(Huit heures deux minutes)
M. Lisée
: Le vendredi
4 décembre 2015, le premier ministre Couillard a dit : Rattrapage salarial
des médecins, ça suffit. Ça suffit. Alors, pour lui, en décembre 2015, les
médecins québécois avaient rattrapé leurs voisins ontariens et canadiens et il
se rendait compte que les besoins importants pour les patients, pour les aînés
du Québec, pour l'ensemble des besoins, étaient plus importants que d'en
rajouter pour les médecins.
Alors, que s'est-il passé depuis? Bien, on a
su que la pression budgétaire sur les services était telle qu'il y a eu un
demi-million d'heures de soins à domicile de moins pour les aînés du Québec. La
Protectrice du citoyen nous a dit il y a quelques semaines que le
rationnement des soins à domicile se poursuivait à telle enseigne, que le
nombre de citoyens qui ont des soins a été réduit et que le nombre d'heures par
citoyen a été réduit. La semaine dernière, j'étais avec des gens, des parents
d'enfants qui ont une déficience intellectuelle, et on m'a appris qu'il y a un
nouveau mot pour les soins. Ça s'appelle des épisodes de soins, parce qu'il n'y
a tellement pas de budget pour faire des soins en continu qu'on dit aux enfants :
Ça va être épisodique. Vous allez en avoir ce mois-ci, peut-être un autre
épisode dans quelques mois. Et donc, la pression de cette austérité toxique sur
les soins, sur les enfants, sur les patients, sur les aînés, elle est tangible,
elle est visible tous les jours.
Et pourtant, on apprend que le gouvernement
a trouvé 1 milliard de dollars pour les médecins de famille. Il a trouvé
ça, il y a 1 milliard disponible pour les médecins de famille, les
médecins dont M. Couillard avait dit : Ça suffit. Ça suffit plus
1 milliard. Et là on n'a même pas l'entente pour les 12 000 médecins
spécialistes. Ça, ça va être au moins un autre milliard. Ça veut dire que
le gouvernement du Québec, qui avait dit : Ça suffit, trouve au moins
2 milliards de dollars pour les médecins du Québec, alors qu'il n'y a pas
d'argent pour les enfants qui ont une déficience intellectuelle, qu'il n'y a
pas d'argent pour les aînés qui ont besoin de soutien à domicile et que les
témoignages qu'on a dans les CLSC et dans les hôpitaux, c'est qu'il y a des
heures supplémentaires obligatoires, il y a des ratios d'infirmières par nombre
de patients qui sont exagérés, il y a une dégradation de la qualité des soins,
mais, pour les médecins, il y a 2 milliards. Ça dépasse l'entendement.
Et on sent que c'est tellement honteux que
le gouvernement Couillard a honte de son entente. Premièrement, elle est
secrète. Toutes les conventions collectives des employés de l'État québécois
sont publiques, et l'entente avec les médecins est secrète et, selon le
président du Conseil du trésor, elle va le rester. Alors, les Québécois n'ont
pas le droit de savoir, selon les libéraux, comment ils donnent 1 milliard
de dollars de plus aux médecins.
Et deuxièmement, ils ont essayé de vous
rouler dans la farine, les journalistes, et, avec vous, tous les citoyens en ne
vous donnant pas un chiffre. Ils vous ont convoqué pour vous expliquer une
entente sans donner de chiffre. Ils ont commencé par vous dire que ça serait
63 millions. Ensuite, ils ont admis que ce serait quelques centaines de
millions, et ensuite, parce que vous avez fait votre travail, vous vous êtes
rendu compte que ce serait près de 1 milliard. Ce n'est pas une façon de
gérer un État, de gérer un budget puis d'être transparent avec l'argent des
Québécois.
Alors, nous, on considère que nos médecins
font un travail formidable. Ils sont excellents. On les veut, mais ils sont
suffisamment payés, et ça, c'est le milliard de trop puis c'est les
2 milliards de trop. Et on pense que, dans leur for intérieur, les
médecins savent que cet argent-là, on en a besoin pour la qualité des soins et
la qualité de leur travail à eux parce qu'ils le voient bien, quand ils sont
sur les étages, quand ils sont dans les hôpitaux, quand ils sont avec leurs
patients, qu'il manque des ressources. Et donc, nous, on vous dit, ce
milliard-là, nous n'allons pas le donner aux médecins. Lorsqu'on arrivera au
gouvernement, s'il n'est pas déjà décaissé, nous allons faire en sorte que cet
argent-là aille dans les soins.
