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Conférence de presse de M. David Heurtel, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion

Annonce concernant la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination

Version finale

Le mercredi 18 octobre 2017, 15 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quinze heures trois minutes)

M. Heurtel : Alors, bonjour. Parfois, dans une carrière, parfois, dans la société, il y a des moments charnières qui nous ramènent à nous-mêmes. Je crois que la société québécoise est en train de vivre un de ces moments où, collectivement, nous devons nous regarder et nous rappeler qui nous sommes.

Je vais peut-être surprendre quelques personnes en disant cela, mais, depuis que je suis ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, je vis l'un de ces moments. En effet, je suis issu de l'immigration, je suis le fils d'un immigrant. Mes grands-parents ont immigré au Québec en 1951 avec leurs deux enfants, mon père et ma tante, dans le quartier Saint-Michel que je représente fièrement à l'Assemblée nationale depuis quatre ans. Je suis venu en politique principalement pour lutter contre cet égarement qu'était la charte des valeurs du gouvernement du Parti québécois, qui ne correspondait ni aux valeurs d'ouverture, de tolérance, de respect et d'inclusion de la société québécoise, ni à la réalité qu'ont vécue mes grands-parents et de nombreuses familles immigrantes qui sont venues au Québec depuis de nombreuses années.

L'immigration n'est pas un phénomène nouveau au Québec. Depuis les années 50, le quartier Saint-Michel, par exemple, a reçu plusieurs vagues d'immigration, notamment d'Italie dans les années 50 et 60, d'Haïti dans les années 60 et 70, et plus récemment du Maghreb. Aujourd'hui, Saint-Michel compte des Québécoises et des Québécois provenant de plus d'une soixantaine de pays. Saint-Michel comprend un riche tissu entrepreneurial et communautaire incarnant cette diversité.

Au cours des quatre dernières années, j'ai eu la chance d'échanger et travailler avec ces femmes et ces hommes qui, avec leur famille, ont fait le choix du Québec, de sa langue, de sa culture et de ses valeurs démocratiques et qui veulent contribuer activement et positivement à son avenir. Nous avons célébré ensemble lors de fêtes rassembleuses et nous avons partagé des moments difficiles, par exemple lors des catastrophes naturelles en Haïti ou suite à la tragédie de Québec plus tôt cette année.

Avec Frantz Benjamin, conseiller municipal de Saint-Michel et président du conseil municipal de Montréal, j'ai lancé le Forum de développement économique de Saint-Michel, qui en est à sa quatrième édition cette année, qui a entre autres comme mission de se pencher sur les enjeux des entrepreneurs issus de la diversité. Lors de la récente vague de demandeurs d'asile, je me suis impliqué directement en travaillant, avec la concertation des groupes communautaires haïtiens, sur les différentes questions relatives à la santé, l'éducation, le travail et l'accès à la justice, travail qui se poursuivra. Malheureusement, certains, pour des motifs purement politiques et électoralistes, ont laissé entendre que le gouvernement prétend que les Québécoises et Québécois sont des racistes. C'est complètement et totalement faux.

Lorsque je disais qu'il faut se rappeler, comme société, qui nous sommes, c'est de cela dont je parle. Le Québec est considéré, ici comme ailleurs, comme un des endroits les plus inclusifs du monde. Les Québécoises et les Québécois sont fondamentalement justes et équitables. Au cours des derniers mois, et plus particulièrement au cours de la dernière semaine, j'ai échangé avec des dizaines de femmes et d'hommes issus de la diversité, parmi eux des élus de tous les paliers, des entrepreneurs, des leaders communautaires ainsi que des membres de notre caucus.

Le constat est clair et sans équivoque. La clé de voûte de la valorisation de la diversité est l'accès à l'emploi. En effet, la situation économique du Québec est bonne, et il nous faut maintenant faire face collectivement à des défis importants de pénurie de main-d'oeuvre, notamment à Québec et dans nos régions, et des défis démographiques si nous voulons poursuivre et assurer ce développement au cours des années à venir. Nous constatons également que dans une période durant laquelle les récents taux de chômage sont parmi les plus bas en 40 ans, ils sont beaucoup plus élevés chez les nouveaux arrivants et chez les Québécoises et Québécois issus de la diversité. L'immigration et une meilleure intégration à l'emploi des personnes issues de la diversité font clairement partie des solutions pour assurer l'épanouissement économique du Québec.

