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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, Mme Véronique Hivon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de famille, et M. Nicolas Marceau, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances

Version finale

Le mercredi 28 mars 2018, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures cinq minutes)

M. Lisée : La politique budgétaire du gouvernement libéral, c'est celle-là. Alors, qu'est-ce qui se passe là, c'est l'augmentation des dépenses du gouvernement, depuis qu'il est là, et après. En dessous de la ligne pointillée, ça veut dire qu'il y a des compressions, c'est-à-dire que l'augmentation des dépenses n'est pas assez forte pour absorber l'augmentation des salaires et des besoins. Alors, vous remarquez qu'il y en a avant le budget électoral et il y en a après le budget électoral. Ça veut dire qu'hier le gouvernement libéral a confirmé que c'est des souffrances, des bonbons et des souffrances. Et c'est bizarre parce que les bonbons arrivent avant l'élection mais les souffrances reviennent après.

Et, quand je dis des souffrances, là, qu'est-ce que ça veut dire d'être en dessous de cette ligne? Bien, ça veut dire, cette dame avec la sclérose en plaques qui s'est fait dire qu'elle se faisait couper de 10 heures de soins à domicile par semaine; ça veut dire, cette dame qui était en chaise roulante, qui a dû choisir entre coucher dans sa chaise roulante ou avoir des soins pour l'aider à manger; ça veut dire des enfants autistes qui ont pris plus qu'un an d'attente avant d'avoir un diagnostic.

Ça veut dire que, quand on est en dessous de la ligne, là, on se met à mettre à la porte des professionnels. On augmente la charge de travail des infirmières puis des préposés. Alors, oui, le gouvernement sort de la ligne. Le gouvernement, cette année, fait en sorte que tout le monde presque reçoit un bonbon. Mais ça a été payé par de la souffrance humaine ici puis ça va être payé par de la souffrance humaine, là.

Alors, on disait que ce gouvernement qu'il avait un déficit de compassion. Bien là, il a un déficit de compassion, il y a un surplus de cynisme électoraliste puis il retourne dans un déficit de compassion programmé.

Alors, écoutez, vous allez nous demander si on est contents de certaines des dépenses aujourd'hui. Bien sûr qu'on est contents de certaines des dépenses aujourd'hui, mais on n'est pas contents du cynisme programmé de ce gouvernement depuis quatre ans et pour les années à venir. Et c'est tellement... je veux dire, c'est tellement hors normes, hein? Vous allez me dire : Il y en a des gouvernements, des budgets préélectoraux, c'est toujours comme ça. Oui, mais là, c'est hors normes.

Et moi, c'est la première fois que je vois un gouvernement qui ose nous dire, dans ses prévisions budgétaires : les compressions reviennent. Dès que les libéraux seront réélus, dans les 18 mois qui suivent, les compressions reviennent, et ils espèrent que les gens vont acheter ça. Ils espèrent que les gens avertis de la manoeuvre, du truc cynique, vont vouloir recommencer pour un autre quatre ans. Trois ans de souffrance, un an de bonbons, trois ans de souffrance, un an de bonbons, c'est le plan libéral pour les décennies à venir.

Nous, on dit : Plus jamais ça, plus jamais ça, jouer avec nos enfants, nos aînés, nos patients pour faire en sorte qu'une année ils soient en compression, puis là, pendant un an ou deux, ah, tout à coup, il y a des services puis ensuite ils retombent en compression. Ce n'est pas comme ça qu'on doit gérer le Québec. Ce n'est pas comme ça qu'on a à coeur les intérêts des Québécoises et des Québécois.

Alors, c'est révoltant. C'est une façon révoltante de gérer les affaires publiques à des fins purement partisanes, de jouer avec la vie des gens, avec les soins à domicile, avec les soins dans les CHSLD, créer de la misère humaine pour avoir un objectif de réélection pur et simple. Véronique.

Mme Hivon : Oui. Je pense qu'on pourrait dire en termes vraiment d'approche du gouvernement libéral par rapport aux services à la population, en matière sociale, c'est clairement le pompier pyromane ou le pyromane pompier, parce que la pyromanie est arrivée avant, bien sûr, qu'on essaie d'éteindre le feu. Puis vous savez ce qui arrive quand il y a un feu? Bien, évidemment, il y a des dommages irrémédiables et des séquelles irrémédiables parce qu'on ne peut jamais reconstruire les choses comme elles étaient.