Le premier ministre du Québec, qui a dit :
Ça suffit, doit rendre des comptes. Quand il dit : Ça suffit, il manque
1 milliard, ce n'est pas vrai pour les juristes, ce n'est pas vrai pour
les ingénieurs, ce n'est pas vrai pour les infirmières, mais c'est vrai pour
les médecins. Il y a un problème d'équité sociale, de justice sociale, majeur
avec la façon dont ce gouvernement gère les finances et choisit ses préférés.
C'est clair, là, ce gouvernement a des préférés. Ses préférés, ce n'est pas les
aînés qui ont été coupés, ce n'est pas les handicapés qui ont été coupés, ce
n'est pas les enfants qui ont une déficience intellectuelle, qui ont des
épisodes de soins au lieu d'avoir des vrais soins. Les préférés, c'est les
médecins, et ça adonne que le premier ministre est médecin, le ministre de la
Santé est médecin, le secrétaire général du gouvernement est médecin. Ça
commence à faire trop. Diane.
Mme Lamarre : Merci.
Effectivement, la semaine dernière, j'étais en circonscription et j'étais aussi
sur le terrain à Iberville. J'ai rencontré des préposés, des infirmières qui
travaillent en CHSLD, en CLSC, qui, devant la directrice des communications du
CIUSSS, exprimaient le désespoir qu'elles avaient dans leur travail et le fait
que les patients n'avaient pas accès à des soins respectueux, à des soins de
base nécessaires.
Alors, aujourd'hui, on le voit, le
ministre Barrette a sacrifié la population du Québec. Je vous dirais que
l'élément nouveau, c'est qu'il a hypnotisé le gouvernement libéral en entier et,
dans sa façon d'hypnotiser, il a éliminé tous les contre-pouvoirs, tous les
organismes qui pouvaient porter un certain regard sur ses manoeuvres. Il reste
la Protectrice du citoyen et la Vérificatrice générale. La Protectrice du
citoyen a remis un rapport accablant, un rapport qui démontre, noir sur blanc,
les attaques qui ont eu lieu au niveau des soutiens à domicile, la diminution
du soutien à domicile, le fait que le guichet d'accès faisait en sorte que des
patients plus complexes, plus lourds n'étaient pas priorisés, n'étaient pas
choisis. Elle a dénoncé ces éléments-là. Et là ce qu'il nous reste pour
documenter les chiffres, c'est la Vérificatrice générale.
Alors, nous, on pense que ce n'est qu'avec
la Vérificatrice générale que nous allons obtenir les informations
indispensables aux Québécois sur l'utilisation de ce 2 milliards de
dollars là. Je rappelle qu'en 2015‑2016 c'est par le rapport de la Vérificatrice
générale qu'on a compris ce que l'étalement annoncé en grande pompe par le ministre
et les deux fédérations médicales représentait pour les Québécois. Et la Vérificatrice
générale avait parlé, à ce moment-là, non seulement du fait que les étalements
étaient disproportionnés, mais que les Québécois n'avaient pas les moyens de
payer ça.
Alors, on s'en rend compte, le ministre a
dit : Mais moi, je vais les donner, les moyens, je vais siphonner tous les
services partout sur le territoire du Québec, je vais couper des préposés, je
vais couper des infirmières, je vais diminuer le soutien à domicile, je vais
récupérer toutes les sommes que je peux dans des services et des soins aux
citoyens puis je vais malheureusement les déployer du côté des médecins. Je voudrais
que les médecins nous disent : Ce n'est même pas ça qu'on veut. On veut
une meilleure organisation, on veut une meilleure fluidité dans le service, on
veut mieux servir les patients. Mais, pour l'instant, le choix que le ministre
a fait, un ministre qui a littéralement envoûté le gouvernement libéral... parce
qu'il n'y a aucun de ses députés, il n'y a aucun autre ministre, même pas le
Conseil du trésor, qui est capable de comprendre les ententes qui ont été
faites.
Alors, nous, et je vais le demander
aujourd'hui en motion, nous demandons que la Vérificatrice générale ait accès
et fasse une analyse détaillée de l'entente qui a été conclue avec la FMOQ, et
qu'elle le fasse également pour la FMSQ, et que ce soit remis pour le 6 février
2018, qui est la rentrée parlementaire de 2018, afin qu'on puisse avoir l'heure
juste et comprendre comment la population du Québec aura été défavorisée par
rapport à un autre groupe de professionnels.