Nous sommes convaincus qu'au Québec nous pouvons discuter ensemble de ces questions sans s'accuser ni se culpabiliser. Nous pouvons avoir une conversation avec les Québécoises et Québécois de toutes origines, de la métropole, de la capitale nationale et de nos régions, sobrement et dignement, sans tomber dans l'inquisition ni la thérapie de groupe. Nous avons pu discuter d'égalité femmes-hommes sans faire le procès des hommes. Nous avons pu discuter d'intimidation, notamment dans les cas des aînés et de la communauté LGBT, sans faire le procès des plus jeunes ni des hétérosexuels. Nous pouvons discuter sainement d'enjeux reliés à l'immigration et à la diversité.

L'objectif de cette conversation n'est pas d'accuser ni de victimiser, mais de partager des histoires de succès, les bons coups et les meilleures pratiques de la contribution de l'immigration et de la diversité aux enjeux de développement économique et plus particulièrement comment adapter des solutions concrètes aux réalités spécifiques de chaque région du Québec. L'apport des Québécoises et des Québécois, quelle que soit l'origine, est bienvenu.

Cette démarche en est une visant l'amélioration et non l'autoflagellation et s'inscrit dans la cohérence de l'objectif du gouvernement d'assurer une meilleure qualité de vie à l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Les femmes et les hommes issus de la diversité ont choisi le Québec pour bâtir une meilleure vie et veulent contribuer au Québec.

Célébrons et valorisons cette richesse avec ouverture et entraide. Travaillons ensemble afin de créer un écosystème favorable permettant de mettre en oeuvre des solutions concrètes, précises et pragmatiques axées sur l'accès à l'emploi, la formation et la francisation. Nous avons également tous collectivement et individuellement l'obligation morale de poser des gestes tout aussi concrets contre la peur et l'ignorance.

C'est dans cette optique que je vous annonce la tenue en décembre du Forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination. Lors de ce forum, quatre thématiques seront explorées en profondeur avec comme objectif de proposer des solutions concrètes aux enjeux liés à l'emploi, la formation, la francisation et la lutte contre la discrimination.

Pourquoi ces quatre thèmes? Car ils sont au coeur de la démarche d'intégration de personnes issues de l'immigration. Ils représentent l'essence même d'une contribution constructive à la société québécoise, mais aussi où les obstacles à cette contribution peuvent mener à des échecs malheureux et marquants.

(Interruption)

M. Heurtel : À vos souhaits. La valorisation et l'épanouissement de la population de toutes origines passent par l'emploi. Cet emploi, qui est intimement lié à la formation et bien sûr à la francisation, doit être accessible à tous sans discrimination. Lors de cette journée, nous allons donc nous concentrer à trouver des solutions concrètes basées sur des meilleurs pratiques adaptées aux réalités sur le terrain, notamment les réalités régionales. Pour alimenter le forum, nous puiserons le contenu au sein de l'expérience québécoise issue de toutes les régions, de toutes les origines.

C'est pourquoi je vous annonce que je ferai avec mon collègue le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, au cours du mois de novembre, une tournée conjointe des régions du Québec afin d'entendre notamment les organismes à vocation communautaire et économique et les entreprises sur la pénurie de main-d'oeuvre qui est vécue partout au Québec. Encore une fois, il s'agit d'un exercice qui vise à trouver des solutions concrètes pour faire en sorte de valoriser la diversité.

Le forum sera également alimenté par les mémoires et commentaires qui auront été déposés sur le site Web du ministère prévu à cet effet. Les partis d'opposition seront invités à contribuer à la démarche. Par ailleurs, comme vous le savez sûrement, des groupes communautaires de la métropole, de la capitale nationale et de plusieurs régions du Québec ont reçu des mandats du ministère afin de mener des projets ciblés sur des solutions concrètes pour alimenter le thème de la lutte contre la discrimination. Leurs rapports seront rendus publics et pourront alimenter les thématiques du forum.

J'ai bien dit que les mandats avaient été donnés par le ministère. En effet, ces groupes se sont tous fait confirmer qu'ils pouvaient aller de l'avant avec leurs activités. Il s'agit bien d'activités, que je qualifierais d'activités de recherche pour alimenter leur rapport. On parle ici d'ateliers, de groupes de discussion, qu'on appelle souvent des focus groups, d'entrevues individuelles ainsi que de forums et de journées de discussion. J'annonce également que le gouvernement ne donnera pas suite à la proposition de mandat faite à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

Finalement, le gouvernement s'emploiera à faire des annonces d'actions concrètes tout au long de l'automne. Pour conclure, nous devons tous, peu importent nos origines, éviter d'en venir à une société, décrite par

Albert Camus, où le réflexe a remplacé la réflexion, où l'on pense à coups de slogans et où la méchanceté essaie trop souvent de se faire passer pour l'intelligence. Notre histoire en est une de conquête, de défis, empreinte de courage et de progrès. Nous relèverons ensemble celui-ci et assurerons de donner une chance à tous nos enfants d'avoir un meilleur avenir. Merci.

