(Onze heures onze minutes)
Mme Ouellet : Oui, donc,
bonjour. Aujourd'hui, je viens vous parler principalement d'un sujet mais probablement
d'un deuxième aussi, donc, le projet de dépotoir de déchets nucléaires de Chalk
River, qui est prévu être construit à moins d'un kilomètre, dans un marécage de
la rivière des Outaouais. Et on le sait, avec les inondations qu'on a vues d'ailleurs
depuis quelques semaines, la rivière des Outaouais qui est complètement sortie
de son lit, les risques immenses que ça comporte de contamination radioactive
de la rivière des Outaouais, la rivière des Outaouais qui est une source d'eau
potable pour la ville de Gatineau, mais plus que ça, la rivière des Outaouais
qui se jette dans le fleuve Saint-Laurent qui, lui, alimente l'ensemble des
citoyens, là, autour du fleuve Saint-Laurent. Donc, un projet qui est
complètement insensé, un projet qui a des risques immenses de contamination
radioactive de l'eau.
Donc, je déposerai, cet après-midi, une
motion afin que l'Assemblée nationale demande à la Commission canadienne de
sûreté nucléaire de ne pas faire ce site de déchets nucléaires là. Et d'ailleurs
j'ai appris, lors des crédits, que David Heurtel, le ministre de
l'Environnement du Québec, est déjà en préparation d'un plan d'urgence en cas
de catastrophe. Mais ce qu'on veut, ce n'est pas d'avoir un plan d'urgence en
cas de catastrophe, c'est qu'il n'y ait pas de catastrophe. Des sites
nucléaires de ce type-là ont été construits à travers le monde, mais dans des
déserts, pas à proximité d'une source d'eau potable. Donc, c'est un projet qui
est vraiment dangereux pour l'alimentation en eau potable des citoyens.
Et peut-être vous parler d'un deuxième
sujet, qui est celui du bois d'oeuvre. Donc, on sait que la surtaxe, qui est un
véritable coup de poing à l'industrie forestière du Québec, fait très mal. Il y
a déjà actuellement des entreprises qui prévoient des licenciements, des
baisses d'activité. Et là le gouvernement canadien était ce matin en Conseil
des ministres pour voir les mesures à mettre en place. Depuis déjà plusieurs
semaines, au Québec, on demande à ce que le gouvernement canadien fasse sa part
sur les garanties de prêt, et jusqu'à maintenant Justin Trudeau a refusé de
s'avancer.
Et donc j'espère, j'espère… Et le minimum…
Parce que, là, ils prévoient autour de 1 milliard, ce sera confirmé
probablement dans les prochaines heures. J'espère que le Québec aura sa part et
que ça ne sera pas seulement pour la Colombie-Britannique. Et j'espère qu'il y
aura la question des garanties de prêt qui sont demandées par les entreprises
forestières québécoises, par le gouvernement du Québec et l'ensemble du milieu
économique du Québec pour l'industrie forestière québécoise. On parle de
60 000 emplois à travers le Québec.
La Modératrice
:
Questions? Simon.
M. Boivin (Simon) :
Bonjour. Sur M. Lelièvre. À titre, vous, de…
Mme Ouellet : Est-ce
qu'il y a des questions sur Chalk River, dans un premier temps?
M. Boivin (Simon) : À
titre de chef de parti, est-ce que vous conserveriez, au sein de votre caucus,
quelqu'un qui, comme M. Lelièvre, semble avoir livré un témoignage plus ou
moins conforme aux faits dans un affidavit?
Mme Ouellet : Écoutez,
c'est troublant, ce qu'on a vu dans les médias ce matin. Moi, je pense que
Gaétan devra s'expliquer, devra s'expliquer avec son chef, devra… et ça
appartiendra, à ce moment-là, au Parti québécois.
M. Boivin (Simon) : Mais
dans la mesure où la situation se confirme, pensez-vous que M. Lisée peut
le garder dans ses rangs?
Mme Ouellet : Écoutez,
ça, c'est une décision qui appartient au Parti québécois. Et moi, je n'ai pas
eu l'occasion de discuter, là, avec Gaétan Lelièvre sur ce dossier-là. Je n'ai
pas l'ensemble des informations. J'ai pris connaissance, comme vous, du
reportage dans Le Journal de Montréal ce matin, et je pense que c'est
troublant, et je crois qu'il devra s'expliquer.
