(Dix heures dix minutes)
M. Lisée
: Bonjour. Ce
matin, bien sûr, on va vous parler des événements assez graves qui se sont
déroulés dans le mouvement indépendantiste, ces dernières semaines, et les informations
qu'on a eues ces dernières semaines. Mais d'abord, j'aimerais vous dire deux
mots sur deux sujets d'actualité importants.
La grève dans la construction, d'abord.
Bon. Je pourrais revenir sur la mauvaise gestion de ce processus de négociation
par la ministre du Travail, qui a été très absente dans les semaines critiques
jusqu'au moment du déclenchement de la grève, et sur l'absence du premier
ministre, qui est la personne en autorité, de recours pour la dernière phase de
négociation souvent, pour éviter, au Québec, d'avoir à subir une perte
économique de 45 millions par année. La ministre a été absente et inactive
trop longtemps. Le premier ministre est absent et inactif encore aujourd'hui,
alors que la grève se poursuit et que les chantiers sont fermés pour la fin de
semaine.
Alors, que faut-il faire maintenant?
Alors, d'abord, la partie syndicale est en attente de convocation des tables
sectorielles. C'est en soi scandaleux que la ministre n'ait pas convoqué les
tables sectorielles. Qu'attend-elle? Chaque jour qui passe sans que la ministre
convoque les tables sectorielles, c'est 45 millions de dollars qu'on perd,
premièrement. Deuxièmement, le premier ministre est-il présent dans la négociation
d'une façon ou d'une autre? Est-ce qu'il parle aux dirigeants des deux groupes
en présence? Troisièmement, la menace d'une loi spéciale a été introduite beaucoup
trop tôt, et les parties s'attendent à ce que la loi spéciale leur soit
favorable, et donc le gouvernement a enlevé un incitatif à la résolution du
dossier.
Alors, nous, ce qu'on dit, c'est que la
convocation doit se faire immédiatement. Le premier ministre doit s'engager personnellement,
son autorité, dans la négociation. Nous faisons un appel aux négociateurs
patronaux et syndicaux. Nous savons qu'ils ont des intérêts légitimes. Le droit
de grève existe et doit être protégé. Cependant, ce sont des Québécois, et, en
tant que Québécois, ils doivent aussi penser à l'intérêt collectif et que les
différends qu'il reste entre eux ne sont pas suffisants pour justifier une grève
longue.
Lundi, ayant mal géré ce dossier, le gouvernement
va proposer une loi spéciale s'il n'y a pas d'entente. Nous espérons qu'il y ait
une entente avant, nous appelons à une entente avant. Et, si le gouvernement
propose une loi spéciale, nous allons l'étudier, nous allons voir si elle
permet la poursuite de la négociation, ce que nous avions fait en 2013. Nous
avions réglé les deux tiers des syndicats... des ententes, les deux tiers,
avant d'avoir une loi spéciale qui poursuivait la négociation pendant un an et
ce qui a été couronné de succès. Ça, c'est ce qu'on a fait à l'époque, lorsqu'on
était au gouvernement puis qu'on gérait bien ce genre de dossiers. Alors, avant
de se prononcer sur une loi spéciale, qui est la dernière chose à faire, on va
voir son libellé et on se déterminera en conséquence.
Deuxièmement, parlant de mauvaise gestion,
on a appris hier que le gouvernement, en vase clos, a décidé que la
distribution de la marijuana se ferait par le privé. Qui leur a donné ce
mandat? À partir de quelle consultation ont-ils déterminé qu'il y avait un
consensus sur cette question? Aucun. Nous avons appelé à une commission
parlementaire itinérante pour que chaque opinion soit mise sur la table,
évaluée à son mérite. Est-ce que ça doit être le public, que ça doit être le
privé, que ça doit être mixte? Que chacun fasse sa proposition et qu'on en
arrive à une décision éclairée.
Là, on a une décision qui n'est pas
éclairée, qui est faite dans l'obscurité. Et il y a des avantages et des
inconvénients à légaliser le cannabis. Un avantage, c'est qu'on peut utiliser
le profit réalisé par la vente du cannabis pour financer des programmes de
lutte contre la toxicomanie. Et là le gouvernement est en train de nous dire :
Non, nous, on ne veut pas cet argent-là. S'il y a des profits à faire, ça va
être le privé qui va les faire. Et je ne pense pas que le privé va investir
dans des programmes contre la toxicomanie, ce n'est pas dans leur nature.
Alors, deux dossiers d'actualité mal gérés
par le gouvernement du Québec. On leur demande là-dessus de surseoir à cette
décision et de tenir une commission parlementaire itinérante là-dessus. Le
premier ministre avait même évoqué, puisque la pression était très forte, parce
que les gens sont d'accord avec notre proposition, un forum de discussion à
l'automne, alors que les décisions sont déjà prises. Alors, ce n'est pas un
forum de discussion, ça va être un forum de propagande. Alors, non, qu'il
suspende la décision et qu'il fasse une vraie consultation. Merci. Véronique.