La Modératrice : On va passer à la période de questions. La première question, Patrick Bellerose.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. le ministre.

M. Heurtel : Bonjour.

M. Bellerose (Patrick) : Tout d'abord, pourquoi retirer le mandat à la Commission des droits de la personne?

M. Heurtel : Nous croyons que ce n'était pas le véhicule approprié, à ce stade-ci, pour atteindre les objectifs que j'ai décrits, là, dans mon message, qui est de vraiment faire un exercice très concret sur les quatre thématiques du forum que j'ai décrit tout à l'heure.

M. Bellerose (Patrick) : Ce n'était pas le véhicule approprié pour quelle raison?

M. Heurtel : Bien, parce que nous, ce qu'on cherche à faire avec l'exercice du forum, c'est vraiment s'attaquer à des enjeux qui sont bien connus. Même cette semaine, on en a parlé, hein? Je veux dire, lundi, première page du Journal de Québec, on parle de pénurie historique de main-d'oeuvre, un cauchemar pour les employeurs de Québec. Puis hier, Alain Dubuc dans La Presse+ parle justement du fait que l'immigration et les nouveaux arrivants sont une clé au niveau de l'emploi pour les prochaines décennies.

C'est essentiel de se tourner vers l'immigration et les nouveaux arrivants pour assurer les défis de croissance non seulement au Québec mais au Canada. Et c'est quelque chose que j'ai vu moi-même tant à Montréal qu'ailleurs au Québec, que ce soit la capitale nationale, que ce soit dans les régions. Il faut qu'on ait une conversation sur l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, et évidemment on comprend les enjeux démographiques, ça fait longtemps qu'on en parle.

Donc, nous, ce qu'on veut, c'est vraiment un recadrage sur ces questions-là. Et ça veut dire quoi? Ça veut dire de parler d'emploi, parler de formation, de parler de francisation et de lutte contre la discrimination. Il y a déjà du travail qui a déjà été fait sur l'ensemble de ces thématiques-là, mais c'est vraiment d'aller vers des solutions concrètes adaptées aux réalités qu'on voit un peu partout au Québec.

M. Bellerose (Patrick) : À la base, la commission devait servir justement à créer une distance, une indépendance par rapport au gouvernement. Comment la consultation peut être indépendante du gouvernement, si c'est votre ministère qui dirige directement les travaux?

M. Heurtel : Les mandats qui ont été donnés aux 31 organismes communautaires dans 13 régions du Québec, il n'y a aucune forme d'ingérence. Les mandats sont donnés, et ce sont ces organismes-là qui contrôlent le déroulement de ces mandats-là. Ils ont déjà commencé d'ailleurs dans certains cas. Nous, tout ce qu'on va recevoir, c'est les rapports, et ces rapports-là vont être rendus publics. Alors, il n'y a aucune forme d'ingérence possible, de la part du ministère, dans les démarches de ces 31 organismes.

Et, pour ce qui est du reste, c'est véritablement... Puis je reviens à la tournée d'écoute que nous allons faire, François Blais et moi, où on va vraiment s'asseoir avec les acteurs sur le terrain, tant communautaires qu'économiques, reliés justement à cette question de pénurie de main-d'oeuvre, et c'est vraiment généralisé au Québec, et ce n'est pas une question d'ingérence autant que c'est une question d'avoir les... de comprendre les problématiques concrètement, de voir ce qui marche. Déjà, il y a des idées qui fonctionnent et de voir comment on peut faire un meilleur arrimage entre l'immigration et les nouveaux arrivants. Parce qu'on le dit aussi, les taux de chômage sont plus élevés chez les immigrants et chez les nouveaux arrivants que les taux nationaux, et il faut qu'on trouve une solution de justement parfaire cet arrimage-là.

