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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Le jeudi 5 octobre 2017, 9 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-cinq minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde.

Bien, c'est sûr que ce matin, à l'annonce du point final sur le projet Énergie Est, je ne peux pas vous cacher que je suis très heureuse, ma formation politique aussi, parce que, comme vous le savez, Québec solidaire, depuis le tout début, a été le premier parti qui a maintenu tout le long cette idée qu'Énergie Est était un projet d'un autre siècle et que c'était totalement inacceptable. Et d'ailleurs on a été longtemps à être le seul parti à avoir cette position-là. Et aujourd'hui on se retrouve devant une victoire. Je pense que pour plusieurs de mes concitoyens, concitoyennes c'est une victoire, et on va, en cette belle journée, certainement la fêter largement.

Je suis aussi très fière de voir que mon nouveau co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois a été, lui aussi, dès le début, un ardent défenseur de l'idée qu'Énergie Est ne devait pas s'installer au Québec. Et je nous rappelle collectivement qu'il avait, dans un geste très fort, investi, donné une partie de sa bourse, en fait l'ensemble de sa bourse du gouverneur général à une organisation qui, elle, a milité très fortement pour mettre fin au projet d'Énergie Est, qui s'appelle Coule pas chez nous. Alors, Gabriel a lancé ce mouvement-là en y mettant lui-même cette bourse-là, et Coule pas chez nous a vu presque un demi-million d'argent rentrer dans ses coffres pour pouvoir coordonner cette lutte-là, cette conscientisation-là, cette éducation-là de nos concitoyens.

Une manche peut-être de gagnée, mais la partie n'est pas terminée. On le sait, en Gaspésie présentement il y a plusieurs projets : Haldimand, Bourque, Galt, il y en a d'autres qui sont en voie de se développer, et je pense qu'il faut maintenant, puisque notre énergie est récupérée, se concentrer vers la Gaspésie. Les concitoyens en Gaspésie demandent une chose, demandent une chose, c'est... La fracturation, c'est dangereux. Et, pour ça, ils veulent avoir la confirmation à travers un BAPE, un BAPE sur l'ensemble de la filière pétrolière et gazière en Gaspésie. Et ça, je pense que c'est la moindre des choses que doit lui offrir le gouvernement du Québec, parce que, d'une part, le gazier et le pétrolier est une économie d'un autre siècle, peu créateurs d'emplois, destructeurs de la planète. Et, dans ce sens-là, un BAPE serait bien la moindre des choses, surtout sur le projet Bourque, là, actuellement. Il y a là une urgence, et je pense que le gouvernement du Québec doit répondre à ça.

Le Parti libéral du Québec est très incohérent avec son projet de loi n° 106 qui a encadré la loi sur les hydrocarbures, les quatre règlements déposés il y a quelques jours, qui, eux, enlignent comment le gouvernement soutient le développement des hydrocarbures. Alors que plusieurs autres provinces au Canada, que ce soit le Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, ont déjà interdit la fracturation hydraulique, notre gouvernement à nous facilite la fracturation hydraulique avec son projet de règlement.

Alors, si M. Couillard, M. Heurtel, M. Arcand étaient cohérents et avec la demande des maires et avec la demande de la population en général, ils interdiraient la fracturation hydraulique pour protéger nos eaux, hein, ressource essentielle. Et, bien, tiens, le travail est déjà fait. Je l'invite à appeler mon projet de loi n° 990, qui déjà encadre et interdit la fracturation hydraulique et l'utilisation de produits chimiques pour stimuler, pour pouvoir récupérer les gaz et pétroles de schiste.

Alors, je terminerais en vous disant que je trouve ça pathétique que notre ministre responsable de la Lutte aux changements climatiques et du Développement durable ne se mette pas en rempart entre les projets d'hydrocarbures et les volontés de son gouvernement de soutenir l'industrie de l'hydrocarbure en investissant de l'argent, en adoptant des lois complaisantes et règlements complaisants.

Alors, ce qu'il nous reste comme rempart, ce qu'il nous reste comme bouclier, c'est les citoyens et citoyennes, des groupes environnementaux, des mouvements citoyens, des gens qui disent : Vous ne passerez pas chez nous. Et ces citoyens et citoyennes-là savent très bien depuis le début qu'ils peuvent compter sur Québec solidaire, et on sera toujours à leurs côtés.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que TransCanada a agi en cow-boy dans ce dossier-là?

Mme Massé : TransCanada a agi en entreprise pétrolière et gazière qui a la complaisance de nos gouvernements, qui a le financement, le soutien financier de nos gouvernements et nos institutions. Rappelons-nous que notre Caisse de dépôt et de placement investit dans TransCanada. Alors, moi, je pense que, quand toutes les sources de gouvernement te disent : Voici, on t'offre notre terrain, bien tu agis.

M. Laforest (Alain) : Le gouvernement du Québec est allé devant les tribunaux, là, à deux reprises. Vous ne pouvez pas dire qu'il a la complaisance du gouvernement, là.

