(Neuf heures vingt-deux minutes)
M. Paradis (Lévis) : Alors,
bonjour à tous. Merci d'être là. D'ailleurs et d'abord, je vais vous présenter
les gens qui m'accompagnent : Michel Lemelin, président de la Fédération
des préposés aux bénéficiaires du Québec, juste derrière moi, bienvenue,
Michel; Nancy Deslauriers, qui est présidente de l'association des professeurs
en santé du Québec, Mme Deslauriers, plaisir de vous avoir ici; M. Tremblay,
Donald Tremblay, président de l'Association québécoise des retraité-e-s des
secteurs public et parapublic.
Bien, on est ici, ce matin, pour proposer
une modification. Une modification à quoi? À quelque chose qui, en tout cas, en
inquiète plusieurs, et ces inquiétudes sont légitimes, une modification au
programme de formation accélérée de préposés aux bénéficiaires, dont vous
entendez, et vous avez entendu parler, et qui semble vouloir s'étendre quelque
peu.
Revenons un petit peu dans l'histoire,
hein? Vous le savez que, depuis plusieurs années, il y a une pénurie de
personnel dans les CHSLD. Il manque de médecins, d'infirmières, d'infirmières
auxiliaires et de préposés aux bénéficiaires. Je fais une parenthèse, peut-être
qu'on aurait dû valoriser la profession et qu'on devrait davantage valoriser la
profession, en parler, parce que c'est vrai qu'il y a un roulement, puis tout
ça, ça fait aussi partie de l'équation.
Puis la pénurie actuelle, bien, il ne faut
pas se le cacher, elle était prévisible. Première question au salon bleu, il y
a de cela deux ans et demi, touche l'hygiène personnelle des aînés dans les
établissements. Déjà, on savait qu'on avait une problématique de charge de
travail. Alors, dans ma tête à moi, là, je vous le dis, là, il y a un manque de
planification flagrant pour soudainement se dire : Bien là, voilà, il y a
quelque chose qui ne va pas, puis on va faire quelque chose de différent. Manque
de planification.
Alors, pour contrer la pénurie de préposés
aux bénéficiaires, le ministre de la Santé accepte. Donc, il a présenté,
accepte que des préposés, maintenant des étudiants, reçoivent une formation
accélérée, une formation accélérée de seulement cinq semaines, alors que la
formation normale, et là les gens doivent le savoir, c'est 750 heures, c'est
six mois de formation. Là, on dit, à cinq semaines, vous serez sur le terrain.
Nouvelle formation qui devait combler un besoin dans la Capitale-Nationale,
mais là on apprend cette semaine que Côte-Nord, Gaspésie aussi songent à mettre
en place cette formation accélérée.
Le ministre assure que cette formation-là,
il n'y a pas vraiment de problème, parce que les nouveaux préposés, les
nouvelles recrues seront encadrées et accompagnées par des préposés dûment
formés. Bien, je me permets d'émettre des réserves. On le sait, on se l'est
dit, les gens le savent, la tâche est lourde, la population est vieillissante,
les cas sont de plus en plus lourds. Les préposés en ont beaucoup sur les
épaules. Peuvent-ils consciemment être tuteurs de préposés qui n'auront pas
reçu la formation complète? Il est plus que légitime de se questionner sur le
caractère incomplet de cette formation accélérée pour une tâche qui touche les
gens parmi les plus importants de notre société actuellement.
Alors, il y a quelques semaines, j'en ai
parlé au ministre. Je lui ai demandé de me déposer le programme de formation, ce
qu'il n'a pas fait d'ailleurs, on l'attend toujours, histoire de pouvoir
vérifier et comparer. On ne l'a pas. Le ministre dit qu'il n'y a pas vraiment
de risques pour les usagers et les patients. Bien là, moi, je m'inquiète, des
gens s'inquiètent, des gens se questionnent. Ils sont ici avec moi ce matin, et
je leur laisserai la parole.
