(Quinze heures cinq minutes)
M. Barrette : Alors, mesdames
et messieurs, bonjour. Bienvenue à ce point de presse. C'est un point de presse
qui est certainement important pour les femmes du Québec puisque, comme vous
vous le rappelez, en juillet dernier, j'avais annoncé, au nom de notre gouvernement,
que ce qu'il est convenu d'appeler la pilule abortive allait être couverte par
le système public de santé du Québec, et nous avions annoncé qu'il y avait
quelques arrangements qui devaient être finalisés en termes de guide de
pratique par les ordres professionnels concernés, notamment le Collège des
médecins et l'Ordre des pharmaciens du Québec, et que nous allions terminer nos
travaux d'ici la fin de l'automne.
Alors, aujourd'hui, nous sommes le 13
décembre et nous sommes donc en mesure, puisque les ordres professionnels ont
terminé leurs travaux, de vous annoncer qu'à partir du 15 décembre prochain,
donc à partir de vendredi, dans deux jours, le médicament Mifegymiso, qui est
le nom commercial de la pilule abortive, sera donc disponible dans notre réseau
et couvert par l'assurance maladie.
Aujourd'hui, il y a quelques minutes, le
Collège des médecins du Québec, de concert avec l'Ordre des pharmaciens du
Québec, a publié le guide de pratiques auquel doivent s'assujettir les médecins
pour administrer ce médicament.
Et, pour résumer la situation, c'est très,
très simple. On comprendra qu'une interruption volontaire de grossesse, il y a
plusieurs façons de faire ça. Il y a la façon qu'on qualifie de chirurgicale,
qui est le curetage, que les femmes connaissent, mais il y a maintenant une
méthode pharmacologique qui est le médicament que nous annonçons aujourd'hui.
Je tiens à insister sur un fait : ce n'est pas la pilule du lendemain.
C'est quelque chose de différent en ce sens que ce médicament-là, qui est
équivalent à un arrêt de grossesse volontaire chirurgical, sera utilisable dans
les neuf premières semaines de grossesse, donc jusqu'à 63 jours, et il faut
absolument bien retenir ça.
C'est un médicament qui sera administré
après qu'il y aura eu un consentement de la part de la patiente, en ce sens
qu'un médecin devrait être consulté pour qu'il y ait un conseil qui soit fait
en bonne et due forme, un consentement en bonne et due forme, pour évaluer
évidemment les possibilités, l'option pharmacologique versus l'option
chirurgicale, mais aussi la garantie qu'il y aura une prise en charge de la
part de l'équipe médicale du médecin, à savoir l'interdisciplinarité, le
support psychologique, le cas échéant, mais surtout la possibilité d'avoir un
corridor de services pour prendre en charge d'éventuelles complications. On
sait que ce médicament-là a certaines contre-indications, ne serait-ce que des
allergies, par exemple, ou certaines maladies sous-jacentes. Il doit donc y
avoir une évaluation et un conseil qui est donné à la patiente avant d'aller de
l'avant. Par contre, lorsque le médicament est pris, il peut y avoir un certain
nombre de complications, notamment de saignements ou de douleur, et il doit y
avoir un suivi qui doit être fait pour être certain que cet épisode-là
thérapeutique se termine correctement.
Alors, pour simplement rappeler les
grandes lignes de la démarche que les femmes du Québec devront franchir, c'est
très simple, il faudra avoir une consultation médicale où la procédure, les
risques, et les complications, et le consentement, seront connus de la
patiente. Il devra y avoir obligatoirement une échographie, et ça, c'est
incontournable et c'est pour des raisons purement médicales.
Je vous l'explique. Il faut s'assurer que
la grossesse est dans une position anatomique appropriée, donc dans l'utérus et
non dans les trompes. Ce n'est pas un examen... pardon, un traitement que l'on
peut effectuer, prescrire, si c'est une grossesse ectopique. Alors, il est
primordial d'avoir une échographie pour déterminer la position et l'âge de la
grossesse. Donc, une grossesse intra-utérine de moins de 63 jours, donc de
moins de neuf semaines, et un consentement éclairé.
