(Huit heures deux minutes)
M. Lisée
: Je sais que
vous allez me poser des questions sur le dernier épisode de l'interminable saga
des magouilles libérales. Alors, j'y répondrai, mais on commence à être pas mal
tanné de ne pas pouvoir s'occuper d'enjeux qui concernent quotidiennement les Québécoises
et les Québécois.
Et je vais ouvrir sur la santé parce que,
pendant que cet écran de fumée qui est tout à fait légitime est en train
d'englober la totalité de la vie politique québécoise, il y a des mauvaises
décisions qui sont prises par le gouvernement, qui ont des impacts sur la
qualité des soins. Et une de ces décisions-là, c'est l'annonce, par le Dr
Barrette, lundi, de six supercliniques à Laval. Ah! les supercliniques, ces nouvelles
inventions qui redonnent du pouvoir aux médecins et aux médecins spécialistes
sur la première ligne, mais le ministre nous avait dit : Ah! mais ça va
être super, parce que ça va être ouvert le soir et les fins de semaine, le
soir, pour que les gens puissent savoir avec certitude qu'ils vont dans les
supercliniques plutôt que d'aller à l'urgence.
Puis on savait que les médecins refusaient
de travailler le soir, les fins de semaine. On se disait : Mais est-ce que
Gaétan Barrette va avoir suffisamment de cran pour imposer à son ancien
syndicat que les supercliniques soient ouvertes les soirs de fin de semaine?
Bien, la réponse, c'est non. Il nous l'a dit lundi. Sur six supercliniques, il
n'y en a que deux qui vont être ouvertes les soirs de fin de semaine. Donc, les
médecins ont gagné. Les médecins ont gagné. Tout ce nouveau réseau-là qui était
fait, justement, pour étendre les heures d'ouverture à l'extérieur des
urgences, bien, essentiellement, reprennent les heures d'ouverture de ce qui
existait déjà, c'est-à-dire les cliniques réseaux. Donc, il n'y aura pas d'impact
significatif sur les urgences.
Et ce qui est vraiment choquant, c'est que,
cette année, le budget du gouvernement québécois, après avoir démontré que les
médecins québécois ont atteint la parité avec les médecins
canadiens — et en fait, d'autres chiffres montrent qu'ils l'ont
dépassée, selon Pierre Fortin, les médecins omnipraticiens et les médecins
spécialistes ont, en pouvoir d'achat, entre 10 % et 35 % de plus que
les médecins ontariens — bien, le budget prévoit une augmentation de
rémunération des médecins de 6 % cette année. C'est la base. Ils ouvrent
la négociation avec 6 % et on sait que ça va être entre 6 % et 12 %.
Alors, j'ai demandé, aux crédits, au
premier ministre, j'ai dit : Sur 6 % d'augmentation des médecins, le
ministre des Finances dit qu'il y a 1 % c'est pour l'augmentation du
nombre de médecins. Alors, disons que 1 % ça a de l'allure, mais le
5 % qui reste, qui est une augmentation de rémunération de
17 400 $ par médecin cette année, pourquoi est-ce que le gouvernement
juge que les médecins québécois ont droit à une augmentation de rémunération de
5 % cette année, alors qu'ils ont fait une loi spéciale pour interdire les
juristes d'avoir 2,5 %? On pourrait dire : Bien, au moins, c'est
peut-être parce qu'ils ont convaincu les médecins d'ouvrir leurs cliniques les
soirs de fin de semaine. Mais non.
Et là on se dit : Mais il y a quand
même un problème dans le plan du grand Dr Barrette parce qu'il était censé agir
depuis trois ans maintenant pour réduire les attentes aux urgences. Bien, quand
on regarde la totalité des chiffres de cette année sur l'an dernier, on
s'aperçoit que c'est le même nombre d'attentes sur civière, 15,6 heures, le
même temps pour voir un médecin. Le nombre total de patients qui quittent
l'urgence, découragés par l'attente, il y en avait 344 000 en 2015‑2016
puis il y en a 363 000 en 2016‑2017. Ça veut dire qu'il y a 20 000
personnes de plus qui sont tannées d'attendre. Et j'ai mon invitée spéciale Diane
Lamarre qui arrive et qui est d'accord avec tout ce que j'ai dit. Et donc on a
une situation où rien ne se passe pour réduire l'attente en urgence. Le nombre
de Québécois découragés a augmenté de 20 000, et il y a les fameux lits de
débordement où Diane essaie de savoir quelle est l'attente dans les lits de
débordement. C'est une information secrète, secret d'État. M. Barrette ne veut
pas dire en quoi... comment l'attente est plus importante en débordement.
