(Onze heures trente-six minutes)
M. Lisée
: Les événements
en Catalogne sont en train de dégénérer. Le refus du gouvernement espagnol de
laisser les démocrates catalans tenir une consultation sur leur avenir est
inacceptable. Ailleurs, dans le monde, les démocraties laissent des
gouvernements régionaux tenir des consultations. Ils peuvent ensuite déclarer
que la consultation est nulle et non avenue.
Dans les deux expériences référendaires
québécoises en 1980 et en 1995, il y avait des gens du camp du Non, qui
disaient : Si vous votez oui, je n'ai pas le mandat de négocier
l'indépendance. M. Pierre Trudeau avait dit ça. M. Jean Chrétien avait tenu des
propos ambigus sur ce qu'il ferait en cas de victoire du Oui. Mais en aucun cas
il y a eu de tentatives judiciaires ou policières d'empêcher la tenue du
référendum, la tenue de la consultation. Et c'est là où je crois que tous les
démocrates du Québec, du Canada et du monde doivent dire aujourd'hui que ce qui
se produit en Catalogne est inacceptable, et que le gouvernement espagnol se
met à l'extérieur du droit, se met à l'extérieur des conventions
internationales respectées et respectables en interdisant la tenue d'une consultation.
Nous ne nous prononçons pas sur le fait que
les Catalans doivent dire oui ou non. Nous n'avons pas à dire si l'Espagne doit
respecter ou non le résultat du référendum. Mais empêcher par la force
policière la tenue d'une consultation par un gouvernement élu en Catalogne,
c'est inacceptable et ça doit être dénoncé. Et ça doit être dénoncé en
particulier par les gouvernements et les peuples qui sont historiquement
proches des Catalans, ce qui est le cas du gouvernement du Québec. Nous ne
demandons pas à M. Couillard puis à Mme St-Pierre d'être pour
l'indépendance de la Catalogne, ça ne les regarde pas. On demande à Mme
St-Pierre puis à M. Couillard d'être pour la démocratie et d'être contre la
violence d'État qui empêche la démocratie. C'est la moindre des choses.
Nous avons reçu ici, pendant des décennies,
des représentants catalans de diverses tendances, pro-autonomie,
anti-indépendance, mais nous avons une histoire de solidarité et d'amitié avec
le peuple catalan. Aujourd'hui, le peuple catalan, les élus, démocratiquement
élus, de Catalogne sont aux prises avec une violence d'État espagnol qui doit
être dénoncée par les démocrates. Et donc on appelle le gouvernement québécois
à joindre sa voix à la nôtre pour dire : Ce qui se passe en ce moment en
Catalogne est un déni de démocratie.
M. Salvet (Jean-Marc) : Hier,
M. Fournier — pardon — a dit qu'il invitait Madrid et
Barcelone à s'entendre sur la suite des choses. Ce n'est pas suffisant?
M. Lisée
: Avec les
arrestations qui sont faites aujourd'hui, ce n'est pas suffisant. 700 maires,
700 maires élus qui veulent aider à une consultation démocratique sont
menacés d'arrestation. Aujourd'hui, 12 représentants du gouvernement ont
été arrêtés. Il y a une mise sous tutelle financière et juridique de la
Catalogne qui a été décrétée. Ça ne suffit pas de patiner comme Jean-Marc
Fournier l'a fait hier.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Est-ce qu'à rebours le modèle canadien est un meilleur modèle ou…
M. Lisée
: Le meilleur
modèle d'entre tous, c'est celui que l'Écosse et l'Angleterre ont fait
ensemble, c'est-à-dire de s'entendre sur le processus et d'admettre que le
résultat sera effectif. Et d'ailleurs le gouvernement écossais a fait ce que
nous faisons, c'est-à-dire de dire : Écoutez, il faut laisser la
démocratie parler. Nous, on pense que ce droit à l'autodétermination, il existe,
et que, si les Catalans votent oui, ils ont le droit à leur indépendance. Je ne
demande même pas au premier ministre de dire ça. Je lui demande juste de dire
que les Catalans ont le droit de tenir une consultation, et on verra ce qui se
passe ensuite.
Alors, les Écossais ont dit : La
meilleure façon de faire les choses, c'est ce qu'on a fait en Écosse. Et, si
Madrid était au XXIe siècle, et si le Canada était au XXIe siècle
lors du prochain référendum, c'est ce qu'on ferait, et c'est notre position.