À la suite de ça, soit le médecin va
fournir le médicament à la patiente, et ces médecins-là seront des médecins en
cabinet, particulièrement dans les cliniques de planning familial, soit la
patiente quittera le bureau du médecin avec sa prescription, et le pharmacien,
lorsqu'il la recevra, donnera les conseils d'usage, et des informations spécifiques
dans le guide de pratique sont à être données à la patiente pour qu'elle note
la prise de ces médicaments qui se prennent en deux phases et qu'il y ait un
suivi dans les sept à 14 jours suivant l'administration du médicament.
Alors, voilà globalement comment la
procédure va se faire. Alors, à la question : Est-ce que les pharmaciens
sont actuellement prêts à recevoir ces prescriptions?, la réponse est oui.
Aujourd'hui encore, nous avons consulté l'Association québécoise des pharmaciens
propriétaires. Ils sont prêts et ils n'ont aucun problème d'approvisionnement.
Donc, à partir du 15 décembre, dans deux jours, le médicament sera disponible.
Par la suite, évidemment, l'échographie et ce genre de tests là seront couverts
par l'assurance maladie, et les choses suivront leur cours par la suite.
Donc, une bonne nouvelle. Tel qu'annoncé,
nous avions promis que le médicament serait disponible et la procédure en place
pour la fin de l'automne. Vous me direz qu'on est à une semaine de la fin de
l'automne, mais nous aurons maintenu notre engagement sur ce plan-là, et je
pense que c'est une excellente nouvelle pour les patientes du Québec. Alors, si
vous me le permettez, nous allons passer à la période de questions.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour, M. Barrette. Alors, pourquoi un guide de pratique? Pourquoi c'était
important de publier un guide de bonnes pratiques?
M. Barrette : C'est très
important, parce que, quand on parle de pilule abortive, on parle d'un
quasi-automatisme, sans douleur, sa saveur, sans complication possible. Je le
répète, ce n'est pas la pilule du lendemain. La pilule du lendemain est un
médicament qu'on prend le lendemain. Sur le plan purement médical, biologique,
la grossesse, à son début, le lendemain d'une possible fécondation, il n'y a
aucun risque de l'interrompre et le risque vient de la position du foetus
lorsqu'il est fécondé. Alors, même si la fécondation est dans les trompes, la
pilule du lendemain n'entraîne aucun risque.
Dans le cas de la pilule abortive, la
grossesse est plus avancée. Étant plus avancée et conséquemment, à cause de sa
position, la position anatomique, là, physique dans l'appareil génital de la
femme, si la grossesse est ectopique et qu'on donne un médicament qui induit un
arrêt de grossesse, on encourt la possibilité de risque hémorragique
significatif.
Alors, l'échographie, là, ce n'est pas un
caprice. C'est vraiment, vraiment de la prévention de complications sévères. On
sait qu'une grossesse ectopique, si elle est très avancée, peut entraîner des
saignements hémorragiques extrêmement importants qui peuvent même aller
jusqu'au décès. Alors, on ne peut pas provoquer l'expulsion d'un matériel
gestationnel dans une situation de grossesse ectopique. Il faut le savoir, d'où
l'échographie.
Mme Plante (Caroline) :
Est-ce que, lors de la consultation avec la patiente, le médecin peut essayer
de la dissuader?
M. Barrette : Non. Il ne peut
pas faire ça. Il doit avoir une consultation avec la patiente pour l'informer
des possibilités selon le choix de la personne. Je vais même aller plus loin
parce que votre question est extrêmement pertinente. Il doit aussi s'assurer,
le médecin, dans sa consultation, que la femme, que la patiente, ne subit pas
de pression externe. Le conseil... le consentement éclairé, la consultation
visent à déterminer l'âge de la grossesse, s'assurer que la personne prend une
décision en pleine connaissance de cause, certainement jamais pour orienter son
choix, mais aussi s'assurer que la femme ne subit pas de pression indue. Et il
n'y a pas de meilleur lieu, évidemment, pour établir cette situation-là que
dans l'intimité de la relation médecin-patient dans un cabinet de médecin. Très
important, cet élément-là.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. le ministre. Est-ce que les médecins vont devoir suivre une
formation pour pouvoir prescrire la pilule ou sinon est-ce que tous les
médecins vont pouvoir la prescrire dès le 15?