La seule chose que je veux dire, c'est
qu'aujourd'hui on a une proposition que je relance et que je rappelle au ministre.
Elle a été faite, je la relance : que l'on transforme ce programme de formation
accélérée en programme continu travail-études. Pourquoi? Pour faire en sorte
que le préposé, dont la tâche est lourde, extrêmement importante, puisse avoir
cette formation complète que l'on juge essentielle. Proposition : évitons
les bris de couverture, mais donnons la formation adéquate à ceux qui sont des
piliers dans notre système de santé auprès des aînés.
Je cède la parole à M. Michel Lemelin.
Michel, à vous la parole.
M. Lemelin (Michel) :
Bonjour, tout le monde. Ça va bien? Merci, M. le député. Vous avez fait un bon
état de la situation. Michel Lemelin, président-directeur général de l'association
professionnelle des préposé-e-s aux bénéficiaires du Québec.
Nous nous attendions à un message fort de
la part du ministre de la Santé à son réseau au sujet du maintien de la
formation diplôme d'études professionnelles en milieu de travail. Est-ce vraiment
dans l'intérêt du patient de proposer une formation accélérée de quatre à cinq
semaines versus une formation de 750 heures initialement reconnue? Poser la
question, c'est y répondre. Pourtant, ce programme d'acquisition et de développement
des compétences, 750 heures, constituait les assises du réseau de la santé.
Est-ce que tout a vraiment été mis en
oeuvre par les CIUSSS Vieille-Capitale et CISSS—Côte-Nord afin de trouver des
solutions? Est-ce que leurs partenaires, les centres de formation professionnelle,
ont été consultés à ce sujet? De plus, les CIUSSS Vieille-Capitale et CISSS Côte-Nord
risquent de perdre toute crédibilité envers ces partenaires du réseau, entre
autres les résidences pour personnes âgées qui sont sous la loi 16 de la
certification, certification qui exige un rehaussement des compétences
académiques à leurs préposés aux bénéficiaires en milieu de travail, aux
centres de formation professionnelle du Québec qui ont l'impression de se faire
saborder leurs diplômes d'études professionnelles, aux familles, aux patients
qui comptent sur des préposés détenant des qualifications et des compétences
afin de répondre adéquatement à leurs besoins et aux préposés aux bénéficiaires
à qui vous leur avez exigé de détenir, et ce, sans condition, le diplôme
d'études professionnelles afin de répondre à vos exigences de formation pour
l'affichage de postes.
En terminant, nous avons une mise en garde
envers les personnes qui adhéreraient à cette avenue d'une formation accélérée.
Notre association est présentement dans un processus de décision finale avec le
gouvernement du Québec au sujet d'une possible reconnaissance de la profession
préposé aux bénéficiaires. En étude depuis septembre 2016, le dossier est
présentement sous la responsabilité de la ministre de la Justice Stéphanie
Vallée. Advenant une décision favorable, il y aura une émission de permis. Donc,
les préposés aux bénéficiaires qui posséderont moins d'une année en expérience
de travail devront détenir un diplôme d'études professionnelles reconnu par le
ministère de l'Éducation du Québec. Merci beaucoup.
M. Paradis (Lévis) : Merci,
M. Lemelin. Bien, je cède maintenant la parole à Mme Nancy Deslauriers. Elle
est présidente de l'association des professeurs en santé du Québec. Mme
Deslauriers.
Mme Deslauriers (Nancy) :
Merci beaucoup. Merci, M. Paradis, de m'offrir la possibilité de prendre parole
aujourd'hui. Donc, Nancy Deslauriers, je suis présidente de l'Association
québécoise des professeurs en santé du Québec et enseignante au secteur santé
depuis près de 10 ans.
