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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Version finale

Le jeudi 8 juin 2017, 11 h 07

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures sept minutes)

M. Nadeau-Dubois : Donc, ce matin, on a assisté à une scène tristement familière pour beaucoup de gens au Québec durant la période des questions, vraiment une scène classique de vieille politique et une scène où il y avait, d'un côté, un ton pessimiste, catastrophiste sur le Québec et, de l'autre, un ton revanchard.

Hier, dans un point de presse, on m'a posé la question, on m'a demandé si le débat constitutionnel était un vieux débat, et j'ai répondu en disant : Non, au contraire, je pense que c'est un débat qui est d'actualité parce que c'est un débat qui nous permet d'imaginer le Québec qu'on veut pour demain. Ce que je constate, c'est que ce dont les Québécois et les Québécoises sont tannés, ce n'est pas du débat constitutionnel, c'est de cette manière-là de mener le débat constitutionnel, de la manière dont ce débat-là a été mené ce matin lors de la période de questions.

Puis c'est une scène, je vous dirais, qui m'a déçu. Je suis un tout nouveau député, je commence dans mes nouvelles fonctions et j'arrive avec une volonté de faire des débats de fond. Et dans ma question, hier, c'est ce que j'ai tenté de faire, tenter d'initier un échange, un débat de fond sur c'est quoi, une constitution, à quoi ça sert et comment peut-on mobiliser les gens au Québec autour de ce projet-là.

Malheureusement, ce matin, les deux partis traditionnels au Québec sont retombés dans leurs vieilles habitudes, dans leur vieux ton, et je pense... en tout cas, ils m'ont déçu, moi, dans le ton qu'ils ont employé tous les deux, et je pense qu'ils vont... c'est à cause de ce genre d'attitude là puis de ton là que beaucoup de gens sont cyniques, malheureusement, aujourd'hui, quand ils pensent à l'Assemblée nationale du Québec.

Moi, je n'ai pas envie de sombrer là-dedans. J'ai envie, au contraire, de continuer à amener des débats de fond et je pense que le débat constitutionnel, ça peut être un débat mobilisant, intéressant, si on fait comprendre aux gens du Québec ce que pourrait être un Québec indépendant. Et je vais continuer à intervenir sur les enjeux constitutionnels et je m'engage à faire une chose, c'est à ne jamais employer le genre de ton qu'on a vu ce matin.

M. Salvet (Jean-Marc) : En quoi M. Lisée avait-il un ton revanchard, puisque c'est lui que vous visez en employant ce qualificatif?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je trouve que les deux partis politiques...

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais vous avez dit qu'il y en a un qui avait un ton pessimiste, l'autre qui avait un ton revanchard. J'essaie de comprendre le mot «revanchard», là.

M. Nadeau-Dubois : Bien, on lieu de lever le niveau du débat, de parler des avantages de l'indépendance, de parler de comment ça pourrait nous permettre, par exemple, de sortir du pétrole, comment ça pourrait nous permettre de renégocier nos accords commerciaux, au lieu de faire ça, c'était un échange qui était vraiment comme une vieille toune sur «repeat», là, hein, c'est-à-dire...

M. Salvet (Jean-Marc) : Est-ce que c'est la logique de la période de questions contre laquelle vous en avez? C'est un peu la logique de la période de questions?

M. Nadeau-Dubois : Je pense que c'est possible de poser des questions de manière différente et surtout d'avoir des réponses beaucoup plus intéressantes que celles qu'on a vues ce matin.

M. Laforest (Alain) : N'êtes-vous pas en train de tomber dans le panneau du Parti libéral en parlant de constitution? Parce que lorsqu'on parle de constitution, on ne parle pas d'autre chose.

M. Nadeau-Dubois : Ça dépend de comment on en parle. Le débat sur la Constitution, ça peut être un débat ennuyeux, plate et ça peut être une distraction. Si on s'emporte dans des guéguerres comme ce matin, c'est clair.

M. Laforest (Alain) : On s'entend que c'est une distraction au Québec, là.

M. Nadeau-Dubois : Bien, nous, à Québec solidaire, on a justement la volonté de l'aborder sur un angle différent, en parlant d'assemblée constituante puis en impliquant les gens dans ce débat-là.