Mme
Hivon
:
Oui. Bonjour. Alors, moi, je veux vous dire aujourd'hui qu'à titre de
négociatrice du Parti québécois à la table, donc, de négociation entre tous les
partis indépendantistes et avec, bien sûr, les OUI Québec, je me suis
d'abord sentie prise en otage face au refus catégorique de Québec solidaire de
rendre l'entente publique, une entente historique, avant leur congrès de la fin
de semaine dernière. Mais maintenant, depuis deux jours, je me sens
profondément trahie, trahie parce qu'ils ont maintenant renié leur signature,
renié la signature de leurs deux négociateurs, les désavouant du même coup et
surtout torpillant une entente sans précédent pour le mouvement indépendantiste
au Québec.
Mais moi, comment je me sens, c'est bien
peu de choses en comparaison avec comment se sentent tous les Québécois qui
croient en l'indépendance du Québec, tous les Québécois aussi qui auraient le
goût d'être convaincus, qui auraient le goût de voir la pertinence,
l'importance de ce projet-là et, plus globalement, à tous les citoyens et les
citoyennes qui croient dans la parole donnée, qui croient en l'importance de
négociation de bonne foi, surtout sur des enjeux aussi fondamentaux que ceux
dont on parle aujourd'hui. Renier sa signature, c'est un geste grave, mais
renier sa signature pour une entente aussi importante pour le mouvement
indépendantiste, pour une cause qui touche, d'une manière ou d'une autre,
chaque citoyen québécois, c'est très grave.
Alors, aujourd'hui, on peut dire que
Québec solidaire a raté un rendez-vous avec l'histoire du mouvement
indépendantiste. Et moi, à titre de négociatrice, je demande formellement à Québec
solidaire, à la direction de Québec solidaire, de dire toute la vérité,
d'expliquer exactement ce qui s'est passé et d'arrêter les contradictions et
les demi-réponses. Je demande formellement qu'ils nous disent et qu'ils
expliquent à tous les Québécois ce qui s'est réellement passé. Je pense que
nous le méritons après avoir investi autant de temps, d'énergie, de bonne foi
dans ces travaux. Je pense que tous les partis indépendantistes le méritent,
les OUI Québec le méritent. Je pense que tous les Québécois le méritent aussi.
Alors, je leur demande formellement.
M. Lisée
: Je vais
ajouter un petit truc. Véronique et moi, le caucus du Parti québécois,
l'exécutif du Parti québécois, les présidents régionaux du Parti québécois,
nous sommes passés de la satisfaction à la stupéfaction pendant cet épisode.
Lorsque nos négociateurs, Véronique, Alain Lupien, avec l'aide aussi de
Gabrielle Lemieux et de Philippe Dufort, nous annonçaient qu'il y avait des
progrès réels, qu'il y avait une entente, une première entente, qu'on a ramenée
chacun dans nos instances, le Parti québécois, le Bloc québécois, Option
nationale, Québec solidaire, l'instance de Québec solidaire, le comité de
coordination, ils sont revenus avec... le Bloc québécois voulait une petite
modification, Québec solidaire voulait deux petites modifications. On en a
discuté, on était d'accord avec ces modifications. Ça veut dire que le comité
de coordination de QS avait dit : Avec deux petites modifications, ça va.
On a dit oui parce qu'on les trouvait tout à fait légitimes et correctes. Il y
avait, autour de la table de négociation, une grande satisfaction, et ils ont
signé, pensant chacun qu'ils avaient des vrais mandats. Et nous, on avait un
vrai mandat.
Et là quand on a vu ensuite... évidemment,
nous, on se disait : Mais c'est extraordinaire. Les gens ne pensent pas
qu'on peut s'entendre. Les gens pensent que c'est la chicane permanente dans le
mouvement indépendantiste, et voilà qu'on fait la démonstration de la possibilité
de compromis réciproques — il y a des choses là-dedans qui ne sont
pas dans notre programme, on a fait un vrai compromis, QS a fait un vrai compromis,
Option nationale aussi — qu'on pouvait pour le bien commun, pour
l'indépendance, s'entendre sous l'extraordinaire médiation de Claudette
Carbonneau qui a rendu ça possible, extraordinaire médiation.
Et donc, de voir ensuite qu'un des acteurs
prenait sur lui de refuser de rendre public et ensuite de menacer de désavouer
si on rendait public, là, on est tombés dans la stupéfaction. Et ça nous a
révélé quelque chose sur qui mène à QS. Ce n'est pas les porte-parole, ce n'est
pas les négociateurs, c'est ce genre de politburo du comité de coordination où
il y a des gens là qui sont les vrais patrons de QS, et qui désavouent leurs
négociateurs, et qui disent aux porte-parole de dire des choses qui ne sont pas
vraies.
Cette semaine, Gabriel Nadeau-Dubois, Manon
Massé sont allés devant vos caméras et ont dit des choses qui ne sont pas
vraies. Et on se rend compte que, bien, ce n'est pas des chefs, ce n'est pas
des leaders, ce sont des employés du politburo de QS et ils n'ont pas la
permission de dire des choses vraies.
