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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Version finale

Le jeudi 28 septembre 2017, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-six minutes)

M. Nadeau-Dubois : Alors, nous avons quelques réactions à faire ce matin... en fait, cet après-midi, d'abord sur le rapport de la Protectrice du citoyen, ensuite sur la récente annonce de la ministre Joly concernant une politique culturelle.

D'abord, on a, au Québec, une nouvelle Protectrice du citoyen, mais malheureusement le constat reste le même : les réformes dans le secteur de la santé menées par le gouvernement libéral sont un échec. C'est littéralement le bordel dans le réseau de la santé. Et le rapport est tellement touffu, le rapport est tellement rempli de faits accablants, d'exemples troublants, que ce serait beaucoup trop long pour moi d'en faire la liste.

Je vais nommer deux éléments qui nous inquiètent particulièrement, du côté de Québec solidaire. D'abord, la question des aînés. En ce qui a trait au traitement des aînés, par le système de santé que dirige M. Barrette, les constats sont accablants. Encore une fois, ne serait-ce que faire la liste de ça, ce serait trop long, mais : augmentation de la maltraitance, augmentation des listes d'attente dans les CHSLD, augmentation des expulsions de centres d'hébergement pour les personnes âgées. C'est des chiffres qui sont clairs, ce sont des faits. M. Barrette, ce matin et depuis plusieurs mois, accuse toutes les oppositions de nier la réalité. Là, il y a une instance indépendante qui vient clairement de dire que ses réformes en matière de santé sont un échec.

La conclusion qu'on tire de ce rapport de la Protectrice du citoyen, c'est que les décisions de M. Barrette en matière d'organisation du réseau de la santé font souffrir les aînés du Québec. Et, selon nous, ces gens-là méritent mieux que ça et méritent un ministre de la Santé qui regarde les faits plutôt que regarder les chiffres.

Deuxième élément d'inquiétude pour nous, c'est la question du soutien à domicile. Les chiffres, tout le monde les a. Ils sont clairs, ils sont, eux aussi, accablants. Les exemples sont profondément troublants. Ce qu'on sait, et la Protectrice du citoyen nous le rappelle, c'est que les besoins en matière de soutien à domicile, ils augmentent pour toute une série de raisons, notamment le vieillissement de la population, mais les besoins, ils augmentent. Et ce que la protectrice nous apprend aussi ce matin, c'est que pendant ce temps-là les services, eux, ils diminuent. On a des besoins qui augmentent de plus en plus; des services qui diminuent de plus en plus. Alors la conclusion logique et la seule conclusion possible, c'est qu'il y a de plus en plus d'aînés au Québec qui n'ont pas les besoins… qui n'ont pas les services auxquels ils ont droit.

On parle d'une chute de 7 % de la durée moyenne des services donnés entre 2010 et 2016. Pendant ce temps-là, les besoins, eux, ont augmenté. Alors, M. Barrette peut bien chanter toutes les chansons qu'il veut, là, les faits sont là, la réalité est claire : il y a un manque de services pour le soutien à domicile.

Et donc je pourrais continuer très longtemps avec les exemples, le rapport en est rempli, mais le meilleur indicateur de l'échec des réformes Barrette en santé, c'est l'explosion du nombre de plaintes. On parle de 26 % d'augmentation des plaintes. Ça, c'est un chiffre objectif qui montre, là, que les gens qui sont sur le terrain, qui travaillent dans le réseau de la santé puis qui reçoivent les soins le disent : Il y a des problèmes, il y en a de plus en plus. Et M. Barrette, là, ne peut plus jouer à cache-cache avec ça. M. Couillard non plus, d'ailleurs. Ils doivent reconnaître leurs échecs en matière d'organisation du réseau de la santé.

Maintenant, on voulait aussi réagir à la question... disons à l'annonce de Mme Joly sur la politique culturelle, la soi-disant vision. C'est une vision bien embrouillée, si vous voulez mon avis. En fait, il n'y a pas grand vision là-dedans. Je viens d'écouter le point de presse de Mme Joly, et, honnêtement, je suis un peu sous le choc. J'allais dire : Les bras m'en tombent, mais je pense que les épaules m'en tombent aussi, là. Il n'y a aucune garantie d'avoir de la production de contenu francophone. On parle de 500 millions de dollars sur cinq ans, alors que c'est une multinationale qui engrange des millions de dollars à chaque mois en termes de revenus.

Sur le fond, il est profondément dérangeant que le gouvernement du Canada négocie avec une multinationale le fait de payer ou non ses impôts. L'impôt, ce n'est pas optionnel. Payer ses impôts, ce n'est pas comme choisir de s'inscrire à une activité parascolaire; les impôts, c'est une obligation pour tous les citoyens du Québec et du Canada, et ça comprend les citoyens corporatifs. Donc, déjà, sur le fond, il y a un problème majeur. Ça crée un précédent dangereux. Les impôts, c'est pour tout le monde : pour Uber, pour Netflix et pour tous les gens qui paient leurs impôts à chaque année. Il n'y a pas de raison de faire des exceptions.

