(Huit heures une minute)
M. Lisée
: Alors, avec
le gouvernement libéral et cette austérité permanente, on avait le rationnement
des soins à domicile. On a les découvertures d'urgences qui s'en viennent cet
été et là on a un genre de volonté de rationner l'aide alimentaire aux enfants
québécois les plus défavorisés. Et depuis trois jours, en réponse aux questions
d'Alexandre, on voit le ministre Sébastien Proulx nous embrouiller dans des
indices et puis, oui, mais il y a cet indice-ci puis il y a cet indice-là.
On dit : M. le ministre, il y a des
enfants qui ont faim le matin lorsqu'ils arrivent à l'école. Avant, ils avaient
de l'aide alimentaire. Maintenant, ils n'en ont plus. Alors, lâchez vos
statistiques puis regardez les besoins des enfants. Combien d'enfants, à cause
de vous, n'ont plus d'aide alimentaire le matin? Quel est l'impact sur leur
vie, sur leur capacité d'apprendre? Et pourquoi n'avez-vous pas la simple
dignité de refuser de retirer l'aide alimentaire à un seul enfant qui l'avait
encore l'an dernier? Alexandre.
M. Cloutier : En fait, il faut
penser à tous ces élèves qui, par le passé, avaient accès à de l'aide
alimentaire et que soudainement se sont vus retirer une aide à laquelle ils
avaient droit par le passé. Je vous donne l'exemple du cas de l'école Bermon
dans Lanaudière, où, à chaque matin, il y a environ 90 élèves sur 200 qui se
présentent chaque matin pour avoir accès à de l'aide alimentaire. C'est une
école où, avec la révision du ministre, l'école ne recevra plus d'aide et qui,
les jeunes... on ne nous a pas fait la démonstration que les jeunes qui avaient
accès à cette aide n'en ont plus besoin. Et visiblement ce n'est pas le cas
puisqu'ils continuent de se présenter pour avoir accès à de l'aide alimentaire.
Il y a aussi certaines commissions scolaires...
la totalité, par exemple, de la commission scolaire de Jonquière, qui avait
pourtant avant un budget pour l'aide alimentaire, se retrouve du jour au
lendemain avec zéro, et évidemment ça m'apparaît plus qu'impossible qu'aucun
jeune de la commission scolaire de Jonquière n'ait besoin d'aide alimentaire.
Puis là on a fait le tour. C'est la même
situation, là, dans le Bas-Saint-Laurent où des écoles, par le passé, étaient
considérées comme défavorisées, ne le sont plus par le ministre. Mais lorsqu'on
pose la question, quel est le nombre d'élèves qui avaient accès à l'aide
alimentaire et qui n'en ont plus besoin suite à la révision de vos règles,
bien, le ministre est incapable de répondre. Il est incapable de répondre à
cette question. Alors, visiblement, il y a des centaines, probablement
davantage des milliers de jeunes qui, du jour au lendemain, bien, vont devoir
composer avec ces règles administratives. Mais quand on prend une petite minute
pour y penser, là, c'est des jeunes qui ont le ventre vide. C'est ça qui n'a
pas de bon sens.
Alors, on demande au ministre de bonifier
l'enveloppe, de s'assurer que ceux et celles qui ont réellement besoin, bien,
aient accès à de l'aide alimentaire.
M. Lisée
: Alors, comme
vous savez, le gouvernement libéral utilise beaucoup d'argent pour faire de la
publicité par heure de grande écoute pour dire comment ce budget de l'espoir
retrouvé est extraordinaire pour le Québec. Mais pour des milliers, peut-être
des dizaines de milliers d'enfants, c'est le budget du rationnement de l'aide
alimentaire. Alors, il faut que ça s'arrête.
Le Modérateur
: Merci,
MM. Cloutier et Lisée. On va y aller aux questions. M. Laforest, TVA, micro de
droite.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, messieurs. Est-ce que le Bloc québécois a besoin d'aide?
M. Lisée
: Le Québec a
besoin du Bloc québécois. On a un premier ministre, Justin Trudeau, qui est
méprisant envers le Québec. La Banque d'infrastructure aurait dû être à
Montréal, elle est à Toronto. Le premier ministre Trudeau, qui a réduit le
financement de la santé de façon inconsidérée... Sur Bombardier, sur l'ensemble
des dossiers, il faut que le Québec soit défendu à Ottawa, et ce ne sont pas
les députés libéraux fédéraux qui le font, puis ce n'est pas les députés
conservateurs, puis ce n'est pas les députés du NPD. C'est le Bloc québécois.
Alors, moi, je suis comme vous ce qui se
passe au Bloc en ce moment et je leur dis amicalement : On a besoin de
vous forts, unis, concentrés sur votre tâche.
M. Laforest (Alain) : Il est
en train d'imploser, le Bloc, là, avec votre ancienne députée, là, amie du
Parti québécois.
