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Point de presse de M. François Paradis, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé et de services sociaux

Version finale

Le jeudi 1 juin 2017, 9 h 21

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt-deux minutes)

M. Paradis (Lévis) : Alors, bonjour à tous. Merci d'être là. D'ailleurs et d'abord, je vais vous présenter les gens qui m'accompagnent : Michel Lemelin, président de la Fédération des préposés aux bénéficiaires du Québec, juste derrière moi, bienvenue, Michel; Nancy Deslauriers, qui est présidente de l'association des professeurs en santé du Québec, Mme Deslauriers, plaisir de vous avoir ici; M. Tremblay, Donald Tremblay, président de l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public et parapublic.

Bien, on est ici, ce matin, pour proposer une modification. Une modification à quoi? À quelque chose qui, en tout cas, en inquiète plusieurs, et ces inquiétudes sont légitimes, une modification au programme de formation accélérée de préposés aux bénéficiaires, dont vous entendez, et vous avez entendu parler, et qui semble vouloir s'étendre quelque peu.

Revenons un petit peu dans l'histoire, hein? Vous le savez que, depuis plusieurs années, il y a une pénurie de personnel dans les CHSLD. Il manque de médecins, d'infirmières, d'infirmières auxiliaires et de préposés aux bénéficiaires. Je fais une parenthèse, peut-être qu'on aurait dû valoriser la profession et qu'on devrait davantage valoriser la profession, en parler, parce que c'est vrai qu'il y a un roulement, puis tout ça, ça fait aussi partie de l'équation.

Puis la pénurie actuelle, bien, il ne faut pas se le cacher, elle était prévisible. Première question au salon bleu, il y a de cela deux ans et demi, touche l'hygiène personnelle des aînés dans les établissements. Déjà, on savait qu'on avait une problématique de charge de travail. Alors, dans ma tête à moi, là, je vous le dis, là, il y a un manque de planification flagrant pour soudainement se dire : Bien là, voilà, il y a quelque chose qui ne va pas, puis on va faire quelque chose de différent. Manque de planification.

Alors, pour contrer la pénurie de préposés aux bénéficiaires, le ministre de la Santé accepte. Donc, il a présenté, accepte que des préposés, maintenant des étudiants, reçoivent une formation accélérée, une formation accélérée de seulement cinq semaines, alors que la formation normale, et là les gens doivent le savoir, c'est 750 heures, c'est six mois de formation. Là, on dit, à cinq semaines, vous serez sur le terrain. Nouvelle formation qui devait combler un besoin dans la Capitale-Nationale, mais là on apprend cette semaine que Côte-Nord, Gaspésie aussi songent à mettre en place cette formation accélérée.

Le ministre assure que cette formation-là, il n'y a pas vraiment de problème, parce que les nouveaux préposés, les nouvelles recrues seront encadrées et accompagnées par des préposés dûment formés. Bien, je me permets d'émettre des réserves. On le sait, on se l'est dit, les gens le savent, la tâche est lourde, la population est vieillissante, les cas sont de plus en plus lourds. Les préposés en ont beaucoup sur les épaules. Peuvent-ils consciemment être tuteurs de préposés qui n'auront pas reçu la formation complète? Il est plus que légitime de se questionner sur le caractère incomplet de cette formation accélérée pour une tâche qui touche les gens parmi les plus importants de notre société actuellement.

Alors, il y a quelques semaines, j'en ai parlé au ministre. Je lui ai demandé de me déposer le programme de formation, ce qu'il n'a pas fait d'ailleurs, on l'attend toujours, histoire de pouvoir vérifier et comparer. On ne l'a pas. Le ministre dit qu'il n'y a pas vraiment de risques pour les usagers et les patients. Bien là, moi, je m'inquiète, des gens s'inquiètent, des gens se questionnent. Ils sont ici avec moi ce matin, et je leur laisserai la parole.

La seule chose que je veux dire, c'est qu'aujourd'hui on a une proposition que je relance et que je rappelle au ministre. Elle a été faite, je la relance : que l'on transforme ce programme de formation accélérée en programme continu travail-études. Pourquoi? Pour faire en sorte que le préposé, dont la tâche est lourde, extrêmement importante, puisse avoir cette formation complète que l'on juge essentielle. Proposition : évitons les bris de couverture, mais donnons la formation adéquate à ceux qui sont des piliers dans notre système de santé auprès des aînés.

