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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, et Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins

Version finale

Le mercredi 3 mai 2017, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures deux minutes)

M. Lisée : Je sais que vous allez me poser des questions sur le dernier épisode de l'interminable saga des magouilles libérales. Alors, j'y répondrai, mais on commence à être pas mal tanné de ne pas pouvoir s'occuper d'enjeux qui concernent quotidiennement les Québécoises et les Québécois.

Et je vais ouvrir sur la santé parce que, pendant que cet écran de fumée qui est tout à fait légitime est en train d'englober la totalité de la vie politique québécoise, il y a des mauvaises décisions qui sont prises par le gouvernement, qui ont des impacts sur la qualité des soins. Et une de ces décisions-là, c'est l'annonce, par le Dr Barrette, lundi, de six supercliniques à Laval. Ah! les supercliniques, ces nouvelles inventions qui redonnent du pouvoir aux médecins et aux médecins spécialistes sur la première ligne, mais le ministre nous avait dit : Ah! mais ça va être super, parce que ça va être ouvert le soir et les fins de semaine, le soir, pour que les gens puissent savoir avec certitude qu'ils vont dans les supercliniques plutôt que d'aller à l'urgence.

Puis on savait que les médecins refusaient de travailler le soir, les fins de semaine. On se disait : Mais est-ce que Gaétan Barrette va avoir suffisamment de cran pour imposer à son ancien syndicat que les supercliniques soient ouvertes les soirs de fin de semaine? Bien, la réponse, c'est non. Il nous l'a dit lundi. Sur six supercliniques, il n'y en a que deux qui vont être ouvertes les soirs de fin de semaine. Donc, les médecins ont gagné. Les médecins ont gagné. Tout ce nouveau réseau-là qui était fait, justement, pour étendre les heures d'ouverture à l'extérieur des urgences, bien, essentiellement, reprennent les heures d'ouverture de ce qui existait déjà, c'est-à-dire les cliniques réseaux. Donc, il n'y aura pas d'impact significatif sur les urgences.

Et ce qui est vraiment choquant, c'est que, cette année, le budget du gouvernement québécois, après avoir démontré que les médecins québécois ont atteint la parité avec les médecins canadiens — et en fait, d'autres chiffres montrent qu'ils l'ont dépassée, selon Pierre Fortin, les médecins omnipraticiens et les médecins spécialistes ont, en pouvoir d'achat, entre 10 % et 35 % de plus que les médecins ontariens — bien, le budget prévoit une augmentation de rémunération des médecins de 6 % cette année. C'est la base. Ils ouvrent la négociation avec 6 % et on sait que ça va être entre 6 % et 12 %.

Alors, j'ai demandé, aux crédits, au premier ministre, j'ai dit : Sur 6 % d'augmentation des médecins, le ministre des Finances dit qu'il y a 1 % c'est pour l'augmentation du nombre de médecins. Alors, disons que 1 % ça a de l'allure, mais le 5 % qui reste, qui est une augmentation de rémunération de 17 400 $ par médecin cette année, pourquoi est-ce que le gouvernement juge que les médecins québécois ont droit à une augmentation de rémunération de 5 % cette année, alors qu'ils ont fait une loi spéciale pour interdire les juristes d'avoir 2,5 %? On pourrait dire : Bien, au moins, c'est peut-être parce qu'ils ont convaincu les médecins d'ouvrir leurs cliniques les soirs de fin de semaine. Mais non.