Et qui fait les frais de ces dommages et de ces séquelles? Bien, comme le disait très bien Jean-François, ce sont nos personnes les plus vulnérables et ça, ça ne sera jamais remis en état, parce que les enfants qui ont été privés de services, c'est des années de sacrifiées dans leur apprentissage, dans leur développement futur. Les aînés qui ont eu des pertes parce qu'ils n'ont pas eu les soins requis, bien, c'est de l'autonomie perdue à jamais, et ça, c'est très grave.

Alors, je pense que personne n'est dupe aujourd'hui, et il y a un autre secteur qui a vraiment fait les frais de ce pompier pyromane ou de ce pyromane pompier de gouvernement libéral, c'est, bien sûr, tout ce qui concerne la petite enfance et nos centres de la petite enfance, qui sont vraiment un joyau. Et c'est grave, ce qu'on constate, un geste délibéré hier dans le budget, qui reflète toute l'obsession de ce gouvernement pour le privé, toute l'idéologie proprivé de ce gouvernement, c'est clairement de dire qu'on augmente le crédit d'impôt pour les services de garde privés, de garderies commerciales, de garderies à but lucratif.

C'est quoi, l'effet de ça? Bien, évidemment, c'est encore de détériorer notre soutien pour les centres de la petite enfance et surtout, c'est de privilégier le privé plutôt que la qualité.

Alors, vous voyez, tous ces beaux discours du gouvernement depuis quelques semaines, depuis quelques mois, sur la priorité à la réussite éducative, sur l'importance de l'agir tôt, sur l'importance de commencer à miser sur la réussite dès la plus petite enfance, bien, c'est du vent quand on constate les choix concrets qui sont faits, et ce choix-là d'aller privilégier, avec un crédit d'impôt augmenté, les garderies privées commerciales, ça a pour effet, vous le savez très bien, que plusieurs parents vont se tourner vers les garderies privées, parce que financièrement, ça va être plus avantageux pour eux d'y avoir recours. Et pourtant, étude après étude, il est démontré que les services en centre de la petite enfance sont toujours d'une qualité supérieure globalement.

Alors, ça, c'est très grave, puis l'autre effet pervers qui est très grave, c'est qu'on va encourager encore davantage tout le réseau non régi de  garderies à la maison, parce que, oui, ces crédits d'impôt là sont aussi accessibles pour les gens qui vont dans le non régi, où il n'y a aucun programme éducatif, aucune formation d'exigée, aucune exigence de qualité à la base même. Alors, c'est très grave. Pour un gouvernement qui est supposé faire de la réussite des enfants une priorité, bien, on voit que ce n'est que de la poudre aux yeux. Nicolas.

M. Marceau : Bonjour. Je veux parler de deux choses rapidement. Tout d'abord, la question du commerce électronique, je voudrais juste, bon, vous clarifier un peu ce qui a été annoncé hier. Bon, vous savez que, pour les biens intangibles achetés à l'étranger, donc le contenu culturel, les téléséries, les films, la musique, le gouvernement a annoncé son intention d'obliger les fournisseurs à s'inscrire en taxes. Et donc cette approche qui a été choisie par le gouvernement a le potentiel de régler le problème, et là-dessus, on est d'accord.

Maintenant, ça laisse de côté le plus gros problème, la partie la plus importante, c'est-à-dire tout ce qui concerne la taxation du commerce électronique des biens tangibles. Là, on parle des vêtements, des souliers, des appareils électroniques, des bijoux, bon, et autres. On parle de M. Simons, on parle des 2 000 boutiques, des 2 000 commerces qui ont fermé l'année passée au Québec. C'est d'eux autres qu'on parle, là.

Pour ces gens-là, ça représente premièrement 60 %, 58 %, là, pour être plus clair, des pertes fiscales du gouvernement. Vous allez le trouver, si vous regardez à la page B.13 des renseignements supplémentaires. Donc, à la page B.13 des renseignements supplémentaires, je vous invite à aller voir, vous allez voir les pertes fiscales du gouvernement, vous allez pouvoir constater que les pertes fiscales pour ces biens tangibles s'élèvent à 158,4 millions pour l'année passée. Et là-dessus, et c'est là qu'est le drame, il n'y a rien, hein? C'est le statu quo ou, en fait, vous pouvez partir à rire si vous voulez, ils proposent un renforcement des frontières canadiennes, alors que, dans le dernier budget Morneau, il n'y avait rien, hein? Malgré la demande qui avait été formulée l'année passée par le gouvernement québécois, par le gouvernement du Québec, il n'y avait rien dans le budget Morneau pour le renforcement des frontières. On reconnaît même dans le texte des renseignements supplémentaires qu'une infime fraction des colis sont interceptés à la frontière. Et ce qu'on nous propose, c'est un projet pilote, regardez.

