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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d’opposition, M. Simon Jolin-Barrette, député de Borduas, et Mme Nathalie Roy, députée de Montarville

Version finale

Le mercredi 26 avril 2017, 12 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures cinquante minutes)

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. C'est très grave ce qu'on a appris dans les médias depuis deux jours. Ce n'est quand même pas banal, là, un premier ministre qui est sous enquête de police, son principal collecteur de fonds aussi, et ce n'est pas vrai qu'on doit se taire. Évidemment, on veut tous être prudents. Personne ne veut que cette enquête-là dérape, mais c'est possible de poser des questions, de poser des gestes sans nuire à l'enquête de l'UPAC. C'est pour ça que la CAQ demande qu'un mandat spécial soit donné à la Vérificatrice générale pour examiner tous les contrats et les baux qui ont été signés par le gouvernement avec des entreprises de Marc Bibeau. Il me semble, là, que c'est un minimum, et je ne comprends pas la réaction de Philippe Couillard, ce matin, qui ne veut pas donner un mandat spécial.

Comprenons-nous bien, là, la Vérificatrice générale peut, de sa propre initiative, faire certaines enquêtes, mais la Vérificatrice générale peut aussi se voir imposer des mandats par le gouvernement. Rappelez-vous, il n'y a pas tellement longtemps, le scandale de la SQI, la société québécoise immobilière, hein, suite au reportage à Radio-Canada, et suite à notre demande, le gouvernement a donné un mandat spécial à la Vérificatrice générale pour analyser tous les baux. D'ailleurs, on n'a pas eu de réponse. Quand on réfère à l'étude de Raymond Chabot, là, ça n'est pas le résultat de l'enquête de la Vérificatrice générale.

Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Philippe Couillard jugeait que le scandale de la SIQ était important, mais que d'avoir un ancien premier ministre qui est sous enquête de police avec le principal collecteur de fonds, puis que ce collecteur de fonds ait signé 40 baux avec des organisations du gouvernement, ça, il ne trouve pas ça grave. Philippe Couillard, là, se doit de faire la lumière sur les 40 contrats qui ont été signés avec Marc Bibeau et les autres, s'il y en a plus que 40, là. On sait qu'il y en a au moins 40. Il doit faire la lumière.

Et là, pour l'instant, ce qu'on voit, c'est un Philippe Couillard qui essaie de prendre ses distances avec Jean Charest, qui protège le Parti libéral puis les amis libéraux plutôt que de protéger les intérêts des Québécois. Donc, il y a toujours, au moment où on se parle, des contrats de signés qui sont en cours avec Marc Bibeau, donc ce ne sont pas des vieilles histoires du temps de Jean Charest, il y a même plusieurs de ces baux qui ont été signés sous Philippe Couillard. Donc, c'est son devoir, c'est son devoir, à Philippe Couillard, de donner un mandat à la Vérificatrice générale, sans nuire aux enquêtes de l'UPAC, pour que les Québécois sachent exactement ce qui s'est passé.

Je pense que Philippe Couillard, encore une fois, ne saisit pas la colère des Québécois. Les Québécois sont fâchés, sont tannés de voir toutes ces magouilles avec des amis du Parti libéral, veulent qu'on aille au bout du dossier sur les relations entre le gouvernement et les entreprises de Marc Bibeau. Et même si Philippe Couillard essaie de prendre ses distances, le passé de Jean Charest puis de Marc Bibeau va le rattraper.

La Modératrice : On va prendre les questions. Mathieu Boivin, Cogeco.

M. Boivin (Mathieu) : Qu'est-ce que la Vérificatrice générale devrait examiner exactement? Parce que l'UPAC va voir s'il y a eu des illégalités qui ont été commises. Il est possible qu'il n'y en ait pas eu. Sur quoi elle doit poser ses yeux, quel stratagème? Quoi, exactement, elle doit examiner?

