(Douze heures vingt minutes)
M. Lisée
: Bien, aujourd'hui,
c'est une journée un peu triste dans l'histoire du Québec parce que, pour la
première fois officiellement, le Parti libéral du Québec a renié un drapeau
fondateur de notre démocratie, le drapeau des patriotes, qui avait été pourtant
décrit positivement par M. Philippe Couillard en disant qu'il montrait
bien la volonté fondatrice des patriotes, et donc des premiers libéraux, pour,
disait-il, l'interculturalisme : vert, Irlandais; blanc, Français; rouge,
Anglais. Aujourd'hui, le premier ministre a dit : Non, il n'est pas question
que le Parti libéral accepte que ce drapeau soit hissé sur un mât de l'Assemblée
nationale. Il n'est pas question qu'on invite les municipalités, pour la fête
nationale des Patriotes de lundi, de le hisser sur leur mât, comme plusieurs municipalités
ont commencé à le faire ces dernières années, et alors qu'on est dans une
dynamique de redécouverte de notre histoire, et de ce qui est positif dans
notre histoire, et de ce qui est rassembleur dans notre histoire. Et les
patriotes sont rassembleurs parce que des patriotes sont venus des radicaux,
des réformistes, le Parti libéral du Québec lui-même. Et, lorsqu'on cherche
dans un débat politique, qui est, par sa nature, divisif, des points de
rassemblement, bien, il est important de les garder, de les chérir et de dire
qu'au-delà de nos divergences il y a des choses qui nous unissent : la
volonté des patriotes d'avoir la démocratie, d'avoir la défense de la nation québécoise.
Certains d'entre eux voulaient le faire avec le reste du Canada de l'époque,
certains d'entre eux non. Mais c'est ce qui nous unit.
Alors, aujourd'hui, je n'aurais jamais
pensé qu'un premier ministre libéral renonce à son patrimoine historique, alors
que l'Assemblée nationale, régulièrement, a sur ses mâts le drapeau de la
Catalogne, de la Bavière, de l'Acadie, des LGBT, et on applaudit ça. Et
certains de ces drapeaux sont controversés. Mais pourtant nous, on dit :
Bien, voilà, nous choisissons de prendre dans ces drapeaux ce qui nous
rassemble. Ni Jean Lesage, ni Jean Charest, ni Robert Bourassa n'ont jamais
dénoncé le drapeau des patriotes. Et aujourd'hui M. Couillard l'a fait.
Ça m'a rappelé qu'au sixième jour de son gouvernement,
toutes affaires cessantes, il a aboli le cours d'histoire obligatoire au cégep
qu'on voulait introduire. Ça m'a rappelé qu'au sixième jour de son gouvernement
il avait annulé la création de cinq chaires universitaires d'études sur
l'histoire et la société québécoise. Ça m'a rappelé que son gouvernement a
retardé l'application des cours d'histoire en secondaire III et secondaire IV.
Ça m'a rappelé que son gouvernement a sabré dans les budgets de la fête
nationale du Québec, ce qui rend plus difficile aux organisations et bénévoles
qui le font, sur le Québec, de l'organiser. Ça m'a rappelé l'absence
caractérisée de représentants du gouvernement aux célébrations de la fête des
Patriotes et à la fête nationale du Québec.
Alors, il y a un moment où le premier
ministre doit faire un choix. Est-ce qu'il assume l'histoire du Québec, ses
symboles, ses valeurs ou est-ce qu'il en a honte? Et aujourd'hui j'ai vu un
premier ministre, un chef du Parti libéral qui avait honte de l'histoire du
Québec et d'un drapeau qui devrait être rassembleur. Et, pour qu'un drapeau
soit rassembleur, bien, il faut que les gens acceptent de se rassembler autour
de lui. Alors, c'est une journée sombre. Et, lorsque je dis à mes amis libéraux
que leur grand parti est aujourd'hui dirigé par un groupe qui a rompu avec les
valeurs libérales, je pense qu'aujourd'hui on en a eu une expression au-delà de
ce qu'on aurait pu s'imaginer. Ce groupe, qui dirige le Parti libéral aujourd'hui,
est en rupture avec l'histoire du Parti libéral, avec le nationalisme du Parti
libéral, et aujourd'hui a décidé de mettre à la poubelle un des symboles
fondateurs de notre nation.
