(Huit heures quatorze minutes)
M. Lisée
: Notre
longue expérience en politique nous fait savoir que parfois il y a plus qu'une
nouvelle par jour. Et donc nous allons vous parler pendant un bref instant
d'autre chose que de Marc-Yvan Côté, de Philippe Couillard et de Bombardier,
mais on va y revenir immédiatement à vos questions.
Alors, on est très préoccupés évidemment
par l'avenir environnemental du Québec et par cette obsession qu'ont la CAQ et
le Parti libéral de vouloir livrer le Québec aux pétroliers et à ceux qui
veulent creuser des trous, que ce soit à Anticosti, ou dans les basses terres
du Saint-Laurent, ou un peu partout, y compris sur le gaz de schiste et on a mené
une bataille énorme contre la loi n° 106, qui était essentiellement la loi
du bar ouvert pour les compagnies d'hydrocarbures.
Or, on apprend que Junex a décidé de se
départir d'un certain nombre de ses droits d'exploration dans les basses terres
du Saint-Laurent. Alors, normalement, un gouvernement propétrolier comme le
gouvernement libéral les remettrait sur le marché. Nous lui demandons de les
garder dans la propriété du gouvernement du Québec. Il y a une superficie
couvrant 6 700 kilomètres carrés — il y a des pays qui sont
plus petits que ça, O.K.? — alors on demande de protéger ces
6 700 kilomètres carrés en gardant tout simplement ces permis. S'ils
étaient remis sur le marché, ils seraient vendus à bas prix. Mais, si un
acheteur à bas prix un jour décidait, sous un gouvernement de la CAQ, par
exemple, de creuser des trous et d'explorer, eh bien on serait pris avec un
droit qui aurait été cédé. Alors, nous demandons la rétention de ces permis.
M. Rochon : Alors, nous
le demanderons notamment, là, par la voie d'une motion qu'on va présenter
aujourd'hui. Bon, brièvement, là, parce que Jean-François a été extrêmement
clair, on s'est battu, vous le savez, là, avec toutes nos énergies pour que le
gouvernement intègre dans le 106 l'interdiction de la fracturation hydraulique,
là, cette méthode honnie. Alors, il avait peine à la nommer même dans nos
discussions en commission parlementaire. Il a dit : Pas question de
l'interdire, on va encadrer. Cet encadrement, on ne l'a toujours pas vu parce
qu'il est dans des règlements qui n'ont pas encore été rendus publics. Alors,
comme le disait Jean-François, c'est le moment, là, d'envoyer un message fort.
Junex abandonne 34 permis, superficie 6 700 kilomètres carrés
dans quatre régions, là, Chaudière-Appalaches, Estrie, Mauricie,
Capitale-Nationale. Il faut que le gouvernement reprenne ces permis, ne les
remette pas sur le marché. Il faut mettre un bouchon, c'est le moment. Alors,
c'est ce qu'on va lui demander formellement via notre motion ce matin.
Le Modérateur
: Merci,
MM. Lisée et Rochon. Aux questions, micro de gauche, M. Bellerose, Journal
de Montréal. Merci d'avoir une question, une sous-question.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Lisée. Au sujet de l'implication de M. Marc-Yvan Côté en
2012 dans la course à la chefferie, est-ce que M. Couillard pouvait ne pas
savoir?
M. Lisée
:
Écoutez, est-ce que M. Couillard va plaider la défense Gérald Tremblay?
Alors, c'est son choix ce matin. Alors, ça, ça veut dire que son organisatrice
en chef pour l'Est aurait menti à son patron, ça veut dire que l'organisateur
de sa campagne, Sam Hamad, aurait menti à son patron, ça veut dire que celui
qu'il allait choisir comme whip, M. Billette, aurait menti à son patron.
C'est inconcevable. Et la défense de M. Couillard, c'est dire : Je
leur avais dit de ne pas toucher à M. Côté. C'est inconcevable qu'il ait
dit ça et que sa garde rapprochée n'ait pas obéi. C'est inconcevable.
Alors, ce qui est en cause aujourd'hui,
c'est ni plus ni moins que la crédibilité de Philippe Couillard, sa crédibilité.