Alors, c'est de trouver des solutions concrètes, mais il faut également être capable de parler de lutte contre la discrimination. Puis là ce n'est pas de filtrer quoi que ce soit, c'est d'avoir des conversations très claires sur comment bien réagir aux enjeux de lutte contre la discrimination, comment bien mettre en oeuvre des nouvelles pratiques, s'il le faut. Mais on fait déjà beaucoup, mais il faut continuer à le faire. On va annoncer des moyens concrets au cours des prochaines semaines et prochains mois, mais également, avec ce forum-là, on va pouvoir aussi décerner d'autres moyens, d'autres façons de faire. Mais, je crois, c'est important, si on parle d'emploi, si on parle de formation, on parle de francisation, il faut également être capable d'avoir une conversation sur la lutte contre la discrimination.

M. Bellerose (Patrick) : Si je peux prendre une toute petite dernière. Je comprends que ce n'est plus sur le racisme maintenant, c'est sur l'emploi plutôt que la question du racisme.

M. Heurtel : C'est sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination.

La Modératrice : Tommy Chouinard, La Presse.

M. Chouinard (Tommy) : Oui. Bonjour, M. Heurtel.

M. Heurtel : Bonjour.

M. Chouinard (Tommy) : Juste sur le retrait du mandat à la Commission des droits de la personne. On comprend que la crise qui a cours ne permettait pas à la commission, ne permettait pas d'avoir une consultation qui soit comme vous le souhaitiez, là, faite dans le calme, la quiétude et tout ça, là. Non?

M. Heurtel : Je vais vous référer à ce que ma collègue Mme Vallée a dit sur la situation à la Commission des droits de la personne. Bon, vous savez, moi, ça fait presque une semaine, là, que… Bien, ça fait une semaine exactement que je détiens ce portefeuille. La réflexion s'est d'abord penchée sur quelle était la meilleure façon d'avoir une réflexion sereine sur comment s'attaquer à la problématique de pénurie de main-d'oeuvre et comment l'immigration, comment les nouveaux arrivants pouvaient être mieux intégrés à la solution, à ces enjeux-là. Et on veut faire mieux. On a déjà fait beaucoup. Il y a beaucoup de gestes qui ont été mis en place au cours des dernières années, mais là, ce qu'on s'aperçoit, c'est qu'il y a des réalités concrètes en région, et elles sont différentes, là. Mais c'est parce que pour…

M. Chouinard (Tommy) : …mais c'est juste que si je peux…

M. Heurtel : Non, mais je veux juste… Non, mais c'est parce que mon point, je vais… Mon point, c'est simplement de dire, pour avoir le pouls concret de chaque région… Ce qui se passe à Québec, ce n'est pas la même chose que ce qui se passe en Abitibi. C'est d'autres réalités, pour ne prendre que cet exemple-là. Si on veut vraiment se pencher sur ces questions-là puis vraiment avancer concrètement, avec des solutions adaptées, je crois que la méthode qu'on propose aujourd'hui, c'est la meilleure méthode pour arriver à nos fins rapidement et concrètement. Alors là, vous aviez… Je vous ai… Vous essayiez de poser une autre question.

M. Chouinard (Tommy) : Vous comprenez... Bien, c'est parce que, là, je vous parlais de la commission comme telle, la Commission des droits de la personne.

M. Heurtel : Oui, oui, je comprends.

M. Chouinard (Tommy) : Tu sais, parce que c'était quand même le choix du gouvernement de confier l'exercice à cette commission-là. Là, je comprends qu'il y a une crise. Vous voulez une réflexion sereine. Donc, je déduis que ça ne permettait pas d'avoir un exercice très, peut-être, crédible.

M. Heurtel : Bien, moi, ce que j'essaie de vous dire, c'est que, puis je l'ai dit dans mes remarques, moi, j'ai eu des conversations. Tu sais, ce n'est pas une réaction à ce qui se passe à la commission. Ce que moi, j'ai vu dans la dernière semaine... moi, j'ai parlé à des dizaines de leaders, que ce soit du monde politique, de tous les paliers, là. J'ai parlé à des commissaires scolaires jusqu'à des représentants du gouvernement fédéral. J'ai parlé à des leaders communautaires, j'ai parlé à des entrepreneurs, des femmes, des hommes.

Vous savez, ça fait quatre ans que je représente Saint-Michel, je parle à ces gens-là sur une base régulière, et ce n'est pas juste dans Saint-Michel qu'ils oeuvrent. Et moi, quand on me parle d'enjeu numéro un qui fait face à l'immigration et qui fait face à la diversité, c'est l'emploi. Est-ce qu'il y a de la discrimination? Oui. Est-ce qu'il y a des cas? Oui. Et on va approfondir ces questions-là, puis c'est ce que les mandats qui ont été donnés aux 31 organismes vont nous permettre de faire, vont approfondir, mais c'est dans une optique de trouver des pistes de solution. Mais l'enjeu numéro un, c'est l'emploi et les enjeux qui en découlent, donc francisation, formation. On a fait un forum, la semaine dernière, d'une journée avec les ordres professionnels, avec des représentants du secteur de la santé, du monde de l'enseignement supérieur, sur la reconnaissance des diplômes. C'est un enjeu majeur. C'est de ça que, sur le terrain, on me parle.