Je cède la parole à M. Michel Lemelin. Michel, à vous la parole.

M. Lemelin (Michel) : Bonjour, tout le monde. Ça va bien? Merci, M. le député. Vous avez fait un bon état de la situation. Michel Lemelin, président-directeur général de l'association professionnelle des préposé-e-s aux bénéficiaires du Québec.

Nous nous attendions à un message fort de la part du ministre de la Santé à son réseau au sujet du maintien de la formation diplôme d'études professionnelles en milieu de travail. Est-ce vraiment dans l'intérêt du patient de proposer une formation accélérée de quatre à cinq semaines versus une formation de 750 heures initialement reconnue? Poser la question, c'est y répondre. Pourtant, ce programme d'acquisition et de développement des compétences, 750 heures, constituait les assises du réseau de la santé.

Est-ce que tout a vraiment été mis en oeuvre par les CIUSSS Vieille-Capitale et CISSS—Côte-Nord afin de trouver des solutions? Est-ce que leurs partenaires, les centres de formation professionnelle, ont été consultés à ce sujet? De plus, les CIUSSS Vieille-Capitale et CISSS Côte-Nord risquent de perdre toute crédibilité envers ces partenaires du réseau, entre autres les résidences pour personnes âgées qui sont sous la loi 16 de la certification, certification qui exige un rehaussement des compétences académiques à leurs préposés aux bénéficiaires en milieu de travail, aux centres de formation professionnelle du Québec qui ont l'impression de se faire saborder leurs diplômes d'études professionnelles, aux familles, aux patients qui comptent sur des préposés détenant des qualifications et des compétences afin de répondre adéquatement à leurs besoins et aux préposés aux bénéficiaires à qui vous leur avez exigé de détenir, et ce, sans condition, le diplôme d'études professionnelles afin de répondre à vos exigences de formation pour l'affichage de postes.

En terminant, nous avons une mise en garde envers les personnes qui adhéreraient à cette avenue d'une formation accélérée. Notre association est présentement dans un processus de décision finale avec le gouvernement du Québec au sujet d'une possible reconnaissance de la profession préposé aux bénéficiaires. En étude depuis septembre 2016, le dossier est présentement sous la responsabilité de la ministre de la Justice Stéphanie Vallée. Advenant une décision favorable, il y aura une émission de permis. Donc, les préposés aux bénéficiaires qui posséderont moins d'une année en expérience de travail devront détenir un diplôme d'études professionnelles reconnu par le ministère de l'Éducation du Québec. Merci beaucoup.

M. Paradis (Lévis) : Merci, M. Lemelin. Bien, je cède maintenant la parole à Mme Nancy Deslauriers. Elle est présidente de l'association des professeurs en santé du Québec. Mme Deslauriers.

Mme Deslauriers (Nancy) : Merci beaucoup. Merci, M. Paradis, de m'offrir la possibilité de prendre parole aujourd'hui. Donc, Nancy Deslauriers, je suis présidente de l'Association québécoise des professeurs en santé du Québec et enseignante au secteur santé depuis près de 10 ans.

Suite à l'annonce du projet de formation accélérée de cinq semaines des préposés aux bénéficiaires, le comité exécutif de l'AQPS a consulté les membres de l'association sur le projet pour prendre position, et nous nous sommes questionnés. Est-ce possible d'acquérir 16 compétences d'un programme d'assistance à la personne en établissement de santé en cinq semaines?

Permettez-moi de faire un tour rapide du programme d'études de préposé aux bénéficiaires, qui, disons-le, est d'une durée prescrite par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur du Québec de 750 heures. D'ailleurs, à cet effet, le programme d'assistance à la personne en établissement de santé s'appuie sur différentes lois, politiques et orientations ministérielles régissant les services de santé et de services sociaux.

La personne formée peut être amenée à offrir des soins et des services d'assistance en rapport avec des maladies et des incapacités physiques ou mentales à une clientèle de tous âges. Ce travail consiste à offrir des soins d'assistance pour lesquels elle est formée à soutenir... consiste à soutenir la clientèle dans l'accomplissement des activités de la vie quotidienne, à assurer sa sécurité et à intervenir en situation de crise.

