(Quatorze heures)
M. Roy
: Bonjour à
tous. D'entrée de jeu, je salue mon collègue Harold Lebel, député de Rimouski.
On est ici aujourd'hui pour demander de l'aide pour l'industrie forestière du Québec.
On veut discuter, dans un premier temps, de la crise du bois d'oeuvre et de
l'épidémie de la tordeuse du bourgeon de l'épinette qui touche de nombreuses communautés
au Québec et, entre autres, 14 000 propriétaires de lots privés.
En novembre dernier, moi et Guy Leclair,
député de Beauharnois, sommes allés à Ottawa faire un point de presse avec le
Bloc québécois pour demander une garantie de prêt du gouvernement fédéral pour
l'industrie forestière du Québec, et, entre autres aussi, nous avons demandé de
l'aide pour soutenir les propriétaires privés qui vivent actuellement avec une
épidémie de tordeuse d'épinette.
Hier, le budget fédéral a été déposé et
aucune aide pour l'industrie forestière du Québec. Donc, nous avions prévu le
coup. Nous avions anticipé la situation, étant donné le peu d'intérêt que le
gouvernement fédéral a actuellement pour le développement économique du Québec,
et avons demandé, via le chef de l'opposition, M. Jean-François Lisée, au
premier ministre du Québec de s'avancer sur le dossier de la crise du bois
d'oeuvre et de nous dire au salon bleu si, oui ou non, il allait accompagner
l'industrie, au cas où le fédéral n'embarquerait pas, via des garanties de prêt
pour soutenir les entreprises. Et le premier ministre a dit qu'il allait
accompagner l'industrie forestière du Québec et qu'il allait débloquer des
sommes pour assurer des garanties de prêts.
Donc, quelles sommes sont demandées? Bien
là, ça va dépendre des pénalités qui vont être appliquées par les Américains et
aussi de la rétroactivité. Certains parlent de 20 % à 40 % de pénalité
puis d'une rétroactivité de la fin avril jusqu'à la fin janvier, ce qui peut
représenter des sommes énormes pour les entreprises, et ça, ça peut venir
gruger leur fonds de roulement et même les mettre en péril d'une manière très
significative.
Donc, garantie de prêt, mais cette garantie
de prêt là doit être accompagnée aussi d'une mesure de protection pour les
fournisseurs. Lors de la dernière crise, bon, il y a des entreprises qui ont eu
certains prêts, ils ont eu de l'aide, mais ils ont mis en faillite un nombre
considérable, je dirais, de petites compagnies, de transporteurs, de
fournisseurs de services autour d'eux. Donc, s'il y a garantie de prêt, et nous
voulons qu'il y ait une garantie de prêt, nous voulons que ça soit accompagné
de mesures pour s'assurer que l'ensemble de la filière puisse survivre, donc
les camionneurs, les entreprises de coupe forestière et tous ceux qui gravitent
autour des entreprises. Donc, nous demandons au gouvernement d'annoncer, la
semaine prochaine, un budget de soutien qui restera à définir selon la mesure
de la pénalité pour accoter la crise de liquidités que les entreprises vont
vivre sous peu.
L'enjeu de la tordeuse d'épinette, écoutez,
nous, on considère que la tordeuse est une catastrophe naturelle et qui nécessite
des mesures importantes de soutien aux propriétaires de lots privés. Et je
laisserais Harold, mon collègue, en discuter.
M. LeBel : Dans le dossier de
l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette en forêt privée, ça fait
également plus d'un an que l'on demande au ministre des Forêts de mettre en
place une stratégie pour aider les petits propriétaires forestiers pris avec
cette épidémie. Ils sont 14 000 propriétaires, à l'heure actuelle, à être
touchés par l'épidémie dans tout le Québec. Les régions touchées sont le
Témiscamingue, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord, le Bas-du-Fleuve et la
Gaspésie. Les prochaines régions qui seront touchées sont Charlevoix et
l'Abitibi. Dans ma région du Bas-du-Fleuve, du Bas-Saint-Laurent, la forêt
privée représente 44 % du couvert forestier. Et ça, il faut dire que ça
représente aussi des villages, ça représente des familles, ça représente du
monde qui vit dans nos régions, dans nos communautés rurales grâce à la forêt
privée.
Ça fait que ce qu'on demande au
gouvernement du Québec, c'est d'annoncer, dans le budget de mardi une aide,
substantielle. On parle de 10 millions par année au moins pour le dossier
de la tordeuse. Ça prend une stratégie de soutien aux producteurs forestiers
qui prévoit entre autres des investissements en prévention, en lutte directe et
en récupération du bois. Je vous le rappelle, on parle de survie de villages,
on parle de familles, de gens qui veulent continuer à vivre en milieu rural.