C'est sûr qu'un autre élément, c'est qu'il y a des enjeux reliés à la lutte contre la discrimination. On va en parler également, mais on doit recadrer sur véritablement qu'est-ce qui est l'enjeu concret numéro un et comment... Encore une fois, je ne le dirai jamais assez, c'est l'arrimage qui est très important entre justement cette question... Puis les chiffres le disent, il y a des taux de chômage plus élevés, il y a des enjeux d'intégration puis, de l'autre côté, il y a des pénuries de main-d'oeuvre, et ça, pour notre croissance économique, c'est essentiel qu'on s'attaque à cet enjeu-là.

La Modératrice : Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Donc, ce qui s'est passé à la Commission des droits de la personne n'a eu aucune influence sur la décision qui est prise et annoncée aujourd'hui.

M. Heurtel : Moi, quand je vous dis, c'est... Regardez, les révélations de... c'était hier, c'était hier matin, les dernières révélations qui sont sorties dans les médias et la réaction de ma collègue Mme Vallée. Vous connaissez... Vous êtes ici, à Québec, à l'Assemblée nationale, vous savez que des décisions comme ça, ça ne se décide pas en quelques heures ou en une demi-journée.

J'ai commencé à travailler sur ce dossier dès ma nomination, la semaine dernière. J'ai travaillé beaucoup, j'ai consulté énormément et je ne vais pas répéter ce que j'ai dit à votre collègue, mais moi, c'était beaucoup plus une question de trouver le meilleur véhicule pour répondre aux enjeux que nous croyons prioritaires.

M. Dion (Mathieu) : Jugez-vous que vous avez un travail à faire pour donner de la crédibilité, quand même, à votre démarche, sachant que... toutes les controverses qui ont eu lieu en raison de la consultation sur la discrimination? Jugez-vous que vous avez un travail à faire pour donner de la crédibilité à la nouvelle démarche, pour convaincre les Québécois que c'est la bonne solution, que c'est le bon travail à faire et les démêler dans tout ça, là, tu sais?

M. Heurtel : Moi, je crois que toutes les Québécoises et tous les Québécois, peu importe l'origine, le voient. On en parle, là. Encore une fois, là, je regarde juste L'Actualité récente, la page couverture de L'Actualité : Le prochain Québec inc.Les immigrants sont les champions de l'entrepreneuriat. Ça, c'est L'Actualité. Je vous ai montré la couverture du Journal de Québec de lundi puis hier dans LaPresse+ puis je pourrais continuer.

L'enjeu est là, on en parle. Alors, je ne crois pas que c'est une question de convaincre qui que ce soit, mais mes collègues de mon caucus, quatre coins du Québec, me parlent de l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre et de la nécessité de voir comment l'immigration et la diversité peuvent en faire plus pour justement pallier à cet enjeu. Alors, je ne crois pas que c'est nécessairement une question de crédibilité autant qu'une question de communication, d'échanger. Parlons-en. Et c'est pour ça que j'ai annoncé entre autres cette tournée avec mon collègue de l'Emploi et de la Solidarité. On va aller s'asseoir avec les acteurs, on va s'asseoir avec les gens, on va aller à travers le Québec pour justement parler de ces enjeux-là.

Moi, je vais continuer à parler avec les communautés et les représentants des communautés, des diverses communautés culturelles du Québec. Je leur parle déjà. On en a parlé dans mes remarques préliminaires, j'étais avec la concertation des groupes communautaires haïtiens durant tout l'épisode des demandeurs d'asile, qui continue d'ailleurs. Le dossier continue, mais dès que ça s'est manifesté en juillet, j'étais présent. Les conversations vont continuer, les 31 mandats qui ont été donnés vont continuer. Je crois que, là, ça va être très important de parler aux Québécoises et aux Québécois de toutes les origines puis d'avoir une conversation sereine sur des solutions concrètes. C'est ça, l'objectif.

La Modératrice : Jocelyne Richer, LaPresse canadienne.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour, M. le ministre.