M. Legault : Très important comme question. L'UPAC est là pour regarder s'il y a eu des actes criminels de posés. Moi, ce que je parle, là, c'est une enquête administrative. Donc, les baux puis les contrats aussi de rénovation qui ont été donnés à Marc Bibeau, est-ce qu'ils ont été donnés à la valeur du marché? Est-ce qu'il y a eu, quand c'est nécessaire, des soumissions qui ont été faites? Est-ce que ces contrats-là ont été faits… Est-ce qu'ils sont bons, financièrement, pour les Québécois? Ça n'a rien à voir avec le côté criminel, là. Moi, je parle du côté administratif, là. Puis je pense qu'il y a assez de doutes, là. Quand on est rendus qu'on a une enquête de l'UPAC sur Marc Bibeau puis Jean Charest, il y a assez de doutes pour que le premier ministre voie comme son devoir d'aller au moins au bout du dossier administratif, de voir est-ce qu'on en a pour notre argent dans ces 40 baux là.

Vous savez, je prends juste la SAQ, là, si vous parlez à des spécialistes en immobilier, ils vont vous dire : La clé du succès d'un centre d'achats, là, c'est d'avoir une succursale de la SAQ parce qu'une fois qu'on a une succursale de la SAQ, là, on peut attirer des consommateurs qui vont venir à la SAQ, mais vont aussi aller dans les autres magasins. Donc, moi, je veux savoir, là. Ce n'est quand même pas rien, 40 baux avec des entreprises de Marc Bibeau, là. Il n'y a pas juste Marc Bibeau qui a des centres d'achats au Québec. Donc, moi, je pense qu'il y a assez de doutes, là, pour que le premier ministre bouge puis donne un mandat à la Vérificatrice générale. Puis ce n'est pas vrai que la Vérificatrice générale va le faire d'elle-même, là. Elle en a beaucoup, de mandats, beaucoup d'organismes à vérifier. Donc, donnons un mandat spécial.

M. Boivin (Mathieu) : Il est bien possible que le gouvernement continue à dire : Écoutez, on a donné à RCGN, Raymond Chabot Grant Thornton, le devoir d'examiner ça, et il a trouvé que les prix du marché étaient, grosso modo, respectés. Donc, légal, au prix du marché, qu'est-ce qu'il reste à examiner?

M. Legault :O.K. Bon, revenons sur ce qu'on a demandé. Ce qu'on avait demandé au mois de novembre dernier, c'est des contrats de millions de dollars de rénovations à des entreprises de Marc Bibeau. Ça, ça n'a pas été regardé par Raymond Chabot, on a juste regardé la partie baux. On n'a pas regardé les millions de dollars, à savoir si ça a été donné à la valeur du marché aux entreprises de Marc Bibeau. Maintenant, Raymond Chabot, là, c'est une chose, mais la Vérificatrice générale, c'est une autre chose. Comment se fait-il que même sur ces dossiers-là à la SQI, on n'a pas eu encore de nouvelles de la Vérificatrice générale? J'ai hâte d'avoir des nouvelles. Puis là on ne parle pas juste de la SQI, on parle de 25 organismes qui ont des baux avec Marc Bibeau. Donc, Philippe Couillard quand il se lève puis qu'il dit : Ah! Raymond Chabot a déjà fait un rapport sur les baux de la SQI, il répond à une très petite partie. Puis, dans le rapport de Raymond Chabot, on dit : La majorité des baux ont été signés à la valeur du marché. Ah! regarde donc ça! Est-ce que la minorité, ce sont les baux de Marc Bibeau? On n'a pas d'information.

M. Boivin (Mathieu) : Est-ce que ça se peut que la concurrence n'ait pas joué comme il fallait?

M. Legault : Bien, moi, c'est ça qui m'inquiète, de savoir : Est-ce qu'il y a eu des pressions de faites pour que des baux soient donnés à Marc Bibeau alors qu'on aurait pu obtenir des meilleures occasions d'affaires avec d'autres centres d'achats? Je pense qu'on a le droit de poser la question, sans faire déraper l'enquête de l'UPAC, pour savoir si les contribuables québécois en ont eu pour leur argent.

La Modératrice : Merci. Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Messieurs dame, quelle est la différence entre ce que vous demandez aujourd'hui et ce que la Vérificatrice générale a reçu de mandat de l'Assemblée nationale en novembre dernier, où c'est écrit qu'elle peut vérifier l'ensemble des contrats accordés par le gouvernement?

M. Legault : O.K., bien, deux choses. D'abord, dans le mandat qui a été donné à la Vérificatrice générale, on ne parle que de la SQI. Deuxièmement, on ne parle que des baux, on ne parle pas des contrats, entre autres, de réaménagement de bureaux, puis, bien là, il y a 24 autres organismes qui sont touchés. Puis on parlait, à l'époque, de M. Gantcheff, c'était suite à l'émission Enquête. Mais là on apprend quand même qu'il y a 25 organismes qui ont donné 40 baux. Est-ce qu'on peut s'assurer que ces 40 baux là soient révisés par la Vérificatrice générale pour voir si ça a été donné à la valeur du marché?