Mme
Hivon
:
Sur... oui, je voulais simplement aborder la question du projet de loi sur
l'adoption, simplement vous dire : nous nous réjouissons qu'à la suite de
nos interventions des derniers jours et, bien sûr, des interventions très, très
percutantes et touchantes des personnes adoptées le gouvernement ait changé son
fusil d'épaule ce matin et ait montré de l'ouverture pour que le projet de loi
sur l'adoption soit priorisé. C'est un projet de loi qui touche des personnes
humaines, qui vise à faire reculer de la détresse, donc, de ces personnes-là
qui sont à la quête de leur identité biologique. Donc, nous sommes très heureux
d'avoir, donc, contribué à faire en sorte que la voix de ces centaines, de ces
milliers de personnes adoptées ait été entendue et on comprend donc qu'il y a
désormais de l'ouverture pour que le projet de loi soit priorisé, ce qui est
une excellente nouvelle et qui vient redonner de l'espoir à toutes ces
personnes adoptées.
Et finalement on se réjouit aussi d'un
changement de cap de la CAQ qui est digne de mention. Alors que la CAQ n'avait
pas emboîté le pas jusqu'à ce jour pour la demande de la clause dérogatoire
pour laquelle nous nous battons depuis des mois pour que justice puisse être
rendue en matière, là, de dossier criminel, on a vu ce matin que, contrairement
à ce qu'ils avaient plaidé il y a quelques semaines où ils demandaient
l'utilisation de la clause dérogatoire mais par le fédéral, aujourd'hui, le
député de Borduas, la CAQ, a donc emboîté le pas à notre demande que nous
formulons depuis un très bon moment maintenant et a demandé que la clause soit
utilisée au Québec, ce qui est une excellente nouvelle.
M. Laforest (Alain) :
J'aurais deux questions. D'abord sur le drapeau. Le drapeau des patriotes, ce
qu'a dit M. Couillard, vous ne pouvez pas le nier, c'est un drapeau qui a
été récupéré par le FLQ. C'est un peu pour ça qu'il veut prendre ses distances.
Pour vous, ce n'est pas assez?
M. Lisée
:
Écoutez, le drapeau du Québec a été utilisé par tous les groupes de pression au
Québec, a été utilisé par des gens qui étaient moins respectueux de la
démocratie que nous le sommes tous ici. Ce n'est pas une raison pour ne plus
l'utiliser. Je veux dire, si à chaque fois qu'un drapeau national est utilisé
par un groupe extrémiste on doit le jeter aux poubelles, bien, je vous dis qu'il
n'y aurait pas beaucoup de drapeaux sur la planète qui resteraient sur des
mâts.
Alors, la responsabilité politique de dire
qu'un symbole est rassembleur, elle revient au premier ministre, aux chefs
politiques. Et d'ailleurs je lui ai dit : Écoutez, moi, je suis le chef du
mouvement indépendantiste. Je vous le dis, là, c'est votre héritage. Vous
l'avez d'ailleurs réclamé, vous l'avez assumé dans un texte de... récemment,
là, quand il est revenu en politique. Il a lui-même décrit le drapeau comme
étant fondateur des valeurs libérales. C'était bien après la crise d'octobre.
Donc, après la crise d'octobre, il
considérait que c'était son drapeau, aujourd'hui, il considère que ça ne l'est
plus. Alors, soit il a assez d'autorité pour affirmer, comme chef du Parti
libéral, que c'est aussi son drapeau, soit il a honte du passé du Parti libéral.