Et là on se rend compte que le problème
avec QS, là, c'est... parfois, on parle de l'establishment des vieux partis,
là, bien, il est là, le problème. Et ça, on a vu ça dans cette discussion-là et
on s'est dit... et vous connaissez la volonté de Véronique d'arriver à des
consensus et à des ententes. On s'est demandé : Mais est-ce que ce
sont des interlocuteurs valables? Ça veut dire que pendant qu'on parlait à Andrés
Fontecilla, et à Manon Massé, et à Amir Khadir, et qu'ils semblaient ouverts,
volontaires...
Mme
Hivon
: Et
qui ont signé.
M. Lisée
: ...qui ont
signé, on ne parlait pas à des gens qui étaient vraiment investis d'un pouvoir.
Et quand on les entend maintenant à la télévision, ce sont des porte-parole, ce
ne sont pas des leaders. Ce n'est pas à eux qu'il faudrait parler. Vous devriez
poser les questions aux vrais patrons de QS, les membres du politburo qu'on ne
voit jamais nulle part.
Nous, on est des leaders. On a des
instances, on leur parle. On va au micro. On n'a pas besoin de demander la
permission pour dire la vérité. On n'a pas besoin de demander la permission
pour dénoncer la violence quelle qu'elle soit, où qu'elle soit. On va le faire.
Et lorsqu'on a des convictions, on va au micro puis on les défend. Gabriel
Nadeau-Dubois ne l'a pas fait au congrès. Manon Massé n'a pas pris de position
publique jusqu'à ce qu'elle eut le sens du vent.
Alors, il y a un problème à QS. Et si c'était
juste leur problème, je dirais : Bien, c'est leur problème. Mais là ils
ont fait très, très mal au mouvement indépendantiste dans un moment qui aurait
dû être un moment d'unité, un moment positif, un moment mobilisateur.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Lisée, est-ce que vous avez l'impression... j'essaie de trouver un meilleur résumé,
mais je n'en trouve pas. Avez-vous l'impression que vous êtes devant un parti
tout croche?
Mme
Hivon
:
Bien, c'est clairement un parti qui a refusé d'abord la transparence. Quand
vous avez une entente de principe signée par des négociateurs à une table de négociation,
après, bien sûr, que chaque entité, chaque groupe de négo ait retourné à ses
instances nationales — nous, on l'a fait, QS l'a fait, ON l'a fait,
le Bloc l'a fait — et que tu reviens, deux semaines plus tard, et que
donc tu rapportes, et que tu dis : Voici, nous, ça nous va, on aimerait
avoir deux petites modifications, ça va faire encore plus consensus si on a ça,
et que là tout le monde dit oui, dans la joie et l'allégresse, signe, et qu'on
en est à parler de comment on va rendre ça public, et qu'ensuite on nous
refuse, une semaine après que ce soit rendu public, tout le monde ensemble, et
deux semaines après, non seulement que ce soit rendu public, tout le monde
ensemble, mais que ça ne soit carrément pas rendu public. Ils ont carrément dit
au OUI Québec, deux semaines... pas le lendemain, en se disant : Eh mon
Dieu! On a outrepassé notre mandat.
M. Boivin (Mathieu) : Excusez-moi
de vous interrompre. Vous me répétez, en fai,t ce que vous nous avez dit tantôt.
La question que je vous pose, puis je peux la poser à M. Lisée : Est-ce
qu'un c'est un parti tout croche?
M. Lisée
: Bien, je
n'utiliserai pas ces termes-là, mais c'est sûr qu'ils n'ont pas démontré qu'ils
étaient des interlocuteurs valables, fiables, en qui on pouvait faire
confiance.
M. Boivin (Mathieu) : Et
est-ce que, pour la suite des choses, on vous y reprendra à donner du pouvoir à
un parti qui est, somme toute, marginal?
M. Lisée
: On ne m'y
reprendra... On me reprendra constamment à vouloir rassembler, constamment à
vouloir rassembler et à démontrer, par notre volonté sincère de rassemblement, qu'il
y a des gens qui ne veulent pas et qui donc ne peuvent pas porter l'espoir du Québec.
Québec solidaire a démontré qu'il n'était pas digne de porter l'espoir du
changement au Québec, par leur absence de transparence, par le remaniement de
signature, par les propos complètement injustes tenus pendant leur congrès, ils
ont démontré ça. Il fallait le savoir. Il fallait le savoir parce que ce n'est
pas ce que Françoise David, par exemple, projetait. Elle projetait le fait que QS
pouvait porter l'espoir.
Maintenant, à cause de ça, l'effet
secondaire de notre volonté de rassemblement, c'est la démonstration que QS ne
peut pas porter l'espoir. Il s'est comporté comme le plus vieux de tous les partis
en refusant la transparence, en reniant la signature, en cachant des éléments à
leurs membres au moment de la délibération, en ne se présentant pas au micro
dans un moment historique, dans un moment charnière. Cette démonstration-là,
bien, il fallait la faire. Ce n'est pas ce qu'on voulait, mais c'est ce qu'on a
devant nous. Et nous, on fait la démonstration que le parti qui peut porter
l'espoir, le rassemblement, qui respecte sa signature, qui est dans la clarté,
c'est le Parti québécois.
