(Onze heures huit minutes)
M. Khadir
: ...d'abord,
merci d'être présents. Le sujet qui nous préoccupe, c'est l'influence occulte
et les manoeuvres en coulisses de gens d'affaires, de personnes qui ont des
intérêts financiers, des intérêts d'affaires énormes sur le pouvoir public. En
l'occurrence, c'est la question de M. Couillard et du rôle joué, cette fois-ci,
avec un abri, avec une espèce de cloison entre lui et Marc-Yvan Côté. Mais moi,
ça me fait penser exactement au rôle que jouait Marc Bibeau avec l'ancien chef
libéral Jean Charest.
C'est sûr que, maintenant, on ne peut pas
opérer comme on opérait avant au Parti libéral. Je comprends très bien ça. Et
je suis sûr que plein de personnes n'étaient pas au courant avant non plus des
agissements de Marc Bibeau. Ça n'empêche que, là, ça démontre une influence.
Dans les réponses que le gouvernement m'a
offertes, M. Moreau s'est scandalisé du fait qu'on mentionne le nom de M.
Daniel Johnson, comme si j'avais accusé M. Daniel Johnson d'illégalité. Non, malheureusement,
ces choses-là se passent en toute légalité.
L'influence du milieu des affaires sur les
décisions publiques, sur les orientations, dans ses budgets, dans ses
investissements que fait le gouvernement est une influence nocive, est une
influence antidémocratique, c'est une influence qui n'est pas éthique, conforme
à la morale publique et c'est une influence injuste.
M. et Mme Tout-le-monde, les chauffeurs de
taxi aux prises avec Uber, les employés du secteur de la restauration, les
employés des hôtels qui sont en lock-out sur la rue Saint-Hubert, au coin de
Sainte-Catherine à Montréal, durant tous les mois d'hiver n'ont pas cette
attention du gouvernement.
Donc, la question que je pose à M. Moreau :
Est-ce que M. Moreau, s'il n'avait pas... Si M. Johnson n'avait pas eu
l'influence qu'il a, dans l'élection du chef actuel du Parti libéral, à la
direction du Parti libéral et au pouvoir, est-ce qu'on aurait eu cet
investissement dans Bombardier qu'on a connu ou est-ce qu'on aurait eu le même
investissement dans d'autres secteurs, dans des petites et moyennes entreprises
québécoises où on sait qu'un investissement crée plus d'emplois que dans les
grandes entreprises?
C'est ça, la question qui est à se poser
et c'est pour ça que le rôle occulte joué par les Pietro Perrino, par les
William Bartlett, par les Marc-Yvan Côté, par les Daniel Johnson peuvent
peut-être s'opérer en toute légalité, mais ça n'enlève rien à leur immoralité,
au caractère injuste, au caractère démocratiquement infect que des milieux
d'affaires, des milieux occultes utilisent leur influence politique, utilisent
les avantages qu'ils ont donnés des délégués qu'ils ont envoyés, l'argent
qu'ils ont ramassé peut-être en toute légalité pour ensuite obtenir des
décisions favorables dans les orientations du gouvernement.
Et ça, là, cet aspect-là, même M. Renaud
Lachance qui pourtant voulait être très complaisant et très, disons... éviter
de compromettre le Parti libéral, même lui, il l'a reconnu. Dans son rapport, à
la page 709, dans son rapport dissident, il mentionne qu'il n'y avait pas
d'enveloppe en retour d'un contrat. Lui, il n'a pas pu le démontrer, mais il
peut reconnaître par contre que le développement des affaires, qui est le
maître mot de plusieurs entreprises quand ils approchent le gouvernement pour
obtenir des décisions favorables à leurs affaires, ça, ça a une influence sur
les orientations du Parti libéral, sur les décisions économiques, puis il le
déplore à la page 709.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
vous ne croyez pas M. Couillard quand il dit que M. Côté n'avait aucun rôle,
aucun mandat dans sa campagne à la chefferie?
M. Khadir
: Bien, la
question, ce n'est pas ce que M. Couillard croit ou pas. La question, c'est la
vérité qui s'est passée. M. Couillard peut l'ignorer, mais, si la machine
libérale opère de la même manière, ça veut dire que le cancer des manœuvres
occultes, de l'influence dans l'ombre qu'ont des gens du milieu des affaires
dans le Parti libéral persiste toujours. Que lui, il ait diagnostiqué la
métastase, il l'ait vu, il ait ouvert le cerveau pour regarder et palper la
tumeur, peut-être qu'il ne l'a pas fait, mais ça n'empêche que la tumeur est
là, la tumeur est au sommet du pouvoir libéral, malheureusement.
Ce que je vois aujourd'hui… Moi, j'ai posé
la question, vous n'étiez pas là, la plupart — mon collègue ici, oui,
votre collègue ici, oui, mais la plupart, vous n'étiez pas là — quand
j'ai posé les premières questions sur le rôle de Marc Bibeau, on était devant à
peu près une situation similaire, des informations similaires sur un rôle,
disons, périphérique, de quelqu'un qui n'a aucune... en fait, aucune légitimité
démocratique, n'a été élu nulle part, aucun rôle, aucun mandat officiel, mais
qui va avec Jean Charest dans des grands événements, même politiques, comme
l'histoire avec M. George W. Bush, la réception, et qui opère dans l'ombre pour
obtenir de l'influence, du pouvoir et nommer des gens. Et actuellement, ce que
je vois avec Marc-Yvan Côté, quand Mme Grondin lui a écrit ou l'autre, monsieur…
l'ex-V.P. de Premier Tech écrit à Marc-Yvan Côté pour demander si la chasse a
été bonne, de quoi il s'agit? C'est la chasse à quoi? C'est la chasse aux
délégués. C'est la chasse à l'argent. C'est le genre de chasse que font les
Marc Bibeau et Marc-Yvan Côté de ce monde pour ensuite, en retour, obtenir… ces
gens-là ne font jamais rien pour rien.