Mais là, il n'est pas question seulement de ça, il est question simplement
d'arrêter de mettre en prison des gens qui ne veulent que tenir une
consultation.
M. Chouinard (Tommy) : Juste
une précision, peut-être. Quand vous dites que vous ne vous engagez pas à
reconnaître le résultat du référendum, il me semble que le Parti québécois
avait cherché à avoir un appui de la communauté internationale, en tout cas
l'inviter à reconnaître le résultat à venir, là, du référendum...
M. Lisée
: Bien sûr.
M. Chouinard (Tommy) :
...dans les deux cas. Et là dois-je comprendre que les Catalans
indépendantistes ne comptent pas sur l'appui du Parti québécois pour
reconnaître le résultat du référendum?
M. Lisée
: Alors, c'est
clair que nous, on va reconnaître un oui au référendum catalan et on va
dire : Ça signifie qu'ils ont le droit à l'indépendance. Je ne demande pas
ça à M. Couillard ou à M. Trudeau, O.K.?
M. Chouinard (Tommy) : Mais
c'est parce que vous parliez de vous-même tantôt.
M. Lisée
: Nous, on dit
ça. Bien sûr, on reconnaît leur droit à l'autodétermination. S'ils votent oui,
nous serons à leurs côtés, en disant que leur vote est légitime et doit être
traduit par une nouvelle réalité, qui est la Catalogne indépendante.
M. Salvet (Jean-Marc) : Même
si 40 % des gens seulement vont voter...
M. Lisée
: Dans des
conditions créées par une violence d'État du gouvernement espagnol, hein? On ne
peut pas dire : On vous empêche de voter, et ensuite : Il n'y en a
pas assez qui ont voté, hein? Donc, là, Madrid a la responsabilité d'avoir créé
une situation qui n'est pas démocratiquement optimale.
Maintenant, les réponses de Mme St-Pierre
ce matin sur le référendum de 1995, c'est n'importe quoi. Nous ne demandons pas
aujourd'hui à des pays de se prononcer pour le oui ou pour le non. On leur
demande de se prononcer pour le respect de la démocratie, la tenue d'un
référendum. Ils n'ont pas à dire aux Catalans quoi voter. Ils ont à dire aux
Espagnols : Laissez voter les Catalans.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce qu'ils doivent s'inspirer du premier ministre fédéral, Justin Trudeau,
qui a réitéré le droit des peuples à l'autodétermination ce matin?
M. Lisée
: Il faut
aller plus loin et je pense que, lorsqu'il y a une violence d'État contre des
élus qui veulent tenir une consultation, il faut dénoncer cette violence
d'État. Écoutez, si à Madrid, là, ils n'entendent aucun premier ministre ou
président qui dit : Ce que vous faites est mal, ça va les encourager.
C'est le moment où les démocrates dans le monde doivent dire : Ce que vous
faites est mal, arrêtez d'empêcher la consultation. C'est ce qu'il faut faire.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Comptez-vous appeler le consul d'Espagne au Québec?
M. Lisée
: Je pense
qu'il nous écoute. Je pense qu'il nous écoute.
Je veux revenir sur ce qu'a dit Mme
St-Pierre ce matin. En 1995, le gouvernement américain s'est prononcé pour le
non, hein? Ils sont pour un Canada uni et c'est aux Canadiens de décider. Et ce
qu'on leur a dit dans cette lettre qui a été citée, c'est : Écoutez, vous
avez dit ça, c'est bien. Mais, si vous faites campagne, si vous en rajoutez, si
vous devenez actifs, parce qu'on savait que c'est ce que M. Chrétien leur
demandait, ça pourra avoir des conséquences sur les relations ou la perception
que l'opinion publique québécoise a d'une ingérence forte du gouvernement
américain dans le débat québécois. C'était ça, la lettre. Mais ils se sont
prononcés pour le non, puis c'est correct, puis il n'y a pas de difficulté à se
prononcer pour le oui ou le non. De Gaulle s'est prononcé pour le oui, Michel
Rocard s'est prononcé pour le oui, M. Chirac a dit : S'ils votent oui, on
reconnaîtra le fait. Bon, il y a différents niveaux, mais à l'intérieur d'un
débat démocratique où personne n'a été arrêté au Québec parce qu'il organisait
un référendum. Alors, Mme St-Pierre soit elle ne sait pas la différence entre
prendre position dans un débat ou permettre la tenue du débat, soit elle ne
sait pas la différence ou elle fait semblant de ne pas savoir la différence.