M. Barrette : Alors, tous les
médecins du Québec vont pouvoir le... Bien, tous les médecins qui ont une
pratique où ça s'y prête, évidemment... Un radiologiste ne fait pas de
consultation, évidemment, mais, même si le radiologiste le voulait, tous les
médecins qui le prescriront doivent avoir une formation de base.
La formation est donnée soit par le
fabricant du médicament, mais idéalement par les fédérations médicales, soit
spécialistes, soit médecins de famille. Ces formations-là sont actuellement
disponibles. Elles le sont depuis un bon bout de temps, et il est obligatoire
pour les médecins, pour avoir le droit de le prescrire, qu'ils aient subi...
pas subi, mais obtenu la formation nécessaire, tout comme il est tout à fait
obligatoire, dans le guide de pratique du collège, de démontrer qu'à la
consultation, les éléments dont on vient de parler il y a quelques instants
sont consignés au dossier. Alors, oui, la formation est obligatoire.
M. Bellerose (Patrick) : Et
on parle de quel type de formation? Est-ce que ça se fait en ligne en deux
heures ou...
M. Barrette : C'est une
formation en ligne qui ne prend pas énormément de temps, parce que, sur le plan
médical, ce n'est pas quelque chose de complexe. Sur le plan médical, on est
dans la médecine pure en ce sens qu'on doit évaluer les contre-indications, les
allergies, telle ou telle maladie pour lesquelles on ne peut pas prescrire ce
médicament-là. C'est vraiment la médecine de base, mais le médecin doit
démontrer qu'il a acquis l'information nécessaire pour pratiquer ce geste-là,
mais aussi avoir démontré, dans sa formation, la compréhension de l'importance
de suivre un protocole, incluant un suivi, après avoir administré ou prescrit
l'administration de ce médicament-là. Donc, formation obligatoire pour tout le
monde. La seule chose qui va varier, c'est que, si la patiente va dans une
clinique de planning, dans les cliniques de planning, on fournit les
médicaments, le gouvernement. Le médecin peut le donner. Lorsqu'on n'est pas
dans une clinique de planning, ce sera une prescription qui sera à être remplie
chez le pharmacien. Mais une femme ne peut pas aller chez le pharmacien pour
demander, comme la pilule du lendemain, l'administration du médicament. Ça,
c'est interdit.
Mme Cloutier (Patricia) : M.
Barrette, si je ne me trompe pas, ce que vous annoncez, c'est un peu plus
sévère que ce que prône Santé Canada, dans le sens qu'il y a deux semaines, il
y a quelques semaines, ils disaient que ce ne serait pas nécessaire à la
patiente de signer un formulaire de consentement. Vous, vous voulez vraiment
qu'au Québec il y ait une consultation médicale et du consentement.
M. Barrette : Nous voulons une
consultation médicale, le consentement... et là je vous renvoie aux directives
du collège. De ce côté-là, j'attendais, moi, les directives du collège. Je
n'impose aucune directive. Aujourd'hui, je ne fais que vous relayez ce que le
Collège des médecins, de concert avec l'Ordre des pharmaciens, ont convenu.
Maintenant, évidemment, quand les ordres
professionnels conviennent de ce genre de chose là, on nous les soumet. On a eu
beaucoup de discussions ensemble là-dessus, entre autres sur ce sujet-là, et on
a conclu, surtout les ordres professionnels, que ce serait la façon de faire.
