(Huit heures quarante-six minutes)
Mme Ouellet : Donc, merci.
Donc, pour moi, c'est important de venir intervenir sur le budget québécois de 2017‑2018.
Mais peut-être, dans un premier temps, je voudrais dénoncer l'attitude de
fermeture du gouvernement libéral, dénoncer le refus du ministre des Finances à
ma présence au huis clos hier. C'est vraiment incompréhensible. Il a refusé ma
présence sans aucune justification, sans aucun motif, alors qu'il y avait des
dizaines... Je ne sais pas exactement combien de personnes, probablement que
vous êtes mieux placés que moi pour le savoir étant donné que plusieurs d'entre
vous étaient présents, mais qui étaient présents au huis clos, et aussi le
refus du gouvernement libéral que les députés indépendants, on puisse avoir une
minute. Ce n'est pas beaucoup, là, une minute de réplique, là, au discours sur
le budget. Je pense que, vraiment, ça dénote une attitude de fermeture du Parti
libéral.
Mais revenons au beaucoup lui-même. Donc,
un budget où le gouvernement libéral veut se présenter en sauveur, mais après
lui-même avoir fait le saccage dans les services de l'État. C'est comme s'il
allait mettre le feu à la cabane puis, après ça, il se présentait, là, en
pompier pour venir éteindre les feux. Je pense que c'est assez insultant de
voir ça. On pourrait qualifier ce budget-là d'un budget pompier pyromane, et il
y a des exemples très précis.
Par exemple, la taxe santé, il annonce ça
comme une super bonne nouvelle, l'abolition de la taxe santé, alors que c'est
le gouvernement libéral de Jean Charest qui l'a mise en place cette fameuse
taxe santé, qui était une taxe totalement injuste et qui n'avait pas sa raison
d'être. Donc, je pense que ce n'est pas un cadeau qu'il fait aux Québécois, c'est
juste la réparation d'une erreur qui avait été faite par le gouvernement
libéral de Jean Charest.
Ensuite, je veux venir... parce qu'ils ont
fait beaucoup de coupures en santé, en éducation, des coupures extrêmement importantes
qui ont amené des compressions qui ont fait mal, des compressions, vous vous
rappelez, qui ont amené les CPE, par exemple, à couper les collations dans les
CPE. Et là quand je vois dans leur petit programme publicitaire, qu'il nous
fait un bel encadré : «Des petits déjeuners seront servis dans les CPE et
des collations de fruits et légumes seront offerts aux jeunes des milieux
scolaires et défavorisés», c'est une insulte à l'intelligence. C'est baveux de
leur part de commencer à venir dire qu'ils font des bonnes actions en
permettant d'avoir des collations avec des fruits et des légumes, alors que
c'est de leur faute si les CPE ont été obligés de couper les collations, c'est
à cause des coupures libérales des deux dernières années. Donc, je trouve ça vraiment
assez spécial qu'ils se présentent en pompiers après avoir vraiment mis le feu
à la cabane.
Et finalement, on voit que, dans ce
budget-là encore, le gouvernement libéral ne se tient pas debout devant Ottawa,
et ça fait en sorte qu'il y a des revenus... parce que dans un budget, il y a
la colonne des revenus et la colonne des dépenses, mais il faut aussi regarder
la colonne des revenus et, dans la colonne des revenus, il y a des revenus
supplémentaires qu'on devrait aller chercher. On l'a dit la semaine passée, du
côté de la taxe santé, même Philippe Couillard est insatisfait du montant de la
taxe santé du gouvernement canadien, mais il y a plus que ça. Tout ce qui est
relié aux paradis fiscaux, ce sont des centaines de millions de dollars
qui nous manquent dans les coffres de l'État à cause des paradis fiscaux. Il
faut aller chercher les pouvoirs d'information au gouvernement canadien. Rien
dans le budget, aucune nouvelle mesure pour contrer les paradis fiscaux.
Et aussi, du côté des sièges sociaux,
alors que, dans le budget, le gouvernement Couillard se targue de mettre de
l'avant une économie de dirigeants, bien encore, dans le budget, aucune mesure,
aucune mesure pour contrer l'exode des sièges sociaux, alors qu'il ne suffirait
de demander au gouvernement d'Ottawa ou au gouvernement canadien d'être
conjoint sur les décisions du ministre du Développement économique lorsque
vient la question de l'exode des sièges sociaux et rien dans ce budget-là.
Et je pense que, très clairement, avant de
penser à réduire les impôts, il faudrait réinvestir dans nos services publics,
les services qui sont essentiels pour les parents du Québec, pour les citoyens
du Québec. Là, on parle d'une réduction d'impôt de 55 $ par personne, et
d'ailleurs qui est la même pour tout le monde, peu importe le revenu. Je pense
qu'il y a des réinvestissements dans les services qui seraient vraiment
importants. On parle de matériel scolaire gratuit pour le primaire, secondaire.
