(Quatorze heures quarante minutes)
M. Pagé
: Alors,
bonjour à tous et à toutes. Alors, le projet de loi tant attendu depuis déjà quelques
mois... Nous avions dit, dès le mois d'avril, lorsque le fédéral a déposé son projet
de loi, que le gouvernement aurait pu, je pense, accélérer tout le travail, et
on ne se retrouverait pas au mois de novembre avec un projet de loi qui risque
d'être adopté seulement au mois de mars ou au mois d'avril. Et à ce moment-là
on avait demandé des consultations pour faire le tour des régions du Québec, le
gouvernement a accepté, à ce moment-là, et on s'en réjouissait. Malheureusement,
on n'a fait qu'une partie du Québec, donc il y a des citoyens qui n'ont pas été
entendus.
On se souviendra qu'à ce moment-là nous
étions dans des consultations avant le projet de loi, et c'est la raison pour
laquelle, ce matin, notre chef, M. Lisée, est sorti, dès la première question,
pour demander des consultations générales. Pourquoi? Parce que, lorsqu'y a eu
des consultations à travers le Québec, c'était dans l'avant-projet de loi, donc
il n'y a jamais eu de consultations sur le projet de loi tel quel. Et déjà, aujourd'hui,
là, il y a des gens qui émettent des communiqués pour dire... entre autres, l'association...
l'Ordre des chimistes du Québec, qui devrait être consulté, disent : Nous,
on n'a jamais été consultés, là, dans la tournée du Québec. Alors, c'est la
raison pour laquelle on a demandé des consultations générales.
Alors, si on commence par le niveau de la
production — je pense qu'on va commencer par la première étape — ce
que l'on comprend, c'est qu'il y a bien peu de choses de dites dans le projet
de loi. Pourquoi? Parce qu'on laisse encore tout le champ au fédéral. Et, à
partir du moment où la production n'est plus que pour des fins médicinales,
nous pensons que le Québec devrait être celui, le chef de file, qui devrait
autoriser. Et en même temps, parce qu'on sait, il va y avoir une économie
là-dedans, il va y avoir une création d'emplois dans les régions du Québec, le
Québec devrait être celui qui devrait décider. Malheureusement, bien peu de
choses sont dites à cet égard-là.
Il y a la création de la Société québécoise
du cannabis. Dès le mois d'avril, j'avais dit qu'il fallait penser à créer la
Société du cannabis du Québec. Alors, finalement, le gouvernement va de l'avant
avec cette proposition que nous leur avons faite dès le départ. Nous avons dit
que cette société devait relever de la ministre de la Prévention et de la Santé
publique, de la Prévention et de la Santé publique. Et là ce n'est pas ce que
nous avons parce que cette société, qui sera une filiale de la SAQ — nous
sommes d'accord avec ça — mais une filiale qui va relever toujours du
ministre des Finances, et on connaît la tendance du ministre des Finances,
entre autres avec la SAQ, de tout faire pour aller chercher des fonds
supplémentaires pour aller au fonds consolidé. Alors, même si le projet de loi
nous dit — et la ministre l'a répété aujourd'hui — que la
majorité des profits devraient aller pour la prévention, pour la
sensibilisation, pour la dépendance — alors, ça, on est heureux de
cela parce que c'est ce qu'on avait dit — mais il n'y a rien dans la
loi qui confirme à 100 % que la totalité des profits ira pour combattre la
dépendance, pour faire de la prévention, de la sensibilisation, même, à la
limite, les saines habitudes de vie. Rien non plus dans la loi ne prévoit déjà
qu'une partie des revenus ou des profits devraient aller vers les
municipalités. Nous l'avons dit dès le mois de septembre, et nous, on
souhaitait que ça soit écrit dans la loi. Pourquoi? On a pris tout
simplement... On n'a rien inventé, là. En Californie, c'est déjà prévu dans
leur loi constituante, 20 % des revenus, des profits vont vers les
municipalités parce que, dans l'application de la loi, plusieurs règlements, on
le sait, devront être appliqués par les corps municipaux. Alors, d'une façon ou
d'une autre, il faut qu'il y ait des sommes qui transitent vers les municipalités.