On va vous donner l'exemple de la Cité de la
santé de Laval avec les chiffres d'aujourd'hui, hein? Ils disent : Bon. Il
y a 49 civières, il y a 67 personnes en attente, donc 137 % d'occupation.
Ça, c'est le chiffre officiel. Je ne dis pas qu'ils sont contents du chiffre,
mais c'est celui qu'ils acceptent de nous donner, mais on sait qu'il y a 66
personnes en débordement, donc le double. Ça double.
Alors, la réalité de la situation des
urgences, sous le Dr Barrette, empire. La solution qu'il avait inventée, les
supercliniques, il a donné raison aux médecins en ne les obligeant pas à ouvrir
les soirs de fin de semaine, puis, pour les remercier d'avoir refusé, ils
augmentent leur rémunération de 5 % minimum cette année. Es-tu aussi
choquée que moi?
Mme Lamarre : Absolument. Je
suis surtout déçue pour la population. Je pense que les gens ont donné carte
blanche au ministre Barrette depuis trois ans... le gouvernement, en tout cas,
lui a donné carte blanche sur des engagements, sur des promesses. Il a eu
l'opportunité de faire toutes les réformes qu'il a voulues, et c'est un constat
d'échec, un constat d'échec pour la population. C'est surtout ça qu'il faut
retenir. C'est que la population, les Québécois ont été généreux envers leur système
de santé depuis de nombreuses années, et ils ont le droit d'obtenir le même
accès, ne serait-ce qu'en Ontario.
Comment se fait-il qu'en Ontario 8 %
seulement des gens n'ont pas de médecin de famille, alors qu'au Québec
25 % des gens n'ont pas de médecin de famille? En Montérégie, c'est
32 % des gens qui n'ont pas de médecin de famille. Alors, c'est un échec,
et je vous dirais que l'urgence incarne le symptôme de la maladie et de l'échec
de M. Barrette, parce que c'est tout ce qui ne s'est pas fait avant et après
qui est responsable de cet engorgement dans les urgences. Alors, d'une part, on
camoufle le chaos. Les deux premières années du ministre ont été un chaos, et
là les deux dernières s'annoncent comme étant un camouflage de ce chaos en ne
donnant pas les statistiques au niveau des unités de débordement.
Et clairement, ce qu'on constate, c'est
que le ministre a tout concentré sur l'action des hôpitaux et des médecins, et
malgré tout, ça ne donne pas les bons résultats. Alors, quand va-t-il penser à
élargir, par exemple, la position des IPS? Pourquoi on n'a pas d'IPS dans les
CLSC? Pourquoi n'avoir mis que 10 millions de dollars pour former les IPS
en plus grand nombre, ce qui est une goutte d'eau, alors qu'il faudrait qu'il
fasse beaucoup plus que ça pour engendrer, d'ici deux ans, une arrivée massive
des IPS?
Déjà, depuis 2009, en Ontario, ils ont
2 300 IPS qui peuvent travailler de façon autonome. Hier, je l'ai
questionné, il a refusé de reconnaître qu'il donnerait autonomie complète pour
qu'une IPS puisse travailler toute seule, par exemple, dans un CLSC.
Alors, on voit, il ne fait pas les bons
choix, et, dans ses choix, c'est toujours orienté hôpital et médecins. Et,
alors que le système de santé gagne en fluidité quand on travaille sur le soutien
à domicile, dans le soutien à domicile, là aussi, c'est absolument des miettes
saupoudrées, sans programme, sans orientation claire, sans déploiement, au
contraire.