On pense qu'il doit y avoir vraiment un
virage, et le fait de cacher... Le premier ministre a annoncé un gouvernement
transparent. Or, on a 7,3 milliards de dollars qui vont aux médecins et on
est incapables actuellement de comprendre en détail comment ça se répartit. Et
moi, je vous le dis, je le suis quand même, je comprends pas mal de choses. Et
la mesure de pression du projet de loi n° 20, qui était prévue, le
ministre est en train lentement d'éliminer les contraintes qu'il avait prévues
pour les médecins parce qu'il y a quelque chose, dans son entente qu'il a
signée avec la FMOQ, qui compense pour ça, mais on n'est pas capables d'y avoir
accès.
Alors, c'est un manque de transparence. Ce
n'est pas l'argent du ministre, c'est l'argent des Québécois, et il doit nous
en faire... il doit nous expliquer clairement comment il va l'utiliser.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, Mme Lamarre, M. Lisée. On va y aller aux questions. Micro de gauche,
M. Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Lisée, lorsque vous dites que le gouvernement a ses préférés, l'inférence,
c'est qu'il se laisse détrousser en toute connaissance de cause. Est-ce que
c'est ce que vous dites?
M. Lisée
: Bien, très clairement,
le gouvernement est satisfait de son entente. Il l'a signée, il l'a proposée.
Alors, il est satisfait de donner 2 milliards de dollars de plus aux
médecins, alors que le premier ministre lui-même avait dit : Ça suffit.
Alors, c'est clair qu'il y a des gens qui
ont plus de poids dans les yeux du premier ministre que les infirmières, que
les patients, que les aînés, que les enfants en difficulté, c'est les médecins.
Les médecins réussissent à avoir ce qu'ils veulent, puis on sait qu'il y a
plusieurs médecins qui pensent que, bien là, c'est trop. Je veux dire, ils aimeraient
mieux que les hôpitaux soient mieux dotés, que les services soient mieux dotés,
mais là il y a 2 milliards qui vont aller là, qui n'iront pas ailleurs,
qui n'iront pas ailleurs. Ce n'est pas comme s'il n'y avait pas de besoins
ailleurs.
Alors, oui, il y a non seulement un
préjugé favorable, mais un choix clair du gouvernement de favoriser les
demandes des médecins, alors qu'il y a des lois spéciales contre les ingénieurs
puis contre les juristes. Mais pour les médecins, non, ça, ça va.
M. Boivin (Mathieu) : Comment
est-ce que la population, si on entre dans votre analyse, dans votre lecture de
la situation, comment est-ce que la population pourrait se protéger contre un conflit
d'intérêts comme celui-là? Dès lors qu'un premier ministre aurait un emploi,
une profession, est-ce qu'il serait forcément toujours en conflit d'intérêts en
entrant en négociations avec son ancien corps d'emploi?
M. Lisée
: Bien, il
faut le voir... il faut juger l'arbre à ses fruits, hein? Et donc, là, ce qu'on
voit, c'est qu'on a un premier ministre puis un ministre de la Santé qui ont
protégé le corps d'emploi dont ils sont issus. Le remède, c'est qu'ils perdent
le pouvoir. Le remède, c'est qu'ils ne soient pas réélus le 1er octobre 2018 et
de ne pas les remplacer par le gars qui a commencé ce problème-là, parce que François
Legault, quand il était ministre de la Santé, c'est lui qui a mis le doigt dans
le tordeur, de dire que, oui, il faudrait que les médecins québécois aient un
revenu équivalent à celui des médecins canadiens. Pas les infirmières, pas les
chauffeurs d'autobus, pas les coiffeuses, mais les médecins.
Et ça, c'était le péché originel, c'est François
Legault qui l'a fait. Il n'arrête pas de dire qu'il faut augmenter la rémunération
des médecins. Il a encore dit, au début de l'année, que, si on veut donner plus
d'actes aux infirmières, il faut donner plus d'argent aux médecins pour les
inciter à déléguer aux infirmières, alors que nous, on dit : Bien non, il
faut arrêter de faire ça, là. Il faut donner des tâches autonomes aux
infirmières, aux pharmaciens, aux psychologues qui n'ont pas à demander la
permission aux médecins et surtout pas à donner une cote aux médecins.
Alors, les seuls qui ont des solutions qui
ne sont pas médicocentrées à ça, c'est le Parti québécois.
