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Point de presse de M. Dave Turcotte, porte-parole de l’opposition officielle en matière de services sociaux et de protection de la jeunesse, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le jeudi 4 mai 2017, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures quatre minutes)

M. Turcotte : Donc, bonjour. Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir des représentants de différentes TROC, donc des tables de regroupements d'organismes communautaires de différentes régions, dont M. Sylvain St-Onge, coprésident de la TROC Mauricie—Centre-du-Québec, Mme Suzanne Demers, présidente par intérim de la TROC-Montérégie, Hugo Valiquette, porte-parole de la Coalition des TROC, ainsi que Mme Paquin, directrice de la TROC de la Capitale-Nationale. Donc, pour débuter, je vais céder la parole à M. St-Onge. Ah! je m'excuse. Notre collègue aussi, Amir Khadir, député de Mercier.

M. St-Onge (Sylvain) : Merci. Alors, Sylvain St-Onge, TROC Centre-du-Québec—Mauricie. Alors, le 28 mars dernier, le gouvernement de M. Couillard a déposé un budget 2017‑2018 où on y fait allusion à un rehaussement du financement du Programme de soutien aux organismes communautaires de 80 millions sur cinq ans. Toutefois, avec une comptabilité créative, le gouvernement libéral a transformé ces 80 millions en 25 millions. 25 millions sur cinq ans pour l'ensemble des 3 000 organismes communautaires oeuvrant en santé et services sociaux au Québec. Le gouvernement libéral se moque de nous. 25 millions pour des organismes qui sauvent littéralement le Québec.

De même, l'indexation à laquelle auront droit les organismes communautaires en santé et services sociaux cette année a été fixée à 0,7 %, un pourcentage que nous jugeons inéquitable, alors que l'indexation attribuée au réseau de la santé et des services sociaux est de 4,2 %.

Pourquoi cette énorme différence pour les organismes communautaires? Est-ce que, pour ce gouvernement, les travailleuses et les travailleurs du communautaire ne méritent pas des conditions de travail décentes? Les organismes communautaires sont des champions pour étirer la piastre. C'est une belle qualité, ça amène à être créatifs et ingénieux, mais l'élastique risque de rompre à tout moment. Le financement actuellement versé par le gouvernement ne suffit pas pour répondre aux besoins des gens démunis et vulnérables.

L'enjeu du sous-financement fragilise les organismes de l'intérieur. Près de 60 % des organismes de notre région rencontrent des problèmes de rétention du personnel. Pour la moitié de ces groupes, il a fallu prendre la dure décision de diminuer les activités durant la dernière année, faute de ressources financières ou humaines suffisantes. L'équation est très simple : un manque de financement entraîne un roulement de personnel qui conduit à une diminution des services. En investissant dans les groupes communautaires, le gouvernement investirait dans la santé et le bien-être de la population.

Mesdames et messieurs du gouvernement, entendez notre appel. Aidez-nous à assurer la pérennité et la sécurité de nos services tellement essentiels. Les personnes que nous aidons sont vos concitoyennes et vos concitoyens. Nous avons besoin d'une volonté politique ferme, la décision de mieux financer les organismes communautaires est une décision politique. Aujourd'hui, mesdames et messieurs du gouvernement, nous vous appelons à vous engager pour le communautaire. Merci.

Mme Demers (Suzanne) : Suzanne Demers, présidente par intérim de la TROC-Montérégie. Les organismes communautaires de la Montérégie composent au quotidien avec un financement insuffisant, et les répercussions s'annoncent désastreuses. Un récent sondage mené par la TROC-Montérégie révèle que neuf groupes sur 10 reçoivent un financement insuffisant et qu'ils ont de plus en plus de difficultés à remplir leur mission. Le nombre d'organismes devant vivre avec une situation économique détériorée explose année après année. Au moment où les parlementaires étudient les crédits budgétaires, nous exigeons de la ministre Charlebois et du ministre Barrette de poser des gestes concrets et d'injecter des fonds supplémentaires à la mission des organismes communautaires. Ils doivent cesser immédiatement de faire la sourde oreille en prenant acte des impacts négatifs de leur aveuglement volontaire.

Le récent sondage met en évidence un portrait qui n'a absolument rien de réjouissant. Plusieurs groupes ont diminué la fréquence de certaines activités et des projets alors que d'autres organismes ont carrément mis un terme à des activités, faute de fonds. Plusieurs groupes devront, dans un proche avenir, abolir des postes. Certains ont dû faire des mises à pied temporaires, certains organismes n'ont eu d'autre choix que de fermer leurs portes ou de diminuer les heures d'ouverture, ce qui fait en sorte qu'ils sont moins disponibles pour les gens dans le besoin.

