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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Version finale

Le mercredi 14 mars 2018, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trois minutes)

Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Alors, prendront la parole, dans l'ordre, Antoine Côté, porte-parole de la CRAIES, Simon Telles, président de l'Union étudiante du Québec, et Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire.

On va prendre les questions sur le sujet dans un premier temps. Ensuite, on pourra prendre les questions sur d'autres sujets, mais on va faire partir nos invités. Merci.

M. Côté (Antoine) : Donc, d'abord, au nom de la CRAIES, je tiens à remercier Gabriel Nadeau-Dubois, député de Québec solidaire, pour son accueil aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Je veux le remercier pour son accueil, mais aussi pour son appui à la cause des stagiaires en enseignement.

Lundi le 5 mars dernier, Gabriel était présent avec nous lors d'une action qu'on a tenue devant les bureaux de la ministre de l'Enseignement supérieur, Mme Hélène David, et on était, là, près d'une centaine à demander à la ministre : Faut-il être médecin pour que le budget réponde à nos besoins? On a soulevé cette question parce qu'à l'approche du budget on n'a toujours pas d'engagement de la part de la ministre. Et je tiens à poser une question encore aujourd'hui : Pourquoi le gouvernement a-t-il de l'argent pour ses amis médecins, mais n'a pas d'argent pour bien compenser les stagiaires en enseignement?

Lors de l'action du 5 mars, Gabriel est venu parler avec nos militantes, nos militants, puis il a livré un discours pour nous encourager à continuer à revendiquer, à déranger. Puis, je le disais alors, je le répète : Oui, on va continuer parce que notre cause est juste et importante. On va continuer parce qu'on voit bien qu'il y a de l'argent au gouvernement et que, s'il y en a, bien, les profs de demain n'en reçoivent pas par manque de volonté politique.

On va continuer surtout parce que les stagiaires en enseignement ont besoin d'aide. Dans la quatrième année de stage, ils doivent prendre en charge une salle de cours complète pendant 12 semaines, parfois jusqu'à 18. Ils assument toutes les tâches d'un enseignant et doivent répondre à leurs obligations universitaires. Ils doivent assumer des coûts supplémentaires, les déplacements, etc. Et, dans sa forme actuelle, le stage est trop exigeant pour qu'un étudiant ou une étudiante puisse à la fois bien réussir et travailler pour subvenir à ses besoins.

Aujourd'hui, on est présents pour envoyer un message clair. À l'approche du budget, il est temps que le gouvernement démontre que la valorisation de la profession enseignante, ce n'est pas qu'un slogan politique, mais c'est une vraie priorité. Après avoir tant aidé et supporté les médecins, le gouvernement peut-il donner un peu d'air aux profs de demain? Il y a quelques mois, Mme David s'était engagée publiquement à réfléchir à la question, mais aujourd'hui, Mme David, on vous dit qu'on pense qu'il est temps de nous livrer le fruit de vos réflexions. Merci.

M. Telles (Simon) : Merci. Bonjour à tous et à toutes. J'aimerais d'abord prendre le temps de remercier Québec solidaire pour leur appui dans le cadre de cette campagne qui vise, je le rappelle, à vraiment valoriser et reconnaître le travail de nos futures enseignantes et nos futurs enseignants. Merci aussi à tous nos stagiaires qui ont pris le temps aujourd'hui de venir avec nous pour présenter cette importante demande.

Alors, ça fait près de 10 ans maintenant que les stagiaires en éducation revendiquent une compensation financière de leur stage final. Ça, c'est 10 années passées à espérer des meilleures conditions pour pouvoir, d'une part, sortir de la précarité financière, mais aussi se consacrer pleinement à leurs tâches. Qu'est-ce que ça va prendre de plus au gouvernement pour agir maintenant?

Justement, bien, le gouvernement, il reconnaît une valeur aux stages dans le domaine privé en donnant des crédits d'impôt aux entreprises pour qu'elles puissent embaucher des stagiaires, des étudiantes, des étudiants. C'est donc une aberration de ne pas reconnaître le travail qui est fait par nos stagiaires en enseignement simplement parce qu'ils et elles oeuvrent dans le domaine public. C'est d'autant plus inacceptable quand on sait que, dans le domaine public, c'est surtout des femmes qui sont touchées, et donc ça ajoute encore plus à la problématique.

