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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Le jeudi 27 avril 2017, 11 h 38

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-neuf minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Quelle journée! Quelle journée! Je ne sais pas si, vous autres, vous êtes comme ça, mais moi, je commence à être profondément tannée de cette politique-là. Un jour, le directeur du cabinet du premier ministre aurait servi de contact privilégié au sein du gouvernement pour des firmes externes; après ça, Marc Bibeau, qui collectait 10 millions par année pour le Parti libéral du Québec, est sous enquête avec Jean Charest, une enquête qui piétine. Ensuite, on apprend, deux autres libéraux, dont un membre du caucus actuel, sont sous enquête, une autre enquête qui piétine. Et par-dessus ça, aujourd'hui, Sam Hamad qui démissionne. Coïncidence ou non, je ne le sais pas, mais cette rafale d'événements là est profondément inquiétante.

Le premier ministre dans tout ça? Il défend son monde, hein? Il ne défend pas tout le monde, il ne défend pas toute la population du Québec, il défend son monde. C'est le premier ministre des libéraux. Certains ont déjà dit : Un chum, c'est un chum. Je rappelle que le premier ministre semble savoir des choses mais n'en parle pas. Il est évident qu'il n'a pas fait le ménage au sein de son parti et que les années noires de Charest le rattrapent tranquillement, un fil à la fois.

Dans le rapport Charbonneau, on parlait de trafic d'influence, de proximité entre l'économique et le politique. Le système de trafic d'influence du Parti libéral ne semble pas être très loin de l'ère actuelle. Ça commence à faire. Ça commence à faire. On est une démocratie au Québec, on est une démocratie qui se respecte ou, à tout le moins, qui en a plus que marre de ne pas être respectée dans nos enjeux démocratiques. La population n'a plus confiance. La population n'en peut plus de voir ça se dérouler sous ses yeux.

Alors, j'invite le premier ministre Philippe Couillard à réfléchir très sérieusement en fin de semaine, quelques jours qui nous séparent avant le retour en Chambre, la semaine prochaine, et je l'invite à réfléchir très sérieusement, parce qu'en démocratie, là, il ne suffit pas d'avoir un gouvernement majoritaire pour faire fonctionner un gouvernement. Ça nous prend aussi la confiance de la population.

Et je nous rappelle collectivement que M. Couillard, même s'il a la majorité des sièges, n'a eu que 43 % de l'expression du vote populaire. Alors, j'invite M. Couillard à réfléchir comme il faut en fin de semaine et à envisager tous les moyens nécessaires pour restaurer la confiance du peuple québécois envers la classe politique, parce que, quand il ne le fait pas, c'est aussi ma réputation qu'il met en jeu. Quand les libéraux ne prennent pas acte que la population n'en peut plus de cette proximité, de ces trafics d'influence et de ces portes tournantes entre le réseau... entre le milieu économique et le milieu politique, c'est l'ensemble de la classe politique qui est discréditée, et, dans ce sens-là, il est grand temps de s'y prendre soin.

Donc, envisager tous les moyens... Je ne sais pas, c'est lui, le premier ministre. Alors, je ne sais pas. Si ça prend des élections partielles dans tous les comtés représentés par les anciens ministres à 100 000 $, bien, qu'il le fasse. Si ça prend des élections anticipées pour faire un réel ménage, bien, qu'il le fasse. Je ne le sais pas. C'est lui qui a voulu être premier ministre, c'est lui qui savait très bien dans quel parti il se retrouvait, qui savait très bien quels ont été les défis... pas les défis, quelles ont été les réalités identifiées à la commission Charbonneau.

Alors, ce premier ministre là, je l'invite à réfléchir et à nous revenir clairement avec un enlignement qui va redonner confiance au peuple par rapport à la classe politique.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que je comprends, Mme Massé, que vous demandez au premier ministre de faire fi de la loi sur les élections à date fixe et de demander au lieutenant-gouverneur de dissoudre l'Assemblée nationale pour qu'il y ait des élections anticipées?

Mme Massé : Je ne le sais pas. C'est au premier ministre de nous dire comment il s'y prendra pour le faire, ce ménage-là. Pour le moment...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais c'est une façon de faire le ménage, selon vous.

Mme Massé : C'est-à-dire que moi, je ne sais pas ce qu'il va trouver dans son ménage. Ce que moi, je sais, pour le moment, O.K., c'est que, un, depuis trois ans, il nous dit qu'il est une cloison claire entre l'ère Charest et son ère à lui, et plus on avance dans le mandat, plus il y a des ficelles qui ramènent l'ère Charest proche de M. Couillard. Alors, la confiance, elle est ébranlée.

Que le premier ministre fasse tout ce qu'il doit faire, c'est ça que je dis. Je ne sais pas c'est quoi. C'est lui qui le fait, c'est lui qui connaît son groupe parlementaire. Qu'il le fasse, ce ménage-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Hamad, qui a annoncé sa démission au cours des toutes dernières minutes, dit partir de l'Assemblée nationale la tête haute. A-t-il raison de partir, de renoncer à ses fonctions la tête haute?