Hier, j'ai parlé du groupe Ex aequo, les
personnes qui vivent avec un handicap, qui voient leurs heures d'accompagnement
coupées, les heures de préposé coupées, alors que ce sont des gens qui veulent
rester sur le marché de l'emploi, qui ont besoin de ce soutien-là.
Alors, de multiples façons, le ministre
démontre, dans le fond, qu'il a été incapable de travailler sur les différents
leviers d'un système de santé performant et s'est concentré sur un seul aspect,
et il échoue.
Le Modérateur
: Merci,
Mme Lamarre, M. Lisée. On va y aller aux questions. Micro de droite, M.
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
J'espère que vous ne m'en voudrez pas. Est-ce que vous considérez, M. Lisée,
que l'histoire de Violette Trépanier est une histoire du passé?
M. Lisée
: Non, parce
que c'est au centre de l'enquête de l'UPAC, hein? Quand on a vu le tableau qui
lie Violette Trépanier, Jean Charest, Marc Bibeau avec des nominations et des
contrats, on voit qu'on est au centre de la tentative de l'UPAC de démontrer
l'existence d'un système de trafic d'influence, de contrats, de nominations
contre du financement. Et, tant que la preuve n'est pas déposée, tant que des
gens responsables n'auront pas subi leur procès, c'est une affaire
d'aujourd'hui. C'est une affaire d'aujourd'hui.
Notre difficulté à tourner la page... on
veut tous tourner la page, mais notre difficulté à tourner la page, c'est qu'on
n'arrive pas en bas de la page. On n'arrive pas au fond de l'affaire puis on
n'arrive pas à tenir pour responsable, dans notre système de justice, ceux qui
ont inventé ce système et ceux qui ont profité de ce système. Alors moi, j'ai
très hâte qu'on tourne la page pour qu'on puisse s'occuper d'autre chose. Et ça
va beaucoup nous aider à tourner la page s'il y a des accusations, s'il y a un
procès, s'il y a des verdicts. Et puis, si on change le gouvernement aussi, ça
va être la meilleure façon de tourner la page.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous craignez qu'il n'y ait pas d'accusation? Là, on a une ancienne
ministre, une ancienne responsable du financement du Parti libéral, qui, selon
toute vraisemblance, s'est parjurée devant une commission.
M. Lisée
: Bon, là,
écoutez, si les policiers n'étaient pas au courant de la contradiction entre
ses courriels et son témoignage, bien, maintenant, ils le sont. Alors, moi, je
m'attends à ce qu'il y ait une réaction des forces policières pour dire :
Bon, bien, est-ce qu'on ouvre une enquête pour parjure? Je suppose que ça
faisait partie de l'ensemble de la preuve de l'UPAC, et qu'ils montaient la
totalité de leur preuve, et que ça, ultimement, aurait pu faire partie des
chefs d'accusation qui auraient été portés à la fin. Mais là, puisqu'on l'a au
compte-gouttes et que maintenant c'est porté à la connaissance du public, je
serais intéressé de savoir si une enquête pour parjure va être ouverte.
M. Laforest (Alain) : Je vous
sens hésitant.
M. Lisée
: Bien, c'est-à-dire
qu'on comprend que ce qu'on voit ce matin puis ce qu'on voit ces derniers
jours, c'est le fruit du travail de l'enquête de l'UPAC Mâchurer et que ce que
j'aimerais, c'est que ça fonctionne, que l'enquête se termine, que des
accusations soient portées par le DPCP et que ça se fasse de façon ordonnée.
Pourquoi est-ce que ça coule? Est-ce que
des enquêteurs, justement, craignent que le fruit de leur enquête ne porte pas
à des accusations? Ça peut être le cas. Et comme, moi, je suis frustré de
constater que l'UPAC voulait terminer son enquête l'an dernier et espérait qu'il
y ait des accusations qui soient déposées dès décembre dernier, là, on est en
mai 2017, on à 16 mois d'une élection, et oui, moi, je crains que rien ne se
passe avant l'élection puis que les libéraux aient une autre partie gratuite,
alors qu'ils doivent porter le poids de leur passé réputationnel.