Suite à l'annonce du projet de formation
accélérée de cinq semaines des préposés aux bénéficiaires, le comité exécutif
de l'AQPS a consulté les membres de l'association sur le projet pour prendre
position, et nous nous sommes questionnés. Est-ce possible d'acquérir 16
compétences d'un programme d'assistance à la personne en établissement de santé
en cinq semaines?
Permettez-moi de faire un tour rapide du
programme d'études de préposé aux bénéficiaires, qui, disons-le, est d'une
durée prescrite par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
du Québec de 750 heures. D'ailleurs, à cet effet, le programme d'assistance à
la personne en établissement de santé s'appuie sur différentes lois, politiques
et orientations ministérielles régissant les services de santé et de services
sociaux.
La personne formée peut être amenée à
offrir des soins et des services d'assistance en rapport avec des maladies et
des incapacités physiques ou mentales à une clientèle de tous âges. Ce travail
consiste à offrir des soins d'assistance pour lesquels elle est formée à
soutenir... consiste à soutenir la clientèle dans l'accomplissement des
activités de la vie quotidienne, à assurer sa sécurité et à intervenir en
situation de crise.
L'exercice de la fonction du préposé aux
bénéficiaires a pour objet de répondre aux besoins généraux de la personne et
de suppléer à ses incapacités, de l'accompagner et de la soutenir dans le
maintien de la restauration de son autonomie et de son état de santé. Aussi, le
préposé doit s'adapter constamment aux différentes situations changeantes,
compte tenu de l'instabilité de la clientèle, ce qui nécessite d'intervenir
avec prudence et discernement et de porter une grande attention aux changements
dans l'état de santé de la personne.
Il est aussi à noter qu'à la fin du
programme d'étude noté ci-haut, l'élève est amené à poursuivre ses apprentissages
en milieu de travail avec un contexte pédagogique où le ratio élèves-enseignant
permet de transférer ces apprentissages. Il est impératif, à notre avis, de
maintenir la qualité des soins et d'éviter de mettre en péril la sécurité de
nos usagers du système de la santé. Les compétences acquises au cours des 750
heures de formation permettent entre autres aux élèves d'analyser des
situations complexes pouvant être préjudiciables pour nos usagers et ainsi de
prendre des décisions éclairées et adéquates.
Donc, à notre avis, considérant l'ampleur
et la complexité des tâches inhérentes au travail des préposés aux
bénéficiaires, il nous apparaît difficile, voire même impossible, d'acquérir
toutes ces compétences à l'intérieur d'une formation de cinq semaines. Merci.
M. Paradis (Lévis) : Merci,
Mme Deslauriers. Je cède maintenant la parole à M. Donald Tremblay, président
de l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public et parapublic.
M. Tremblay.
M. Tremblay (Donald) : Merci.
Alors, bonjour, tout le monde. Alors, à mon tour, évidemment, en tant que
représentants d'aînés, mais aussi en tant que représentants de préposés aux
bénéficiaires à la retraite, nous sommes très préoccupés par la formation
raccourcie des préposés aux bénéficiaires. On estime que la qualité des
services destinés aux aînés s'en trouve diminuée, et, par conséquent, la
possibilité d'erreur, elle, se trouve augmentée. On appuie entièrement l'idée
que les préposés doivent terminer une formation régulière, et ce, en dehors des
heures de travail. Rendre obligatoire une formation complète des préposés aux
bénéficiaires, pour nous, est essentiel, principalement pour deux raisons.
La première, s'assurer de la qualité des
services destinés aux aînés. Jusqu'à quel point on peut vraiment escamoter une
formation d'intervenant aussi important dans la séquence des soins de santé? Je
vous rappelle que, dans le système actuel, les préposés aux bénéficiaires sont
ceux qui sont le plus en contact avec les personnes aînées. C'est souvent elles
qui vont sonner l'alarme pour souligner des problèmes de santé plus importants
et permettre à d'autres intervenants de prendre en charge.