Alors, essentiellement, c'est le statu quo pour Peter Simons, pour les boutiques, pour les commerces de nos centres d'achat puis sur nos rues principales. Et les 2 000 commerces qui ont fermé, évidemment, pour eux, il est trop tard, mais, pour les autres commerces du Québec, c'est très inquiétant. L'inéquité fiscale qui existe présentement se poursuit et est maintenue malheureusement. Et il y a quelque chose à faire, le gouvernement peut redresser la situation. Il suffirait d'utiliser la même approche qu'on a utilisée pour les biens intangibles, hein, c'est-à-dire exiger des vendeurs en ligne qu'ils s'inscrivent en taxes au Québec aussi. On peut faire ça très aisément, mais le gouvernement se refuse à le faire et pour une raison qui est complètement inexplicable, qui ne tient pas la route.

Peut-être un dernier point. Je veux vous parler de la question du transport aérien régional. Sur cette question-là, en fait, le gouvernement y va d'un crédit d'impôt pour billet trop cher. Donc, un nouveau crédit qui est introduit, et essentiellement, ce qu'on va faire, c'est qu'on va permettre aux consommateurs qui paient des billets trop cher de réclamer auprès du gouvernement un crédit d'impôt. Évidemment, ça ne va pas inciter Air Canada à réduire ses prix, bien au contraire, et implicitement on se trouve à subventionner Air Canada.

Alors, hier, c'était une très bonne journée pour Air Canada qui va avoir de l'aide pour augmenter le prix de ses billets auprès des consommateurs québécois. Il y aurait eu une alternative, que nous avons formulée, qui est celle de contrôler les prix, qui est celle d'encadrer les prix. Mais, pour des raisons encore idéologiques, on préfère subventionner Air Canada plutôt que de contrôler les prix, plutôt que... alors, déplorable. Merci.

Le Modérateur : Merci, madame et messieurs. On va aller aux questions. Micro de droite, M. Laforest.

M. Laforest (Alain) : Bonjour à vous. M. Lisée, vous avez dit quand même quelque chose d'assez surprenant, dur : Le gouvernement a joué avec la vie des gens.

M. Lisée : Oui.

M. Laforest (Alain) : Sur quelles bases?

M. Lisée : Bien, sur quelles bases, c'est que, lorsqu'il a fait ses compressions dans les premières années, il savait qu'il était en train d'accumuler des surplus. Au moment où la Protectrice du citoyen lui dit : Vous créez de la misère humaine, vous réduisez le nombre d'heures de soins à domicile, vous rationnez les soins à domicile, vous mettez en cause la qualité des services dans les CHSLD, il savait qu'il faisait des surplus. Le ministère des Finances lui disait : À chaque trimestre, vous êtes en train d'accumuler des surplus. Ils ont décidé de continuer. Pourquoi? Parce qu'ils voulaient gagner l'élection. La seule raison.

Et ils s'organisent, là... ils vident les caisses au complet, là, il n'y a plus un sou nulle part, là, il n'y a plus de réserve, il n'y a plus aucun coussin en cas de coup dur puis de récession, puis, de toute façon, ils dépensent tellement qu'ils savent qu'ils vont recréer des compressions après 18 mois. Alors, oui, ces compressions-là...

Les enfants qui n'ont pas eu d'orthophoniste ici, les enfants qui n'ont pas eu de psychopédagogue, les enfants qui n'ont pas eu de diagnostic d'autisme ou de déficience intellectuelle ou qui ont eu des épisodes de soins, ça veut dire que ce n'est pas des soins continus, ils ont payé ici. Ils ont payé pour longtemps. Et, comme disait Véronique, il y a des lacunes...

Mme Hivon : Des séquelles.

M. Lisée : Il y a des séquelles, parce que tu n'as pas été pris à temps, que tu vas traîner pendant très longtemps. Et là ils nous annoncent, là, à tous les vulnérables, à l'Éducation, à la Santé, à l'Environnement : Attendez-vous, si vous nous réélisez, ça va recommencer, les compressions.