Et là on se dit : Mais il y a quand même un problème dans le plan du grand Dr Barrette parce qu'il était censé agir depuis trois ans maintenant pour réduire les attentes aux urgences. Bien, quand on regarde la totalité des chiffres de cette année sur l'an dernier, on s'aperçoit que c'est le même nombre d'attentes sur civière, 15,6 heures, le même temps pour voir un médecin. Le nombre total de patients qui quittent l'urgence, découragés par l'attente, il y en avait 344 000 en 2015‑2016 puis il y en a 363 000 en 2016‑2017. Ça veut dire qu'il y a 20 000 personnes de plus qui sont tannées d'attendre. Et j'ai mon invitée spéciale Diane Lamarre qui arrive et qui est d'accord avec tout ce que j'ai dit. Et donc on a une situation où rien ne se passe pour réduire l'attente en urgence. Le nombre de Québécois découragés a augmenté de 20 000, et il y a les fameux lits de débordement où Diane essaie de savoir quelle est l'attente dans les lits de débordement. C'est une information secrète, secret d'État. M. Barrette ne veut pas dire en quoi... comment l'attente est plus importante en débordement.

On va vous donner l'exemple de la Cité de la santé de Laval avec les chiffres d'aujourd'hui, hein? Ils disent : Bon. Il y a 49 civières, il y a 67 personnes en attente, donc 137 % d'occupation. Ça, c'est le chiffre officiel. Je ne dis pas qu'ils sont contents du chiffre, mais c'est celui qu'ils acceptent de nous donner, mais on sait qu'il y a 66 personnes en débordement, donc le double. Ça double.

Alors, la réalité de la situation des urgences, sous le Dr Barrette, empire. La solution qu'il avait inventée, les supercliniques, il a donné raison aux médecins en ne les obligeant pas à ouvrir les soirs de fin de semaine, puis, pour les remercier d'avoir refusé, ils augmentent leur rémunération de 5 % minimum cette année. Es-tu aussi choquée que moi?

Mme Lamarre : Absolument. Je suis surtout déçue pour la population. Je pense que les gens ont donné carte blanche au ministre Barrette depuis trois ans... le gouvernement, en tout cas, lui a donné carte blanche sur des engagements, sur des promesses. Il a eu l'opportunité de faire toutes les réformes qu'il a voulues, et c'est un constat d'échec, un constat d'échec pour la population. C'est surtout ça qu'il faut retenir. C'est que la population, les Québécois ont été généreux envers leur système de santé depuis de nombreuses années, et ils ont le droit d'obtenir le même accès, ne serait-ce qu'en Ontario.

Comment se fait-il qu'en Ontario 8 % seulement des gens n'ont pas de médecin de famille, alors qu'au Québec 25 % des gens n'ont pas de médecin de famille? En Montérégie, c'est 32 % des gens qui n'ont pas de médecin de famille. Alors, c'est un échec, et je vous dirais que l'urgence incarne le symptôme de la maladie et de l'échec de M. Barrette, parce que c'est tout ce qui ne s'est pas fait avant et après qui est responsable de cet engorgement dans les urgences. Alors, d'une part, on camoufle le chaos. Les deux premières années du ministre ont été un chaos, et là les deux dernières s'annoncent comme étant un camouflage de ce chaos en ne donnant pas les statistiques au niveau des unités de débordement.

Et clairement, ce qu'on constate, c'est que le ministre a tout concentré sur l'action des hôpitaux et des médecins, et malgré tout, ça ne donne pas les bons résultats. Alors, quand va-t-il penser à élargir, par exemple, la position des IPS? Pourquoi on n'a pas d'IPS dans les CLSC? Pourquoi n'avoir mis que 10 millions de dollars pour former les IPS en plus grand nombre, ce qui est une goutte d'eau, alors qu'il faudrait qu'il fasse beaucoup plus que ça pour engendrer, d'ici deux ans, une arrivée massive des IPS?

Déjà, depuis 2009, en Ontario, ils ont 2 300 IPS qui peuvent travailler de façon autonome. Hier, je l'ai questionné, il a refusé de reconnaître qu'il donnerait autonomie complète pour qu'une IPS puisse travailler toute seule, par exemple, dans un CLSC.

Alors, on voit, il ne fait pas les bons choix, et, dans ses choix, c'est toujours orienté hôpital et médecins. Et, alors que le système de santé gagne en fluidité quand on travaille sur le soutien à domicile, dans le soutien à domicile, là aussi, c'est absolument des miettes saupoudrées, sans programme, sans orientation claire, sans déploiement, au contraire.