Puis ce gouvernement est clairement issu
du gouvernement précédent. Je veux dire, Philippe Couillard était un inconnu jusqu'à
ce que Jean Charest en fasse son grand ministre de la Santé. Donc, il y a une
filiation entre les deux et ils doivent… bien, on le voit, le chef du cabinet
qui était présent avant, qui est présent maintenant, d'autres ministres, des
députés, des officiers. À partir du moment où il y a des accusations qui sont
portées puis il y a un verdict, bien, il peut y avoir soit rupture, soit
continuité, mais, en tous cas, ce sont les électeurs qui peuvent décider de
voter pour la marque libérale en connaissance de cause. Ce ne sont plus des
rumeurs, ce ne sont plus des allégations. Si on va au bout du processus
policier et judiciaire, on est devant des faits.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lavallée, micro de gauche.
M. Lavallée (Hugo) : En même
temps, vous dites : Cette histoire n'appartient pas au passé, elle se
conjugue au présent, mais il n'y a pas grand-chose que le gouvernement en place
peut faire. L'UPAC est indépendante, elle fait son travail. Mme Trépanier n'est
plus à l'emploi, à ce que je sache. Il n'y a pas grand-chose à faire pour le gouvernement
sinon d'attendre les résultats de l'enquête.
M. Lisée
: Vous savez,
quand j'ai demandé au premier ministre, la semaine dernière, de retirer les
verrous qui protègent l'immunité libérale à l'intérieur du système, il dit :
Ça n'existe pas. Il y a beaucoup de gens qui pensent que ça existe. Il y a un
enquêteur de la SQ, qui est sous serment, a dit que ça existait. Il y a, de
toute évidence, M. Francoeur qui dit que ça existe. Il y a des enquêteurs qui
semblent penser que, s'il ne donne pas des preuves aux journalistes, ça
n'avancera pas.
Alors, oui, le gouvernement si, d'une
façon directe ou indirecte, par la réorganisation de la DPCP, par des questions
budgétaires, par des questions de nomination, a fait en sorte d'installer des
verrous, il peut les enlever, mais le veut-il?
M. Lavallée (Hugo) : Concernant
un autre sujet, on apprenait hier que des libéraux auraient tenté d'offrir à M.
Francoeur la circonscription actuelle de M. Poëti. Le Parti libéral dit qu'il
n'y a pas eu de démarche formelle en ce sens. Qu'est-ce que ça nous dit sur
l'état actuel des choses que cet événement?
M. Lisée
: C'est une
équipe dysfonctionnelle. On voit une équipe dysfonctionnelle. Il est normal
qu'à l'approche d'une élection des députés et des ministres se posent la
question de la poursuite de leur carrière. Il est normal qu'il y ait des
conversations qui se fassent avec le chef du parti. Normalement, ça se fait de
façon ordonnée, et la pire chose à faire, c'est qu'un membre d'une équipe
apprenne d'un tiers qu'on veut se débarrasser de lui.
Alors, on a beaucoup entendu dire que le
caucus était très mécontent du manque de communication entre le chef et les
membres du caucus. C'est peut-être un symptôme de ça.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite, M. Boivin.
M. Boivin (Simon) : Bonjour,
M. Lisée, Mme Lavallée. Avez-vous l'impression, M. Lisée, que, si la population
avait eu, en 2014, la démonstration ou des éléments aussi clairs, là, que ceux
qui sont révélés ces jours-ci, que le résultat de l'élection 2014 aurait été
différent, ou si la sanction, pour la façon dont s'est comporté le gouvernement
Charest à ce moment-là, est arrivée en 2012?
M. Lisée
: Bien, je
pense qu'en 2012 on n'avait pas assez d'éléments. Ensuite, bien, refaire le
passé, c'est aussi la capacité de rassembler plus d'électeurs que les libéraux,
qui est la clé de chaque élection, et c'est ce sur quoi on travaille.
M. Boivin (Simon) : Est-ce
que les informations d'aujourd'hui, des dernières semaines, auraient-elles été
de nature à changer le résultat de 2014, à votre avis, quand vous dites que ce
sont les électeurs qui ont ça entre leurs mains de toute façon?