M. Laforest (Alain) : Vincent Marissal à Québec solidaire contre vous...

M. Lisée : Bien, contre moi, je ne sais pas. En tout cas, si Vincent Marissal veut se présenter en politique, je lui souhaite la bienvenue. Je pense qu'on a besoin de gens de qualité et de gens qui connaissent la politique. Vincent a démontré une bonne connaissance des affaires politiques. S'il va à Québec solidaire, c'est son choix, puis le je respecte.

Sur l'île de Montréal, il y a 21 députés et ministres libéraux, des gens qui ont fait des compressions, des gens qui ont permis à des compagnies pétrolières d'avoir le droit d'exproprier, des gens qui n'ont pas travaillé pour le bien commun. Alors, il a le choix, s'il veut contribuer au bien commun, de se présenter contre un des 21 ministres ou députés libéraux de l'île de Montréal. Il y en a encore plus à Laval puis il y a des caquistes dans les couronnes.

Alors, s'il devait décider de se présenter dans un comté péquiste, bien, ça nous dirait quelque chose sur le réel objectif de Québec solidaire. Moi, dans Rosemont, je suis très confiant de l'emporter. Je pense, j'ai tissé un très, très bon lien avec la population, avec les organisations, avec les groupes locaux. Mais posons l'hypothèse que M. Marissal fasse une bonne campagne dans Rosemont, le seul résultat vraisemblable, c'est qu'il donne le comté aux libéraux. Ça, ce serait sa contribution au bien commun, donner Rosemont aux libéraux s'il performe. Moi, je n'y crois pas, mais c'est le choix qu'il a devant lui.

Journaliste : ...mais ailleurs.

M. Lisée : C'est son choix.

Le Modérateur : Merci. M. Bellerose, micro de gauche.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Lisée. Pour rebondir sur la question de M. Laforest, si M. Marissal est souverainiste, puisqu'il pourrait se présenter pour Québec solidaire, est-ce qu'il serait le bienvenu au Parti québécois?

M. Lisée : On est prêts à discuter avec lui, bien sûr.

M. Bellerose (Patrick) : Ce serait un bon candidat?

M. Lisée : Ça pourrait.

M. Bellerose (Patrick) : Avec le budget présenté hier, le gouvernement utilise le coussin qu'il s'était mis en réserve, il fait aussi des projections sur cinq ans. Est-ce qu'il vient de vous enlever de la marge de manoeuvre pour le cadre financier pour la plateforme électorale?

M. Lisée : Il vient d'enlever de la marge de manoeuvre aux Québécois. Il vient de faire en sorte que, s'il y a un coup dur, une guerre commerciale, un krach boursier, le Québec est sans ressources pour amortir le choc.

M. Bellerose (Patrick) :  Est-ce qu'il vient de lier les mains pour la campagne électorale?

M. Lisée : Bien, il vient de lier les mains aux Québécois. Nous, heureusement, contrairement à la CAQ et au Parti libéral, on a pris une décision il y a longtemps, c'est que nous allons geler la rémunération des médecins. Et donc il y a plusieurs milliards de dollars qui vont être dépensés par les libéraux et la CAQ. La CAQ, on ne sait pas le montant, ils n'ont pas encore fini de calculer, mais, pour le Parti libéral, on sait, c'est entre 3 et 5 milliards qui vont être dépensés en 10 ans.

Ça, cet argent-là, nous, on va le récupérer pour investir dans les services, dans la santé en particulier, ce qu'ils n'ont pas fait hier sur les paradis fiscaux, alors qu'ils ont la capacité de dire que le Québec n'accepte plus les conventions de paradis fiscal du gouvernement fédéral, qui légalise l'évasion fiscale dans un certain nombre de paradis, nous, on va dire : À partir de maintenant, si vous avez des revenus dans ces paradis fiscaux, vous devez les déclarer et payer votre impôt à Revenu Québec.

Donc, on a encore des instruments que les libéraux ont refusé d'utiliser, mais il est certain qu'ils compliquent la vie du Québec pour les années à venir.

Le Modérateur : Micro de droite ensuite, s'il vous plaît.

M. Bellerose (Patrick) : ...les paradis fiscaux, les médecins, ça représente combien environ que vous pouvez aller chercher...