Et certes, cette décision-là, aujourd'hui, vraiment, là, vient mettre un précédent dangereux. Parce que là le message qu'on envoie aux multinationales, dans le domaine de la culture comme dans les autres domaines, c'est que, si vous avez un beau site Internet puis un beau logo, bien on va peut-être négocier avec vous pour savoir si vous allez payer de l'impôt ou pas. Pour nous, c'est inacceptable. Vraiment, les mots me manquent, là, pour décrire à quel point c'est une décision qui est frustrante. On a l'impression que le gouvernement libéral fédéral prend le Québec pour acquis, que Mme Joly et M. Trudeau pensent qu'ils peuvent, parce qu'ils viennent du Québec ou je ne sais pas trop pourquoi, là, ignorer les demandes du milieu culturel québécois qui ont été clairement exprimées dans les dernières semaines. Les gens demandent plus de moyens, demandent de l'équité à l'intérieur du secteur culturel; ce que Mme Joly vient d'annoncer aujourd'hui, c'est tout le contraire, c'est un passe-droit pour une multinationale qui manque de respect envers la culture québécoise. Merci.

Mme Biron (Martine) : Pour le rapport de la Protectrice du citoyen, là, comme vous avez dit, ils se suivent et ils se ressemblent. Elle a quand même dit que, pour la population en général, les choses... les réformes avaient apporté une certaine amélioration. Elle semble dire que, pour les personnes plus vulnérables, c'est vraiment plus difficile. Est-ce que c'est un peu la lecture que vous faites?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est que nos services publics, le système d'éducation et de santé en particulier, ils sont là avant tout pour aider les gens les plus vulnérables. Alors, le test de l'efficience de nos services publics, le test de leur utilité, c'est envers les gens les plus vulnérables, donc, et c'est de ces gens-là dont on devrait le plus prendre soin. Qu'on parle des aînés, des aînés surtout en situation d'isolement social, c'est parmi les gens les plus fragiles au Québec. Quand nos services sociaux et de santé ne sont pas en mesure d'aider ces gens-là, bien ils ne passent pas le test. Ça, pour nous, à Québec solidaire, c'est clair.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous estimez que les réformes de M. Barrette sont ratées?

M. Nadeau-Dubois : Les réformes de M. Barrette sont ratées.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que M. Barrette devrait partir dans un éventuel remaniement, selon vous?

M. Nadeau-Dubois : Mon collègue Amir Khadir a déjà demandé la démission de M. Barrette. Cette demande-là, elle est toujours en vigueur, de notre côté. Mais là, il y a maintenant aussi M. Couillard, là, qui doit répondre à certaines questions.

Il y a eu beaucoup de changements de ministère depuis que M. Couillard a été élu. Pourquoi est-ce que le ministre de la Santé, lui, est resté en poste malgré les critiques sévères, malgré que son autorité et son leadership est gravement contesté au sein même du réseau de la santé, malgré des rapports comme ceux de ce matin? Qu'est-ce qui fait que M. Couillard n'est pas capable de dire à M. Barrette qu'il est temps de s'occuper de d'autres dossiers?

Moi, je n'ai pas la réponse à cette question-là, mais c'est vraiment inquiétant, parce que, si M. Barrette n'est pas capable lui-même de se rendre compte de l'échec de ses politiques, bien c'est à M. Couillard à agir. Et on se demande pourquoi il a été incapable de le faire jusqu'à maintenant.

Mme Biron (Martine) : Vous pensez qu'un autre ministre que M. Barrette pourrait mener à bien le dossier de la santé pour la dernière année électorale?

M. Nadeau-Dubois : Ça ne peut pas être pire.

Mme Biron (Martine) : Sur Netflix, au-delà de la question, je vous ai bien entendu sur le paiement des impôts et des taxes. Dans un sens un peu plus large, là, est-ce que l'idée qu'il y ait une maison de production Netflix Canada qui produit, qui est une maison de production, est-ce que c'est une idée intéressante selon vous?

M. Nadeau-Dubois : Pour nous, c'est une idée inintéressante, pour répondre à votre question. Pour nous, c'est une mauvaise idée, parce que ce qu'on est en train de faire, essentiellement, c'est de faire un marché de dupes où on dit : Vous ne paierez pas d'impôts, et en échange on va vous aider à aller chercher plus de parts de marché. Donc là, Netflix ici est gagnant-gagnant : il ne paie pas d'impôt ou de taxes et se voit accompagné pour aller chercher d'autres parts de marché aux autres joueurs du secteur, qui, eux, paient des taxes et des impôts. Alors là, pour Netflix, là, eux, ils sont morts de rire, là. Ils ont gagné sur tous les plans.

Et, pendant ce temps-là, il y a les beaux slogans vides de Mme Joly puis de M. Trudeau. Mais c'est un marché de dupes. Il n'y a aucune portion du secteur culturel aujourd'hui qui peut dire qu'il est satisfait, parce que, littéralement, on fait presque une subvention déguisée à un joueur privé pour qu'il aille chercher plus de parts de marché. Pour nous, c'est un marché de dupes. Il n'y a rien d'intéressant là-dedans.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous pensez qu'il va y avoir un Facebook Canada?