La deuxième raison pour laquelle il faut
une formation complète, c'est d'éviter les erreurs dans les soins dispensés en
raison du manque d'expertise. Les préposés aux bénéficiaires sont des gens qui
travaillent très fort et souvent sous pression. Nous réfutons l'argument du
ministre qui mentionne que les préposés seront formés dans le réseau en cours
lorsqu'ils sont en poste. Pour nous, c'est impossible compte tenu de la charge
de travail tant pour les former que pour les formateurs.
En terminant, le laisser-aller du ministre
de la Santé est préoccupant pour l'avenir. Cette manière de faire, pour nous, c'est
l'opposé de ce dont nous avons besoin dans le réseau de la santé. Une
valorisation et une reconnaissance de la profession de préposé aux
bénéficiaires passent notamment par l'uniformisation de la formation reconnue,
solide et obligatoire, tant dans le secteur privé que dans le secteur public.
Je vous remercie.
M. Paradis (Lévis) : Merci,
M. Tremblay.
Le Modérateur
: Nous
allons passer maintenant à la période de questions. Olivier Lemieux,
Radio-Canada.
M. Paradis (Lévis) : Il a
l'embarras du choix, M. Lemieux.
M. Lemieux (Olivier) : On
commence par vous, M. Paradis. La vérité, c'est que le ministre de la Santé
semble faire bien peu de cas de ces formations écourtées là qui visiblement
s'étendent... parce que vous avez dit, bon, la Gaspésie, c'est confirmé; la Côte-Nord
aussi pour cet été; la Capitale-Nationale, c'était ce printemps; puis moi,
j'entends l'Abitibi qui regarde attentivement aussi cette avenue-là. Mais quand
on parle au ministre, il dit : une mesure temporaire pour répondre à une pénurie
qui est aussi temporaire. Ça vous convainc-tu, ça?
M. Paradis (Lévis) : Il y a
d'abord... je le rappelle, hein, c'est étonnant et surprenant qu'on n'ait pas
vu venir, qu'on puisse aujourd'hui dire : On répond à cette pénurie qui,
dans le temps, en tout cas, se place entre parenthèses. Ce n'est pas d'hier
qu'on sait que des préposés sont nécessaires, qu'on a besoin de ressources,
qu'il y a un fort taux de roulement également. Je vous le disais, il y a trois
ans, on abordait des questions fondamentales qui ne sont pas encore réglées, et
souvent elles ne sont pas réglées parce qu'on a une problématique de préposés,
de gens qui sont capables de donner des services que l'on souhaite pour les
aînés du Québec.
Non, je trouve ça étonnant qu'on n'en
fasse pas de cas, et, quelque part, c'est dérangeant aussi pour ces préposés qui,
eux, ont suivi cette formation extrêmement importante parce que la tâche est
lourde. Je vous le disais, tous conviennent. Il y a eu un forum, là, récemment
sur les CHSLD, les meilleures pratiques, la présence des préposés, l'attention
des préposés, la lourdeur de la tâche fait en sorte que... dans un programme
accéléré qui quelque part bafoue, en quelque sorte, le programme régulier que
tous souhaitent voir devenir obligatoire. On demande maintenant à ces préposés
de devenir les tuteurs de ceux qui auront à apprendre sur le terrain.
Attention, la tâche auprès d'un aîné, elle est importante. Ils sont les intervenants
de première, première ligne.
Alors, que le ministre dise : Ce
n'est pas si grave que ça, il ne devrait pas rien se produire, il n'y a pas de
risques accrus, non, ce n'est pas la vision qu'on souhaite. Ce n'est pas la
vision qu'on souhaite et c'est pour ça qu'on dit : Si on a besoin d'une
action pour éviter des bris de couverture ou des bris de services, faisons en
sorte que ces proposés, qui seront attachés à leur profession, soient dans l'obligation
de faire un programme d'études pour atteindre... donc travail-études, pour
atteindre la formation réclamée de 750 heures, incluant des stages, qui est
essentielle pour tous ceux et celles qui travaillent auprès nos aînés.