M. Laforest (Alain) :
Vous dites que c'est troublant. Est-ce que vous trouvez que M. Lelièvre a
été imprudent?
Mme Ouellet : Je pense
qu'effectivement comme élus on a un devoir d'être plus prudents, probablement,
que la moyenne, et il a été, au minimum, imprudent dans ce dossier-là.
La Modératrice
: M. Bovet.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour. À la lumière des informations que vous voyez, ce matin, publiées dans
le journal, les courriels, les petits cadeaux et la position que M. Lelièvre
occupait à la ville de Gaspé, est-ce qu'il a manqué d'éthique?
Mme Ouellet : Écoutez,
comme je vous dis, il devra s'expliquer. Moi, je n'ai pas eu de conversation
avec Gaétan Lelièvre, mais il devra s'expliquer et à son chef et...
M. Bovet (Sébastien) : À
sa face même, accepter des billets de hockey, accepter que quelqu'un nous aide
à vendre notre bateau, accepter un condo pour aller dormir à Québec, est-ce que
c'est, dans la position dans laquelle il était, éthique?
Mme Ouellet : C'est pour
ça que je vous dis : C'est troublant. Mais je n'ai pas eu l'occasion de
lui parler et je crois qu'il devra s'expliquer. Je pense que c'est la première
chose à faire. Il devra s'expliquer.
M. Bovet (Sébastien) :
Vous pensez qu'il y a une explication?
Mme Ouellet : Bien,
c'est à lui de le présenter, hein? Je ne peux pas vous dire, là. Je ne connais
pas sa situation. Donc, ça sera à lui de donner les explications concernant ce
dossier-là.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour. Je vais relancer la question de mon collègue Simon. Est-ce qu'en tant
que chef du Bloc vous garderiez un député qui serait confronté aux mêmes faits?
Mme Ouellet : Écoutez,
dans un premier temps, et c'est ce que je vous dis, je vous le répète, je pense
que ça a été imprudent. Je pense que c'est troublant, ce qu'on a lu ce matin.
Mais il devra s'expliquer, et moi, je n'ai pas accès à ces explications-là à ce
moment-ci. Donc, je crois que c'est les acteurs qui sont impliqués qui doivent,
à ce moment-là, discuter et prendre les décisions en conséquence.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, la barre éthique au Bloc est quand même plus haute, plus élevée. Il ne
serait pas question d'avoir un député qui aurait accepté des cadeaux, demandé
des cadeaux d'un entrepreneur.
Mme Ouellet : Écoutez,
je pense que... Là, vous me parlez de... Chaque situation, c'est tous des cas
particuliers. Donc, je pense qu'on ne peut pas traiter en général. Il faut
regarder, à chaque situation, qu'est-ce qui s'est passé. Et je ne généraliserai
pas un cas particulier. Je pense que c'est important pour les individus. Donc,
je pense qu'il devra donc s'expliquer.
Mme Lévesque (Catherine) :
Oui, bonjour. Sur un autre sujet, en fait, la convergence, je voulais savoir si
vous alliez être présente au congrès de Québec solidaire en fin de semaine.
Mme Ouellet : Bien, en
fait, à ma connaissance, je n'ai pas reçu d'invitation officielle. Donc, vous
êtes la première à me poser la question, là.
Mme Lévesque (Catherine) :
Est-ce que vous allez y aller?
Mme Ouellet : Donc, à ma
connaissance, là, je n'ai pas reçu d'invitation officielle. Ça pourrait être à
valider, mais, si j'avais une invitation officielle, c'est clair que je le
considérerais.
Mme Lévesque (Catherine) :
O.K. Puis qu'est-ce que vous pensez de la convergence entre le Parti québécois
et Québec solidaire? Est-ce que ce serait faisable? Est-ce que c'est souhaitable?
Mme Ouellet : Écoutez,
moi, je pense qu'il faut respecter l'autonomie des partis. Puis, quand on dit
le mot «convergence», là, ça veut dire quoi exactement, là? Donc, moi, je pense
qu'il peut y avoir une collaboration. Puis d'ailleurs le Bloc québécois
travaille en collaboration avec plusieurs partis politiques, que ce soit le
Parti québécois, Québec solidaire ou Option nationale, et avec l'ensemble du
mouvement souverainiste, indépendantiste. Mais je pense que, pour que ça puisse
se faire, il faut avoir des liens de confiance, il faut respecter l'autonomie
de chacun des partis. Et je pense que, ponctuellement, il y a plusieurs
dossiers sur lesquels nos intérêts convergent. Et, pour ces dossiers-là, c'est
tout à fait possible de travailler ensemble. Donc, moi, je pense, dans cette
optique-là, c'est possible d'avoir un travail de collaboration avec différents
partis politiques.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste une petite question de relance, donc. Vous dites : On peut
travailler sur des dossiers communs. Est-ce qu'une alliance électorale où on se
partagerait certaines circonscriptions est une avenue envisageable?
