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Point de presse de M. Philippe Couillard, premier ministre, M. Carlos J. Leitão, ministre des Finances, et M. François Blais, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Version finale

Le jeudi 1 février 2018, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-trois minutes)

M. Leitão : Alors, bonjour tout le monde. Je suis très content, très fier d'être ici aujourd'hui après un caucus, ma foi, très enthousiasmant. Nous préparons notre prochaine session parlementaire et nous la préparons sur une base économique et financière qui est particulièrement réjouissante. Pour cette année, l'année 2017, un taux de croissance du privé d'au-delà même de 3 %, quand beaucoup d'entre vous, vous nous disiez avant que même 2 % était optimiste. Alors, voilà, la réalité, c'est 3 %.

Donc, l'économie du Québec performe très bien. Il faut qu'on se le dise, il faut qu'on se le répète, un taux de chômage à 4,9 %, c'est particulièrement marquant au Québec. Cela nous permet maintenant de faire des choses qui sont structurantes pour l'économie. Les revenus de l'État sont bien au-delà du rendez-vous, parce que l'économie fonctionne bien, et l'économie fonctionne bien en grande partie parce qu'il y a de la confiance.

Bien sûr qu'il y a des facteurs conjoncturels internationaux, mais ce qui est particulier au Québec, c'est la confiance, la confiance des consommateurs, la confiance des investisseurs, la confiance des entreprises qui fait en sorte que nous sommes rentrés, depuis 2015, dans un cercle vertueux où il y a plus de consommation, plus d'investissement, plus de revenus de l'État. Donc, on peut se permettre de faire des allègements fiscaux, ce que nous avons fait non seulement en novembre 2017, mais rappelez-vous que c'est depuis 2015 qu'on avait commencé à réduire le fardeau fiscal des Québécois. On l'avait dit en campagne électorale, en 2014, on allait éliminer la taxe santé, et, par la suite, des surplus seraient divisés 50-50 à la réduction des impôts. On l'avait dit et on l'a fait. Ça n'a pas été improvisé à la dernière minute. C'est important de le rappeler aussi à tout le monde.

Donc, le Québec va bien, mais, en même temps, nous sommes réalistes. Nous sommes prudents. Nous voyons que, pour l'avenir, pour 2018, 2019, 2020, il y a plusieurs nuages un peu plus sombres à l'horizon. Donc, il faut demeurer prudents. Il faut avoir un cadre financier qui soit toujours robuste et qui puisse passer à travers des différentes zones qui pourraient être un peu plus turbulentes. Donc, il ne faut pas promettre n'importe quoi aux Québécois. Il faut qu'on soit toujours très prudents, très rigoureux dans notre approche pour le bienfait de tous nos citoyens. C'est tout ce que j'avais à vous dire aujourd'hui. Merci.

M. Couillard : Bien, merci, Carlos. Puis ça, ça se met dans le contexte d'un environnement mondial où il y a des changements profonds, rapides et certainement un climat d'incertitude. On vient de faire la sixième ronde de renégociation de l'ALENA. On ne connaît pas vraiment l'issue de cette démarche-là. Quelques signaux positifs des Américains, mais on n'est pas encore au moment où on peut même anticiper une solution.

L'Union européenne, bien sûr, en redéfinition avec le Brexit, montée du protectionnisme et nouvelles technologies, environnement numérique, des tensions géopolitiques également qui ajoutent à l'incertitude. Alors, cette incertitude, cette instabilité demandent une équipe gouvernementale expérimentée et qui a fait ses preuves clairement.

Dans ce contexte, si le Québec veut rester compétitif, il doit transformer les défis en opportunités. Les finances du Québec, notre maison en ordre nous donnent les moyens d'agir parce qu'on a retrouvé nos moyens d'agir. Lorsqu'on va à l'étranger en mission économique maintenant... et c'est notable, j'ai vu ce changement très bien en Israël et récemment en Chine. Auparavant, on engageait la conversation beaucoup sur les ressources naturelles du Québec. Maintenant, la question des talents est centrale et presque la seule dont on discute. Est-ce qu'il y a, chez vous, au Québec, afin que j'investisse, un environnement de créativité, des jeunes qui sont vraiment engagés dans l'innovation, qui vont m'aider à aller plus loin dans mon entreprise ou dans mon projet? Et j'ai vraiment vu ce changement au cours du mandat, et heureusement on est au bon endroit au bon moment sur cette question.

On a eu effectivement une très belle réunion de caucus. Vous ne serez pas surpris qu'on a bien sûr commencé... pas commencé, continué à travailler sur les nouvelles propositions qu'on aura pour les Québécoises et les Québécois en 2018. Mais je veux quand même rappeler qu'il reste sept mois à notre mandat et une dernière session parlementaire, dont un budget, M. le ministre des Finances, je crois, hein? Et on a encore beaucoup de choses à réaliser avant... Exclusif, il y aura un budget, hein? On a encore beaucoup de choses à réaliser avant les élections. Nous gouvernerons activement. Je vais le dire, là, nous allons gouverner activement jusqu'au dernier jour du mandat que la population nous a confié en 2014.

On a donc également préparé le plan de match du gouvernement au cours des prochains mois et, croyez-moi, on a un programme bien rempli pour la prochaine session parlementaire. Je ne vous apprendrai rien en disant qu'il sera question d'économie, d'entrepreneuriat, d'innovation, de transport, de mobilité, mais il sera également beaucoup question de solutions concrètes pour améliorer la qualité de vie des Québécoises et des Québécois.

À ce sujet, je vous rappelle qu'on a créé un comité conciliation travail-famille-études lors du dernier remaniement ministériel, dont le président Luc Fortin vient d'accueillir son quatrième enfant. D'ailleurs, ça tombe bien, lui, il est vraiment au coeur de l'enjeu avec sa conjointe. Et, bien sûr, on pourra vous dévoiler les résultats des travaux, mais déjà je peux vous assurer qu'on voudra donner plus de flexibilité et de temps, de temps aux parents parce qu'on les a écoutés et entendus et on sait que c'est ça le nouveau Québec qu'ils et qu'elles souhaitent.

Alors, contrairement à la CAQ qui trouve qu'apparemment les Québécois ne travaillent pas assez — 60 heures, ce serait l'idéal — on sait, nous, que les familles du Québec veulent plus de moments privilégiés en famille. Lorsqu'on parle de 60 heures par semaine, en passant, c'est complètement à l'envers de ce que demandent les familles actuellement. Il faut pouvoir le faire si on veut. Moi, j'ai souvent travaillé plus que 60 heures dans ma vie, mais j'avais fait ce choix. Il faut qu'on ait également la capacité, sans que ça ait des conséquences négatives, de retrouver du temps pour nos proches.

Vous savez, Suzanne et moi, comme beaucoup, on est parents, grands-parents et on est témoin des pressions qui s'exercent sur les familles, des pressions qui sont vraiment appliquées sur cette génération qu'on appelle, et il faut le répéter, la génération — ouvrez les guillemets — sandwich : d'un côté, les enfants, les petits-enfants, l'école, avec les activités, les autres enjeux qu'on connaît tous très bien; et, de l'autre côté, des parents vieillissants sur lesquels il faut également veiller.