M. Heurtel : Bonjour.

Mme Richer (Jocelyne) : J'aimerais, si vous voulez bien, qu'on fasse un bref retour aux sources. J'étais là, au congrès des jeunes du Parti libéral, quand le président de la Commission-Jeunesse, Jonathan Marleau, a fait une sortie justement sur ce qu'il qualifiait de racisme systémique au Québec et a réussi à convaincre le parti, à sensibiliser le premier ministre à cet enjeu du racisme systémique. Et on connaît la suite, là, il y a eu la consultation.

Êtes-vous en train de nous dire aujourd'hui que le racisme systémique, ça n'existe pas au Québec? Parce que vous n'avez pas prononcé le mot une seule fois. Vous êtes en train de détourner un peu cet exercice-là. Qu'est-ce que vous avez à dire aujourd'hui à M. Marleau? Le racisme systémique, ça existe ou pas au Québec?

M. Heurtel : Ce que j'ai à dire, c'est qu'aujourd'hui on parle de lutte contre la discrimination, puis ça, c'est un terme large, qui peut inclure plusieurs concepts. Et donc, on peut parler également de discrimination systémique...

Mme Richer (Jocelyne) : Maintenant, pour le gouvernement, c'est tabou?

M. Heurtel : Il n'y a pas de tabou. C'est que la conversation et ce qu'on annonce aujourd'hui, c'est d'avoir une conversation, mais la conversation est sur quoi concrètement? Les moyens concrets, c'est quoi? C'est de lutter contre les formes de discrimination. C'est ça que nous voulons faire.

La Modératrice : Est-ce que tu avais une autre question?

Mme Richer (Jocelyne) : Mais il faut les identifier, ces...

M. Heurtel : Bien, il va y avoir... Il y a 31 mandats qui ont donnés à des organismes, et ces organismes-là vont nous fournir des rapports, et on va avoir des échanges sur ce qu'ils nous produiront. Ils pourront parler des enjeux que révéleront leurs travaux. Ces organismes-là vont aller dans plusieurs directions, puis ce n'est pas juste de la discrimination raciale dont on parle. Il y a des organismes communautaires en alphabétisation, il y a un organisme communautaire qui a un mandat par rapport aux artistes, il y a un organisme communautaire qui va regarder plus particulièrement la communauté LGBT, il y a des organismes que c'est plus à caractère religieux.

Alors, il va y avoir une conversation qui va se dégager de cela, des rapports, mais l'expression «lutte contre la discrimination», c'est une espèce de parapluie ici. Puis qu'on ait des discussions, il n'y a pas de tabou, il n'y a pas de mots qui sont proscrits, mais c'est simplement que là, on présente un exercice qui vise à déboucher sur des solutions concrètes qui doivent contribuer à l'enjeu concret qu'on connaît, là, et qui nous parvient de toutes les sources, peu importent les origines, là, peu importent les régions. C'est véritablement l'emploi et comment les communautés, comment la diversité, comment l'immigration peut mieux contribuer à cet enjeu de pénurie de main-d'oeuvre.

Alors, on va regarder ça à travers le prisme de l'emploi, le prisme de la formation, le prisme de la francisation et, oui, le prisme de la lutte contre la discrimination, et ce seront les experts dans ces domaines-là qui viendront nous apporter les solutions concrètes, mais à travers ce prisme-là.

M. Bellerose (Patrick) : Mais êtes-vous en train de dire que vous ne savez pas aujourd'hui si le racisme systémique existe au Québec?

M. Heurtel : Moi, je ne suis pas là pour vous dire exactement qu'est-ce qui existe, qu'est-ce qui n'existe pas. Moi, je sais que la discrimination est un enjeu, mais je ne vais pas commencer ici à dire : Les racistes... Les Québécois sont des racistes ou de faire des affirmations comme ça.

Est-ce qu'il y a des épisodes de racisme? C'est possible. Est-ce qu'il y a des épisodes de discrimination systémique? C'est possible. Est-ce qu'il y a des épisodes de discrimination plus générale, différents types de discrimination? Oui, c'est possible. C'est dans la Charte des droits et libertés de la personne. Il y a des cas. Alors, je ne peux pas... je ne dis pas qu'il y en a pas, mais je dis : Peut-on avoir une conversation sereine sur ces enjeux-là? Je crois qu'on peut l'avoir.

La Modératrice : Annie Mathieu, Le Soleil.

Mme Mathieu (Annie) : Oui. Il a toujours été question de la consultation sur la discrimination systémique et le racisme. Pour des questions pratiques, comment on nomme ça maintenant? Parce que ce n'est pas juste le forum, ce n'est pas juste les consultations. Donc, tout ce qui chapeaute, là, comment vous nommez ça?

