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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle et M. Pascal Bérubé, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éthique et d’intégrité

Version finale

Le mercredi 10 mai 2017, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trois minutes)

M. Lisée : Bonjour. Ces derniers jours, les députés du Parti québécois, Pascal dans sa région un peu inondée, moi à quelques rues de mon comté, dans Cartierville-Ahuntsic, je me suis déplacé dans cinq régions du Québec, pour pouvoir discuter avec les sinistrés, avec les pompiers, avec des soldats, des officiers, avec des gens de la Croix-Rouge, avec des maires, des élus, des conseillers, et la première chose qui nous a traversé l'esprit, enfin, qu'on constate, c'est l'extraordinaire mobilisation, la capacité de coordination, l'entraide entre les villes et les villages, la présence des bénévoles, la résilience des premiers répondants. C'est dans la difficulté, la force des Québécois de se serrer les coudes et d'ensacher, d'ensacher, d'ensacher, hein? On a vu des sacs partout, des gens en mettre, inventer des façons d'aller plus rapidement. J'ai vu une école qui était fermée à Saint-André-d'Argenteuil parce qu'elle était en bas du village, et donc il y a des problèmes d'égouts, où toute la classe était dans l'entrepôt municipal en train d'aider à l'ensachage dans ce qui était devenu une activité scolaire.

Alors, moi, d'abord, je veux exprimer solidarité avec les sinistrés, mais aussi admiration pour les Québécois, les familles, les amis, les voisins qui se sont serré les coudes dans cette grande corvée qui est loin d'être terminée, mais dont on peut penser que le pire est derrière nous. Évidemment, nos députés sont très à l'écoute des gens et de cette phase, maintenant, qui commence, la phase de l'indemnisation, du lent retour dans les maisons. Ça va prendre, pour certains d'entre eux, un mois, pour certains moins, pour certains d'entre eux un mois, et évidemment toute la phase des indemnisations.

Alors, hier matin, avec le premier ministre, le chef de la CAQ, les gens de la Sécurité publique, on a fait un premier survol des programmes d'indemnisation qui étaient mis à la disposition. C'est compliqué. Il y a des déductibles, il y a des choses qui sont couvertes, il y a des choses qui ne sont pas couvertes. Et donc j'en appelle à la Sécurité publique, aux municipalités, au gouvernement de tout mettre en oeuvre à partir de maintenant pour accompagner les sinistrés dans la satisfaction de leurs besoins. On nous dit qu'il y aura des séances d'information de la Sécurité publique dans chacun des lieux touchés. C'est très important que les gens s'y présentent. C'est très important qu'il y ait de l'accompagnement pour que les sinistrés puissent remplir ces formulaires compliqués. Donc, on en appelle aussi à tous ceux qui peuvent aider. Ceux, évidemment, dans nos bureaux de députés, dans les régions touchées, vont participer à cette opération-là.

Aujourd'hui, les membres de notre caucus dans les régions touchées vont avoir un briefing de la Sécurité publique pour les aider à mieux être équipés là-dessus. On sait qu'il y a des zones d'ombre. On sait que, par exemple, les résidences principales seules sont couvertes. Les chalets ne sont pas couverts, ça a toujours été le cas. Maintenant, est-ce qu'il y a une façon quand même d'accompagner les gens pour lesquels ça a été une perte très importante? On sait que la Croix-Rouge, qui a ouvert avant-hier une ligne de dons, va pouvoir aider un certain nombre de sinistrés pour ce qui n'a pas été couvert par les programmes gouvernementaux, et c'est pourquoi, au Parti québécois, les députés du Parti québécois ont chacun versé 1 000 $ dans cette cagnotte de la Croix-Rouge et on invite les Québécois à contribuer également.

Il faut que les gens sachent que les programmes gouvernementaux ne couvriront pas la totalité des pertes et que, donc, les argents qui sont donnés à la Croix-Rouge permettent de faire un bout du chemin qui n'est pas couvert. Il y a des déductibles pour chacune des opérations. Il y a des déductibles pour les entreprises aussi. L'entrepreneur doit faire la démonstration que sa perte équivaut à au moins 50 % de... c'est-à-dire que ce qu'il a perdu, c'est dans une opération commerciale, agricole ou autre qui couvre 50 % de son revenu des deux années précédentes, c'est-à-dire, pour faire simple, que s'il a perdu quelque chose qui n'est pas l'essentiel de son revenu, ce n'est pas couvert. Et donc on est dans une situation où il va y avoir une couverture partielle des pertes, et donc la générosité devra faire le reste. Et on devra voir... comme la dernière fois à Richelieu, où le premier décret disait que les pertes seraient couvertes jusqu'à 100 000 $, le gouvernement a vu que ce n'était pas suffisant, l'a relevé, dans un deuxième décret, à 150 000 $. Et là il faudra se poser la question pendant les semaines qui viennent : Est-ce que ce plafond, il est opportun ou est-ce qu'il faut le rediscuter?