Maintenant, la bonne nouvelle, c'est que la compensation financière des stages, bien, ça fait consensus auprès de toutes les formations politiques de l'Assemblée nationale. Écoutez, même le congrès du Parti libéral s'est prononcé en faveur de la mesure qu'on vous présente aujourd'hui. Ça, ce n'est pas peu dire. On serait donc portés à croire qu'avec l'unanimité des partis politiques, eh bien, la situation serait déjà réglée. Malheureusement pas, sinon on ne serait pas ici devant vous aujourd'hui pour vous en parler parce qu'au-delà des belles paroles au sujet de la valorisation de la profession enseignante les actions concrètes, elles, se font toujours attendre.

La ministre de l'Enseignement supérieur nous a demandé de faire nos devoirs. Eh bien, on les a faits, Mme la ministre. Ce qu'on demande, c'est une compensation financière avec une bourse de 576 $ par semaine pendant le stage final uniquement, ce qui équivaut à l'échelle salariale de la fonction publique pour quatre années d'études en université. C'est une mesure qui aiderait au total 3 900 stagiaires et qui coûterait seulement 20 millions de dollars à l'État, ce qui représente, pour vous donner une idée, moins de 0,1 % du budget total de l'éducation au Québec.

Aujourd'hui, ce qu'on demande au gouvernement, c'est très simple, c'est de ne pas se contenter d'une promesse électorale, mais c'est de passer de la parole aux actes en compensant directement le stage final en enseignement, et ce, dès le prochain budget. Merci.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Antoine. Merci, Simon. Mais surtout je veux remercier les dizaines de stagiaires en enseignement qui sont avec nous ce matin. Je suis très content de leur présence.

Les gens derrière moi, ce sont les profs de demain. C'est les gens qui, dans les prochaines années, vont s'occuper de nos enfants, vont les élever, les socialiser, les éduquer. Il y a beaucoup de ces gens-là, derrière moi, qui, déjà, dans des vraies classes, dans des vraies écoles, avec des vrais enfants, font ce travail d'enseignement et ils le font de manière bénévole. En fait, encore pire, ils le font à leurs frais parce qu'ils doivent payer leurs frais de scolarité d'un côté et, en plus, travailler à temps plein de manière bénévole. C'est une situation inacceptable. Les futurs profs ne devraient pas être considérés comme du «cheap labor», ils devraient être considérés comme la crème de la société québécoise.

Et ce matin je veux m'adresser plus particulièrement au ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, qui, dans son livre qu'il a publié récemment, parlait de l'importance de revaloriser la profession enseignante. Il disait que les profs doivent devenir la nouvelle élite du Québec. La question que j'ai pour lui ce matin, c'est : Est-ce que c'est en exploitant les futurs profs qu'on va revaloriser leur profession? Je pense que poser la question, c'est y répondre.

Dans ce livre, le ministre Proulx a de très belles intentions, sauf que les belles intentions, ça ne paie pas le loyer. Ce que les profs demandent depuis maintenant 10 ans, et ils ont travaillé très fort pour obtenir un consensus au sein des partis à l'Assemblée nationale, ce que les profs demandent, c'est une rémunération équitable pour le travail qu'ils font chaque année dans nos écoles. Merci beaucoup.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions sur le sujet. On prendra les questions sur les autres sujets après. Merci. Micro à ma gauche, Hugo Pilon-Larose, La Presse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Ma question est pour Antoine et Simon. Qui a approché qui pour le point de presse de ce matin? Est-ce que c'est vous qui avez approché Québec solidaire ou c'est le contraire?

M. Telles (Simon) : Je peux répondre. Bien, on est en discussion, en fait, constante avec Québec solidaire, qui, depuis le début, nous a supportés dans ces démarches-là. Et donc ça a été tout naturel, là, de faire une sortie avec eux, d'autant plus qu'ils ont été présents à notre action lundi dernier. Donc, c'est à ce moment-là qu'on en a discuté puis qu'on a convenu de faire le point de presse aujourd'hui.

