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Conférence de presse de M. Jean-Marc Fournier, ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, et leader parlementaire du gouvernement

Son avenir en politique

Version finale

Le lundi 5 mars 2018, 14 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quatorze heures)

M. Fournier : Merci beaucoup d'être là. J'ai une déclaration. J'espère que vous n'allez pas la trouver trop longue. J'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire, alors j'espère que je vais vous en communiquer autant et puis, après ça, évidemment, je prendrai quelques questions.

Je suis arrivé à Québec à l'automne 1990, au bureau de Michel Pagé, leader du gouvernement de l'époque, pour accompagner les députés libéraux qui participaient à la commission Bélanger-Campeau, qui discutaient alors de l'état de nos relations avec le reste du Canada. Aujourd'hui, je promeus l'affirmation du Québec et de nouvelles relations canadiennes et j'occupe le poste de leader du gouvernement, une fonction que j'aurais, dit-on, assumée durant la plus longue période depuis que cette fonction est apparue, au moment de la Révolution tranquille. Aussi bien dire que la boucle est bouclée.

Permettez-moi quand même un mot sur notre politique d'affirmation du Québec et de relations canadiennes. Nous voulions sortir du tabou des 20 dernières et réinscrire les perspectives québécoises à la pensée académique canadienne et dans la construction du Canada de l'avenir. Au lancement de cette politique en réaction à l'image longtemps utilisée du fruit qui n'est pas mûr, je proposais la formule suivante : Si nous ne sommes pas au temps des récoltes, on peut quand même décréter la venue du printemps. Aujourd'hui, de nombreux penseurs ont été sensibilisés. Certains ont organisé des rencontres, conférences et journées d'étude. Des professeurs l'ont intégrée au cursus de leurs cours à McGill, Queen's et Ottawa.

Pour la première fois en 150 ans, la première ministre de l'Ontario a été reçue au salon bleu. À cette occasion, elle a insisté sur le caractère particulier du Québec et sur l'importance de l'asymétrie. Plus récemment, le chef du Parti conservateur et celui du NPD et ses militants en congrès ont fait écho à notre politique. Notre conviction est d'abord qu'il faut s'affirmer, se rapprocher, échanger, en somme, se faire connaître pour ensuite se faire reconnaître. Nous proposons de mieux organiser et d'intensifier les relations canadiennes du gouvernement et aussi celles de la société civile. Des actions en ce sens seront annoncées prochainement, et j'entends m'investir jusqu'au dernier moment.

J'annonce aujourd'hui que je ne solliciterai pas de mandat en vue de la prochaine législature. J'ai fait oeuvre de candidature dans sept élections provinciales et une élection fédérale. Depuis ma première campagne, en 1988, il se sera écoulé 30 ans. C'est sans doute le temps du changement pour moi et de nouveaux visages pour le Parti libéral du Québec au sein duquel j'ai oeuvré avec passion et enthousiasme au cours de ces années. Parmi les raisons de ma décision, il y a certainement celle de vouloir passer le relais. Le Québec change, notre parti politique aussi. De nouveaux visages, une nouvelle génération prendront les postes de commande.

Notre parti a 150 ans. S'il a atteint cette marque, c'est parce qu'il a toujours su être de son temps, pragmatique, confiant et ouvert sur l'avenir. Nous sommes toujours modernes à chaque époque, parce que nos valeurs sont celles du progrès économique et du partage, celles de l'inclusion et des libertés individuelles, celles du Canada qui ouvre la porte au Québec dans un Québec qui cherche à prendre une place. Ce ne sont pas de vieilles valeurs, ce sont des valeurs sûres. Ce sont les valeurs de ceux qui prennent la relève, et aujourd'hui encore le Parti libéral du Québec fait le changement. Ensemble, avec les Québécois de toutes les régions, nous faisons l'avenir. Un nouveau Québec apparaît. Nous sommes le Québec qui change pour le mieux.

Comme ce n'est pas non plus un départ immédiat, je me réserverai l'occasion de présenter plus tard mes sentiments et impressions. Je me permets quand même ici un survol pour évoquer le temps passé.

D'abord, comme député de Châteauguay de 1994 à 2008, puis de Saint-Laurent de 2010 à 2018, je me souviens de l'énergie investie avec bien d'autres pour enfin compléter l'autoroute 30, aujourd'hui devenue incontournable, pour protéger l'île Saint-Bernard ou pour lancer la modernisation de l'Hôpital Sacré-Coeur. De la passerelle, ici, on ne voit pas ce qui s'accomplit dans nos communautés. Pourtant, il y a dans notre Assemblée 125 députés qui quittent chaque jeudi après-midi avec un agenda de rencontres, des idées de mobilisation et une écoute de tous les instants pour ceux qui sont au coeur de notre démocratie, les citoyens du Québec.

Au gouvernement, on m'a demandé de redonner la parole aux citoyens dans le monde municipal, de régler deux grèves en éducation, de mettre fin aux prête-noms en matière de financement électoral et d'octroyer plus de pouvoirs au Directeur général des élections. L'accès à la justice, la protection des consommateurs, celle des propriétaires en copropriété, m'ont passionné, et puis le sport. Richard Legendre a imaginé Équipe Québec. J'ai pu réaliser ce programme pour donner une poussée à notre élite sportive, celle qui mobilise les jeunes à adopter un mode de vie actif. Et puis on a lancé le programme d'infrastructures sportives, aussi important pour la masse que pour l'élite. Préoccupés de bouger plus et de manger mieux, nous avons créé le bonhomme bleu, de mémorables souvenirs partagés.

Et puis on m'a fait l'honneur de me permettre de servir comme chef intérimaire du parti et chef de l'opposition officielle. Comme si ce n'était pas assez, j'ai participé à trois campagnes électorales sur l'autobus du chef de notre parti, en 2008, en 2012 et en 2014. Et qui sait de quoi est fait l'avenir? On m'a fait confiance, j'en suis très reconnaissant.

C'est certainement le moment pour remercier tous les collaborateurs qui m'ont accompagné au fil des années dans les différents cabinets. Au départ, nous étions de la même génération. Avec le temps, de plus jeunes se sont joints, ou est-ce moi qui prenais de l'âge. J'ai appris des uns comme des autres, et les uns comme les autres m'ont offert le meilleur d'eux-mêmes. Encore aujourd'hui, alors que j'annonçais ma décision à mes équipes du leader et du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, j'ai compris combien je suis privilégié.

Évidemment, il est difficile de laisser l'Assemblée nationale. J'ai un profond respect pour nos institutions démocratiques, et puis l'Assemblée est devenue mon second chez-moi. Comment prendre ses distances des collègues députés que j'ai eu tant de plaisir à côtoyer? Bien sûr, il y a eu des échanges vigoureux. Cela fait partie du métier, et, lorsque je suis allé trop loin, je me suis amendé, pas parce qu'on me le demandait, mais parce que la vigueur ne construit rien si elle n'est pas accompagnée de respect.