Mme Massé : Oui, mais, en même temps, quand vous adoptez un règlement sur le prélèvement et la protection des eaux qui est tellement mou, quand vous laissez Ristigouche-Est se laisser poursuivre par une compagnie pétrolière, vous êtes aussi en train d'envoyer un message.

M. Croteau (Martin) : Mme Massé, la compagnie dit que ce sont des changements au processus d'évaluation d'Énergie Est qui ont mené à l'abandon du projet. Selon vous, pourquoi est-ce que TransCanada a abandonné ce projet-là?

Mme Massé : Écoutez, je pense que c'est à eux de le déterminer. Moi, j'ai toutes sortes d'hypothèses dans ma tête...

M. Croteau (Martin) : Justement, quelles sont vos... Selon vous, là, qu'est-ce qui s'est passé?

Mme Massé : Bien, pour moi, d'une part, les citoyens et citoyennes du Québec se sont tenus debout. Ils ont dit depuis le jour un qu'ils n'en voulaient pas, de ce projet-là. Pourquoi? Bien, parce que le pétrole est quelque chose que, tranquillement, on doit se départir, surtout quand il vient des sables bitumineux, qu'il détruit systématiquement les régions et qu'il a un impact majeur sur la planète.

Alors, premier élément, parce que le monde se sont tenus debout, bien ça donne qu'il y a des entreprises qui ne se sentent pas bienvenues. Deuxième élément, est-ce qu'on va s'entendre, tout le monde, pour dire que les impacts qu'a eu la conscientisation, par exemple avec les accords de Paris, avec des groupes comme Coule pas chez nous, le réseau de vigilance hydrocarbures, la population commence vraiment à saisir, à faire des liens entre les épisodes de climat extrême qu'on a et les changements climatiques et les hydrocarbures et leur effet sur les changements climatiques?

Alors donc, tout ça fait en sorte qu'on se lève debout, on tient. Et je pense qu'il y a des partis comme nous qui sont aussi aux côtés de ces gens-là pour faire ici, en Chambre, faire en sorte devant les médias qu'on ne laisse pas de côté cette dimension-là.

M. Croteau (Martin) : Vous disiez que c'est une victoire. Est-ce que c'est une victoire de savoir que le pétrole va continuer à transiter par bateau et par rails au Québec?

Mme Massé : Écoutez, pour Québec solidaire, la victoire va être quand le gouvernement va être assez cohérent pour investir majoritairement pas dans des projets comme Bourque, Galt, Pétrolia, mais d'investir dans l'efficacité énergétique, qui va faire en sorte qu'on va diminuer notre consommation des hydrocarbures. Ça, ça va être une réelle victoire. Mais, entre vous et moi, ça va prendre un gouvernement solidaire pour y arriver, n'est-ce pas?

Alors, ceci étant dit, le gouvernement actuel... la victoire, là où elle est, à mon sens, c'est parce qu'il y avait une entreprise qui utilisait toutes sortes de techniques pour vendre son projet. Rappelons-nous la fuite, là, du rapport de la firme de communication qui disait carrément : On va acheter du monde pour qu'ils disent que c'est bon. C'est grave, ça, en démocratie, surtout que c'était du monde dans le coin où les citoyens et citoyennes posaient le plus de questions, étaient le plus informés de la situation de la fracturation... pas de la fracturation, pardon, du passage, par exemple, à travers les rivières.

Donc, moi, je pense que oui, c'est une victoire, il faut la célébrer, mais la partie n'est pas terminée.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce qu'il faut interdire toute production pétrolière au Québec, là? Vous dites qu'il faut s'attaquer à la Gaspésie...

Mme Massé : Bien, écoutez, pour nous, à Québec solidaire, c'est clair, le Québec fait office vraiment de premier de classe en matière d'énergie renouvelable, en matière de production de GES. On a encore du travail à faire, mais notamment, puisqu'on ne produit pas de gazier ou de pétrolier, ça fait en sorte qu'on peut maintenir, je dirais, notre effort face à la diminution des gaz à effet de serre.

M. Vigneault (Nicolas) : ...éliminer le projet gaspésien? C'est ça que vous me dites, là.

Mme Massé : Nous, on le dit depuis longtemps, surtout qu'en Gaspésie ça veut dire inévitablement de la fracturation. Et les compagnies ne le disent pas, leur rhétorique est toujours la même : Ah! on ne le sait pas si on va en avoir besoin.

L'exploration est probablement le moment le plus fragile en matière de fracturation hydraulique, et c'est pourquoi qu'à Québec solidaire, avec le projet de loi n° 990, on veut interdire la fracturation.

M. Vigneault (Nicolas) : Quelle est la leçon que doit retenir l'industrie pétrolière canadienne de l'épisode Énergie Est?

Mme Massé : Investissez dans les énergies renouvelables et non pas dans une économie d'un autre siècle qui exige beaucoup d'investissement des deniers publics pour très peu de création d'emplois, mais surtout des emplois qui ne sont pas durables.

Alors, moi, je pense, s'il y a une leçon, c'est : dépêchez-vous, enlignez-vous vers les énergies renouvelables et peut-être que là on pourra avoir confiance en cette industrie-là. Merci.

(Fin à 9 h 46)

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