L'impact du sous-financement est également majeur sur les travailleurs et les travailleuses du communautaire. Les équipes de travail sont surchargées, ce qui mène à des épuisements professionnels. Plusieurs organismes aussi ont été obligés de diminuer les conditions de travail de leurs travailleurs, faute de financement suffisant. Le manque de financement oblige des organismes à se doter de listes d'attente, et d'autres ont fait le choix d'imposer une tarification pour boucler leur budget. Encore là, la tarification comporte son lot d'incertitudes, car des gens dans le besoin sont déjà tellement étranglés qu'ils ne peuvent pas toujours payer pour les services rendus.

Comme représentants d'organismes communautaires... c'est une maison d'hébergement pour jeunes en difficulté située à Saint-Hyacinthe, on a, nous, une tarification. Mais, si on calcule notre taux d'occupation versus ce qu'on verse dans notre compte de frais d'hébergement, c'est un manque à gagner d'environ 12 000 $ par année, ce qui fait en sorte... bien, en fait, ce que je dis, c'est qu'on n'exclut pas personne, mais notre fossé se creuse.

Je me permets de vous citer quelques témoignages qui sont ressortis aussi lors du sondage. Alors, le premier témoignage, il y a quelqu'un qui nous témoigne : «Nous sommes présentement en train de restructurer nos services, car nous sommes face à une insuffisance financière. Certains services qui faisant tant la fierté de notre ressource sont en train d'être réévalués, car nous manquons de fonds.»

Un deuxième commentaire : «Une restructuration a été nécessaire en 2014‑2015 et deux postes ont été abolis. Nous avons dû couper certaines de nos activités, diminuer le nombre d'heures de tous les employés durant l'année qui a suivi, et ça se poursuit.»

Un troisième témoignage : «Nous devons demander plus d'aide aux membres du conseil d'administration, qui sont des parents d'enfants handicapés, déjà épuisés.»

Alors, ces situations et bien d'autres sont absolument déplorables et carrément injustes. La ministre Charlebois doit enfin prendre au sérieux le dossier du sous-financement des organismes communautaires et s'appliquer à redresser de manière urgente la situation des groupes qui, dois-je le rappeler, travaillent quotidiennement auprès de milliers de femmes, d'enfants, de jeunes, de personnes âgées et d'hommes. Si les urgences débordent, c'est en raison d'un manque flagrant d'investissement en amont. Pourquoi le gouvernement continue de refuser de nous entendre? Pourquoi refuse-t-il de délier les cordons de la bourse? Manque d'argent? Non, certainement pas. Manque de volonté politique? Définitivement, oui. Ce gouvernement, par exemple, a vite accordé 1,3 milliard à Bombardier et a augmenté significativement le salaire des médecins.

Mme Charlebois, la liste de vos promesses rompues s'allonge, le temps est venu d'agir.

M. Valiquette (Hugo) : Bonjour. Hugo Valiquette, je suis porte-parole de la Coalition des Tables régionales d'organismes communautaires, la CTROC, qui regroupe 13 tables régionales d'organismes communautaires au Québec.

Comme si ce n'était pas assez, on a plein de rumeurs, dans la situation, sur justement le 80 millions, qui en est finalement un 25 millions, mais aussi dans la méthode de répartition. Cette année, on a promis aux organismes 10 millions de dollars, et ça devrait être divisé dans les régions du Québec. On vous rappelle que la loi n° 10 maintient la responsabilité des instances régionales, c'est-à-dire les CISSS et les CIUSSS, d'accorder les subventions du Programme de soutien aux organismes communautaires. Des principes de distribution existent déjà dans chacune des régions du Québec pour assurer une équité entre les organismes. Pourtant, en ce moment, tout porte à croire que le financement va être attaché à des directives ministérielles qui vont faire fi du travail qui se fait depuis plus de 20 ans entre le milieu communautaire et les instances régionales. C'est sûr que c'est avec un goût amer qu'on va écouter l'étude des crédits.

Puis pour ajouter à l'insulte, les administrations régionales ont commencé à annoncer aux groupes, puis on le disait déjà, 0,7 % d'indexation. Comment on peut suivre l'augmentation des coûts de la vie avec des indexations aussi courtes? Pour nous, c'est rire des travailleuses et des travailleurs dont les salaires stagnent depuis plusieurs années. On souhaite vraiment que cet argent-là soit réparti équitablement dans les régions. Pour nous, c'est important, et on se pose vraiment la question : Pourquoi la ministre laisse courir, en ce moment, des rumeurs à la place de nous rencontrer et nous dire la vérité sur le sujet de l'investissement dans le Programme de soutien aux organismes communautaires? Merci.

M. Khadir : Alors, Amir Khadir, de Québec solidaire. Donc, à titre de porte-parole de Québec solidaire dans ce domaine, je veux d'abord dire à quel point nous sommes en admiration devant la contribution des organismes communautaires au bien-être, à la santé de la population du Québec. En fait, on entend bien souvent les affairistes, qui sont en trop grand nombre au pouvoir, nous parler des fleurons de l'économie québécoise. Bien, s'il y a un fleuron au Québec, c'est le réseau des organismes communautaires. S'il y a un fleuron que le gouvernement doit être attaché à tout moment à protéger, à développer, à appuyer par tous les moyens, c'est bien le réseau. C'est 3 000 organismes communautaires... Je ne me trompe pas dans les chiffres? Ça n'a pas augmenté?