Alors, nous, le rôle de l'opposition dans cette situation, ce n'est pas de critiquer, ce n'est pas de chialer, ce n'est pas d'alerter, ce n'est pas de créer de l'inquiétude, mais c'est d'assurer les Québécois que nous sommes à leurs côtés pour nous assurer que les services sont rendus et que le maximum possible est accompli par le gouvernement. Pascal.

M. Bérubé : Un bref mot. Merci, M. Lisée. Je veux profiter de l'occasion également, toujours dans cet esprit de collaboration, pour remercier mes homologues, Jean-Marc Fournier, François Bonnardel, les députés indépendants, d'avoir accepté notre proposition, lundi, qu'on ne siège pas à l'Assemblée nationale hier pour permettre aux députés d'être parmi les leurs, se joindre à l'effort, recueillir de l'information, parce que sachez que les bureaux de circonscription, dans plusieurs régions du Québec, sont des points de chute où les citoyens nous appellent, nous écrivent, nous envoient des photos, du vidéo, nous livrent des témoignages qui peuvent permettre de compléter l'information de la Sécurité civile et des autorités municipales.

Alors, ça a servi à ça hier. Je sais que c'est très exceptionnel, mais la situation l'est tout autant lorsque l'armée est déployée. Et, lorsqu'on se serre les coudes lors des grandes corvées, c'est, je dirais, la fibre québécoise qui se manifeste. Et je souhaitais à nouveau indiquer toute la collaboration que j'ai obtenue de mes homologues pour faire en sorte que les députés soient parmi les leurs hier et je veux les en remercier.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. Lisée : Oui, alors, juste en terminant, on sait aussi que, malgré toute la bonne volonté et la préparation, il y a eu des zones d'ombre, des endroits, des rues qui n'étaient pas priorisés et où les sacs de sable sont arrivés trop tard. Moi, j'ai visité hier, à La Visitation, le rang qui était aussi sans aide depuis quelque temps. Alors, sans vouloir pointer du doigt qui que ce soit, on voit que, d'épisode en épisode, il faut apprendre pour être encore mieux préparés pour la fois suivante. Et ça, ça va être un des grands enjeux de l'après, comment remonter nos mécanismes de sécurité publique pour qu'à la prochaine inondation — parce que ce n'est pas «si», c'est «quand», quand la prochaine inondation viendra — on sera encore mieux préparés pour qu'il n'y ait pas de laissés-pour-compte nulle part sur le territoire.

Le Modérateur : Merci, MM. Lisée et Bérubé. On va au micro de gauche, M. Boivin, Cogeco. Merci d'avoir une question, une sous-question.

M. Boivin (Mathieu) : Première question. Vous l'avez évoqué, je vais vous demander de préciser votre pensée, est-ce que vous recommandez formellement qu'on augmente le plafond d'indemnisation, qu'on relève de 150 000 $ à un montant que vous voudrez me préciser?

M. Lisée : Je ne le recommande pas aujourd'hui, mais je dis que c'est une question qui doit être posée. La dernière fois, nous l'avons posée, c'était une grosse augmentation de 100 000 $ à 150 000 $, une augmentation de 50 %. Je pense qu'il faut que la Sécurité publique, à mesure qu'on a une idée des demandes d'indemnisation, nous dise si ce montant est correct ou s'il faut le réviser.

M. Boivin (Mathieu) : Deuxième question, sur Mâchurer, sur le fait que le Parti libéral a obtenu le retrait de 65 documents. Dans quelle mesure pensez-vous qu'on cache quelque chose aux Québécois ou, a contrario, est-ce que ce n'est pas strictement un droit constitutionnel qu'on fait valoir sans qu'il y ait lieu de s'en émouvoir?

M. Bérubé : D'abord, la question qu'on se pose, c'est : N'eût été du témoignage de Robert Lafrenière de l'UPAC jeudi dernier à l'étude des crédits, est-ce qu'on aurait appris cela? Je me permets de poser la question.

Ceci étant dit, c'est un droit qui est prévu, dont peuvent se prévaloir un certain nombre de parties impliquées. C'est le cas de M. Bibeau. Manifestement, on apprend en 2017, trois ans plus tard, que c'est le cas du Parti libéral du Québec. Nous ne contestons pas cette disposition qui appartient à un client, mais je me permets de noter que c'est seulement cette année qu'on l'apprend.