M. Lisée
: Ma machine à
voyager dans le temps est brisée, alors ne je ne peux pas répondre à votre
question.
M. Boivin (Simon) : Comment
vous expliquez que, dans la mesure où les enquêteurs de l'UPAC ont des
documents comme ceux-là sur Mme Trépanier, que justement une enquête sur
parjure ou des accusations de parjure n'aient pas déjà été déposées?
M. Lisée
: Bien, moi,
ma compréhension du travail du policier puis de l'enquête, c'est qu'ils
accumulent la preuve sur l'ensemble des infractions. Ils ne le font pas morceau
par morceau, ils attendent d'avoir la totalité de la preuve. Ils la donnent au
DPCP, et le DPCP dit : Bon, bien, ici, il y a une possibilité de parjure;
ici, il y a du trafic d'influence; ici, il y a une organisation criminelle d'abus
de confiance, etc. Et on fait toutes les accusations en même temps. C'est la
façon ordonnée de le faire.
Bon, maintenant qu'on a ces informations,
on peut demander est-ce que... Et l'UPAC pourrait dire : Nous attendons la
fin de l'enquête, parce qu'elle nous a dit qu'il était toujours en cours, ou il
y a un autre choix de dire que maintenant que c'est dans le domaine public, on
va aller avec une enquête sur parjure.
Le Modérateur
: Merci.
M. Gagnon, micro de gauche.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, M. Lisée. Donc, Mme Trépanier, pour vous, il apparaît évident qu'elle
a menti?
M. Lisée
: Bien, moi,
ce que je vois, c'est des photocopies de courriels. O.K.? Alors, si je suis un
procureur, je veux avoir l'original. Je veux l'authentifier. C'est pourquoi je
parle d'une enquête sur parjure. La présomption d'innocence s'applique toujours,
mais là il y a, pour un enquêteur ou un procureur, des éléments qui devraient
lui faire ouvrir une enquête.
M. Gagnon (Marc-André) : Et,
s'il n'y a pas enquête, est-ce qu'elle devrait s'expliquer? Est-ce qu'il serait
dans son intérêt à Mme Trépanier de s'expliquer? Parce qu'on a tenté de la
rejoindre puis elle ne veut pas commenter.
M. Lisée
: Oui. Bien, écoutez,
c'est son droit, et ce serait une bonne idée.
M. Gagnon (Marc-André) :
Est-ce que vous avez l'impression, quand on prend la somme de tout ce que mon
collègue exposait... Bon, il y a le cas de M. Poëti, il y a ces révélations sur
l'ère Charest et une partie qui touche l'administration actuelle avec M.
Dufresne. Est-ce que le gouvernement est en crise?
M. Lisée
: Bien, le gouvernement
est à risque. Il a une majorité qui est solide à l'Assemblée nationale. Sa
réputation est non seulement à risque, mais elle est entachée depuis longtemps.
Le niveau d'insatisfaction est à plus de 60 %. La proportion des gens qui
pensent qu'il y a une odeur de corruption sur le gouvernement actuel est très
majoritaire, on l'a vu dans des sondages aussi.
Et donc les Québécois attendent le moment
de s'en débarrasser, hein? C'est juste qu'on est sur le compte à rebours. Il
n'y a pas d'occasion... Des gens... Ah! vous devriez faire une motion de
non-confiance. On pourrait, ils sont majoritaires. Alors, on a des élections à
date fixe. Les gens sont d'accord avec des élections à date fixe. Moi, je ne
demande pas d'élection rapide, je pense que c'est correct d'avoir des élections
à date fixe. Le gouvernement ne serait à risque que si un certain nombre de
députés libéraux décidaient de quitter le caucus. Ce n'est pas dans la culture
libérale. Ce n'est pas dans la culture libérale. Et donc, moi, je m'attends à
ce que ce soit réglé dans l'urne le 1er octobre 2018.
Le Modérateur
: Merci. On
va y aller, micro de droite.
M. Gagnon (Marc-André) : ...fidèles
à ce qu'on a l'habitude de voir. On voit des députés libéraux qui sortent, ils
font part de leur mécontentement.