M. Bergeron (Patrice) :
Quelles sont précisément les faussetés que vous reprochez aux porte-parole de Québec
solidaire?
Mme
Hivon
: D'abord,
petite chose, hier, dans, je crois que c'est dans votre article, M. Bellerose,
Mme Massé évoque comme prétexte pour maintenant renier sa signature le fait que
le référendum est proposé pour 2022. Pensez-vous que c'est une nouveauté, ça?
C'est connu depuis octobre dernier, quand Jean-François Lisée a été élu chef du
Parti québécois. En novembre, le conseil national de Québec solidaire a pris
une résolution formelle pour poursuivre les travaux à la table du OUI Québec.
En décembre, quand on a recommencé à se réunir, tout le monde a conclu que ça
ne faisait pas ombrage au fait de poursuivre les travaux.
Comment ça se fait que maintenant, six
mois plus tard, elle évoque ça comme prétexte pour dire : Non, il fallait
renier notre signature? Comment ça se fait qu'Andrés Fontecilla... il n'était pas
seul. Là, on est en train de le larguer, là, complètement et de lui demander d'aller
se désavouer lui-même sur la place publique? Il n'était pas seul, Andrés
Fontecilla. Il était avec Monique Moisan, une autre membre, évidemment,
importante de Québec solidaire. Les deux ont signé, là. On n'a pas augmenté la
chaleur dans la salle, tordu des bras. Tout le monde est revenu après être allé
à leurs instances nationales. D'ailleurs, on a donné plus de temps parce que Québec
solidaire voulait plus de temps pour pouvoir aller à ses instances nationales.
On a décalé la dernière rencontre pour répondre à leur demande. Ils sont
revenus, ils ont demandé des modifications, on les a acceptées, les seules.
Nous, on n'en a pas demandé, donc on ne peut pas venir dire que c'est nous qui
avons changé les termes. Les deux, tout le monde a signé, et on a commencé à
parler, O.K., comment on rend ça public.
Et là ils ont commencé à dire que, là, ils
ne voulaient pas sortir publiquement avec le groupe. Ils nous ont demandé du
temps pour retourner à leurs instances là-dessus. Une semaine plus tard, ils
ont dit, donc, qu'ils ne voulaient pas sortir publiquement avec tout le monde.
Ils n'ont jamais dit : Et, vous savez, en passant, notre signature n'était
pas valable. Ils n'ont jamais dit ça. Ils ont juste dit : On ne veut pas
sortir avec tout le monde. Et là le OUI Québec a dit : Mais, vous
comprenez, comme Mme Carbonneau a très bien expliqué hier, nous, on ne
peut pas ne pas faire preuve de transparence. Donc, le OUI Québec, si vous
refusez de sortir avec tous les partis, c'est une chose, mais nous, on ne peut
pas, comme organisation crédible, ne pas faire preuve de transparence. Donc, Claudette
Carbonneau a dit : Nous, nous allons la sortir. Et donc, une semaine plus
tard, quand vient le moment de sortir l'entente, ils réitèrent qu'ils refusent
catégoriquement que ça soit rendu public, menaçant même donc de désavouer les
choses.
Alors, tout ce temps-là, ils n'ont jamais
renié, ils n'ont jamais dit qu'il y avait un problème avec l'entente. Pourquoi,
soudainement, quand de bonne foi… Vous vous imaginez la bonne foi de tous les partis
politiques. Personne n'a coulé l'entente, là. Nous, là, tout le caucus du Parti
québécois connaît l'existence de cette entente-là, l'exécutif national, les
présidents régionaux, depuis la fin du mois de mars. Au nom de notre volonté, au-delà
de tout, vous vous imaginez, malgré qu'on a été forcés, quand je dis pris en
otage, de ne pas dévoiler l'entente publiquement avant leur congrès, malgré ça,
malgré évidemment qu'on pensait que c'était important que ça soit connu, on a
accepté, à contrecoeur bien sûr, mais pour ne pas mettre en péril l'entente.
Et quand on vient dire qu'on ne peut pas
s'entendre avec le Parti québécois, qu'il faut être méfiant, vous vous imaginez
la contradiction complète? On a non seulement accepté, il n'y a personne qui a
parlé de l'entente publiquement avant leur congrès. Et là, ensuite, alors qu'ils
avaient dit qu'après leur congrès on pourrait la rendre publique, non seulement
ils n'acceptent pas qu'elle soit rendue publique, mais ils renient leur
signature.
M. Lisée
: Je veux
juste préciser. Donc, Manon Massé, lorsqu'elle dit que c'est le problème de
2022, elle désinforme, parce que tout le monde savait qu'on ne mettait pas de
date dans l'entente justement parce que certains disaient : Bien, nous, on
va prendre le pouvoir. Tu sais, si ON dit : On va prendre le pouvoir en
2018, on va commencer la feuille de route en 2018. Nous, on dit : On va le
commencer seulement en 2022. Donc, c'est une omission volontaire pour permettre
que tout le monde signe. Donc, ce que Manon Massé a dit est faux.