Le ministre des Finances nous dit aujourd'hui,
à la période des questions : «...nous sommes prêts — je le
cite — et nous allons livrer la marchandise...» Alors, s'il était
prêt, pourquoi avoir accepté une motion qui dit qu'on demande une année de
plus? Alors, c'est un peu contradictoire. Et, aux questions de mon collègue
Nicolas Marceau ce matin, il avouait que peut-être 15 succursales pour le
mois de juillet de 2018, mais peut-être 100, 150, 200. On ne sait pas pour la
suite des choses. Et, quand on s'embarque dans une société d'État comme
celle-là, on pense qu'il devrait y avoir un plan d'affaires sérieux. Où est le
plan d'affaires sérieux? Moi, j'ai eu une petite entreprise, là, et je vais
vous dire que je n'allais jamais de l'avant avec l'ouverture d'un nouveau
produit sans avoir un plan d'affaires sérieux. Alors, ça, on ne le sent pas, on
ne l'entend pas, on ne sait toujours pas.
Le ministre des Finances n'est toujours
pas capable de nous dire de quelle façon on va s'entendre avec le fédéral avec
le partage de cette taxe d'accise qui va nous être imposée par le fédéral, quel
sera le pourcentage qui reviendra au Québec, même de la TPS, parce qu'il y aura
éventuellement de la TVQ, et cela est aussi déterminant sur le prix de vente.
Et vous savez comme moi qu'il faut arriver avec un prix de vente qui va être
compétitif avec le marché au noir.
Pour la vente en ligne, pour la vente en
ligne, on arrive justement d'un briefing où il y a un vide, il y a un vide,
parce que nous, nous avons dit à quelques occasions qu'il fallait demander au
gouvernement fédéral, dans la loi C-45, de s'assurer de l'inclure dans la
loi C-45, qu'un producteur hors Québec ne puisse pas vendre à un
consommateur québécois. Ça, ça veut dire quoi? Ça veut dire que, si vous
produisez en Colombie-Britannique et qu'un consommateur québécois souhaite
acheter au Québec, bien, ce producteur ou ce vendeur hors Québec serait
pénalisé, il pourrait perdre sa licence pour vendre du cannabis. Alors, nous,
nous pensons que c'est ça qu'il faut faire, il faut demander au fédéral de
l'inclure dans sa loi C-45. Est-ce que c'est inclus? Non. Alors, ce qui
veut dire que, même si on dit : On va essayer de faire transiter tout cela
par la Société québécoise du cannabis, on ne sait pas trop comment tout ça va
encore s'organiser. Donc, là aussi, il y a un peu d'improvisation, et je
regrette, et je me désole que le gouvernement du Québec, à cet égard-là, n'ait
pas sollicité l'appui d'Ottawa pour faire appliquer cela.
Déçu également que ça ne soit pas dit
clairement, je le répète, mais clairement dans la loi que 100 % des
profits devront aller... Parce que 100 % des profits devront aller pour
les saines habitudes de vie, pour la dépendance, la prévention, la
sensibilisation des municipalités. On se réjouit, bien sûr, qu'il y ait un
fonds de 25 millions, là, qui va être créé, là, sur cinq ans, un fonds de
25 millions pour faire de la prévention. Mais ce 25 millions là, moi,
j'aimerais avoir la ventilation de ça, là. Est-ce que ça va répondre à la
totalité des besoins? Il y aura de la formation à donner pour les travailleurs
sociaux, les travailleurs de rue, les enseignants, les médecins un peu partout.