Je notais hier un article dans Les Affaires, sur le site Web, qui indique que, contrairement aux autres Canadiens, les familles du Québec désirent du temps. Oui, ils veulent également plus d'argent, mais ils veulent du temps, et ça, ça nous différencie, je crois. Sur le côté de l'argent ou du revenu disponible, on sait que nos actions améliorent les choses, les revenus augmentent et la charge fiscale diminue. Et je vais répéter ce que Carlos vous a dit tantôt : Cette charge fiscale, on l'a réduite, non pas il y a quelques semaines, mais patiemment et méthodiquement, sur trois années financières consécutives, et bientôt on va continuer avec les taxes scolaires.

Alors, c'est une action en trois temps. Action numéro un : annonce de l'élimination de la taxe santé, qui est maintenant chose faite; action numéro deux : augmentation de la déduction de base; action numéro trois : diminution du taux d'imposition du premier palier d'imposition. Mais je l'ai dit il y a plusieurs mois, je le répète encore une fois, on veut donner plus de temps aux familles pour respirer et pour être aux côtés de celles et ceux qu'ils aiment.

Plusieurs gens membres de notre organisation, pas uniquement les élus, le personnel de nos cabinets, vous-mêmes, dans votre milieu de travail, les médias... je le sais aussi, on sait que c'est la réalité que partagent les Québécoises et les Québécois et que c'est de temps, d'oxygène, de marge de manoeuvre, pas uniquement financière, mais également dans leur vie quotidienne, c'est ça que les familles veulent. On connaît tous ces défis-là : la période d'adaptation à la garderie, à l'école, les enfants souvent malades dans les premières années, peu de vacances pour se retrouver en famille, surtout au début d'un emploi, et des inquiétudes, encore une fois, pour les parents vieillissants ou malades.

Alors, je vous annonce aujourd'hui un premier geste concret. Et, si je dis un premier geste concret, c'est qu'il y en aura d'autres. Nous proposerons de nouveaux aménagements au Régime québécois d'assurance parentale. Bien que le programme, clairement, soit équilibré, apprécié, on croit qu'il est toujours possible de faire mieux et de l'améliorer. On veut qu'il soit, encore une fois, collé davantage aux besoins concrets des familles du XXIe siècle. On veut offrir plus de souplesse et davantage de possibilités aux parents. Par exemple, l'opportunité de travailler à temps partiel, l'option de prendre le congé sur une période plus longue, la possibilité d'un retour progressif au travail avec, par exemple, un horaire à quatre jours-semaine. C'est de cette souplesse que les familles nous parlent, c'est cette souplesse qu'on veut leur apporter.

Bien sûr, tous ces changements se feront avec l'accord des employeurs — ça ne change pas, c'est dans le régime actuel, ça va le demeurer — et sans charge supplémentaire pour eux. Pourquoi? Parce que le Fonds d'assurance parentale est en bonne santé, ce qui nous permet de faire cette avancée. Voilà une autre conséquence de la bonne tenue de l'économie. Comme il y a plus de gens qui travaillent, il y a plus de gens qui cotisent, il y a plus d'argent dans le fonds québécois de l'assurance parentale, et donc on retrouve des moyens supplémentaires. Alors, dans le nouveau Québec qu'on est en train de construire ensemble, on donnera aux familles ce qu'il y a de plus précieux pour elles : du temps de qualité ensemble. C'est leur priorité, donc c'est notre priorité, et on a maintenant les moyens de le faire, et d'autres actions suivront.

Notre formation politique, on le voit encore une fois, c'est le parti de l'économie et des finances publiques bien gérées, ça le reste; également d'une approche large et structurante en santé... en éducation, pardon, centrée sur la réussite de nos enfants et l'intervention précoce; d'un accès amélioré aux soins de santé, notamment aux médecins de famille, on voit les résultats encore incomplets, mais qui sont très encourageants; et la justice sociale, dont la CAQ ne parle pas, la justice sociale, la lutte à la pauvreté, sur laquelle on a agi de façon déterminante.

Avec nos moyens retrouvés, c'est donc la qualité de vie dont on veut parler aux Québécoises et aux Québécois, la conciliation travail-famille-études, la mobilité et l'accès aux soins médicaux près de chez soi. Ce message, c'est celui des familles. Nous le porterons en leur nom. Merci.

La Modératrice : On va passer à la période des questions réservée aux médias. Une question, une sous-question. M. Laforest.

M. Laforest (Alain) : Bonjour. M. Couillard, on comprend, là, que vous respectez votre engagement du dernier congrès de donner plus de temps aux familles. Qu'avez-vous à dire aux petites entreprises qui vont avoir beaucoup de difficulté peut-être à gérer ça, là, des congés étalés sur deux ans?

M. Couillard : Bon, d'abord, de la même façon que c'est le cas aujourd'hui, il faut parler à son patron, il faut qu'on s'entende entre l'employé et le patron sur le plan qu'on a pour utiliser ce temps qui est rendu disponible. Et comme dans d'autres domaines, comme dans le domaine du salaire minimum, par exemple, ou d'autres enjeux similaires, moi, je suis convaincu et, je pense, les patrons également, qu'un employé heureux, un employé qui a la capacité d'être moins inquiet pour ses enfants ou ses parents âgés, c'est un employé plus productif et, en bout de ligne, c'est quelque chose qui est favorable pour les patrons.

Ceci dit, M. Laforest, on est conscients des pressions sur les petites entreprises. On vient de parler de celles-ci. Enfin, en termes d'organisation, bien, ça ne coûtera pas plus cher aux patrons, il n'y aura pas plus de contributions à faire. On parle du salaire minimum, qu'on a pu augmenter plus rapidement parce que le revenu moyen augmentait plus rapidement. Il y a le nouveau régime de pensions qui va augmenter les contributions, on sait ça. Et on voit également au sud de la frontière ce que le président américain fait sur la taxation corporative.

Alors, on a déjà annoncé notre intention au budget, alors qu'on a déjà agi sur les particuliers, d'agir sur nos PME et également de leur donner de l'oxygène et de rester à l'écoute lors du budget pour ça.

M. Leitão : Et, si je peux ajouter à ça, dans les consultations que nous avons eues avec les représentants des entreprises, surtout les plus petites, un élément qui est important, c'est donc le manque de ressources en ressources humaines. Donc, il y a des choses qu'on va regarder, comment on peut, nous, le gouvernement, les aider à améliorer leur fonction de ressources humaines qui leur permettra, entre autres choses, de mieux gérer cet aspect-là.

M. Laforest (Alain) : Un dossier, depuis 48 heures, qu'on parle énormément, ce sont les infirmières. Comment expliquer, M. le ministre des Finances, que la FIQ affirme ne pas avoir été invitée aux consultations prébudgétaires?

M. Leitão : Écoutez, la FIQ... nous avons consulté toutes les grandes centrales syndicales : FTQ, CSN, CSQ. Donc, nous l'avons fait, la FIQ comme d'autres syndicats en particulier, et on ne peut pas rencontrer tout le monde, mais les grandes centrales, oui, on les a consultées.

M. Laforest (Alain) : Et pas la FIQ spécifiquement.

M. Leitão : Mais il y en a d'autres aussi qu'on ne l'a pas fait. Mais je vous ai dit qu'on a consulté les grandes centrales syndicales, et on l'a fait à chaque année depuis 2015, et on continue de le faire. Et, s'il y a d'autres... ils sont toujours invités, les bienvenus de nous soumettre leurs mémoires, chose qu'ils ont faite dans le passé. Ils sont aussi invités à participer au processus de consultations budgétaires que nous avons mis en ligne et qui est très, très utilisé par la population. Donc, il n'y a rien qui les empêche de le faire aussi, mais je pense que nous avons consulté les grandes centrales syndicales.

La Modératrice : Merci. Mme Biron.

