(Onze heures sept minutes)
Mme Massé : Oui, bonjour,
tout le monde. Merci beaucoup d'être là. En fait, ce matin, on recommence une
semaine avec en tête les préoccupations autour du projet de loi n° 157, le
projet de loi encadrant le cannabis. Alors, on arrive aux articles qui
préoccupent profondément Québec solidaire, c'est-à-dire la possibilité pour les
gens de pouvoir avoir quelques plants de pot à la maison, de pouvoir en faire
pousser.
Notre préoccupation, elle est simple :
Si on veut permettre à des petits consommateurs de pouvoir eux-mêmes faire
pousser, à la maison, leurs plants, si on veut mettre la pédale douce sur les
grands oligopoles qui, eux, se ruent pour être capables d'avoir les contrats
pour faire pousser les plants ici, au Québec, bien, une des façons de le faire,
c'est de s'assurer que les gens puissent faire pousser quelques plants à la
maison. Et donc on va être en commission parlementaire, dès que cet article 9
arrivera, pour aller défendre les gens qui n'ont pas beaucoup de sous et les
gens qui ont le pouce vert.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Manon. Bien, d'abord, vous dire qu'on attend, à Québec solidaire, de pied ferme
la réforme de la Loi sur les normes du travail qui devrait être annoncée aujourd'hui.
Vous savez que ça fait très longtemps que Québec solidaire demande une
modernisation de cette loi-là. Aujourd'hui, on dit : Enfin, hein, mieux
vaut tard que jamais. On attend de pied ferme ce projet de loi, surtout sur un
aspect... On va bien sûr regarder beaucoup de choses, mais il y a un aspect sur
lequel on va beaucoup s'attarder, c'est la question des clauses orphelin. On
souhaite rappeler que, le 1er décembre dernier, l'Assemblée nationale
avait adopté une motion à l'unanimité, donc le gouvernement avait appuyé cette motion,
une motion qui disait : «Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement
de déposer un projet de loi afin d'interdire les clauses de disparité de
traitement fondées sur la date d'embauche des salariés, visant une adoption
d'ici juin 2018.»
Le gouvernement, donc, s'était engagé, par
voie de motion, à interdire les clauses de disparité de traitement au Québec,
et on s'attend bien sûr à ce qu'il passe de la parole aux actes et à ce qu'il
interdise réellement toutes les clauses orphelin au Québec. Et, s'il ne le fait
pas, bien, il va avoir d'énormes questions auxquelles répondre.
Deuxième élément dont je voulais vous
parler aujourd'hui, j'ai pris connaissance des réactions de M. Legault à
notre proposition d'hier concernant l'imposition d'un mécanisme de salaire
maximum aux entreprises recevant de l'aide publique. Vous savez qu'hier Québec
solidaire a proposé que l'écart salarial à l'intérieur des entreprises qui
reçoivent des fonds publics soit limité à un ratio de un pour 30 pour s'assurer
que, quand on investit de l'argent dans des entreprises, bien, ça sert à créer
des emplois et pas à payer des bonis aux hauts dirigeants. M. Legault,
hier, a repoussé du revers de la main cette proposition-là en disant que ce
n'était pas intéressant. Je trouve ça très surprenant de sa part, parce qu'il y
a un an jour pour jour, à peu près, au moment où on annonçait que les bonis des
dirigeants de Bombardier atteignaient des sommets, M. Legault avait envoyé
des députés de la CAQ manifester dans les rues avec les citoyens et citoyennes
qui s'opposaient à ces bonis faramineux. Aujourd'hui, un an plus tard, M. Legault
nous dit, dans le fond, qu'il était contre à l'époque, mais qu'aujourd'hui il
n'a aucune solution à proposer pour s'assurer que ça ne se reproduise pas. Moi,
la question que je lui pose, c'est : Si c'était un problème il y a un an,
pourquoi ce n'est plus un problème aujourd'hui? Puis qu'est-ce qu'il propose,
lui? Qu'est-ce que propose la CAQ pour s'assurer que plus jamais des fonds
publics ne servent à donner des bonis au 1 %?
Le Modérateur
: On va
passer à la période de questions. Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Moi, c'est sur d'autres sujets... Vous allez déposer une motion, cet après-midi,
concernant ABI. Qu'est-ce qui vous dérange dans ce qui se passe actuellement à
Bécancour?