Rappelez-vous, en 2014, que le premier ministre, lorsqu'il avait été rencontré par les gens de l'UPAC, assez rapidement, à mon souvenir, avait révélé cette information. Même chose à la perquisition du Parti libéral du Québec à Montréal. Cette information, on l'apprend dans la foulée des informations pertinentes que nous a révélées M. Lafrenière jeudi.

Alors, nous ne contestons pas ce droit, mais nous réaffirmons, de façon générale, pour toutes les parties prenantes dans les enquêtes, qu'il faut collaborer pour faire en sorte qu'on obtienne la vérité, la lumière. La recherche de la vérité, c'est ce qui nous guide, et, en ce sens, nous prenons les mots de M. Lafrenière. Il dit que rien ne l'empêchera d'aller jusqu'au bout de cette enquête. C'est notre souhait, et je crois qu'il est partagé par les Québécois aussi.

Le Modérateur : Merci. M. Laforest, TVA, micro de droite.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, messieurs. Je veux faire suite à mon collègue Boivin. M. Lisée, avez-vous l'intention de demander à M. Couillard qu'est-ce qu'il en pense, lui, que le parti se dirige vers une requête Larrivée pour empêcher la divulgation des documents?

M. Lisée : Oui. Bien, je pense que c'est déjà fait. Je veux dire, ce qu'on a ce matin, dans la mesure où l'information est exacte, c'est le résultat de l'utilisation d'une requête Lavallee. L'important, pour nous, c'est qu'un juge ait pu déterminer ce qui est dans la preuve. Donc, s'il n'y a pas de contestation de cette décision-là et que l'UPAC peut procéder avec la preuve, c'est ça qui nous importe.

M. Laforest (Alain) : Mais qu'est-ce que ça vous dit qu'on ait recours à ça pour protéger de la preuve, comme les 65 documents, là, qu'on veut retirer, là?

M. Lisée : Bien, ça me dit que les avocats de Mme Trépanier n'avaient pas eux-mêmes fait le travail de mettre de côté les documents qu'ils considéraient être de nature couverte par la confidentialité et qu'il a fallu qu'ils utilisent les mots clés du système libéral pour retrouver ces documents-là dans les banques de données. Alors, c'est…

M. Bérubé : L'abondance.

M. Lisée : Oui, il y avait peut-être… ils ont fait une énorme partie de pêche pour essayer de retirer tout ce qui était confidentiel dans leurs banques de données. Peut-être devraient-ils mieux s'organiser à l'avenir.

Le Modérateur : Merci, dernière.

M. Laforest (Alain) : …je vous ai posé la question la semaine passée aussi, vous faites preuve de prudence encore. Qu'est-ce que ça cache?

M. Lisée : Ce que les libéraux veulent cacher, je ne sais pas. En tout cas, ils travaillent très fort pour retirer des éléments de preuve. Marc Bibeau l'a fait. Et clairement, ici, le Parti libéral du Québec et son chef, M. Couillard, ont pris toutes les mesures pour faire en sorte qu'il y ait le moins de documents possible qui soient à la disposition de l'UPAC. Pour le faire, ils utilisent leurs droits. Nous, on est pressés d'avoir des réponses.

Le Modérateur : Merci. Mme Plante, micro de gauche.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Lisée. Est-ce que le Parti libéral fait de l'obstruction?

M. Lisée : Vous savez, comme chef de l'opposition, je suis aussi gardien du droit, alors je ne peux pas dire que les gens qui utilisent des recours légaux constitutionnels font de l'obstruction. Il faut juger des moyens qui sont mis, du temps écoulé. Parfois, des avocats vont faire exprès de multiplier les délais. Alors, lorsque c'est le cas — et je ne dis pas que c'est le cas — c'est là qu'on peut se poser la question : Est-ce qu'on est en train d'utiliser des recours légaux pour empêcher, disons, de révéler rapidement la vérité? Pour l'instant, avec les informations qu'on a ce matin, pour le PLQ, on ne peut pas dire ça, mais on est très vigilants.