Le Modérateur
: M.
Gagnon, micro de droite.
M. Gagnon (Marc-André) : Bon
matin, M. Lisée. Il y aura aujourd'hui, finalement, le vote sur le projet de
loi n° 62 sur la neutralité religieuse. Je présume que vous allez voter
contre, au Parti québécois, et, selon vous, comment tout ça va s'appliquer, un
coup que ça sera voté?
M. Lisée
: Bon, il est
clair que le gouvernement a décidé de ne pas vivre l'application, parce qu'à
partir de la sanction de la loi, il va y avoir neuf mois de dialogue pour voir
quels seront les directives et les critères. Il y aura peut-être quelques mois
ensuite avant la mise en oeuvre, et là on va être après le 1er octobre
2018.
Donc, le gouvernement libéral s'est
organisé pour ne pas avoir à appliquer même sa loi à lui, qui est trop timide.
Et donc on ne verra pas les problèmes d'application avant le moment où on sera
au gouvernement, donc après le 1er octobre 2018.
Bien, ça nous permettra de modifier la loi
et de faire quelque chose de plus sensé, de plus consensuel et d'ajouter les
éléments, par exemple, de Bouchard-Taylor et l'application aux futurs
enseignants et éducatrices de garderie.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, selon vous, ils ont opté carrément pour une approche qui est
électoraliste dans le cas de ce projet-là.
M. Lisée
: Ah! c'est
très clair qu'ils ne veulent pas avoir l'application de ça. Ils ne veulent pas
avoir un seul cas avant leur campagne électorale. Tout ce que fait ce
gouvernement est électoraliste, là, dans ce cas-là. S'ils avaient voulu agir,
ils auraient pu agir bien avant, ils auraient pu accepter le consensus
québécois. Je l'ai dit souvent, si le premier ministre avait voulu mettre un
peu d'eau dans son vin, on aurait pu avoir un vote unanime dès le printemps
dernier et avoir une application plus rapide.
M. Gagnon (Marc-André) : Sur
un autre sujet, hier, l'Assemblée nationale a accueilli une nouvelle députée,
Geneviève Guilbault, dans Louis-Hébert, et, lorsque vous avez pris la parole
pour l'accueillir, vous y êtes allé d'une petite pointe en lien avec ses propos
sur les services de garde non subventionnés, garderies privées et les CPE.
Donc, ses propos vous ont dérangé?
M. Lisée
: Non, ils ne
m'ont pas dérangé du tout. Au contraire, je pense que... puis je l'ai remerciée
pour sa franchise. On sait que la CAQ a un préjugé favorable pour la
privatisation. Éric Caire s'était prononcé devant vous, il y a quelques mois,
pour plus de privé en santé. On sait que la CAQ n'a jamais été proche des CPE,
et là la nouvelle porte-parole de la famille dit : Moi, ma préférence,
c'est les garderies privées non subventionnées. Nous, on dit, notre préférence,
c'est la qualité, et la science montre que la qualité est dans les CPE.
Alors, ça ne me dérange pas. Je pense que
les Québécois, les familles vont voir la distinction entre un Parti québécois
qui choisit la qualité pour les enfants et le service public, et la CAQ qui
choisit la privatisation des services au détriment de la qualité pour les
enfants. Moi, ça me va très bien comme choix.
Le Modérateur
: Merci.
M. Pilon-Larose, micro de gauche.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour. On lit, ce matin, des allégations assez troublantes concernant Éric
Salvail, 11 témoignages recueillis qui témoignent de cas de harcèlement sexuel
possiblement. En tant que chef d'une formation politique, j'aimerais avoir
votre réaction à ce que vous avez pu lire ce matin.
M. Lisée
: Bien, moi,
je salue en particulier les gens qui ont fait ces dénonciations à visage
découvert, en acceptant que leurs noms soient là, donc qui prennent la
responsabilité des témoignages qu'ils avancent. Évidemment, M. Salvail
doit avoir l'occasion de donner sa version des faits, mais je pense qu'on est
dans une époque où la pression doit être renversée et que les harceleurs et les
présumés harceleurs doivent être complètement sur la défensive et savoir que
ces comportements sont inacceptables, vont être dénoncés et vont avoir des
conséquences. Et, si on est enfin dans une période où les harceleurs potentiels
vont savoir que ce ne sera pas impuni, on va avoir fait un gain social majeur.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Selon
vous, est-ce que M. Salvail doit, le temps que lumière se fasse sur ces
allégations, se retirer des émissions qu'il anime? Et en complément, j'aimerais
savoir, s'il ne le fait pas, accepteriez-vous une invitation à aller à l'une de
ses émissions s'il vous invitait?