M. Pilon-Larose (Hugo) : La CAQ et le PQ étaient également d'accord, il me semble, là, avec cette mesure-là.

M. Telles (Simon) : Effectivement.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Leur avez-vous parlé?

M. Telles (Simon) : On n'a pas discuté avec eux depuis. Ceci dit, c'est effectivement une mesure qui est appuyée par tous les partis politiques. Et on est contents de voir, là, que c'est partagé par un bon nombre de membres de la députation.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous deux, est-ce que la politique vous intéresse? Est-ce que vous pourriez être candidats aux prochaines élections?

M. Telles (Simon) : Non. On est vraiment là parce que la compensation du stage en enseignement, c'est important, mais donc c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Nadeau-Dubois. Est-ce que vous êtes en train de proposer qu'on paie les étudiants pour étudier?

M. Nadeau-Dubois : Non. Ce que les stagiaires en enseignement demandent, c'est qu'on les paie pour le travail qu'ils font. Le stage final en enseignement, là, c'est une prise en charge complète, à temps plein, d'une classe. Ça, ça veut dire que c'est des profs qui en sont à leur quatrième année d'étude et, pendant 15 semaines, ils enseignent, ils et elles enseignent, parce que ce sont en majorité des femmes, à des vraies classes, dans des vraies écoles, à des vrais enfants pendant 15 semaines à temps plein. Ce que les étudiants et étudiantes demandent, et on appuie cette demande-là, c'est une compensation financière pour ce travail-là.

Donc, non, ce n'est pas une demande de salarier tous les étudiants du Québec. C'est de prendre des gens qui travaillent et de les considérer comme des travailleurs, travailleuses.

M. Bellerose (Patrick) : Faitez-vous un parallèle avec les médecins qui sont en résidence, par exemple?

M. Nadeau-Dubois : Bien, le parallèle avec les médecins, il est surtout sur les priorités politiques du gouvernement. Le gouvernement libéral vient de donner un chèque gigantesque à une des catégories de personnes les plus favorisées au Québec. On a ici des gens qui s'occupent de nos enfants, qui sont les profs de demain, et ces gens-là, on leur demande de payer pour enseigner.

M. Bellerose (Patrick) : Mais les étudiants en médecine qui font leur résidence sont payés. C'est le parallèle que je...

M. Nadeau-Dubois : Bien, à Québec solidaire, on appuie une politique d'encadrement puis de compensation financière de tous les stagiaires. Évidemment, il n'y a pas de solution mur à mur. Donc, ce n'est pas nécessairement par un mécanisme de bourses, par exemple, qu'on pourrait rémunérer tous les stagiaires. Aujourd'hui, on se penche spécifiquement sur la question des stages en enseignement. Mais, oui, nous, dans notre plate-forme électorale, il y aura un engagement sur l'encadrement puis la compensation financière de tous les stages obligatoires au Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Dans quel autre domaine ça s'appliquerait, les stages obligatoires comme ça?

M. Nadeau-Dubois : Bien, par exemple, en travail social, il y a énormément de stages, en techniques d'éducation spécialisée, il y a énormément de stages qui sont souvent non rémunérés, donc des gens qui travaillent à temps plein, dans des vrais milieux de travail, et qui ne reçoivent aucune forme de compensation financière. Dans d'autres domaines, les stages sont rémunérés. En droit, par exemple, c'est souvent le cas. Et c'est très bien. Ce qu'il faut, c'est mettre fin à l'inéquité actuelle qui fait en sorte que certains stages sont rémunérés et d'autres ne le sont pas.

D'ailleurs, c'est assez intéressant de remarquer que, souvent, ce sont dans les professions traditionnellement féminines où les stages ne sont pas rémunérés, éducation, travail social, éducation spécialisée, alors que, dans les domaines traditionnellement masculins, droit, ingénierie, et compagnie, là, plus souvent qu'autrement, les stages sont rémunérés.

Donc, je dirais, la ministre David, elle est doublement concernée par l'enjeu des stages. Elle est concernée à titre de ministre de l'Enseignement supérieur et à titre de ministre de la Condition féminine. Les stagiaires en enseignement, dont on parle aujourd'hui, là, c'est à 84 % des femmes. Donc, il y a aussi un enjeu d'égalité hommes-femmes, et voilà une raison de plus pour laquelle la ministre David, selon nous, n'a pas le choix d'aller dans ce sens-là.