M. Boivin (Mathieu) : Un
autre dossier, M. Lisée. On sait que, cet après-midi, le Dr Barrette va
annoncer des investissements substantiels pour fournir à ceux qui le veulent un
deuxième bain en CHSLD. C'est un dossier qui fait resurface souvent dans
l'actualité. Pouvez-vous dire que c'est une bonne chose?
M. Lisée
: Moi, j'étais
responsable, porte-parole des services sociaux pendant deux ans, j'ai réclamé
ce deuxième bain sans arrêt. M. Barrette s'est levé pour dire que ce
n'était pas nécessaire, ce n'était pas médicalement nécessaire et que c'était
une mauvaise idée de le permettre. Aujourd'hui, la seule raison pour laquelle
il le permet, c'est qu'ils viennent de mettre 900 millions de dollars en augmentation
de rémunération des médecins. Ils se sont demandé quelle nouvelle on peut
mettre pour contrebalancer ça. 900 millions pour la rémunération des
médecins, 125 000 $ par personne, et 30 millions pour le
deuxième bain.
Alors, moi, je trouve que le choix du
moment est indigne. Le bon moment, c'était il y a deux ans. C'est bien que le
deuxième bain existe, mais le choix du moment est un calcul politique indigne.
M. Boivin (Mathieu) : Il
fallait quand même le faire, là. Il n'y aura peut-être jamais de bons moments
d'ici aux élections, ce sera toujours perçu comme un bonbon.
M. Lisée
: Ce n'est pas
un bonbon, avoir le droit d'avoir un deuxième bain dans un CHSLD, c'est le
contraire d'un bonbon, c'est la dignité humaine de base. Pendant qu'ils ont
augmenté le salaire des médecins de 7 % en moyenne depuis 2003, hein,
c'est la doctrine Legault appliquée par Barrette et Couillard, ils avaient
amplement de la place pour trouver 30 millions pour faire le deuxième
bain. Lorsqu'ils ont reconduit la prime Bolduc, qui coûtait 30 millions,
pour dire aux médecins : On va vous donner de l'argent pour inscrire des
patients, alors que c'est ça qu'ils doivent faire dans la vie, ce
30 millions là aurait pu aller au deuxième bain, il y a deux ans.
Alors, tous les bons moments étaient
présents. Ils ont choisi le jour où on sait que les médecins passent à la
caisse pour faire ce geste-là.
M. Boivin (Mathieu) : Donc,
puisque ça n'a pas été fait il y a deux ans, qui était le bon moment pour le
faire, bien là il ne fallait plus le faire.
M. Lisée
: Je n'ai
jamais dit ça.
M. Boivin (Mathieu) : Mais je
veux savoir, est-ce que c'est une bonne chose?
M. Lisée
: C'est une
bonne nouvelle pour les gens en CHSLD, je le réclame depuis deux ans. Bien sûr,
tant mieux. Mais j'attire votre oeil d'analyste politique sur l'hypocrisie
crasse de faire ça le jour où on donne 30 fois plus d'argent aux médecins.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
les manifestations, M. Lisée, M. Khadir vient tout juste de dire, expliqué
les raisons pourquoi ils se sont opposés à votre motion en disant notamment
que, bon, concernant les masques, il y a des décisions des tribunaux et,
d'autre part, ça ferait en sorte que certaines personnes ne pourraient pas manifester
tout en restant anonymes ou éviter des représailles. Il parlait d'Anonymus notamment.
M. Lisée
: Écoutez, ce
sont les arguments qu'ils avancent, O.K.? Le droit de manifestation, il existe.
Moi, et peut-être Stéphane, lorsqu'il était plus jeune, on a participé... en
tout cas, moi, à des dizaines de manifestations à visage découvert. Je sais
qu'ils ont ma photo à quelque part dans les serveurs de la GRC puis de la SQ,
mais j'ai décidé d'y aller. Puis, si je ne voulais pas, je peux rester chez
moi. C'est un choix. Mais la société québécoise pense que, lorsqu'on va
manifester, on doit être à visage découvert. Ensuite, chacun devrait se guider par
rapport à sa volonté d'être là ou non. Puis une manifestation, normalement, c'est :
Je veux que vous voyiez que je suis pour ceci ou contre cela. Je veux que vous
voyiez que je fais nombre avec les autres. Alors, on sait que le masque, et là
c'est un phénomène réel actuel, le Black Bloc utilise ces masques pour se
soustraire à la surveillance policière et commettre des délits. C'est la situation
actuelle.