Comment quitter mes collègues du caucus avec qui nous avons tout vécu? La politique n'est pas un long fleuve tranquille, et c'est grâce à l'équipage qu'on réussit néanmoins à atteindre la destination. Mes collègues du caucus savent très bien l'affection que je leur porte. Nous formons une équipe où chacun doit apporter sa contribution. Il m'est revenu, en raison de mes fonctions, de me faire leur défenseur et leur protecteur face à la critique des autres membres de l'Assemblée. Ils m'ont toujours témoigné leur appui indéfectible et leur amitié. Je leur en suis très reconnaissant.

Et puis comment réussir à taire tout le bonheur que j'ai eu à côtoyer les journalistes durant toutes ces années? Depuis ma première présence dans cette salle, en 1994, accueilli par le doyen Normand Girard, qui était assis juste là, qui me lança comme première question : T'es qui, toi?, jusqu'à ma présence devant vous aujourd'hui. Bien sûr que cela me manquera.

Un mot, finalement, pour mes proches. Vous lisez les journaux du matin en pensant à nous. On y trouve peu de louages et parfois quelques critiques, contre-pouvoir oblige. Aujourd'hui, c'est moi qui m'adresse aux médias en pensant à vous. À mes parents, à mes sœurs et aux membres de ma belle famille, je veux vous dire ma grande affection. À ma femme Maryse et à ma fille Angéline, vous êtes ce que j'ai de plus précieux. Nous vivons une aventure formidable, et vous avez beaucoup donné. La politique est un don de soi, pas seulement pour celui qui est élu. Merci pour votre générosité, votre soutien sans faille et surtout pour la chaleur de votre amour. Derrière le résumé des manchettes, les colonnes des chroniqueurs et le fil des médias sociaux, il y a toujours une trace qui laisse une marque sur les membres de nos familles. À travers mon admiration et mon appréciation pour Maryse et Angéline, c'est à tous les autres conjoints et enfants de la politique que je pense et que je veux saluer. Votre sacrifice est grand et pas juste en temps.

On peut quitter l'Assemblée nationale, mais on ne quitte pas la politique lorsqu'elle fait partie de nos fibres. Pour l'instant, je reste, mais je ne reviens pas. Pour toujours, je crois, j'y porterai intérêt et respect. Merci beaucoup. Je vais prendre vos questions.

La Modératrice : Merci. Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Dans le fond, vous vous dites aujourd'hui : Allez, fais-le pour toi?

M. Fournier : Ah! bien, au moins, il y a là-dedans une suite avec Vasy. En fait, je crois que le tour de piste est fait. Je veux dire, la boucle est bouclée, jusqu'à un certain point. Ce n'est pas parce que je n'aime pas la politique. Vous le savez, vous me voyez à tous les jours. J'ai l'impression que, la semaine prochaine, vous allez me revoir puis vous allez vous dire : Bien, il aime encore ça.

Mais, en même temps, le chemin est fait, et je crois qu'à un moment donné, si on veut des nouveaux visages, il faut bien qu'il y en ait qui quittent. Et je crois que d'aller... d'espérer ces nouveaux visages, pour le Parti libéral, pour la prochaine campagne et pour le prochain gouvernement me semble assez important. Il est clair que la question du changement sera une question... est une question aujourd'hui, et je crois que le Parti libéral du Québec est encore celui qui peut le mieux l'offrir, avec des nouveaux visages.

M. Laforest (Alain) : Une réussite, un regret.

M. Fournier : Je n'ose pas... Je ne veux pas faire de liste des réussites et des regrets. Je dirai que je me suis intéressé, dans la petite déclaration que j'ai faite, à aborder la question de la Politique d'affirmation du Québec et de relations canadiennes.

Je suis arrivé ici, comme je le disais, pour un contrat de deux mois, dans la suite de l'échec de Meech, suivant... pour accompagner les députés à Bélanger-Campeau. De ça a découlé Charlottetown, a découlé le référendum de 1995, une grande période de tabous par la suite, de silences sur une perspective canadienne qui pourrait s'ouvrir pour le Québec. Et je crois que le Québec a changé, que le Canada a changé, et qu'aujourd'hui cette politique-là a la possibilité de nous donner de meilleures relations, une meilleure appartenance, qui n'enlèvera jamais en rien notre allégeance première au Québec. Mais on est dans un monde où on peut avoir des appartenances plurielles, et le Québec comme le Canada peuvent être, à cet égard, un modèle pour le monde. Et je crois qu'en quittant je laisse cette politique avec l'espoir qu'elle puisse continuer d'être partagée, notamment chez les académiciens, chez les penseurs, parce que je me dis que, par la suite, il y aura bien un effet chez la classe politique.

M. Laforest (Alain) : Je m'en voudrais de ne pas vous poser cette question-là. L'affaire Francoeur, est-ce que ça a joué dans la balance? Parce que, quand c'est arrivé, vous avez été vraiment ébranlé, je pense que tout le monde l'avait vu, puis ça a ébranlé pas juste vous, ça a ébranlé vos proches, puis vous avez passé le message sans le dire, j'ai l'impression.

M. Fournier : Quand on prend une décision comme celle-là, on fait... je ne sais pas vous, comment ça marche, mais... plusieurs personnes que je connais qui font les colonnes des plus puis des moins. Je dirais qu'il est dans la colonne des moins, il n'est pas dans la colonne des plus, mais, en même temps, ce n'est pas l'élément majeur de ma décision. Jusqu'à un certain point, tout ça s'atténue, mais ça fait partie de... C'est sûr que ça fait partie de la réflexion, mais ce n'est pas le coeur.

Le coeur de la réflexion, c'est... on réfléchit, on dit : On est rendu où? On veut faire quoi? Quels sont les autres pas qu'on veut faire? Est-ce que c'est nous qui ouvrons le plus d'horizons nouveaux ou si ce n'est pas des nouveaux visages qui vont se joindre à nous? Je suis évidemment membre du Parti libéral du Québec, je ne vous l'apprends pas. Je suis associé à ce parti avec beaucoup d'enthousiasme depuis longtemps et j'ai l'intention de tout faire pour que M. Couillard puisse être premier ministre à la prochaine... après la prochaine élection, le prochain mandat. Et je crois que d'avoir une contribution que je pourrai faire, notamment sur l'autobus, et celle de constater que d'autres peuvent venir pour apporter, ajouter de leur expérience au gouvernement, je pense que c'est un geste que je dois faire.

La Modératrice : Hugo Pilon-Larose, LaPresse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous mentionnez la relève en politique. Selon vous, les défis les plus pressants pour cette relève, pour la prochaine génération qui monte, c'est quoi?