Mme Biron (Martine) : Bonjour à tous, messieurs dames. Bonjour, M. le premier ministre. Bon, vous nous dites que vous allez gouverner activement jusqu'à la dernière minute, mais, avant-hier, vous nous avez aussi dit qu'on était en campagne électorale.

M. Couillard : En mode électoral, je dirais.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que ça complique votre gestion, votre gouvernance, que les élections à date fixe... de vous retrouver presque sept, huit mois en campagne électorale?

M. Couillard : Ça ne la complique pas dans le sens qu'on sait depuis longtemps la date de l'élection, et on a planifié tout le mandat de même que nos engagements pour qu'ils se déroulent de façon cohérente avec ce calendrier-là.

Ce qui complique la chose, et on en était conscient, je pense, comme société, à partir du moment où on fait ce changement-là, c'est que ça... et puis vous allez voir que le moment va reculer avec les années. Là, on peut dire que maintenant, six mois avant l'élection, bien, on ne peut plus rien faire sans que ce soit taxé d'électoralisme. Après, ça va être huit mois, dix mois, un an, un an et demi. Qui sait où est-ce que ça va arrêter?

Alors, moi, je ne suis pas là-dessus. On va continuer à remplir le mandat qu'on nous a confié, remplir nos engagements. On a encore beaucoup de choses à faire au cours de la prochaine session, et c'est ce que ça change en termes de perception. Mais, sur la réalité, c'est celle-là.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que c'est une loi qui devrait être révisée, compte tenu de ce que vous venez de dire, pour ne pas passer la moitié du mandat en campagne électorale?

M. Couillard : Je pense qu'il faut plutôt être conscient de ça. Il faut être conscient que, lorsqu'on est en mode élections à date fixe, un gouvernement se doit de gouverner, et c'est injuste, dans un sens, de taxer tout ce qu'il fait d'électoralisme parce qu'on connaît la date de l'élection.

Je rappelle qu'à l'époque où ça a été fait, nous, on avait voté pour cette mesure parce que ce que les citoyens voulaient également voir cesser, c'est l'impression, encore une fois, pour le parti au pouvoir, de déterminer la date de l'élection pour des motifs essentiellement politiques. Alors, on ne s'en sort jamais, les perceptions sont toujours difficiles. Mais je pense que, dans la balance des choses, moi, j'aime mieux qu'on ait des élections à date fixe qu'un système imprévisible. Je pense que c'est bon pour la société.

Mme Biron (Martine) : Malgré les effets pervers?

M. Couillard : Bien, on a... Aussi, il faut en être conscient. Il faut le dire. Il faut dire : Regardez, voici ce que ça donne. Je pense qu'une fois qu'on le sait, on est capables de se comporter en conséquence.

La Modératrice : Merci. M. Lacroix.

M. Leitão : Mais l'effet pervers de l'autre... l'autre système avait des effets encore plus pervers.

M. Lacroix (Louis) : M. le premier ministre, messieurs dames, la semaine dernière, devant le tribunal, il y a un affidavit d'un policier qui a procédé aux arrestations de Nathalie Normandeau et des autres personnes impliquées dans ce procès qui mentionnait qu'il avait été obligé de devancer l'arrestation de Mme Normandeau et des autres personnes dans ce dossier-là à la demande de l'UPAC, en fait, et qu'il laissait entendre que ça avait été fait pour coïncider avec le dépôt du budget de M. Leitão en mars 2016.

Est-ce que vous vous êtes senti coincé, M. Couillard, de renommer Robert Lafrenière à titre de commissaire de l'UPAC à ce moment-là?

M. Couillard : Bon, il y a deux aspects dans votre question. D'abord, moi, je ne ferai aucun commentaire sur ce qui est mentionné devant une cour de justice, là, pour des raisons évidentes, là. Le travail des tribunaux se fait de façon indépendante, et les acteurs politiques n'ont pas, surtout pas en cours de procédure, à le commenter.

Maintenant, M. Lafrenière a été nommé à l'issue d'un processus qu'on connaît bien, avec un comité de sélection indépendant qui a nommé trois personnes aptes à exercer la fonction et nous avons considéré, j'ai considéré, que la question de la continuité dans l'autorité de l'UPAC était importante. C'est un organisme qui est relativement jeune, à l'époque, qui était en voie d'établissement et de constitution. Il m'apparaissait particulièrement important d'assurer la continuité.

Je vous rappelle qu'avec le projet de loi n° 107 également, qui se trouve déjà devant l'Assemblée nationale, on va ajouter à ce mode de nomination, qui était celui, en passant, recommandé par la commission Charbonneau, on va ajouter un comité de surveillance de l'organisation pour poser des genres de questions qu'on voit soulevées, celles que vous soulevez et d'autres, en toute indépendance et avec reddition de comptes à l'Assemblée nationale. Alors, je pense que c'est important que ce projet de loi soit adopté.

M. Lacroix (Louis) : Je comprends que vous ne voulez pas commenter ce qui se passe devant le tribunal, sauf qu'il y a quand même des policiers qui, ce matin, sous serment, ont parlé d'une désorganisation à l'UPAC, d'un climat de travail pourri pour utiliser l'expression qui a été utilisée devant le tribunal. Est-ce que M. Lafrenière, compte tenu de tout ce qui s'est passé depuis, je dirais, quelques mois, là, à tout le moins plusieurs semaines, est-ce que M. Lafrenière est toujours l'homme de la situation?

M. Couillard : Il faut dire oui. Il faut à tout prix maintenir le lien de confiance avec nos institutions. Et toute parole d'un élu, notamment d'un élu gouvernemental, sur une institution comme l'UPAC va déstabiliser les institutions et les rendre plus fragiles. Ce n'est pas le rôle d'un gouvernement de fragiliser les institutions. Maintenant, je vous rappelle encore une fois que la mise sur pied du comité de surveillance va être une amélioration considérable.

Je vois bien, M. Lacroix, je vois bien ce qu'on écrit sur le climat de travail, par exemple, c'est important, mais est-ce que c'est à moi, comme élu, de faire un commentaire sur le climat de travail d'un corps policier? Je ne crois pas. On aura là un groupe de personnes indépendantes, nommées, en passant, par l'Assemblée nationale, qui feront rapport à l'Assemblée nationale sur ces questions.

M. Lacroix (Louis) : C'est parce que vous êtes en train de créer ce corps policier là en sachant...

M. Couillard : Non, ce n'est pas le corps policier, hein? Le corps indépendant et le comité de surveillance.

M. Lacroix (Louis) : Mais, avec la loi n° 107, on crée on corps policier indépendant...

M. Couillard : Oui, et le comité de surveillance.

M. Lacroix (Louis) : En sachant qu'il y a quand même un climat de travail qui est pourri, est-ce que c'est le bon moment de créer ce corps policier là, cette entité-là?

M. Couillard : Vous avez, il faut gouverner, prendre des décisions pour l'avenir, là, pas uniquement pour le moment présent. Les questions soulevées actuellement, encore une fois, la meilleure réponse à y apporter, c'est l'adoption du projet de loi et notamment la mise sur pied du comité de surveillance.

La Modératrice : Merci beaucoup.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour à tous.

M. Couillard : Bonjour.

Mme Prince (Véronique) : Tous les partis veulent être le parti des familles ces temps-ci, et, quand vous êtes arrivés en poste, en 2014, compte tenu de l'état des finances publiques, vous aviez dit que vous aviez à prendre une décision qui n'était pas facile : la modulation des tarifs de garderie.