Est-ce qu'il en restait lorsqu'il a essayé de nous raconter, l'automne dernier,
que William Bartlett était un bénévole comme les autres et qu'on s'est rendu
compte que c'était le responsable de la sortie de vote dans son comté? Beaucoup
de Québécois ont conclu que Philippe Couillard mentait comme un arracheur de
dents. Et, lorsque Philippe Couillard va dire aujourd'hui qu'il est scandalisé
d'apprendre que Marc-Yvan Côté participait à sa campagne, il va mentir comme un
arracheur de dents.
Et je vais appuyer, on va appuyer, au Parti
québécois, la motion de la CAQ pour entendre en commission parlementaire des
gens qui viendraient dire comment il se fait qu'ils ont accepté l'utilisation
de Marc-Yvan Côté, qui est une personnalité toxique depuis qu'il a lui-même
admis devant les caméras à la commission Gomery qu'il avait des enveloppes de
cash gros comme ça pour distribuer à des militants libéraux. Donc, on est
d'accord pour demander que ces gens-là viennent expliquer comment un militant
toxique continue à être utilisé pour la campagne de M. Couillard à
l'époque, mais les libéraux vont refuser.
Le Parti libéral est le maître de
l'absence de transparence. La semaine dernière, ils ont refusé une commission
parlementaire pour entendre des gens qui auraient pu faire la lumière sur un
témoignage sous serment de l'inspecteur de la SQ sur l'existence d'une immunité
politique dans le cas des enquêtes, un sujet extraordinairement important.
Quelqu'un qui veut la bonne marche de l'État voudrait avoir la lumière
là-dessus. M. Couillard ne veut pas la lumière là-dessus.
Donc, aujourd'hui, le théâtre politique qu'on
va connaître, c'est un premier ministre qui n'a plus aucune crédibilité qui va
nier, qui va camoufler, qui va mentir, en espérant qu'il reste encore quelques électeurs
au Québec qui prêtent foi à ses paroles.
M. Bellerose (Patrick) :
M. Couillard peut toujours prétendre que les problèmes éthiques se
limitaient à l'ère Charest.
M. Lisée
: Bien,
moi, ça me fait rire quand il dit : Nommez-moi un cas. Bien, je vais vous
nommer un certain nombre de cas, hein? Vous avez perdu votre ministre de
l'Agriculture, vous avez perdu votre leader, vous avez perdu votre ministre de
trio économique, Jacques Daoust, parce qu'il avait menti, vous avez laissé
votre ministre responsable Institutions démocratiques dire que c'était normal
qu'un contributeur libéral soit Commissaire à l'éthique, vous avez refusé de
faire la lumière sur William Bartlett, qui était votre bénévole en chef le jour
du vote et qui est sous enquête pour fraude massive. Alors, des cas, il y en a tellement
que c'est difficile de n'en nommer qu'un.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, micro de droite.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. Donc, vous admettez que vous n'avez pas d'emprise?
M. Lisée
: Il y a
un remède. Le remède à ce mauvais feuilleton de problèmes éthiques
ininterrompus, c'est que les libéraux perdent le pouvoir. Ils sont sur une
vitesse de croisière de manquement éthique. Toutes les deux semaines, il y a un
manquement éthique. La seule façon que ça s'arrête, c'est que les libéraux s'en
aillent loin, loin dans l'opposition.
M. Laforest (Alain) :
C'est dans un an, ça, un an et demi.
M. Lisée
: C'est
dans un an, oui. Malheureusement, malheureusement, on a un compte à rebours...
M. Laforest (Alain) :
Vous allez prêcher dans le désert pendant un an et demi?
M. Lisée
: Le
désert de l'honnêteté intellectuelle, il est dans la tête du premier ministre,
alors, oui, on va être pris avec ça encore pendant un an.
M. Laforest (Alain) :
Vous pensez quoi des salaires de Bombardier ce matin?
M. Lisée
: Je
pense que c'est une gifle aux Québécois. Que Bombardier ait réussi... Tu sais,
moi, je pense qu'effectivement les dirigeants de Bombardier ont réussi à tirer
une compagnie qui était dans une très grave difficulté vers la voie de la rentabilité,
et là-dessus ils ont fait un bon travail, mais ils l'ont fait parce que les
contribuables québécois leur ont donné 1 milliard de dollars. Alors, ils
ne devraient pas être récompensés pour ça. Et en plus ils ont mis à pied des
milliers des Québécois.