M. Bellerose (Patrick) : Juste une dernière. Avez-vous chiffré l'engagement dont vous parlez, donc de rémunérer tous les stages? Pas juste en éducation, mais tous les stages?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je vais laisser les...

M. Côté (Antoine) : Tous les stages, non, là, mais, juste en éducation, 23 millions.

M. Nadeau-Dubois : C'est ça. Donc, autour de 20 millions de dollars pour la demande d'aujourd'hui, qui est une bourse de compensation financière pour le stage final en éducation. Ça représente 0,1 % des dépenses en éducation au Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Et l'engagement de QS pour tous les stages?

M. Nadeau-Dubois : L'engagement de QS, ce n'est pas un engagement mur à mur, c'est un engagement de principe. Notre engagement, c'est de mettre sur pied une politique nationale des stages qui, d'abord, viendrait définir c'est quoi, un stage. En ce moment au Québec, il n'y a pas de définition légale de ce qui est ou n'est pas un stage. C'est un premier problème à régler. Un encadrement aussi réglementaire. Par exemple, les stagiaires, à l'heure actuelle, ne sont pas concernés par la Loi sur les normes du travail, alors que c'est des gens qui travaillent. Voilà un autre problème à régler. Et, dans le cadre de cette politique-là, il faudra penser à une manière de rémunérer les stagiaires de manière intelligente selon leur milieu de stage. Comme, par exemple, les stagiaires en droit, ou en ingénierie chez Bombardier, il n'est pas question que ce soit l'État qui paie pour ça. Dans le cas des stages en enseignement, on veut passer par l'aide financière aux études. Dans d'autres milieux de stage, ça pourrait être d'autres mécanismes.

Donc, ce n'est pas possible, à l'heure actuelle, de prendre un engagement mur à mur. Ce qu'on dit, c'est que notre volonté, c'est d'encadrer la pratique des stages puis de s'assurer d'une forme de compensation financière. Puis ça, ça va prendre un visage différent selon le milieu de stage.

M. Bellerose (Patrick) : Merci.

Le Modérateur : Patricia Cloutier, Le Soleil.

Mme Cloutier (Patricia) : Oui. M. Nadeau-Dubois, quand vous dites que les étudiants font du bénévolat dans les écoles, est-ce que c'est parce qu'on leur demande de faire plus que leurs stages, de faire des tâches de remplacement, par exemple, pour lesquelles ils ne sont pas payés, ou vous faites vraiment allusion aux stages?

M. Nadeau-Dubois : Bien, en fait, c'est bien pire que du bénévolat parce que les gens qui sont derrière moi ce matin doivent payer leurs frais de scolarité, à peu près à 2 000 $ par session, donc, ils doivent payer pour une session dans laquelle ils vont travailler sur un milieu de travail et avoir à peu près les mêmes tâches qu'un enseignant ou une enseignante. Donc, c'est même pire que du bénévolat. C'est un stage obligatoire de prise en charge complète non rémunéré. Donc, c'est littéralement de l'exploitation.

Mme Cloutier (Patricia) : Et, juste une précision, si jamais vous obtenez des sommes dans le budget, admettons, là, dans les prochaines semaines, est-ce qu'il sera trop tard pour le stage de cette année, est-ce que les gens derrière vous sont déjà en stage, là, ou ça sera pour l'an prochain?

M. Telles (Simon) : Oui, effectivement. Donc, la plupart des gens qui sont derrière nous sont déjà en stage. Maintenant, sur le moment de l'entrée en vigueur, j'imagine, il faudrait en discuter puis voir ce qui est possible, mais on souhaite que ce soit mis en vigueur le plus rapidement possible pour compenser les étudiants et les étudiantes qui sont en précarité en ce moment.

Mme Cloutier (Patricia) : Merci.

Le Modérateur : Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le sujet? On peut passer aux autres sujets. Nos invités peuvent...