Maintenant que l'économie va mieux, maintenant que vous dites que les Québécois... vous pouvez leur redonner l'argent, est-ce qu'il y aurait possibilité de revenir sur la modulation des tarifs de garderie, puisque c'est une mesure qui était souhaitée de plusieurs?

M. Couillard : Oui, alors, sur cette question, Mme Prince, si vous faites le tour des démocraties avancées qui ont des services de garde soutenus par l'État, la quasi-totalité ont des tarifs modulés selon les revenus des parents. Ça me paraît clair.

Je vois M. Lisée qui dit qu'il faut mettre le même tarif pour tout le monde. En clair, ça veut dire quoi? Prenons notre même famille, qui fait chacun 45 000 $... 90 000 $, eux autres vont payer le tarif de base... 8,75 $ actuellement, oui? Le couple de médecins spécialistes, à 800 000 $ par année, il va aussi payer 8,75 $. Est-ce que c'est de l'équité, ça? Je ne crois pas. Je pense qu'il doit y avoir un aspect progressif dans cette participation aux coûts, premièrement.

Deuxièmement, lorsque le rapport... pardon, lorsque le système a été créé, la contribution des contribuables généraux était de 80 % et des parents utilisateurs de 20 %. Avec les gels prolongés de tarifs, qui ne sont jamais une bonne idée, en passant, on a baissé à 13 %. Donc, la contribution des contribuables a fortement augmenté par rapport à celle des parents utilisateurs. Tout ce qu'on fait là, c'est de leur remettre au niveau historique, 80-20, pour avoir des ressources pour faire autre chose pour les familles, notamment des mesures de conciliation et investir en éducation, par exemple.

Alors, moi, je pense que c'est une bonne orientation. Je voyais récemment, dans un journal de Toronto, le Centre canadien pour les politiques alternatives — je ne sais pas si je traduis bien leur nom, là — qui a publié les tarifs médians de toutes les grandes villes canadiennes pour les services de garde. Maintenant, avec les changements qu'on a apportés, le Québec se trouve de loin, de loin en tête. C'est incroyable, d'ailleurs, voir la différence de coûts de service de garde aujourd'hui entre des parents de Montréal et des parents de Toronto. C'est incroyable. Je ne sais pas comment les gens de Toronto font, avec des revenus qui ne sont pas tout le temps beaucoup plus élevés que les nôtres nécessairement, pour affronter ça.

Alors, je pense qu'il faut maintenir un service de garde très accessible et que la modulation selon le revenu, c'est une question de justice dans la répartition des efforts qu'on fait.

Mme Prince (Véronique) : Bien, à ce moment-là, est-ce que vous pourriez... Je ne sais pas si je vais bien l'exprimer, mais est-ce que vous pourriez à ce moment-là abaisser les seuils, revoir les... qu'il y ait encore une modulation, mais...

M. Couillard : Tout programme public est toujours sujet à révision puis à discussion, mais je vous rappelle cette question fondamentale de la répartition de l'effort, cette question du 80-20. Quel est l'effort qu'on demande à l'ensemble de la société qui, en majorité, est constituée de gens qui n'utilisent pas les services de garde, mais qui le font par solidarité parce que c'est important pour la société, et seulement les parents utilisateurs?

Alors, on revient à l'historique 80-20. Pourquoi? Parce qu'on va garder des ressources financières, parce qu'un million de dollars mis là, tu ne peux pas le mettre ailleurs. Alors, moi, je veux continuer à investir en éducation, je veux continuer à investir pour la conciliation travail-famille, en santé publique. Toutes ces initiatives pour les familles sont très importantes. Et il ne faut pas faire l'erreur qu'on a faite dans le passé, se remettre sur une trajectoire où, dans quelques années, il y a un autre gouvernement qui va arriver et va dire : Bien là, il faut qu'on rétablisse ça encore, il faut qu'on le remette comme c'était avant et créer une autre modification. Je pense que les gens s'habituent à ce système-là, je pense qu'il est foncièrement plus juste que celui qui existait auparavant.

Mme Prince (Véronique) : Mais, en fait, ma question, c'est : Tout en gardant la modulation, est-ce que, pour les familles avec un revenu x, il y aurait quand même possibilité de dire : Bon, bien, compte tenu que l'économie va mieux, on va permettre à ces familles-là de payer un tarif moins élevé que ce qui était prévu depuis 2014?

M. Couillard : Les familles, en majorité des familles de la classe moyenne, ne paient pas plus, ou presque pas plus que le tarif de base. Si vous regardez la structure des revenus du Québec et les revenus médians des familles, la plupart des gens, on leur a épargné le 9 $ que les autres partis leur promettaient en 2014.

Est-ce qu'un programme public peut toujours être soumis à réévaluation? Bien sûr, mais actuellement on préfère mettre les efforts fiscaux, les efforts financiers sur les autres enjeux qui interpellent les familles, notamment les questions liées à la conciliation famille-travail-études.

La Modératrice : Merci.

M. Cormier (François) : Bonjour, M. Couillard. François Cormier, TVA. Vous pourriez proroger les travaux quand vous voulez. Est-ce que vous vous engagez à ce que la Chambre siège jusqu'à juin?

M. Couillard : Je ne vois aucune raison de proroger les travaux.

M. Cormier (François) : Est-ce que vous vous engagez que la Chambre siège jusqu'à juin?

M. Couillard : Bien oui. Bien, la conclusion à ce que je viens de dire, c'est ça. On a beaucoup de travail, hein, et, en fait, il y a tellement de travail devant nous qu'on veut tout faire pour utiliser... On nous a dit ce matin qu'on avait quoi, 47 jours de travaux parlementaires. On a des projets de loi à adopter, on a des projets de loi à déposer. Tiens, celui de l'assurance parentale, là, ça prend un projet de loi. Le plan de lutte à la pauvreté, ça prend un projet de loi. Il faut faire avancer ces choses-là.

Et, en passant, on aura l'occasion de voir ce que les partis d'opposition font, notamment la CAQ, sur la pauvreté. J'ai hâte d'entendre M. Legault sur la pauvreté. Je trouve ça absolument incroyable que quelqu'un qui veut être premier ministre du Québec ne parle jamais de la pauvreté et de la lutte à la pauvreté.

M. Leitão : Un autre projet de loi important, c'est la Régie des rentes...

M. Couillard : Ah! excuse-moi.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Leitão : Régie des rentes, qui fonctionne déjà. On arrive presque à la fin, il faut continuer. C'est important de l'approuver aussi.

M. Couillard : Il y a du travail.

M. Cormier (François) : Concernant les infirmières, on a fait des tribunes téléphoniques avec certaines d'entre elles, on comprend la mécanique avec le syndicat, ça va, mais il reste que, quand on les écoute, on a l'impression que M. Barrette, c'est l'incarnation de tous les maux dans le système de santé, à tort ou à raison, là, entendez-moi bien.

Mais qu'est-ce que vous allez faire pour dire aux infirmières de revenir travailler, de poser leur candidature pour les postes? Parce que visiblement le fait que ce soit M. Barrette, ça ne passe pas chez les infirmières.

M. Couillard : Vous savez, quand on est ministre de la Santé, là — je l'ai été — on est celui ou celle qui reçoit la convergence des insatisfactions d'un système qui, par définition, ne peut pas répondre à tous les besoins. Ressources limitées dans le cadre de besoins presque infinis, c'est la nature même de la fonction de ministre de la Santé.