M. Lisée
: Bien, je
pense que d'abord il doit donner sa version des faits. On doit voir si des
accusations seront portées. Évidemment, il appartient à ses employeurs aussi de
voir quelle démarche ils vont entreprendre. Il est clair que, disons, la
lourdeur des allégations fait que le statu quo n'est pas tenable, là. Je pense
que, dans la journée, il faut que M. Salvail soit admette, soit clame son innocence
et que, si les gens veulent aller plus loin dans leurs dénonciations, c'est
clair qu'on est dans une situation qui doit pousser ses employeurs à poser des
gestes.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mme
Lamarre, ce matin, on pouvait lire également un témoignage de Sylvie D'Amours
qui dit que l'Assemblée nationale non plus n'est pas exempte de jokes de
mononcle, de certaines situations parfois qui sont malaisantes pour les femmes.
Vous, en tant que femme députée, avez-vous déjà été témoin de situations comme
celles-ci ou peut-être vous-même victime également?
Mme Lamarre : Bien, vous le
savez, j'ai été quand même victime d'intimidation, là, clairement, par le ministre
Barrette, et ça se maintient encore dans les commissions parlementaires, hein?
Il ne le fait plus de façon aussi publique dans la... au salon bleu, mais, vous
savez, l'intimidation, c'est très subtil, hein?
Avant, quand on... à chaque fois que je
pose une question, si, avant de répondre, on fait un préambule qui dit :
Ah! la députée ne doit pas comprendre, je vais l'aider à mieux s'instruire, je
vais compléter les éléments, bon, les compléter, ça va, mais il y a toujours
une façon de présenter les choses où on tend à diminuer. On est là comme parlementaires.
Moi, je pense qu'on a de grands talents. Je pense que j'ai, dans mes
antécédents, une formation qui mérite le respect, une connaissance du système
de santé qui est tout à fait respectable, et je crois que je mérite ce respect.
Et, de façon répétitive, de toujours commencer les réponses à des questions en
qualifiant la personne qui la pose plutôt qu'en répondant vraiment à la
question, bien, je pense que c'est une façon de continuer à faire en sorte que
les gens qui n'auraient pas le bagage que, moi, j'ai et l'endurance que j'ai,
je vous dirais, et le souci de travailler pour les Québécois... parce que c'est
vraiment ça qui m'anime à chaque jour quand je vais au front et quand je vais vraiment
répondre et poser des questions, poser des questions pour essayer, entre autres,
d'avoir des informations qui sont indispensables.
Le Modérateur
: Merci.
On va y aller avec M. Laforest, s'il vous plaît.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
...envers les femmes? Jugez-vous... certains députés ont des attitudes comme ça
envers les femmes pour tenter de les diminuer?
Mme Lamarre : Je ne suis pas
en mesure de le constater de façon spécifique. Ce que je sais, c'est qu'il est beaucoup
plus, je vous dirais... il utilise beaucoup plus cette stratégie-là à mon
endroit, je crois que c'est parce que je connais bien le système de santé et il
me redoute. Sincèrement, j'aimerais que ce soit ça qui soit retenu parce qu'il
sait que je connais très, très bien le système de santé et que les questions
que je lui pose sont susceptibles d'amener des réponses qu'il devrait être
capable de me donner et qui démontreraient où est sa stratégie dans tout ça.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest.
M. Laforest (Alain) : ...revenir
sur le sujet du jour. M. Lisée, vous critiquez une décision du Parti québécois
à l'époque.
M. Lisée
: Oui, je
critique une décision du ministre François Legault, qui était ministre de la
Santé et qui a pris cette mauvaise décision qui fait qu'on paie encore pour
cette mauvaise décision. Absolument.
M. Laforest (Alain) : C'était
une décision du Conseil des ministres, ce genre de décision là.
M. Lisée
: Oui, mais
c'est lui qui l'a proposé, c'est lui qui a cédé au lobby des médecins et il en
porte la responsabilité principale. Je n'étais plus conseiller à l'époque, je
m'y serais opposé, mais, quand on fait le tracé, bon, d'abord, on vit avec les
erreurs de François Legault. Il a cédé aux médecins à l'époque, il a continué à
céder aux médecins.