M. Nadeau-Dubois : Bien, il
y a beaucoup de choses qui sont dérangeantes. D'abord, on a un lock-out qui,
depuis plus de deux mois, a mis sur le trottoir plus de 1 000 employés.
ABI, là, c'est le plus gros entrepreneur privé de la région, donc,
économiquement, c'est un énorme danger pour la région de la Mauricie et du
Centre-du-Québec. Donc, ça, déjà, ça nous inquiétait. Mais là on apprend hier,
grâce à un reportage, qu'en plus de ça il y a 39 millions de dollars de
fonds publics qui ont été perdus en achat d'hydroélectricité à cause du lock-out
et on apprend, dans le fond, qu'Hydro-Québec donne un passe-droit à ABI, en
jugeant qu'un lock-out, bien, c'est comme un tremblement de terre, c'est un cas
de force majeure puis l'entreprise n'y peut rien si elle n'honore pas son
contrat d'achat d'électricité. Pour nous, c'est inacceptable. Un lock-out,
c'est une décision, c'est une décision de l'employeur. Puis, si l'employeur
décide de ne pas honorer son contrat d'électricité, pas de raison que ce soient
des fonds publics qui paient pour ça.
M. Laforest (Alain) :
Les métallos réclamaient une intervention du gouvernement. Qu'est-ce que vous
réclamez, à Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
on la réclame, cette intervention du gouvernement, depuis longtemps. On est aux
côtés des travailleurs et des travailleuses d'ABI depuis le début, puis, nous
aussi, ce qu'on demande, c'est que le gouvernement s'implique, là. Le gouvernement
s'implique souvent dans des conflits de travail, ce n'est pas vrai que c'est
impossible. Sauf que, disons, de manière un peu prévisible, quand c'est un
lock-out, ah, là, tout d'un coup, là, ça devient impossible de s'impliquer pour
le gouvernement libéral. Il y a 1 000 emplois directs en jeu plus des
centaines d'emplois indirects. C'est inadmissible que, deux mois plus tard, le
gouvernement se tourne les pouces encore.
M. Laforest (Alain) :
Une deuxième question concernant un reportage qu'on a fait hier également.
Molson, possibilité, là, un peu dans l'air, qu'on puisse déménager cette
usine-là parce qu'une parcelle du terrain ne serait pas conforme avec les
certificats du ministère de l'Environnement. Vous en pensez quoi?
Mme Massé : Bien,
premièrement, Molson a dans ses cartons un déménagement depuis plusieurs
années. Il a exploré beaucoup de terrains au pourtour de Montréal, il s'est
arrêté là, il savait déjà qu'il y avait des milieux humides. On vient d'adopter
une loi sur la protection des milieux humides. Molson a besoin d'eau pour
produire... en fait, c'est la matière première de son produit, je pense qu'il
peut être sensible à ça. Je pense qu'entre vous et moi, là, quand on déménage
une entreprise comme celle-là et qui a les moyens de faire l'ensemble des
études nécessaires, c'est des éléments qui auraient dû être considérés.
M. Laforest (Alain) :
Mais ce qui arrive, là, c'est qu'on ne parle pas de l'entièreté du terrain, là,
on parle d'une parcelle de terrain. Donc, à Québec solidaire, vous seriez prêts
à voir le projet de Molson partir pour l'Ontario ou le Nouveau-Brunswick plutôt
que ça reste au Québec pour une parcelle de terrain qui n'est pas conforme?
Mme Massé : Je suis
désolée, ce n'est pas les autres explorations qu'avait en tête Molson, à tout
le moins à ma connaissance. On parlait du pourtour de Montréal et non pas du pourtour
du Québec. Et, ceci étant dit, il est certain que, si à chaque fois quand il
est question de protéger les milieux humides... Je nous rappelle, les milieux
humides jouent un rôle lorsqu'il est temps des pluies diluviennes, ils sont là
pour absorber, ils jouent un rôle dans l'écosystème. Alors, si à chaque fois
qu'on a un projet économique, il faut éliminer ces éléments naturels qui nous
protègent, on va avoir un problème. Moi, ce que je dis, c'est que Molson a
exploré plusieurs terrains au pourtour de Montréal et, s'il s'est arrêté là, il
savait d'entrée de jeu, parce que la loi se...
M. Laforest (Alain) :
Malgré les récriminations des associations municipales qui disent... entre
autres, l'UMQ dit que ça va faire perdre des projets économiques, le nouveau
projet de loi. On vient de le vivre avec Molson.