Alors, pour faire l'ensemble de cette
sensibilisation, de cette formation dans les milieux de travail,
même — je vais peut-être vous faire rire — même dans les
CHSLD, parce que la question a été soulevée par les groupes de la FADOQ quand
ils sont venus nous voir dans les consultations... Il y a de la formation à
donner partout, il y a un coût rattaché à cela pour faire toute cette
sensibilisation, et ça, on n'a pas la ventilation de ce 25 millions, qui
nous semble assez modeste pour faire l'ensemble du travail que nous devons
faire.
Un mot aussi sur... Bien, on ouvre aussi,
dans le projet de loi, mais là ce n'est pas tout à fait clair, sur la publicité
qui pourrait être faite. Et pourtant ça a été dit très clairement dans
l'ensemble des consultations que nous ne devons pas faire de promotion d'aucune
façon. Alors, il faudra être très, très vigilant, quant à la publicité qu'on
voudrait faire.
Évidemment, le gros... je dirais,
l'endroit où le bât blesse le plus, où c'est le plus compliqué, c'est par
rapport à l'application de la conduite, je ne dirais pas en état d'ébriété,
mais en état de cannabis. Vous savez comme moi, je l'ai expliqué assez
longuement hier, qu'on peut détecter un taux de THC dans le sang pas seulement
quelques jours, mais même quelques semaines. Moi, j'ai demandé : Est-ce
que je peux répéter ça, là? On m'a dit : Oui, jusqu'à trois et quatre semaines
après avoir consommé, trois à quatre semaines après. Et vous savez très bien,
puis j'imagine qu'il y a des gens ici qui ont déjà consommé, que le lendemain,
normalement, les gens sont, normalement, en état de conduire. Donc, si on
détecte, deux semaines après, auprès de quelqu'un, un taux de THC dans le sang
et que la tolérance, elle est zéro... Je veux bien que ce soit zéro, mais il
faut qu'on soit capable de détecter le taux, le niveau de capacité de conduire.
C'est ce qu'il faut détecter. Et présentement, on nous le dit clairement, il
n'y a pas de moyen probant pour être capable de détecter très clairement le
taux de capacité de conduire. Et on sait qu'il y a présentement des firmes qui
travaillent sur des méthodes pour être capables de le détecter.
Alors là, moi, j'accuse surtout le
gouvernement fédéral de vouloir précipiter les choses parce que, là, on va
avoir une loi et on va avoir énormément de difficultés à faire appliquer la
loi. Imaginez pour les corps de police, mais imaginez aussi pour tous les
citoyens qui risquent de se retrouver avec la perte d'un permis de conduire,
peut-être même un casier judiciaire. Donc, il y a un problème là qui est
important.
Nous disons aussi qu'il faut créer un
observatoire. Ce n'est pas tout à fait clair dans la loi, avec le fonds, si cet
observatoire-là sera créé. Nous, on dit que l'observatoire devrait être créé.
C'est une demande qui a été faite à répétition, de concert avec les chaires de
recherche universitaires qui sont également venues nous le dire lors des
consultations. Ce n'est pas exprimé clairement dans la loi.
On dit qu'on pourra fumer dans les lieux
publics, mais qu'on le laisserait également... ça serait également possible dans
les logements. Nous, on dit, à cet égard-là, qu'on devrait laisser la
possibilité aux propriétaires des multilogements d'autoriser ou non la
possibilité de fumer dans des logements.
Et en terminant je vous dirais qu'il y a
tout le volet, aussi, médicinal, qu'évidemment on évoque très peu. Et, quand on
a parlé, quand j'ai parlé, au début, de formations que l'on devait donner,
entre autres, aux médecins, on nous a dit, lors des consultations, que 3 %
seulement des prescriptions à travers tout le Canada sont données au Québec.
Pourquoi? Parce qu'il y a carrément un manque de formation chez nos médecins, qui
hésitent beaucoup à prescrire pour des fins médicinales. Et, là aussi,
évidemment, on risque de se retrouver avec un vide.