L'exercice de la fonction du préposé aux bénéficiaires a pour objet de répondre aux besoins généraux de la personne et de suppléer à ses incapacités, de l'accompagner et de la soutenir dans le maintien de la restauration de son autonomie et de son état de santé. Aussi, le préposé doit s'adapter constamment aux différentes situations changeantes, compte tenu de l'instabilité de la clientèle, ce qui nécessite d'intervenir avec prudence et discernement et de porter une grande attention aux changements dans l'état de santé de la personne.

Il est aussi à noter qu'à la fin du programme d'étude noté ci-haut, l'élève est amené à poursuivre ses apprentissages en milieu de travail avec un contexte pédagogique où le ratio élèves-enseignant permet de transférer ces apprentissages. Il est impératif, à notre avis, de maintenir la qualité des soins et d'éviter de mettre en péril la sécurité de nos usagers du système de la santé. Les compétences acquises au cours des 750 heures de formation permettent entre autres aux élèves d'analyser des situations complexes pouvant être préjudiciables pour nos usagers et ainsi de prendre des décisions éclairées et adéquates.

Donc, à notre avis, considérant l'ampleur et la complexité des tâches inhérentes au travail des préposés aux bénéficiaires, il nous apparaît difficile, voire même impossible, d'acquérir toutes ces compétences à l'intérieur d'une formation de cinq semaines. Merci.

M. Paradis (Lévis) : Merci, Mme Deslauriers. Je cède maintenant la parole à M. Donald Tremblay, président de l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public et parapublic. M. Tremblay.

M. Tremblay (Donald) : Merci. Alors, bonjour, tout le monde. Alors, à mon tour, évidemment, en tant que représentants d'aînés, mais aussi en tant que représentants de préposés aux bénéficiaires à la retraite, nous sommes très préoccupés par la formation raccourcie des préposés aux bénéficiaires. On estime que la qualité des services destinés aux aînés s'en trouve diminuée, et, par conséquent, la possibilité d'erreur, elle, se trouve augmentée. On appuie entièrement l'idée que les préposés doivent terminer une formation régulière, et ce, en dehors des heures de travail. Rendre obligatoire une formation complète des préposés aux bénéficiaires, pour nous, est essentiel, principalement pour deux raisons.

La première, s'assurer de la qualité des services destinés aux aînés. Jusqu'à quel point on peut vraiment escamoter une formation d'intervenant aussi important dans la séquence des soins de santé? Je vous rappelle que, dans le système actuel, les préposés aux bénéficiaires sont ceux qui sont le plus en contact avec les personnes aînées. C'est souvent elles qui vont sonner l'alarme pour souligner des problèmes de santé plus importants et permettre à d'autres intervenants de prendre en charge.

La deuxième raison pour laquelle il faut une formation complète, c'est d'éviter les erreurs dans les soins dispensés en raison du manque d'expertise. Les préposés aux bénéficiaires sont des gens qui travaillent très fort et souvent sous pression. Nous réfutons l'argument du ministre qui mentionne que les préposés seront formés dans le réseau en cours lorsqu'ils sont en poste. Pour nous, c'est impossible compte tenu de la charge de travail tant pour les former que pour les formateurs.

En terminant, le laisser-aller du ministre de la Santé est préoccupant pour l'avenir. Cette manière de faire, pour nous, c'est l'opposé de ce dont nous avons besoin dans le réseau de la santé. Une valorisation et une reconnaissance de la profession de préposé aux bénéficiaires passent notamment par l'uniformisation de la formation reconnue, solide et obligatoire, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Je vous remercie.

M. Paradis (Lévis) : Merci, M. Tremblay.

Le Modérateur : Nous allons passer maintenant à la période de questions. Olivier Lemieux, Radio-Canada.

M. Paradis (Lévis) : Il a l'embarras du choix, M. Lemieux.

M. Lemieux (Olivier) : On commence par vous, M. Paradis. La vérité, c'est que le ministre de la Santé semble faire bien peu de cas de ces formations écourtées là qui visiblement s'étendent... parce que vous avez dit, bon, la Gaspésie, c'est confirmé; la Côte-Nord aussi pour cet été; la Capitale-Nationale, c'était ce printemps; puis moi, j'entends l'Abitibi qui regarde attentivement aussi cette avenue-là. Mais quand on parle au ministre, il dit : une mesure temporaire pour répondre à une pénurie qui est aussi temporaire. Ça vous convainc-tu, ça?