Alors, ce sont les ordres qui, après de
longues discussions, avec des groupes d'ailleurs de patientes, qui ont convenu
que la façon de faire serait celle-là, mais ce n'est pas quelque chose que
j'impose, là. On est vraiment dans la sécurité des femmes au Québec.
Mme Cloutier (Patricia) : Et,
dites-moi, à combien vous évaluez que ce nouveau médicament là, qui va
remplacer, si on veut, les avortements chirurgicaux, à quel pourcentage, là,
vous estimez que les femmes vont plutôt choisir ça parce que... Expliquez-nous.
Y a-tu des avantages, là, pour elles à le faire?
M. Barrette : Alors, écoutez...
et c'est ça, le consentement éclairé. Quand je dis consentement éclairé, ce
n'est peut-être pas le bon mot pour aujourd'hui, là. C'est la décision
éclairée, disons ça comme ça. Je pense que c'est la meilleure manière de le
dire, c'est la décision éclairée. Moi, je n'ai pas d'objectif plus un ou plus
l'autre. Je rends disponible... le gouvernement rend disponible un médicament
qui est déjà utilisé ailleurs dans le monde et qui est demandé, depuis des
années, je pense, avec justesse, par les femmes du Québec.
Je ne porte aucun jugement, et il n'y aura
pas d'analyse pour déterminer, s'il y a plus un ou plus l'autre, autre que
statistique. Nous choisissons de donner un choix supplémentaire à la femme face
à la décision qu'elle choisit de prendre en termes d'interruption volontaire de
grossesse. Au Québec, l'IVG est un droit. Aujourd'hui, il y a une possibilité
supplémentaire. Le gouvernement ne va ni légiférer ni orienter le choix des
femmes du Québec.
Mme Cloutier (Patricia) : Et,
si vous me permettez, normalement, quand il y a un avortement, ça se passe à
l'hôpital, bon, il y a une équipe avec l'infirmière et tout ça. Là, la femme
retourne chez elle. Finalement, quel genre de suivi... Est-ce que tout ça va se
passer, là, à la maison, là, dans sa salle de bain? Comment on a évalué ça?
M. Barrette : Alors, il faut
comprendre que, lorsqu'on est à neuf semaines de grossesse et moins, une
interruption volontaire de grossesse équivaut à une menstruation à un autre
moment. C'est à ça que ça équivaut sur le plan physique. Maintenant, il est
excessivement important, très important, et ça fait partie du guide de
pratiques du collège, qu'il y ait un suivi. La femme va peut-être, comme vous
le dites, s'en aller chez elle. Oui, c'est vrai, mais elle s'en va chez elle
avec un formulaire, des informations très claires sur les possibilités de
douleur, de saignement, et ainsi de suite, ainsi que des conseils et des
consignes s'il advenait, telle, telle chose.
Et le médecin, lui, et c'est dans le
guide de pratiques, et je suis convaincu que le collège va être très sévère
là-dessus, le médecin doit avoir l'assurance, la garantie de pouvoir
prendre en charge les complications, s'il y en avait, dans le suivi. Alors, un
médecin, là, qui aurait fait le cours, et qui prescrirait le médicament, et
chez qui, chez ce médecin-là, il n'y aurait pas d'équipe interdisciplinaire, il
n'y aurait pas de numéro de téléphone où appeler si ça ne va pas bien, il n'y
aurait pas de corridor de services où appeler s'il y a une complication, bien,
ce médecin-là, je pense qu'il serait fautif vis-à-vis les règles déontologiques
du collège.