M. Lemieux (Olivier) : M.
Lemelin, peut-être de la fédération des préposés, moi, je vous pose la question
franchement. Gaétan Barrette est médecin. Est-ce que vous avez l'impression
qu'il regarde, en quelque part, de haut le poste de préposé aux bénéficiaires?
M. Lemelin (Michel) : Elle
est bonne, votre question. Avant de devenir médecin, Dr Barrette était préposé
aux bénéficiaires. Donc, je ne crois qu'il devrait regarder de haut, il devrait
se souvenir de ce qui était en arrière de lui. Donc, il devrait regarder en
avant.
Le problème du Dr Barrette, c'est qu'il
n'y a pas une vision future. On sait qu'à partir de 2023, la ligne
intergénérationnelle, il va y avoir beaucoup d'aînés, moins de jeunes, et les
personnes qui étaient, voilà 10 ans, à 70 ans sont maintenant à 80 ans. Donc,
imaginez le changement de besoins qu'on devra effectuer d'ici les 30 prochaines
années.
Donc, le ministre de la Santé doit avoir
une vision d'avenir, pas une vision de quatre ans, d'avenir pour les prochains
gouvernements.
M. Lemieux (Olivier) : Mais justement,
quand on demande une vision d'avenir comme ça... Moi, quand j'entends que c'est
temporaire, malheureusement, souvent, les mesures temporaires ont tendance à
devenir permanentes.
M. Lemelin (Michel) : Vous
avez le mot juste. Ça devient permanent, ça s'incruste, c'est insidieusement
incrusté, et ce qui est pathétique là-dedans, c'est que le préposé aux
bénéficiaires, là, qui va former la personne, un, ça va le dévaloriser, parce
qu'il va dire : Moi, là, j'ai pris six mois de ma vie pour aller chercher
une formation, j'ai fait des sacrifices, et l'autre à côté, qu'est-ce qu'il a,
lui? Zéro. Et, en plus, il faut qu'il soit un fardeau pour moi, en plus de mon
travail.
La question que je pose au ministre :
Est-ce que le ministre de la Santé peut garantir que les personnes qui vont
former ces supposés préposés aux bénéficiaires là vont, à ce moment-là...
est-ce qu'on va pouvoir, à ce moment-là, pouvoir les mettre en dehors de leur
travail, dire : Bien, regarde, on va les céduler puis ils vont pouvoir
former? Mais là il faut se poser d'autres questions. Ça va coûter de l'argent
pour pouvoir les libérer. Excusez-moi, c'est libérer les gens.
Donc, on fait-u une pierre deux coups?
Non. De toute façon, quand j'entends, dans le réseau des centres de formation
professionnelle, que les centres de formation professionnelle ne feront pas
aucun compromis au niveau de la qualité de la formation... Oui, travail-études,
ils sont d'accord avec ça, mais, en dehors de ça, ils ne veulent pas
s'embarquer.
Le Modérateur
: Pascal
Dugas Bourdon, Agence QMI.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
M. Paradis, est-ce qu'il y aurait moyen de trouver un genre de compromis,
c'est-à-dire une formation moins accélérée, qui ferait en sorte que ces gens-là
recevraient la formation qu'il faut et, en même temps, seraient en mesure de
répondre aux besoins criants?
M. Paradis (Lévis) :
Bien, on l'a. La proposition, elle a été dite, et je la répète encore
aujourd'hui, que cette formation accélérée devienne un programme continu
travail-études. Ça fait qu'on a un bris, là, on a peut-être un bris. On nous
dit qu'il y a une urgence d'agir, alors qu'on agisse, mais que ces gens-là
doivent continuer, soient obligés de continuer cette formation leur permettant
d'atteindre la complète formation de 750 heures. Alors, l'important, c'est de
faire en sorte qu'on n'ait pas des gens qui seront formés tel que tous le
souhaitent et d'autres qui seront formés à rabais. Et ça, ça peut devenir
dangereux. Former à rabais, là, ça ne donne jamais de bons résultats.