M. Lisée : Bien, paradis fiscaux, juste pour les spécialistes, c'est 5 milliards sur neuf ans, c'est ça?

Mme Hivon : Paradis fiscaux pour les spécialistes.

M. Lisée : Les paradis fiscaux pour les spécialistes.

Des voix : Ha, ha, ha!

Mme Hivon : Ça, c'est une nouvelle combinaison. On s'en vient là-dessus, là.

M. Marceau : Il y a peut-être une intersection.

M. Lisée : Il y a peut-être une intersection, oui, c'est ça. Paradis fiscaux, c'est une boîte à surprise. Alors, on ne sait pas combien de gens vont se mettre à dire : Jusqu'à maintenant, mon comptable m'avait dit que c'était légal d'être dans le paradis fiscal; maintenant, il me dit que c'est une fraude, parce que le gouvernement du Parti québécois vient de dire qu'il faut déclarer.

Alors, combien de milliers d'entreprises et de citoyens vont dire : Je ne veux pas frauder et donc je vais déclarer? Dizaines... combien de dizaines de millions de dollars? Est-ce que c'est davantage? On le saura dans les premiers deux ans de notre mandat.

Le Modérateur : Merci. M. Pilon-Larose, à droite.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous vous êtes engagé, par le passé, à ne pas réduire les impôts si vous êtes élu, à les garder au niveau auquel ils seront le 1er octobre prochain.

Se peut-il que, dans les années à venir, l'évolution du coût de système et des besoins pourraient faire en sorte que vous déposeriez des budgets déficitaires pour pouvoir assumer la croissance des coûts?

M. Lisée : Ce n'est pas envisagé. Nous, on pense que, lorsqu'on est en croissance économique, les budgets doivent être équilibrés. Si on est en récession, c'est à ce moment-là qu'on peut faire des déficits pour amortir le choc, mais, tant qu'on est en croissance économique, le budget doit être équilibré.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Parfait. Sur les biens tangibles, est-ce que le provincial peut agir seul, contrairement, là, aux biens intangibles?

M. Marceau : Bien, oui, de la même manière que... Écoutez, demander aux fournisseurs de biens intangibles de s'inscrire en taxes au Québec, c'est égal à demander aux fournisseurs de biens tangibles... tangibles, intangibles, ça ne change strictement rien. C'est vrai que, dans le cas des biens tangibles, il y a une alternative à cette inscription en taxes, hein, l'obligation de s'inscrire en taxes, parce qu'effectivement, à la limite, vous pourriez mettre une barrière qui est suffisamment étanche pour empêcher les biens de rentrer.

En pratique, on parle d'une fraction infime des colis qui sont présentement interceptés à la frontière, et cette approche, elle a démontré depuis longtemps son inefficacité. Et dans le cas, évidemment, des biens intangibles, il n'y a rien à faire, il faut absolument passer par une inscription en taxes. Moi, je ne comprends pas... puis j'entendais hier la fiscaliste Marwah Rizqy dire la même chose que je vous dis maintenant, il n'y a aucune raison de faire une distinction entre les biens tangibles et les biens intangibles. Et, comme les biens intangibles, ça représente l'essentiel des pertes fiscales, je veux dire, c'est dramatique, là, et ce sont encore une fois nos commerces de nos rues principales, de nos centres d'achats qui sont en danger.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Une petite dernière, en terminant, sur la politique culturelle. Les libéraux, hier, annoncent une hausse qu'ils qualifient d'historique du budget du ministère de la Culture, déploient 509 millions pour lancer, sur cinq ans, leur nouvelle politique culturelle. Est-ce qu'ils reprennent le flambeau de l'identité et de la culture?

M. Lisée : Bien, écoutez, on attend de voir. C'est sûr que, encore une fois, ce sont des dépenses qu'ils vont faire pendant notre mandat, hein? Regardez combien d'argent ils vont dépenser avant leur défaite électorale, le 1er octobre, puis combien ils veulent qu'on dépense à nous. Ça fait que finalement, ce qu'ils nous disent, c'est : Lorsque vous serez au pouvoir, le Parti québécois, on vous suggère de dépenser 500 millions en culture.

Alors, on regarde cette suggestion avec l'esprit ouvert, mais ce n'est clairement pas le gouvernement Couillard qui dépense cet argent-là. Il a décidé, ces quatre dernières années, de serrer les cordons de la culture plutôt que d'augmenter les dépenses.