M. Lisée
: Tout ce que
j'ai à leur dire, c'est : Le Québec a besoin d'un Bloc fort, d'un Bloc
concentré, d'un Bloc qui travaille pour les intérêts des Québécois. C'est une
nécessité. Alors, je leur demande de régler leurs problèmes. Je leur demande de
discuter de leurs problèmes internes, de régler ça et de penser à l'intérêt du
Québec, l'intérêt du Québec qu'ils représentent à Ottawa. C'est ça qui doit les
guider tous.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Alors, au-delà de leur demander, allez-vous intervenir directement? Parce que,
de toute évidence, si le Bloc devait disparaître en quelque sorte, tous les
tiraillements, ça va vous faire mal.
M. Lisée
: C'est comme
pour le Parti québécois, hein? Les prédictions de disparition du Bloc, on
pourrait faire des livres avec ça et on pourrait faire un livre bien meilleur
sur la capacité de rebond du Bloc. Alors, moi, je pense que l'élection
prochaine, en 2019, va être une élection où les Québec vont se rendre compte
qu'ils ont vraiment besoin de davantage de députés du Bloc. Maintenant, ils ont
des problèmes internes, ça les regarde. Je ne veux pas m'ingérer dans les
affaires internes du Bloc, mais je les appelle à de l'unité et de la cohésion.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que, pour vous, ce qui cause ça, ce n'est pas un peu la distance, de
gérer un caucus à distance? Est-ce que ce n'était pas une catastrophe annoncée,
ce qui se passe actuellement?
M. Lisée
: Je ne
m'ingère pas dans les débats internes du Bloc québécois.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Plante.
Mme Plante (Caroline) : M.
Lisée, ces problèmes-là, quel impact ils pourraient avoir sur le mouvement
souverainiste?
M. Lisée
: Vous savez, il
y a des périodes de difficultés dans des caucus, dans des partis, dont les
partis et les caucus se remettent et se rendent à des élections. Ils gagnent
des élections, ça s'est vu très souvent. Alors, les députés du Bloc, les
membres du Bloc ont un passage difficile à traverser. Je les appelle à penser à
l'intérêt de la nation québécoise pour résoudre leurs différences.
Mme Plante (Caroline) : Hier,
on a entendu le premier ministre Couillard prédire 10 ans quasiment
d'apocalypse, là, en cas de souveraineté. Est-ce que c'est manquer de respect
envers les souverainistes?
M. Lisée
: Envers les
Québécois. Vous savez, il y a quoi, il y a 195 nations aux Nations unies, une
trentaine de nouveaux pays indépendants ont fait leur entrée au cours des
dernières décennies. Et ce que M. Couillard est en train de nous dire, c'est
que les Québécois sont moins bons que les autres, les Québécois ne peuvent pas
se gouverner, les Québécois sont des incapables. Je pense qu'il y a un problème
avec le manque d'estime que M. Couillard a envers les Québécois.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Vous dites que le Bloc va défendre les Québécois au Canada. Trouvez-vous que le
Bloc défend bien les Québécois en ce moment?
M. Lisée
: Bien, au
cours des dernières années, sur des sujets importants... juste ces dernières
semaines, on a réussi, nous ici et le Bloc, à faire en sorte de faire reculer
le gouvernement Trudeau sur la protection des consommateurs québécois. S'il n'y
avait pas eu le Bloc, ça n'aurait jamais eu lieu. Aucun autre député fédéral
n'avait vu que, dans le projet de loi sur les banques, on donnait aux banques
canadiennes un pouvoir qui écartait les droits des consommateurs québécois en
vertu de la loi québécoise de protection du consommateur. Sans le Bloc, ça
n'aurait pas eu lieu. Sur plusieurs dossiers, le bloc est là pour défendre le Québec.
Il est indispensable, le Bloc.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Quels seront les impacts de cette crise actuelle sur le Québec, selon vous?
M. Lisée
: Écoutez,
moi, j'ai bon espoir que, dans trois mois, on n'en parlera plus de cette
crise-là.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Trois mois?
M. Lisée
: Trois mois,
deux mois, deux semaines. Vous savez, les choses vont vite en politique. Ce qui
semble gravissime aujourd'hui, la semaine suivante, bien, on est passés à autre
chose parce que les problèmes ont été résolus.
Le Modérateur
:
Dernière en français, ensuite peut-être Raquel.
M. Laforest (Alain) : Si Mme
Ouellet est exclue comme chef, là, si jamais c'est ça, la résultante du caucus d'aujourd'hui,
seriez-vous prêt à la reprendre au Parti québécois?
M. Lisée
: Il n'est pas
question que je spécule sur des choses comme celles-là. Moi, j'appelle les gens
du bloc à de la cohésion, de l'unité et à penser à l'intérêt des Québécois
qu'ils représentent à Ottawa.
