(Seize heures trente-trois minutes)
M. Khadir
: Donc,
j'ai écouté en partie puis ensuite examiné avec mon équipe les déclarations du ministre
Heurtel. Je suis franchement déçu. M. Heurtel pense sans doute aider à
améliorer des choses, mais ce qu'il vient de faire relève de la lâcheté pure et
simple. Mme Kathleen Weil n'aurait jamais fait ça.
Ce qui est en train d'arriver, c'est qu'en
fait M. Heurtel baisse l'échine, plie devant les bigots qui voulaient
absolument diluer et annuler la consultation sur la discrimination systémique
et sur le racisme au Québec. Je rappelle à M. Heurtel que personne de compétent
en ces matières... qui d'ailleurs sont en tout point similaires à un problème
grave qu'il peut y avoir en société ou, par exemple, en médecine : si on a
une infection grave, d'abord il faut crever l'abcès pour trouver une solution.
Et tous les gens compétents dans le domaine de la discrimination, que ça soit
basé sur le sexe, que ça soit basé sur l'origine ethnique, la couleur de la
peau, quel que soit le motif de discrimination, d'abord il faut nommer les
choses, d'abord il faut identifier en quoi consiste le problème avant de
trouver des solutions.
Or, ce que vient de faire le ministre,
c'est de dire : Bien là, en fait, on a déjà même une idée de la
solution : il faut mieux arrimer les besoins en main-d'oeuvre et les
qualifications des citoyens québécois issus de l'immigration ou issus de la
diversité ethnique. Bien ça, excusez, M. Heurtel, c'est rater complètement
le bateau. Et, de notre point de vue, c'est complètement inacceptable.
On peut être découragés devant ça, mais
j'aurais envie de dire que c'est un problème délicat, c'est un problème
sensible que toute société doit trouver le courage et les capacités de régler
dans la sérénité avec, je dirais, conscience de surmonter les problèmes. Et, comme
c'est un problème épineux et difficile, il y a des gains puis il y a aussi des
reculs. Aujourd'hui, on a assisté à un recul : c'est la lâcheté du
gouvernement libéral.
Et ce qui est dommage et que les gens
doivent se rappeler, c'est que, quand il s'agit de casser du sucre sur le dos
des plus vulnérables, quand il s'agit d'imposer l'austérité, s'il faut mettre le
Québec sens dessus dessous, le gouvernement ne recule devant aucune critique,
même la plus raisonnable. Quand il s'agit de briser nos régions, quand il
s'agit de couper dans le financement des organismes communautaires, le
gouvernement ne met jamais de gants blancs et tient la route sur son idéologie,
sur son enfermement maniaque dans les politiques d'austérité. Mais, quand il
s'agit de défendre ceux qui ont le plus besoin d'être défendus, ceux qui sont,
dans notre société, encore victimes de discrimination systémique, le
gouvernement a peur même de prononcer le mot «racisme».
En fait, d'après ce que je comprends, on
en est rendus à une version 2.0 de la consultation ou du forum sur
l'emploi. C'est ça qu'est en train de dire David Heurtel. C'est que, dans le
fond, tout ce problème-là se résume en une inadéquation entre ceux qui sont là
parmi nous et les besoins du marché de l'emploi, et nous, on va arrimer les
deux. C'est parfaitement, parfaitement condamnable. Et je trouve que c'est une
entrée en matière tout à fait catastrophique pour un ministre qui est supposé
de s'occuper de l'intégration citoyenne.
Merci de votre attention.
(Fin à 16 h 37)