Parce que le guide de pratiques, il est
très clair : voici ce que vous devez faire et offrir à la patiente dans
ces circonstances-là. Et ce qu'il y a à offrir aussi, c'est un suivi, donc un
point de chute où on peut appeler, un corridor de services s'il y a des
complications. Ça peut se passer au cabinet du médecin, à la clinique de
planning, mais sinon, il y a un corridor avec l'urgence, un corridor entendu
avec le médecin. Bref, oui, la femme va retourner à la maison et prendre ses
deux médicaments, parce qu'il y en a... c'est deux médicaments conjugués, ça, c'est
vrai, mais elle a une procédure à suivre dans un environnement structuré qui va
la prendre en charge s'il y avait des symptômes qui apparaissaient. On comprend
que, si l'échographie qui est faite montre que la grossesse est à la bonne
place, il n'y a pas de complication majeure, là, en termes de risque pour la
vie de la personne, mais il peut y avoir des complications désagréables, à un
niveau tel que ça nécessite une intervention comme telle.
M. Bellerose (Patrick) : M.
le ministre, si je peux me permettre, juste une petite précision. Pourquoi on a
tant tardé à mettre en place, en fait, à rendre disponible la pilule? Est-ce
que c'est le travail des ordres qui a pris du temps?
M. Barrette : Bien, écoutez,
ces choses-là prennent toujours un certain temps. C'est tout à fait normal parce
qu'il y a toujours des objets de débat. Je vais vous en donner deux, un qui
vient d'être évoqué, qui est : Est-ce qu'on s'en va à la maison? Est-ce
qu'on va faire une échographie? Je vous ai expliqué les raisons pour lesquelles
on peut faire l'un et on doit faire l'autre.
Je vais vous en donner une autre qui a été
largement débattue dans les ordres professionnels et même dans la littérature
scientifique : Est-ce que... parce qu'il est très important d'avoir la date
de... l'âge de la grossesse. Pour savoir si le médicament a fonctionné, bien,
il faut avoir la date de prise du médicament.
Alors, il y a eu un grand débat, à savoir :
Est-ce qu'on oblige la personne à prendre le médicament devant un témoin?
Alors, ça, ce n'est pas un débat qu'on a eu chez nous, au ministère de la Santé,
c'est un débat qui a eu lieu chez les ordres. Il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup
de débats là-dessus, et finalement ils ont conclu que les femmes étaient suffisamment
autonomes et responsables... Ce n'est pas une question de responsabilité, c'est
un très mauvais terme. On n'avait pas besoin de leur imposer cette espèce
d'examen là, là. C'est quasiment penser en partant, là, présumer que les femmes
sont irresponsables, là. Je pense que c'est ça qui a été la conclusion.
Alors, ce débat-là, moi, je peux vous dire
qu'au début, là, au mois de juillet, on s'en allait vers l'obligation de
prendre le médicament devant témoin. Pourquoi? Parce que, si on fait un suivi
14 jours plus tard et qu'on n'a pas la date, est-ce qu'on est sûr que le
médicament a eu le temps d'avoir son effet? Si la personne ne prend pas son
médicament, prend son médicament deux jours avant la visite de suivi, bien, ça
se peut qu'on fasse un mauvais diagnostic puis qu'on aille, par exemple, à un
curetage inutile.
M. Bellerose (Patrick) : Justement,
si la personne prend le médicament deux jours après la date limite, là, je ne
sais pas, c'est 63 jours que vous avez dit, qu'est-ce qui arrive?
M. Barrette : D'abord, ça,
c'est crucial, absolument crucial, c'est interdit. Alors, le 63 jours, pour ce
qui est du médecin, le médecin va lui prescrire... pas prescrire, mais demander
une échographie pour dater l'âge de la grossesse.
M. Bellerose (Patrick) : Mais
si la personne part à la maison avec le médicament, le prend plusieurs heures
plus tard...
M. Barrette : Attention, c'est
plus précis que ça. Quand la prescription est faite ou le médicament donné dans
une clinique de planning — si ce n'est pas une clinique de planning,
la personne va à la pharmacie — quand la personne... si la personne
va à la pharmacie, elle va arriver avec une prescription du médicament, mais
avec, dans ça, la prescription elle-même, la date de la grossesse. Le
pharmacien, lui, doit savoir si cette personne-là est au-delà de 63 jours ou
non. Alors, dans les deux cas de figure, normalement, c'est impossible que la
personne ait ce médicament-là au-delà de 63 jours. Alors, si c'est dans le
cabinet... Oui?