Hier, j'ai parlé du groupe Ex aequo, les personnes qui vivent avec un handicap, qui voient leurs heures d'accompagnement coupées, les heures de préposé coupées, alors que ce sont des gens qui veulent rester sur le marché de l'emploi, qui ont besoin de ce soutien-là.

Alors, de multiples façons, le ministre démontre, dans le fond, qu'il a été incapable de travailler sur les différents leviers d'un système de santé performant et s'est concentré sur un seul aspect, et il échoue.

Le Modérateur : Merci, Mme Lamarre, M. Lisée. On va y aller aux questions. Micro de droite, M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : J'espère que vous ne m'en voudrez pas. Est-ce que vous considérez, M. Lisée, que l'histoire de Violette Trépanier est une histoire du passé?

M. Lisée : Non, parce que c'est au centre de l'enquête de l'UPAC, hein? Quand on a vu le tableau qui lie Violette Trépanier, Jean Charest, Marc Bibeau avec des nominations et des contrats, on voit qu'on est au centre de la tentative de l'UPAC de démontrer l'existence d'un système de trafic d'influence, de contrats, de nominations contre du financement. Et, tant que la preuve n'est pas déposée, tant que des gens responsables n'auront pas subi leur procès, c'est une affaire d'aujourd'hui. C'est une affaire d'aujourd'hui.

Notre difficulté à tourner la page... on veut tous tourner la page, mais notre difficulté à tourner la page, c'est qu'on n'arrive pas en bas de la page. On n'arrive pas au fond de l'affaire puis on n'arrive pas à tenir pour responsable, dans notre système de justice, ceux qui ont inventé ce système et ceux qui ont profité de ce système. Alors moi, j'ai très hâte qu'on tourne la page pour qu'on puisse s'occuper d'autre chose. Et ça va beaucoup nous aider à tourner la page s'il y a des accusations, s'il y a un procès, s'il y a des verdicts. Et puis, si on change le gouvernement aussi, ça va être la meilleure façon de tourner la page.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous craignez qu'il n'y ait pas d'accusation? Là, on a une ancienne ministre, une ancienne responsable du financement du Parti libéral, qui, selon toute vraisemblance, s'est parjurée devant une commission.

M. Lisée : Bon, là, écoutez, si les policiers n'étaient pas au courant de la contradiction entre ses courriels et son témoignage, bien, maintenant, ils le sont. Alors, moi, je m'attends à ce qu'il y ait une réaction des forces policières pour dire : Bon, bien, est-ce qu'on ouvre une enquête pour parjure? Je suppose que ça faisait partie de l'ensemble de la preuve de l'UPAC, et qu'ils montaient la totalité de leur preuve, et que ça, ultimement, aurait pu faire partie des chefs d'accusation qui auraient été portés à la fin. Mais là, puisqu'on l'a au compte-gouttes et que maintenant c'est porté à la connaissance du public, je serais intéressé de savoir si une enquête pour parjure va être ouverte.

M. Laforest (Alain) : Je vous sens hésitant.

M. Lisée : Bien, c'est-à-dire qu'on comprend que ce qu'on voit ce matin puis ce qu'on voit ces derniers jours, c'est le fruit du travail de l'enquête de l'UPAC Mâchurer et que ce que j'aimerais, c'est que ça fonctionne, que l'enquête se termine, que des accusations soient portées par le DPCP et que ça se fasse de façon ordonnée.

Pourquoi est-ce que ça coule? Est-ce que des enquêteurs, justement, craignent que le fruit de leur enquête ne porte pas à des accusations? Ça peut être le cas. Et comme, moi, je suis frustré de constater que l'UPAC voulait terminer son enquête l'an dernier et espérait qu'il y ait des accusations qui soient déposées dès décembre dernier, là, on est en mai 2017, on à 16 mois d'une élection, et oui, moi, je crains que rien ne se passe avant l'élection puis que les libéraux aient une autre partie gratuite, alors qu'ils doivent porter le poids de leur passé réputationnel.

