(Treize heures cinquante et une minutes)
M. Bergeron : Alors, bonjour.
Nous soulignons... en fait, nous soulignerons samedi un bien triste
anniversaire, celui du cinquième anniversaire de l'emprisonnement de Raif
Badawi. Cinq ans. Il a été condamné pour une période de 10 ans, et le régime
saoudien semble vouloir nous indiquer, à travers ce cinquième anniversaire,
qu'il a l'intention de mener cette sentence jusqu'à son terme, ce qui est totalement
inadmissible.
Le gouvernement saoudien invoque souvent le
fait que Raif Badawi est Saoudien et que c'est ce qui explique qu'il soit soumis
à ce régime. Qu'il soit Saoudien ou non n'a strictement rien à voir. L'Arabie
saoudite siège au Comité des droits de l'homme des Nations unies. L'Arabie
saoudite, ces jours-ci, se fait moralisatrice pour des États voisins comme le
Qatar. L'Arabie saoudite doit respecter les droits humains, et on ne peut
infliger un traitement semblable à quelqu'un simplement parce qu'il a émis son
opinion.
Le gouvernement fédéral s'était engagé... en
fait, le premier ministre s'était engagé, en campagne électorale, à faire en
sorte de déployer tous les efforts possibles, imaginables, pour faire libérer
Raif Badawi. Nous avons tous et toutes été touchés par les messages de Mme
Haider et de leurs enfants il y a de cela quelques jours, qui demandaient au
premier ministre d'aller au-delà des mots, de poser des gestes. Or, jusqu'à
présent, le gouvernement fédéral, le gouvernement libéral à Ottawa n'a pas posé
les gestes requis pour assurer la libération de Raif Badawi. On ne s'attend à
rien de moins de la part du premier ministre fédéral qu'il prenne le téléphone,
qu'il communique avec ses homologues à Riyad pour exiger, rien de moins
qu'exiger la libération de Raif Badawi. Or, jusqu'à présent, tout ce qu'on a, c'est
des paroles mièvres, inefficaces, et, pendant ce temps-là, le temps continu de
s'écouler. C'est totalement inadmissible.
Alors, depuis cinq ans, les groupes se
mobilisent partout à travers le Québec. Ma collègue de Taschereau participe
régulièrement, voire assidûment, aux vigiles qui se tiennent devant l'Assemblée
nationale en soutien à Raif Badawi et à sa famille. Donc, il y a cette
mobilisation qui se poursuit, et j'en appelle au gouvernement du Québec, qui a
déjà posé des gestes, par exemple, concernant le certificat de sélection, mais
il faut aller plus loin. Il faut que le gouvernement du Québec mette de la
pression sur le gouvernement fédéral. On sait que ce n'est pas dans les
habitudes de ce gouvernement de mettre de la pression sur le gouvernement
fédéral, mais je pense que, là encore, il est requis que le gouvernement
fédéral... le gouvernement du Québec, dis-je, le fasse, parce que manifestement
le gouvernement fédéral n'a pas l'intention de bouger par lui-même.
Alors, il faut multiplier la pression, la
pression citoyenne, bien sûr, et le Parti québécois a toujours été derrière les
mouvements citoyens. J'évoquais la présence assidue de ma collègue de Taschereau
aux vigiles ici, devant l'Assemblée nationale. Ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
a été également très impliquée, je l'ai été, d'autres collègues de l'aile parlementaire
l'ont été, des militants et des militantes du Parti québécois.
Il faut poursuivre cette mobilisation citoyenne.
Il faut que le gouvernement du Québec maintienne la pression sur le gouvernement
fédéral car nous nous attendons rien de moins de la part du gouvernement
fédéral qu'il pose des gestes pour assurer, et ce le plus rapidement possible,
la libération de Raif Badawi.
Alors, je vous remercie de votre
attention. Alors, s'il y a des questions... Il ne semble pas que ce soit le
cas. Alors, je vous souhaite une bonne fin de journée. Nous aurons une pensée
pour M. Badawi et sa famille samedi. Je crois que ma collègue aimerait ajouter
quelque chose.
Mme
Maltais
: Un
petit mot, simplement. D'abord, si vous croyez que cela ne donne rien,
attention, M. Badawi avait comme sentence aussi d'être flagellé, et ce sont les
mouvements internationaux qui ont fait qu'on a empêché qu'il soit, à toutes
fins pratiques, à cause des flagellations, décédé aujourd'hui. Alors donc, oui,
ça donne quelque chose.
Deuxièmement, j'invite toute la population
de la capitale nationale, ceux et celles qui, comme moi, croient... comme nous
croient en la liberté d'expression et croient que ce traitement est injuste, je
les invite à venir au coin de Grande Allée et rue Cartier, Grande Allée et rue
Cartier, demain soir, vendredi, à 19 heures. Il y a un rassemblement pour
souligner ce que j'appellerai ce triste anniversaire. Bienvenue, tout le monde.
Merci.
M.
Bergeron
: Ma
collègue me fait penser... Elle a tout à fait raison, la mobilisation peut
apporter des résultats, même à l'égard d'un régime comme le régime saoudien.
J'ai l'impression de revivre, à travers l'affaire de Raif Badawi, un vieux
mauvais rêve, puisqu'à l'époque où j'étais député fédéral, je m'étais mobilisé
pour faire libérer William Sampson, citoyen britanno-canadien qui avait été
emprisonné, condamné à la décapitation en Arabie saoudite et que nous avons
réussi à faire libérer.
Alors, la mobilisation, que ce soit celle
du gouvernement, que ce soit celle des citoyennes et des citoyens, peut amener
des résultats comme ma collègue l'a si judicieusement souligné. Alors, évidemment,
on continue à se mobiliser. Les gens de la région de la capitale sont évidemment
invités à ce rassemblement auquel faisait référence ma collègue, mais il faut
poursuivre et toujours avoir une pensée pour M. Badawi et sa famille.
Mme
Maltais
:
Merci.
(Fin à 13 h 56)