Lorsqu'il a créé la CAQ, une de ses propositions-phares,
c'était d'augmenter le salaire, la rémunération des omnipraticiens. Il l'a
répété encore cette année. Il a une vision du ministère de la Santé ou de la
santé qui est centrée sur les médecins, alors que nous, notre vision, elle est
centrée sur l'ensemble des professionnels. Les médecins sont essentiels, mais ils
ne doivent pas être seuls, ils doivent être dans une équipe. Et je pense que
les électeurs, en 2018, doivent savoir ça. François Legault, qui a fait partie
du problème, il ne peut pas faire partie de la solution.
Et d'ailleurs, lorsqu'il est allé chercher
son expert favori, bien, c'est Gaétan Barrette que François Legault a choisi.
Gaétan Barrette se vante, en ce moment, d'appliquer le programme de la CAQ.
Alors, les Québécois, qui pensent que la santé est un enjeu très important dans
leur choix électoral de 2018, doivent savoir que M. Legault fait partie du problème,
mais il ne peut pas faire partie de la solution.
M. Laforest (Alain) :
Dernièrement, vous nous avez fait part d'un cheminement, là, particulièrement
au caucus de Saint-Eustache. Vous en êtes rendu où dans votre réflexion
concernant Gaétan Lelièvre?
M. Lisée
: Ah! je n'ai
rien de neuf pour vous aujourd'hui là-dessus.
M. Laforest (Alain) : Ça ne
progresse pas, pas de réintégration...
M. Lisée
: Je n'ai rien
de neuf pour vous aujourd'hui.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche, M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour, M. Lisée. On est à la veille effectivement d'adopter le projet de
loi, peut-être aujourd'hui, n° 62. Est-ce que, malgré le fait
que ça ne va pas suffisamment loin, selon vous, il n'y a quand même pas lieu de
se réjouir, d'une certaine manière, dans la mesure où il y a eu plusieurs
projets de loi sur ces sujets-là qui ont été déposés à l'époque du gouvernement
Charest, à l'époque du gouvernement Marois? Aucun n'avait abouti jusqu'à
présent. Même si ça ne va pas aussi loin que vous le souhaitez, il y a quand
même un certain soulagement, non, de voir qu'on est capables, collectivement,
de faire un premier pas?
M. Lisée
: Bien,
d'abord, ce n'est pas collectivement. C'est le Parti libéral du Québec qui
utilise sa majorité pour voter une loi qui n'arrive pas à rallier un seul des
partis d'opposition, alors qu'il aurait très bien pu le faire. Alors, c'est une
énorme occasion manquée, et une des raisons pour lesquelles elle est manquée,
c'est qu'une proposition-phare, c'est de dire : Avec ce projet de loi, on
ne pourra plus offrir ou recevoir un service public à visage couvert, sauf tous
ceux qui vont demander un accommodement. Et ils peuvent le demander pour des
raisons religieuses et ils peuvent l'obtenir. On verra ce que les juges diront.
Alors, ça veut dire que la façon dont le
projet de loi est créé... Puis nous, on a dit : Bien, il faut écrire qu'on
ne peut pas demander d'accommodement religieux pour se soustraire à
l'obligation d'avoir le visage découvert. Et, comme les libéraux ont refusé, ça
peut vouloir dire que, quand les juges vont décider, bien, tout le monde devra
avoir le visage découvert, sauf ceux qui veulent le couvrir pour des raisons
religieuses. Alors, c'est : À part Batman puis Spider-Man, là, tous ceux
qui ont des raisons religieuses pourront avoir le visage couvert. Alors donc,
c'est une farce.
M. Lavallée (Hugo) : Hier,
Mitch Garbera qualifié de raciste ce projet de loi. Qu'est-ce que vous pensez
de ces propos-là?
M. Lisée
: Bien, le Globe
and Mail a fait la même chose, il y a deux semaines. À chaque fois que les
Québécois veulent affirmer leur identité, leur laïcité, il y a des gens qui
considèrent que ce n'est pas acceptable. Alors, si on les avait écoutés, il n'y
aurait pas de loi 101 au Québec.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Sioui, micro de droite.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui, bonjour. Je voulais vous parler des
permis d'exploration pétroliers et gaziers. Québec reçoit actuellement
0,15 $, à peu près, par hectare détenu par les entreprises. Est-ce que,
vous, vous seriez favorable à ce que ces permis-là soient vendus aux enchères,
comme c'est fait ailleurs?
