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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, et Mme Agnès Maltais, porte-parole de l’opposition officielle en matière de laïcité

Version finale

Le mardi 10 avril 2018, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures sept minutes)

M. Lisée : Alors, bonjour, bonne rentrée parlementaire, en particulier à Mme Geneviève Lajoie, qui est de retour après son congé de maternité. On est très heureux de vous avoir avec nous.

Et, bien, la nouveauté, encore, prise de pouvoir par les femmes, la nouvelle leader parlementaire du Parti québécois, Carole Poirier, que j'aime beaucoup avoir à mes côtés le plus proche possible...

Mme Poirier : Ça y est.

M. Lisée : ... — ah! bien, voilà, voilà — et donc qui sera avec nous pendant l'essentiel du reste de la session, qui garde ses dossiers, bien sûr, et qui a été investie en fin de semaine comme candidate du Parti québécois dans Hochelaga-Maisonneuve.

Mme Poirier : Exactement.

M. Lisée : Je vous en remercie. Puis vous savez que, contrairement à la CAQ, où le président de la Compagnie avenir Québec désigne ses représentants de succursale dans les 125 comtés, au Parti québécois tous les députés sont à risque. Il y a un moment où l'investiture est ouverte, et quelqu'un aurait pu se présenter. Et, comme disait mon oncle, le père Gédéon, tous tes adversaires ont été battus par acclamation, alors personne n'a osé se présenter contre toi, mais 300 personnes sont venues dans Hochelaga-Maisonneuve pour applaudir ton travail passé et à venir. Bon, alors, ces 300 personnes-là, c'étaient tous de véritables citoyens.

Alors, hier, le premier ministre Couillard a dit quelque chose qui dépasse l'entendement et qu'on ne penserait jamais entendre de la bouche d'un premier ministre, qui a la responsabilité de parler avec respect de la totalité des citoyens qu'il représente, y compris ceux avec lesquels il est en désaccord. Moi, je me prépare à être premier ministre le 1er octobre prochain et je sais que mon premier devoir, c'est de respecter tous les Québécois, quelles que soient leurs opinions. Et on a vu que le premier ministre Couillard, depuis plusieurs années, est constamment sur le bord de l'irrespect des Québécois, et hier il a traversé la frontière de l'irrespect des Québécois, et, en discutant de signes religieux et de laïcité, il a dit : On va de l'avant avec les véritables enjeux, les véritables enjeux des véritables citoyens du Québec. Comme s'il y avait des véritables citoyens du Québec, ceux qui sont d'accord avec M. Couillard, et des faux citoyens du Québec, qui ne sont pas d'accord avec M. Couillard. Je veux dire, le niveau d'indignation des Québécois face à ce genre de catégorisation, de division, d'irrespect, c'est renversant, c'est renversant.

Alors, quelques rappels tout simples de la réalité des Québécois. Où sont-ils? Bien, selon un sondage CROP–La Presse — CROP-La Presse, je souligne — de février dernier, regardons, 76 % des Québécois sont favorables à l'interdiction des signes religieux pour les personnes en position d'autorité, 76 %, 66 % pour les éducateurs en général et même 67 % pour l'ensemble de la fonction publique. Ça, c'est l'état actuel des citoyens du Québec. Et je vous dis, là, moi, je suis d'accord avec le 76 %, mais le 24 %, ce sont de véritables citoyens qui ont droit à leur opinion et qui ont droit au respect de leur opinion.

Maintenant, parlons des électeurs du Parti libéral du Québec, ceux qui ont élu M. Couillard. Alors, dans un sondage effectué en février 2017 aussi : Personnellement, êtes-vous d'accord ou non avec l'idée d'interdire le port de signes religieux pour les juges, les policiers et les gardiens de prison?, 52 % des électeurs de M. Couillard sont d'accord. Ils se sont fait dire hier par leur chef qu'ils ne sont pas de véritables citoyens.

Bon, vous allez me dire : Ses paroles ont dépassé sa pensée. C'est probablement ce qu'il va vous dire tout à l'heure, là : J'ai gaffé, ce n'est pas ce que je voulais dire. Bien, nous, on pense que, si ce n'est pas ce qu'il voulait dire, c'est pas mal proche de ce qu'il pense vraiment parce que c'est juste l'expression d'un manque de respect pour les autres positions qu'il a manifestées depuis qu'il est premier ministre. Et c'est le manque de respect qui a fait en sorte que, l'an dernier, après la tragédie de la mosquée de Québec, le moment de grâce qui existait dans cette Assemblée pour voter unanimement un projet de loi sur les règles du vivre-ensemble, avec la majorité des électeurs libéraux et la majorité des Québécois, et un projet de loi que nous proposions pour une meilleure intégration de la diversité dans notre société et dans l'emploi, ce moment de grâce là a été gaspillé parce que le premier ministre ne respecte pas l'opinion des autres Québécois. Pour eux, ce ne sont pas de véritables citoyens. Et je pense qu'aujourd'hui le premier ministre a des explications à donner aux citoyens du Québec sur les raisons de son manque de respect.