Alors, la proposition, elle est simple. Si
on a un besoin urgent, à défaut, que ceux qui seront appelés à avoir une
formation accélérée, se retrouvent sur le terrain en formation continue
travail-études et atteignent les 750 heures nécessaires pour une profession, je
vous le dis, là, une profession qui va prendre de plus en plus de place. Nos
aînés, la population vieillissante, les cas sont de plus en plus lourds et
sachez que les aînés de demain, ceux à qui on parle, ne seront pas moins
demandants que les aînés d'aujourd'hui.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Mais s'ils continuent à aller à l'école et qu'ils n'ont pas leur pleine
formation puis qu'ils arrivent sur le marché du travail, ils vont quand même
être un poids pour ceux qui ont suivi la formation comme disait monsieur
derrière vous tout à l'heure?
M. Paradis (Lévis) : Et dans
un monde idéal, dans un monde idéal, on le dit tous, la formation du préposé a été
conçue pour 750 heures, six mois, et des stages pratiques. Si on l'a conçu, là,
ce n'est pas pour rien, là. Ça répondait à un besoin, et d'autant plus que les
besoins et la demande de tâches aux préposés, elle est vouée à grandir encore,
de plus en plus importante. Je vous disais : C'est la pierre angulaire, c'est
le premier contact avec l'aîné.
Dans un monde idéal, c'est ça, c'est la
formation, puis ensuite, tu rentres au boulot. Il y a un bris potentiel qu'on
nous indique comme étant solutionnable uniquement par le fait d'amener
rapidement, parce qu'on manque d'étudiants finissants, des proposés sur le
terrain. Bien, ayons la décence de faire en sorte que ceux-ci nous permettent
de continuer à atteindre l'objectif de la formation, mais que là on essaie de
penser…
Puis cette vision-là que je reproche au
gouvernement... Comment se fait-il qu'on n'ait pas pensé… Comment ça se fait
qu'on n'a pas valorisé le rôle, la profession de préposé? Pourquoi on n'a pas
des campagnes de sensibilisation positives sur le rôle du préposé versus
l'aîné, importance qu'il a dans ce réseau de la santé? Et, si on avait fait ça
il y a trois ans de ça, quand on se questionnait déjà sur des notions
fondamentales de soins donnés à nos aînés, on aurait peut-être des gens qui seraient
sur les bancs d'école à souhaiter atteindre l'objectif et devenir des pierres
angulaires pour les aînés, qu'on souhaite avoir une qualité de vie
exceptionnelle.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Donc, vous croyez vraiment que des pubs télé vont venir changer le nombre
d'étudiants qui vont s'inscrire? Ce n'est pas…
M. Paradis (Lévis) : Je pense
que la valorisation…
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
C'est quoi, la valorisation?
M. Paradis (Lévis) : Bien, de
parler du rôle important, de donner le temps aux préposés, d'appeler des gens à
épouser cette profession-là. Et on l'a fait pour bien des professions. Qu'on
fasse en sorte de reconnaître leur travail…
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
En augmentant leur salaire, par exemple?
M. Paradis (Lévis) : …que les
préposés eux-mêmes… qu'on revoie… Tout ça est sur la table. Qu'on repense les
conditions, qu'on valorise le travail, qu'on puisse être en mesure de donner la
parole à des préposés. Qui entend des préposés? Entendre des préposés parler
viscéralement du besoin qu'ils ont de travailler avec leur clientèle. Est-ce
qu'on en entend?
Actuellement, les préposés ne sont pas
valorisés, ne sont pas au premier plan. Et, oui, la valorisation, la
sensibilisation, ce discours-là permettrait de dire et de faire en sorte que
des gens vont peut-être également épouser cette profession-là. Pour l'instant,
ce n'est pas attirant.