Chez nous, dans le Bas-Saint-Laurent, puis j'imagine que c'est ça dans
plusieurs villages, la forêt privée, la gestion de la forêt, c'est le coeur de
l'occupation de notre territoire.
M. Roy
: Peut-être, en
conclusion, de rajouter aussi que l'épidémie de tordeuse qui est vécue
actuellement sur les lots privés, sur les propriétés privées où on a fait de
l'aménagement pendant 30 ans, oblige à faire des coupes accélérées et un peu
d'aller ramasser le capital forestier, là, d'une manière peut-être un peu trop
rapide. Et là ce qui se passe actuellement, c'est qu'on va avoir une
problématique de renouvellement de la ressource sur les lots privés qui va
faire en sorte de peut-être mettre en péril le capital forestier de l'ensemble
des propriétaires du Québec.
Donc, dans la stratégie, dans
l'investissement pour le soutien, bon, à l'épidémie de la tordeuse du bourgeon
de l'épinette, on doit garder en tête qu'il faut regénérer la forêt qui devra
être coupée d'une manière précoce. Et ça, c'est très important pour la vitalité
des communautés. Merci beaucoup.
M. Croteau (Martin) : Ce que
je comprends, c'est que, dans le dossier du bois d'oeuvre, vous dites que le
gouvernement doit se préparer au pire, finalement.
M. Roy
: Nous n'avons
pas actuellement les paramètres. Ni vous ni moi ne savons ce qu'il va se passer
à la fin avril. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a une taxe qui peut s'en venir,
qui peut être extrêmement importante. On ne connaît pas encore... on ne sait
pas, et qui va être rétroactive. Et ça peut faire en sorte que, 1er mai, quand
les camions vont traverser la frontière, on exige de payer la rétroactivité de
la pénalité imposée aux entreprises qui auront fait de l'exportation, et là ça
peut impliquer de grandes liquidités, ce qui viendra mettre en péril de
nombreuses entreprises.
Ça fait que, nous, ce qu'on demande au gouvernement,
c'est d'accoter en garantie de prêt les pénalités qui seront imposées pour
permettre aux entreprises de continuer leur exploitation, de faire rouler leurs
usines puis de sauver les 60 000 emplois qu'il y a actuellement au Québec.
M. Croteau (Martin) : Ce que
vous demandez, c'est immédiatement le dépôt d'un budget spécial pour faire face
à cette crise-là, sans savoir exactement quelle sera l'ampleur des pénalités?
M. Roy
: On peut
s'avancer sur... écoutez, je ne veux pas avancer de chiffres, on est dans les
centaines de millions, c'est sûr. Mais est-ce que les entreprises sont en
meilleure santé qu'elles l'étaient auparavant? Je ne pourrais pas vous dire, il
y a des messages contradictoires. On dit qu'actuellement l'exportation est
bonne, le prix est bon, elles exportent à tour de bras, et ça, ça peut être
aussi... L'envers de ça, c'est qu'actuellement ça va bien, là, il y a une
exportation, puis on est dans la période de libre-échange, les moulins le
savent, là, les cours à bois sont pleines, et on pousse la machine. Mais quand
on va arriver à la fin avril, là, peut-être que la pénalité va être assez importante.
Et là on ne peut pas savoir, mais on sait que... bien, on ne peut pas savoir
puis on sait...
Écoutez, on est dans les centaines de
millions, puis l'objectif, il est clair, c'est d'assurer la pérennité de
l'industrie forestière au Québec. Ottawa nous a abandonnés, là, c'est clair,
ils n'ont aucun intérêt. Puis on pourrait rentrer sur les enjeux de négociation
avec l'Ouest qui n'était pas très favorable à des garanties de prêt pour
l'industrie. Ça fait que, qui a eu le plus gros morceau, là, dans le lobbying par
rapport au budget fédéral? C'est l'Ouest. C'est ça qu'on vit actuellement. Là,
on a répondu aux doléances de l'Ouest, et, par ricochet, on abandonne l'économie
forestière du Québec, et on remet sur le dos du gouvernement du Québec la responsabilité
de soutenir l'économie forestière.
M. Croteau (Martin) :
Pardonnez-moi si j'insiste, c'est parce que vous dites... vous demandez au
gouvernement de présenter un budget rapidement, un budget d'aide à l'industrie
forestière. Quel est le montant qui doit être mis sur la table tout de suite,
là, pour faire face...
M. Roy
: Je crois qu'à
300 millions on peut être en mesure de soutenir, mais le paramètre
problématique, est-ce qu'on est de 20 % ou à 40 % de pénalité? Et
c'est là qu'on ne le sait pas. Ça fait que c'est pour ça qu'il va falloir qu'on
réserve des sommes qui vont être affectées à la problématique, mais il faut que
ce soit dans le budget, minimum 300 millions par année, minimum.
M. Croteau (Martin) : Merci.
(Fin à 14 h 9)