M. Telles (Simon) : Merci beaucoup. Merci, tout le monde.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour. Encore l'administration américaine qui vient d'imposer une surtaxe sur le papier couché, le papier journal. Il y a deux compagnies québécoises exemptées, mais il y en a d'autres, là, qui vont subir cette pression-là : risque de fermeture d'usines, pertes d'emploi encore.

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est terriblement inquiétant, c'est terriblement inquiétant. C'est des centaines de communautés, des milliers de travailleurs, travailleuses qui sont menacés. Donc, c'est une très mauvaise nouvelle. C'est très inquiétant pour les travailleurs, travailleuses de ces régions-là.

Ceci étant dit, je pense qu'encore une fois ça impose une remise en question, une remise en question sur la manière dont on a développé notre secteur forestier au Québec. On s'est beaucoup fié, historiquement, sur l'exportation. L'heure est à la réflexion, là. Est-ce qu'il n'est pas temps de penser à développer le marché intérieur en matière de bois au Québec pour être moins dépendants du marché américain? Parce que ce que cette crise-là dévoile, tout comme les dernières crises du bois d'oeuvre, c'est qu'on est beaucoup trop dépendants du marché américain. Et il faut bien sûr défendre, à court terme, les travailleurs, travailleuses puis les communautés touchées, mais il faut, à moyen terme, réduire notre dépendance envers le marché américain.

M. Laforest (Alain) : Une précision : Comment?

M. Nadeau-Dubois : Bien, en utilisant plus de bois québécois au Québec, notamment dans le domaine de la construction. La technologie a évolué dans les dernières années. C'est maintenant possible d'utiliser le bois dans beaucoup plus de structures que c'était possible avant. Donc, il faut travailler à valoriser cette ressource-là au Québec pour diminuer notre dépendance envers le marché américain parce que, sinon, là, on se ramasse dans la situation actuelle, dès que le président américain éternue, bien, tout le Québec attrape le rhume.

M. Laforest (Alain) : Actuellement, il commence à y avoir des fuites, là, sur le budget, entre autres. 1 milliard donné aux familles, on va piger dans le Fond des générations. C'est une bonne orientation?

M. Nadeau-Dubois : Bien, prendre des fonds publics pour rembourser la dette de manière aussi massive que ça, moi, je trouve que ça ressemble beaucoup aux promesses électorales caquistes. Donc, de toute évidence, le gouvernement libéral reprend les méthodes de la CAQ parce qu'il est en panique, parce qu'il descend dans les sondages. Je pense que ce n'est pas dans ce sens-là que les Québécois veulent aller.

Le Modérateur : Hugo Pilon-Larose, LaPresse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Essentiellement, ma question : Le Parti québécois a présenté ce matin sa volonté de faire un projet pilote sur les autoroutes, là pour faire augmenter la vitesse à 115, 120. C'est une bonne idée?

M. Nadeau-Dubois : En toute honnêteté, on n'a jamais réfléchi, là, à cette question-là. Il faudrait que je vous revienne, là. Mais donc c'est difficile pour moi de vous répondre à ce stade-ci sur cette idée-là dont vous venez de m'apprendre l'existence, là.

Le Modérateur : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. Toujours à propos du budget, donc, l'idée d'utiliser les sommes actuellement dans le Fonds des générations, par exemple, pour accroître l'offre de services publics, est-ce que vous seriez favorable à ça ou vous pensez qu'il faut vraiment utiliser ces sommes-là pour rembourser la dette, comme c'était prévu?

M. Nadeau-Dubois : C'est vraiment des vieilles recettes. C'est vraiment des vieilles recettes. C'est non seulement les recettes de la CAQ, mais c'est les recettes d'une autre époque, là.

Regardez les décisions qu'a prises le gouvernement Trudeau, les décisions que prennent plein de gouvernements dans le monde. Cette idée de réduire à tout prix la dette, peu importe les conséquences sociales, c'est une vieille solution. On est rendus ailleurs, là. Le nouveau consensus, c'est qu'il faut utiliser les fonds publics pour relancer l'économie du Québec. Et donc moi, je trouve ça très surprenant de la part des libéraux qu'ils se retournent vers les solutions de la CAQ, vers des vieilles recettes, au lieu de se mettre au goût du jour puis les nouvelles propositions en matière d'économie.