M. Nadeau-Dubois : Bien, honnêtement, on se pose la question. C'est ce que je disais tout à l'heure. Là il y a un précédent qui a été créé, puis, selon nous, c'est un précédent dangereux. On ne peut pas faire des deals avec des multinationales puis échanger le fait de payer des taxes contre autre chose.

Je veux dire, le fait de payer ses taxes et ses impôts, là, c'est un devoir de citoyen, de citoyens ordinaires et de citoyennes comme nous, mais aussi du citoyen corporatif. Et il n'y a pas de raison que ces entreprises-là, Netflix, mais aussi les Amazon, les Uber, les Airbnb, les Google de ce monde, se soustraient à cette règle fondamentale qui veut que quand on crée de la richesse on a un devoir de la redistribuer pour le bien commun puis d'en faire profiter l'ensemble de la société. Ça, c'est un devoir fondamental. C'est le socle d'une société qui se veut minimalement égalitaire. Et il n'y a pas de raison que, parce que certaines entreprises multinationales ont créé des nouvelles technologies, qu'on les soustraie à cette norme-là, qui est une norme citoyenne, éthique fondamentale pour nous.

Mme Biron (Martine) : Donc, la solution idéale aurait été, pour vous, que Netflix paie des taxes et sans autre contrainte canadienne?

M. Nadeau-Dubois : Bien, déjà, il faut faire respecter les taxes en vigueur. Ça, c'est une première chose, si on parle spécifiquement de la question de Netflix. Bien sûr, Netflix devrait payer ses taxes et ses impôts, parce que, comme toute entreprise, ils vendent des produits sur le territoire du Canada et du Québec. En conséquence, ils devraient payer des impôts, des taxes sur le territoire du Québec et du Canada.

Est-ce que c'est suffisant pour aider le secteur culturel au XXIe siècle? Bien sûr que non. Il faut faire aussi d'autres choses. Est-ce qu'il faut, par exemple, demander davantage de redevances aux câblodistributeurs? C'est une question qui mérite d'être posée.

Donc, il y a d'autres choses à faire. Mais là, en ce moment, l'éléphant dans la pièce, c'est le passe-droit monumental que se voit conférer Netflix.

Mme Biron (Martine) : Mais est-ce que vous ne pensez pas que la facture aurait été refilée aux contribuables ou aux abonnés?

M. Nadeau-Dubois : Les gens à la maison paient déjà des taxes à la consommation sur l'ensemble de leurs produits. Il n'y a pas de raison, selon nous, qu'il y ait une exception faite pour Netflix.

Est-ce qu'il y aurait eu une petite augmentation des prix? C'est une possibilité, mais ça fait partie du devoir citoyen fondamental pour une entreprise de payer ses taxes et ses impôts.

On ne peut pas, d'un côté, donner des passe-droits, puis, après, lire des rapports comme celui de la Protectrice du citoyen aujourd'hui, puis se dire : Il manque d'argent dans le réseau de la santé. Ces choses-là sont liées.

Quand on multiplie les bonbons fiscaux à des multinationales, forcément ça a des conséquences sur l'ensemble de la société. Et ça, c'est les gens qui sont abonnés à Netflix aussi qui vivent les coûts sociaux de ce genre de politique fiscale là. Donc, tout ça est lié, là.

Le Modérateur : Des questions en anglais? Maya.

Mme Johnson (Maya) : Yes. I just want to make sure that I understood clearly. You said that Mr. Barrette's reforms have failed and that Mr. Khadir has asked in the past for him to resign. That invitation is still open, you said?

M. Nadeau-Dubois : Yes. Of course, this invitation is still open. But I think that right now it's Mr. Couillard that has to step in. Mr. Couillard has to realize that the leadership and the authority of his Health Minister is challenged inside the healthcare system itself. He has to realize that the politics of Mr. Barrette have failed and that there is a need of a new leadership in terms of health in Québec right now.

Mme Johnson (Maya) : It's one thing for the opposition parties to question the Health Minister, his reforms, because, of course, as the opposition, you're there to oppose, but now we have an independent neutral body, I mean, to… So, what kind of a message do you think that that sends when you're hearing this from the…

M. Nadeau-Dubois : In the last hours and in the last week, Mr. Barrette has been, you know, attacking fiercely the opposition parties, saying that we are inventing facts, that we do not know the reality. He's been saying, he's been repeating that at the question period at the National Assembly.

Right now, we have an independent body that says: Your policies have failed, the numbers are clear, the examples are deeply concerning. So, now, Mr. Barrette has to recognize that it's not being partisan to say that his reforms have failed, it's an objective fact. And it's not the first report; it's a new report after a long list of reports that have said: Those policies don't work. The facts are there.

When we talk about the 26% increase of complaints against the health care system, that's an objective fact. People don't complain if they're happy about the treatment and the service that they get. You know, they complain when there's a problem. And, if there's more and more complaints, it means that there's more and more problems.

Le Modérateur : Merci.

(Fin à 13 h 50)

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