M. Bérubé : Un élément, si vous permettez, M. Lisée, à ajouter : Dans le communiqué du Parti libéral du Québec émis hier, on parle d'une entente avec la direction des poursuites criminelles et pénales. J'ai demandé hier que la direction des poursuites criminelles et pénales s'explique sur ce genre d'entente, que je qualifierai de gré à gré, avec le Parti libéral. On ne l'a pas appris pendant les crédits, Mme Murphy était côte à côte avec une ministre du gouvernement. Une autre occasion maintenant de s'expliquer là-dessus. Je pense que l'explication succincte de son porte-parole, Me Boucher, ne suffit pas. Il faut nous expliquer comment est survenue cette entente, faire un peu de travail pédagogique pour l'ensemble des Québécois parce que c'est assez inhabituel pour nous…

M. Lisée : Y a-t-il des précédents?

M. Bérubé : Bien, oui, en tout cas, il y en a un... Jeudi, on en a appris un qui, manifestement, touche la même histoire ou pas tellement loin. Alors, je pense que ça nécessite plus qu'un courriel succinct envoyé aux journalistes de la presse parlementaire indiquant qu'on ne commentera pas davantage. Non. C'est une affaire sérieuse. Alors, que la direction des poursuites criminelles et pénales, qui manifestait beaucoup d'assurance dans ses propos à son passage à l'Assemblée nationale puisse en faire autant dans cette affaire. On veut entendre l'autre côté et on pourra juger. Mais, sur une base factuelle, là, je répète qu'on apprend en 2017 ce qui existe depuis 2014. Alors, j'espère qu'entre 2017 et 2018 on apprendra ce qu'on a besoin de savoir pour que toute la lumière soit faite sur ce genre d'affaires.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce qu'une formation politique a plus de comptes à rendre qu'une entreprise ou une personne?

M. Lisée : Bien, elle doit exemplaire dans sa volonté de transparence, c'est certain. Elle doit être exemplaire. Alors, je suis sûr que, si vous posez la question à M. Couillard aujourd'hui, il va vous dire qu'il a limité ses instructions à ses avocats, à la protection de la confidentialité du rapport avocat-client. Mais il est certain que, dans ces démarches-là, la question qui est posée pour laquelle on n'a pas de réponse, c'est : Est-ce que tout a été mis en oeuvre par le chef du Parti libéral pour que la transparence soit maximale et que les délais soient minimaux?

Le Modérateur : Merci. Dernière, s'il vous plaît.

Mme Plante (Caroline) : …transparence que le Parti libéral devrait volontairement remettre les documents à l'UPAC? C'est peut-être rêver, mais est-ce qu'il devrait faire ça?

M. Lisée : Ça, ça leur appartient. Il y a une question de confidentialité entre l'avocat et le client qui est un fondement de notre système de justice. S'il décidait, pour des fins de transparence, de le lever, ce serait bienvenu, mais c'est leur décision.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, M. Bellerose, s'il vous plaît.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Lisée. J'aimerais vous entendre sur l'alliance à trois proposée par l'exécutif de La Prairie et reprise par Jean-François Lessard, candidat au poste de porte-parole de Québec solidaire. Est-ce que vous êtes ouvert à une alliance avec la CAQ et Québec solidaire?

M. Lisée : Je pense que c'est de la pensée magique pure et simple, pure et simple. Et d'ailleurs cette proposition n'a même pas été reprise au congrès de la Montérégie en fin de semaine. C'est une idée qui est un symptôme d'une réelle volonté de changement, les gens cherchent des solutions au blocage politique, et c'est une idée qui est mort-née parce qu'immédiatement la CAQ l'a rejetée, encore ce matin par François Legault, dès jeudi par Éric Caire et par nous aussi.

Il n'y a pas de possibilités d'organiser une telle chose, au-delà des immenses divergences idéologiques que ça pose. Alors, M. Legault, lui, la solution au problème du Québec, ce sont des baisses d'impôt très importantes, et, pour nous, ça veut dire quatre ans d'austérité de plus, et le Parti québécois n'est pas preneur de quatre ans d'austérité de plus. On ne va pas se débarrasser des coupeurs libéraux puis les remplacer par des coupeurs caquistes. Ils sont favorables à Énergie Est, qui serait la pire catastrophe écologique potentielle qu'on aurait sur notre territoire. Il n'est pas question qu'on s'allie à des gens qui sont pour un pipeline qui va traverser 860 de nos cours d'eau.

Alors, la CAQ donne de très mauvaises réponses. En fait, la CAQ empirerait la situation québécoise, n'aurait absolument pas les leviers nécessaires et les revenus nécessaires pour réinvestir dans la santé. Qu'est-ce qu'ils nous disent, les Québécois? Ils ont mal à leur santé, à leur éducation, à leur justice et à leur identité. Et, pour faire en sorte qu'on réponde à ce malaise-là, qui est réel, il faut réinvestir dans nos services publics, et la CAQ nous dit : On va se priver de revenus pendant quatre ans. Alors, je laisserai les gens de QS répondre, mais il est certain que c'est complètement chimérique, cette proposition-là.