M. Laforest (Alain) : Donc, ce que vous dites, c'est que le ministre des Finances, le premier ministre ne disent pas la vérité lorsqu'ils affirment que la Vérificatrice générale, dans le mandat de novembre, a la possibilité de le faire?

M. Legault : Exactement. La Vérificatrice générale a toujours la possibilité de faire ce qu'elle veut dans ses vérifications. Mais, dans le mandat spécifique qui a été donné en novembre à la Vérificatrice générale, tous les baux de Marc Bibeau et tous les contrats de Marc Bibeau, pas nécessairement les baux, mais aussi les contrats, ne sont pas visés par le mandat spécifique, c'est selon la discrétion de la Vérificatrice générale.

M. Laforest (Alain) : Dernière question : Est-ce qu'il est vrai que le ministre des Finances s'est entendu avec quelqu'un de votre parti hier pour vous montrer les baux de la Société des alcools signés avec... Aujourd'hui, il nous a dit : Moi, je suis prêt à montrer à l'opposition sans aucun problème. C'est parce qu'il y a des conditions de marché, là, il ne faut pas qu'on ait... fluctuation avec l'entente des centres commerciaux, là.

M. Legault : Tout ce que j'ai entendu, c'est qu'il y a eu une ouverture de la part du président de la SAQ de montrer les baux en privé à François Bonnardel, mais il n'y a pas eu d'engagement. Puis, à ce que je sache...

M. Laforest (Alain) : Le ministre des Finances l'a fait, là, tout à l'heure, il a dit : Moi, je suis prêt à les montrer, les baux, là.

M. Legault : Bon, bien, tant mieux. Donc, en plus de la SQI, on va avoir des nouvelles sur la SAQ si c'est le cas. Et moi, je voudrais que les 23 autres organismes où il y a des baux avec Marc Bibeau soient examinés aussi.

La Modératrice : Merci. Marc-André Gagnon, LeJournal de Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour, M. Legault. Il reste que la Vérificatrice générale est indépendante, hein? Le message que le gouvernement envoie aujourd'hui, c'est que la VG conserve toute l'indépendance nécessaire pour prendre de ses propres initiatives. Elle vous entend, là, aujourd'hui, là, la VG, là. Elle pourrait, de par sa propre initiative, s'intéresser à ces baux-là. Est-ce que c'est ce que vous lui demandez personnellement?

M. Legault : Moi, je demande un mandat spécial. Pourquoi? Parce que la Vérificatrice générale peut aussi, puis elle l'a déjà fait, réviser les états financiers puis les activités des commissions scolaires, des hôpitaux, de certains ministères. Je veux dire, c'est presque illimité, ce qu'elle peut faire, la Vérificatrice générale.

Là, moi, je pense qu'il y a une question de rassurer la population, de lutter contre le cynisme de la population. Et moi, je pense qu'il y a au moins 40 baux, là, avec Marc Bibeau, qui devraient être visés dans un mandat spécial, pas à la discrétion de la Vérificatrice générale, un mandat clair qui lui est donné avec obligation de résultat.

M. Gagnon (Marc-André) : En simple, vous trouvez que ces baux-là, ça sent mauvais?

M. Legault : Bien, écoutez, ça sent très mauvais. On a Marc Bibeau, hein, qui, rappelez-vous, là, tout ce qu'on apprend : Marc Bibeau qui collectait 10 millions par année; Marc Bibeau qui payait les dépenses personnelles de Jean Charest à New York; Marc Bibeau qui faisait un gros party à Baie-d'Urfé avec toutes les firmes de génie; le même Marc Bibeau, il a 40 baux avec le gouvernement. Y a-tu quelqu'un au Québec, là, à part Philippe Couillard, qui pense que peut-être qu'il y a un lien entre les deux?

M. Gagnon (Marc-André) : Vous avez parlé, tout à l'heure, de... vous avez exprimé le souci de ne pas faire déraper l'enquête. Est-ce que c'est une crainte que vous avez en ce moment, compte tenu de la quantité d'informations sensibles qui se sont retrouvées sur la place publique?