M. Laforest (Alain) : Mais en quoi ça règle les problèmes de santé, que ça règle les problèmes de la 25, aujourd'hui, qui est un problème? La constituante, ça, c'est...

M. Nadeau-Dubois : Bien, voilà, le défi, c'est de justement ne pas réduire le débat constitutionnel simplement à la question de l'appartenance canadienne. Bien sûr, c'est le gros morceau, mais, dans une constitution, il y a beaucoup d'autres choses. Il y a : Quels pouvoirs voulons-nous donner à nos villes? Quels pouvoirs voulons-nous donner à nos régions? Comment veut-on organiser notre système démocratique?

Ce n'est pas des petites questions, et ça peut être des questions mobilisantes si on implique les gens. Or, actuellement, on a un gouvernement qui a adopté une méthode tout à fait traditionnelle et franchement élitiste. On écrit un document, on s'en va faire des relations publiques au Canada anglais au lieu d'impliquer les gens au Québec.

M. Salvet (Jean-Marc) : Sur le fond, justement, votre assemblée constituante, j'ai toujours compris, chez Québec solidaire qu'elle visait à, comment dire, rédiger un texte fondateur pour un Québec indépendant. Vous avez hier également parlé de cette assemblée constituante à M. Couillard, alors qu'il est dans une logique de Constitution canadienne. Donc, vous élargissez cette idée d'assemblée constituante à la Constitution canadienne?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on pense que l'assemblée constituante, c'est le bon forum pour parler de tous ces enjeux-là en premier lieu, en tout premier lieu, celui de l'indépendance. Mais une assemblée constituante, c'est un exercice démocratique où il y a des délégués qui sont élus par la population et les gens débattent de la constitution. Et forcément, le point central de cette discussion-là, c'est le rapport avec le Canada, mais il n'y a pas seulement ça. Et c'est pour ça qu'à Québec solidaire on a une approche très, très différente de ce qu'on a vu ce matin, où c'était réglé vraiment comme du papier à musique, péquistes et libéraux dans leur même guéguerre habituelle. Et c'est de ça dont les gens sont tannés, je crois, pas les débats constitutionnels eux-mêmes.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, l'assemblée constituante ne mène pas nécessairement à l'indépendance.

M. Nadeau-Dubois : À Québec solidaire, on est un parti indépendantiste. On pense que, pour réaliser notre projet de société, le Québec doit être un État indépendant. Et, pour nous, la manière d'arriver à l'indépendance, la manière de sortir des oppositions traditionnelles, c'est de mettre sur pied une assemblée constituante qui se saisirait de cette question-là.

M. Bellerose (Patrick) : Qui mène nécessairement à l'indépendance.

M. Nadeau-Dubois : Bien, il y aurait un référendum, dans le fond, qui viendrait approuver ou désapprouver le travail de cette assemblée constituante là. Donc, la décision, elle reviendrait, in fine, dans le fond, à la population du Québec. Mais le travail de rédaction, de consultation de la population sur quel projet de société on veut, ça, c'est l'assemblée constituante qui s'en chargerait.

M. Bellerose (Patrick) : ...a été divisé pour mieux régner, en faisant la part belle en Chambre en disant : Il y a une nouvelle voix ici, sur l'indépendance...

M. Nadeau-Dubois : Moi, je vais refuser de me faire instrumentaliser, et Québec solidaire va refuser de se faire instrumentaliser par le Parti libéral pour alimenter ses guéguerres avec le Parti québécois. De la même manière, on va refuser de se faire instrumentaliser pour expliquer les difficultés du Parti québécois. Nous, on est ici pour défendre un projet de société, on est ici pour défendre une vision du Québec qui est différente de celle de tous les autres partis politiques. Moi, c'est ce mandat-là que les gens de Gouin m'ont donné puis c'est ce que je vais faire à l'Assemblée nationale.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Avez-vous l'impression d'être instrumentalisé présentement par le Parti libéral?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense que c'est assez évident que c'est ça, la tentative, mais libéraux et péquistes peuvent se le tenir pour dit, ça ne fonctionnera pas.