M. Lisée
: J'ai écrit
trois livres sur le Parti libéral quand j'étais journaliste et je peux vous
dire qu'il peut y avoir beaucoup d'intensité de grogne, mais de révolte mettant
en cause la majorité libérale, non.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite, Mme Lévesque, Huffington Post. Bonjour.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour.
Une voix
: Bienvenue
au...
Mme Lévesque (Catherine) :
Bien, merci beaucoup. Dites-moi, M. Lisée, je voulais savoir, est-ce que
Yves Francoeur serait le bienvenu au PQ aux prochaines élections? Est-ce qu'il
serait ce candidat?
M. Lisée
: Écoutez, on
se pose la question. Puis on ne s'est pas répondu, mais on se pose la question.
C'est une bonne question. Ça fait qu'on va continuer à réfléchir.
M. Lévesque (Catherine) :
Donc, il pourrait être candidat au Parti québécois aux prochaines élections. C'est
que vous n'écartez pas la possibilité.
M. Lisée
: Je ne ferme
pas la porte, mais je pense que, pour l'instant, il doit garder toute son
indépendance pendant que l'ensemble de ces questions-là avance. Mais c'est une
personne qui, d'après ce qu'on voit, a du cran, a de la crédibilité, et donc
c'est une personne de valeur. Mais on va le laisser terminer l'ensemble de ses
enquêtes avant de réfléchir à cette possibilité-là.
Le Modérateur
: Merci. Mme
Plante, micro de gauche.
Journaliste
: L'avez-vous
approché?
M. Lisée
: Non.
Journaliste
: C'est une
invitation?
M. Lisée
: Non, c'est
une réflexion. Je reconnais sa valeur.
Le Modérateur
: Micro
de gauche, Mme Plante...
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour. Moi, je me demandais, on est en mai, la fin de session arrive à grands
pas, qu'est-ce que l'Assemblée nationale a accompli au cours des derniers mois?
Qu'est-ce que les Québécois devraient retenir et est-ce que ça a été assez?
M. Lisée
: Ah! là,
c'est une question qu'on pose un peu plus tard en session, puis le problème,
c'est que cette Assemblée... et avec le leader du gouvernement, accomplit très
peu de choses. Le menu législatif est extrêmement mince. Là, en ce moment, on
est dans les crédits, qui est une figure imposée, mais, à l'extérieur des
crédits, il y a des salles de commission parlementaire qui sont vides. Ce gouvernement
est-il trop empêtré dans ses scandales internes pour gouverner correctement? La
réponse, c'est oui. Il y a des tas de projets de loi qu'on nous avait annoncés
qui ne sont pas arrivés. Il y a des choses qui traînent en longueur.
Vous savez, lorsqu'on va réfléchir à ce
qu'on aurait pu faire... Après l'attentat de la mosquée, il y avait une grande
possibilité d'être unanimes à l'Assemblée nationale à la fois sur les questions
de laïcité et d'accommodements religieux et à la fois sur une action beaucoup
plus robuste pour l'intégration en emploi, la lutte contre la discrimination et
le racisme. Ça aurait dû être le grand moment du vivre-ensemble au Québec, et
le premier ministre a dit non.
Nous, on l'a appelé; nous, on a proposé;
nous, on a tendu la main et on savait que, si le premier ministre disait oui,
bien, ça aurait été bon pour lui. Ça aurait été bon pour tout le Québec. Et
c'est probablement la grande occasion manquée de cette session, c'est le refus
du premier ministre d'agir sur les deux fronts, unanimement, sur les
accommodements raisonnables et les signes religieux, la laïcité, et
unanimement, possiblement, en tout cas, avec nous, sur l'intégration en emploi
des Québécois d'adoption.
Mme Plante (Caroline) : On
aurait pu faire du progrès sur ces questions-là, entre autres, mais les
questions éthiques ont pris manifestement beaucoup de place.
M. Lisée
: Oui. mais
l'un n'empêche pas l'autre. Même si c'est dans les journaux, on pose des questions.