Mme Massé : Bien,
dites-moi pas que les inondations ne font pas perdre beaucoup d'argent aux
Québécois et Québécoises. Il faut arriver au XXIe siècle. Il faut
comprendre que tout ça a des impacts, y compris dans le portefeuille des
municipalités et du gouvernement du Québec.
Le Modérateur
: Mathieu
Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) :
Bonjour. Que pensez-vous du désir du Parti québécois de tout revoir le projet
du Réseau électrique métropolitain?
Mme Massé : Bien, c'est
sûr que, nous, hein, vous le savez depuis le début... ce projet-là, il ne tient
pas la route. Il ne tient pas la route en matière de diminution de gaz à effet
de serre, il ne tient pas la route en matière de modèle de financement, c'est
un modèle... On l'a dit depuis le début, là, c'est un projet privé dans lequel
on se retrouve aujourd'hui avec des éléments qui ont avancé. Alors, nous, à
Québec solidaire, on va voir... Ce que je veux dire, c'est : Le PQ n'a pas
encore déposé ce qu'il allait proposer, mais, nous, c'est évident que, depuis
le début, on trouve que ça n'a pas de bon sens, ce projet-là.
M. Dion (Mathieu) :
Est-ce que vous referiez le projet, comme semble le proposer le Parti québécois,
alors que c'est déjà en chantier, ce projet-là? Est-ce que vous feriez ça
aussi?
Mme Massé : Bien, c'est
ce qu'il faut considérer, c'est ce qu'il faut considérer. Mais, pour sûr, tu
sais, la non-transparence, actuellement, du projet du REM ne nous permet pas,
même spécifiquement, de dire qu'est-ce qui est commencé, où en sont rendus les
appels d'offres — un peu mais pas totalement — est-ce qu'il
y a des travaux qui ont déjà engagé de l'argent. On ne le sait pas, alors c'est
difficile de prendre des décisions comme celles-là. Mais une chose qui est
sûre, c'est que peu importe le projet qu'on mettra de l'avant, à Québec
solidaire, ce projet-là va se faire main dans la main avec l'agence, l'ARTM,
puisque c'est à cette agence-là qu'on a donné le mandat de développer et de
planifier et non pas à chacun des partis politiques.
M. Dion (Mathieu) : Et,
par curiosité, juste une petite question avec ce qui se passe avec Cambridge
Analytica. Au Québec, chacun des partis politiques fait appel à des entreprises
qui sont spécialisées dans les données. Vous-mêmes, bien, vous ne faites
peut-être pas appel à une entreprise, mais vous avez produit votre propre
plateforme qui permet d'aller chercher des données sur les électeurs. Est-ce
que vous avez des craintes, en vue de la prochaine campagne électorale, qu'il y
ait une dérive à ce niveau-là?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, la nuance que vous faites vous-même, elle est importante, c'est-à-dire
qu'à Québec solidaire on ne fait pas affaire avec des entreprises qui
fournissent des données personnelles. C'est déjà important de le dire, ça. Et
la méthode qu'on utilise, c'est une méthode de mobilisation où on invite les
gens à nous appuyer et à nous donner les moyens de les contacter. Tout ça est
fait de manière volontaire.
Et les autres partis pourront dire comment
ils s'y prennent, mais nous, on ne fait pas affaire avec des entreprises qui
vendent des données personnelles. Nous, en mobilisant les gens, on réussit à se
construire une base de contacts, et les gens le font toujours volontairement.
Et bien sûr on prend toutes les précautions pour s'assurer que ces données-là
soient protégées et que ce ne soit pas facilement récupérable.
M. Dion (Marc) :
Avez-vous des craintes que les autres partis politiques aillent plus loin puis
qu'il y ait une dérive à cet égard-là, en vue de la prochaine élection, que ça
puisse...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
honnêtement, il faut leur poser la question. Moi, je ne suis pas dans la salle
d'organisation des libéraux, de la CAQ ou du Parti québécois. Nous, par
exemple, c'est un principe qui est, pour nous, très important, on n'achète pas
de données, on mobilise les gens, puis, dans cette mobilisation-là, les gens
nous donnent les moyens de les contacter. Mais à vous de leur poser la
question, parce que c'est une question tout à fait pertinente. Avec ce qui
vient de se passer aux États-Unis, la question des données personnelles, pour
la prochaine campagne, elle va être superimportante.