M. Paradis (Lévis) : Il y a d'abord... je le rappelle, hein, c'est étonnant et surprenant qu'on n'ait pas vu venir, qu'on puisse aujourd'hui dire : On répond à cette pénurie qui, dans le temps, en tout cas, se place entre parenthèses. Ce n'est pas d'hier qu'on sait que des préposés sont nécessaires, qu'on a besoin de ressources, qu'il y a un fort taux de roulement également. Je vous le disais, il y a trois ans, on abordait des questions fondamentales qui ne sont pas encore réglées, et souvent elles ne sont pas réglées parce qu'on a une problématique de préposés, de gens qui sont capables de donner des services que l'on souhaite pour les aînés du Québec.

Non, je trouve ça étonnant qu'on n'en fasse pas de cas, et, quelque part, c'est dérangeant aussi pour ces préposés qui, eux, ont suivi cette formation extrêmement importante parce que la tâche est lourde. Je vous le disais, tous conviennent. Il y a eu un forum, là, récemment sur les CHSLD, les meilleures pratiques, la présence des préposés, l'attention des préposés, la lourdeur de la tâche fait en sorte que... dans un programme accéléré qui quelque part bafoue, en quelque sorte, le programme régulier que tous souhaitent voir devenir obligatoire. On demande maintenant à ces préposés de devenir les tuteurs de ceux qui auront à apprendre sur le terrain. Attention, la tâche auprès d'un aîné, elle est importante. Ils sont les intervenants de première, première ligne.

Alors, que le ministre dise : Ce n'est pas si grave que ça, il ne devrait pas rien se produire, il n'y a pas de risques accrus, non, ce n'est pas la vision qu'on souhaite. Ce n'est pas la vision qu'on souhaite et c'est pour ça qu'on dit : Si on a besoin d'une action pour éviter des bris de couverture ou des bris de services, faisons en sorte que ces proposés, qui seront attachés à leur profession, soient dans l'obligation de faire un programme d'études pour atteindre... donc travail-études, pour atteindre la formation réclamée de 750 heures, incluant des stages, qui est essentielle pour tous ceux et celles qui travaillent auprès nos aînés.

M. Lemieux (Olivier) : M. Lemelin, peut-être de la fédération des préposés, moi, je vous pose la question franchement. Gaétan Barrette est médecin. Est-ce que vous avez l'impression qu'il regarde, en quelque part, de haut le poste de préposé aux bénéficiaires?

M. Lemelin (Michel) : Elle est bonne, votre question. Avant de devenir médecin, Dr Barrette était préposé aux bénéficiaires. Donc, je ne crois qu'il devrait regarder de haut, il devrait se souvenir de ce qui était en arrière de lui. Donc, il devrait regarder en avant.

Le problème du Dr Barrette, c'est qu'il n'y a pas une vision future. On sait qu'à partir de 2023, la ligne intergénérationnelle, il va y avoir beaucoup d'aînés, moins de jeunes, et les personnes qui étaient, voilà 10 ans, à 70 ans sont maintenant à 80 ans. Donc, imaginez le changement de besoins qu'on devra effectuer d'ici les 30 prochaines années.

Donc, le ministre de la Santé doit avoir une vision d'avenir, pas une vision de quatre ans, d'avenir pour les prochains gouvernements.

 M. Lemieux (Olivier) : Mais justement, quand on demande une vision d'avenir comme ça... Moi, quand j'entends que c'est temporaire, malheureusement, souvent, les mesures temporaires ont tendance à devenir permanentes.

M. Lemelin (Michel) : Vous avez le mot juste. Ça devient permanent, ça s'incruste, c'est insidieusement incrusté, et ce qui est pathétique là-dedans, c'est que le préposé aux bénéficiaires, là, qui va former la personne, un, ça va le dévaloriser, parce qu'il va dire : Moi, là, j'ai pris six mois de ma vie pour aller chercher une formation, j'ai fait des sacrifices, et l'autre à côté, qu'est-ce qu'il a, lui? Zéro. Et, en plus, il faut qu'il soit un fardeau pour moi, en plus de mon travail.

La question que je pose au ministre : Est-ce que le ministre de la Santé peut garantir que les personnes qui vont former ces supposés préposés aux bénéficiaires là vont, à ce moment-là... est-ce qu'on va pouvoir, à ce moment-là, pouvoir les mettre en dehors de leur travail, dire : Bien, regarde, on va les céduler puis ils vont pouvoir former? Mais là il faut se poser d'autres questions. Ça va coûter de l'argent pour pouvoir les libérer. Excusez-moi, c'est libérer les gens.