C'est une mesure pour les familles. Ça, c'est 350 $ dans la poche d'une
famille de deux enfants, c'est des mesures pas mal plus intéressantes. Des
cliniques d'infirmières dans tous les CLSC du Québec, qui pourraient même être
financées à partir de l'incorporation, là, des médecins... l'abolition de
l'incorporation des médecins.
Et, en terminant, c'est dommage qu'il
n'ait pas profité de ce budget–là pour vraiment réorienter l'économie du Québec
vers les emplois de l'avenir. Et j'ai eu l'occasion, l'année passée, de
présenter Climat Québec 2030, qui est un projet de développement économique permettant
la création de 350 000 emplois d'ici 2030 dans les économies vertes, dans
l'efficacité énergétique, dans les énergies renouvelables, et on ne voit pas de
réelle politique de réorienter le développement économique vers l'économie
verte de la part du gouvernement libéral. Même s'il y a quelques mesures
intéressantes, ce n'est pas suffisant, comme vision globale, pour permettre une
réorientation de l'économie qui nous permettrait vraiment de diminuer nos gaz à
effet de serre, mais de créer des emplois, là, ici, au Québec. Voilà.
M. Vigneault (Nicolas) :
Nicolas Vigneault, Radio-Canada. Mme Ouellet, au bureau du ministre des
Finances, ce qu'on rétorque, c'est que vous avez fait votre demande trop tard
pour le huis clos.
Mme Ouellet : Bien, écoutez,
on a fait notre demande dans les délais, on a fait notre demande le
21 mars. Ça leur a pris trois jours, je crois — c'est Nathalie
qui a fait les démarches, là — avant d'avoir une réponse. Écoutez, on
demandait une place. Moi, je sais que les gens, les différents partis
politiques, les médias arrivent avec leurs équipes, puis je crois que c'est
même ouvert plus large que ça, mais on demandait une place. Donc, je ne
comprends pas qu'il n'y ait pas eu de l'espace pour une place au huis clos du
budget, hier.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
le budget en soi, est-ce que les baisses de taxes, c'est une bonne nouvelle,
ou, de votre côté, vous dites carrément : Tous les surplus devraient être
affectés à des services?
Mme Ouellet : Bien, écoutez,
actuellement, étant donné tout le saccage qui a été fait dans les services
publics et que ces services publics là sont vraiment importants pour les
citoyens, pour les familles du Québec, avant de penser à faire des baisses
d'impôt, il faut améliorer les services à la population, que ce soit en santé,
que ce soit en éducation. Et le petit peu de réinvestissements qu'ils ont faits
en éducation, par exemple, ne compense même pas les coupures qu'ils ont
réalisées.
Donc, je pense que c'est un peu de rire du
monde que de se présenter en sauveurs, alors que c'est eux-mêmes qui sont allés
saccager, de se présenter en pompiers, alors que c'est eux-mêmes qui ont joué
aux pyromanes dans les années précédentes. Donc, je pense qu'il faut réinvestir
dans nos services pour avoir des meilleurs services.
Et deux choses importantes que j'ai mises
de l'avant, c'est le matériel scolaire gratuit, primaire, secondaire. Je pense
que ça, c'est une mesure qui permettrait surtout aux enfants dont les familles
ont moins les moyens... Moi, je sais, à Saint-Hubert, je participe beaucoup à
la rentrée scolaire, aux fournitures scolaires pour que tous les enfants
puissent avoir accès à de la fourniture scolaire. Il me semble que ça, c'est
bien le minimum pour la réussite scolaire. Dans les mesures qu'on veut de
persévérance scolaire, c'est bien le minimum.
Et, du côté de la santé, c'est bien beau
de former plus de superinfirmières, mais si elles n'ont pas... si on ne met pas
à leur disposition les centres pour qu'elles puissent opérer et qu'elles
puissent rendre des services à la population, comme des cliniques d'infirmières
dans tous les CLSC du Québec, bien, ce n'est pas ça qui va faire la différence
sur les services à la population. Et ça, on sait que les cliniques
d'infirmières, ça fonctionne bien. SABSA, ici, à Québec... et le modèle, moi,
je suis allé la visiter, puis ça ne prend pas beaucoup d'espace et ça rend un
très grand service à la population. Ça permettra à tout le monde d'avoir accès
à un médecin de famille et ça va désengorger les urgences.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, Mme Ouellet. Êtes-vous une victime?
Mme Ouellet : Bien, écoutez, peut-être
que c'était nouveau pour le Parti libéral mais franchement, de ma part, c'est
une incompréhension, et je suis assez perplexe de voir à quel point ils sont
fermés à ce que je sois présente à un huis clos, à ce que je puisse faire une
réplique. En fait, sur la réplique, je sais que Québec solidaire l'avait également
demandé dans les années passées, puis ça n'a jamais été accordé parce que j'ai
validé avec eux.