Nous, on pense que, si on fait un arrimage avec Québec solidaire qui donne des résultats dans toutes les régions du Québec, hein... En 2012 il y a des comtés à Québec, en Outaouais, dans le Bas-du-Fleuve, en Estrie, en Mauricie où notre marge de défaite, c'était la moitié des votes de QS. Alors, ce n'est pas un sujet montréalais, c'est un sujet québécois. Mais, lorsqu'on parle de notre volonté d'être le gouvernement des PME, de redonner des sous aux familles, de redéfendre les CPE, que la CAQ n'aime pas, les CPE, lorsqu'on parle des régions à notre arrimage, on parle aussi aux électeurs centristes et aux électeurs qui sont à la CAQ et qui sont mal à l'aise à la CAQ. On sait, le sondage récent a montré que 46 % des électeurs de la CAQ disent qu'il est probable qu'ils changent d'avis. C'est un électorat, pour la CAQ, qui est très fragile et c'est un électorat qui va vouloir aller vers le parti qui a un gouvernement en attente, ce qui n'est pas le cas de la CAQ, et qui donne de vraies solutions aux problèmes, ce qui est le cas du PQ.

Alors, c'est une réponse longue, mais qui donne un peu le portrait de par où on s'en va. Et ce n'est certainement pas en donnant quelque crédibilité que ce soit aux mauvaises solutions de la CAQ qu'on va arriver à changer la situation politique au Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Mais l'idée fait son chemin quand même, à la base, à travers les exécutifs, ça pourrait se retrouver au congrès. Est-ce que vous êtes en train de dire que vous allez tenter de battre l'idée au congrès si jamais elle se retrouvait sur le plancher?

M. Lisée : Comme je vous le dis, c'était l'idée qui a été reprise par un exécutif et qui n'a pas franchi le congrès régional, donc je ne vois comment ça se retrouverait au congrès national.

Le Modérateur : Merci. M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Concernant cette convergence, Manon Massé dit notamment que votre empressement nuit aux négociations actuelles et que ça peut mettre en péril cette alliance-là.

M. Lisée : D'abord, il n'y a pas de négociations.

M. Vigneault (Nicolas) : Pourparlers.

M. Lisée : Ni pourparlers ni négociations. Elles ne peuvent s'ouvrir que lorsque Québec solidaire, lors de son congrès, votera en faveur, s'il le décide, de l'ouverture de ces négociations. Maintenant, l'exécutif du Parti québécois a émis une lettre pour clarifier un certain nombre de choses, et Québec solidaire prend la parole de façon régulière sur les questions de convergence, et c'est très légitime qu'ils le fassent, et le Parti québécois prend la parole, et c'est très légitime qu'il le fasse aussi.

La question qui était posée à l'exécutif, d'ailleurs à cause des débats au sein de Québec solidaire, c'était : Quelle était l'instance du Parti québécois qui s'était exprimée en faveur de la convergence? C'était une bonne question. L'exécutif du Parti québécois est l'instance qui l'a fait. L'autre question, c'était : Peut-être qu'on pourrait attendre, disent certains à Québec solidaire, en septembre que le Parti québécois prenne des positions sur ce qui pourrait être des propositions communes : salaire minimum à 15 $, refus des baisses d'impôt, réinvestissement dans les services publics, changement du régime politique électoral pour la proportionnelle mixte. Et donc l'exécutif leur a dit : Ne vous inquiétez pas, vous n'avez pas à attendre en septembre, puisque ces propositions sont dans la proposition de programme et n'ont pas été modifiées par les 125 congrès de comté, donc c'est déjà dans la poche. Et donc, dans la conversation publique entre le Parti québécois et Québec solidaire, c'étaient des éléments de réponse à des questions posées par des militants de Québec solidaire pour les éclairer sur leurs décisions qu'ils prendront en main.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais il y a quand même une ligne très claire où on dit : De reporter la décision peut avoir des conséquences assez catastrophiques. Vous maintenez cette position-là?

M. Lisée : Oui parce que ce sont des faits, hein? Encore une fois, moi, le mot «ultimatum», je ne l'utilise pas. Nous avons voulu informer les militants de Québec solidaire que ce serait organisationnellement impossible de commencer en novembre à négocier. Ça veut dire qu'il pourraient négocier en décembre, janvier, février, retourner à nos instances en mars, commencer à faire nos conventions en avril. Et là on est à quelques mois de l'élection, et c'est une décision, si on la prend, qui nécessitera beaucoup de pédagogie.