Puis ce gouvernement est clairement issu du gouvernement précédent. Je veux dire, Philippe Couillard était un inconnu jusqu'à ce que Jean Charest en fasse son grand ministre de la Santé. Donc, il y a une filiation entre les deux et ils doivent… bien, on le voit, le chef du cabinet qui était présent avant, qui est présent maintenant, d'autres ministres, des députés, des officiers. À partir du moment où il y a des accusations qui sont portées puis il y a un verdict, bien, il peut y avoir soit rupture, soit continuité, mais, en tous cas, ce sont les électeurs qui peuvent décider de voter pour la marque libérale en connaissance de cause. Ce ne sont plus des rumeurs, ce ne sont plus des allégations. Si on va au bout du processus policier et judiciaire, on est devant des faits.

Le Modérateur : Merci. M. Lavallée, micro de gauche.

M. Lavallée (Hugo) : En même temps, vous dites : Cette histoire n'appartient pas au passé, elle se conjugue au présent, mais il n'y a pas grand-chose que le gouvernement en place peut faire. L'UPAC est indépendante, elle fait son travail. Mme Trépanier n'est plus à l'emploi, à ce que je sache. Il n'y a pas grand-chose à faire pour le gouvernement sinon d'attendre les résultats de l'enquête.

M. Lisée : Vous savez, quand j'ai demandé au premier ministre, la semaine dernière, de retirer les verrous qui protègent l'immunité libérale à l'intérieur du système, il dit : Ça n'existe pas. Il y a beaucoup de gens qui pensent que ça existe. Il y a un enquêteur de la SQ, qui est sous serment, a dit que ça existait. Il y a, de toute évidence, M. Francoeur qui dit que ça existe. Il y a des enquêteurs qui semblent penser que, s'il ne donne pas des preuves aux journalistes, ça n'avancera pas.

Alors, oui, le gouvernement si, d'une façon directe ou indirecte, par la réorganisation de la DPCP, par des questions budgétaires, par des questions de nomination, a fait en sorte d'installer des verrous, il peut les enlever, mais le veut-il?

M. Lavallée (Hugo) : Concernant un autre sujet, on apprenait hier que des libéraux auraient tenté d'offrir à M. Francoeur la circonscription actuelle de M. Poëti. Le Parti libéral dit qu'il n'y a pas eu de démarche formelle en ce sens. Qu'est-ce que ça nous dit sur l'état actuel des choses que cet événement?

M. Lisée : C'est une équipe dysfonctionnelle. On voit une équipe dysfonctionnelle. Il est normal qu'à l'approche d'une élection des députés et des ministres se posent la question de la poursuite de leur carrière. Il est normal qu'il y ait des conversations qui se fassent avec le chef du parti. Normalement, ça se fait de façon ordonnée, et la pire chose à faire, c'est qu'un membre d'une équipe apprenne d'un tiers qu'on veut se débarrasser de lui.

Alors, on a beaucoup entendu dire que le caucus était très mécontent du manque de communication entre le chef et les membres du caucus. C'est peut-être un symptôme de ça.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, M. Boivin.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, M. Lisée, Mme Lavallée. Avez-vous l'impression, M. Lisée, que, si la population avait eu, en 2014, la démonstration ou des éléments aussi clairs, là, que ceux qui sont révélés ces jours-ci, que le résultat de l'élection 2014 aurait été différent, ou si la sanction, pour la façon dont s'est comporté le gouvernement Charest à ce moment-là, est arrivée en 2012?

M. Lisée : Bien, je pense qu'en 2012 on n'avait pas assez d'éléments. Ensuite, bien, refaire le passé, c'est aussi la capacité de rassembler plus d'électeurs que les libéraux, qui est la clé de chaque élection, et c'est ce sur quoi on travaille.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que les informations d'aujourd'hui, des dernières semaines, auraient-elles été de nature à changer le résultat de 2014, à votre avis, quand vous dites que ce sont les électeurs qui ont ça entre leurs mains de toute façon?

