(Onze heures trente-quatre minutes)
Mme Massé : Alors,
bonjour, tout le monde. Je viens vous entretenir sur la question des motions
qui ont été tantôt adoptées et tantôt rejetées sur la question de la Catalogne.
Je veux que vous sachiez que j'étais conjointe sur la motion du Parti québécois
parce qu'effectivement on considérait, dans ma formation politique, que
d'essayer, avec une espèce de motion un peu plancher, de rallier l'ensemble du
Parlement du Québec, c'était important pour, d'une part, le Parlement de la
Catalogne, mais aussi pour l'ensemble des Catalans et Catalanes.
Alors, dans ce sens-là, nous avons donné
notre appui à cette motion-là, mais nous en avons présenté une autre aussi qui,
dans les faits — qui a été rejetée, comme vous avez vu — se
voulait aller au-delà de ça, au-delà de ce plancher minimal où on déplore une
attitude, alors que, pour nous, de façon importante, ce qui s'est passé en
Catalogne n'est pas juste à déplorer, est à condamner.
Et aussi on est rendus à une étape où le
Parlement catalan, dans les prochaines heures, à cause de la grande fermeture
du gouvernement espagnol depuis des années, pourrait en arriver à déclarer
l'indépendance. Et, pour nous, c'était important d'entendre de la bouche du
gouvernement libéral, de la bouche des gens de la CAQ, ces gens qui se disent
démocrates, ces gens qui disent qu'ils croient en l'autodétermination des
peuples, sauf quand il y a des tests de vérité comme celui qui se passe actuellement
en Catalogne... et c'est donc pourquoi ma motion allait plus loin, demandait
dès maintenant de reconnaître la légitimité du référendum catalan, pas
seulement le droit à l'autodétermination, et aussi de s'engager à reconnaître
la déclaration d'indépendance du Parlement catalan si tel était son choix.
Alors, voilà pourquoi j'ai présenté cette
motion-là et que nous sommes, en même temps, contents que l'Assemblée nationale
du Québec soutienne l'Assemblée nationale de la Catalogne.
M. Laforest (Alain) :
Vous êtes déçue, au fond.
Mme Massé : De?
M. Laforest (Alain) :
Bien, vous nous dites, d'un côté, c'est correct, mais ce n'est pas assez.
Mme Massé : Bien, c'est
minimal, c'est minimal, c'est plancher. Et vous savez, dans les motions, c'est
toujours ça, hein? Quand on veut le plus consensuel, on va… Par exemple, dans
la première proposition qui nous a été faite par le Parti québécois, il y avait :
«Que l'Assemblée nationale condamne les gestes de violence.» Bon. Nous, on aime
mieux les condamner, on trouve ça important de les condamner en démocratie. C'est
condamnable d'utiliser le vol de bulletins de vote, la «guardia nacional» pour
aller ouvrir, défoncer des lignes de gens qui attendaient pour aller voter, c'est
condamnable. Bon. Alors, c'est un minimum. Maintenant, on le déplore, comme on
souhaite une médiation. Mais, si tout ça n'arrive pas, nous, on pense que, à Québec
solidaire, lorsqu'on est démocrate, lorsqu'on dit constamment qu'on croit à
l'autodétermination, il faut, à un moment donné, passer le test de vérité, et c'est
pour ça que nous avons commencé à mettre dans l'imaginaire collectif que
l'Assemblée nationale du Québec aura fort probablement, d'ici quelques jours, à
se positionner sur ces questions-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais l'Assemblée nationale passe-t-elle aujourd'hui ce que vous appelez le test
de vérité avec la première motion qui a été adoptée?
Mme Massé : Bien, pour
moi, le fait que deux des partis n'ont pas appuyé notre motion qui, elle, parle
clairement de reconnaître la déclaration si le gouvernement catalan va là, dans
ce sens-là, pour moi, ces deux partis-là, à cette étape-ci — j'ai
bien l'intention de continuer à faire de la pression — bien, pour
moi, ils ne joignent pas le geste à la parole. L'autodétermination quand tout
va bien, quand il n'y a pas d'enjeu; hi! quand il y a un enjeu, ah! bien là, on
ne se prononce pas là-dessus.
Des voix
: ...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous étiez sur place dimanche. Est-ce qu'il y avait des gens qui ont été
empêchés de voter dimanche?
Mme Massé : Excusez-moi.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce qu'il y a des gens qui ont été empêchés de voter dimanche? Vous étiez
sur place.
Mme Massé : Il y a des
gens qui n'ont pas pu… En fait, il y a des gens qui sont allés voter et qui ont
vu leurs bulletins de vote — plus de 700 000 — confisqués,
kidnappés, volés par la garde nationale. Donc, ils ont pu voter, mais ça n'a
pas donné grand-chose parce que ça n'a pas pu être comptabilisé dans l'ensemble
du portrait.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Dans cet esprit-là, comment peut-on reconnaître le vote?
Mme Massé : Bien, parce que
je pense que l'Espagne, par son agissement, a démontré que la Catalogne est un
peuple digne, un peuple qui s'est prêté à l'exercice démocratique, qui était
prêt à le faire, mais que la réponse ayant été la répression, il y a bien des
gens — et je les comprends, vous avez vu les images comme
moi — qui ont certainement choisi de rester à la maison au lieu
d'aller se mettre en danger comme ça.
Alors, c'est terrible qu'un gouvernement
démocratique utilise ces moyens-là pour intimider, apeurer et finalement
délégitimer. Ceci étant dit, lorsqu'on prend les plus de 700 000 votes
qui ont été volés par le gouvernement espagnol, qu'on les additionne aux
2 200 qui ont été conservés par le gouvernement catalan, qu'on a pu
sauver, comme ils disent, que le peuple catalan a pu sauver et qu'on y applique
la tendance généralisée autour de 90 %, je pense que la réponse est là,
elle est claire.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que vous comptez revenir à la charge, si, par exemple, il y a une
déclaration d'indépendance, et tout ça, avec d'autres propositions?
Mme Massé : Soyez-en
assuré parce que, pour Québec solidaire, le droit à l'autodétermination, ce
n'est pas que des paroles en l'air, c'est des choses qui s'appliquent dans le
concret. Et, voyez-vous, le gouvernement catalan avance tranquillement, un pas
à la fois. Il avait prévu énormément de choses avec les deux lois du mois de
septembre.
Ceci étant dit, là, il y a une étape
majeure où, au Parlement de la Catalogne, le gouvernement, dans les prochaines
heures, va dire ce qu'il va faire avec la suite des choses. Et moi, je pense...
Parce que les observateurs internationaux l'ont dit, parce que les spécialistes
intellectuels qui ont coordonné, qui ont organisé... bien, pas organisé parce
que ça, c'est le DGE, mais... le genre de DGE catalan, mais qui se sont assurés
que les mécanismes utilisés donnent des résultats pour le référendum, tout ça,
ces gens-là ont reconnu la validité de l'exercice démocratique, alors je ne
verrais pas pourquoi nous, de loin, on dirait : Bien, ce n'est pas valide,
alors que ces gens-là l'ont reconnu.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Massé : Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 41)