(Quinze heures trente-trois minutes)
Mme Ouellet : Oui,
bonjour. Donc, je viens vous présenter... J'ai déposé une motion, il y a quelques
minutes à l'Assemblée nationale, pour demander, dans le fond, au gouvernement
canadien d'octroyer au Québec sa juste part des contrats, qui va permettre au Chantier
Davie d'augmenter le nombre d'emplois, et même que... tous les contrats de
sous-traitance. Je pense que c'est extrêmement important.
Et, dans la motion, je faisais également
référence au fait que le chantier de la Davie, c'est le plus important du
Canada, c'est le meilleur du Canada, il représente 50 % de la capacité de
production du Canada, qu'il y a aussi la stratégie de construction navale du
Canada, qui est estimée à plus de 100 milliards de dollars, et ça, c'est
des études du rapport du Vérificateur général et également, là, du Service d'information
et de recherche parlementaires du côté de la Bibliothèque du Parlement, à
Ottawa, qui le confirment. Et donc la contribution du Québec, donc des
Québécois et des Québécoises, représente, là, proche de 20 %. Donc, on
parle d'environ 20 milliards de dollars que les Québécois et les
Québécoises paient de leur poche.
Et je suis assez surprise de voir que tous
les partis ont appuyé cette motion-là... Je pense que c'est extrêmement
important pour les travailleurs de la Davie, pour les travailleurs, pour les
emplois au Québec. 20 milliards, c'est beaucoup d'argent. Donc, je suis
extrêmement surprise de voir que, finalement, le gouvernement n'a pas donné son
appui à cette motion-là. En discussion de corridor, on m'a dit que c'est parce
qu'il y avait des chiffres dans la motion. Mais c'est parce que c'est très
factuel. Le 100 milliards, il est appuyé par des rapports du Vérificateur
général du Canada de 2013, de la Bibliothèque du Parlement de 2015, et le
20 %, donc le 20 milliards, c'est la contribution des Québécois et
des Québécoises, c'est factuel. Pour le reste, tous les amendements qui m'ont
été demandés, que ce soit par la CAQ ou par le Parti libéral, je les ai
intégrés.
Donc, je suis très, très surprise, là, de
voir qu'il n'y a pas eu d'appui à cette motion-là. Je pense que ce serait
extrêmement important que, du côté du Parti libéral, ils se ressaisissent et
qu'ils travaillent pour appuyer les jobs au Québec, qu'ils appuient les emplois
à la Davie. Je veux dire, la Davie, avec la réalisation de l'Asterix, a
démontré qu'ils étaient capables de réaliser une prouesse technologique, dans
les délais, au quart du prix de ses compétiteurs. Et, je vous dis, la Davie,
c'est le seul chantier maritime au Canada qui, jusqu'à maintenant, a livré dans
le cadre de la stratégie de construction navale. Donc, il devrait avoir sa
juste part. Le 20 milliards que les Québécois et que les Québécoises
investissent au gouvernement du Canada, dans cette stratégie-là, devrait
revenir au Québec parce que la juste part devrait être entre ce
20 milliards là et le 50 milliards qui représente notre capacité de
production.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Sur un autre dossier, si vous permettez, Mme Ouellet, le Parti québécois
recueille 19 % des intentions de vote. Y voyez-vous une conséquence du
report du projet indépendantiste dans un deuxième mandat?
Mme Ouellet : Écoutez,
moi, je pense que les sondages, il faut toujours être très prudent avec les
sondages. Ça varie beaucoup dans le temps. On le voit en période électorale.
Souvent, ceux qui sont les premiers ne se retrouvent pas les premiers à la fin
de l'élection. Et d'ailleurs je peux vous dire qu'on est assez bien... je suis
assez bien placée pour vous en parler. On y a goûté.
Mais vous connaissez ma position. Moi,
j'ai toujours pensé que les partis indépendantistes, que ce soit le Bloc
québécois, le Parti québécois, je laisse Québec solidaire et Option nationale
finaliser leur discussion, mais j'ai toujours pensé que notre plus grande
force, c'était l'indépendance. Et donc je pense que, si on veut se renforcer, c'est
important, l'indépendance est au centre de notre action.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Comme indépendantiste assumée, avez-vous été agréablement surprise d'entendre
le chef du Parti québécois présenter l'indépendance du Québec comme l'une des
trois principales raisons pour voter pour le Parti québécois en 2018 en disant
que, si on vote pour une autre formation politique, dans le fond, on vote
contre l'indépendance?
Mme Ouellet : Bien,
écoutez, je n'ai pas entendu exactement ses propos, là. Je ne sais pas s'il a
dit ça exactement comme ça, mais moi, je ne suis pas surprise. Je pense qu'il
est extrêmement conséquent avec lui-même, là, depuis un certain temps, là,
depuis la course à la chefferie, sur cet aspect-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais demandez-vous aux indépendantistes de serrer les coudes autour du Parti
québécois aux prochaines élections québécoises?
Mme Ouellet : Écoutez,
vous savez, moi, je suis devenue députée indépendante, j'ai toujours dit
députée indépendante, indépendantiste, amie du Parti québécois. Je crois que,
dans les partis capables de former le gouvernement pour 2018, parce que, là, on
parle de 2018, je crois que c'est le Parti québécois qui fera le meilleur
gouvernement. Je crois que, pour l'indépendance du Québec, la CAQ, qui est un
parti qui veut tout privatiser, qui veut démanteler l'État, privatiser la SAQ,
privatiser Hydro-Québec, privatiser les CPE, je crois que ce serait extrêmement,
extrêmement dommageable pour l'indépendance, un vote pour la CAQ.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puis, en fin de semaine, les militants de Québec solidaire ont donné comme
consigne à l'état-major de leur formation politique de tenter de renouer des
discussions à la table de concertation des OUI Québec. Le Bloc québécois en
fait partie. Est-ce que vous, vous souhaitez que, justement, les travaux
reprennent pour établir une feuille de route commune vers l'indépendance entre
les formations politiques indépendantistes?
Mme Ouellet : Bien, je
pense que, oui, c'est important. Je ne sais pas si ce sera possible de le faire
pour l'horizon 2018. Et je crois que Québec solidaire devrait être plus sérieux
la prochaine fois parce que ce n'est pas normal, lorsqu'on nomme des
porte-parole et qu'on leur donne la responsabilité de négocier au nom du parti,
que ces porte-parole-là, après ça, se fassent tasser. Donc, ça ne fait pas des
interlocuteurs crédibles. Donc, il faudra s'assurer, la prochaine fois, qu'effectivement
les gens qui seront nommés, là, puissent avoir le soutien de leur parti pour
faire les discussions, sinon on n'avance pas.
(Fin à 15 h 39)