On légifère aussi, hein? On a eu des gouvernements qui ont fait beaucoup de
choses à la fois, des gouvernements du Parti québécois qu'on disait :
Bien, ils sont hyperactifs. Oui, mais on fait beaucoup de choses à la fois. On
a fait reculer la pauvreté, décoller l'économie, équilibré les finances
publiques, on a créé les CPE. On a tout fait ça en même temps.
Donc, c'est la volonté politique qui
manque. Et puis, en plus, bien, est-ce qu'ils sont déprimés parce qu'ils lisent
le journal tous les jours? C'est possible, mais ce n'est pas une excuse.
Mme Plante (Caroline) :
...vous attendez du témoignage de Robert Lafrenière demain aux crédits?
M. Lisée
: J'aimerais
qu'il nous rassure sur le sérieux, sur sa capacité de mener l'enquête à bout,
sur l'imminence, je l'espère, du dépôt de sa preuve au DPCP et sur la confiance
qu'il a au DPCP. J'aimerais, comme tous les Québécois, être rassuré que le
système fonctionne.
Le Modérateur
: Merci.
On va en anglais. M. Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Good morning. After these emails have come out, these two emails
with Violette Trépanier, with the Liberal Party, the Premier is probably going
to say : That was in the past, that not my government, any ethical
questions are for the previous government, my government doesn't have any of
this taint, any of these scars. So what's your reaction to that?
M. Lisée
:
Well, M. Couillard exists politically because he was chosen by Jean Charest to
be his Minister of Health and he was there while all of this was going on in
the Liberal Party of which he was a Senior Minister. And I asked him the
question : Mr. Robert Benoit said that he was shocked by the culture of
money that permeated the new Charest-Bibeau administration, and you, Mr.
Couillard — he had nothing to say about this — were you
opposed to having to collect $100,000 a year as a minister? He had nothing to
say about this. When you heard about the $75,000 secret salary that the Liberal
Party gave to Jean Charest, what was your reaction? He didn't have a reaction.
So, basically, while he
was member of the Charest team and all of this was going on, he didn't see any
problems. So I think the ethical weakness of M. Couillard's reflexes stand from
the fact that he found all of this normal and never did raise an eyebrow.
M. Hicks (Ryan) : So, what could can the concrete next step be? We see, apparently,
there is some discrepancy between Mme Trépanier's testimony and what these
emails show. So what's the concrete next step?
M. Lisée
:
Well, the normal next step would be that this is within the UPAC's inquiry that
should lead to a number of accusations that could
encompass perjury, but… the other accusations on which they're working. And
that's the normal way of doing things. So we'll see if Mr. Lafrenière tells us
tomorrow that : Listen, the inquiry is going well, we're going to table
the whole proof to the DPCP, we expect to have action on that side. That should
be the normal way of doing things. If it doesn't come about, then clearly there
is… and even today, there is reason to ask, well : Now that we see that
there are elements of proof on perjury, shouldn't an inquiry on perjury be open
right now? So that's a good question to be asked.
But for the rest, we have
the feeling… And Mr. Francoeur saysand other saythat
the Liberal system has put strangleholds within the system for these accusations
never to come to pass. So I ask the Premier : Take out these
strangleholds. He says they don't exist. If they exist, I mean, it's in their
power to give the signal to say : Let's have truth…
M. Hicks (Ryan) : …
M. Lisée
: Well, I don't know how. You know, we're in a very shadowy world, so
there are things I do not know.
Le Modérateur
: Merci. Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. It appears to me that you're a bit
frustrated at the start of this press conference. You started by saying that
you knew we were going to be asking questions about Violette Trépanier and you specifically made a choice to
talk about health first instead. Why?
M. Lisée
: Because the whole political… Québec cannot be subsumed by Liberal problems all the time, and it takes
our attention away from real problems of real people who are waiting too long
in emergency wards. And the fact that the Liberal
Government just caved towards the doctors, and not forcing them in the
superclinics to open on Saturday nights and Sunday nights, and that they are
still going to give them a 6% raise this year, when the rest of Quebeckers
don't have that, I mean, if we don't talk about this, they have a free pass to
do all this, that has…
You know, 20,000 people
left emergency wards last year without any care, more than the year before, and
this is it, you know, where 363 000 Quebeckers that went to the hospital
to have care left because they were fed up with the wait. You know, that's not
a way to run a health system, and I think it's more important, you know, to try
and fix that than to everyday have to talk about how the Liberals tried to
create a system whereby they would give nominations and contracts against
funding. It's a scandal. We should get to the bottom of it, we should have the
people responsible be charged and sentenced and just move on. And I'm frustrated
that we can't move on and I hope we can move on before the next election.