Une voix : Non.

M. Khadir : La réalité, troublante, est qu'on a parlé de Bombardier, hein, avec quelle vitesse, avec quelle précipitation le gouvernement répond au moindre désir de ces millionnaires et de ces milliardaires qui leur sont proches. On a oublié l'industrie forestière où, dans le passé, les millions qu'on a donnés ont surtout servi à graisser la patte de quelques dirigeants et à protéger l'intérêt des actionnaires et non pas, comme ça devait être le cas, consacrés entièrement à la protection des emplois.

Mais je voudrais, à titre de médecin spécialiste, juste faire la comparaison que je viens de faire dans ma tête, hein, 5 millions... enfin, 10 millions cette année... 10 millions pour l'année prochaine, je veux dire. Pour 3 000 organismes communautaires, ça fait 3 000 $ par organisme qui répond en moyenne à plusieurs centaines... enfin, des besoins de plusieurs centaines de nos concitoyens. À l'opposé, la moitié des médecins du Québec qui sont incorporés, chacun, en moyenne, reçoit un avantage fiscal d'au-dessus de 22 000 $. Ça fait 220 millions de dollars par année. Faites la comparaison, regardez l'injustice et l'hypocrisie de ce gouvernement quand il dit qu'il n'a pas les moyens.

Donc, j'aimerais dire à quel point nous les appuyons. Mme Charlebois, elle a un devoir de répondre. Comment elle peut justifier cette injustice entre des médecins corporatistes et des organismes qui reçoivent… Chaque organisme reçoit sept fois moins, sept fois moins qu'un médecin spécialiste qui s'est incorporé en avantages directs de ce gouvernement.

Et je me demande… parce qu'on en a discuté un peu. Je ne sais pas ça va être quoi, la décision du mouvement communautaire, mais je me demande si, à un moment donné, le mouvement communautaire ne devrait pas montrer au gouvernement les conséquences de son inexistence. Si, un jour, le mouvement communautaire en vient à décider de faire la grève, j'avertis M. Barrette, j'avertis Mme Charlebois, j'avertis tous les députés libéraux : ils vont voir des centaines et des centaines de citoyens qui vont venir cogner à leur porte pour obtenir les services qui, actuellement, sont donnés à trop bon compte, à trop bon compte par les gens du mouvement communautaire. Le compte est trop bon. Trop de gens dans le monde communautaire travaillent dans des conditions inacceptables pour n'importe quel employé d'un gouvernement, d'un réseau public ou simplement de groupes de travailleurs et de travailleuses qu'on respecte.

Alors, il faut cesser cette mascarade. Ils n'ont pas besoin de 10 millions par année, ils ont besoin de 300 millions, au minimum, par année pour réellement rencontrer les besoins de notre population. Merci de votre attention.

M. Turcotte : Dave Turcotte, député de Saint-Jean et porte-parole, pour le Parti québécois, pour les services sociaux, protection de la jeunesse.

Nous avons appuyé, depuis le début, les revendications pour les organismes communautaires. Aujourd'hui, nous avons des représentants des TROC. Il y a aussi une trentaine d'autres représentants d'organismes qui sont ici aujourd'hui à l'Assemblée nationale pour convaincre la ministre Charlebois de faire son travail, au fond, de faire en sorte qu'elle devrait être la leader des organismes communautaires, de se lever au Conseil des ministres, de se lever dans son caucus pour demander au Conseil du trésor, demander au ministre de la Santé plus d'investissements pour les organismes communautaires.

En ce moment, ce qui est donné, ce qui est octroyé aux organismes communautaires, ce n'est même pas 1 % du budget total du ministère de la Santé et des Services sociaux. Pourtant, le travail au quotidien fait par ces organismes, partout sur le territoire du Québec, fait en sorte qu'on économise dans les soins de santé et des services sociaux. Donc, plus d'argent pour le communautaire égale plus de confort, plus de bien-être pour notre population, mais aussi une santé plus en forme et en meilleure santé.

Donc, aux crédits cet après-midi et ce soir — nous avons six heures de débats avec la ministre Charlebois — nous allons faire la bataille pour s'assurer que les organismes puissent enfin avoir un rehaussement de leur financement et s'assurer aussi que l'ensemble des collègues députés libéraux appuient cette revendication des organismes là parce qu'appuyer des organismes, ce n'est pas juste donner un soutien à l'action bénévole une fois par année, c'est de se lever à son caucus puis dire : Nos organismes ont besoin de notre aide, ont besoin de notre appui, et ça, ça passe par un réinvestissement à la mission et en respectant l'autonomie des organismes communautaires. Merci.

(Fin à 14 h 19)

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