Alors, il y a un genre d'indécence
organisée à la tête des grandes entreprises, Bombardier, GM, les autres, où on
se vote des augmentations de salaire alors qu'on a détruit le gagne-pain de
milliers de Québécois. Alors, c'est une indécence que les Québécois constatent aujourd'hui,
et j'espère qu'un actionnaire important de Bombardier, c'est-à-dire le gouvernement
du Québec, va demander le retrait de ces augmentations.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche, Mme Blais.
Mme Blais (Annabelle) :
Oui, bonjour, M. Lisée. Je vous écoute, là, puis je n'ai pas l'impression
que vous avez beaucoup d'espoir d'obtenir des réponses avec la commission parlementaire.
Est-ce que je me trompe?
M. Lisée
: Je n'ai
aucun espoir. Les libéraux sont les champions du camouflage, de l'absence de
transparence. Ils ne veulent pas la vérité. Ils ne cherchent pas la vérité
parce que la vérité est trop dure pour eux. Ils ne la voulaient pas sur la SIQ,
ils ne la veulent pas sur l'immunité politique dans les poursuites qui a été
révélée sous serment par un lieutenant de la SQ, ils ne la veulent pas dans
l'affaire de Marc-Yvan Côté. Ils mentent, ils nous trompent, ils se pensent
supérieurs, ils ont l'arrogance du pouvoir et ils ont l'arrogance de penser
qu'ils vont être réélus malgré tout ça. Et je pense que c'est ça qu'il faut
leur enlever.
Mme Blais (Annabelle) :
Est-ce que vous demandez des démissions à cette étape-ci?
M. Lisée
: On va
demander des explications, on va demander une commission parlementaire, on va
refaire la démonstration qu'ils ne méritent pas la confiance des Québécois.
Mais est-ce qu'on pense qu'ils vont se réformer, s'excuser, admettre quoi que
ce soit? Non. Ce groupe de libéraux là fait honte à la marque libérale.
Mme Blais (Annabelle) :
Mais donc, d'ici l'élection, là, ou la commission parlementaire, entre les
deux, il n'y a rien d'autre, il n'y a pas d'autre poignée que vous pouvez...
M. Lisée
: On va
la demander. Vous savez, une des grandes poignées, c'est que les gens qui ont
fait campagne contre Philippe Couillard pour Pierre Moreau ou pour Raymond
Bachand et qui apprennent aujourd'hui que Marc-Yvan Côté était dans la boucle
et que Premier Tech, qui a eu une subvention, a livré 24 délégués à
Philippe Couillard, eux, ils devraient demander une enquête interne au Parti
libéral pour savoir si Philippe Couillard a correctement gagné cette course au leadership.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino, micro de droite.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Pour vous, M. Couillard, si les faits qui sont avérés sont exacts, n'est
pas le chef légitime du Parti libéral du Québec? Il y a un risque qu'il ne le
soit pas?
M. Lisée
: Bien, les
gens qui se sont présentés contre lui sans utiliser Marc-Yvan Côté, William
Bartlett, il y en a parce que ces gens-là, Bartlett et Côté, étaient du côté de
Couillard. Je pense qu'ils doivent être très mécontents du choix de cette
course au leadership. Alors, j'ai plus confiance en eux d'essayer de trouver
des réponses à l'intérieur du Parti libéral qu'à la bonne volonté du premier
ministre de trouver des réponses qui le mettraient lui-même dans l'embarras.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
La première étude qui a été effectuée sur les maternelles quatre ans, est-ce
qu'elle compromet votre programme de déploiement de ces classes de maternelle
quatre ans là au Québec?