Maintenant, je lui ai dit aussi que Claude
Ryan avait décidé que le drapeau du Québec, qui était alors largement utilisé
par le Parti québécois, allait être aussi son drapeau et que le bleu, qui
n'était pas sur le symbole du Parti libéral, allait l'être. Alors, c'est une
décision politique de rassembler autour d'une couleur et d'un drapeau. Un
prédécesseur de M. Couillard l'a fait. Pourquoi lui n'a-t-il pas la
capacité ou le cran de le faire?
M. Laforest (Alain) : Ma
deuxième question...
Une voix
: ...
M. Laforest (Alain) : Ma
deuxième question : Est-ce que vous convergez dans vos idées concernant
Pascal Bérubé sur la convergence avec QS ce matin?
M. Lisée
: Si je
converge avec... Je converge généralement avec Pascal Bérubé.
M. Laforest (Alain) : M. Bérubé
nous a dit que c'était impossible d'avoir un gouvernement majoritaire sans
suivre Québec solidaire.
M. Lisée
: Ah!
O.K. Bien, vous m'avez entendu très, très souvent sur cette question. Je pense
que le Parti québécois est très bien positionné pour obtenir une majorité lors
de l'élection d'octobre 2018. Les raisons sont nombreuses. La première raison,
c'est que, face à nous, il y a deux gouvernements fédéralistes de droite qui
vont proposer des baisses d'impôt, et ça, ça signifie de l'austérité. Et on
pense qu'une majorité de Québécois ne veulent pas ça. Ils veulent de bons
services pour leurs aînés, pour leurs enfants, dans la santé. Et ça, c'est le
contraire des baisses d'impôt. Et nous, on est certains que, dans cette
discussion-là, on va gagner et on va gagner majoritaire.
Maintenant, moi, je suis un rassembleur,
et nous sommes des rassembleurs et nous pensons que c'est encore mieux, pour
gagner encore plus fort, que les progressistes et les indépendantistes
additionnent leurs voix et fassent en sorte que leur vision du Québec, un
Québec plus proche des gens, un Québec qui n'a pas une calculatrice à la place
du coeur, soit au pouvoir avec une majorité encore plus forte. C'est pourquoi
nous proposons la convergence.
M. Boivin (Mathieu) :
Mais vous n'avez pas besoin de Québec solidaire pour être majoritaire. C'est ce
qu'on comprend?
M. Lisée
: C'est
ce que vous comprenez. Moi, je pense que le Parti québécois est très bien
positionné pour être majoritaire. On a la meilleure équipe de gouvernement en
attente. On le voit tous les jours à l'Assemblée nationale. On a les bonnes
réponses aux questions qu'on pose. On a le parti le plus fort au Québec,
90 000 membres, plusieurs milliers de membres récemment qui se sont joints
à nous. C'est plus que tous les autres partis réunis.
M. Boivin (Mathieu) :
Alors, pourquoi vous embarrasser de gens qui sont bien plus à gauche que
certains dans votre propre caucus?
M. Lisée
: Parce
qu'on est des rassembleurs. On veut rassembler à la fois les indépendantistes
et les progressistes. On a une offre très attirante pour des gens qui, en ce
moment, sont à la CAQ. C'est-à-dire que nous, on est le parti des familles, on
va continuer à être le parti des familles. On a une initiative qui s'appelle
Priorité PME. On veut être le parti de l'entrepreneurship, ça va être un thème important,
et on pense qu'on peut rassembler tous ceux qui en ont assez de l'austérité,
qui en ont assez de ça.
Des voix
: ...
M. Lisée
: Je vais
synthétiser l'ensemble des questions en une seule, O.K., en disant que, oui, je
pense que Pascal a affiché un optimisme moins grand que le mien. Et moi, je
suis plus optimiste que Pascal. Mais on en a discuté tout à l'heure ensemble,
puis il a dit : Oui, effectivement, je pense que je suis allé un peu fort
là-dessus, et nous avons la capacité de gagner une majorité.