Mme Ouellet : Bien là,
moi, je suis au...
M. Bellerose (Patrick) :
Je suis d'accord avec vous. Mais la question sur la convergence ici?
Mme Ouellet : Je suis
députée à l'Assemblée nationale mais aussi du chef du Bloc québécois. Au Bloc
québécois... Il y a un seul parti indépendantiste au niveau fédéral. Donc, en
ce qui concerne les partis du Québec, vous me dites : Est-ce que ce serait
envisageable d'avoir des alliances électorales? Je pense... puis là ça dépend
des discussions entre les partis, ça dépend du lien de confiance qui s'est
fait. Je pense que, de façon ponctuelle, dans certains cas, peut-être que ça
pourrait être possible. Mais moi, je ne suis pas dans ces discussions-là
actuellement. Et je crois qu'il y a un travail, un meilleur travail de
rassemblement et de collaboration à faire pour 2018, pour 2019, mais qui peut
s'incarner de différentes façons.
M. Bellerose (Patrick) :
...favorable à l'idée de partager des circonscriptions, je comprends, de façon
plus large, ce n'est pas une avenue que vous...
Mme Ouellet : Bien, ce
n'est pas une question d'être favorable ou de ne pas être favorable, c'est de
penser est-ce que c'est réaliste ou pas. Donc, vous avez plusieurs partis qui
souhaitent prendre le pouvoir. Et c'est légitime pour chacun des partis de
vouloir prendre le pouvoir. Et donc ça appartient à chacun des partis, dans chacune
des circonscriptions. Puis moi, je peux vous le dire, pour être députée... Puis
regardez comment ça fonctionne dans un comté, même d'un comté à l'autre, c'est
différent. Les dynamiques, au niveau des membres, d'un comté à l'autre, ne sont
pas les mêmes. Donc, on ne peut pas, je crois, imposer ce genre de dynamique
là. Ça doit se faire dans la collaboration. Et des fois il y a des contextes
qui se prêtent à ça, mais pas nécessairement toujours. Et je pense qu'il pourra
peut-être y avoir des opportunités, mais ça, ça dépendra des partis, de la
confiance entre les partis et de la collaboration qui sera possible. Mais moi,
je suis convaincue que... au niveau des dossiers, ça se fait déjà, ça pourra se
poursuivre, et qu'on devra... puis qu'on devrait intensifier la collaboration
sur les dossiers où on se rejoint, où on a des intérêts qui sont communs.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, ça ne semble pas très réaliste de partager plusieurs circonscriptions?
Mme Ouellet : Bien,
peut-être que la situation évoluera et que ça deviendra possible.
Personnellement, et là c'est tout à fait personnellement, je ne vois pas ça
dans le portrait maintenant, avec les réponses des différents chefs de parti. Mais
moi, je crois que la porte est ouverte, et ça pourra se discuter
ponctuellement.
M. Bellerose (Patrick) :
Merci.
Mme Ouellet : Merci.
Oui?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, Mme Ouellet. Sauf erreur, le Bloc québécois fait toujours partie
de la table des OUI Québec, les Organisations unies pour l'indépendance.
Mme Ouellet : Tout à
fait.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce qu'il y a eu un changement de cap opéré depuis votre arrivée sur la...
disons, l'attitude du Bloc québécois à cette table-là ou c'est toujours les
mêmes objectifs qui sont poursuivis?
Mme Ouellet : Non, bien,
ça a été en continuité. Ça a été en continuité, donc les discussions se
poursuivent sur le projet d'entente commune.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Très bien. Est-ce que vous avez une réaction au départ de la chef de l'opposition
officielle à Ottawa, Rona Ambrose, chef du Parti conservateur, là, qui cède sa
place aujourd'hui?
Mme Ouellet : Écoutez, il
y aura Xavier Barsalou-Duval, qui est le chef parlementaire, qui aura
l'occasion, là, d'intervenir en Chambre aujourd'hui. Merci.
La Modératrice
: Merci.
(Fin à 11 h 22)