M. Lisée
: Bien, nous,
notre position, elle est claire, on pense qu'il ne devrait pas y en avoir de
nouveaux. Alors, on pense que le temps est venu de tourner la page sur
l'exploration gazière et pétrolière sur le territoire du Québec et que, pour
l'avenir, on n'aille pas dans cette direction-là, point à la ligne. Donc, ça,
c'est ça, notre position.
Le PLQ et la CAQ, eux, sont toujours
intéressés par les hydrocarbures. Nous, on est au XXIe siècle puis on est
intéressés par un autre type de développement qui est fondé sur l'énergie
verte, l'énergie renouvelable.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais quand même, est-ce que le montant est
satisfaisant, à votre avis? Puis, de la même manière, est-ce que c'est
satisfaisant que les entreprises aient une espèce de primauté sur les municipalités
sur leur propre territoire?
M. Lisée
: Bien non, effectivement.
Nous, on s'est battus contre ça puis dans la loi n° 116... c'est 116?
Une voix
: 106
M. Lisée
: 106. Dans la
loi n° 106, qui donne un pouvoir d'expropriation aux entreprises
d'hydrocarbures, y compris par rapport aux schémas d'aménagement des villes,
nous, on s'est opposés à cette loi-là et on s'est engagés à la rescinder dès
notre arrivée au pouvoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais qu'est-ce qu'on fait avec ceux qui sont
0,15 $ en ce moment, qui rapportent 0,15 $? On garde les choses comme
telles, comme elles le sont?
M. Lisée
: Je vais
demander à M. Rochon ou à M. Gaudreault de vous revenir là-dessus
spécifiquement.
Le Modérateur
: Mme
Mathieu, micro de droite.
Mme Mathieu (Annie) : Bonjour.
Je profite de votre présence également parce qu'on apprend, ce matin, que la
seule université qui formait les infirmières en chirurgie, là, l'UQTR, donc,
doit mettre fin au programme parce qu'il n'y avait pas de chirurgien disponible.
Est-ce que vous pensez que c'est une situation qui aurait pu être évitée?
Mme Lamarre : Absolument.
Absolument, et ça illustre le fait que le ministre ne met pas l'intérêt à
régler les situations qui favorisent l'accès, qui améliorent l'accès, en
particulier dans les régions et un peu partout. On a besoin de ces infirmières
qui sont formées en chirurgie.
Alors, comment se fait-il
qu'historiquement ça s'est toujours fait et que là, cette année, ce n'est plus
possible? Comment ça se fait qu'on n'a plus d'anesthésiste à La Pocatière,
Kamouraska?
Alors, il y a des mesures que le ministre
prend et qui ont un impact sur la disponibilité des spécialistes, des médecins,
mais aussi sur la formation. Mais je vous dirais que ça, c'est une
illustration. Pour les infirmières en chirurgie, c'est complètement insensé. On
a besoin... On a vu, il y a des tables, des blocs opératoires qui ont été
fermés cet été par manque d'infirmières formées en chirurgie.
Alors, c'est une spécialité, quelque part.
On ne peut pas improviser, on ne peut pas substituer une infirmière d'autres
services dans ce type de travail là. Donc, le ministre doit assurer une
disponibilité de chirurgiens pour faire la formation.
Mme Mathieu (Annie) : Comment
pensez-vous qu'il peut le faire concrètement, à ce niveau-là?
Mme Lamarre : Bien, ça s'est
toujours fait, historiquement. Alors, la question qu'il faut se poser, c'est :
Pourquoi, cette année, ça ne fonctionne pas? Qu'est-ce que lui a fait pour
dissuader les chirurgiens? Est-ce qu'il y avait une disponibilité qui était
permise? Est-ce qu'on reconnaissait bien le temps d'enseignement?
Parce que très souvent, on en a parlé dans
les commissions parlementaires, la mission d'enseignement que les médecins, que
les spécialistes font par rapport à la relève médicale, il y a une grosse
partie de la formation, dans toutes les disciplines de la santé, qui est
assumée par des professionnels déjà en pratique. Et là on voit les contraintes.
Les mesures de coercitions, les diminutions de budget font que tout le monde
travaille avec des effectifs très, très limités. Alors, les disponibilités pour
faire la formation sont souvent les premières qui sautent.
Mme Mathieu (Annie) : Une
question...