M. Chouinard (Tommy) :
En disant qu'il serait difficile pour le Parti québécois d'avoir une majorité
de sièges sans une alliance avec QS, est-ce que M. Bérubé surestime
l'influence réelle que peut avoir QS sur les performances électorales du Parti
québécois?
Mme
Hivon
:
Je veux juste dire une chose, hein, c'est qu'on regarde tout ça par le prisme
de calcul, mais la convergence, là, ce n'est pas d'abord une question de
calcul, c'est une question de se dire que le tout peut être plus grand que la
somme des parties. C'est une manière d'envoyer un message d'espoir à tous les
indépendantistes et progressistes, de dire qu'on est capables de sortir des
chemins tracés d'avance et de travailler ensemble pour maximiser les chances
d'apporter au Québec des réponses progressistes et indépendantistes. Je pense
que c'est important de le voir comme ça. C'est sûr qu'on y croit. Moi, j'y
crois, là, je suis responsable de la convergence. J'y crois profondément, à
l'espoir que ça peut redonner de se dire oui, d'essayer de travailler ensemble.
Donc, ça, c'est vraiment important.
Oui, après, on peut se dire comment on
pourrait aborder la question des pactes électoraux, comment on peut maximiser
ces chances-là, mais, vous savez, en politique, on est là pour toujours
additionner, on est là pour toujours rassembler plus. Oui, on est dans un parti
auquel on croit, on pense, c'est certain, qu'on peut gagner les élections, mais
on serait fous de ne pas envoyer un signal qu'on veut maximiser ces chances-là
et surtout envoyer ce signal aux Québécois qui ne croient pas qu'il faut des
réponses fédéralistes de droite mais qui croient qu'il faut des réponses
progressistes et indépendantistes. C'est ça, le sens de la démarche.
M. Boivin (Simon) :
Néanmoins, M. Lisée, là, de quelle école de pensée êtes-vous en matière de
convergence? Est-ce que c'est celle qui veut qu'on s'entende sur une trentaine
de comtés libéraux ou celle qui veut qu'on ait un pacte de non-agression avec Québec
solidaire et le Parti québécois dans tous les comtés au Québec?
M. Lisée
: On va
mener cette négociation-là si et lorsque les militants de Québec solidaire
acceptent d'ouvrir des négociations.
M. Boivin (Simon) :
Avez-vous une préférence à ce stade-ci?
M. Lisée
: Je vais
laisser les négociateurs regarder les options, mais l'objectif, ce qui doit nous
guider dans cette négociation, c'est comment on peut, dans le principe et dans
le détail, maximiser les chances de sortir du blocage libéral, maximiser les
chances d'avoir une force politique qui permet de réinvestir dans la santé,
dans l'éducation, dans la justice, d'établir la force du Québec, de sortir du
pétrole, de dire non à Énergie Est, qui est appuyé par les deux autres
partis. C'est ça qui doit nous guider dans cette négociation-là qu'on espère
faire.
M. Laforest (Alain) : Sans
QS, ce n'est pas possible?
M. Lisée
: Oui, c'est
possible, bien sûr, mais ce que je vous dis, c'est que nous, on pense qu'on
peut être majoritaires, mais on peut augmenter la force et provoquer un
déblocage politique aussi. Il y a du scepticisme sur la capacité d'avoir une
convergence. Il y a du scepticisme. Je l'ai vécu lorsque j'étais négociateur
pour M. Parizeau, lorsqu'on négociait avec M. Dumont, beaucoup de
scepticisme. Et, lorsque l'entente a eu lieu, il y a eu une embellie. Les gens
ont dit : Ah! ils ont réussi à se rassembler. Ça, c'est du monde qui met
l'intérêt de la nation au-delà de leur intérêt partisan. Hein, ils ont franchi
des obstacles parce qu'ils avaient quelque chose de plus important que leur
propre parti : le bien commun. Alors, moi, j'espère aussi que, si on a
cette convergence, il y aura ce déclic, dire : Bien, il se passe quelque
chose.