M. Bellerose (Patrick) :
Justement, voyez-vous un lien entre la subvention de Premier Tech, qui a été
accordée avant…
M. Khadir
: Il faudra
le voir…
M. Bellerose (Patrick) : …et
ensuite la participation de M. Côté?
M. Khadir
: C'est sûr
que, dans les circonstances, quand on voit comment s'opèrent leurs actions,
jusqu'à preuve du contraire, c'est la première chose qui arrive à l'idée.
Jusqu'à preuve du contraire, c'est ça. Les apparences sont accablantes en tout
cas.
Et c'est pour ça que j'ai demandé à M.
Couillard : Que comptez-vous faire une fois pour toutes pour changer ça,
là? Le cancer des influences occultes et des manœuvres dans l'ombre, faites en
toute dérogation à la transparence politique, à l'équité et l'intégrité en
matière publique, ronge encore le Parti libéral bien que des organes soient en
santé, bien que plein de gens veuillent en finir avec ça, j'imagine. Je ne veux
pas accabler tous les membres du Parti libéral, je ne veux pas accabler tous
les députés, mais ce cancer-là atteint le sommet. Ce cancer-là agit au sommet
grâce à des Pietro Perrino, grâce à des Marc-Yvan Côté et malheureusement grâce
à des Daniel Johnson, l'influence occulte de l'argent sur les décisions
politiques.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce qu'on peut vous entendre aussi sur Bomardier? Qu'est-ce que vous pensez
des bonis accordés alors que le titre va mal?
M. Khadir
: Absolument
scandaleux. Et entendre M. Couillard… Je ne comprends vraiment pas M. Couillard
et je… En tout respect, il y a un grave problème de jugement. On a donné 1,4 milliard.
On a laissé entendre, à l'époque où on l'a donné, qu'on avait un certain
contrôle, que, dans le fond, on le faisait parce qu'on était confiant dans
l'avenir de cette compagnie, parce qu'on connaissant ce qui allait se passer et
comment ça allait être dépensé.
Non seulement Bombardier s'est dépêché de
délocaliser des emplois, rappelons-nous, non seulement Bombardier a empêché
pendant longtemps le gouvernement libéral de faciliter son aide en permettant
au gouvernement libéral de prendre une part, mais aujourd'hui on apprend que M.
Couillard et Madame…Pardon. La ministre de…
Une voix
: Anglade.
M. Khadir
: Mme
Anglade, que le ministre de l'Économie, personne au gouvernement n'a aucun
contrôle sur ce que fait Bombardier et les dirigeants s'octroient des bonis. Et
en plus, bien, on a mis de l'argent uniquement dans la division qui était à
risque et non dans le reste. Bien, c'est justement là le problème. Personne n'aurait…
Enfin, on aurait critiqué d'une autre manière peut-être, mais on n'aurait pas
mis en question cette subvention si le gouvernement avait pris une prise de
contrôle pour avoir son mot à dire sur les emplois, pour avoir son mot à dire
sur les augmentations, et les bonus, et les avantages que s'accordent les
dirigeants. C'est scandaleux. Ça témoigne à quel point cette entreprise méprise
les Québécois. C'est un mépris affiché envers les contribuables québécois,
envers le gouvernement québécois. En quelque sorte, Bombardier est en train de
s'essuyer les pieds sur le pouvoir public, sur le premier ministre du Québec et
sur le peuple du Québec.
M. Hicks
(Ryan) : On the story this morning about
Marc-Yvan Côté, you said that there's a difference between maybe what the
premier knew and what actually may have happened. Can you explain that?
M. Khadir
: Well, you know, Mr.
Couillard can say that he didn't know, but the reality is that his party knew,
and he is responsible of that party. Until when people at the highest level of
public responsibility will just not take the responsibility of what's
happening?
I want to believe Mr.
Couillard, but what has happened has happened whether he knew or not. And that
means that the cancer of what has brought to the corruption during the Charest
era is still there. That cancer has metastasized everywhere, and there is
metastasis at the highest level, around him, around the people who put him in
power, who brought him to the power of the Liberal
Party and then rendered possible his election. These
people act behind the curtains and obtain terrible advantages. It's the influence
of money on public decisions, and that is unjust, that is antidemocratic, that
is not ethical and it's very, very toxic for public spending.
M. Hicks (Ryan) : And, on Bombardier, do you think that those executives should give
back… their bonuses?
M. Khadir
: I think it's time that the governments in Québec be, at least… Mon anglais aujourd'hui a un certain nombre de
problèmes. Je reviens.
I think it's time that
the governments in Québec take a firm stand in front of
Bombardier. Not only they have delocalised jobs, you remember, just after, soon
after they were given $1.4 billion, but today we hear that the head of
Bombardier, the heads, the chiefs, have given themselves tremendous advantages
and bonuses. This is unacceptable. They have to pay back… And the Government should, once and for all, make,
you know… un bilan…
M. Hicks (Ryan) : A review.
M. Khadir
: …a review of the way it invests in this corporate
business. Because, remember, if we had invested that $1.4 billion in our small
businesses, in our middle-sized enterprises, which create jobs in Québec,
imagine the number of jobs we would have created with that money.
Unfortunately, today, we
know that these jobs have been created elsewhere, and the only thing that we
hear now is that not only the situation of the business is bad, the value of business
is going down, but the direction, the chief executive officers are paying
themselves good salary and good bonuses.
(Fin à 11 h 20)