Par exemple, juste de dire que, dans ce pacte potentiel, il n'y aura, en aucun cas, des ministres de Québec solidaire dans un gouvernement du PQ, parce que c'est ce qu'ils veulent et c'est ce qu'on veut, bien, c'est une information extrêmement importante pour un certain nombre d'électeurs qui voient cet arrimage comme potentiellement bénéfique pour sortir les libéraux, mais qui craignent que des idées de Québec solidaire avec lesquelles ils sont en désaccord soient représentées au sein du gouvernement. Alors, ça, ça fait partie des choses qu'il faut expliquer longtemps parce que nos adversaires vont dire le contraire.

Alors, ce qu'on dit amicalement aux gens de Québec solidaire : Soit on a la volonté politique de le faire et, pour le réussir, il faut commencer maintenant, soit on n'a pas la volonté politique de le faire puis, dans ce cas-là, disons-le et passons à autre chose.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, Marco Bélair-Cirino.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Le projet d'alliance électorale entre le Parti québécois et Québec solidaire, bon, accueilli plutôt froidement présentement par les sympathisants de Québec solidaire, on parlait, au début de la course au poste de porte-parole, de moitié-moitié, des moitiés qui seraient favorables, l'autre moitié défavorable. Au Parti québécois, je comprends que vous avez reçu plusieurs courriels, messages sur les réseaux sociaux de personnes qui sont contre tout effort de convergence. Mais la proportion de pour et de contre, vous l'évaluez comment, vous, au Parti québécois?

M. Lisée : Écoutez, d'abord, tous les candidats au leadership étaient favorables, tous, dans toutes les équipes, avec tous leurs militants. Ensuite, un test important a été notre décision de ne pas présenter quelqu'un dans Gouin pour bien indiquer que l'important, ce n'est pas de battre dans une partielle, mais de gagner une élection générale. Et là-dessus on a eu l'unanimité non seulement de l'exécutif de Gouin, des 15 présidents régionaux et de l'exécutif national, et donc on sent que cette volonté-là, elle est ferme.

Est-ce qu'il y a des débats? Est-ce qu'il y a des inquiétudes? Bien sûr, mais cette volonté-là, elle est ferme et elle est d'autant plus ferme qu'on a cette volonté que ça se fasse rapidement. C'est sûr que — et c'est ce que dit l'exécutif dans sa lettre aux militants de Québec solidaire — un report serait perçu par des militants du Parti québécois comme un refus déguisé, alors c'est pourquoi cette hypothèse-là nous semble trop risquée. Mais, écoutez, l'évaluation de ce qui se passe à QS, je laisse ça aux analystes. Ils vont se prononcer dans deux semaines. Laissons-les terminer leurs débats et se prononcer, puis là on aura le chiffre exact.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous avez décidé de ne pas présenter de candidat dans Gouin, ça a été reçu négativement par Québec solidaire. Vous envoyez une lettre qui se voulait amicale, ça a été mal reçu également par Québec solidaire. Est-ce que c'étaient des mauvaises idées? Est-ce qu'aujourd'hui vous avez des regrets de ne pas avoir présenté de candidat dans Gouin et d'avoir transmis une lettre qui, on dirait, ne va pas susciter les effets escomptés? Ça semble être tout le contraire, là.

M. Lisée : Absolument pas. Absolument pas. Je pense que ce sont les bons gestes à poser, et le résultat nous donnera le score final. Je pense que...

C'est sûr qu'à l'intérieur de Québec solidaire il y a un débat interne entre différentes tendances. Et il y a des tendances qui utilisent nos gestes d'ouverture, disons, à rebours parce qu'eux sont contre, il y a des gens qui sont vraiment contre le pacte. Donc, quoi que l'on fasse et quoi que l'on dise, ils vont le prendre négativement.

Mais moi, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui, au contraire, se posaient ces questions-là, voulaient avoir des réponses, et le Parti québécois a le droit de s'exprimer sur ce sujet d'actualité, bien sûr. Et je dirais aussi que l'idée que c'était une bonne chose, à la veille de débats sur un pacte, d'envoyer nos militants se battre les uns contre les autres dans une partielle, c'est une très mauvaise idée si on a la volonté politique de s'entendre, hein? Il faut créer des conditions de l'entente, et c'est ce que nous avons fait.

Le Modérateur : Merci. Dernière en français, M. Boivin, micro de gauche.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, M. Lisée. La CAQ va déposer aujourd'hui une motion demandant à ce que l'Assemblée nationale fasse sienne la position de la Caisse de dépôt et placement sur M. Beaudoin et la politique de rémunération chez Bombardier. Est-ce que vous allez voter en faveur de cette motion-là et pourquoi?

