(Dix heures quarante-huit minutes)
Mme Massé : Merci. Alors,
bonjour, tout le monde. J'espère que vous allez bien en ce beau mardi matin.
Donc, de mon côté, c'est sûr que j'avais
envie de vous parler ce matin de la question de la cimenterie McInnis, hein, de
la cimenterie McInnis qui est en fait le désastre environnemental que le Québec
n'aurait jamais voulu porter s'il avait été un Québec solidaire. On le sait,
cette cimenterie-là, dans les prochaines années, va être l'entreprise qui va le
plus émettre de GES pour le Québec. Et, dans les faits, avec tout l'argent
qu'on y a investi, je pense que, si on avait donné cet argent-là aux Gaspésiens
et Gaspésiennes, leur créativité aurait amené des projets de développement
économique beaucoup plus durables et probablement beaucoup plus créateurs
d'emplois.
Malheureusement, cette fois-là, ce n'est
pas aux Gaspésiens qu'on a pensé, je crois, mais bien à la famille
Beaudoin-Bombardier, encore une fois. On le sait que cette cimenterie, en plus
d'émettre 1,8 million de tonnes de gaz à effet de serre annuels, bien sûr
créera 200 emplois, mais va agir sur les autres types d'économies de la
Gaspésie, pensons notamment au tourisme. Mais les Gaspésiens et Gaspésiennes
savent très bien c'est quoi, l'impact des changements climatiques. Allez voir à
Rivière-au-Renard, ils vont vous en parler de ça veut dire quoi, des grandes
marées qui font des inondations, ou même les tronçons de l'autoroute 132
qui ont été littéralement arrachés l'an dernier à cause d'épisodes de
température... je n'ai pas le bon mot, là, mais de moments dramatiques au
niveau des températures. Alors, les changements climatiques ont des impacts sur
les côtes, sur les routes de la Gaspésie. Et quand, parallèlement à ça, notre
gouvernement met sur pied, continue de soutenir la cimenterie McInnis, bien, ça
nous pose un certain nombre de problèmes, à Québec solidaire.
M. Nadeau-Dubois :
L'autre inquiétude de Québec solidaire aujourd'hui, c'est bien sûr la décision
dans le dossier de Bombardier. Il devrait y avoir une décision rendue par le
tribunal américain aujourd'hui, et, vous savez, on est, comme beaucoup de
Québécois, Québécoises, très inquiets, à Québec solidaire, de cette
décision-là. Il y a des milliers d'emplois au Québec qui sont en jeu, et ça
nous inquiète de voir encore une fois qu'une décision prise de l'autre côté de
la frontière pourrait faire perdre des emplois à des travailleurs, des
travailleuses au Québec. Et, encore une fois, ce qu'on constate, c'est qu'il y
a des grandes entreprises multinationales qui se chicanent, qui se tiraillent
pour avoir le pactole et qu'encore une fois c'est non seulement les
travailleurs, travailleuses, mais les contribuables du Québec qui vont
peut-être payer la note de ce conflit-là. Et ça, pour nous, à Québec solidaire,
c'est inacceptable.
Pendant ce temps-là, on se demande ce que le
Parti libéral du Québec fait. On se demande quel est le plan des libéraux pour
protéger les emplois au Québec. Vous vous rappelez que la décision d'aider
financièrement Bombardier, ça a été une décision controversée et décriée par
beaucoup de gens au Québec. Alors, la moindre des choses aujourd'hui, ce serait
que les libéraux, particulièrement M. Couillard et Mme Anglade, aient
des réponses et soient capables de dire quel est leur plan pour protéger les
emplois qui ont été créés dans les dernières années par Bombardier au Québec.
Alors, quel est le plan des libéraux?
Quelle est leur stratégie pour protéger les emplois de Bombardier? C'est des
questions auxquelles, je pense, les... c'est des questions qui méritent des
réponses. Et les Québécois, Québécoises veulent des réponses à ces
questions-là.
De manière plus générale, toute cette
saga, encore une fois, encore une fois, ça fait la démonstration, selon nous,
qu'il faut revoir la manière dont on négocie les ententes de libre-échange. À
Québec solidaire, on est partisans d'un commerce international plus respectueux
des travailleurs, travailleuses. Et, encore une fois, là, les débats des
derniers jours et la décision d'aujourd'hui montrent qu'il y a quelque chose de
vicié au coeur même de la logique du libre-échange. Et on s'attend à ce que des
partisans aussi féroces du libre-échange que les libéraux soient capables
d'expliquer aux Québécois et aux Québécoises quel est leur plan pour sauver les
emplois du Québec.
Le Modérateur
: On va
passer à la période de questions. En alternance, micro...