M. Bellerose (Patrick) :
Qu'est-ce que vous dites au monde de Québec solidaire, aux délégués qui vont
voter en fin de semaine, qui se rappellent de vos propos? Vous aviez dit :
On pourrait aller chercher des votes à la CAQ, des électeurs qui sont beaucoup
plus à droite. C'est du monde qui, ultimement, se disent : Est-ce que le
PQ est réellement à gauche? Est-ce qu'ils vont aller vers la gauche pour faire la
convergence avec nous?
M. Lisée
: Une
coalition, c'est justement le fait que des gens qui n'ont pas exactement la
même position sur tous les sujets se mettent ensemble pour un objectif qui est
plus grand qu'eux. Au référendum de 1980, Mario Dumont n'est pas devenu
social-démocrate, et Jacques Parizeau n'est pas devenu en faveur de la
privatisation de la santé, mais ils avaient des objectifs communs plus
importants que ces divergences et ils ont respecté leurs divergences.
Alors, c'est de ça dont on parle. Si on
veut rassembler, il faut rassembler au-delà de QS et des électeurs actuels du
PQ. Il faut aller chercher d'autres électeurs qui ont des préoccupations qui
sont parfaitement légitimes et que nous incarnons. Le Parti québécois, sur la
famille, sur les PME, sur l'entrepreneuriat, nous avons toujours incarné cela,
on va continuer à le faire. Ce n'est pas le langage habituel de QS, mais je ne
les vois pas s'opposer au fait que les PME du Québec, les jeunes entrepreneurs,
puissent avoir des conditions encore plus favorables pour créer de la richesse
et des emplois dans toutes les régions du Québec.
M. Vigneault (Nicolas) :
M. Lisée, sur drapeau, admettez-vous que le drapeau n'a pas été placé non
plus au mât de l'Assemblée nationale au moment où Pauline Marois était au
pouvoir?
M. Lisée
:
Effectivement, c'est un...
M. Vigneault (Nicolas) :
Pourquoi vous demandez ça maintenant aujourd'hui?
M. Lisée
: C'est
un mouvement qui vient de la base. Depuis quelques années, des associations
demandent aux municipalités de le mettre. Et on a trouvé que c'était une bonne
idée. On a dit : Vous avez raison. Comment souligner cette journée-là?
Mettre le drapeau des patriotes dans les municipalités. Et puis là, si des
municipalités le font déjà, bien, d'autant plus l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale a accepté qu'il y avait une fête nationale des Patriotes.
Alors, si on ne met pas le drapeau des patriotes, qu'est-ce qu'on peut mettre?
M. Boivin (Simon) : En
même temps, M. Lisée, en quoi l'attitude de M. Couillard à l'endroit
du drapeau des patriotes est très différente de celle du gouvernement Marois à
l'endroit de l'unifolié, qui avait été retiré de la salle du Conseil exécutif,
du salon rouge, sous le gouvernement de Mme Marois, justement? En quoi
c'est des attitudes différentes, ça, de ne pas vouloir s'associer à des
drapeaux qui font partie de l'histoire du Québec aussi?
M. Lisée
: Bien,
on ne prétend pas que des groupes extrémistes ont instrumentalisé le drapeau du
Canada. Nous, on considère qu'on est dans l'Assemblée nationale du Québec et
que, donc, la souveraineté représentée ici, dans cette Assemblée, c'est la
souveraineté du Québec. Mais, si le premier ministre du Canada vient faire une
visite à l'Assemblée nationale, on mettra son drapeau sur un des mats, bien
sûr. Ça, ce n'est pas une difficulté. Mais est-ce que c'est l'Assemblée
nationale du Québec? Oui. Ce n'est pas l'Assemblée nationale du Canada. C'est
pourquoi le drapeau du Québec, c'est celui qui devrait être là. S'il y a une
visite canadienne, bien, très bien.