M. Lisée : Ma machine à voyager dans le temps est brisée, alors ne je ne peux pas répondre à votre question.

M. Boivin (Simon) : Comment vous expliquez que, dans la mesure où les enquêteurs de l'UPAC ont des documents comme ceux-là sur Mme Trépanier, que justement une enquête sur parjure ou des accusations de parjure n'aient pas déjà été déposées?

M. Lisée : Bien, moi, ma compréhension du travail du policier puis de l'enquête, c'est qu'ils accumulent la preuve sur l'ensemble des infractions. Ils ne le font pas morceau par morceau, ils attendent d'avoir la totalité de la preuve. Ils la donnent au DPCP, et le DPCP dit : Bon, bien, ici, il y a une possibilité de parjure; ici, il y a du trafic d'influence; ici, il y a une organisation criminelle d'abus de confiance, etc. Et on fait toutes les accusations en même temps. C'est la façon ordonnée de le faire.

Bon, maintenant qu'on a ces informations, on peut demander est-ce que... Et l'UPAC pourrait dire : Nous attendons la fin de l'enquête, parce qu'elle nous a dit qu'il était toujours en cours, ou il y a un autre choix de dire que maintenant que c'est dans le domaine public, on va aller avec une enquête sur parjure.

Le Modérateur : Merci. M. Gagnon, micro de gauche.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour, M. Lisée. Donc, Mme Trépanier, pour vous, il apparaît évident qu'elle a menti?

M. Lisée : Bien, moi, ce que je vois, c'est des photocopies de courriels. O.K.? Alors, si je suis un procureur, je veux avoir l'original. Je veux l'authentifier. C'est pourquoi je parle d'une enquête sur parjure. La présomption d'innocence s'applique toujours, mais là il y a, pour un enquêteur ou un procureur, des éléments qui devraient lui faire ouvrir une enquête.

M. Gagnon (Marc-André) : Et, s'il n'y a pas enquête, est-ce qu'elle devrait s'expliquer? Est-ce qu'il serait dans son intérêt à Mme Trépanier de s'expliquer? Parce qu'on a tenté de la rejoindre puis elle ne veut pas commenter.

M. Lisée : Oui. Bien, écoutez, c'est son droit, et ce serait une bonne idée.

M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce que vous avez l'impression, quand on prend la somme de tout ce que mon collègue exposait... Bon, il y a le cas de M. Poëti, il y a ces révélations sur l'ère Charest et une partie qui touche l'administration actuelle avec M. Dufresne. Est-ce que le gouvernement est en crise?

M. Lisée : Bien, le gouvernement est à risque. Il a une majorité qui est solide à l'Assemblée nationale. Sa réputation est non seulement à risque, mais elle est entachée depuis longtemps. Le niveau d'insatisfaction est à plus de 60 %. La proportion des gens qui pensent qu'il y a une odeur de corruption sur le gouvernement actuel est très majoritaire, on l'a vu dans des sondages aussi.

Et donc les Québécois attendent le moment de s'en débarrasser, hein? C'est juste qu'on est sur le compte à rebours. Il n'y a pas d'occasion... Des gens... Ah! vous devriez faire une motion de non-confiance. On pourrait, ils sont majoritaires. Alors, on a des élections à date fixe. Les gens sont d'accord avec des élections à date fixe. Moi, je ne demande pas d'élection rapide, je pense que c'est correct d'avoir des élections à date fixe. Le gouvernement ne serait à risque que si un certain nombre de députés libéraux décidaient de quitter le caucus. Ce n'est pas dans la culture libérale. Ce n'est pas dans la culture libérale. Et donc, moi, je m'attends à ce que ce soit réglé dans l'urne le 1er octobre 2018.

Le Modérateur : Merci. On va y aller, micro de droite.

M. Gagnon (Marc-André) : ...fidèles à ce qu'on a l'habitude de voir. On voit des députés libéraux qui sortent, ils font part de leur mécontentement.