M. Fournier : Bien, d'abord, je commencerais tout simplement par vous répondre que déjà, le nouveau Québec, il apparaît. On le voit peut-être moins au Québec, mais, quand on sort du Québec — et je n'ai pas besoin de vous dire que je le fais passablement, je serai à l'Île-du-Prince-Édouard demain puis en Nouvelle-Écosse après-demain, j'étais à Toronto la semaine dernière, je fais le tour pour parler de la politique d'affirmation et essayer de solidifier nos relations canadiennes — ceux qui nous regardent de l'extérieur constatent un leadership économique, je dirais, nouveau, là, de la part du Québec. Depuis deux ou trois ans, non seulement nos budgets sont-ils équilibrés, l'emploi est en création, plus qu'on ne l'aurait même imaginé. Lorsqu'on regarde les domaines d'innovation, d'intelligence artificielle, on est en avant de la parade. Alors, clairement, il y a déjà une nouvelle tendance qui est prise. Cet élan-là ne doit pas cesser.

Je suis obligé de dire que tout ce qu'on doit faire, quand on est député, c'est beaucoup dans l'ordre, quand on pense à nos commettants, c'est beaucoup dans l'ordre des services, comment on peut aider ceux qui sont les plus mal pris. C'est souvent ça. C'est impossible de le faire si l'économie tourne au ralenti ou si on n'a pas tous les moyens pour intervenir. Et donc je crois que ce qui a toujours été l'élément majeur, pour nous, la création de richesse pour pouvoir la partager, demeure ce qui doit être, je dirais, le principe qui doit guider la prochaine gouvernance. Et je suis bien convaincu que les nouveaux visages que le premier ministre voudra ou pourra aller chercher nous permettront d'assurer cet élan économique encore pour pouvoir offrir des services importants.

C'est impossible de viser la réduction de la pauvreté lorsqu'on prend l'engagement d'essayer de sortir 100 000 personnes de la pauvreté. Ça ne se fait pas si la création d'emplois n'est pas là, si la richesse n'est pas créée, si les rentrées de fonds ne sont pas là. C'est impossible. Alors, forcément, il faut qu'on puisse... si on veut s'occuper de notre monde, il faut être capable d'avoir des colonnes de revenus qui sont importantes et donc une économie qui va bien.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous mentionniez dans votre discours que le Nouveau Parti démocratique aura pris certains thèmes, là, que vous abordez dans la politique nationale. Est-ce que le NPD à Ottawa, présentement, c'est le meilleur interlocuteur pour le Québec?

M. Fournier : Moi, je pense que tous... si vous avez lu la politique, vous allez voir que, pour nous, tous les interlocuteurs sont bons. Alors, je suis amené à rencontrer des sénateurs. Ce n'est pas quelque chose qu'on faisait vraiment dans le temps, mais lorsque vous regardez la nouvelle dimension institutionnelle du Sénat, maintenant, il y a aussi des gens là qu'il faut aller voir.

Alors, moi, j'ai rencontré les caucus de chaque parti du Québec pour leur exposer quelle était notre politique, qu'est-ce qu'il y avait là-dedans. Ce que je souhaite, c'est que tout le monde comprenne que dans l'enjeu d'avoir un dialogue de rapprochement, il y a juste un meilleur moyen de se bâtir un pays avec des régions qui sont fortes.

Souvent, les gens ont tendance à dire : Bah, c'est le Québec qui demande toujours quelque chose. Honnêtement, allez faire un tour en Alberta puis en Colombie-Britannique ces temps-ci, vous allez voir qu'une politique de rapprochement, ils en ont pas mal de besoin. On a besoin de ça.

Mais il faut bien constater qu'on n'a pas tous les outils qui nous permettent de faire ce rapprochement-là et c'est ce à quoi la politique sert, et la tournée que je fais auprès des universitaires, c'est pour leur dire : On a peut-être besoin d'une contribution supplémentaire de votre part pour nous indiquer quels sont les modèles qu'on peut se donner pour développer une certaine forme de confiance entre les gouvernements et entre les gouverneurs, je devrais dire.

La Modératrice : Martine Biron, Radio-Canada.

Mme Biron (Martine) : Bonjour, M. Fournier. On vous reconnaît beaucoup un grand sens politique. Vous avez fait plusieurs campagnes électorales dans les bus des chefs, dont la dernière, peut-être la prochaine aussi. Pourquoi est-ce que vous partez maintenant? Dans l'ordre des choses, normalement, vous auriez dû annoncer ça en juin.

M. Fournier : Oui. J'aurais bien aimé, mais vous étiez tellement insistants. En fait, je dirais que vous avez commencé, vous, la Tribune, avez commencé à poser la question déjà dès le mois de décembre. Lorsque le Parti québécois ou certains membres du Parti québécois ont annoncé leur départ, il y avait comme un nouveau contexte qui était très visible. Avec les élections à date fixe, on n'est plus comme dans les anciens paradigmes. Ça a changé, on le voit bien. D'abord, votre intérêt pour ce genre de choses à plusieurs mois avant les élections, pour avoir fait plusieurs campagnes, on ne le dénotait pas de la même façon. Oui, normalement, il n'y aurait pas eu vraiment de moment de préélectoral comme on le vit avec l'intensité qu'on vit présentement, qui se vit à cause d'une élection à date fixe. Avant, on avait des signaux d'une élection qui s'en venait, bon, quelques... tu sais, deux ou trois mois avant maximum. Le bruit était encore plus fort lorsqu'il y avait des rumeurs d'autobus qui commençaient à être peinturés puis là... Alors là, il y avait une excitation sur qui serait candidat ou pas.

Mais maintenant, ce n'est pas le cas, et franchement, aussi bien le dire une fois que la décision est prise. Alors, il a fallu que je réfléchisse plus tôt, que je décide plus tôt. Je l'ai dit plus tôt, je pense que ça correspond au nouveau contexte des élections à date fixe, tout simplement, ce qui ne m'empêchera pas de faire, avec... et je pense que vous en êtes déjà convaincus que je vais faire avec autant d'intensité le reste de mon mandat que si je ne vous avais pas réunis cet après-midi.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que c'est possible que vous nous annonciez rapidement un dauphin ou une dauphine dans votre circonscription?

M. Fournier : Il ne m'appartient pas d'annoncer ni dauphin ni dauphine. Il y a... je rencontrais mon exécutif ce matin, l'organisation du parti et l'exécutif vont se contacter aujourd'hui. Ça va être à eux de voir pour la suite. Moi, j'assume le dernier mandat, je ne prépare pas le prochain dans Saint-Laurent. Je vais aider le premier ministre sur l'autobus, c'est vrai, mais pas dans le comté de Saint-Laurent.

Mme Biron (Martine) : Mais quand même, vous devez savoir ce qui se passe un peu dans votre circonscription.

M. Fournier : Bien, on sait ce qui se passe, mais pour l'instant, eux viennent d'apprendre quelque chose. Alors, on est au début de l'histoire.

Mme Biron (Martine) : Vous devez vous en douter un peu.