Donc, on fait-u une pierre deux coups? Non. De toute façon, quand j'entends, dans le réseau des centres de formation professionnelle, que les centres de formation professionnelle ne feront pas aucun compromis au niveau de la qualité de la formation... Oui, travail-études, ils sont d'accord avec ça, mais, en dehors de ça, ils ne veulent pas s'embarquer.

Le Modérateur : Pascal Dugas Bourdon, Agence QMI.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : M. Paradis, est-ce qu'il y aurait moyen de trouver un genre de compromis, c'est-à-dire une formation moins accélérée, qui ferait en sorte que ces gens-là recevraient la formation qu'il faut et, en même temps, seraient en mesure de répondre aux besoins criants?

M. Paradis (Lévis) : Bien, on l'a. La proposition, elle a été dite, et je la répète encore aujourd'hui, que cette formation accélérée devienne un programme continu travail-études. Ça fait qu'on a un bris, là, on a peut-être un bris. On nous dit qu'il y a une urgence d'agir, alors qu'on agisse, mais que ces gens-là doivent continuer, soient obligés de continuer cette formation leur permettant d'atteindre la complète formation de 750 heures. Alors, l'important, c'est de faire en sorte qu'on n'ait pas des gens qui seront formés tel que tous le souhaitent et d'autres qui seront formés à rabais. Et ça, ça peut devenir dangereux. Former à rabais, là, ça ne donne jamais de bons résultats.

Alors, la proposition, elle est simple. Si on a un besoin urgent, à défaut, que ceux qui seront appelés à avoir une formation accélérée, se retrouvent sur le terrain en formation continue travail-études et atteignent les 750 heures nécessaires pour une profession, je vous le dis, là, une profession qui va prendre de plus en plus de place. Nos aînés, la population vieillissante, les cas sont de plus en plus lourds et sachez que les aînés de demain, ceux à qui on parle, ne seront pas moins demandants que les aînés d'aujourd'hui.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Mais s'ils continuent à aller à l'école et qu'ils n'ont pas leur pleine formation puis qu'ils arrivent sur le marché du travail, ils vont quand même être un poids pour ceux qui ont suivi la formation comme disait monsieur derrière vous tout à l'heure?

M. Paradis (Lévis) : Et dans un monde idéal, dans un monde idéal, on le dit tous, la formation du préposé a été conçue pour 750 heures, six mois, et des stages pratiques. Si on l'a conçu, là, ce n'est pas pour rien, là. Ça répondait à un besoin, et d'autant plus que les besoins et la demande de tâches aux préposés, elle est vouée à grandir encore, de plus en plus importante. Je vous disais : C'est la pierre angulaire, c'est le premier contact avec l'aîné.

Dans un monde idéal, c'est ça, c'est la formation, puis ensuite, tu rentres au boulot. Il y a un bris potentiel qu'on nous indique comme étant solutionnable uniquement par le fait d'amener rapidement, parce qu'on manque d'étudiants finissants, des proposés sur le terrain. Bien, ayons la décence de faire en sorte que ceux-ci nous permettent de continuer à atteindre l'objectif de la formation, mais que là on essaie de penser…

Puis cette vision-là que je reproche au gouvernement... Comment se fait-il qu'on n'ait pas pensé… Comment ça se fait qu'on n'a pas valorisé le rôle, la profession de préposé? Pourquoi on n'a pas des campagnes de sensibilisation positives sur le rôle du préposé versus l'aîné, importance qu'il a dans ce réseau de la santé? Et, si on avait fait ça il y a trois ans de ça, quand on se questionnait déjà sur des notions fondamentales de soins donnés à nos aînés, on aurait peut-être des gens qui seraient sur les bancs d'école à souhaiter atteindre l'objectif et devenir des pierres angulaires pour les aînés, qu'on souhaite avoir une qualité de vie exceptionnelle.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Donc, vous croyez vraiment que des pubs télé vont venir changer le nombre d'étudiants qui vont s'inscrire? Ce n'est pas…

M. Paradis (Lévis) : Je pense que la valorisation…

M. Dugas Bourdon (Pascal) : C'est quoi, la valorisation?

M. Paradis (Lévis) : Bien, de parler du rôle important, de donner le temps aux préposés, d'appeler des gens à épouser cette profession-là. Et on l'a fait pour bien des professions. Qu'on fasse en sorte de reconnaître leur travail…

M. Dugas Bourdon (Pascal) : En augmentant leur salaire, par exemple?

M. Paradis (Lévis) : …que les préposés eux-mêmes… qu'on revoie… Tout ça est sur la table. Qu'on repense les conditions, qu'on valorise le travail, qu'on puisse être en mesure de donner la parole à des préposés. Qui entend des préposés? Entendre des préposés parler viscéralement du besoin qu'ils ont de travailler avec leur clientèle. Est-ce qu'on en entend?