M. Lisée : On va voter en...

M. Bérubé : ...

M. Lisée : Pardon?

M. Bérubé : Je n'ai pas le libellé, mais...

M. Lisée : Oui. Non seulement...

Des voix : ...

M. Lisée : On a le libellé. On va la lire. On va décider ça ensemble devant vous.

M. Bérubé : C'est pour ça qu'il y a un leader parlementaire, pour valider ça.

M. Lisée : Ce sont les joies du direct. Alors, nous allons être conjoints parce que nous, on veut même aller plus loin.

M. Bérubé : Il faut que je l'analyse avant.

M. Lisée : Les actionnaires minoritaires ont le droit de s'opposer à une décision dans le cas d'actionnaires multivotants. Ça s'est fait dans d'autres cas. Nous pensons que la Caisse de dépôt devrait utiliser ce levier-là. Évidemment, de dire qu'elle utilise le levier, en soi, peut changer la décision. Alors, on voit que Teachers aussi a pris la même position. Mais ce que ça dit, là, c'est que ceux qui n'ont pas réagi correctement, c'est le gouvernement Couillard. Le gouvernement Couillard aurait dû, dès l'annonce de ces augmentations scandaleuses, dire à Bombardier : Écoutez, il faut revenir sur l'ensemble de ces décisions-là, ça ne passe pas. Ça ne passe pas dans la population, puis on pense que ça ne passera pas chez les actionnaires. Et c'est ce qu'on dit depuis le début, et c'est ce que M. Couillard aurait dû dire, et il ne l'a pas dit. Aujourd'hui, il y a deux personnes qui défendent cette décision, c'est Philippe Couillard et M. Beaudoin. Alors, ils sont bien seuls, alors qu'aujourd'hui, dans le Le Devoir, j'ai un texte qui montre comment, dans d'autres cas, à Londres, en Suisse, récemment, des augmentations proposées ont été annulées par les entreprises elles-mêmes avant même que des actionnaires le demandent et que certains des plus gros investisseurs au monde, en ce moment, demandent l'arrêt des ces hausses de salaire scandaleuses.

M. Boivin (Simon) : Je ne vous ai pas entendu, vous, sur la décision d'Ottawa de placer la Banque de l'infrastructure à Toronto plutôt qu'à Montréal. Comment vous recevez ça?

M. Lisée : Bien, c'est un autre échec du fédéralisme pour le Québec. Le Québec n'arrive pas à avoir sa juste part dans l'ensemble des dossiers. Et, lorsque Toronto dit : Ah, bien, il faut que les choses financières soient à Toronto parce qu'on a de la finance, Ottawa dit : Vous avez raison. Et, lorsque Montréal dit : Il faut qu'une banque d'infrastructures soit à Montréal parce que nous avons le pôle d'ingénierie le plus important au Canada, Ottawa n'écoute pas. Donc, on est dans une... Maintenant, c'est systémique, le Québec ne peut pas avoir sa juste part de ses propres impôts, des décisions fédérales structurantes parce qu'il n'est pas écouté à Ottawa, il n'est pas respecté, il n'est pas craint. Et en fait les politiciens fédéraux, même lorsqu'ils sont députés du Québec, comme Justin Trudeau, savent que donner sa juste part au Québec, c'est perdre des voix au Canada anglais. Ça, c'est la situation dans laquelle on est.

Le Modérateur : Réelle dernière en français, Mme Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : L'UPAC n'a jamais perquisitionné les bureaux du PQ, mais, quand même, a fait des arrestations de personnes qui ont déjà été proches de votre parti. Je ne sais pas, là, si l'UPAC détient des documents qui auraient pu appartenir au PQ. Est-ce que vous avez déjà eu à faire une requête de type Lavallee, vous, face à l'UPAC?

M. Lisée : Non, non.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : O.K.

Le Modérateur : Merci. Mme Plante.

Mme Plante (Caroline) : Je m'excuse, Maya, juste une précision, petite précision.

Le Modérateur : Ça s'en vient.

Mme Plante (Caroline) : Vous dites que vous voulez aller plus loin que la motion de la CAQ sur Bombardier? Pouvez-vous expliquer ce que vous voulez dire?