M. Lachance (Nicolas) : Québec
a payé 8 millions pour racheter des droits miniers à une société pour un
terrain qui est incertain. Est-ce que ça ne pourrait pas ouvrir une boîte de
Pandore puis que Québec décide, justement, de dédommager toutes ces entreprises
qui ont acheté des terrains au Québec?
Mme Massé : Bien, c'est
sûr que la Loi sur les mines, hein, qui est une loi digne du far west, c'est-à-dire
les entreprises claiment, ça ne leur coûte à peu près rien, et après ça font
les vierges offensées lorsqu'on applique soit les lois environnementales ou on
fait des choix politiques, comme dans le cas de Lac-Barrière — on l'a
vu à Anticosti, c'était le même profil — c'est plus qu'inquiétant.
C'est nos fonds publics, c'est notre argent. Comment se fait-il que le
gouvernement du Québec a encore une fois étiré notre argent bien plus que ce
qui aurait été légitime qui soit donné pour être dédommagé? Alors, ça pose des
problèmes, et nous, on le dénonce depuis Anticosti, même antérieurement à ça,
et on va continuer de le faire parce que, pendant ce temps-là, c'est nos
services publics qui paient le prix.
M. Lachance (Nicolas) : Qu'est-ce
que vous pensez de ça, d'une taxe sur les boissons sucrées, à Québec solidaire?
Mme Massé : Je ne le sais
pas, je ne le sais pas. On va vous revenir là-dessus.
M. Lachance (Nicolas) :
Parfait.
Mme Massé : Bien, c'est parce
que je ne sais pas si, effectivement, Amir a...
M. Lachance (Nicolas) : ...il
y a le gouvernement qui est en train de réfléchir à cette question et qui pense
taxer ces boissons.
Mme Massé : Oui, oui,
oui. Mais il me semble qu'on a déjà dit des choses. Mais, moi, pour être sûre
qu'on va vous donner la bonne réponse, j'aimerais mieux vous revenir là-dessus.
M. Lachance (Nicolas) :
Parfait. Merci.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Permettez-moi de revenir sur les questions de mon collègue Mathieu sur l'utilisation
des données personnelles qui se retrouvent notamment sur les réseaux sociaux
comme Facebook. Est-ce que le gouvernement québécois et peut-être le gouvernement
fédéral devraient légiférer pour encadrer cette utilisation-là, selon vous? Parce
que vous vous êtes dotés vous-mêmes, à Québec solidaire, de règles, mais il n'y
a rien qui vous oblige à adopter ces règles-là.
M. Nadeau-Dubois : Je
pense qu'il faut des balises, je pense qu'il faut des balises. C'est une
nouvelle réalité, et là on est en train de découvrir tous ensemble à quel point
cette réalité-là change la donne, aussi, politiquement. Donc, oui, il faut une
réflexion sur l'utilisation des données personnelles de manière générale, et
plus spécifiquement dans les campagnes politiques. C'est une réflexion qu'il
faut entamer dans les prochains mois, les prochaines années, parce que ce qu'on
a vu aux États-Unis et même en France, là, c'est très inquiétant. Donc, oui, il
faut plus de balises, des balises réglementaires. Il va falloir que les
entreprises comme Facebook, mais d'autres aussi, fassent partie de la solution
parce que les données... Comme on dit, là, si vous ne payez pas pour un
produit, c'est que vous êtes le produit. Donc, il ne faut pas se leurrer face à
la gratuité de ces plateformes-là, il y a des pratiques de capture de données
personnelles pour des raisons mercantiles, et il faut les encadrer, c'est très
important.
Mme Massé : Et juste
rajouter que le DGE est très conscient de tout ça. Alors, moi, je pense qu'il
se doit d'activer sa réflexion pour fournir aux élus les lignes à suivre et
qu'on puisse réglementer en fonction.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Et à six mois et demi des prochaines élections générales, est-ce que vous avez
une crainte qu'un de vos adversaires utilise, achète des données puis ait un
avantage pour remporter les prochaines élections?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je n'ai pas de raison de croire que personne n'est malhonnête, là. Mais, s'il y
a une absence de balises puis il n'y a pas de règles, c'est sûr que la table
est mise pour des dérapages. Donc, s'il y a une volonté d'en mettre, des
balises, puis de se donner des règles pour la prochaine campagne, une chose est
sûre, Québec solidaire va faire partie de la solution, on va être là, on va
être autour de la table, on va vouloir en parler parce qu'on ne peut pas
laisser ça aller. On ne voudrait pas se retrouver avec des scandales comme ceux
qu'on apprend dans les derniers jours, là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, va, dans quelques
minutes, annoncer ses priorités en vue du prochain budget, ses demandes
prébudgétaires. Peut-être que vous comptiez le faire à une autre occasion cette
semaine, mais pouvez-vous juste nous résumer ce que vous tenez à ce qui se
retrouve dans un budget, celui qui va être déposé la semaine prochaine?