Le Modérateur
:
Parfait. On va y aller en anglais. Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Could you just summarize your... I don't know, your
statement, I guess, in English.
M. Lisée
: Sure. C'est quoi, «rationnement», en anglais? Rationnement...
Caroline?
Mme Plante (Caroline) : A
ration?
Des voix
: ...
M. Lisée
: Non. C'est
le rationnement des soins, le rationnement de l'aide alimentaire.
Des voix
: ...
M. Lisée
: I don't like it. So what we have here is a government that nickel-and-dimes the help for hungry children that come
with... OK, so what we have here is a government that nickel-and-dimes the help to hungry children that come with an
empty stomach at school in the morning. So they have these graphs, and
statistics, and all the reasons why children who had help last year do not have
help this year. But they're still hungry, and so we're asking this government to stop cutting on basic needs
for our children. It's only a matter of $1 million, $2 or $3 million
and this would all go away and the children of Quebec would have needed help in
the morning to have a good day of learning. And so we just don't understand why
it is so difficult for this Government to simply open the burse to cover these needs. Alright?
Mme Fletcher (Raquel) : I want to switch topics to the engineers strike. It was brought up
in question period yesterday by the CAQ, but I wanted to know what the PQ's
position is or whether or not you were satisfied by the answers of the Minister
yesterday in QP.
M. Lisée
: Well, clearly, if we're going to come back and have a special law
to force the engineers to come back to work, it just says that this Government is unable to manage correctly its
labor disputes. I mean, we had the jurists, and then
the construction workers, and then we're going to be back for the engineers. I
mean, the Government's work is trying to get to reasonable compromises with its
employees, and clearly they don't have the ability to do that, and so that's
very worrisome.
On the merits, clearly,
we have a need to attract engineers that have the ability to look internally at
the immense work of construction that's going on in Quebec. Clearly, we're
falling short. How much more should we invest? We're not at the negotiation
table, but certainly, the point of equilibrium has not been reached.
Mme Fletcher (Raquel) : The union is asking for a 20% wage increase, because it says it
just can't retain experienced engineers. The Government is saying : We're
nowhere a competitive employer, we can retain engineers. The union clearly
doesn't think that that's the case and they're saying that they're particularly
short of civil engineers. So you have engineers that have specialties in other
domains but they're working on building bridges or building important
structures. Are you concerned at all about that posing
safety concerns for Quebeckers
or that kind of things?
M. Lisée
: Well, clearly, if there is a mismatch between knowledge and the
task, I mean, it's not optimal. I think the unions are right in saying that the
ability to attract is not sufficient. Now what would be sufficient, I won't get
into negotiating or stating percentages, but there's more work to be done. OK?
Des voix
: …
M. Lisée
: Ah! Il est
arrivé en retard. Est-ce qu'il a droit quand même à une question?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, je devais passer par Ottawa.
M. Lisée
: Ah!
D'accord, d'accord. Ah! Bien, dans ce cas-là... Ça a été «répond», déjà.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Non, non, bien, en fait, c'est concernant les dépenses en matière de défense.
Alors, j'aimerais savoir qu'est-ce que vous pensez, là, de l'offensive du gouvernement
libéral, là, qui a annoncé des dizaines de milliards de dollars en nouvelles
dépenses pour recruter des soldats, se doter de nouveaux avions de chasse et
navires et moderniser toute sa flotte militaire.
Est-ce que c'est justifié, dans la mesure
où le gouvernement, l'administration américaine, a demandé aux membres de
l'OTAN notamment de hausser significativement leurs dépenses en matière de
défense ou, pour vous, c'est injustifié à ce moment-ci?
M. Lisée
: Écoutez,
pour nous, c'est clair qu'un Québec indépendant n'aurait pas besoin d'avion de
chasse qui a la capacité de faire des intrusions loin, lointaines sur la
planète, dans des offensives et que, donc, des dépenses de plusieurs milliards
de dollars seraient économisées par un Québec indépendant.
Maintenant, que le Canada décide qu'il
veut jouer ce rôle-là, un rôle ponctuel offensif avec des coûts prohibitifs, d'après
moi, c'est une mauvaise décision. Le Canada devrait avoir un autre rôle dans le
monde que celui-là, et je pense que c'est de l'argent qui pourrait être utilisé
à d'autres fins. Alors, moi, j'ai très hâte qu'un Québec indépendant puisse
faire ses propres choix qui seraient différents et beaucoup moins coûteux.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Le
gouvernement fédéral canadien se s'appuyait pas trop les États-Unis pour
assurer sa défense, notamment de s'assurer que l'article, je pense, 5 ou 50 de
la charte de l'OTAN soit toujours respecté et que, s'il est attaqué ou subit
des attaques, son grand allié du sud puisse venir à sa rescousse?
M. Lisée
: Vous pouvez me
donner la liste des pays qui pourraient attaquer le Canada? Merci.
Le Modérateur
: Merci.
(Fin à 8 h 16)