Alors, nous, on annonce, avec Carole, avec Agnès, que le gouvernement du Parti québécois qui sera élu le 1er octobre prochain va respecter 100 % des Québécois. C'est le parti de René Lévesque, celui qui s'est battu à la fois pour le français et pour les droits des anglophones, celui qui s'est battu pour l'indépendance mais une relation amicale avec le reste du Canada, celui qui a donné le ton de ce que c'est, un chef d'État qui a le sens de l'État, le sens du débat et le sens du respect. Et moi, j'ai hâte au 1er octobre pour que tous les Québécois sachent qu'ils sont respectés et y compris sur la question des signes religieux. Enfin, la majorité des électeurs libéraux auront un gouvernement qui respectera leur opinion, y compris ceux qui sont en désaccord avec nous. Agnès.

Mme Maltais : Une question se pose à l'heure actuelle. Je me demande où est rendu le parti de Françoise David sur la question de ces enjeux. J'ai posé la question la semaine dernière. J'ai entre les mains la charte de la laïcité de l'État québécois qui avait été déposée à l'Assemblée nationale par Mme Françoise David, députée de Gouin, en 2013. Je vais citer l'article 7, c'est bref : «La présente charte n'a pas pour effet de restreindre le droit d'un fonctionnaire ou d'un employé de l'État de porter un signe religieux visible dans le cadre de ses fonctions sauf s'il s'agit d'un juge, d'un procureur, d'un policier, d'un gardien de prison ou d'une autre personne qui est autorisée à exercer de la coercition au nom de l'État et qui doit faire preuve d'une impartialité absolue en fait et en apparence.»

Deux nouvelles candidatures de Québec solidaire sont arrivées cette semaine : Vincent Marissal, qui dit que, pour lui, l'apparence ne compte pas et que même quelqu'un qui porterait un turban sikh serait neutre — ça va tout à fait à l'encontre de cette position déposée à l'Assemblée nationale; deuxièmement, Ève Torres, qui refuse de dire, qui refuse de dire qu'elle est pour le fait qu'on interdise le port de signes religieux chez les personnes en situation d'autorité.

Alors, je pense qu'il y a un débat à l'intérieur de Québec solidaire en ce moment. Je pense qu'il y a des nouvelles candidatures qui ébranlent les positions antérieures, et on a bien hâte de voir quelle est la nouvelle position de Québec solidaire à ce sujet. Il va falloir que nous sachions où ils en sont parce que les nouvelles candidatures ébranlent les déclarations passées, à l'Assemblée nationale, de leurs anciens leaders.

Le Modérateur : Merci, Mme Maltais, M. Lisée, Mme Poirier. On va aux questions. M. Laforest, micro de droite.

M. Laforest (Alain) : Mesdames, M. Lisée, pourquoi, à ce stade-ci, ramener ce débat-là?

M. Lisée : Parce que le travail n'est pas fait, parce que les libéraux, l'an dernier, auraient pu le faire, auraient dû le faire. Et, comme le travail n'a pas été fait, et même ce qui a été fait a été mal fait, bien, la question se pose. Et quelqu'un pose une question à la mairesse de Montréal, qui répond son opinion personnelle puis qui ensuite, devant le tollé, la controverse, dit : Bien, en tout cas, j'aimerais ça que Québec se branche. Mme Valérie Plante, hier, a dit : Sur cette question, j'aimerais que Québec se branche. Elle a raison, la mairesse de Montréal, elle a raison, il faut que Québec se branche. Et Québec ne se branchera pas avec Philippe Couillard, qui manque de respect pour la majorité des Québécois, il va se brancher avec le gouvernement du Parti québécois. Et moi, je sais que c'est un débat qui est délicat, qui met des gens qui ont des vraies convictions, de véritables citoyens avec de véritables convictions qui sont en opposition, bien, à un moment donné, il faut trancher. C'est comme pour le cannabis, c'est comme pour mourir dans la dignité, c'est comme pour toutes les grandes questions, il faut trancher puis trancher dans un sens qui suscite la plus grande adhésion possible pour passer à autre chose. Et nous, on dit : D'ici un an, d'ici l'été 2019, le gouvernement du Parti québécois fera adopter une loi sur les règles du vivre-ensemble et une loi sur le succès du vivre-ensemble simultanément pour qu'enfin on puisse assainir la situation et passer à autre chose.