Alors, voilà, en gros, ce que je voulais
vous dire à cet égard-là. Oui, je prendrais quelques questions.
Mme Blais (Annabelle) :
Oui, juste pour revenir sur la tolérance zéro. Vous parlez de la présence de
THC dans le sang. Or là, ce qui est question, en tout cas dans le projet de
loi, c'est des tests sur la salive. Ça, ça reste quand même moins longtemps...
c'est détectable moins longtemps. On parle peut-être de 24 heures, à peu
près, là. Donc...
M. Pagé
: Ce n'est
pas ce qu'on nous a dit.
Mme Blais (Annabelle) :
Bien là, vous parlez de sang ou salive, là, justement?
M. Pagé
: Avec les
tests de salive, on nous a dit assez... très clairement, lors des
consultations, qu'on pouvait détecter jusqu'à plusieurs journées, voire
semaines après.
Mme Blais (Annabelle) :
Pour la salive, là.
M. Pagé
: Oui.
Mme Blais (Andréanne) :
Vous êtes certain de ça.
M. Pagé
: Oui,
oui. C'est ce qu'on nous a dit lors des consultations.
Mme Blais (Annabelle) : O.K.
Parce que, tout à l'heure, vous avez parlé de sang, donc je voulais juste qu'on
soit clairs. Là, selon vous, donc, c'est détectable dans la salive plusieurs
semaines.
M. Pagé
: Oui.
Mme Blais (Annabelle) :
O.K. Vous proposez quoi? Ça serait quoi, la limite qui serait acceptable pour
le PQ?
M. Pagé
: Bien, c'est
une des raisons pour lesquelles nous disons : Cette loi-là devrait être
adoptée quand le gouvernement fédéral aura fait ses devoirs, quand le Québec
dira : Nous sommes prêts. D'ailleurs, nous avons apporté un amendement hier
à la proposition de la CAQ qui disait «dans un an». Mais, dans un an, on n'est
pas plus certains que nous allons être prêts, alors on va se retrouver, là,
dans un vide. On a se retrouver dans un vide s'il n'y a pas de moyen pour
détecter très correctement, et il risque d'y avoir plusieurs personnes qui vont
contester, qui vont se retrouver devant les tribunaux parce qu'ils vont dire :
Écoutez, j'ai consommé ça fait une semaine, deux semaines, je suis parfaitement
en état. Donc, il faut avoir les moyens, des moyens sérieux, fiables pour être
capable de détecter, et présentement, ce qu'on nous dit, là, puis on le répète,
ça n'existe pas.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Mais que pouvait faire la ministre Charlebois, par rapport à ça, justement?
C'est-à-dire qu'elle est un peu tributaire quand même également, elle aussi,
comme n'importe qui au gouvernement du Québec, d'attendre ce qu'Ottawa va
décider, quand...
M. Pagé
:
Là-dessus, Mme Charlebois et moi, nous sommes à la même place. On s'est
fait imposer par le fédéral une loi où aucune formation politique au Québec ne
s'est fait élire là-dessus. Alors, on se fait imposer un agenda électoral de
Justin Trudeau, qui, clairement, ne souhaitait pas arriver en 2019 avec cela
parce qu'il va être dans sa prochaine campagne électorale. Alors, l'agenda du
1er juillet 2018, c'est un agenda électoral et non un agenda de santé et
de sécurité publique.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Parce que, là, en ce moment, si je comprends bien, il y a certaines mesures du
projet de loi que vous trouvez peut-être un peu précipitées ou mal ficelées.
Est-ce que tout ça est imputable en partie au fait qu'Ottawa, justement, met ce
«deadline» là du 1er juillet, et donc le gouvernement a dû agir
rapidement, là? C'est sûr que c'est un premier pas.