Quand Gabriel Nadeau-Dubois a dit qu'il
fallait sérier les problèmes, d'abord le pacte, ensuite ça, ce n'était pas
l'entente initiale. Le calendrier a été écrit avec Québec solidaire précisément
pour que ça soit prêt avant leur congrès de mai, pour que l'entente soit
ratifiée à leur congrès de mai et nous à notre congrès de septembre.
Alors, je veux dire, on a vraiment, de
bonne foi, avec le OUI Québec, fait en sorte que Québec solidaire soit à
l'aise dans le processus, et ce qu'ils disent maintenant est le contraire de la
vérité. Ils sont dans un exercice de désinformation de leurs propres membres,
de tous les indépendantistes et de tous les Québécois. Il faut que ça cesse.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
Manon Massé, hier, a déjà admis une part de responsabilité. Elle dit : Il
y a un imbroglio dont on est en partie responsables. Faute avouée est à moitié
pardonnée, non? Vous dites qu'il faut qu'elle rende public... Elle a déjà avoué
sa faute hier en disant : Nous sommes responsables d'un imbroglio. Qu'est-ce
que vous voulez qu'elle fasse de plus?
Mme
Hivon
: Un
imbroglio. Vous vous imaginez? Un imbroglio. Je veux dire, ça m'a fait beaucoup
réagir, l'utilisation de ce mot, un imbroglio, quand on a travaillé de décembre
jusqu'au mois d'avril de manière intense. Pourquoi? Exactement comme
Jean-François le dit, pour pouvoir rentrer dans leur calendrier de leur congrès
du mois de mai et du nôtre en septembre, parce que l'idée, évidemment... Cette
entente-là, c'est une entente de principe, mais après on l'amène dans nos
congrès respectifs pour que nos membres en débattent, disent : Oui, ça
nous va, non, ça ne nous va pas, de manière totalement démocratique. C'est
comme ça que ça fonctionne, comme en négos patronales-syndicales, tu as une
entente de principe puis après tu vas voir tes membres.
Alors, vous vous imaginez, un imbroglio,
quand il y a eu un accord, que tout le monde est allé à leurs instances, qu'ils
sont venus, qu'ils ont signé, que le calendrier a été fait pour rentrer dans
leurs instances à eux et qu'ensuite ils sont venus dire : Non, non, non,
on ne peut pas la rendre publique avant nos instances, ça va mélanger nos
militants. Ça, c'était l'argument, hein, en début de semaine, vous avez entendu
ça : Ça va mélanger nos militants. Mais, en novembre, quand ils ont décidé
de rester à la table du OUI Québec, ils ne pensaient pas mélanger leurs
militants. Ils ont pris une décision pour le OUI Québec puis ils ont pris
une décision pour ouvrir un chantier de réflexion sur les pactes électoraux.
Pourquoi, là, quelques mois plus tard, ça mélangerait leurs militants, alors
qu'au contraire c'était une information excessivement importante pour leurs
militants avant de voter?
M. Chouinard (Tommy) : M.
Lisée, quand vous parlez de politburo, j'imagine que vous ne parlez pas de
Chinois ou de soviétiques. C'est qui exactement, ça, ce comité-là? C'est qui?
De qui on parle?
M. Lisée
:
Demandez-leur. Moi, je ne les ai jamais rencontrés. Lorsque Véronique et moi
avons rencontré Andrés Fontecilla, Manon Massé, en janvier dernier, dans ma
salle à dîner, pour discuter de la suite des choses, nous pensions parler aux
leaders de Québec solidaire. Et ils nous ont dit, Andrés Fontecilla, que
c'était un processus vers un pacte qui était envisageable et que lui voyait
positivement. Manon Massé n'a rien dit, ne l'a pas contredit. Et là nous avons
eu l'information de ces deux personnes que, oui, ils étaient des interlocuteurs
valables et volontaires pour se rendre à un pacte avec le Parti québécois.
Bien, on ne parlait pas aux bonnes personnes. Ce sont des employés du
politburo.
M. Chouinard (Tommy) : Bon,
c'est qui, le politburo?
Mme
Hivon
:
C'est leur comité de coordination national, mais, je veux dire, c'est comme
les...
M. Chouinard (Tommy) : Mais
les porte-parole devaient être là...
Mme
Hivon
:
Pardon? Ah! les porte-parole, ils siègent. Les porte-parole, ils siègent, mais
les deux porte-parole, mais beaucoup d'autres personnes.
M. Lisée
: Mais
clairement, ils n'ont pas la majorité et, clairement, ils n'ont pas la
permission; clairement, ils se font désavouer; clairement, ils n'ont pas de
pouvoir prépondérant au sein de ce politburo.
Mme
Hivon
: Andrés
Fontecilla, là, ça n'en est un porte-parole.