M. Fournier : Bien, c'est possible, je n'ai pas sondé tous les coeurs.

Mme Biron (Martine) : Mais le fait que vous partiez maintenant, ça donne quand même une certaine possibilité d'annoncer un candidat ou une candidate vedette plus tôt que tard dans votre circonscription?

M. Fournier : Oui et non. C'est une possibilité, c'est vrai, c'est une possibilité, mais encore, ça, ça revient à l'organisation du parti et pas à moi d'y répondre. Mais je pense que vous lisez bien, il y a une possibilité là.

La Modératrice : Marc-André Gagnon, Journal de Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour, M. Fournier. Dans votre comté, vous avez dit tout à l'heure, bien, si on veut qu'il y ait des nouveaux visages, il faut qu'il y en ait qui quittent. Est-ce que vous souhaitez que ce soit un jeune nouveau visage dans votre comté?

M. Fournier : Bien, merci de poser la question parce que, dans la formulation, je dis nouveau visage, nouvelle génération, ça peut laisser entendre que des nouveaux visages, c'est juste d'une autre génération. Je ne voudrais pas commencer à faire des générations privilégiées sur d'autres, surtout des nouveaux visages.

Je vais vous donner un exemple. À la dernière campagne, on avait ce qu'on a appelé le trio économique. Je ne veux pas faire offense à quiconque, ce n'était pas non plus des jeunes dans la vingtaine. Carlos a un certain âge. Il est encore très jeune, c'est vrai, mais il a un certain âge. Mais il est clair qu'ils ont tous les trois été très importants pour notre gouverne. Comme ministre des Finances, Carlos a réussi un exploit assez fantastique. Honnêtement, on partait avec un déficit énorme. Aujourd'hui, on a des surplus, tant et si bien qu'après tous les groupes d'intérêt demandent de toucher aux sommes d'argent les premiers.

Alors, on va se comprendre, on n'est pas à la même adresse qu'on était en 2014, là. Alors, forcément, des nouveaux visages, c'est des nouveaux visages comme ceux-là, qui ne sont pas nécessairement d'une seule génération. Ce qui serait bien, c'est d'avoir beaucoup de variété dans ces nouveaux visages.

M. Gagnon (Marc-André) : Sauf erreur, en 2008, lorsque vous avez quitté la vie politique pour une première fois, vous avez touché une prime de départ qui était d'à peu près 145 000 $, si les archives disent vrai. Comme vous quitterez seulement qu'en fin de mandat, est-ce que vous allez renoncer à une deuxième prime de départ?

M. Fournier : Je ne le penserais pas, pas plus que les autres ne le font. Ça fait partie non seulement de la loi, mais aussi des conditions de travail. Ce n'est pas parce que j'ai été ici pendant 14 ans, que j'avais ce droit-là, que je serai ici ensuite pendant huit ans, que je n'y ai plus droit. J'y ai droit aussi. Ça fait partie des allocations de transition. D'ailleurs, tous ceux… ou, en tout cas, au moins une personne du Parti québécois m'a informé qu'elle ferait la même chose aussi. Alors, je…

M. Gagnon (Marc-André) : ...ça vous revient, pourquoi pas.

M. Fournier : Ça fait partie de nos conditions de travail, c'est vrai. Et d'ailleurs ça m'amènerait peut-être à revenir sur un texte que j'ai écrit il y a peu, en fait, début janvier, je crois, sur la question des conditions de travail des députés, où je plaide que ces conditions de travail, elles doivent être correctes, parce qu'on doit aussi faire attention de ne pas dévaloriser le rôle des députés. Et ça fait aussi partie de ces choses-là.

Alors, on a fait des choix concernant les députés sur les primes de départ durant mandat. Elles ont été enlevées, mais pas celles après mandat, pour assurer la transition une fois que tu as complété tout ton mandat. Vous avez noté qu'en 2008 j'avais complété tout mon mandat et que je l'ai fait encore. Et je peux vous dire que, quand j'ai réfléchi à la prochaine élection, j'ai réfléchi en termes de tout un mandat. On ne prend pas une décision pour l'élection du 1er octobre 2018. Ceux qui vont être candidats prennent une décision jusqu'en 2022. C'est ça, la question qu'ils ont à répondre.

M. Gagnon (Marc-André) : Précisez là-dessus. Donc, en 2014, quand vous êtes revenu, là, et qu'il y a eu…

M. Fournier : Je suis revenu en 2010.

M. Gagnon (Marc-André) : Bien, en fait… Oui, mais à la dernière élection, là, quand vous avez décidé de vous représenter, dans votre tête, dans votre coeur, vous étiez là uniquement pour un dernier mandat?

M. Fournier : J'étais là pour le mandat. À chaque mandat, on se dit qu'on revient et on ne revient pas pour une journée. On revient pour le mandat. Mais je crois que moi, j'ai toujours fait cela. Et quand je me suis posé la question, si j'avais à revenir là, là, en 2018, là, j'allais revenir pour tout le mandat. Ce n'était pas une question de revenir pour un an ou deux, là.

Alors, quand on réfléchit comme ça, on n'apporte pas tout à fait la même réponse que lorsqu'on dit : Je m'en vais sur un contrat de deux ans, ou sur un contrat d'un an, ou sur un contrat de quatre ans. Ce n'est pas la même réponse qu'on apporte, peut-être à cause de l'âge, peut-être... peu importe, là. Mais, tu sais, c'est intense comme décision à prendre, là.

La Modératrice : Gilbert Lavoie, Le Soleil.

M. Lavoie (Gilbert) : Oui. M. Fournier, on sait que vous allez partir, mais on ne sait toujours pas ce que vous allez faire à 59 ans, 59 en octobre, là. La vie n'est pas finie.

M. Fournier : Oui, bien, moi non plus, je ne le sais pas. Ça fait qu'on va attendre après ça. Je ne sais pas...

M. Lavoie (Gilbert) : ...aucun projet?

M. Fournier : Je n'ai pas de projet puis, honnêtement, je ne suis pas sûr que je veux avoir des projets, là. Je n'en ai pas. Mon projet, c'est de finir mon mandat, et je suis assez à plein là-dedans, là. Demain, je vais à l'Île-du-Prince-Édouard, je continue de faire mes tournées, je suis à Halifax jeudi. Je suis encore leader du gouvernement la semaine prochaine...

M. Lavoie (Gilbert) : Mais après les élections...

M. Fournier : Oui, bien, c'est ça, mais, je veux dire, je ne suis pas en train de réfléchir à ça, là, pour l'instant. Mon mandat m'occupe assez. Ce que je sais, c'est qu'après l'autobus, là...

