travailler, qui a besoin de travailler partout
en région, pas seulement dans les grands centres, pourquoi on n'utilise pas le
moyen comme développer ces mesures de soutien au transport collectif? Il y a
toutes sortes de bonnes idées qui se sont développées à travers les années, on
espère que le prochain budget va les soutenir.
Bien sûr, des solutions solidaires pour
prendre soin du monde, il y en a une tonne. D'ailleurs, je ne suis pas en train
de vous faire la plateforme électorale de Québec solidaire pour 2018, je suis
en train de vous dire c'est où mon oeil va être particulièrement porté pour le
prochain budget. Alors, prendre soin du monde... Bien, les familles, là, on
peut dire qu'elles l'ont eu dur, puis nous, on pense qu'au niveau des services
de garde il est incontournable, incontournable, avec l'ensemble de
l'augmentation des frais qu'il y a eu dans les trois dernières années, bien
sûr, dans les services de garde, mais plus largement sur... Le poids sur les
familles est tellement important qu'on pense qu'on est capables de retourner au
coût que nous avions en 2003, de 5 $ par jour par enfant pour des services
de garde de qualité, des services de garde qui permettent réellement que les
éducatrices qui sont en service de garde puissent soutenir nos enfants dans
leur développement pour faire en sorte d'en faire des adultes, éventuellement,
heureux, sains et responsables. Tout ça ne coûte pas si cher que ça considérant
que l'ensemble des impacts des budgets d'austérité est soutenu par des familles
de façon importante.
On pense que prendre soin du monde, c'est
entre autres prendre soin de nos petits-enfants, comme je viens de le dire,
mais aussi de nos aînés. Vous le savez, il manque 7 000 lits en CHSLD,
7 000 lits. Il y a 7 000 aînés qui, actuellement, attendent
entre deux et 18 mois pour être capables de trouver une place en résidence
pour les soins de longue durée. Ils sont pris dans des hôpitaux qui,
malheureusement, ne peuvent pas offrir leur réelle mission, c'est-à-dire
l'urgence, c'est-à-dire des soins particuliers, ça veut dire des soins spécialisés.
Ils ne sont pas capables de faire ça parce que des aînés qui n'ont pas accès à
des lits en CHSLD... 7 000, c'est énorme, surtout quand c'est vos
parents. Ça a été le cas de ma mère, qui a attendu plusieurs années. Et je peux
vous dire que mon père, comme aidant naturel, on a failli aussi le retrouver à
l'hôpital parce que le poids de prendre soin de quelqu'un qui a des besoins
spécifiques, qui a des besoins particuliers, qui est en perte
d'autonomie — c'est pour ça qu'on les a créés, d'ailleurs, les
CHSLD — c'est un poids énorme. Alors donc, on va regarder dans le
prochain budget du gouvernement du Québec si effectivement il prend soin de nos
aînés.
Un autre élément qui nous apparaît un
incontournable, c'est au niveau de nos écoles. Là, j'ai beau entendre, semaine
après semaine, ce gouvernement-là redire qu'il n'a pas exercé de coupures dans
les services, «bullshit», allez sur le terrain. Vous le savez comme moi, il y a
effectivement eu de la perte de ressources professionnelles dans nos écoles. Les
orthopédagogues, les psychoéducateurs, des professeurs, même, les classes se
sont alourdies et malheureusement les enfants n'ont pas le soutien de ces
personnes-là parce que les compressions budgétaires ont amené les écoles à
faire des coupes dans les services.
Alors, nous, ce qu'on dit au gouvernement,
tant au niveau de la santé, d'ailleurs, que de l'éducation : Premièrement,
vous êtes en surplus budgétaire, vos coupes ont fait mal aux gens, ce qu'il
faut, c'est de rétablir pour s'assurer que les coûts système soient assurés et,
par-dessus ça, réinvestir pour permettre notamment que des professionnels
soient auprès de nos enfants pour assurer de répondre à leurs besoins.
Alors, prendre soin de la planète, prendre
soin des gens et, je vous dirais, prendre soin de notre portefeuille collectif.
À Québec solidaire, on le dit depuis toujours : Il y a de l'argent, de
notre argent collectivement qui fuit par toutes sortes de moyens. On a entendu beaucoup
parler d'évasion fiscale. C'est d'ailleurs pourquoi, dans une mesure qui
coûterait si peu sur le budget de 100 milliards du Québec, qui permettrait
d'avoir une escouade dédiée à la lutte à l'évasion fiscale...
On a eu l'UPAC pour nous assurer de faire
le ménage dans les contrats, dans le copinage, dans la corruption. L'UPAC fait
son travail, c'est bien. Pourquoi ne pas se doter collectivement, pour quelques
millions de dollars, d'une escouade de lutte à l'évasion fiscale qui aurait
comme mandat d'aller récupérer cet argent-là qui nous file des mains? C'est
notre portefeuille collectif. Et, quand on ne fait pas collectivement ce
travail-là, quand le gouvernement libéral ne fait pas ce travail-là, qu'est-ce
qu'il fait? Il nous met ça sur les épaules, puis c'est encore la classe moyenne
qui se retrouve à payer pour répondre aux besoins de leurs familles et de leurs
propres besoins ou nos besoins collectifs. Alors donc, la mise sur pied d'une
escouade d'évasion fiscale.
Et je terminerais en disant que, pour
prendre soin de notre portefeuille collectif, il y a une mesure, ça ne coûte
rien, c'est une ligne à écrire, c'est de réinstaurer — et je dis bien
«réinstaurer», parce qu'elle a déjà existé — cette taxe sur la
capital des institutions financières, qui a été annulée en 2011 par les
libéraux. Écoutez, là, les libéraux ont fait des choix qui nous font perdre de
l'argent collectivement, et cet argent-là, bien, après ça, ils nous disent
qu'on ne peut pas... on n'a plus d'argent pour investir dans nos services
publics.
Non, il y a des choix politiques qui sont
faits. Et, entre vous et moi, à chaque fois qu'on va dans un guichet
automatique, puis qu'on est obligés de payer un 3 $ parce qu'on n'est pas
à la bonne banque, et quand tu vois qu'à la fin de l'année, cette banque-là
fait des 3, 4, 5, 6 milliards de profits dans l'année et que ce profit-là,
ce capital-là n'est même plus taxé depuis 2011, c'est indignant.
Alors, je pense que de prendre soin de
notre portefeuille collectif pour s'assurer que tout le monde fait sa juste
part, eh bien, c'est une façon aussi d'assurer au peuple québécois de rétablir
l'injustice de laquelle il est victime, cette injustice de laquelle le peuple
québécois est victime depuis trois ans dans les budgets d'austérité.
Alors, voilà ce qu'on va regarder mardi
prochain, et M. Leitão est déjà tout au courant de ça parce que je l'ai
informé dernièrement sur ces choses-là. Merci beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 14 h 45)