M. Lisée : J'ai écrit trois livres sur le Parti libéral quand j'étais journaliste et je peux vous dire qu'il peut y avoir beaucoup d'intensité de grogne, mais de révolte mettant en cause la majorité libérale, non.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, Mme Lévesque, Huffington Post. Bonjour.

Mme Lévesque (Catherine) : Bonjour.

Une voix : Bienvenue au...

Mme Lévesque (Catherine) : Bien, merci beaucoup. Dites-moi, M. Lisée, je voulais savoir, est-ce que Yves Francoeur serait le bienvenu au PQ aux prochaines élections? Est-ce qu'il serait ce candidat?

M. Lisée : Écoutez, on se pose la question. Puis on ne s'est pas répondu, mais on se pose la question. C'est une bonne question. Ça fait qu'on va continuer à réfléchir.

M. Lévesque (Catherine) : Donc, il pourrait être candidat au Parti québécois aux prochaines élections. C'est que vous n'écartez pas la possibilité.

M. Lisée : Je ne ferme pas la porte, mais je pense que, pour l'instant, il doit garder toute son indépendance pendant que l'ensemble de ces questions-là avance. Mais c'est une personne qui, d'après ce qu'on voit, a du cran, a de la crédibilité, et donc c'est une personne de valeur. Mais on va le laisser terminer l'ensemble de ses enquêtes avant de réfléchir à cette possibilité-là.

Le Modérateur : Merci. Mme Plante, micro de gauche.

Journaliste : L'avez-vous approché?

M. Lisée : Non.

Journaliste : C'est une invitation?

M. Lisée : Non, c'est une réflexion. Je reconnais sa valeur.

Le Modérateur : Micro de gauche, Mme Plante...

Mme Plante (Caroline) : Bonjour. Moi, je me demandais, on est en mai, la fin de session arrive à grands pas, qu'est-ce que l'Assemblée nationale a accompli au cours des derniers mois? Qu'est-ce que les Québécois devraient retenir et est-ce que ça a été assez?

M. Lisée : Ah! là, c'est une question qu'on pose un peu plus tard en session, puis le problème, c'est que cette Assemblée... et avec le leader du gouvernement, accomplit très peu de choses. Le menu législatif est extrêmement mince. Là, en ce moment, on est dans les crédits, qui est une figure imposée, mais, à l'extérieur des crédits, il y a des salles de commission parlementaire qui sont vides. Ce gouvernement est-il trop empêtré dans ses scandales internes pour gouverner correctement? La réponse, c'est oui. Il y a des tas de projets de loi qu'on nous avait annoncés qui ne sont pas arrivés. Il y a des choses qui traînent en longueur.

Vous savez, lorsqu'on va réfléchir à ce qu'on aurait pu faire... Après l'attentat de la mosquée, il y avait une grande possibilité d'être unanimes à l'Assemblée nationale à la fois sur les questions de laïcité et d'accommodements religieux et à la fois sur une action beaucoup plus robuste pour l'intégration en emploi, la lutte contre la discrimination et le racisme. Ça aurait dû être le grand moment du vivre-ensemble au Québec, et le premier ministre a dit non.

Nous, on l'a appelé; nous, on a proposé; nous, on a tendu la main et on savait que, si le premier ministre disait oui, bien, ça aurait été bon pour lui. Ça aurait été bon pour tout le Québec. Et c'est probablement la grande occasion manquée de cette session, c'est le refus du premier ministre d'agir sur les deux fronts, unanimement, sur les accommodements raisonnables et les signes religieux, la laïcité, et unanimement, possiblement, en tout cas, avec nous, sur l'intégration en emploi des Québécois d'adoption.

Mme Plante (Caroline) : On aurait pu faire du progrès sur ces questions-là, entre autres, mais les questions éthiques ont pris manifestement beaucoup de place.