Juste pour ajouter à ce que dit Nicolas sur les biens tangibles, le Japon, l'Australie et l'Europe montrent la voie, comment le faire. On sait comment le faire. Alors, c'est juste que M. Leitão, pour des raisons inexplicables, ne veut pas le faire.

Le Modérateur : Merci. M. Lavallée, micro de gauche.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. Le budget présenté hier comporte plusieurs nouveaux crédits fiscaux, notamment, par exemple, pour les personnes âgées qui veulent acheter de l'équipement pour rester à la maison, un nouveau crédit pour les nouveaux propriétaires d'immeuble. Est-ce que vous vous engagez, si vous êtes élus, à maintenir l'ensemble de ces nouveaux crédits dont va bénéficier surtout la classe moyenne, de ce qu'on comprend?

M. Lisée : Nous, on n'a pas l'intention de revenir sur des éléments qui sont inscrits dans la réalité lorsqu'on prendra le pouvoir le 1er octobre. Évidemment, à partir du moment où tu décides de vider les caisses, d'utiliser tes surplus antérieurs du passé puis tes surplus futurs, tu peux être extrêmement généreux. Alors, nous, on prend chacun de ces éléments de générosité puis on dit : Bien oui, puis ça, on l'avait dans notre programme, puis ça, c'est une bonne chose, puis ça, c'est une bonne chose. Mais ça met le Québec en difficulté financière.

Alors, nous, oui, l'essentiel de ces choses-là, on va les garder. Ce qui est déjà inscrit dans le réel, on va le garder, mais on va avoir une mise à jour économique en novembre ou en décembre qui vient et ensuite un budget en mars qui vient et on va faire des choix. Mais c'est clair que les mesures, par exemple, de rénovation, pour nous, on pense que ça devrait être permanent. On ne devrait pas toujours jouer au yoyo avec le suspense là-dessus, et donc bien sûr qu'il y a des mesures là-dedans qu'on trouve intéressantes et qu'on va garder pour l'essentiel. Et on s'engage à être aussi généreux qu'on peut l'être.

M. Lavallée (Hugo) : En ce qui concerne la rémunération des médecins, parce que vous y revenez, vous dites : Nous, on va trouver davantage d'argent en annulant cette augmentation-là. Je vous avais déjà posé la question il y a quelque temps, mais de quelle manière précisément vous allez y parvenir? Parce qu'il n'y a aucune garantie que les médecins vont accepter de laisser l'argent sur la table. Ça va être assez rude. Le gouvernement lui-même dit que c'est comme ouvrir une boîte de Pandore, que ça pourrait même mettre les agences de crédit sur le qui-vive. Comment vous allez vous y prendre concrètement?

M. Lisée : Ça me fait sourire quand M. Couillard parle de ça, parce que moi, si j'étais une agence de crédit, je regarderais ça et je serais sur le qui-vive. Je regarderais, là, ce que le gouvernement du Québec vient de faire pour les années à venir et le fait que ce doigt d'honneur rouge, là, qu'ils font aux Québécois, ils le font aussi aux agences de crédit parce qu'il y a un déficit, ici, là. On dépense davantage que nos revenus pour ces années-là et même pour celle-là, en fait. Quand vous regardez le livre, là, des entrées et des sorties, on est en déficit réel cette année, l'année prochaine, l'année suivante. Ça, on peut juste dépenser du vieux gagné.

Alors, les agences de crédit, je pense qu'ils ne la trouveront pas drôle. Et je pense qu'ils aimeraient mieux savoir qu'il y a 5 milliards de dollars qui ne seront pas donnés à 22 000 personnes, mais qui vont servir, justement, à amortir le choc des compressions qui sont annoncées.

Alors, comment ça va se passer? Un mandat électoral fort, d'avoir un moment de vérité avec les médecins. On a déjà plus de 500 médecins qui ont signé une pétition pour dire : Nous voulons le gel de notre rémunération, nous ne voulons pas avoir ces augmentations. Et là je pense qu'il y a effectivement une ouverture dans le front commun des médecins, qui n'est pas aussi unifié qu'il l'a été dans le passé, et nous, notre premier choix, c'est de l'ouvrir de gré à gré. Ça se peut que ça ne marche pas, et là on a un plan b, puis un plan c. On vous en parlera à ce moment-là.