M. Heurtel : Tous les travaux, toutes les démarches, c'est en vue d'un forum sur la valorisation de la diversité et sur la lutte contre la discrimination. Tous les travaux, que ça soit ce que font les 31 groupes qui ont déjà reçu les mandats, ce qui va se faire sur le site Web, la tournée que je vais faire avec François Blais, tout ça, tout ce travail-là va contribuer au forum. La démarche, c'est de mener à un forum, et on va également avoir des actions concrètes, des moyens concrets qui vont s'ajouter à ceux qu'on fait déjà.

Mme Mathieu (Annie) : ...de consultation en forum dans la...

M. Heurtel : Le véhicule, c'est le forum en décembre.

Mme Mathieu (Annie) : L'autre question, concernant le budget, on avait déjà parlé de budget, là, qui avait augmenté. Est-ce qu'on conserve les mêmes orientations? Il y avait combien qui avait été dépensé déjà et combien vous pensez dépenser avec votre nouvelle formule?

M. Heurtel : On parle simplement de l'exercice. Pour ce qui est des mandats aux 31 organismes, on parle de mandats qui varient en valeur de 4 000 $ à 20 000 $ par organisme. Alors, vous voyez, ce sont des très petits mandats, là, et, pour cet exercice-là, on parle d'une enveloppe de 361 000 $. Et pour ce qui est du forum lui-même, ça va être un forum d'une journée. On parle de coûts qui sont relativement modestes.

La Modératrice : Maintenant, je vais m'abstenir de poser les questions, parce que personnellement je dois bientôt partir, ça fait que je vais laisser mes collègues en anglais, peut-être, s'il n'y a pas d'autres questions en français, peut-être enchaîner. Angelica Montgomery.

Mme Montgomery (Angelica) : Can you explain what the changes are that you have made and why is it that you have decided to take this mandate away from the Human Rights Commission?

M. Heurtel : I think, first and foremost, the number one change is the focus. We really need to focus on concrete issues and concrete solutions on how diversity, how immigration can contribute even more to this challenge that we have in Québec, and we're all aware of this challenge. I mean, we've been talking about the aging of the population for years now in Québec. We know that that challenge exists. We also now are faced with a clear challenge in terms of workforce shortages across Québec. It's not just a regional issue. Everywhere across Québec you have clear examples of workforce shortages.

So we want to take this conversation that we need to have collectively as a society with Quebeckers of all origins and see how we can do better on this issue, and look at it through the prism of job creation, employment, and training, and of course have these people speak French and adhere to the Québec culture, and also how do we fight against discrimination. Because it is a fact? There are certain instances, there are cases where there is discrimination. So we have to delve further into that issue, but look at it globally speaking through that prism, through that focus, which is employment, and job creation, and how do we make these two issues meet.

Because we've seen it in the media, I was saying this in French, we've seen it in the media. I mean, Monday morning, Journal de Québec cover story, cover, big title, workforce shortages. La Presse talks about how immigration… You have the chief economist of the Development Bank of Canada saying that, with the challenges, the growth challenges that we are facing in Canada and in Québec, immigration and diversity is going to play a key role to maintain growth. But yet we find that our unemployment rates, which are very low in Québec, historically low over the past few months in Québec, well, they're low generally, but, when we look at immigrants or people from diversity, they're much higher. So how do we bridge that gap? How do we make it so that we can better use these resources with this challenge?

So we feel that it's better to focus and that's why we're going to tour across Québec with my friend from Solidarité sociale and Emploi, François Blais, and we're going to go across Québec to meet with people and exchange on this. But we still have to have a conversation about how to better fight discrimination when it takes place. Now, I think your second question was about the commission.

Mme Montgomery (Angelica) : Yes. Why is it that you decided to take the mandate out of the hands of the…

M. Heurtel : I mean, obviously, I thought about this for the past week, since I was named minister of this portfolio, and, for me, the key is which is the best vehicle to have this conversation, to tackle these issues. And again, how do we tackle employment? How do we tackle training? How do we tackle the French language, making sure our immigrants and people from diversity speak French? How do we tackle the issue of fighting against discrimination? For us, to find these concrete solutions, to really work these issues together collectively, I think the best vehicle is the vehicle that we are proposing here today.

La Modératrice : Raquel Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Is it true that maybe your Government just made a mistake in announcing the systemic racism consultations and, in the end, that isn't the best method, and now you're going ahead with something else?