M. Lavoie (Gilbert) : ...ce n'était pas clair, ça?

M. Fournier : On m'a fortement insisté pour que je reprenne l'expérience. Il y a d'ailleurs certains collègues, qui sont dans la salle ici, qui sont très heureux de la chose. Il se développe quand même une certaine camaraderie dans ces campagnes-là, là. C'est assez intense, politiquement. Mais après je vais prendre un bon repos puis, après ça, je verrai pour la suite. Non, c'est vrai que ce n'est pas... Tu sais, 59 ans, là, je peux faire d'autres choses, mais je n'ai pas encore arrêté de projet.

M. Lavoie (Gilbert) : Et lorsqu'on quitte la politique, j'imagine que vous quittez la politique pour vrai. On ne pense pas retourner, par exemple, dans les officines libérales à Ottawa ou à prendre des...

M. Fournier : Je n'ai, à escient, aujourd'hui, pas utilisé le mot «pause».

M. Lavoie (Gilbert) : Donc, c'est fini.

M. Fournier : Cela répond à votre question? Bien, je crois que oui, là. Franchement, ma décision, c'est que oui, là. J'ai fait ce que j'avais à faire.

M. Lavoie (Gilbert) : Et, dans un monde idéal, qu'est-ce que vous aimeriez faire? Il faut se poser cette question-là, à un moment donné, aussi.

M. Fournier : J'aimerais me donner le droit de venir vous revoir à l'automne pour en discuter avec vous, mais il est trop tôt pour le faire présentement.

La Modératrice : Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Oui. Bonjour, M. Fournier. Vous parlez d'une contribution dans l'autobus. Pouvez-vous être plus précis? Qu'est-ce que ça va être, votre rôle, exactement pendant la campagne?

M. Fournier : Bien, ce sera ma quatrième campagne sur l'autobus. Alors, je travaille avec le premier ministre ou le chef — dans le cas de 2014, c'était le chef, il n'était pas premier ministre — avec d'autres pour nous assurer d'avoir un plan de campagne qui est le mieux suivi possible et essayer de gagner l'élection.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : On a parlé de l'affaire Francoeur. Vous avez, à un autre moment — je pense que c'était avec l'histoire des mots-clés de l'UPAC — fait référence à un climat ou à une manière de faire du journalisme que vous n'aviez jamais vue depuis 30 ans. Est-ce que votre épiderme est devenu plus sensible avec les années ou est-ce que la politique a réellement changé?

M. Fournier : La politique a changé, le journalisme aussi. Les médias sociaux ont un impact que... Je relatais tantôt Normand Girard, qui était assis ici en 1994. Juste pour référence, allez relire ses colonnes. C'est déjà quelque chose en termes de changement. À l'époque, RDI et LCN n'existaient pas. On est dans un autre horizon de couverture. Ce n'est pas à moi de faire la leçon de journalisme, c'est... Vous êtes des professionnels là-dedans, ce n'est pas moi. Le contexte a changé, personne ne peut nier que le contexte a changé, que vos pratiques, votre devoir... Je veux dire, aujourd'hui, combien d'entre vous devez faire des interventions médiatiques à peu près aux heures sur plein de sujets? À un moment donné, on finit par trouver le rythme différent.

Constatons comment les bulletins de nouvelles sont faits aujourd'hui, avec beaucoup de panels, peut-être un peu moins de topos. Opinion personnelle ou perception personnelle, il y a un peu moins de topos. On a beaucoup de commentaires. Alors, le monde médiatique a changé. Alors, ça, c'est vrai. Mais, bon, pour le reste, moi, je pense que je suis quand même pas mal pareil comme avant.

La Modératrice : Antoine Robitaille.

M. Robitaille (Antoine) : Oui, bonjour. Est-ce que vous excluez... donc, je rebondis un peu sur la question de Gilbert Lavoie, là. Est-ce que vous excluez donc tout poste électif dans l'avenir rapproché?

M. Fournier : Ah! je l'espère fortement, oui.

M. Robitaille (Antoine) : Oui, c'est ça. Mais un retour au privé... parce que dans votre hiatus, en 2008 et 2010, là, vous êtes allé au privé...

M. Fournier : Oui, pendant six mois.

M. Robitaille (Antoine) : Ça, est-ce que ça pourrait vous intéresser? Vous ne fermez pas cette porte-là, je veux dire.

M. Fournier : Bien, je ne ferme aucune porte, parce que je n'en ai pas ouvert, je n'en ai pas fermé. Je vais finir mon mandat. Alors, moi, la première chose, c'est de finir le mandat. On fait la campagne, espérons qu'on puisse la gagner. Moi, je pense qu'on va la gagner et, à partir de ça, je vais prendre un petit peu de temps. Et vous êtes quand même gentils de me permettre de dire à tous ceux qui pourraient imaginer que je pourrais être utile chez eux de se dire : Bien, à l'automne, je vais leur dire : Bien, merci beaucoup, puis ça sera au mois de janvier. Alors, je vais certainement prendre l'automne

M. Robitaille (Antoine) : Ah oui! O.K. prendre l'automne. Les projets de loi qui restent... Vous êtes quand même leader parlementaire pour encore quelques mois. Les projets de loi...

M. Fournier : Il reste moins de semaines, par exemple, à siéger.

M. Robitaille (Antoine) : Pardon?

M. Fournier : Il reste beaucoup de semaines à siéger, par contre, oui.

M. Robitaille (Antoine) : Oui, c'est ça, mais les projets de loi qu'il faut... que vous aimeriez voir adoptés avant votre départ comme leader, quels sont-ils, qu'il faut absolument, là, adopter?

M. Fournier : J'aimerais pouvoir vous répondre, ne serait-ce que parce que cela accomplirait un mandat de transparence de ma part. La difficulté que j'ai, c'est que, dans ces scénarios-là que je pourrais esquisser, il y a là-dedans des échanges que je dois avoir avec les partis d'opposition, pour s'assurer, justement, d'avoir le menu et l'ordre du jour faits de la manière à ce qu'on soit le plus performant possible. Lorsqu'on dépose des projets de loi, pour répondre quand même à la question, lorsqu'on dépose des projets de loi, c'est parce qu'on veut les faire adopter.

Alors, il est évident que lorsque vous voyez ceux qui sont en cours, je n'en nommerai qu'un, là, pour que vous compreniez ce que je veux dire par l'image, le projet de loi sur le cannabis, il serait difficilement imaginable que nous n'ayons pas terminé l'ouvrage. Je pourrais en trouver d'autres, parce qu'il y en a d'autres pour lesquels il y a des sommes d'argent que le gouvernement peut aller chercher parce que la disposition serait adoptée. Alors, forcément, ça aussi, ça fait partie des projets de loi qu'on veut. Il y a des dimensions... c'était revenu, dernièrement, concernant les chiens notamment et plein d'autres choses. Mais il y a des projets de loi puis là il faut tenir des consultations, il faut les faire adopter, j'ai besoin du concours des oppositions, en fait.