M. Lisée : Oui. mais l'un n'empêche pas l'autre. Même si c'est dans les journaux, on pose des questions. On légifère aussi, hein? On a eu des gouvernements qui ont fait beaucoup de choses à la fois, des gouvernements du Parti québécois qu'on disait : Bien, ils sont hyperactifs. Oui, mais on fait beaucoup de choses à la fois. On a fait reculer la pauvreté, décoller l'économie, équilibré les finances publiques, on a créé les CPE. On a tout fait ça en même temps.

Donc, c'est la volonté politique qui manque. Et puis, en plus, bien, est-ce qu'ils sont déprimés parce qu'ils lisent le journal tous les jours? C'est possible, mais ce n'est pas une excuse.

Mme Plante (Caroline) : ...vous attendez du témoignage de Robert Lafrenière demain aux crédits?

M. Lisée : J'aimerais qu'il nous rassure sur le sérieux, sur sa capacité de mener l'enquête à bout, sur l'imminence, je l'espère, du dépôt de sa preuve au DPCP et sur la confiance qu'il a au DPCP. J'aimerais, comme tous les Québécois, être rassuré que le système fonctionne.

Le Modérateur : Merci. On va en anglais. M. Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : Good morning. After these emails have come out, these two emails with Violette Trépanier, with the Liberal Party, the Premier is probably going to say : That was in the past, that not my government, any ethical questions are for the previous government, my government doesn't have any of this taint, any of these scars. So what's your reaction to that?

M. Lisée : Well, M. Couillard exists politically because he was chosen by Jean Charest to be his Minister of Health and he was there while all of this was going on in the Liberal Party of which he was a Senior Minister. And I asked him the question : Mr. Robert Benoit said that he was shocked by the culture of money that permeated the new Charest-Bibeau administration, and you, Mr. Couillard — he had nothing to say about this — were you opposed to having to collect $100,000 a year as a minister? He had nothing to say about this. When you heard about the $75,000 secret salary that the Liberal Party gave to Jean Charest, what was your reaction? He didn't have a reaction.

So, basically, while he was member of the Charest team and all of this was going on, he didn't see any problems. So I think the ethical weakness of M. Couillard's reflexes stand from the fact that he found all of this normal and never did raise an eyebrow.

M. Hicks (Ryan) : So, what could can the concrete next step be? We see, apparently, there is some discrepancy between Mme Trépanier's testimony and what these emails show. So what's the concrete next step?

M. Lisée : Well, the normal next step would be that this is within the UPAC's inquiry that should lead to a number of accusations that could encompass perjury, but… the other accusations on which they're working. And that's the normal way of doing things. So we'll see if Mr. Lafrenière tells us tomorrow that : Listen, the inquiry is going well, we're going to table the whole proof to the DPCP, we expect to have action on that side. That should be the normal way of doing things. If it doesn't come about, then clearly there is… and even today, there is reason to ask, well : Now that we see that there are elements of proof on perjury, shouldn't an inquiry on perjury be open right now? So that's a good question to be asked.

But for the rest, we have the feeling… And Mr. Francoeur saysand other saythat the Liberal system has put strangleholds within the system for these accusations never to come to pass. So I ask the Premier : Take out these strangleholds. He says they don't exist. If they exist, I mean, it's in their power to give the signal to say : Let's have truth…

M. Hicks (Ryan) :

M. Lisée : Well, I don't know how. You know, we're in a very shadowy world, so there are things I do not know.

Le Modérateur : Merci. Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. It appears to me that you're a bit frustrated at the start of this press conference. You started by saying that you knew we were going to be asking questions about Violette Trépanier and you specifically made a choice to talk about health first instead. Why?

M. Lisée : Because the whole political… Québec cannot be subsumed by Liberal problems all the time, and it takes our attention away from real problems of real people who are waiting too long in emergency wards. And the fact that the Liberal Government just caved towards the doctors, and not forcing them in the superclinics to open on Saturday nights and Sunday nights, and that they are still going to give them a 6% raise this year, when the rest of Quebeckers don't have that, I mean, if we don't talk about this, they have a free pass to do all this, that has…

You know, 20,000 people left emergency wards last year without any care, more than the year before, and this is it, you know, where 363 000 Quebeckers that went to the hospital to have care left because they were fed up with the wait. You know, that's not a way to run a health system, and I think it's more important, you know, to try and fix that than to everyday have to talk about how the Liberals tried to create a system whereby they would give nominations and contracts against funding. It's a scandal. We should get to the bottom of it, we should have the people responsible be charged and sentenced and just move on. And I'm frustrated that we can't move on and I hope we can move on before the next election.