On n'est plus là, là. On n'est pus dans les vieilles recettes de prendre des milliards de dollars pour rembourser la dette, là. L'économie du Québec est en croissance, le ratio, le poids de la dette sur l'économie diminue. Donc, il n'y a aucune raison de gaspiller des fonds publics en réduisant massivement la dette.

M. Lavallée (Hugo) : Mais ma question, c'était plutôt : Est-ce que vous seriez d'avis qu'il faut utiliser les sommes présentement dans le Fonds des générations, qui, initialement, étaient prévues en vue d'un remboursement de la dette, pour financer des services publics? Est-ce que vous seriez d'accord avec ça?

M. Nadeau-Dubois : O.K., j'avais mal compris. O.K. Bien oui! D'abord, à Québec solidaire, on a toujours été très critiques de l'existence même du Fonds des générations. Et nous, on pense qu'il faut à tout le moins réduire les versements annuels au Fonds des générations. L'argent qui y est peut rester là, c'est une chose, mais de continuer, à chaque année, à mettre 1 milliard, 2 milliards, 2,5 milliards de dollars dans ce fonds-là, on pense que c'est une mauvaise décision. Cet argent-là devrait servir à nos services publics, devrait servir à du développement économique, pas à un projet chimérique de réduction de la dette.

M. Lavallée (Hugo) : Il y a une enquête de Radio-Canada qui nous apprend ce matin que le climat de travail est malsain à l'Assemblée nationale. Plusieurs employés ont démissionné, plusieurs autres employés sont en congé maladie. Étiez-vous au courant de cette problématique-là? Qu'est-ce qu'il faudrait faire, selon vous?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je suis nouveau à l'Assemblée nationale. Je n'en avais jamais entendu parler. Comme député, je trouve ça inquiétant et j'espère qu'il y aura des réflexions et des actions de prises parce que, s'il y a bien un endroit qui devrait être exemplaire en matière de climat de travail, en matière de respect des droits des travailleurs et travailleuses, c'est bien l'Assemblée nationale du Québec, l'endroit où on vote les lois du Québec.

M. Lavallée (Hugo) : Et donc qui devrait agir? Le président? Le secrétaire général? Le BAN?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense que tout le monde est concerné. Moi, je me suis senti concerné, comme député ce matin, quand j'ai entendu le reportage. Et moi, je m'attends à ce que, dans les prochains jours, il y ait des discussions. Que ce soit au Bureau de l'Assemblée nationale, que ce soit au niveau de l'institution elle-même, là, il faut réfléchir à ça. Ce n'est vraiment pas normal. Puis, en 2018, je pense que l'Assemblée nationale doit montrer l'exemple en matière de climat de travail.

M. Lavallée (Hugo) : Merci.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour. Toujours sur le budget, avez-vous l'impression que le gouvernement veut faire oublier les années d'austérité de début de mandat?

M. Nadeau-Dubois : C'est clair. La recette qu'a appliquée le Parti libéral, c'est la recette classique : on coupe en début de mandat en instaurant un climat de panique, et ensuite on s'est constitué un magot puis on fait des baisses d'impôt, on réduit la dette. Il n'y a rien de plus classique, de plus habituel et de plus usé comme manière de faire de la politique. Mais moi, je suis sûr que le monde à la maison reconnaissent le scénario que les libéraux sont en train de nous jouer.

M. Bellerose (Patrick) : Vous dites qu'il faut utiliser l'argent qui va aller à la dette plutôt pour relancer l'économie. Pourtant, l'économie du Québec va bien. Est-ce qu'il n'y a pas un moment où il faut payer la dette?

M. Nadeau-Dubois : La dette, là, si son poids relatif à l'économie, c'est-à-dire au PIB, reste stable, ce n'est pas inquiétant. Tous les États du monde ont une dette. L'important, c'est qu'elle soit sous contrôle. Et la dette du Québec, quand on la compare à notre PIB, elle est tout à fait dans la moyenne des pays développés. Tout le discours alarmiste au sujet de la dette, c'est un prétexte bien installé pour justifier des politiques d'austérité, des politiques néolibérales. La dette au Québec, elle n'est pas alarmante.

M. Bellerose (Patrick) : Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 23)

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