Actuellement, les préposés ne sont pas valorisés, ne sont pas au premier plan. Et, oui, la valorisation, la sensibilisation, ce discours-là permettrait de dire et de faire en sorte que des gens vont peut-être également épouser cette profession-là. Pour l'instant, ce n'est pas attirant.

M. Lemieux (Olivier) : Moi, il m'en reste juste deux, très rapides, là. Peut-être à M. Paradis. Le ministre Proulx là-dedans, je sais bien que ce n'est pas son ministère, il est à l'Éducation, mais n'empêche, il a comme rôle de valoriser la formation professionnelle, et là il y a des formations qui minent complètement le D.E.P. qui commencent à s'étendre. On ne l'entend pas. C'est assez assourdissant comme silence.

M. Paradis (Lévis) : Bien, c'est assez aberrant. Alors, on est en train de miner des programmes qui ont été décidés, pensés et conçus parce qu'on en avait besoin puis qui étaient essentiels. On remet en question ce que l'on a cru être et ce qui est essentiel. Puis au surplus, bien là, on est en train de se questionner sur la réception des centres de formation accélérée, sur un programme qui existe déjà puis le fait qu'on ait envie de mettre la roue à l'épaule. Là, on est en train de créer de la discorde plutôt que de faire en sorte de valoriser et de faire en sorte que la profession gagne en popularité.

M. Lemieux (Olivier) : M. Tremblay, pour vous… C'est ma dernière, là. Écoutez, vous avez semblé inquiet tout à l'heure, là, par rapport aux soins que recevraient ultimement nos aînés, dans les CHSLD notamment. On a tous vu et entendu des histoires d'horreur ces dernières années. C'est malheureux, mais elles sont réelles. Est-ce qu'on met en place des conditions pour que les pires scénarios finissent par survenir, se concrétiser?

M. Tremblay (Donald) : En fait, le ministre a organisé un grand forum des meilleures pratiques en CHSLD en novembre dernier. Je ne sais pas si ça fait partie de ces meilleures pratiques que d'organiser une formation accélérée, raccourcie comme celle-là. Mais tout à l'heure, on disait : les préposés aux bénéficiaires sont importants dans la vie des personnes vulnérables.

Alors, tantôt, on disait aussi : Allez demander... Est-ce qu'on donne la parole aux préposés aux bénéficiaires? Mais, si on donne la parole aux aînés qui reçoivent des services de ces personnes-là, je suis persuadé... Allez faire un tour n'importe où, de quelqu'un qui reçoit des services dans un CHSLD, je ne suis pas sûr qu'il va être capable de vous nommer le nom du directeur général ni de l'infirmière en chef. Mais ses préposés aux bénéficiaires, oui, parce qu'il y a un rapport, il y a une relation, il y a un lien important entre la personne qui donne des soins intimes et particuliers à une personne et la personne qui les reçoit.

Donc, pour nous, c'est fondamental que la formation soit complète et obligatoire. Ça nous apparaît comme une garantie, en tout cas, pas complète, mais une garantie de qualité de soins et d'erreurs à éviter absolument dans la dispensation des soins.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Oui. Rapidement, une dernière question. Oui, je sais que je ne suis pas très discipliné.

M. Paradis, M. Lisée a dit ce matin que le PLQ a volé votre idée, là, en ce qui concerne la réforme de la Constitution, volé votre idée à la CAQ. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette lecture-là?

M. Paradis (Lévis) : Je fais rien que la parenthèse que le Parti libéral, évidemment, navigue sur plusieurs bonnes idées de la Coalition avenir Québec, et tous en conviendront. Cependant, dans ce dossier-là, vous me permettrez de vous dire qu'on va attendre. On va attendre de voir ce qui sera proposé. On va attendre de voir le document. On va attendre d'en prendre connaissance. Ensuite, on réagira. Pour l'instant, c'est prématuré.

Des voix : Merci.

(Fin à 9 h 47)

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