Alors, je comprends que Québec solidaire
veut protéger le Black Bloc. Je comprends que Québec solidaire veut protéger
les anarchistes. Je comprends que Québec solidaire veut protéger Jaggi Singh.
C'est leur choix, ce n'est pas le nôtre, et ce n'est celui de l'immense majorité
des Québécois et de l'immense majorité des manifestants, qui n'aiment pas ça
voir autour d'eux des gens masqués qui sûrement sont là pour mettre le trouble.
M. Salvet (Jean-Marc) : Il y
a deux ou trois semaines, vous aviez fait un lien entre le voile intégral et le
port du masque. Là, vous vous êtes abstenu de le faire dans cette motion.
M. Lisée
: Parce qu'on
voulait parler des manifestations, mais effectivement la question du visage
découvert en société est une vraie question de vivre-ensemble, que ce soit dans
le cas du voile intégral pour raisons religieuses ou du masque pour raisons
politiques. C'est une vraie question.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Qu'est-ce que vous pensez, M. Lisée, des déclarations de M. Francoeur, qui
touchent maintenant l'actuel président du... pas le président, mais le
directeur du SPVQ, M. Pigeon?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, hier, la Sûreté du Québec a annoncé qu'ils élargissaient l'enquête,
qu'ils impliquaient le Bureau des enquêtes indépendantes, la GRC, la police de
Gatineau. On va les laisser travailler. Eux semblent penser qu'il y a
suffisamment de raisons d'enquêter puis d'élargir l'enquête pour mettre des
ressources supplémentaires. Je vais les laisser travailler.
Le Modérateur
:
Dernière en français.
Mme Lévesque (Catherine) :
Rapidement, sur le racisme systémique, Mme Weil a dit que la consultation
aurait lieu. On fait quoi, à partir de maintenant? Vous avez réclamé l'abolition
de la consultation.
M. Lisée
: Ça va être
un gâchis. Ça va être un gâchis. À huis clos, en public, les groupes... ça va
être un gâchis. Nous, on va continuer à proposer des mesures concrètes de lutte
contre la discrimination et le racisme qui feraient consensus, qui peuvent être
appliquées aujourd'hui. Hier, ce qu'a dit le premier ministre sur le C.V.
anonyme, franchement! Le gouvernement canadien l'applique pour ses embauches, le
gouvernement britannique l'applique pour ses embauches, puis, lui, il trouve
que ce n'est pas bon.
Ce n'est pas la clé pour tout, ça ne
résout pas tout, on propose 20 mesures. Celle-là, il est contre. De dire
aux employeurs : Vous ne pouvez pas réclamer une expérience de travail
canadienne, ce qui exclut tous ceux qui viennent d'arriver depuis cinq ans, il
ne veut pas le mettre. Pourquoi? Il a voté contre notre motion en mai.
Pourquoi? Ce sont des mesures concrètes qui auraient des effets immédiats pour
l'intégration. Il préfère, en fin de mandat, tenir une commission dont
clairement l'issue est dans le titre, c'est une commission qui a pour but de
dire qu'il y a du racisme et de la discrimination systémique. Bien, si tu le
sais, agis, puis on a des choses à agir pour le faire reculer. Et on voit bien,
tu sais, Québec solidaire est pour, le PLQ est pour, le centre islamique de
Québec est contre. Tu sais, il y a des gens qui sont victimes de racisme qui
disent : Ce n'est pas ça qu'il faut faire, c'est des mesures actives.
Alors, il s'entête. Il doit avoir une
raison politique de le faire. Il doit penser qu'il va y avoir un gain
politique, quelque part, à faire le procès des Québécois, puis des Québécois
qui veulent plus de laïcité, puis des Québécois qui ne sont pas d'accord avec
ce que certains disent. On va revenir probablement avec… Je veux dire, il y a
des imams, là, qui vont venir et qui vont dire : Bien, il faut revenir
pour interdire les crimes haineux… pas les crimes haineux, les discours haineux,
puis interdire le blasphème. Ça va être dit, ça, là. On a eu ce débat-là déjà.