Mme Massé : Bien, je pense que, dans les années passées, à Québec solidaire, nous avons, à quelques reprises... mon collègue Amir Khadir a, à quelques reprises, identifié comment M. Hamad fait partie de cette tradition politique libérale. Mais vous comprendrez qu'aujourd'hui... Qu'est-ce qui fait que cet homme-là démissionne aujourd'hui? Il reste à peine un an et demi avant les élections. Est-ce qu'il se retire la tête haute? Ça lui appartient de le savoir. Moi, je ne vais pas frapper sur quelqu'un qui n'est déjà pas très en bonne forme.

Ceci étant dit, je vous rappelle qu'à Québec solidaire nous avons déjà demandé la démission de M. Hamad, notamment dans l'épisode de Premier Tech, si ma mémoire est bonne, là. Il faudrait que je voie avec Amir.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Soupçonnez-vous un lien entre sa démission et la déclaration fracassante, ce matin, du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, qui laisse entendre qu'il y aurait une espèce de force obscure qui bloque le dépôt d'accusations, de fraude et de trafic d'influence contre deux libéraux, dont un, disait-il ce matin, à 7 h 24, qui siège toujours à l'Assemblée nationale? Est-ce qu'il y a un lien à voir?

Mme Massé : Bien, écoutez, est-ce que c'est une coïncidence? Ce que je sais, c'est qu'à Québec solidaire, depuis quelques années, on a été capables de démontrer qu'il y a effectivement trafic d'influence entre le milieu économique et le milieu politique, particulièrement au niveau du Parti libéral, mais aussi dans d'autres partis politiques. Ceci étant dit, est-ce que M. Hamad, suite à cette déclaration de M. Francoeur, a senti la soupe chaude et il s'est dit : Bon. Je suis mieux d'en aller? Ça, c'est lui qui pourrait vous répondre, je n'en ai aucune idée.

Par contre, par le passé, je réitère... Rappelons-nous du rôle de M. Hamad dans l'élection de M. Couillard, rappelons-nous du rôle de M. Hamad au sein du Parti libéral et rappelons-nous la commission Charbonneau qui, de façon générale, nous rappelle que le financement des partis politiques a été frauduleux et problématique par le passé, et M. Hamad faisait partie de ce Parti libéral là. Alors, il y a beaucoup d'éléments, là, qui sont en jeu.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Poëti a invité, ce matin, M. Francoeur, qu'il dit... il estime qu'il jouit d'une grande crédibilité, à faire part de ses préoccupations, les informations qu'il détenait à l'Unité permanente anticorruption. En Chambre, la ministre de la Justice a invité M. Francoeur ou a pressé M. Francoeur de communiquer ces informations-là à la directrice des poursuites pénales et criminelles. Est-ce que c'était la chose à faire, la seule chose à faire pour le gouvernement, selon vous?

Mme Massé : Bien, écoutez, moi, ce que je ne sais pas, et c'est M. Francoeur qui pourrait y répondre... et c'est d'ailleurs pourquoi l'idée de le voir en commission parlementaire demeure pour nous quelque chose d'intéressant et d'important. Mais ce que je vous dirais par rapport à ça, c'est : M. Francoeur connaît très, très bien, là, c'est un policier d'expérience. M. Poëti confirme que c'est un homme de confiance, mais, ceci étant dit, nous avions aussi cette analyse-là de notre côté. M. Francoeur connaît très bien l'UPAC, le DPCP, etc. Est-ce qu'il l'avait fait antérieurement? Est-ce qu'il est rendu là à le faire? Je ne le sais pas.

Mais, vous savez, moi, une des choses qui me préoccupent, c'est qu'à chaque fois qu'il y a des lanceurs d'alerte qui sonnent la cloche... Et ça, c'est internationalement, ce n'est pas seulement au Québec, mais à chaque fois qu'il y a un lanceur d'alerte qui sonne la cloche, on se demande si cette personne-là est crédible. On regarde du côté du lanceur d'alerte comme s'il était le coupable au lieu de se dire : Oh! est-ce que plutôt cette personne-là n'est pas en train de justement nous indiquer collectivement qu'il y a quelque chose qui ne va pas? Et moi, c'est de ce côté-là que j'ai envie de regarder et que j'ai envie qu'on regarde collectivement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que, selon vous, le gouvernement libéral s'est lancé dans une course... une chasse, plutôt, à la source, notamment après la diffusion des informations dans Le Journal de Montréal et de Québec plus tôt cette semaine?

Mme Massé : Je vous dirais que c'est effectivement ce que j'ai vu dans les réponses en Chambre, dans l'attitude générale du gouvernement libéral et de certaines...

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est inquiétant, ça?

Mme Massé : Bien, ça l'était assez pour qu'à force de pressions, à force d'indignation de la population, on mette sur pied une commission Charbonneau et qu'on se dise : Là, il faut comprendre quelque chose. Et je vous dirais que notre préoccupation, et c'est pour ça que je demande sincèrement au premier ministre d'y réfléchir beaucoup, cette fin de semaine, c'est que le gouvernement du Parti libéral nous a habitués à des cachotteries. Et j'espère bien que, si M. Couillard est honnête et fidèle à son propos, qu'il va prendre tous les moyens pour nous... pas juste nous convaincre en paroles, mais aussi en geste que c'est vers là qu'on s'en va.

(Fin à 11 h 50)

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