Maintenant, le même Dr Barrette, notre ministre, qui est très actif, très énergique, a fait en sorte qu'il y a 1,3 million de Québécois de plus qui ont accès à un médecin de famille, a fait baisser — on n'est pas encore arrivés au bout, mais on va dans la bonne direction — les temps d'attente aux urgences, a amélioré l'accès aux chirurgies, a mis sur pied ces cliniques où les gens peuvent aller les fins de semaine et les soirs, comme on avait promis. Alors, il y a des améliorations importantes en cours, et on veut continuer.

Maintenant, sur la question spécifique des infirmières, moi, bien sûr, comme tous les Québécois, j'apprécie beaucoup, beaucoup le travail des infirmières, et mon passé professionnel fait en sorte que je les ai côtoyées de très près. Elles ont tenu la main de mes patients quand j'étais à l'hôpital, alors, s'il y a quelqu'un qui apprécie et reconnaît leur travail, c'est bien moi. Alors, je vais faire une distinction entre l'infirmière au travail avec ses patients, que je connais très, très bien, et, bien sûr, leurs porte-parole. Sans porter de jugement sur elles, c'est un discours qui est différent.

Ce que je voudrais redire, je pense que le Dr Barrette vous l'a dit un peu, mais je vais le redire, on a signé une convention collective avec le syndicat des infirmières, qu'elles-mêmes, à l'époque, ont qualifié d'historique, parce qu'elle donnait ce qui était demandé, notamment un plus grand nombre de postes à temps plein. Et j'ai peur, en voyant ce noircissement, là, de la situation, qu'on va perpétuer le problème. Parce que les postes sont là, ils sont budgétés, mais les infirmières ne font pas application sur les postes parce que, disent-elles, on ne veut pas faire de temps supplémentaire obligatoire.

Alors, vous voyez un peu l'absurdité de la situation, là. Moins il y a de personnes sur les temps complets, plus il va y avoir de temps supplémentaire, moins il y a de personnes qui appliquent sur les postes à temps complet, plus la situation va perdurer. Bon, comme je l'ai dit, hier, je crois, tout l'argent est là, là, pour cette disposition de la convention collective. Si elles ont des idées pour l'utiliser mieux, qu'elles viennent nous voir.

M. Cormier (François) : ...syndicat, M. Couillard, avec tout mon respect, là, vous parlez aux syndicats. Qu'est-ce que vous dites aux infirmières?

M. Couillard : Bien, moi, ce que je vais dire aux infirmières, c'est d'abord ce que je viens de leur dire, moi, personnellement, Philippe Couillard, qui a pratiqué la médecine avec elles pendant des années, sur l'appréciation immense que j'ai pour leur travail. Vous savez, il y a bien des choses que les infirmières font au chevet du patient que les médecins ne prennent pas le temps de faire, et ça, je vais le dire de façon très claire, et on doit tous leur être très, très reconnaissants pour ça.

Elles ont, ils ont, mais surtout elles ont devant elles un ministre qui est entièrement tourné vers les patients. Ça, je peux vous le dire, j'en suis témoin quotidiennement. Il faut qu'elles travaillent avec lui, et la meilleure façon de commencer à travailler avec lui, c'est de s'assurer que les postes soient remplis, soient occupés. Le jour où les postes à temps complet sont occupés, il va y avoir beaucoup moins de pression sur le temps supplémentaire obligatoire. Plus ces postes sont laissés vacants, plus la situation du temps supplémentaire va perdurer. Alors, il faut briser ce cercle vicieux.

La Modératrice : Merci.

Mme Cloutier (Patricia) : Bonjour à tous. Patricia Cloutier du journal Le Soleil. Ce que j'aimerais savoir, c'est que vous avez dit tout à l'heure : Il nous faut un projet de loi pour les changements qu'on vient d'annoncer au RQAP. Quelles lois vous allez modifier? Allez-vous en profiter pour amener d'autres mesures de conciliation travail-famille?

M. Couillard : Alors, deux questions. D'abord, il y a une loi constitutive — je ne vois pas François, il est là — il y a une loi constitutive pour le régime et donc il faut, bien sûr, agir à travers cette loi. Mais ce n'est pas tout ce qu'on veut faire. Souvenez-vous qu'on a dit qu'on allait ouvrir la Loi sur les normes du travail. Quand j'ai parlé de temps puis de vacances, je ne parlais pas dans les airs, là. Alors, c'est clair qu'on a des objectifs assez concrets sur cette question-là, puis vous verrez quand Mme Vien déposera son projet de loi. Alors, c'est ça, puis, au budget, il pourrait y avoir d'autres éléments qui ne sont pas nécessairement législatifs également pour nous aider là-dedans.

Et je pense que c'est important de se rendre compte de ce changement-là. Moi, je suis de la génération pour laquelle, le travail, c'était tout. J'ai passé des jours et des soirs à mon travail puis, je dois le dire, ça m'a fait négliger même ma famille comme beaucoup de mes collègues de l'époque, puis je le regrette aujourd'hui. Alors, les jeunes familles qui vivent ça maintenant disent : Moi, je ne veux pas ce modèle de vie là. Moi, je veux du temps de qualité avec mes enfants puis, si mes parents sont malades, je suis inquiet, bien, je veux avoir du temps pour m'occuper d'eux également. Et c'est un changement de paradigme social, c'est un changement de société, et c'est une bonne chose, et il faut qu'on s'adapte à ça. C'est important de le faire pour le Québec. C'est aussi important que tout ce qu'on fait d'autre sur l'économie.

Mme Cloutier (Patricia) : Si vous voulez leur donner du temps, pourquoi ne pas aller plus loin et donner, par exemple, 18 mois de congé de maternité, paternité aux parents?

M. Couillard : Alors, François pourra vous l'expliquer, mais je vais peut-être le dire, puis, si je me trompe, tu me corrigeras. C'est que l'objectif pourrait être celui d'allonger le congé, mais en réduisant les prestations. Mais là, sinon, on va augmenter le coût... parce que le coût va être beaucoup plus élevé à ce moment-là, donc on va être obligé d'augmenter les contributions des employés et employeurs pour le régime. Est-ce que j'ai bien répondu? Oui.

M. Blais : Oui. Je peux peut-être ajouter une chose pour qu'il n'y ait pas de confusion, là, sur la réponse, là. C'est important de comprendre que ce l'on propose, hein, c'est majeur parce que c'est la possibilité de de scinder votre congé et de l'étirer sur deux années. En ce moment, vous pouvez le scinder, mais vous devez le scinder à l'intérieur d'une année. Quand vous le scindez, je vais aussi le mentionner, d'abord, vous devez avoir une entente avec votre employeur. Ce sera la même chose pour deux ans. On sait qu'il y a des employeurs qui seront d'accord pour différentes raisons, pour qui ça va convenir avec eux.

Maintenant, sur le 18 mois, il n'y a pas d'opposition de principe. Simplement, on n'a eu aucune demande formelle, importante pour ça. Il n'y a pas eu vraiment d'intérêt. Il faut comprendre que cette politique gouvernementale vient plutôt du fédéral. Le programme fédéral est beaucoup moins généreux que le programme québécois. Les services de garde sont beaucoup moins développés dans les autres provinces qu'au Québec. Donc, compte tenu qu'on n'a pas eu de demande formelle très fortes ni du monde syndical ni du monde des associations féminines, on ne croit pas aller dans cette direction.