M. Laforest (Alain) :
Québec fait partie du Canada, là, jusqu'à preuve du contraire, non?
M. Lisée
: C'est
vrai et c'est l'argument que les libéraux utilisent. Nous, on pense que c'est
le siège de la souveraineté du Québec, et donc c'est le drapeau qui devrait
être là. C'est un désaccord entre gens raisonnables, et je comprends leur
argument, ils comprennent le mien. Mais je ne renie pas le drapeau du Canada,
je ne dis pas qu'en aucun cas il ne doit être mis sur l'Assemblée nationale si
on a une visite. Eux, ils disent qu'en aucun cas le drapeau des patriotes ne
doit être mis sur l'Assemblée nationale, même le jour des patriotes.
M. Boivin (Mathieu) :
M. Lisée, quand vous avez demandé à M. Couillard pourquoi il ne le
faisait pas, M. Couillard a dit : Bien, moi, les gens me disent :
Ne fais pas ça. J'ai posé la question à M. Couillard : Qu'est-ce
qu'on vous dit exactement pour ne pas mettre le drapeau du patriotes?
M. Couillard a dit, je le cite : Ils trouvent ça totalement
inintéressant. Est-ce que ça se peut, ça, que les gens trouvent ça totalement
inintéressant?
M. Lisée
: Bien,
si les gens trouvaient ça inintéressant, il n'aurait pas de difficulté à le
mettre, hein? C'est clair. Et pourquoi ils ne trouvent pas inintéressant de
mettre le drapeau du Canada? De mettre le drapeau de la Catalogne, le drapeau
bavarois, le drapeau LGBT? Ça, ils trouvent ça intéressant. Mais le drapeau des
patriotes, ils trouvent ça inintéressant. Moi, je pense simplement qu'un
premier ministre, qui doit être rassembleur, doit assumer l'histoire du Québec
et aller au-delà de quelques personnes qui n'aiment pas le drapeau pour dire :
Écoutez, on le prend, c'est notre drapeau. C'est un drapeau fondateur du Parti
libéral du Québec. Alors, malgré les quelques critiques, on l'assume.
Le Modérateur
: Des questions
en anglais?
M. Chouinard (Tommy) :
Une dernière question. Combien de fois le drapeau des patriotes a été hissé
devant l'Assemblée nationale?
M. Lisée
: Je
pense que, pour l'instant, c'est zéro.
M. Chouinard (Tommy) :
Le gouvernement Marois ne l'a pas fait?
M. Lisée
: Bien,
c'est ça. On le disait, cette idée d'utiliser le drapeau depuis l'instauration
de la fête nationale des Patriotes, c'est quelque chose qui... ça fait deux ou
trois ans que ça a commencé dans les municipalités de la couronne de Montréal,
et là on le porte ici.
Le Modérateur
: En
anglais?
M. Lisée
: Sure.
Mme Fletcher
(Raquel) : M. Lisée, what do you think
about the fact that the Government won't be passing the pitbull ban or the
clown pants bill, that they have decide their
priorities are adoption,
justice and Bill 98?
M. Lisée
: Well, you know, this has been an almost do nothing National Assembly led by the Liberals in the
last year. I mean, the number of legislations tabled, discussed, adopted is almost at an all time low. So,
they've been ineffective or lazy, I don't know what, lacking political will,
but, normally, an National Assembly is much more productive than it is now. Under the Marois government, it was much more productive than
it is now. And the Liberals have to explain why they don't feel that these legislations are important and that they don't have the National
Assembly working to pass them.