M. Bellerose (Patrick) : Mais
le processus décisionnel vous rappelle l'Union soviétique.
M. Lisée
: Me rappelle
des groupes d'extrême gauche, oui.
M. Lavallée (Hugo) :
Avez-vous l'impression que c'est une mauvaise foi depuis le début puis qu'ils
vous ont roulé dans la farine?
M. Lisée
: Non. Au
politburo, oui. Au politburo, il y avait des gens de mauvaise foi, qui avaient
un pouvoir prépondérant et qui ont roulé dans la farine les co-porte-parole,
les militants de Québec solidaire, les membres de Québec solidaire, tout le
mouvement indépendantiste engagé de bonne foi dans le OUI Québec. Ça, c'est
vrai.
Mais est-ce que 87 % des électeurs de
Québec solidaire étaient de mauvaise foi? Non. Est-ce que les militants étaient
de mauvaise foi? Non. Est-ce qu'Andrés Fontecilla et Amir Khadir étaient de
mauvaise foi? Non. Mais ce n'est pas eux qui décident dans ce politburo, il y a
des gens qui décident à leur place.
M. Bergeron (Patrick) : Est-ce
que M. Fontecilla a déjà dit, dans les négociations, que sa signature était
sujette à l'acceptation d'un autre comité au bout du compte, comme une autre
étape d'approbation?
Mme
Hivon
: Bien
non. C'est sûr qu'on n'est pas ici pour dévoiler les... mais ça, je pense que
là, on n'est pas ici pour dévoiler toutes les négos et les allers-retours, mais
ça, c'est fondamental. Il y en a eu, je vous l'ai dit.
M. Lisée
: Il y en a
eu, un aller-retour. Il est allé au politburo, il a dit : Regardez
l'entente. Le politburo a dit : Changez deux mots. Peut-être qu'ils
pensaient, au politburo, qu'on serait contre, mais on était pour. Ça fait que
là, ils ont dit : Bien là, on scrape ça. On scrape ça.
M. Boivin (Mathieu) : On a
bien compris que vous êtes de mauvaise humeur, là. On a bien compris que ça ne
va pas bien dans le mouvement souverainiste, mais «what's next»? C'est quoi, la
suite des choses, là? Mme Carbonneau a dit : On va chacun aller réfléchir
chez nous, là.
M. Lisée
: Bon, bien,
la suite des choses, je vais vous la dire, moi. La suite des choses, c'est
qu'on est dans la clarté. On sait maintenant que l'appareil de Québec solidaire
est nuisible à la fois au changement social et politique et au mouvement
indépendantiste. L'appareil actuel de Québec solidaire est nuisible, et on
appelle tous les gens qui sont de bonne foi, qui sont l'immense majorité des
gens à Québec solidaire, les militants, les membres, les électeurs, de venir
dans le grand parti fondé par René Lévesque, avec des gens de toutes tendances,
qui veulent le changement social, le progrès social et économique et
l'indépendance du Québec.
M. Chouinard (Tommy) : M.
Lisée, qu'est-ce que vous dites aux électeurs dans Gouin? Le premier test,
c'est Gouin. Il n'y a pas de candidat du PQ. Ils font quoi, les électeurs?
M. Lisée
: On leur dit :
Lundi, M. Nadeau-Dubois aura une victoire vide. Il aura une victoire vide, O.K.?
Elle est devenue vide à cause de la décision de QS de tourner le dos au
rassemblement. S'il avait dit oui au rassemblement, il aurait une victoire
significative. Mais maintenant ce sera une victoire vide.
Nous, on se tourne vers l'élection
générale de 2018. Nous avons le devoir, devant tous les Québécois qui sont
indépendantistes, progressistes, qui veulent la fin du mouvement, la fin du
régime libéral, d'incarner cet espoir-là, et nous disons à ceux qui ont cru au Québec
solidaire de Françoise David que ce Québec solidaire là, l'appareil n'existe
pas, c'était un écran de fumée.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
que QS trahit l'héritage de Françoise David? Est-ce que Québec solidaire trahit
l'héritage de Françoise David?
M. Lisée
: Françoise
David donnait de Québec solidaire une image de modération, de rassemblement, de
gros bon sens. L'appareil de Québec solidaire démontre l'image inverse, et
c'est cette image-là désormais qui est la réalité.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, c'est le départ de Mme David qui a fait que ça a changé ou l'arrivée de
M. Nadeau-Dubois?
M. Lisée
: Je ne sais
pas pourquoi, je ne sais pas comment, mais certainement ce n'est plus le même
visage, et le visage qu'on voit maintenant, c'est le visage réel.
Mme
Hivon
: Puis
moi, je veux juste dire en...
M. Bellerose (Patrick) : On
comprend que, pour le OUI Québec, il n'est pas question de retourner à la
table, négocier avec Québec solidaire. Vous dites : C'est un parti
intransigeant. Il n'y a pas d'entente possible.
Mme
Hivon
: Non,
bien, écoutez, vous comprenez que la confiance est totalement anéantie, là.