M. Bellerose (Patrick) : Mais forcément, Québec solidaire fort, un mouvement souverainiste fort à gauche, va diviser le mouvement souverainiste. Dans les faits, c'est ce qui va arriver.

M. Nadeau-Dubois : Moi, je regarde ce qui s'est passé en Colombie-Britannique récemment, il y avait un gouvernement libéral au pouvoir depuis 16 ans, il y avait une volonté démocratique forte de chasser ce gouvernement-là. Les deux partis qui aspiraient à le remplacer ont présenté leur candidature dans toutes les circonscriptions, ils ont fait campagne sur leur projet de société et, une fois que les électeurs, électrices ont tranché, ils ont réussi à travailler ensemble. Et, à Québec solidaire, c'est toujours comme ça qu'on a fonctionné.

M. Salvet (Jean-Marc) : Vous pourriez gouverner avec un gouvernement du Parti québécois minoritaire?

M. Nadeau-Dubois : Québec solidaire est en faveur d'un mode de scrutin proportionnel mixte, donc, forcément, la question des alliances, on y a toujours été ouverts et on l'a d'ailleurs déjà fait dans le passé, créer des alliances à l'Assemblée nationale pour faire avancer des projets de loi. On l'a toujours fait, on va continuer à le faire. On verra la...

M. Salvet (Jean-Marc) : Jusqu'à l'hypothèse d'un gouvernement de coalition.

M. Nadeau-Dubois : Voilà. Bien, on fera les alliances parlementaires lorsqu'on connaîtra la composition de l'Assemblée nationale. C'est prématuré à ce stade-ci, mais, sur le fond, bien sûr qu'on est ouverts. Ce serait absurde, pour un parti qui prône la proportionnelle mixte, de ne pas envisager des alliances ponctuelles pour faire avancer des projets de loi.

M. Laforest (Alain) : Seriez-vous prêt à accueillir Martine Ouellet dans vos rangs?

M. Nadeau-Dubois : Je ne m'attendais pas à cette question-là. Bien, écoutez, moi, j'espère que Martine Ouellet et ses collègues du Bloc québécois vont réussir à refaire l'unité. Je pense que le Bloc québécois a une voix importante à Ottawa pour les indépendantistes, dont je suis, dont nous sommes, à Québec solidaire. Alors, moi, c'est surtout ça que j'espère et je...

M. Laforest (Alain) : Mais, si ça ne fonctionne pas, là, qu'elle devient... elle est éjectée, elle n'est plus chef demain matin, est-ce que vous seriez prêt à lui ouvrir les bras à Québec solidaire pour l'intégrer dans votre groupe?

M. Nadeau-Dubois : Martine Ouellet est une députée indépendantiste, est une députée progressiste. Québec solidaire est un parti progressiste et indépendantiste. Donc, si Mme Ouellet désire se joindre à une nouvelle famille politique, qu'elle nous appelle, et on en jasera avec elle.

M. Bélair-Cirino (Marco) : La députation de Québec solidaire pourrait passer du simple au double en deux semaines.

M. Nadeau-Dubois : Vous êtes déjà rendu très loin, je trouve, dans la spéculation. Je préfère ne pas faire de politique-fiction.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Une précision. Les délégués de Québec solidaire ont décidé de ne pas discuter d'éventuelles alliances stratégiques avec le Parti québécois, avec le Parti québécois du déficit zéro, de la charte des valeurs québécoises, mais pourrait gouverner avec le Parti québécois.

M. Nadeau-Dubois : Nous, ce qu'on a décidé, c'est de présenter 125 candidatures de Québec solidaire comme on le fait depuis 10 ans maintenant. C'est ça, la décision qu'on a prise. Ce n'est pas de ne pas travailler avec le Parti québécois dans aucun contexte et sous aucune condition. C'est, pour les élections de 2018, de présenter 125 candidatures avec la parité hommes-femmes. Ça, c'est ça, notre décision.