Le Modérateur : Une dernière, s'il vous plaît, M. Lavallée.

M. Lavallée (Hugo) : ...votre stratégie, si je comprends bien, c'est de miser sur la division au sein du corps médical.

M. Lisée : C'est de miser sur l'admirable sens social de centaines et de centaines de médecins qui savent que ça n'a pas de sens, dans la situation actuelle, d'avoir 5 milliards de dollars pour 22 000 personnes, alors qu'il y a des besoins autour d'eux.

Le Modérateur : Merci. Mme Sioui, micro de droite.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous trois. Est-ce que vous partagez l'optimisme de Carlos Leitão qui, je cite, a dit hier qu'il n'y a pas de récession «anytime soon».

M. Lisée : Je vais laisser Nicolas répondre à celle-là.

M. Marceau : Évidemment, on ne sait pas maintenant s'il va y avoir une récession dans trois mois, dans six mois, dans un an, dans deux ans. Ce qu'on sait, par contre, c'est que le cycle aussi a été long, hein? Ça fait 10 ans maintenant, et la nature de la bête, c'est qu'il y a éventuellement une récession.

Je dirais aussi, puis Jean-François l'a évoqué, il y a la question des guerres commerciales auxquelles on est confrontés, hein? La volonté de M. Trump de régler l'ALENA, enfin, ça dépend du jour... de l'heure à laquelle il se lève puis de qui il a vu la veille. Alors, ce n'est pas clair, ce qu'il va se passer là-dessus.

Moi, le message que je vous dirais, c'est que le budget n'est quand même pas prudent. Bon, d'une part, Jean-François l'a évoqué, il y a des déficits cette année puis pour les deux prochaines années. Déjà, on sait qu'on retourne dans un monde de compressions, et il n'y a rien, là, pour nous protéger d'une récession, il n'y a rien pour nous protéger d'un échec des accords commerciaux qui sont en renégociation présentement. Alors là, le budget n'est pas prudent de ce point de vue là.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Autre sujet, sauf erreur, il n'y a pas un mot ou un sou pour le grand projet-phare de lien rapide et Québec et Montréal, que ce soit un monorail ou un Hyperloop. Est-ce que vous êtes déçu? Parce que, de mémoire, vous appuyez un projet de monorail. Est-ce que vous vous attendiez à trouver quelque chose dans le budget hier là-dessus?

M. Lisée : Bien, écoutez, vous attirez notre attention là-dessus. Effectivement, ça prouve que... Bien, nous, on s'est engagés à faire l'étude de faisabilité et le banc d'essai d'une technologie nouvelle, mais effectivement, là, on voit que lorsque le premier ministre a parlé, devant une assemblée partisane, d'un grand projet de monorail, c'était de la poudre aux yeux. Je pense qu'il voulait changer de sujet. La veille, Jean Charest était venu, puis il voulait qu'on arrête de parler de Jean Charest et de la corruption. Ça fait qu'il a décidé de faire semblant qu'il était intéressé par un projet de monorail qui n'avait jamais été nulle part dans ses cartons. Il a eu quatre ans pour faire l'étude de faisabilité. On serait bien avancé si on l'avait maintenant. Ça montre la légèreté avec laquelle le premier ministre aborde des sujets aussi importants.

Le Modérateur : Merci. On passe en anglais. Mme Johnson, micro de gauche.

Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. You described the Liberal's strategy as a revolting way of managing public finances and it's something that's being done for strictly partisan purposes, something that is playing with the lives of Quebeckers. These are extremely harsh words, accusations. Why are you making these comments?

M. Lisée : Well, because we've read the reports from the Protectrice du citoyen all along that says that these cuts have been done at the expense of the more vulnerable in our society, handicapped people that were… handicapped people that saw their number of hours of homecare cut by half, this woman that had to decide to sleep in her wheelchair because she didn't have enough hours for every chore she needed. They were cut.

There's been 500,000 hours of homecare cut by the Government for the elderly, children that did not have diagnosis for autism or for other problems, you know, surcharge of work for nurses and others that put in jeopardy the quality of the health. I mean, all across the board, in order to pile up money for gifts during an electoral year, the Liberal Government has squeezed and created misery, misery for tens of thousands of people who really needed that. And so the cynical cycle of cuts, then gifts, then cuts again is something that is revolting.