Mme
Hivon
: And, as we stated yesterday, for us, it is a real priority, the adoption bill, because it really concerns
human lives and people who are adopted in Québec, who've been waiting for years for this legislation. And you've seen yesterday, you've seen in the last few days that
the government was trying to
use that bill as a money of exchange, and that didn't pass well at all with the
adopted people. And I think that, today, they realize that, and this why they
are accepting our will to have this bill prioritized.
Mme Fletcher (Raquel) : On the justice bill, you said you were happy that the CAQ has
changed their mind and is now demanding to use the notwithstanding clause. Why
is that important for you? The Minister has said several times she's not
interested in using the notwithstanding. So do you think the support of the CAQ
will push her to change her mind on that as well?
Mme
Hivon
: Well, of course, we want the most people possible to agree with
that idea. You know that, among the people, the citizens of Québec, people are
really behind that idea and, you know, they've been, you know, sending us
messages, phone calls in my office, with Jean-François also. You know, they're
really behind this idea because they feel that we are just letting down the
victims in Québec. And Québec solidaire had already said that they
were backing our request to have the notwithstanding clause used. And this is
something that the CAQ had not been willing to approve so far. So, yes, it's a
very big change, and we're happy that they are joining us in this request.
Mme Fletcher (Raquel) : And who pushed to have comity work throughout the summer on Bill
62? Was that something that you…
Mme
Hivon
: It's the Minister of Justice, it's Mrs.
Vallée. When we were at the credits, I asked her if the bill on adoption would
be prioritized…
Mme Fletcher (Raquel) : …Bill 62.
Mme
Hivon
:
Yes, but she said that it wouldn't be prioritized because she wanted 62 to be
discussed and brought back in comity before adoption. So, this is why, you
know, you saw, in the last days, this outrage by the adopted
people, because we've already, you know, went through many phases, you know. The
consultations, the hearings were done before Christmas. And this is why we're
discussing 62 again, because they said it had to come before the adoption bill,
up until this morning.
M. Lisée
: All right.
M. Authier (Philip)
: Can I get one?
M. Lisée
: Ah! Not sure.
Des voix
: …
M. Lisée
: Ah! with what you printed this week, I'm not sure. Mr. Gazette.
M. Authier (Philip)
: I don't pull…
M. Lisée
: Mr. Gazette, I love your fantastic newspaper.
Des voix
: …
M. Lisée
: Oh! it's great. It's great. I never talked to Mr. Gazette himself.
Une voix
: I've never met…
M. Authier (Philip)
: Before my colleagues were... Le chef rappelle Bérubé à l'ordre
about what he said he said about QS. Could you explain… I mean, your quote is
clever: Pascal showed less optimism than me. So, you are stating today that you
think you can still form a majority government in 2018
without QS, right?
M. Lisée
:
Of course.
M. Authier (Philip)
:
And why is that? He's arguing : At 8:00 o clock, they have 40 seats, at
8 h 20, they have 50, it's all over.
M. Lisée
:
We need 62. No, I think you're a seasoned reporter and you saw in the last
electoral cycles in Canada, in the US, in France, elsewhere, how voters are now
completely liberated and fluid and make decisions within the confines of the
debate and during the electoral season. We're now up to 15 % of the
electorate that make their decision in the last 48 hours. So anyone who says
now that they can predict the outcome should not have a pay day, simply. I
mean, we can speculate but it's pure speculation.
The way I see the
election, it's going to be a conflict between two right wing parties, the CAQ
and the Liberals, who will say : We're going to cut taxes and deprive the
State from considerable funds. And the Parti québécois will say : It's
enough with austerity. It's enough with taking money away from our kids, and
our elderly, and from the health system. We want to reinvest in good public
services and we will win this debate. If we have QS with us, it's going to be
even better. But even without them, I'm confident we're going to win, as I was
confident, on the first day of my leadership campaign, that what I was saying
then, which was not a majority opinion within the PQ, was the right thing to
say and would prevail. And it did. Merci.
(Fin à 12 h 45)