M. Bellerose (Patrick) : Évidemment,
mais si la personne rentre à la maison, ne prend pas le médicament tout de suite,
attend pour une raison x, une semaine plus tard, est-ce qu'il y a des
conséquences graves?
M. Barrette : Bien, c'est-à-dire
que plus on attend, plus les risques hémorragiques sont grands, et, si ça, ça
arrive, bien là, on va le voir. On va le voir, là, c'est... D'abord,
physiquement, la personne va se plaindre de certains symptômes, et, à une
échographie ultérieure, on va voir que l'avortement n'a pas eu lieu, la
grossesse n'aura pas été interrompue. Mais on ne peut pas, parce qu'il y a un
risque qui est beaucoup plus important d'hémorragie, administrer ce
médicament-là au-delà de 63 jours.
Mme Cloutier (Patricia) : Si
je peux me permettre une précision aussi, pourquoi on n'a pas choisi, pour
accommoder, par exemple, des patientes qui sont en région très éloignée, que ça
soit facilement disponible en pharmacie? Parce que, bon, il y a peut-être des
gens qui vont devoir faire plusieurs kilomètres, là, pour aller voir un
médecin, subir une échographie, ce genre de choses là.
M. Barrette : Bon. Alors,
l'élément qui peut être un frein, c'est l'échographie. L'échographie, au Québec,
elle est disponible sur tout le territoire du Québec. Je ne connais pas
d'endroit où il n'y a pas d'échographie dans les hôpitaux du Québec, même les
très petits hôpitaux. Il y a toujours de l'échographie. Et je vais être bien
honnête avec vous, là, étant donné que c'est ma spécialité, de déterminer où
est placée une grossesse, c'est probablement l'examen le plus simple à faire,
là. Ce n'est pas difficile, faire ça. Alors, l'échographie, elle est disponible
sur tout le territoire.
Là où ça pourrait être un enjeu, c'est si
on avait exigé que le médicament ne se donne que par des gynécologues, par
exemple. Ça, ça aurait été un frein substantiel, parce que des gynécologues, il
n'y en a pas partout au Québec. Si on avait, par exemple, exigé... pas nous, le
gouvernement, mais les ordres, mais on a eu cette discussion-là, si on avait
exigé que ce ne soit que dans les cliniques de planning, oui, là, vous avez
raison, il y aurait eu un problème.
Alors, aujourd'hui, comme on exige une
formation qui est disponible par les deux fédérations, bien, il va y avoir des
gens, sur tout le territoire du Québec, qui vont être aptes à faire l'évaluation,
le suivi et prescrire le médicament. C'est la raison pour laquelle on ne le
limite pas soit à une spécialité, soit à un type de clinique. Tout le monde
peut le faire.
Alors, je vois peu de situations où il y aura
un problème de cet ordre-là. Je ne vous dis pas que ça n'existera pas, là, mais
on a maximisé les chances que la femme ait accès près de chez elle à l'évaluation,
et à la prescription, et l'administration du médicament. Je peux vous dire tout
de suite qu'il y a des... Si vous allez voir les organisations médicales, il y
en a qui ne sont pas contentes, là. Il y en a qui auraient voulu que ce soit
limité à eux autres. Nous, on a choisi, et les ordres professionnels étaient
d'accord, à le rendre disponible à tout le monde.
Je peux vous dire qu'au mois de juillet,
là, il y avait des pressions qui étaient faites pour que ça soit limité. Moi,
j'ai pris là-dessus une position, vis-à-vis des ordres, là, qui était très
claire, puis finalement les ordres ont été d'accord avec moi : c'est ouvert
à tous les médecins qui ont fait la formation et qui peuvent assurer le suivi.
Et j'insiste, c'est important de pouvoir assurer le suivi. Ça va? Merci. En
anglais, il n'y en a pas? Merci. Bonne journée
(Fin à 15 h 27)