M. Couillard : Puis peut-être... Puis moi qui suit témoin... Pas moi, maintenant, mais parmi nos enfants, de personnes qui bénéficient du régime, ce qu'ils me disent, c'est que oui, O.K., c'est bon, mais 70 % du revenu pour quelque temps, ça va, on s'habitue, mais, si ça se prolonge, bien, ça peut devenir problématique. Alors, il faut également tenir compte de ça.

La Modératrice : Merci.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Bonjour. Hugo Pilon-Larose de LaPresse. M. le premier ministre, vous avez dit tantôt que le système de santé ne peut pas répondre à tous les besoins par définition. Vous l'aviez dit également hier. Est-ce que de dire ça pour la population, les usagers du système de santé, c'est les condamner à être éternellement insatisfaits?

  M. Couillard : Non, c'est une réalité. Si on a un système de santé où les gens paient de leur poche eux-mêmes les services, par définition, tu as ce pour quoi tu paies et puis c'est ton problème. Mais, si on finance collectivement nos soins de santé, ce qui, je crois, est la meilleure option et de loin pour une société, la nature même des besoins de santé est qu'ils sont quasi infinis. Donc, en pratique et dans la réalité, il est impossible pour une société d'arriver avec des moyens financiers à cette hauteur-là.

Cependant, avec l'argent, les sommes importantes engagées dans le système de santé, on peut faire encore mieux que ce qu'on fait actuellement. Et c'est là qu'il faut innover, avoir des pratiques qui nous permettent de mieux utiliser des fonds publics. Donc, je pense qu'il faut au contraire rappeler qu'on est dans une démarche d'amélioration dont on voit quelques résultats et qui va se poursuivre. Mais est-ce que demain le système de santé peut répondre à 100 % des besoins avec des ressources limitées? Il faut également prendre conscience des limitations inhérentes à un système de santé publique.

M. Leitão : Il ne faut pas oublier qu'on a 38, 39 milliards de dollars en santé par année. C'est considérable.

M. Pilon-Larose (Hugo) : C'est le maximum quasiment qu'on peut mettre dans le système...

  M. Couillard : Ça dépend de la croissance de l'économie. Tu sais, il y a les autres missions de l'État. Par définition, l'argent qu'on met là, il ne va pas là. Par contre, en santé, il faut minimalement reconduire les services qu'on donne puis faire un peu de développement dans les endroits stratégiques et puis faire mieux. Alors, c'est pour ça que lorsqu'on parlait, par exemple, de modifier le mode de financement des établissements de santé, il y a des études en cours actuellement, mais on n'a pas débuté ça. Je pense qu'il faut débuter ça pour le prochain mandat pour faire en sorte que là on est un facteur de meilleure productivité.

Il faut utiliser encore mieux les sommes importantes qu'on affecte à la santé, mais ça coûte cher partout, la santé, pas juste chez nous. La différence, c'est c'est qui qui paie. Comme nous, on le paie collectivement, on en prend directement conscience comme société. C'est important.

Et on a au Québec également, il faut le rappeler, d'autres services publics que les autres provinces canadiennes, puis on n'a parlé que d'elles, n'ont pas. Je parlais tantôt du tableau des coûts médians de services de garde, c'est un important investissement, formidable pour le Québec. Le taux de participation au travail des femmes, au Québec, est maintenant le plus élevé grâce à cette modalité-là. L'assurance médicaments, au Québec, également, est beaucoup plus généreuse que ce qui existe ailleurs, et il y a quelques autres programmes de cet acabit-là.

M. Blais : L'assurance parentale.

M. Couillard : L'assurance parentale, mais ça, c'est l'employeur et l'employé. On paie, comme employeur, pour ça.

Alors, il faut regarder toute cette question dans l'ensemble. Peut-être que la bonne question, pour la santé, c'est : Quel est le pourcentage de la richesse collective d'une société qu'il convient d'affecter à la santé? Le pourcentage du PIB, si vous le voulez. Le Canada n'est pas le pays qui dépense le moins dans la santé, mais est-ce que les résultats sont nécessairement proportionnels à ce qu'on dépense? Je crois qu'on peut faire pas mal mieux, parce qu'il y a des sociétés qui dépensent la même chose ou moins, qui ont de meilleurs résultats, en termes surtout d'accès aux soins.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous devez présenter cet hiver, après un peu plus de 25 ans, je crois, vous devez présenter cet hiver une nouvelle politique culturelle, après 25 ans.

Quelle est la place qu'occupe la culture dans vos priorités? On sait déjà qu'elle a été retardée, repoussée, il y a eu beaucoup de changements de ministre au cours des derniers mois... la place qu'occupe la culture puis à quoi est-ce que qu'on peut s'attendre de cette politique-là?

M. Couillard : D'abord, pour moi, c'est excessivement important, non pas parce que c'est ce qui exprime notre identité québécoise, mais personnellement, moi, j'ai eu la chance de baigner dans un milieu culturel très stimulant dans mon enfance, et je sais à quel point ça m'a éclairé pour la suite des choses, et je veux que tous les enfants du Québec aient accès à la culture.

Alors, la raison pour laquelle le dépôt de la politique a été un peu différé dans le temps, ce n'est pas par manque d'intérêt, au contraire. C'est qu'on ne voulait pas déposer un document qui ne soit pas accompagné de moyens concrets et précis et dire aux gens : Plus tard, vous verrez les moyens. D'ailleurs, le milieu culturel, récemment, disait à notre ministre que, finalement, il trouve que c'était une bonne décision.

Alors, la politique, elle va être déposée et elle fera probablement l'objet d'une attention particulière du ministre des Finances lors de son budget. Mais c'est important. C'est important, et je pense que, d'après ce que je vois, que j'entends, il y aura des mesures intéressantes là-dedans, pour l'accès à la culture surtout.

La Modératrice : Merci.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à tous. Marie-Michèle Sioui du Devoir. M. Couillard, il y a un comité parlementaire à Ottawa qui vient de recommander qu'on fasse du 29 janvier une journée de lutte à l'islamophobie et aux autres formes de discrimination. Le mot «islamophobie» est là. Est-ce que ça pourrait vous amener à bouger, à changer de position?

M. Couillard : Bien, écoutez, moi, je vais répéter... je n'ai pas changé d'avis là-dessus, là. Je pense qu'il est malvenu de singulariser une forme de racisme. L'islamophobie, telle que je la comprends, là, c'est une forme de racisme dirigée vers les personnes de confession musulmane. L'antisémitisme, c'est une forme de racisme dirigée vers les personnes de confession juive. Le racisme envers les personnes de couleur en est une autre manifestation.

Est-ce qu'il faut commencer à hiérarchiser ou dire que cette forme racisme est supérieure, ou inférieure, ou prioritaire ou non par rapport à une autre? Personnellement, je ne crois pas. Je pense qu'il serait mieux de dédier une journée — d'ailleurs, ça existe déjà et c'est une initiative que beaucoup de pays ont, et le Québec a ça — de dédier une journée à la lutte contre le racisme et l'intolérance sous toutes ses formes et reconnaître, parmi ces formes-là, la présence chez nous d'un degré d'islamophobie, certainement, mais qui n'est pas la seule manifestation du racisme. C'est ma position.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Sur un autre sujet, quand on vous a parlé hier des infirmières, vous avez dit vouloir travailler avec les syndicats pour trouver des solutions. Vous l'avez un petit peu répété tout à l'heure. Ce matin, au 98,5, votre ministre de la Santé a dit exactement le contraire. Il a dit qu'il n'allait pas demander de solutions aux syndicats.

Comment vous expliquez que vous disiez une chose puis que le ministre de la Santé en dise une autre?