Mme Johnson (Maya) : Just a quick clarification. I just want to verify. Mme Lamarre, did
you say 25% of Quebeckers don't have a family doctor? And that's a failure as
far as…
Mme Lamarre :
…Ontario, where 8 % only of Ontario people don't have family physicians.
So, it's quite a difference and how does it happen that they are successful and
we fail? A part of this solution is that they have 2,300 nurse practitioners,
since 2009, and we still have only 400. And our nurse practitioners, IPS, super
nurses, they always have to work under the supervision of a physician. So we
cannot send them alone, by themselves, in a CLSC, for example, or in a
dispensary close to people in some area in Québec. So this is one part of the
solution.
The other part is homecare,
because many people who don't have any support at home, their only door they
have to go is emergency. So we have to implement a very strong homecare network
and to be sure that we fulfill patients needs, because most of the people, they
want to stay home as long as possible. But we have nothing, you know, strong to
offer to them.
Le Modérateur
:
Merci. Dernière, s'il vous plaît, Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Merci. Just regarding Yves Francoeur, I have to pick up on that,
you suggested that the PQ would be open to accepting him as a candidate.
M. Lisée
:
No. I was asked the question and I say : Well, let's let… Mr. Francoeur
strikes me as someone that is bold, that is credible. Let's let him go through
all the inquiries and let's see if we should think about that.
Le Modérateur
:
Merci. Dernière en anglais, Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : I actually have two questions. The first is about, just picking up
what you said, Mme Lamarre, about healthcare and homecare in particular, who's
fault is it that we have this problem in our healthcare system? Is it Mr.
Barrette? Is it the federal Government for lack of transfer payments? Who do we
blame for this problem?
Mme Lamarre :
We had problems in our health system before transfer,
but I would say that the Liberal Government involved all his energy in physicians. You
know, they invest in physicians and actually, for example, just having, you
know, $888 million of increase for 20,000
physicians comparing to $69 million for all homecare as increasing in this
budget, you know, this is an example where the priorities are.
And this Government, you
know, he did that for so many years now. And during the last 15 years, at the same
time as other places in the world invest in homecare and first line treatment,
this Government invested in hospital cares only, mostly, and in physicians remuneration.
So we have to deal differently with this.
And I don't think
actually that Mr. Barrette, who pushed for this increase in remuneration of
physicians… and then he pulled, when he was Health Minister, you know, so he...
We have a 15 years of this concentration of money, and investment, and all, I
would say, caring was around physicians instead of being around patients. And,
if we start from patients, we will develop different teams and we will make
more other health professionals, you know, involved in this, in care.
I would give you a very
simple example. Audiologists, you know, they have a master degree, five years,
and they are not allowed to wash ears. This is a medical or nurse act, you
know? So, this is only one example. «Ergothérapeute», you know, they do all the
tests according to a patient... a citizen to have the right to have his driving
licence, OK, but at the end, after this evaluation, a physician still have to
sign and get remuneration for that. People with... «Hygiénistes dentaires», they
are not allowed to go in homecare because they always have to work under the
supervision of a dentist. That means that if an elderly people has his own
teeth, she won't be allowed to have just a «détartrage», you know, of her
teeth. This is so...
There are so many
examples I can give to you where we still keep our health professionals in an
old pattern that we had 40 years ago, and this is something that Mr. Barrette is not opened to at all. He still all put energy and power in
physicians and we have to change this drastically.
Mme Fletcher (Raquel) : The heads of UPAC, the SQ and DPCP, should they be appointed by two
thirds of the National Assembly?
M. Lisée
: We've been promoting that for quite a while, yes. Thank you.
Le Modérateur
:
Merci.
(Fin à 8 h 37)