Donc, ce n'est pas un rejet de tout dialogue ou de toute collaboration avec le Parti québécois. Ça, c'est beaucoup comme ça que ça a été interprété, mais le fond de notre décision, c'est d'aller de l'avant avec notre programme, avec notre projet de société et de proposer à tous les Québécois, Québécoises, dans tous les comtés, cette option-là progressiste pour le Québec. C'est ça, notre décision. Et pas plus tard que lundi dernier, mon collègue Amir Khadir faisait une sortie conjointe avec Carole Poirier du Parti québécois sur la question des CPE, et je peux vous promettre qu'il va en avoir d'autres, de ce travail conjoint là, non seulement avec le Parti québécois, mais aussi avec d'autres partis. C'est toujours comme ça qu'on a travaillé à Québec solidaire.

Donc, bien sûr qu'on va toujours être ouverts à travailler avec les autres partis lorsque l'Assemblée nationale est constituée. Durant les élections, on considère que c'est notre devoir de présenter une option progressiste à tout le monde.

M. Croteau (Martin) : J'ai une question sur un tout autre sujet. Qu'est-ce que vous pensez de l'idée lancée par Mitch Garber de verser 1 000 $ à des diplômés afin d'encourager la persévérance scolaire?

M. Nadeau-Dubois : Bien, moi, je salue toujours les citoyens, citoyennes engagés qui ont à coeur l'éducation. Et quand ils viennent du milieu des affaires, pourquoi pas? Moi, je trouve que c'est des... Il faut saluer les gens qui considèrent, comme nous, à Québec solidaire, que l'éducation, c'est important.

Est-ce que la solution est la bonne? J'en doute. Ça me semble être un peu simpliste comme proposition, mais je salue sa bonne volonté. Je pense que c'est intéressant de voir que les gens réalisent, comme le font de plus en plus de gens au Québec, que l'éducation, là, on l'a trop négligée dans les dernières années. Et je pense que la solution est peut-être plus là, réinvestir dans le système, encadrer mieux les jeunes qui sont en difficulté, plutôt que de leur promettre une récompense financière à la fin des études.

M. Croteau (Martin) : Donc, c'est plus... Y a-tu des mesures précises qui pourraient être adoptées à l'école, à vos yeux, afin d'encourager la persévérance scolaire?

M. Nadeau-Dubois : Bien, il y a une chose qu'il faut faire de manière urgente, c'est réembaucher des spécialistes. Quand j'ai fait ma campagne dans Gouin, on m'en a parlé énormément. Je rencontrais des parents qui avaient des enfants qui venaient de recevoir un diagnostic de trouble d'apprentissage, de trouble de comportement et qui devaient attendre deux ans pour avoir un diagnostic et donc avoir de l'accompagnement.

C'est ces jeunes-là qui sont les futurs décrocheurs, et, si on ne les aide pas dès le primaire dans leurs difficultés, on aura beau leur promettre des compensations sept ans plus tard, le problème, il faut le régler à la base en encadrant mieux, en accompagnant mieux les jeunes, dans les écoles primaires, qui ont des difficultés, et, pour ça, ça prend des professionnels. Ça prend des professionnels, et malheureusement, dans les dernières années, il y a eu des coupures qui ont fait mal, hein? Seulement dans la commission scolaire de Montréal, c'est 375 spécialistes qui ont été coupés. Donc, ça, à un moment donné, ça a des impacts sur le terrain et ça alimente le cercle vicieux du décrochage scolaire.

M. Bellerose (Patrick) : En quoi la solution de M. Garber est simpliste?

M. Nadeau-Dubois : Parce que je pense qu'elle ne règle pas le problème à sa source. Le problème à la source, c'est nos jeunes en difficulté qui accumulent un retard dès leurs premières années de fréquentation du système scolaire. Alors, même si on propose, après le secondaire V, une espèce de récompense, le problème, c'est que les problèmes... L'enjeu, c'est que les problèmes d'apprentissage, ils commencent beaucoup plus tôt.

Donc, ça veut dire réinvestir dans nos CPE et dans l'éducation primaire pour régler le problème à la source, parce que sinon on hérite, au secondaire, de problèmes qui ont été créés beaucoup plus tôt dans le parcours scolaire. Merci à vous.

Des voix : Merci.

(Fin à 11 h 20)

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