M. Couillard : Si, par solution, on entend la réouverture de la convention collective, on est tous les deux du même avis. Une convention collective, ça se signe, ça s'exécute et ça se ne se rouvre pas. Alors, je pense que c'est ça qu'on veut dire tous les deux. Ce que je répète, c'est que, si les sommes confirmées, disponibles, budgétées ne conviennent pas maintenant, alors que curieusement l'entente a été saluée auparavant, bien, qu'on nous le dise et qu'on nous suggère une autre façon de les employer. Mais je ne vois pas beaucoup d'autres façons de le faire.

Ça fait des années que les infirmières disaient : Bien, il faut nous donner plus de postes à temps complet pour avoir moins de temps supplémentaire. On le fait, puis les gens n'appliquent pas sur les postes. Alors, moi, je ne pense pas qu'on peut gérer une unité de soins sur le sur appel puis le temps partiel. Ça devient ingérable, là. Alors, si on veut stabiliser ça, il faut que beaucoup d'infirmières appliquent sur les postes, qu'ils soient remplis en grand nombre. Sinon, j'ai peur qu'on s'engage dans un cercle.

Mais moi, je suis toujours prêt à dialoguer avec les gens, mais il n'est pas question de rouvrir une convention collective, là. Il est question de voir comment est-ce qu'on peut mieux employer les sommes qu'on a rendues, à leur demande, à leur demande, disponibles et qui ont été saluées et qualifiées d'historiques au moment de la signature de la convention ratifiée par 90 %, si ma mémoire est exacte, des membres du syndicat. Alors, je pense qu'il faut une certaine cohérence également.

La Modératrice : Merci.

M. Nadeau (Rémi) : Oui. Rémi Nadeau du journal... Vous avez donné quelques éléments, mais c'est la dernière période de travaux avant le rendez-vous électoral. Qu'est-ce qui est important pour vous vraiment d'accomplir avant de partir en juin?

M. Couillard : Bien, je pense qu'on a bien assis la relance historique du Québec depuis 2014. Tu sais, la première question qu'on se pose quand on va voter, c'est : Est-ce que je suis mieux qu'à la dernière élection? Est-ce que le Québec va mieux qu'en 2014? De façon incontestable, la réponse est oui, et c'est vrai pour la majorité des régions et c'est vrai pour beaucoup de citoyens sur plusieurs plans.

Ce que je veux ajouter d'ici la fin du mandat, un élément sur lequel on n'avait pas beaucoup insisté dans nos présentations électorales en 2014, c'est la question de la qualité de vie, de la conciliation travail-famille, du temps pour les familles, parce que c'est devenu tellement actuel, tellement réel, qu'on a l'intention d'agir là-dessus et qu'on a en plus maintenant des marges de manoeuvre pour le faire de façon plus concrète. Un.

Deuxièmement, qu'est-ce qui est apparu? Et moi, ça fait quelques années que je le disais, mais curieusement, ça ne semblait pas retrouver d'écho. Quel est le défi économique majeur du Québec actuellement? La pénurie de main-d'oeuvre. M. Legault n'en parle pas, en passant. Si vous avez remarqué, il ne parle pas de ça, parce que, s'il parle de ça, il va falloir qu'il reconnaisse qu'il s'est trompé pour l'immigration. Alors, il n'en parlera pas ou peu.

Alors, la question de la pénurie de main-d'oeuvre, il faut s'en occuper activement. David Heurtel, le collègue François Blais, les autres sont là-dessus. Il faut qu'on soit capables, par exemple, de dire, pour chaque région : Voici le nombre de travailleurs dont on a besoin. Et les travailleurs vont venir pas seulement, mais ils vont venir beaucoup de l'immigration. Il faut les amener dans les régions, et c'est maintenant près de Montréal. Vous avez vu, même, près de Montréal, il y a des problèmes de pénurie.

Alors, la question de la qualité de vie, la conciliation famille-travail-études et la question de la pénurie de main-d'oeuvre constituent pour moi des enjeux de société majeurs sur lesquels je veux déjà avoir déployé des actions lorsque le rendez-vous électoral se produira.

M. Nadeau (Rémi) : L'économie va bien. Vous avez posé des gestes importants : baisses d'impôt, réduction de taxe scolaire annoncée, et on voit que ça ne fonctionne pas selon les sondages. Est-ce que vous avez comme la perception que le sentiment d'usure du gouvernement, parce qu'il y a eu un gouvernement libéral évidemment avant le vôtre, pendant plusieurs années, ne vient pas comme porter ombrage et faire en sorte que le reste de votre travail est comme sous-estimé, autrement dit, par l'électorat.

M. Couillard : Écoutez, moi, je vais répondre que, pour moi, on est récemment arrivés, là. Moi, je suis en politique depuis moins longtemps que M. Legault, là, en passant, et puis je demande un deuxième mandat, pas un 154e mandat, là, un deuxième mandat de gouvernement. Et je pense que, compte tenu des résultats qu'on a obtenus, mais pas seulement ça, des propositions qu'on va mettre sur la table, on va mériter ce deuxième mandat-là. Le reste, c'est les électeurs qui répondront.

M. Leitão : En tout cas, vous avez bien fait de constater que l'économie va bien.

M. Couillard : Oui, j'apprécie. J'apprécie.

M. Leitão : Parce c'est ça, l'économie va bien.

M. Plouffe (Robert) : Robert Plouffe, Journal de Montréal. Ce qui a beaucoup, sans jeter de l'ombre sur vos annonces, mais ce qui a beaucoup retenu l'attention, c'est le conflit larvé l'an passé entre évidemment Guy Ouellette, qui est votre député, et M. Lafrenière. On croit comprendre que M. Ouellette, lui, aurait préféré M. Gallant plutôt que M. Lafrenière.

Est-ce que vous pensez que ce genre de conflit là, justement, ne vient pas nuire à votre propre gouvernement puis à l'image du gouvernement? Est-ce que vous faites toujours confiance à M. Ouellette? Le saviez-vous d'ailleurs qu'il préférait M. Gallant plutôt que M. Lafrenière?

M. Couillard : M. Ouellette va témoigner. C'est son devoir de citoyen, il va le faire. C'est un membre à part entière de notre équipe. Je l'ai dit il y a plusieurs fois... il y a plusieurs semaines. Je vais le répéter encore une fois aujourd'hui, la décision de nomination, j'ai expliqué tantôt, le critère principal, c'était le critère de la continuité. Puis je n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails de qui a dit quoi à qui à quel moment, parce qu'ultimement c'est ma décision. C'est la décision du gouvernement de choisir, parmi trois personnes jugées éligibles au poste, la personne qui est la mieux qualifiée, au moment présent, pour occuper le poste. Pour moi, il était capital d'assurer la continuité de cette jeune organisation, alors qu'elle commençait, on le voit, à mener beaucoup d'activités.

M. Plouffe (Robert) : Est-ce que M. Gallant faisait partie de cette courte liste?

M. Couillard : Je n'ai aucune intention de parler de ça.

La Modératrice : Merci. M. Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles) : M. le premier ministre, sur le RQAP, est-ce que le plus gros employeur au Québec, c'est-à-dire le gouvernement, va prêcher par l'exemple et permettre les souplesses que vous voulez amener, là? Je pense au secteur aussi de la santé. Ça peut être compliqué, dans le réseau de la santé, de permettre un retour progressif aux infirmières.