M. Pagé
: Je l'ai
dit depuis le départ, je veux qu'on traite ce dossier-là de façon la moins
partisane possible. Mais en même temps force est de constater que M. Trudeau
avait quand même annoncé, lors de sa campagne électorale, qu'il allait aller de
l'avant, et on avait plusieurs signaux qui nous disaient que ce projet de loi
là arriverait très bientôt. Alors, on aurait peut-être pu, à l'automne 2016,
commencer à consulter, commencer à rédiger le projet de loi. Mais vous avez vu
comme moi que, quand le projet de loi a été déposé le 13 ou le 14 avril, soudainement
tout le monde s'est activé. Alors, si, peut-être, on s'était activé un peu plus
tôt, le projet de loi qui a été déposé aujourd'hui aurait pu être déposé à la
fin, peut-être, de la session du printemps dernier ou au début de cette
session-ci, puis on aurait quand même gagné quelques mois.
Cela dit, on est devant un fait accompli. Maintenant,
il faut le regarder de façon positive en disant : Nous allons collaborer,
nous allons travailler le plus possible ensemble, toujours en ayant à l'esprit
santé et sécurité publique.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Est-ce que vous craignez que les profits ne soient pas suffisants pour faire
assez de prévention? C'est ce que je comprends?
M. Pagé
: Écoutez,
dépendamment qui on écoute, plusieurs pensent même que ça pourrait générer des
profits importants. Mais, cela dit, et, si ma mémoire est bonne, lors des consultations,
forums des experts... Vous savez que j'ai fait toutes les consultations, sauf
la dernière journée, dans la tournée du Québec — pour des raisons
familiales, ma fille était malade — et vraiment, de la première à la
dernière minute de la journée parce que je ne voulais rien manquer. Et je pense
que, si tout le monde avait fait les consultations, comme la ministre et moi,
toutes les formations politiques auraient évolué dans le même sens parce qu'à
force de se faire dire plein de choses et de se le faire répéter partout, évidemment,
on finit par comprendre vers où il faut aller.
Alors, pour revenir à votre question, qui
était... Oui, c'était?
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
C'est par rapport aux profits. Est-ce que vous croyez qu'il va y en avoir
suffisamment?
M. Pagé
: Oui,
oui, c'est ça. Et ça, très clairement, les gens, partout, sont venus nous dire :
100 % des profits doivent être réinvestis, 100 % des profits doivent
être réinvestis en santé publique, en prévention, en sensibilisation, vers les
municipalités, comme c'est écrit dans la loi en Californie. Et là ce n'est pas
écrit clairement comme cela, alors... Et, quand je sais que cette filiale va
relever du ministre des Finances, qui a tendance à demander des profits très
exagérés, entre autres de la part de la SAQ, puis on se retrouve, à toutes les
fins de semaine, avec des spéciaux dans nos boîtes aux lettres... Ce n'est pas
ce que l'on souhaite.
Bon, évidemment, il ne devrait pas y avoir
cela avec cette filiale. Par contre, il n'y a rien qui garantit, dans la loi,
qu'il n'y a pas une partie des profits qui ne pourrait pas aller dans le fonds
consolidé, et ça, on ne le veut pas, et ça, on ne le veut pas. Et c'est l'État
de Washington, dans leur présentation lors du forum des experts, qui nous ont
dit : Ne faites pas l'erreur que nous avons faite. Quelle était cette
erreur? Ils n'ont pas spécifié clairement dans la loi que 100 % des
profits devaient aller pour cela, alors on se retrouve, finalement, bon an, mal
an, avec une partie des profits générés par le cannabis qui s'en va pour faire
des routes.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Donc, il n'y aura jamais trop de profits, là, pour la tâche qui est devant nous
quant à la sensibilisation.
M. Pagé
: Écoutez,
si un jour il y a trop de profits, puis le taux de consommation a diminué, puis
tout le monde au Québec est en santé, puis qu'on gère bien cela, puis il y a
pas de problèmes de dépendance, je serais prêt à revoir la loi à ce moment-là,
mais évidemment nous sommes encore très loin de cela.