M. Lemieux (Olivier) : Moi, il
m'en reste juste deux, très rapides, là. Peut-être à M. Paradis. Le ministre Proulx
là-dedans, je sais bien que ce n'est pas son ministère, il est à l'Éducation,
mais n'empêche, il a comme rôle de valoriser la formation professionnelle, et
là il y a des formations qui minent complètement le D.E.P. qui commencent à
s'étendre. On ne l'entend pas. C'est assez assourdissant comme silence.
M. Paradis (Lévis) : Bien,
c'est assez aberrant. Alors, on est en train de miner des programmes qui ont
été décidés, pensés et conçus parce qu'on en avait besoin puis qui étaient
essentiels. On remet en question ce que l'on a cru être et ce qui est
essentiel. Puis au surplus, bien là, on est en train de se questionner sur la
réception des centres de formation accélérée, sur un programme qui existe déjà
puis le fait qu'on ait envie de mettre la roue à l'épaule. Là, on est en train
de créer de la discorde plutôt que de faire en sorte de valoriser et de faire
en sorte que la profession gagne en popularité.
M. Lemieux (Olivier) : M.
Tremblay, pour vous… C'est ma dernière, là. Écoutez, vous avez semblé inquiet
tout à l'heure, là, par rapport aux soins que recevraient ultimement nos aînés,
dans les CHSLD notamment. On a tous vu et entendu des histoires d'horreur ces
dernières années. C'est malheureux, mais elles sont réelles. Est-ce qu'on met
en place des conditions pour que les pires scénarios finissent par survenir, se
concrétiser?
M. Tremblay (Donald) : En
fait, le ministre a organisé un grand forum des meilleures pratiques en CHSLD
en novembre dernier. Je ne sais pas si ça fait partie de ces meilleures
pratiques que d'organiser une formation accélérée, raccourcie comme celle-là.
Mais tout à l'heure, on disait : les préposés aux bénéficiaires sont importants
dans la vie des personnes vulnérables.
Alors, tantôt, on disait aussi : Allez
demander... Est-ce qu'on donne la parole aux préposés aux bénéficiaires? Mais,
si on donne la parole aux aînés qui reçoivent des services de ces personnes-là,
je suis persuadé... Allez faire un tour n'importe où, de quelqu'un qui reçoit
des services dans un CHSLD, je ne suis pas sûr qu'il va être capable de vous
nommer le nom du directeur général ni de l'infirmière en chef. Mais ses
préposés aux bénéficiaires, oui, parce qu'il y a un rapport, il y a une
relation, il y a un lien important entre la personne qui donne des soins
intimes et particuliers à une personne et la personne qui les reçoit.
Donc, pour nous, c'est fondamental que la formation
soit complète et obligatoire. Ça nous apparaît comme une garantie, en tout cas,
pas complète, mais une garantie de qualité de soins et d'erreurs à éviter absolument
dans la dispensation des soins.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Oui. Rapidement, une dernière question. Oui, je sais que je ne suis pas très discipliné.
M. Paradis, M. Lisée a dit ce matin que le
PLQ a volé votre idée, là, en ce qui concerne la réforme de la Constitution,
volé votre idée à la CAQ. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette lecture-là?
M. Paradis (Lévis) : Je fais
rien que la parenthèse que le Parti libéral, évidemment, navigue sur plusieurs
bonnes idées de la Coalition avenir Québec, et tous en conviendront. Cependant,
dans ce dossier-là, vous me permettrez de vous dire qu'on va attendre. On va
attendre de voir ce qui sera proposé. On va attendre de voir le document. On va
attendre d'en prendre connaissance. Ensuite, on réagira. Pour l'instant, c'est
prématuré.
Des voix
: Merci.
(Fin à 9 h 47)