M. Heurtel : I think we want to have the best exercise, the best way to proceed, that is adapted to what's going on the ground, either in Montréal, here in the Québec City region and across regions in Québec.

And when you talk to people… And I have spent last week… I have talked to dozens of men and women from different origins, from different levels of government, community leaders, business leaders and also our caucus, and everybody is talking to me how it's more about finding solutions to this gap that we're finding between immigration and people from diversity and this shortage of workforce. How do we bridge that gap? And we need to find real solutions right now and, if we want to continue this growth that we have developed here, in Québec, over the past few years, we need to focus on these issues.

So, for us, it's more a question of focusing on the issues that are really the issues that people are talking about on the ground right now and that includes the fight against discrimination. It's not setting it aside and saying : Oh! we don't want to talk about it. But let's talk about it collectively and let's not get into what some Opposition parties were talking about, that we're trying to put Quebeckers on trial for racism. That's not what we're talking about.

Mme Fletcher (Raquel) : But was it a mistake then to announce or to go ahead with the systemic racism consultations to begin with?

M. Heurtel : I was given a mandate to look at this exercise and find ways to make it more in touch with what was going on the ground and this is the solution we've come up with collectively as a government, to make sure that we tackle all the issues that have to do with celebrating and promoting diversity, and more than we are already, and how do we bring this in through the prism, through the issue of employment, of training, of French immersion. How do we bring these issues with the issue of the fight against discrimination? We bring this collectively to find concrete solutions.

So this, for us, as a government, is the best way to move forward for the people.

La Modératrice : Phil Authier.

M. Authier (Philip) : Minister, if you speak to experts on this subject, they will tell you that systemic racism is documented and a real issue. Judges have reached the same conclusions in various... if you talk to... he can give you examples of where this is actually documented and proven. And in other such exercises, like, for example, the indigenous women issue, there is a body of opinion that says : Before you can talk in the generalities which you seem to be speaking of, you need to expose the root, the heart of the problem and tell people and show people that it actually exists.

And that is the... you have to... what's the expression, you have to... It's a demon that you have to face, and you expose it, and then you deal with how you're going to solve. You seem to want to skip that first stage here and this could be very easily interpreted as you want to stifle the debate about this issue and proceed into some sort of general discussion about employment.

M. Heurtel : I don't think so. I would disagree with such a conclusion because if that were the fact, if that was the case, I would've cancelled the 31 groups. The 31 groups are going do real substantive work on discrimination and there is going to be a real conversation. These reports are going to be public.

So if somebody says, goes around saying I'm trying to stifle this exercise, that's simply not true. The facts just don't bear that because these 31 groups will go ahead and we're talking about vast types of exercises. I mean, they are going to talk about discrimination, yes, there will be discussions about racism, but these are very specific mandates they are given. And like I was saying previously, these groups… I mean, there are people, there is a group in Bellechasse that is about literacy. It's a group, a community group that specializes in literacy that is going to be talking about the issue of discrimination. We are going to talk about LGBT discrimination. We are going to talk about different types of discrimination.

So it's not just religious or racial, there is going to be a broad conversation through these groups, and I remind you and I didn't mention this to the French colleagues, but this was following… we made a call for proposals, right, and we got these proposals. And these were 31 proposals that we accepted and again this is across Québec. So this is not just a Montréal thing or in others… I think there are five groups in Québec that will do different types of exercises here, in Québec, and all across Québec.

So we are very serious about having a conversation about discrimination, but again I'm just trying to focus it on real solutions. Yes, we need to talk about these issues, we need to have the right type of environment to have these conversations, and I think we can have these conversations. I think we must have these conversations as a society, but I think we also need to focus our energies on how we can concretely adapt solutions to the issues about employment and what I described earlier.

But there is no intent to stifle anything, quite the contrary. I think it's more about having a conversation that not just deals with the issue from a theoretical standpoint but actually deals into, OK, how do we better fight discrimination, how do we better integrate it when we have issues regarding employment, training, French immersion? You know, these are the key issues. Now, I understand and I know this issue, about : Well, we first have to do this and then after we can talk about all the other issues. We feel that we can have these conversations, and these reports will help us to find the better solutions adapted to the realities of all the Québec regions that need this.

M. Authier (Philip) : Lance the boil. That was the expression I was looking for.

M. Heurtel : Lance the boil, yes.

M. Authier (Philip) : Lance the boil, yes. Thanks.

La Modératrice : Ça va?

M. Heurtel : Thank you. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup, M. le ministre.

(Fin à 15 h 45)

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