Et là la difficulté est la suivante. Est-ce que, dans un nouveau contexte, on en parlait tantôt, d'élections à date fixe, est-ce que la dernière session précédant cette élection ne sert plus à rien ou tout devient prétexte à bloquer, ou est-ce qu'on ne peut pas en faire une session où on apprend à être un peu plus efficace dans nos façons de faire? Le jeu parlementaire... puis j'ai fait les deux côtés, puis vous le savez, on connaît tous les outils qui peuvent être mis à la disposition des partis politiques. Mais j'ai l'impression qu'en termes de réingénierie gouvernementale, si on a étudié beaucoup d'agences gouvernementales puis d'organisations, celle de l'Assemblée nationale mériterait qu'on lui fasse une bonne réingénierie en termes de temps passé à la délibération sereine et saine, amenant une décision. Mais souvent on est dans une délibération qui cherche simplement à étirer le temps pour que la décision ne vienne pas et qu'ensuite on puisse dire : Bien, il y a paralysie du gouvernement.

Je pense qu'il y a peut-être besoin de quelque chose là-dessus. Ce ne sera pas moi qui le fera, de toute évidence, mais je crois qu'on est dû pour un parlementarisme un peu plus moderne, un peu plus novateur.

M. Robitaille (Antoine) : Ça va se traduire comment?

M. Fournier : Bien, entre autres, je l'ai déjà dit, hein, il y a des cadres temporels qui devraient être associés à des projets de loi. Ça se fait dans d'autres juridictions. Allez voir ce qui se passe en Ontario présentement.

M. Robitaille (Antoine) : ...un projet de loi de Québec solidaire ou... non, le projet de loi sur...

M. Fournier :à une occasion, on a pu déterminer un cadre, je pense que c'était effectivement... je me demande si ce n'était pas dans le cadre du projet de loi de Mme David ou...

M. Robitaille (Antoine) : C'était le bien-être social.

M. Fournier : Il y en a eu un où l'a fait et qui, d'ailleurs, me semble-t-il, qui pourrait servir d'exemple, c'est-à-dire combien de temps avons-nous besoin du principe... Puis ce n'est pas, puis je fais attention, là, ce n'est pas pour dire qu'on doit bousculer. Ce n'est pas ça du tout. Qu'on prenne le temps qu'on a à prendre... puis, des fois, il y a beaucoup d'articles. Alors, prenons le temps qu'il y a à prendre pour chacun des articles, très bien, mais vous savez, à chaque fois qu'il y a... quand il y a 44 amendements qui sont au même effet, qui ont été refusés, tu sais, on comprend la patente, là. Quand il y a des motions avant que ça commence, on comprend c'est quoi.

On fait des consultations. Pourquoi on fait des consultations comme on les fait, alors que ce n'est pas prévu dans le règlement? Parce que, si on ne le fait pas, il y a des motions qui commencent la commission avant les article par article, et on ne commencera jamais l'article si on ne fait pas la consultation. Donc, on fait les consultations. Bon. On en fait combien? 10, 22, 44 groupes, 60 groupes? À un moment donné... Puis sur tous les sujets? Mais ça existe, c'est correct, ça fait partie, je dirais, hein, du jeu parlementaire. Ceci étant, le jeu peut se jouer avec de nouvelles règles qui seraient comprises par tout le monde puis qui seraient peut-être un peu plus efficaces. Alors, moi, je crois qu'il y a quelque chose à regarder...

M. Robitaille (Antoine) : On perd beaucoup de temps à l'Assemblée nationale, alors.

M. Fournier : Bien, c'est parce que... je ne veux pas répondre ça parce que les gens vont dire qu'on perd du temps. On essaie d'y travailler, mais on pourrait faire plus. Pourquoi on ne pourrait pas avoir des cadres temporels qui permettraient justement qu'on puisse présenter des projets de loi de l'opposition ou de députés du gouvernement? Bien, moi, je n'ai aucun espace dans le menu législatif pour faire ça. Je n'ai pas d'espace.

Il y a plein de propositions... Mme Hivon proposait qu'il y ait une commission régionale itinérante, ce qu'on a déjà fait d'ailleurs, puis le règlement permet. On pourrait le faire, mais moi, si on n'est pas capable d'avoir quorum dans nos commissions quand on siège pour nos projets de loi, comment on va faire ça? Je veux dire, je n'ai aucun problème, et c'est toutes des choses qui pourraient être faites dans une façon nouvelle de voir le parlementarisme, mais ça va toujours demander une chose : le temps. Ça, c'est dans le contexte où en même temps, les députés, je pense à Nicole Léger qui avait écrit une lettre il y a deux ans là-dessus, qui dit : On n'a pas assez de temps dans nos comtés.

Puis un député, il faut que ce soit aussi dans son comté. Alors, quand tu mets tout ça ensemble, on a tous les ingrédients pour avoir une saine conversation pour améliorer le système. Je pense que personne ne va dire le contraire. Ça va nous prendre un contexte pour cela. Je pourrais espérer peut-être que des nouveaux visages, au début de la nouvelle législature ,pourraient peut-être s'intéresser à ça.

La Modératrice : Catherine Lévesque, Huffington Post.

Mme Lévesque (Catherine) : Bonjour. Si le Parti libéral était premier dans les sondages, est-ce que vous auriez quand même décidé de quitter à la fin de votre mandat?

M. Fournier : Oui, oui, oui. Tout à fait. Honnêtement, les sondages n'ont pas grand-chose à y voir. La réflexion date d'une époque où nous étions en avant, et, de toute façon, je vous dirais, ça dépend quel sondage on regarde. Celui de ce matin est un peu beaucoup différent de celui de samedi. Celui de samedi prochain ou dans deux semaines va être bien différent de ceux qu'on vient de voir.

Pour revenir à ce contexte qui a changé, on a parlé des élections à date fixe, ce que ça change pour les candidatures, ce que ça change dans le métier journalistique, je peux vous dire une chose, les campagnes aujourd'hui ne sont pas tout à fait pareilles comme celles d'avant. Tout se passe en campagne.

Puis c'est correct, là. Je ne dis pas ça parce qu'on est deuxième, là. Ce n'est pas grave, là. Bien, je vous laisse en discuter avec les spécialistes. Regardez les élections passées, ça se décide en campagne. Ce n'est souvent pas le premier au déclenchement qui gagne. À l'époque où j'ai commencé, c'était pas mal ça. On cristallisait l'élection très, très tôt. Aujourd'hui, dans la dernière semaine, ça compte encore. Le BVA est passé, le vote anticipé est terminé, et une nouvelle peut faire changer le vote. Le court terme est très, très important dans le choix.

Alors, c'est vrai, je le dis pour tout le monde, là. Je le dis pour Québec solidaire, je le dis pour le PQ, je le dis pour nous, je le dis pour la CAQ. Les sondages d'aujourd'hui, c'est une chose. Ce qui va compter, c'est une élection où les électeurs vont regarder tous les partis, ne vont pas regarder que le gouvernement, vont regarder les quatre partis puis ils vont dire : Lequel me permet d'améliorer mon sort? C'est ça qu'ils vont faire, puis ça va se passer pendant quatre semaines, peut-être les trois dernières.