M. Lisée : Oui. Ce qu'on a demandé hier, Alain Therrien a demandé que... Il y a des cas où des actionnaires minoritaires... Parce que, là, ce qui se passe, c'est que des actionnaires vont demander à l'assemblée générale de Bombardier demain, à la direction, de renoncer à leur hausse, mais, à cause des actions multivotantes, la direction de Bombardier, la famille Beaudoin a la majorité, donc pourra rejeter ça. Alors, c'est dommage, mais il y a un recours légal lorsque les actionnaires minoritaires estiment que leurs droits sont lésés. Dans des cas comme ceux-là, on peut faire le recours légal. Nous demandons à la caisse de le faire et nous pensons que, si la caisse disait qu'elle allait le faire, ça augmenterait de la pression sur M. Beaudoin, et il pourrait décider, donc, le conseil d'administration, de ne pas attendre une décision légale et de revenir sur sa décision.

Le Modérateur : Merci. Mme Johnson, en anglais.

Mme Johnson (Maya) :Hello, Mr. Lisée. Why do you consider going through the courts the most effective way to deal with the salary increases for executives at Bombardier?

M. Lisée : Well, we are in a situation here where the only support for Bombardier's decision to vote themselves these ridiculous increases is the Québec Government. The caisse is against it, Teachers is against it, 93% of Quebeckers are against it. Now, there's going to be the assembly tomorrow, and whoever asks for the elimination of theses hikes can be put in a minority by the Beaudoin family. There is a legal recourse for minority shareholders in cases where the rights are not being respected, and so we urge the caisse to use this recourse, which is pretty current, and we think that just the fact that the caisse would say it wants to use this tool may convince the Beaudoin family to roll back theses hikes.

Mme Johnson (Maya) : On another topic, you seem to be hesitant about using the term «obstruction» when it comes to the Liberal Party and the protection, if you will, or the strategy to deal with certain documents. How would you characterize, then, that strategy?

M. Lisée : Well, you know, people have a right to protect the confidentiality between lawyers and clients, and so this is the right that they've been using in this case. We don't have enough information to know if they've used delays in an excessive fashion, so with the information we have today, we have to be prudent. Of course, I think there's a different standard for a political party from a normal citizen that has to be as open and transparent as possible. Is it the case here? We don't have enough information this morning.

Le Modérateur : Merci. M. Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : Good morning. Being devil's advocate on the Infrastructure Bank, some would say Toronto is the economic powerhouse of the country, that's where all the movers and shakers are, that's where all the money is. Can you see why they would choose Toronto?

M. Lisée : Put everything in Toronto, then, you know. If the criteria is that this is the place where the metropolis of Canada is, and where the bankers are, and where the financiers of the Liberal Party are, and that there are more votes in Toronto, then just take everything away from the rest of the country and put it there.

The fact is that we're paying 20% of the federal budget each year and, in terms of productive investment in Québec, we're in the red at the tune of $4 billion a year. That's what we lack. They're sending us equalization payment instead of investment, structural investment. In infrastructure, we are the leaders in Canada in terms of the number of engineering firms, in the capacity. This would have been an ideal decision to make, but clearly Québec is never on the top of the list when important investments are made by the federal Government.

M. Hicks (Ryan) : And when it comes to what the Government should do with respect to Bombardier and this salary remuneration situation — I just want to be clear — what would you like to see them do beyond potentially supporting this CAQ motion?

M. Lisée : The Government?

M. Hicks (Ryan) : Yes.

M. Lisée : Well, the Government… I mean, they've lost all credibility a few weeks ago when they defended the indefensible, and so they're trapped in that position. Now, the caisse has shown that Mr. Couillard was wrong in supporting these hikes, Teachers is saying the same, 93% of Quebeckers are saying the same, and now it's up to Bombardier itself to acknowledge that they made a very bad decision, to roll it back. And people at Swissair, Imperial Brands and other giants in the world, just in the last few weeks, have made decisions to roll back these kinds of hikes because, I mean, we're just not going to take it anymore.

Le Modérateur : Merci. Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. According to a recent report from the Munk School of Global Affairs, it says that in Canada we almost do nothing to prevent flood damage in urban areas. Have you seen that, being out on the ground the last couple of days and looking at flooding in Québec? Is there something that Québec should be doing in order to prevent future flooding?

M. Lisée : Well, it's clear that we're now in a phase where catastrophic meteorological events will happen more and more, and so we have to step up our game in terms of prevention. Each episode has to teach us something about the next. I mean, in this case, we know that we learned a lot from the Richelieu floodings. We have to learn more about these floodings now. We think that the coverage of prevention was pretty good, but there were cases where it was lacking. So, we have to up our game for the next time and the next time.

Mme Fletcher (Raquel) : And why do you say it will happen more and more? Because of climate change?

M. Lisée : Climate change, global warming, El Niño now, I think we're in for more of these catastrophic events and we have to make them part of our lives.

(Fin à 8 h 39)

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