Mme Massé : Bien, effectivement,
vous avez bien perçu, demain on va venir devant vous avec nos préoccupations.
Je vais vous demander juste d'être patient jusqu'à demain.
M. Nadeau-Dubois : Mais,
à M. Legault, vous lui demanderez ce qu'il compte faire pour faire en
sorte que plus jamais de l'argent public ne serve à donner des bonis à
Bombardier, parce qu'il y a un an les députés de la CAQ étaient dans les rues
avec les citoyens et citoyennes pour manifester leur indignation face aux bonis
des dirigeants de Bombardier. Donc, peut-être que, dans le cadre de sa
réflexion sur les finances publiques, hein, il pourrait nous dire qu'est-ce
qu'il compte faire pour ne plus que de l'argent public parte des coffres de
l'État pour s'en aller dans les poches des patrons de Bombardier. Ce serait une
bonne question à lui poser.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...
Le Modérateur
: On va
essayer de se limiter à une question, une sous-question, s'il vous plaît.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...parce qu'hier M. Legault a réagi à ça...
M. Nadeau-Dubois : Oui,
il l'a repoussé du revers de la main.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...en disant que ce n'est pas aussi simple que ça de limiter arbitrairement à
30 fois, par exemple, le revenu moyen ou...
M. Nadeau-Dubois : Le
Parlement israélien limite à 35 fois le salaire moyen dans le secteur des
banques. Barack Obama, en 2008, a limité à 500 000 $ toutes les
rémunérations dans les entreprises qui avaient été renflouées. En France,
depuis 2012, la rémunération des patrons de toutes les entreprises publiques
est limitée à 825 000 € par année.
Mme Massé : 450 000.
M. Nadeau-Dubois :
Pardon, 800 000 € par année. Donc, tout ça pour dire : Plein de
pays le font dans le monde, on peut le faire aussi au Québec. Ce n'est pas une
question de possibilité, c'est une question de volonté politique. Puis M. Legault,
qui parle constamment de bonne gestion des fonds publics, devrait être capable
de nous dire qu'est-ce qu'il propose, un an plus tard, pour s'assurer que ça ne
se reproduise plus.
M. Lavoie (Gilbert) :
Bonjour. Est-ce que Martine Ouellet serait la bienvenue à Québec solidaire si
elle échouait son test du mois d'avril?
Mme Massé : Est-ce que
Martine Ouellet voudrait venir à Québec solidaire?
M. Lavoie (Gilbert) : Si
elle voulait.
Mme Massé : Bien, chez
nous, à Québec solidaire, on est toujours en dialogue, on est toujours en...
Mme Ouellet nous a démontré que c'est une souverainiste de gauche, etc.,
mais je n'ai jamais entendu aucun intérêt de sa part de venir à Québec
solidaire, alors on traversera le pont quand on sera rendus à la rivière.
M. Lavoie (Gilbert) :
Une sous-question rapide. Vous étiez à Paris, au sommet sur les changements
climatiques. Est-ce que vous croyez que le marché du carbone ou les taxes du
carbone, tous ces projets-là sont en danger, actuellement, avec ce qui se passe
en Ontario, ce qui se passe dans l'Ouest?
Mme Massé : Je ne crois pas,
dans le sens que ces outils-là ont... vous connaissez notre critique des
outils, mais, je veux dire, se sont bien implantés. Ottawa arrive aussi avec
son imposition au niveau carbone. Moi, je pense juste qu'au contraire, pour
nous, à Québec solidaire, ça ne va pas assez vite. Prenons la bourse, par exemple,
du carbone, qu'on appelle, le plafonnement n'est pas utilisé à sa juste valeur,
ce qui fait que notre gouvernement distribue des droits de polluer à des
grandes entreprises, qui fait en sorte qu'on n'atteindra pas nos objectifs de
2020. Et ça, ce n'est pas Québec solidaire qui le dit, c'est l'ensemble des
environnementalistes.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour. Dites-moi si je me trompe, mais vous ne vous êtes pas prononcés
récemment sur le test de valeurs de la CAQ. Quelle est votre position
là-dessus?