Je pense que ce serait normal que les
députés indépendants qui le souhaitent puissent avoir une minute de réplique,
là, au discours du budget, après les partis reconnus, je comprends ça, mais
qu'on puisse avoir aussi une minute de réplique. Lors des motions, par exemple,
aujourd'hui, puis dans les autres journées, il y a des motions, on a le droit
d'intervenir sur les motions. Je ne comprendrais pas, dans un moment aussi important
que le dépôt d'un budget, qu'on ne puisse pas avoir une réplique.
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous êtes une victime.
Mme Ouellet : Bien, je ne le
présenterais pas comme ça. Je le présenterais plus comme étant de la fermeture
de la part, vraiment, du Parti libéral.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
le fait que n'étiez pas présente au huis clos, à quel titre vous vous êtes
présentée auprès du gouvernement pour participer au huis clos du budget?
Mme Ouellet : À titre de
députée de l'Assemblée nationale.
Mme Lajoie (Geneviève) : O.K.
Puis qu'est-ce qu'ils vous ont répondu?
Mme Ouellet : En fait, ils
m'ont juste répondu que ce ne serait pas possible. Et on a demandé des
explications, bien, pour quel motif, pour quelle raison, et on n'a jamais eu de
réponse.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Selon M. Fournier, c'est parce que vous ne représentez pas un parti politique
qui est représenté à l'Assemblée nationale. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Ouellet : Bien, moi, je
pense que ce n'est pas une justification. Il y a bien des économistes qui sont
là, qui ne représentent pas des partis politiques. Moi, je suis députée à l'Assemblée
nationale et, à ce titre-là, je représente des citoyens mais je suis députée à l'Assemblée
nationale. Je m'intéresse à tout ce qui se passe à l'Assemblée nationale et au Québec
et je pense que c'est… juste par simple respect des élus, il aurait dû accepter
ma présence. La présence d'une personne, ce n'est pas ça qui aurait rien changé
à leur disposition des locaux ou quoi que ce soit. Je suis certaine qu'il y
avait de la place.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Est-ce que c'est donc dire que tous les députés indépendants, par exemple, M.
Sklavounos, Pierre Paradis, devraient pouvoir aussi avoir accès au huis clos du
budget?
Mme Ouellet : Effectivement,
tous les députés indépendants qui le souhaitent devraient avoir accès au huis
clos du budget. D'ailleurs, je pense qu'il y a eu une entente avec Québec
solidaire. Québec solidaire ne fait pas des... partis complètement, là,
reconnus à l'Assemblée nationale, là, il y a comme des accommodements, et Québec
solidaire, je crois, est invité, là, au huis clos.
M. Laforest (Alain) : Mais
vous êtes chef du Bloc aussi, là.
Mme Ouellet : Je suis chef du
Bloc aussi, mais je suis à l'Assemblée nationale et présente au salon bleu
comme députée de l'Assemblée nationale.
M. Laforest (Alain) : Donc,
cette double nationalité là vous donne la possibilité d'aller au budget.
Mme Ouellet : Bien, écoutez,
c'est assez surprenant, la semaine passée, j'étais tout à fait bienvenue au
huis clos du budget du gouvernement canadien et, cette semaine, pas bienvenue
au huis clos du budget québécois, alors que je siège ici, à l'Assemblée
nationale. C'est assez spécial, merci.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mme Ouellet, est-ce qu'on ne vous a pas dit
que votre demande avait été faite trop tard?
Mme Ouellet : Bien non, on
était à l'intérieur des délais, et, à ce moment-là, moi, je demandais une
place. Ça fait que ce n'est pas vrai qu'ils ne pouvaient pas s'organiser pour
qu'il puisse y avoir une place. Ça a même pris trois jours avant qu'ils nous
répondent, et on avait commencé à faire des démarches, parce qu'il a fallu
faire des démarches, au début, on ne savait pas à qui demander, là, mais
finalement on nous a dit exactement à qui demander, c'est au cabinet du ministre
des Finances, et c'est le ministre des Finances qui a refusé.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Vous l'avez demandé quand?
Mme Ouellet : On l'a demandé
le 21.
Mme Sioui (Marie-Michèle) : Le
21. Est-ce qu'il y a d'autres élus de l'Assemblée nationale qui étaient dans le
huis clos?
Mme Ouellet : Bien oui, tout
à fait. Je ne pourrais pas vous dire exactement, parce que je n'étais pas
présente, mais, en principe, il devait y avoir probablement le critique des
finances, Nicolas Marceau, probablement François Bonnardel, et je crois que
cette année, mais je ne suis pas certaine... je crois que c'est Manon Massé, du
côté de Québec solidaire, qui était présente au huis clos.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
Mme Ouellet : Bien, merci.
La Modératrice
: Bonne
journée.
(Fin à 8 h 58)