Mme Lévesque (Catherine) : Il y a quand même une tendance à la baisse, on s'entend là-dessus, pour les libéraux, puis il y a aussi un exode parmi les rangs libéraux. Vous n'êtes pas le premier, parmi vos collègues, à annoncer qu'il va quitter à la fin du mandat. Donc, qu'est-ce que vous pensez de cet exode-là parmi vos collègues?

M. Fournier : Bien, «exode» est un mot que je vais vous laisser, c'est une façon de le dépeindre, mais prenez bien ma déclaration : Je ne fuis pas. Je suis convaincu qu'on va gagner les prochaines élections, j'en suis convaincu. En même temps, je suis convaincu que, pour gagner la prochaine élection, nous allons présenter de nouveaux visages qui vont arriver avec des propositions et des horizons différents. Et je ne fuis pas, je serai là, et nous gagnerons.

Mme Lévesque (Catherine) : Puis, excusez-moi si je vous fais répéter, mais votre rôle précis, là, est-ce que c'est certain à 100 % que vous allez être dans l'autobus du chef, vous allez être conseiller? Ça va être quoi, votre rôle?

M. Fournier : Bien, pour l'instant, on s'est entendu là-dessus, mais, vous savez, tant que l'autobus n'est pas parti, il n'est pas parti, là. Je ne sais pas ce qui va arriver d'ici là. Mais l'entente que nous avons, c'est qu'effectivement, pour la quatrième fois, que je le fasse... qui est une expérience formidable, hein, je tiens à vous le dire. D'abord, ça me permet de vous voir à tous les jours et d'une façon différente que je le fais présentement. Je le fais derrière, et c'est très intense, une campagne électorale. C'est vrai pour tous les chefs de tous les partis, là, qui font ça. Et moi, j'ai eu le privilège trois fois de voir des chefs de parti faire cela. L'intensité, la pression est énorme, et ça vaut certainement quelques cours de politique 101, j'imagine.

M. Robitaille (Antoine) : Qu'est-ce qui vous passionne dans cette rhétorique-là, dans le jeu rhétorique?

M. Fournier : Bien, d'abord, l'importance de pouvoir mener à destination... Vous savez, une campagne électorale, c'est comme un voilier, hein? On sait où on veut aller, mais, au jour le jour, il faut trouver le bon vent, et c'est ça que fait un autobus électoral. Évidemment, l'autobus, ce n'est pas toute la campagne, c'est celui qui choisit le vent, là, hein? Il y a une planification, il y a un projet politique derrière ces campagnes-là, et, dans tous les cas, lorsqu'on a un projet politique qu'on considère qui est celui qui est emballant pour les citoyens et qu'on pense que notre contribution, même si elle est petite, peut amener à ce que les Québécois choisissent ce projet politique là, bien, on est un peu fiers d'avoir construit, parce qu'on considère que c'est ça qui est la meilleure chose à faire.

Vous allez demander à quelqu'un d'autre d'un autre parti, il va dire : Oui, oui, mais c'est bien beau, là, ce que Fournier dit, mais moi, c'est mon projet politique qui est meilleur. Et c'est ça, la démocratie. Chacun, on doit être convaincu que notre projet politique est le meilleur pour ensuite le proposer aux citoyens. Il ne faut pas qu'on ait tous le même, là. Ils sont différents, on a des propositions différentes. Le nôtre est toujours basé sur l'importance qui est, selon nous, la source de tout, d'avoir une économie qui est en croissance. C'est difficile d'imaginer qu'en ce moment notre bilan ne fait pas la preuve que nous sommes la meilleure équipe pour faire cela.

Maintenant, appuyés de cette capacité que nous avons, comment on est capables de se projeter, en termes de propositions, pour la vie, je dirais, la qualité de vie des Québécois dans le prochain mandat? Bien, je pense que c'est assez emballant de vouloir construire.

Mme Prince (Véronique) : Je me permettrais une question avant de céder à l'anglais, mais par contre, vous pouvez répondre en regardant les caméras. On sent que la politique active, c'est terminé pour vous. Par contre, même vos adversaires reconnaissent un stratège d'expérience.

Alors, est-ce que vous excluez de travailler éventuellement dans les officines du bureau du premier ministre? Là, vous ne seriez plus sous les projecteurs.

M. Fournier : Oui, ah, ce n'est pas que je veux m'enfuir des projecteurs. Je les aime plutôt, les projecteurs.

Mme Prince (Véronique) : Mais Norm MacMillan l'a fait, par exemple.

M. Fournier : Oui. Honnêtement, pour répondre à votre question, ma relation avec le premier ministre est excellente et elle l'est comme ministre. Je ne vois pas pourquoi je devrais quitter le poste de ministre pour continuer à avoir une bonne relation avec le premier ministre. Je crois qu'il y a d'autres personnes qui doivent tout simplement prendre la place. J'ai l'impression d'avoir fait le tour. C'est aussi simple que ça.

Maintenant, les gens sont bien gentils de me prêter des qualités que j'aimerais avoir, mais j'aime bien la politique, c'est vrai.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce qu'on comprend que vous excluez de vous représenter en politique, mais est-ce que vous excluez faire partie de la politique fédérale, dans un autre rôle que député?

M. Fournier : Honnêtement, je n'ai pas de réponse à votre question parce que je n'ai aucune idée de ce que je vais faire à l'avenir, à part de vous dire que ce que je considère qui est un élément important que je laisse derrière moi, c'est notre politique d'affirmation. Et si tant est que quiconque voulait en apprendre ou en faire plus dans ce domaine-là, qu'il soit dans l'horizon politique, dans l'horizon académique ou dans n'importe quel horizon, cela me plairait, mais ce n'est pas à moi de le dire aujourd'hui. Pour l'instant, je vais faire mon mandat puis je vais faire ce que j'ai à faire.

M. Laforest (Alain) : Saint-Laurent, est-ce que ce serait un bon comté pour M. Taillefer?

M. Fournier : Saint-Laurent, c'est un merveilleux comté. J'y ai passé de très belles années. C'est un comté d'une diversité, je dirais, extrême. C'est probablement le comté le plus diversifié au Québec. Souvent, les nouveaux arrivants vont s'y établir en arrivant, et ce ne sera qu'à la prochaine génération qu'ils vont aller soit vers Laval ou vers d'autres endroits.