M. Couillard : Bien oui, bien sûr. Et, vous savez, la question de la productivité des gens... ce que j'ai dit tantôt, puis j'en suis profondément convaincu, là, on n'aurait pas dit ça il y a 10 ans, en passant, hein, mais maintenant je le dis avec beaucoup de certitude, un employé heureux, moins inquiet pour ses enfants ou ses parents, qui a le temps de souffler avec sa famille, c'est un employé plus productif. Puis je pense qu'au total, au final, comme on dit, l'employeur y gagne, y compris l'État.

Puis vous savez qu'il y a d'autres dispositions qui existent, comme les congés différés, qui existent dans la fonction publique, où quelqu'un peut s'absenter, acheter préalablement du temps puis passer un an ou deux à l'écart du travail, et je pense que les employeurs sont au fait de ça et s'y adaptent bien, d'où l'importance, comme disait Carlos tantôt, de doter les organisations de bonnes ressources humaines, de bonnes capacités de gestion de ressources humaines. Et, pour les petites entreprises, elles n'ont pas les moyens, eux autres, de se constituer un département de ressources humaines comme tel, là. Alors, je sais que Carlos regarde cette question-là avec les employeurs, mais oui, bien sûr, ce serait absurde que l'État, comme employeur, ne donne pas l'exemple.

M. Lecavalier (Charles) : Sur les infirmières, bon, on parle, depuis quelques jours, là, de ces postes à temps complet affichés, où il n'y a pas de candidature. Est-ce que ce n'est pas la démonstration que les conditions de travail ne sont pas assez bonnes? On sait, par exemple, que les infirmières peuvent avoir un très bon salaire dans des agences privées. Peut-être qu'elles sont plus attirées par ces agences plutôt que...

M. Couillard : Selon les informations que j'ai, le recours aux agences privées n'a pas augmenté, même qu'il a souvent diminué, mais vous pourrez vérifier ces chiffres-là avec le ministère de la Santé.

Non, c'est que, puis je pense que je vais le dire de façon très simple, lorsqu'on dépeint continuellement une image négative du réseau de santé et même des postes à temps plein, bien, on arrive à des résultats comme ça, alors que le poste à temps plein était recherché de façon presque... presque un rêve, là, pour... Moi, je me souviens, quand j'étais en pratique, que beaucoup d'infirmières étaient sur appel, attendaient la possibilité d'avoir un poste à temps plein. Alors, on en offre maintenant. Il faut absolument dire aux infirmières, et c'est à elles de se le dire ensemble : O.K., on va remplir tous les postes à temps complet qui sont disponibles, on va juger de l'impact sur le fameux TSO, là, temps supplémentaire obligatoire et, s'il faut aller plus loin, on ira plus loin avec notre partenaire gouvernemental. Mais il faut remplir ces postes-là parce que, sinon, ça devient absurde. Tu sais, c'est comme un cercle vicieux dont on ne sortira jamais, là, et je pense qu'il faut aller dans cette direction.

La Modératrice : Merci. On va y aller en anglais.

Mme Johnson (Maya) : Hello. Maya Johnson, CTV News. Good afternoon, everyone. You've talked often about the sandwich generation. I've heard that term used multiple times over the past couple of days. Why is your Government paying particular attention to this specific demographic right now?

M. Couillard : Because we are a government of our time, first, and second, because we listen to people. You know, when we went around in the recent months, I always give the example of Isabelle Melançon, who did her by-election in Verdun, I think, a year and a half ago, or some... in this ball park. I asked her after : What did the families talk to you about the most? What do they want? There was one word : «du temps», time. And then, we I see the surveys, when I see what people say, what their priorities are in Québec particularly, I know that this is the right moment and the right subject to be putting attention on.

So it's important, because there's a big societal shift now on many aspects. Technology is one of them, but this question of quality of life... You know, in my generation, work was everything, work, work, work, to the extent that sometimes you don't spend a lot of time with your family, and I regret that. I wish I would have spent more time at certain moments with my family.

Now, the young families, younger generations tell us : We don't want to live like this, you know. And forget about this and that, other things you want to give me, I want time, I want oxygen. So, when the CAQ tells Quebeckers that they think they don't work enough, we say no, they want more oxygen, they want more time. So this is why. It's not something that we picked out in the air, it's something that people talked to us about and this is the way to govern.

Mme Johnson (Maya) : Can you explain how the changes to the Québec insurance plan would work, the provincial insurance plan, and whether you believe employers will be on board as well despite your intentions?

M. Couillard : Well, first, employers must be on board, because, as is the case now, the employee, before giving his or her program for parental leave, has to present it to the employer and reach an agreement. So that's something that exists and will still exist.

Now, what this adds is flexibility, the possibility to stretch a little bit the time off with your child, to come back progressively. For example, someone could elect to come back progressively at four days a week. I know a lot of young families that tell me that they wish they would have had this capacity to choose that way of coming back to work. So it's essentially going around the question of flexibility.

The other option would have been to extend the length of the leave, but then you have to decrease the benefits. Otherwise, you'll start charging more to the employers particularly and also the employees. So we found it preferable to keep the length roughly as it is now, but give more flexibility in how you use it. I think that's…

Mme Johnson (Maya) : So, it's flexible but cost neutral.

M. Couillard : Cost neutral. The employers and employees will not pay a cent more. And why? By the way, it's interesting. Why is it the case, so there is a fund created specifically for that? Why is there much money in the fund? Because more people work, so more people work, more people pay for the system, therefore we have more money, therefore we can increase the benefits. And the wages are better. So, if the wages increase… So it's a percentage, so people pay more by virtue of the percentage. So all come back to the good, good standing of our economy right now in this and other things too.

La Modératrice : Merci.

Mme Montgomery (Angelica) : Hello. Angelica Montgomery, CBC. So, just to be clear on this, an employer does not have the power to say that a woman can't go on maternity leave. Will an employer have the power to say : No, you can't come back progressively or go on vacation. To what extent will this be optional?

M. Couillard : Well, it's a negotiation process, you know. François, can they refuse?

M. Blais : Yes, yes, but you have to differentiate the parental leave and the maternal, hein? For a woman, hein, it's impossible for an employer to say no, but, if you want just to cut your leave into two or three parts, you have to negotiate an agreement with your employer. It's now the actual situation. It will be the situation after the change.

Mme Montgomery (Angelica) : Now, we haven't got any kind of press release on this or anything in writing. When are we going to see the details to this idea in terms of…

M. Couillard : Sorry. When the bill will be tabled. Otherwise, I know people in the Assembly that would a little bit mischievous and would say : Ah! you gave details of your bill before you tabled it.

So, unfortunately… I think you have the main direction where we're going to go, but you have to wait until the bill is tabled, and it shouldn't be too long, François, before we do this, and then you can actually see the details. And, of course, there will be hearings and there will be discussions, and then hopefully we can adopt that bill.

Mme Montgomery (Angelica) : So what you're proposing right now might not actually be what is implemented in the end. Are we expecting to see this before you go to election?

M. Couillard : Of course. The bill will be tabled. Not only that, I want it to be adopted. And that's going to be an interesting time because we're going to adopt… to table the bill on parental leave, we're going to table the bill on the poverty plan.

So, if Opposition parties play games and want to block or stop the bills, what are they telling the public? That they don't want to give parents more leaves, that they don't want to fight poverty. Mr. Legault never talks about poverty. Maybe it's not interesting for him, but we'll see. It will be revealing to see the way the Opposition parties will deal with these proposals that are entirely to the advantage of families in Québec.

Des voix : Merci.

(Fin à 14 h 24 )