Quand vous négociez avec des gens de bonne foi pendant des mois, que vous
arrivez à une entente de principe ratifiée, signée, que vous faites tous les
gestes de bonne foi pour les accommoder parce qu'ils vous disent que ça ne peut
absolument pas sortir publiquement, tout ça, que la première chose qu'ils font
après le congrès, ce n'est pas de sortir l'entente publiquement, c'est de la
renier, donc vous pouvez vous imaginer qu'effectivement, pour l'instant, nous
ne retournerons pas. C'est à eux d'expliquer ce qui s'est passé encore une fois,
pourquoi ils ont renié, pourquoi ils ont demandé tout ça, si aujourd'hui ils
renient ça.
Mais surtout, moi... C'est sûr, écoutez,
c'est certain qu'on est déçus, c'est certain qu'on est stupéfaits, et je pense
que le mot est faible, de la tournure des événements, particulièrement des 48
dernières heures. Mais nous, on est, je dirais, plus combatif que jamais, parce
qu'il y a une réponse qui est très claire. Est-ce que Québec solidaire est un
parti indépendantiste, quand il torpille une entente aussi majeure pour le
mouvement indépendantiste? Alors, c'est particulier.
M. Chouinard (Tommy) : M.
Lisée, est-ce que que QS est un vrai parti indépendantiste?
M. Lisée
: Là, on ne
sait plus. Est-ce qu'il y a des indépendantistes à QS? Oui, bien sûr, il y a
des indépendantistes à QS. Est-ce que le politburo de QS est indépendantiste?
Je ne le sais pas, je ne les connais pas, je ne leur ai jamais parlé. Est-ce
qu'ils ont aidé le mouvement indépendantiste? Non. Ils ont nui. La pire chose à
faire au mouvement indépendantiste, à ce moment-ci, c'est ce que le politburo
de QS a fait.
Maintenant, pour la suite des choses, il y
a une entente qui est là. Nous, elle nous satisfaisait. Il y avait un équilibre
des compromis dans cette entente. On accepte la recommandation de Mme
Carbonneau. On met ça de côté pour l'instant. On verra, d'ici les mois et les
années qui s'écouleront, comment on se gouvernera. Mais, en ce moment, la responsabilité
de Québec solidaire, de son appareil, est écrasante, et la meilleure réponse à
ça, c'est que tous les gens de bonne foi disent : Bon, ça va, on a
compris, notre maison, c'est le Parti québécois.
Mme Porter (Isabelle) : Ce
n'est pas une déclaration de guerre que d'aller courtiser les militants de QS
puis de leur dire de venir chez vous, en quelque part?
M. Lisée
: C'est de la
lucidité. C'est du rassemblement.
M. Chouinard (Tommy) : M.
Lisée, sur un autre sujet que vous avez abordé un peu plus tôt, la marijuana, est-ce
que je comprends que vous tenez à ce que ce soit donc l'État qui procède à la
distribution et la vente de la mari?
M. Lisée
: Je tiens à
ce que Carlos Leitão et Martin Coiteux ne prennent pas la décision seuls. Je
tiens à ce qu'il y ait des options soumises à la discussion publique et que des
gens, que ce soit la SAQ ou le privé, le public, les OSBL, etc., viennent à une
commission qui a les oreilles ouvertes et l'esprit ouvert et qu'on regarde les
options. Je veux que le Colorado nous dise comment ils ont fait, que la
Hollande nous dise comment ils ont fait, les succès et les échecs. Je ne fais
pas confiance à un comité de ministres du Parti libéral pour prendre seul une
décision de société.
M. Chouinard (Tommy) : Tout à
l'heure, vous avez déploré que le gouvernement fasse une croix sur des profits
éventuels. Donc, je comprends que, dans votre esprit, l'État ne doit pas seulement
récolter le fruit des taxes qui seraient sur la vente de la mari, mais doit
aussi engranger les profits. Donc, dans votre tête, ça ne peut pas être privé,
donc.
M. Lisée
: C'est une
option qui ne doit pas être écartée comme ils l'ont fait. Et d'où viendra
l'argent pour investir contre la toxicomanie? Je veux dire, c'est vraiment,
là... Moi, comme citoyen québécois, là, je me sens exclu d'une discussion qui
nous engage tous.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant la grève dans la construction, est-ce que... donc, on comprend que
vous n'avez pas encore pris votre décision, là, si vous allez voter en faveur
ou contre une éventuelle loi spéciale, mais je comprends que vous n'êtes pas complètement
fermé. Vous n'avez pas l'intention de mener une guerre contre l'adoption de
cette loi-là. Ça ne vous semblerait pas nécessairement illégitime qu'on doive
en adopter une.