Pourquoi revenir là-dessus, alors qu'il y a des mesures concrètes?
Mme Lévesque (Catherine) :
Donc, vous n'allez pas participer aux consultations. Vous allez continuer de
critiquer…
M. Lisée
: On se pose
la question de savoir si on va aller déposer un mémoire pour dire un certain
nombre de choses. Mais, si c'est à huis clos, à quoi bon? Alors, on se pose la
question.
M. David (Michel) : Mais il
va y avoir un forum, là, auquel, j'imagine, vous allez être conviés?
M. Lisée
: On se pose
cette question-là. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, M. David? Est-ce qu'on
devrait y aller?
M. David (Michel) : Je vais
l'écrire.
M. Lisée
: Je veux dire
que mon collègue Stéphane Bergeron va être en Catalogne, va partir dans
quelques jours. Peux-tu dire le symbole de ta présence là-bas?
M. Bergeron : Merci beaucoup.
Évidemment, le gouvernement espagnol est un allié, est un partenaire. Et puis
notre présence en Catalogne et le message que vient de livrer le chef de
l'opposition ne remettent aucunement en question cette amitié avec l'Espagne.
Mais, manifestement, l'Espagne a choisi de se mettre en marge du droit
international, qui reconnaît aux peuples le droit à l'autodétermination, et en
marge, j'irais presque jusqu'à dire, du droit naturel, en niant aux Catalans la
possibilité même de pouvoir se prononcer démocratiquement. On a là un État dit
démocratique qui menace d'emprisonner des élus, et il a même commencé à le
faire, sous prétexte qu'ils veulent permettre au peuple de se prononcer. Alors,
c'est totalement inadmissible.
Alors, je serai en Catalogne quoiqu'il
arrive, non pas, comme on le soulignait tout à l'heure, pour dire aux Catalans
comment voter, bien que nous ayons des sympathies à l'égard du mouvement
indépendantiste catalan, c'est aux Catalans et aux Catalanes de décider de
l'avenir de leur nation, mais simplement pour témoigner de notre solidarité à
l'égard du peuple catalan dans cette démarche qu'il a entreprise, cette
démarche d'autodétermination et pour témoigner, le cas échéant, de ce déni de
démocratie de la part du gouvernement espagnol. Alors, je serai présent sur
place. Je le dis aujourd'hui et je le dirai sur place au cours des prochains
jours. Alors, ce sera donc à suivre. Ce qui est désolant, c'est de voir la
situation se détériorer d'heure en heure, quasiment.
Et on parlait tout à l'heure du taux de
participation. Bien, l'objectif de Madrid est clairement de faire en sorte que
le taux de participation soit le plus faible possible, et ça, de telle sorte de
miner la crédibilité de quelque résultat que ce soit. Et peu importe la nature
du résultat, c'est dommageable pour l'Espagne, pour la Catalogne, pour la
démocratie que d'agir ainsi.
M. Chouinard (Tommy) : M.
Lisée, j'aimerais juste revenir rapidement sur la consultation sur le racisme. Est-ce
que les propos de Mme Thermitus, qui est donc chargée de piloter ces consultations,
vous rassurent, à l'effet que... Non? Pourquoi?
M. Lisée
: Non. Écoutez,
là, on apprend que beaucoup de décisions ont été prises au ministère de
Kathleen Weil sur la désignation des organisations communautaires à qui on
délègue quelque chose d'extrêmement délicat. Une commission sur le racisme,
c'est extrêmement délicat, et ça prend des spécialistes pour essayer de garder
ça dans un corridor de raison. Et là on délègue, c'est le cabinet politique de
la ministre qui décide de ces choses-là. Donc, ce n'est pas vraiment la
commission dans son indépendance qui le fait. La présidente de la commission
est sous enquête pour trois plaintes, les échos qu'on a c'est que la commission
est chambranlante en ce moment et n'a pas assez de personnel pour mener un truc
de cette ampleur. Puis en plus, politiquement, c'est une mauvaise idée.
Regardez, les Québécois qui sont des gens tolérants et où il y a des racistes
et de la discrimination vont se faire dire pendant des mois : Vous êtes
racistes, vous discriminez. Ils vont réagir mal.