J'ai beaucoup appris de Saint-Laurent. Aujourd'hui même, dans une lettre que j'ai envoyée au journal de Saint-Laurent pour m'adresser à mes concitoyens du comté, je notais tout le bonheur que j'avais eu de travailler avec les… notamment les élus municipaux, les gens de la commission scolaire, ceux du CIUSSS. Il y a une approche très… je dirais, non partisane, de travailler ensemble, puis il n'y a pas de paliers politiques. J'ai été longtemps avec Stéphane Dion comme député fédéral du comté. Stéphane et moi, on n'a pas toujours été d'accord sur toutes les questions. On se respectait beaucoup, par contre, et…

Une voix :

M. Fournier : Ah! je vous référerai à des choses du passé.

M. Gagnon (Marc-André) : Mais un profil comme celui d'Alexandre Taillefer, est-ce que c'est quelque chose que vous aimeriez voir comme relève dans votre comté?

M. Fournier : Si ce n'avait été de votre relance, je crois que j'étais très bien parti à décrire le comté de Saint-Laurent sans parler de la question que vous soulevez, ce qui fait que je ne répondrai pas à la question que vous avez tous deux soulevée, mais je vous ai au moins parlé de Saint-Laurent.

M. Laforest (Alain) : Vous étiez en train de faire le tour du bocal.

M. Fournier : Pas mal.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Laforest (Alain) : …ça va vous manquer, ce jeu-là…

M. Fournier : Ça va peut-être me manquer un petit peu. Ça se peut.

La Modératrice : Est-ce qu'on peut céder à nos collègues anglophones? Ça va, tout le monde?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Si je peux me permettre une dernière question, M. Fournier, toutes ces personnes de votre comté que vous décrivez, pourquoi elles ne sont pas avec vous pour l'annonce? Pas qu'on soit déçus que vous la fassiez ici, là, mais quand même, vous auriez pu la faire en leur compagnie, chez vous?

M. Fournier : Oui. J'ai rencontré mes gens ce matin. J'ai parlé à un certain nombre d'autres acteurs. J'ai communiqué avec ma journaliste locale, j'ai échangé avec elle, je lui ai envoyé une copie de ce que je voulais dire à mes concitoyens. Et aujourd'hui, avec vous, je voulais exposer une réponse à une question que vous me posez avec assiduité presque tous les jours, en exposant les raisons qui les motivaient. Alors, c'est comme ça que je le fais.

Mme Biron (Martine) : Qu'est-ce que ça veut dire, la phrase : Je me réserverai l'occasion de présenter plus tard mes sentiments et impressions?

M. Fournier : Parce qu'il y a peut-être d'autres sentiments et impressions qui me viendront plus tard et que je pourrai adresser plus tard.

M. Robitaille (Antoine) : Vous dites : Si on veut des nouveaux visages, il faut bien qu'il y en ait qui quittent, des anciens qui quittent. Est-ce qu'il y en a donc… il y en a beaucoup au Parti libéral qui devraient tirer cette conclusion-là?

M. Fournier : Chacun fait sa propre réflexion. Moi, j'ai fait la mienne, et voici ce qui se passe. J'imagine que d'autres la font. Pas tout le monde, évidemment, là, quand même, là. Ne parlez pas en fous, là. Ce n'est pas tout le monde, mais je suis bien sûr qu'il y en a d'autres qui réfléchissent à ça aussi. Ça fait partie de la vie. Ce n'est pas…

Encore une fois, je ne veux pas vous reprendre à votre mot, ce n'est pas de l'exode. Quand ça fait 30 ans que tu es dans la business, comme on dit, ce n'est pas de l'exode. On a simplement... à un moment donné, on se dit : Bien, même si on aime ça beaucoup, d'autres peuvent apporter aussi une contribution.

Mme Lévesque (Catherine) : Il n'y a personne de la CAQ qui s'en va ou qui songe à mettre fin à sa carrière politique, mais…

M. Fournier : Oui. Je les comprends puis j'espère… puis j'ai plein d'espoir pour eux. Tu sais, je les entends souvent dire : Ça fait 15 ans qu'on est là. Mais ça fait 15 ans qu'ils se font refuser, eux autres.

Alors, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ce n'est pas de notre faute si, depuis 15 ans, les électeurs votent pour nous puis ils ne votent pas pour M. Legault. Ça arrive, ça, mais ça ne motive pas l'exode de l'un ou de l'autre.

La Modératrice : Ça va? On aura sûrement l'occasion de refaire d'autres points de presse de 45 minutes, mais Angelica.

Mme Montgomery (Angelica) : Je pensais qu'on disait : Ça va pour le français. Mr. Fournier, can you explain to us why it is that you are leaving?

M. Fournier : Well, I think that after... Like I said before, my first election was 30 years... in 1988, so it's after 30 years of being in politics. At some time, even if I like it a lot, I think that you know that, but it's come to the point where I think that I've made the tour. I arrived here in 1990, working for the MNA, on the Parti libéral, on Bélanger-Campeau for a contract of two months. At that time, you remember, Bélanger-Campeau was after Meech and looking at our Canadian relation or the fact that we didn't have any Canadian relation.

And now I'm the leader of the Government, in charge of that portfolio. We have published a policy last June, that I think, is very good and well received in the rest of the country. We'll take time, of course. It's not a policy that asks for a change on a monthly basis and says : Well, after one year, if it's not done, it's because it's not working. We had silence on the Québecquestion in Canada for the last 20 years, more than that. It will take some years to be back. But it's well received, and I hope that those who are in universities at this right time will look at our position as an inclusive position, not just for Québec, for Natives, for all regions, even for British Columbia and Alberta today.

So, you arrive at a point where you say : Well, maybe my tour has been made, and it is time for other to take the place, new faces, so that the Government will be able to propose to all Quebeckers, at the next election, a new team, with new propositions, for a new government, a new Liberal government.

Mme Montgomery (Angelica) : What do you say to people who think that you and others are not running again because you don't want to have to spend four years sitting in Opposition?

M. Fournier : Well, I think that the answer I gave you before gave all the answer. Do we have to be here up to our death? It's 30 years now that I'm in politics. So you suggest that I should never ask myself : Do I want to make another mandate because it's a possibility that we are in the Opposition? That's not the way I think about that.

I think about the fact that it's a mandate for four years, a complete four years. I'm pretty sure that the Liberal Party will win the next election, but, for that, I think it's very important that we add new faces, and new propositions, and a new team. So, no, it's not because I don't want to be in the Opposition.

Mme Montgomery (Angelica) : And you keep talking about these new faces. The Saint-Laurent riding, is this something that the Liberals are hoping to have as a safe riding to offer to someone as an incentive to join the team?

M. Fournier : My personal answer to that and the objective answer to that is certainly it is a good riding. It's personal because I've been there, objective because I've look at the results a long time ago when you go back. But always you have to fight for it, even if it's a good riding. If ever somebody told you that this riding is won before the election, don't believe him. To win an election, you've got to get involved, you've got to win it. You cannot take nothing for granted. So it's a good riding, but you've got to work for that. You're asking people to give you a mandate, you've got to earn it. Merci beaucoup. Merci vraiment beaucoup.

(Fin à 14 h 50)

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