M. Nadeau-Dubois : C'est
une très mauvaise proposition parce que ça sous-entend qu'il y aurait des vrais
et des faux Québécois, Québécoises. Je me demande qui le passerait puis qui ne
le passerait pas, son test de valeurs, à M. Legault. Moi, je trouve ça
très inquiétant comme proposition. J'aimerais bien qu'il nous le fournisse
avant la campagne électorale.
Mme Lévesque (Catherine) :
Le Parti libéral le demande aussi. Puis en fait il y a un 10e député
libéral, là, qui va confirmer, aujourd'hui, si je ne m'abuse, là, qu'il ne sollicitera
pas un autre mandat. Qu'est-ce que ça vous dit sur l'état actuel, là, du Parti
libéral du Québec, qu'il y en ait autant, là, qui annoncent qu'ils ne
sollicitent pas un autre mandat?
Mme Massé : Bien, moi, ce
qui me fascine... Je regarde, nous, à Québec solidaire, on peut se présenter,
par exemple, dans mon cas, cinq fois avant d'être élus dans le même comté, puis
il y en a qui abandonnent le bateau au cas où qu'ils ne seraient pas réélus,
notamment. Je me dis : Ça, ça leur appartient. Mais en même temps je ne
sais pas qui est cette autre personne, mais je peux comprendre qu'à un moment
donné la politique, c'est épuisant, j'en sais quelque chose, alors je peux
comprendre ça. Mais, moi, ça m'indique plus qu'il y a des gens qui souhaitent
plus avoir du pouvoir que nécessairement juste aller dans la démocratie
qu'impose un système électif.
Mme Lévesque (Catherine) :
Est-ce qu'on peut parler d'une débandade au Parti libéral?
Mme Massé : D'une?
Mme Lévesque (Catherine) :
Une débandade au Parti libéral, est-ce qu'on peut dire ça?
Mme Massé : Bien, il y a
bien d'autres raisons pour lesquelles ce parti-là est en débandade, si vous
voulez mon point de vue. Quand on regarde un parti qui fait plus de 4 milliards
de surplus et qui traite encore des questions comme l'environnement, les
services publics, l'éducation en nous faisant accroire qu'ils réinvestissent,
mais que, dans le fond, ça n'a rien à voir avec tout ce qu'ils ont soustrait, pour
moi, la débandade économique est dramatique. Et, quand — un autre
exemple — on se pète les bretelles parce qu'on a créé 89 000 emplois
et qu'on cache sous la couverte qu'il n'y en a que 4 000 qui sont occupés
par des femmes, il y a toutes sortes de débandades dans la vie.
Le Modérateur
: On va
prendre les questions en anglais.
Mme Montgomery
(Angelica) : Hello. We're expecting the
Liberals to table a bill today that will give more vacation time to Quebeckers.
What do you think of this type of proposal?
M. Nadeau-Dubois : Well, we'll see what the proposal is before reacting to it, but
what we're hearing is not very interesting. I mean, you know, burnouts in Québec and Canada, just like in a lot of, you know, developed countries in the world
are a real epidemic in our economy, people are falling apart. You know, our
workplaces are falling apart in the public and the private sector because of
burnouts and professional… you know, yes, of burnouts. So, we need strong
political measures to make sure that people have more time with their families.
And it's not three weeks after three years of work that can really make a
difference. We need urgent measures to make sure that, you know, people have
more time with their families, because, right now, it's not only the quality of
life of families that is affected, it's our economy itself that is grieving
from this burnout epidemic.
Mme Montgomery
(Angelica) : What are you proposing?
M. Nadeau-Dubois : Well, we put forward a bill, a few months ago, proposing four weeks
of vacation after one year of work. That's, you know, a lot more interesting,
because we have to remember that Québec is one of the countries in the world, of the developed countries in
the world, where the vacation time is that low. The average in European
countries is around five to six weeks a year. So, we're really behind in terms
of, you know, «conciliation travail-famille», of work-family…
Mme Montgomery
(Angelica) : Work-life balance.
M. Nadeau-Dubois : …work-life balance. So, we are behind in the work-life balance
terms, we are really behind. So, we need to enter in the 21st century. And,
you know, Mr. Couillard says that he is… you know, he's a progressive, he
says that he wants to do his electoral campaign on the
subject of work-family balance, so he has to prove it this afternoon.
Le Modérateur
:
Merci.
(Fin à 11 h 30)