Mme Johnson (Maya) : Just a quick clarification. I just want to verify. Mme Lamarre, did you say 25% of Quebeckers don't have a family doctor? And that's a failure as far as…

Mme Lamarre : …Ontario, where 8 % only of Ontario people don't have family physicians. So, it's quite a difference and how does it happen that they are successful and we fail? A part of this solution is that they have 2,300 nurse practitioners, since 2009, and we still have only 400. And our nurse practitioners, IPS, super nurses, they always have to work under the supervision of a physician. So we cannot send them alone, by themselves, in a CLSC, for example, or in a dispensary close to people in some area in Québec. So this is one part of the solution.

The other part is homecare, because many people who don't have any support at home, their only door they have to go is emergency. So we have to implement a very strong homecare network and to be sure that we fulfill patients needs, because most of the people, they want to stay home as long as possible. But we have nothing, you know, strong to offer to them.

Le Modérateur : Merci. Dernière, s'il vous plaît, Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Merci. Just regarding Yves Francoeur, I have to pick up on that, you suggested that the PQ would be open to accepting him as a candidate.

M. Lisée : No. I was asked the question and I say : Well, let's let… Mr. Francoeur strikes me as someone that is bold, that is credible. Let's let him go through all the inquiries and let's see if we should think about that.

Le Modérateur : Merci. Dernière en anglais, Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : I actually have two questions. The first is about, just picking up what you said, Mme Lamarre, about healthcare and homecare in particular, who's fault is it that we have this problem in our healthcare system? Is it Mr. Barrette? Is it the federal Government for lack of transfer payments? Who do we blame for this problem?

Mme Lamarre : We had problems in our health system before transfer, but I would say that the Liberal Government involved all his energy in physicians. You know, they invest in physicians and actually, for example, just having, you know, $888 million of increase for 20,000 physicians comparing to $69 million for all homecare as increasing in this budget, you know, this is an example where the priorities are.

And this Government, you know, he did that for so many years now. And during the last 15 years, at the same time as other places in the world invest in homecare and first line treatment, this Government invested in hospital cares only, mostly, and in physicians remuneration. So we have to deal differently with this.

And I don't think actually that Mr. Barrette, who pushed for this increase in remuneration of physicians… and then he pulled, when he was Health Minister, you know, so he... We have a 15 years of this concentration of money, and investment, and all, I would say, caring was around physicians instead of being around patients. And, if we start from patients, we will develop different teams and we will make more other health professionals, you know, involved in this, in care.

I would give you a very simple example. Audiologists, you know, they have a master degree, five years, and they are not allowed to wash ears. This is a medical or nurse act, you know? So, this is only one example. «Ergothérapeute», you know, they do all the tests according to a patient... a citizen to have the right to have his driving licence, OK, but at the end, after this evaluation, a physician still have to sign and get remuneration for that. People with... «Hygiénistes dentaires», they are not allowed to go in homecare because they always have to work under the supervision of a dentist. That means that if an elderly people has his own teeth, she won't be allowed to have just a «détartrage», you know, of her teeth. This is so...

There are so many examples I can give to you where we still keep our health professionals in an old pattern that we had 40 years ago, and this is something that Mr. Barrette is not opened to at all. He still all put energy and power in physicians and we have to change this drastically.

Mme Fletcher (Raquel) : The heads of UPAC, the SQ and DPCP, should they be appointed by two thirds of the National Assembly?

M. Lisée : We've been promoting that for quite a while, yes. Thank you.

Le Modérateur : Merci.

(Fin à 8 h 37)

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