M. Boivin (Mathieu) :
Bonjour. Justement, vous savez que le sujet du jour, c'est Uber. On ne sait pas
encore avec certitude ce qui va se dire dans les prochaines minutes, mais on
infère que la multinationale essaie de peser sur le ventre du gouvernement pour
obtenir des aménagements par rapport à ce qui a été dit vendredi. Comment
est-ce que vous réagissez, d'abord à ce qui a été annoncé vendredi par le
gouvernement — prolongation du projet pilote, modalités
resserrées — et sur la réaction de Uber ce matin?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
la réaction d'Uber, elle n'est malheureusement pas très surprenante. C'est du
chantage, tout simplement. Et, si Uber veut quitter le Québec, la réaction du
Québec solidaire, ça sera : Bon débarras! Parce que les entreprises qui ne
sont pas capables de respecter les lois, qui ne sont pas capables de se
conformer à des balises aussi élémentaires que celles demandées par le
gouvernement libéral, ça n'a pas sa place au Québec, selon nous.
Prenons le cas de la formation, là. Ça
semble être ça qui freine un peu Uber. Écoutez, les chauffeurs de taxi à
Montréal aujourd'hui doivent suivre 150 heures de formation; on demande
35 heures à Uber. Et cette formation-là, en plus, peut être prise à
distance. Alors, si ça, c'est trop demander à Uber, bien, c'est la preuve que c'est
une entreprise qui est de mauvaise foi, puis, selon nous, ça n'a pas sa place
au Québec. S'ils ne veulent pas se conformer aux lois, qu'ils déménagent
ailleurs. Ça a le mérite d'être clair.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur Bombardier, vous dites : On a droit à un plan libéral. Quel est votre
plan pour épargner ces emplois-là? Parce que, quand même, aux États-Unis, on
s'entend que Boeing, c'est un géant, là.
M. Nadeau-Dubois : Le
plan de Québec solidaire? Bien, premièrement, la décision d'aujourd'hui, c'est
une décision préliminaire, là. La décision sur le fond va avoir lieu dans
quelques mois. On dit que les chances d'aujourd'hui sont assez faibles, que les
chances, sur le fond, de Bombardier sont plus significatives, sont plus
importantes, donc nous, on va attendre de voir la décision sur le fond.
Mais, je le répète, pour nous, à Québec
solidaire, le problème, c'est la manière dont ces ententes de libre-échange là
ont été négociées. Comment ça que ce n'est pas possible pour un gouvernement
comme le Québec de faire des investissements dans l'économie pour sauvegarder
ou créer des bons emplois? Ça, on n'est pas contre cette idée-là. Comment ça
que ce n'est pas possible de le faire en ayant des garanties d'emploi puis en
ayant des garanties que cette décision-là ne sera pas annulée par des tribunaux
obscurs qui viennent décider à la place des gens du Québec comment développer
l'économie? C'est ça, le problème.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais ce serait quoi, votre solution...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
la solution, c'est de réinventer complètement la manière dont on fait du
commerce international. Quand on dit, à Québec solidaire, qu'on est critiques
du libre-échange actuel, ça ne veut pas dire qu'on est pour l'autarcie, ça veut
dire qu'on est pour des formes de commerces internationaux plus respectueuses
des travailleurs et travailleuses, plus respectueuses de l'environnement puis
respectueuses aussi des souverainetés nationales.
Parce que quoi qu'on ait pensé de la
décision du gouvernement libéral d'investir dans Bombardier... Et nous, on
était critiques dans la manière dont ça s'est fait; on pense qu'il aurait dû
avoir plus de garanties, qu'il aurait dû avoir quelque chose en retour de cet
investissement-là. Mais quoi qu'on ait pensé, donc, de cet investissement-là,
il y a quelque chose de dérangeant dans l'idée qu'une décision est prise, comme
celle-là, et qu'il y a un tribunal ailleurs dans le monde ou un organisme
obscur en vertu de lois obscures qui peut venir annuler la décision et dire :
Ah! bien, dans le fond, ça ne marchera pas comme ça. Le commerce international
devrait se faire en respectant la souveraineté des États puis la capacité des
gens du Québec de décider quel type de développement économique ils veulent.
Et toute la saga, actuellement, autour de
Bombardier, ça fait la démonstration que le problème, là, est beaucoup profond
qu'une simple chicane entre Bombardier puis Boeing, c'est le modèle à partir
duquel on fait du commerce international qui est problématique. Puis, à Québec
solidaire, c'est à ça qu'on veut s'attaquer, en renégociant des nouvelles
ententes beaucoup plus respectueuses des démocraties.
Mme Massé : On a le même
problème, d'ailleurs, avec la cimenterie McInnis, hein? Les accords de
libre-échange s'appliquent aussi à la cimenterie.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Le fait que le gouvernement du Québec risque de s'impliquer dans la vente du
cannabis, est-ce que ça vous rassure?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
oui. Oui, ça nous rassure. Oui, ça nous rassure. Nous, on pense que le pot, ça
ne peut pas être une business comme une autre, hein, qu'il doit y avoir un fort
encadrement public du commerce de la marijuana, ne serait-ce que parce qu'il y
a des enjeux de santé publique, que ce n'est pas une substance comme une autre.
Et, nous, un encadrement public fort, c'est
toujours ce qu'on a privilégié, de la part de Québec solidaire. Alors, si le
gouvernement du Québec commence à se rapprocher de cette solution-là, bien,
c'est une bonne nouvelle, ça montre qu'il n'est pas complètement déconnecté.
Merci.
Mme Massé : Merci.
(Fin à 10 h 57)