Le Modérateur
: Une
dernière, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Annie) : Oui. M.
Lisée, hier, vous avez déposé une motion pour souligner, célébrer les 20 ans
des CPE. Or, elle a été rejetée par la CAQ et par le Parti libéral. Quel
message que vous pensez que ça envoie du côté du parti au pouvoir?
M. Lisée
: Bien, je
pense que le PL-CAQ, là, le PLQ et la CAQ, ont voté contre pourquoi? Parce
qu'on soulignait que les études de l'Institut de la statistique et les autres
démontrent que la qualité, pour les enfants dans les garderies CPE... sont
nettement supérieurs aux autres, et ils ne veulent pas dire ça. Ols ne veulent
pas que ça se sache, ils ne veulent pas admettre ça, ils ne veulent pas
admettre la science, parce qu'eux ils veulent privatiser. Le PLQ a fait
augmenter considérablement le nombre de garderies privées, et c'est ce que
pense la CAQ.
Alors, nous, on pense que la science
montre que les services sont meilleurs dans les CPE. C'est nous qui avons
inventé les CPE, on veut l'extension des CPE et on est devant deux partis de
droite qui décident que, non, le privé est plus important que la qualité. Et
moi, je suis content qu'on ait fait cette démonstration-là hier. On est à un an
des élections. Les gens doivent commencer à voir que le Parti québécois défend
les enfants, défend les services publics, est contre la privatisation, et ça va
faire partie du débat en octobre prochain.
Le Modérateur
: En
anglais. Mme Montgomery.
Mme Montgomery
(Angelica) : Mr. Lisée, what are your concerns
when it comes to the ability to ask for an accommodation request of a person
who wears a niqab or a burka? What is your concern there?
M. Lisée
:
Well, it's exactly what the Justice Minister said : Anyone can ask for a
religious accommodation, given the way the law is written. And so, if a judge
says : You can, for religious purposes, have your face covered in all
cases in the public services, the law is void, only applies to Spider-Man and
Batman. And so that's why we voted against. We wanted to put, in the law, that
you could not demand a religious accommodation that would withdraw you from
that.
Mme Montgomery
(Angelica) : What is your reaction to comments
that this law is racist?
M. Lisée
:
I think it's intolerant to say that a law that wants to support equality of men
and women and that shows that the State should be secular and neutral is turned
that way. You know, European courts of law have upheld these laws in many European
democracies. Should we be saying that they're all, you know, unacceptable? I
think not. I think it's a view of things that says that the Canadian way is the
only way, and everybody else that doesn't think the Canadian way is racist and
intolerant. It's a form of intolerance.
Le Modérateur
: Merci. Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. Picking up on that, there is a lot of
interest in Bill n° 62 in
the rest of Canada, and I've
heard commentators calling it racist and I'm wondering if you consider that a
form of Québec bashing.
M. Lisée
:
It's a form of intolerance. They would say the same for the numerous European
democracies that have adopted similar laws, 17 African countries have done so
as well, so all these people would be wrong and only Canadians are right. But
we've been there before. I mean, Bill 101 was turned even worse and I think
it's simply a fact of life that there is intolerance in some parts of the rest
of Canada towards reasonable choices that Quebeckers are making.
Mme Johnson (Maya) : What do you say to Muslim women who feel specifically targeted by
the bill?
M. Lisée
:
Well, we say that it is a social choice that having your face covered is not
acceptable in the public services. It is a public choice. You may disagree with
some public choices and you should act accordingly, but society can make this
choice on two counts. First, because we feel that these vestments are an
extreme symbol of oppression of women and we don't think that extreme symbols
of oppression of women should be used in public services.
Mme Johnson (Maya) : …they're choosing for themselves to wear these garments, is it not
oppression to force them to uncover themselves as they want to be covered?
M. Lisée
:
People who came up with this idea are men in Saudi Arabia and in Iran, who are
dictators, who are against the rights of women and, yes, they convinced some
women that it should be their personal choice. But it does not come from the
women movements. It comes from regressive, oppressive regimes that think that
women are inferior and should act accordingly. And so, yes, I think society
should give a signal that this is not an acceptable choice. It's a choice that
represents oppression. And the argument that is being
held by the current Liberal Government and, sometimes,
other governments in Europe is that «vivre ensemble» shows that you have your
face to be seen. Covering your face is not part of «vivre ensemble» is a way
not to «vivre ensemble».
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 36)