M. Legault : C'est certain. Il y a toutes sortes d'hypothèses à savoir qui, et comment, et pourquoi cette information a été coulée. Moi, je ne veux pas nuire à l'enquête, mais je pense que la Vérificatrice générale, si on lui donne un mandat spécial, elle peut le faire sans avoir aucun impact négatif sur l'enquête de l'UPAC.

La Modératrice : Merci. On va prendre une dernière question en français.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que Mme LeBel vous a donné de l'information, votre directrice adjointe? Elle est quand même assez au courant, elle était à la commission Charbonneau, là.

M. Legault : Non.

M. Laforest (Alain) : Mais elle doit savoir des choses, cependant.

M. Legault : Ah! elle sait peut-être des choses, mais elle ne m'a pas donné d'information.

M. Laforest (Alain) : Parce que vous avez un acteur privilégié dans votre parti, actuellement.

M. Legault : Oui, mais il a toujours été clair, depuis que Sonia LeBel travaille avec nous, qu'il n'est pas question d'avoir de l'information privilégiée.

La Modératrice : Merci. On va passer aux questions en anglais. Maya Johnson, CTV.

Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Legault. Can you explain why you feel the Auditor General is best placed to carry out an investigation?

M. Legault :OK. We have to remember that, first, Marc Bibeau was the bagman of the Liberal Party for many years. He collected more than $10 million a year. Now, he's under a police investigation with Jean Charest, and now we know that 40 leases between companies of Marc Bibeau and the Government have been signed, and many of them in the last few years, under Mr. Couillard's management. So, I think, right now, we need to have a special mandate to the General Auditor in order not to cause any negative impact with the investigation of the UPAC, but we need to know, there's an administrative audit that needs to be done about those 40 leases. It's not one or two, 40 leases signed by the Government and Marc Bibeau's companies.

Mme Johnson (Maya) : How do you respond to criticisms that the Opposition parties have been especially suggesting the Premier or the Government interfere with an ongoing police investigation by asking him to shed light on these allegations?

M. Legault : The last thing I want is to interfere with this investigation, but I think that, when you know the role played by Marc Bibeau in the financing of the Liberal Party and at the same time you know that 40 leases were signed with Marc Bibeau's companies, it's normal… and that's what the population is asking, the population is asking us to ask the Government for this kind of inquiry, of investigation with the General Auditor. But it won't have any impact on the UPAC investigation. I think it's important. I don't want to interfere. I want that the… and it looks that they will give an answer by the end of the year. I want to know exactly what happened with Marc Bibeau and Jean Charest. It's something important. Come on! In Québec, a Premier, a Prime Minister who's under police investigation, that's important.

Mme Johnson (Maya) : So, you think it's possible for Premier Couillard to provide answers in this context without compromising the ongoing police investigation?

M. Legault : Absolutely, absolutely. And Mr. Couillard did it once. Remember, few months ago, with the scandal regarding the SIQ, he gave a special mandate to the General Auditor. So, is he telling us today that it's not as bad as the scandal that happened with the SIQ? We're not talking about only the SIQ, but the SAQ, the SAAQ and 25 different parties who signed leases with Marc Bibeau, so it's enough to have a special mandate to the Auditor General. And I think that, right now, Mr. Couillard is telling us that the General Auditor may decide to have this kind of investigation, but they also have to investigate about what's happening in schoolboards, in hospitals, anywhere. So, I think it's important, it's important enough to have this special mandate. We can do that, we did that before, and it's more important than ever.

La Modératrice :Merci beaucoup.

Mme Johnson (Maya) : One final question on another subject, if I may, about English in the National Assembly. Mr. Coiteux apologized this morning for not responding to an English question in French. How do you feel about speaking English during question period?

M. Legault : I expect that the majority of the questions being asked in French, but I have no problem with, sometimes, some questions in English. And I think that… I have no problem also that they answer in English. I don't understand why Mr. Coiteux, who's an MNA from the West Island, that he decided not to answer an English question in English. Was he shy about what's happening with Jean Charest and Marc Bibeau? Maybe that's the real answer.

Mme Johnson (Maya) : So, you would answer a question in English?

M. Legault : Sure.

La Modératrice : O.K. Merci beaucoup.

M. Legault : Merci.

(Fin à 13 h 8)