M. Lisée
: Alors,
j'ai regardé avec attention, et ce que l'étude dit, c'est que la qualité à
l'intérieur des maternelles quatre ans n'est pas au rendez-vous, la qualité des
éducateurs ou peut-être la qualité des programmes. Et donc ce qu'il recommande,
ce n'est pas d'arrêter les maternelles quatre ans, c'est lui donner de la
qualité. Et, quand on se pose la question : Qu'est-ce qui s'est passé avec
la qualité dans l'enseignement ces dernières trois, quatre années? Bien, il
s'est passé que les libéraux ont mis à la porte des psychopédagogues, des
orthophonistes, des travailleurs spécialisés, et ils ont nui à la qualité.
Alors, je ne suis pas surpris de voir que les libéraux ont nui à la qualité de
la maternelle quatre ans, puisqu'ils ont nui à la qualité des CPE, des
garderies en général et de l'école en général.
Alors, la réponse à cette étude, qui m'a
l'air très bien faite, c'est de dire : Bien oui, il faut investir davantage
dans la qualité des maternelles quatre ans et ailleurs.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Juste pour nous rappeler la proposition de votre formation politique, est-ce
que c'est déployer des maternelles quatre ans dans tous les milieux défavorisés
ou partout au Québec dans un horizon assez rapproché?
M. Lisée
: Non.
Alors, nous, on pense que les CPE font un excellent travail pour tous les
enfants de quatre enfants qui y sont. Les maternelles quatre ans sont un outil
supplémentaire pour aller chercher les autres enfants que des parents, souvent
en milieux défavorisés, ne veulent pas envoyer dans les CPE, c'est un constat
que l'on fait, mais qui sont plus disposés à les envoyer à l'école. Et la
maternelle quatre ans est une école, en plus, c'est gratuit, ce qui n'est pas
le cas des CPE. Alors, nous, on ne veut absolument pas démanteler les CPE pour
les remplacer par des maternelles quatre ans, ce qui est la proposition complètement
ridicule de la CAQ, qui est contre les CPE, a toujours été contre les CPE. Ça
coûterait beaucoup plus cher, on ne saurait même pas où mettre toutes ces
maternelles quatre ans sur tout le territoire, il n'y a pas de place dans les
écoles, on le sait très bien. Et ce n'est pas l'objectif pédagogique, là.
L'objectif pédagogique, c'est d'étendre, et, pour étendre, plus de maternelles
quatre ans dans les milieux défavorisés pour que la cohorte des quatre ans soit
plus pleinement couverte par l'éducation préscolaire.
Le Modérateur
: Merci.
On va en anglais. Micro de gauche, Mme Fletcher.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. What do you make of
the Journal de Québec
article this morning about Marc-Yvan Côté and the e-mails that have surfaced?
M. Lisée
: Well, it's another nail in the coffin of the Liberals' credibility
on ethics. This Premier, Mr. Couillard, has been denying that Marc-Yvan Côté has had any involvement in his own
campaign. The e-mails that we read this morning say one word : liar. He
clearly lied, because the people who exchanged e-mails on Mr. Côté's involvement were very, very close to the Premier. His
organizer for the East of Québec, the person who became whip and, clearly, the
chief organizer, Mr. Hamad, knew about that. And so, Mr. Couillard
can no longer hide. Clearly, a person who is politically toxic, Mr. Côté,
who admitted in front of the cameras having distributed cash to Liberal
militants a few years back, has been involved in the Couillard campaign. And
so, Mr. Couillard will deny today, as he did when we discovered that
William Bartlett, who's under inquiry for massive fraud, was not someone
important in his organization, and then, we discovered that William Bartlett
was heading the «get out the vote» operation for Mr. Couillard, so he was
a key organizer. And so, Mr. Couillard will keep denying, and I think the
Quebeckers will keep not believing him.
Mme Fletcher (Raquel) : What do you think needs to happen going forward? The CAQ is calling
for a National Assembly hearing. Do you agree with that?
M. Lisée
:
We will support the motion, and we fully expect the Liberal Party to refuse to
shed any light on this, as they refused last week to shed any light on a
policeman who sworn that there was a mechanism to shield Liberals from prosecution
under the Charest Government. And so, the Liberals are not truth seekers, they're
truth hiders. So, we'll keep asking, but we feel the
only remedy to this bad series of ethical lapses is that the Liberals will be
put out of their misery in next election and pushed way back in Opposition. Merci.
(Fin à 8 h 30)