Mme Fletcher (Raquel) :
Si les Québécois peuvent seulement acheter les produits de la marijuana en
ligne avec le site Web de la SAQ, c'est quoi, le problème? Ils ne seraient pas
capables d'acheter d'autres producteurs hors Québec, c'est ça?
M. Pagé
: Oui. Bien,
c'est que nous, on dit. Lorsque vous achetez en ligne à la SQC, vous devriez
aussi aller le chercher, comme l'alcool. Vous pouvez acheter de l'alcool en
ligne. Bon, on comprend qu'on n'enverra pas une caisse de vin dans votre boîte
aux lettres, là, on comprend que c'est un peu plus compliqué, mais quand même,
vous êtes obligé d'aller le chercher. Nous disons que ça devrait être la même
chose. Vous devriez vous déplacer pour chercher votre produit. Pourquoi? Pour
qu'il y ait un contact, une interaction, avec le conseiller ou le préposé, qui
n'est pas un vendeur, qui n'a de pas... qui ne souhaite pas vous en vendre
plus, mais à tout le moins créer un contact. Et, quand ça fait 22 fois
dans le même mois que vous rencontrez votre conseiller, peut-être qu'il pourra
vous donner quelques informations sur les risques à une trop forte
consommation. Alors, c'est la raison pour laquelle nous disons : Il faut
acheter spécifiquement à la Société québécoise du cannabis, de un, et que,
lorsque vous passez votre commande, vous vous déplaciez pour aller chercher
dans un bureau de la SQC.
Mme Blais (Annabelle) :
Mais là on pense qu'il va y avoir, au début, en tout cas, en juillet, seulement
15 succursales. Donc là, ça peut devenir quand même compliqué parce que certaines
personnes en région pourraient devoir faire plusieurs kilomètres pour acheter
leur cannabis. Et là vous dites : Une personne pourrait recevoir jusqu'à
22... faire 22 commandes, mais il y a aussi une limite de 150 grammes par
mois, donc il y aurait... Vous pensez que c'est juste en allant sur place qu'on
peut mieux conseiller ou mieux sensibiliser les gens?
M. Pagé
: Ah! bien
clairement, avec un contact, si vous êtes ma conseillère et que je me présente
devant vous pour une 22e fois dans le mois, ou une 12e, ou bien c'est la
première fois, vous pourriez me remettre les dépliants, vous pourriez me donner
un peu plus d'information. Alors, on pense que ce contact-là, il est important,
d'une part. Évidemment, on parle, oui, que seulement le 15 points de
vente, qui m'apparaît bien peu... Parce qu'effectivement la question se pose, le
territoire québécois est tellement grand. 15 points de vente, évidemment, vous
comprenez qu'il y en aura d'autres éventuellement, mais on n'est pas capable de
nous dire, encore aujourd'hui, encore aujourd'hui, après tous ces mois de
réflexion, s'il y en aura 100, 150, 200, 250, nous ne le savons pas. Par contre,
nous savons qu'il doit y en avoir suffisamment pour être capable de répondre à
la demande, d'une part. Est-ce que, dans certains cas, ça peut être seulement
un petit centre de distribution beaucoup plus modeste pour aller à ton point de
distribution, aller chercher le produit que tu as acheté en ligne? Je pense que
c'est des questions qui se posent.
Mme Fletcher (Raquel) :
Pourquoi la cravate... noeud papillon?
M. Pagé
: Ah! bien,
aujourd'hui, c'est le... Bien, ça me fait bien, non? Vous n'aimez pas ça?
Mme Fletcher (Raquel) : Bien
oui.
M. Pagé
: Non, c'est
par solidarité avec l'organisme Procure... C'est Procure, hein, comme ça qu'il
s'appelle? Le cancer de la prostate. Alors, c'est la journée internationale.
Merci.
(Fin à 15 heures)