Mme Johnson (Maya) : So it's not to be seen as a good thing that, now, they're reinvesting in the areas where people have been saying : We need more money, we need more help here, in health, in education. Now, they're doing that.

M. Lisée : Well, now, they're doing that after… You know, they're putting out the fire that they themselves lit. And there are a number of… You know, it's going to stay for a long time, what they cut. And so the cynical nature of their decision… And while they were doing these cuts, they knew that they were piling up surpluses. You know, it's not sequential. As they were deepening cuts, the Department of Finance was telling the Premier : You are piling up surpluses. And he kept piling them up because his only aim was to have this firework of gifts just to be re-elected. And in his own projections, he says : We are going to go back to cuts in the second year, because that's my cycle : cuts, gifts for the election, cuts again, gifts for the election.

We, the Parti québécois, find this revolting. This is not a good way to manage the people affairs. We will not do that and we think that Liberals should be held accountable for this historic level of cynicism.

Le Modérateur : Dernière, s'il vous plaît.

Mme Johnson (Maya) : And just one final question on another subject. You suggested that, if Vincent Marissal runs in Rosemont, he could contribute to the Liberals winning that riding?

M. Lisée : Yes. I mean, my main opponent in Rosemont is the Liberals, you know, they have a solid base. They did hold the riding a few cycles back. And it's clear that, you know, I'm confident of winning the riding, I've been very present, I have a good relationship with the people there, but let's have the hypothesis that a candidate from QS of some importance decided to go to Rosemont and did well. The only output, the only possible output would be a win for the Liberals. And he has… I welcome Vincent Marissal in the political scene.

On the Island of Montréal, there are 21 Liberals holding seats, so we can choose any of them. If he decides to go against a progressive, independentist of the Parti québécois, it's going to say a lot about what are the Québec solidaire real priorities.

Le Modérateur : Merci. Mme Montgomery, dernière question.

Mme Montgomery (Angelica) : Yes. Dernière?

Le Modérateur : Quelques dernières, au pluriel, Mme Montgomery. Je vous rassure.

Mme Montgomery (Angelica) : On the budget in cannabis, the Finance Minister is saying that he's not expecting to even break even with the amount of money that he is going to be bringing in this year, after paying for the security for the municipalities, setting up the «société» and paying into this fund to help mitigate any possible negative effects, that actually will be probably losing money this first year. What do you make of that?

M. Marceau : Well, I mean, I think we have to remember that the decision to legalize cannabis was imposed by the federal Government. That it is not a source of funding for our services is not exactly surprising to me. Now, the fact remains that, for our municipalities, there will be costs, costs that have to be covered somehow, and I think that the QuébecGovernment will have to cover those cuts.

So, I mean, we have to make sure that the federal transfer enough money to Québec and that Québec then is able to provide resources to our municipalities, which will have to live with the consequences of the federal decisions.

Mme Montgomery (Angelica) : But the fact that Québec will actually be paying for the legalisation of marijuana when it's a decision…

M. Marceau : Yes, well, I'm not exactly surprised. The price to which cannabis will have to be sold will have to be low. Taxes will have to be low if we want to achieve the main goal, I think, which is to put out the organized crime of the business. If we want to achieve that goal, I mean, it cannot be a source of money or… considerable amount of money for the government. I'm not surprised of that.

Le Modérateur : Dernière, s'il vous plaît.

Mme Montgomery (Angelica) : And also the budget talks about the... goes into a very detailed study about the impact of foreign buyers on the real estate market here, in Québec, particularly in Montréal, and it comes to the conclusion that there is virtually no impact. Now this is something that the mayor of Montréal has been calling for, that there'd be some sort of tax to deal with this. Instead, the Liberals have decided to introduce this tax credit. Was that the right way to go?

M. Marceau : Well, I mean, I don't see the tax credit as a way to prevent speculation in the housing market from people from abroad. And the fact is that foreign buyers had an impact in Vancouver and Toronto, and they both went ahead with measures to prevent that, with special taxes in particular. So they increased the cost of buying for people from abroad.

We have to keep an open mind. I think it's correct to say that, so far, the impact has not been great, although the numbers are increasing. The numbers are increasing, and it's certainly the case that in Montréal, the prices of real estate has gone up. So we have to keep… I mean, for me, it's something that I'm looking at and that we have to be ready to intervene if necessary. And again I don't see a link with the fact that they are providing some support for first buyers.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. Marceau : Thank you.

(Fin à 8 h 38)