Les gens des communautés qui disent,
certains d'entre eux : Bien, écoutez, on n'arrive pas à avoir d'emploi, ça
ne va pas si bien que ça, d'autres qui trouvent qu'ils sont bien intégrés, vont
se faire dire pendant des mois : Vous êtes mal intégrés, c'est la faute du
racisme et de la discrimination. Ça va envenimer. C'est la pire chose à faire.
C'est la pire chose à faire. La meilleure chose à faire, c'est de dire :
Il y a des vrais problèmes, on va les prendre un par un, on va agir maintenant.
Puis quand j'ai dit au premier ministre : Vous savez, vous avez été là
pendant 15 ans, puis à la SAQ, c'est infime le nombre d'employés qui viennent
des communautés, à Hydro-Québec, c'est infime, vous avez eu 15 ans pour le
faire, bien, vous avez encore un an pour essayer de redresser un peu la
situation, plutôt que de perdre du temps dans une commission qui envenime.
M. David (Michel) : Sur la
Catalogne, pardon, vous allez revenir avec votre motion, si je comprends bien?
M. Lisée
: Non. Je fais
un appel au premier ministre et à la ministre de voir ce qui se passe
aujourd'hui et de s'exprimer. Et, s'ils veulent proposer une motion, on va être
ouverts à cette idée-là.
Mme MacKinnon
(Catou) : M. Lisée, what is the worst thing
that can happen out of these consultations?
M. Lisée
:
The worst thing is that people will be… It will feed resentment. That's… It's going to feed resentment. There is racism and discrimination in
Québec, we know that. There are
a number of measures that we propose to at least partly solve this issue.
Everyone agrees with that. But if, instead of solving the issue, we give voice
again, and again, and again to people who say : Quebeckers are racist, there is discrimination, it will heighten the
resentment both of the majority, who says : Well, we're not doing so badly — you know, there are a couple of
bad apples, but it's not that bad — and in some of the communities who say : Well, we didn't think
that racism was so prevalent, you know. So, it's going to feed resentment on
both sides of the issue, where as Premier I would do the reverse, I would take
measures to say : We will make Québec more tolerant, less racist, less discriminatory. Let's... In
French, we say : «On gratte le bobo.» Let's not pick on the wound, let's
heal it.
Mme MacKinnon
(Catou) : What did you mean when you said in
French that Quebeckers won't react well?
M. Lisée
: Well, they're not reacting well to what they feel is a judgment, a
trial against them collectively. That's how they feel it is, and I think the
expression «systemic discrimination», however scientists and experts can tell
you that it is germane to the issue, people feel that they are collectively
being accused of being racist. So, it's not a politically prudent thing to use,
you know, this... This expression is not... If you want to solve the issue,
don't use this expression, don't put it in the title of your commission. If you
want to solve the issue, solve the issue.
Mme MacKinnon
(Catou) : Well, there's another inquiry that
doesn't use those specific words, but is also targeting that problem, and
that's the inquiry into the treatment of indigenous people, «la Commission
d'enquête sur les relations entre... et certains services publics». So, why
aren't you opposed to that?
M. Lisée
: Well, because now we have a focused problem stemming from Val-d'Or in particular, where there are
specific allegations, and there is an... You know, it's much more focused, and
everybody agrees that there's a real problem there and that it needs to be
addressed both from without and from within the community. So, it's not the
same.
Mme MacKinnon
(Catou) : So, if everybody agrees there, why
hold the commission? Why not fix that right away too?
M. Lisée
: Well, I think we should do both. But, in that sense, I mean, it's
clear that the community wanted it, you know. It's like we do, you know,
commissions when there's, you know, an incident in some place. When you have
targeted commissions, it's not the same as having a whole society that's put on
trial.
Mme MacKinnon
(Catou) : But why would it be different for
indigenous people? Why do you say that that's a focused problem?
M. Lisée
: Because it's focused. Because, you know, it's a smaller group of
people, and a specific region for them, and a specific situation that, you
know, you can curtail the inquiry to the specificity there. The whole nation is
not put on trial.
Mme MacKinnon
(Catou) : Only public services, perhaps?
M. Lisée
: Public services?
Mme MacKinnon
(Catou) : Public services which are going to
be aimed…
M. Lisée
: Sure.
Mme MacKinnon
(Catou) : …which will be the target in the commission.
M. Lisée
: I think there's a big difference. Merci.
Mme MacKinnon (Catou) : Is it?
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Lisée
: It's
focused.
(Fin à 12 h 1)