M. Lisée
: Bien, si le gouvernement,
qui a mal géré ce dossier-là, arrive avec un projet de loi, on va le lire, et
on va vous dire ce qu'on en pense, et on va peut-être vouloir l'amender. Mais
nous, on dit au gouvernement qui a tellement mal agi : Arrangez-vous pour
qu'on ne se rende pas là. Si le Parti québécois était au pouvoir, on
s'arrangerait pour ne pas se rendre là. Et la dernière fois, avant d'avoir une loi
spéciale qui a été acceptée par tous, on avait fait régler les deux tiers des
membres... des grévistes. Alors là, en ce moment, c'est 0 % que les libéraux
ont réussi à régler. Alors, ils ont beaucoup de choses à faire avant de se
rendre là.
M. Bellerose (Patrick) :
Mais vous dites aussi que la grève ne peut pas durer, dans le fond, une semaine
maximum peut-être, quoi?
M. Lisée
: Je mets
de la pression sur les négociateurs et sur les parties. Moi, je veux que ça se
règle aujourd'hui, demain, samedi, dimanche, le plus tôt possible.
M. Hicks (Ryan) : Do you think that all this drama with the sovereignty strategy,
with your deal, would have happened if Mme Françoise David was still around?
M. Lisée
:
There is no telling because, you know, she's not the boss. These people, Manon
Massé, Françoise David, Nadeau-Dubois, they are the employees of a group, that
I call the politburo, that really calls the shots. You don't know their names,
I don't know their names, but they are the ones who have sabotaged the greatest
agreement between sovereigntists since 1995. They have sabotaged.
So, the others, Françoise
was bound by that, but she gave an aura of moderation to Québec solidaire that
the current spokespersons do not. And since they didn't
have this crisis we couldn't see where the power really lied when Françoise was
there. So we could think that it was her's, but it was not, and now we know
that there is an obscure group of radicals within QS that have hurt the
progressive movement, the anti-Liberal movement and the independentist movement badly. So it is incumbent upon us, the Parti
québécois, to take the matter and to say : We are the home, we are the
place for progressive, social democrats independentists in Québec, we know how to bridge our differences
within the party. Join us.
M. Hicks (Ryan) : So it sounds like you're saying that this
episode has kind of pull back the veil a little bit on how Québec solidaire works?
M. Lisée
: Exactly so.
M. Hicks (Ryan) : Do you regret agreeing to keep the deal secret?
Mme
Hivon
: No, never.
M. Hicks (Ryan) : Why not?
Mme
Hivon
: Because, to me, my word is everything. When you don't keep your
word, you know, who are you, especially in politics?
How can people trust you, put your confidence in you when you want to be an
elected member of the National Assembly?
So, of course, it was
tough. Can you imagine all the deputies
knew about it, our «exécutif national» knew about it, but, you know, we decided
that we wanted to keep to maximize the chances that, of
course, the deal be made public after the congress. We wanted to protect the
deal, you know. And so this is why we didn't have a choice. The OUI Québec said :
OK, we just cannot release it because Québec solidaire strongly objects. So we said : Well, we didn't have any
choice, you understand? And this is why it's so astonishing to see that they
say that we, the Parti québécois, can not be trusted. We, when we gave our word, kept our word, even
against what we wanted. So this is why I think many, many questions have to be
answered by Québec solidaire
and this is what we are asking them today : to tell the truth and to
explain how they can shift their signature like that.
M. Hicks (Ryan) : How were or how much do you think this has… I mean, you kind of
alluded to this already, but how much do you think this has damaged the
sovereignty movement in that it kind of gives a perception that at least some
people aren't transparent, that maybe the sovereignty groups can't kind of all
get on the same page? How much does that damage the movement, at least at this
point?
M. Lisée
: Well, it's a step back, but at least now we know who we can trust
and who we can't. So we needed to know that during the playoffs rather than the
series… during the regular season. I'd rather have learned that during the
regular season rather than during the series.
So it's a clarification.
It's not our preferred course, but now, we're on stronger ground. And the
people in Québec who want the
Liberals out and the CAQ not in, they know that their only hope now is the Parti québécois. We didn't make this
demonstration. We have been trying for years, Québec
solidaire just did.
M. Hicks (Ryan) : On the construction strike, just changing the hats, how do you feel
about the possibility that the Government puts forward back to work legislation, at least that they have threatened
back to work legislation?
M. Lisée
: Well, we think they did that much too soon and so they… Since the
last legislation was a standstill, they have… Je cherche mon mot, là. Ils ont
incité…
M. Hicks (Ryan) : They incited or they…
M. Lisée
: Induced.
M. Hicks (Ryan) : Induced.
M. Lisée
: So they used the threat much too soon, and so the parties may
decide not to deal, not to compromise, because they think they'll have what
they want in the law. So that was counterproductive. The ministry intervened much too late. The Premier is nowhere to be seen
talking to the players now, trying to bridge a gap that is not that great.
And so we say there are
steps to be taken. The minister has not called for
meetings of sectorial tables in 48 hours. They should be working now. She's not
doing her work. And we are pushing all parties to say : You have interest,
we understand that, you have the right to strike, we understand that. But you
are Quebeckers as well, and the
impact of the strike on all of Québec is much bigger than what is left to be decided between you. So, get
on the table, get to work and settle this before the end of the weekend.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 10 h 48)