M. Laforest (Alain) : Ce matin, Manon Massé, on lui a posé la question, là, si elle était prête à vous appuyer dans votre démarche, elle dit que non, à cause de la clause grand-père. Pourquoi, dans une garderie, quelqu'un n'aurait pas le droit de porter ses signes religieux?

M. Lisée : Bien, écoutez, c'est la question du rapport d'autorité des éducateurs, éducatrices et enseignants envers les enfants en bas âge, c'est l'exemplarité, la neutralité. On n'accepte pas que quelqu'un en autorité avec des enfants porte un signe politique, péquiste, libéral, trudeauiste, Greenpeace, et autres.

M. Laforest (Alain) : Mais ça, je le comprends, mais vous n'avez pas l'appui, là, vous n'avez pas l'appui de Québec solidaire, vous n'avez pas l'appui des libéraux, vous faites cavalier seul encore.

M. Lisée : Bien, moi, je pense qu'on fait cavalier seul avec la majorité des Québécois, 66 % des Québécois, et je pense que c'est le bon sens que, lorsqu'il y a une personne en autorité avec des jeunes enfants, des enfants du primaire, du secondaire et de la garderie installée, pas des garderies en milieu familial, on envoie un signal de neutralité, pour les nouvelles embauches seulement.

Et, pendant qu'on est là-dessus, sur la clause grand-père, demandez à la CAQ s'ils ont toujours la position que, si un enseignant du primaire et du secondaire qui est actuellement employé, et qui a un signe religieux, et qui refuse de l'enlever, est-ce que la CAQ va les mettre dehors ou non. Moi, je trouve que c'est une position qui manque autant d'humanisme que leur position de renvoyer des immigrants chez eux après trois ans s'ils ont échoué à leur test, au test caquiste des valeurs et de la langue.

Le Modérateur : Merci. M. Dion, micro de gauche.

M. Dion (Mathieu) : Bonjour. Pour rebondir sur la question de mon collègue, vous avez dit tantôt : On annonce qu'on va respecter 100 % des Québécois. Mais, pour respecter 100 % des Québécois, ce ne serait pas le compromis qu'offre Bouchard-Taylor, notamment quand on voit ce que Québec solidaire pense?

M. Lisée : Bien, Bouchard-Taylor, n'a pas l'adhésion unanime des Québécois, il y a des gens qui sont contre. J'ai lu la Gazette encore hier, et ils sont toujours contre. Donc, on n'aura jamais 100 %. Mais moi, je respecte la position des gens de la Gazette. Je comprends pourquoi ils le disent et je ne dis pas que ce ne sont pas de véritables citoyens. Mais je pense que le consensus est assez large, et il faut trancher, et les gens vont accepter le fait qu'on ait tranché, et qu'on passe à autre chose.

Alors, il y a une différence entre l'unanimité et le respect. Moi, je... Par exemple, M. Couillard a une position de principe extrêmement forte sur ces questions-là. Je la comprends et je la respecte. Je ne pas partage pas et jamais je ne dirai que ce n'est pas un véritable citoyen.

M. Dion (Mathieu) : Et, avec cette sortie, en ramenant le débat aujourd'hui, est-ce que vous avez le soutien, l'appui de l'ensemble des membres de votre caucus pour faire cette sortie-là aujourd'hui, Alexandre Cloutier inclus?

M. Lisée : Bien, oui. Qu'est-ce que tu en penses, toi?

Mme Poirier : Bien, pas mal, oui.

M. Lisée : Je pense que oui. Agnès, qu'est-ce que tu en penses? Oui? Oui?

Mme Maltais : C'est une position de... C'est le programme du PQ.

M. Dion (Mathieu) : Mais de revenir dans le débat avec ça aujourd'hui, de le relancer comme ça, avec la sensibilité que ça a.

M. Lisée : Bien, le débat est revenu la semaine dernière avec M. Marvin Rotrand, avec Mme Plante et ensuite avec M. Couillard hier, et donc nous, on s'insère dans le débat. Ça semble vous intéresser, ça intéresse les Québécois, M. Couillard a dit quelque chose d'inacceptable, et donc on réitère ce qu'il y a exactement dans le programme du Parti québécois, qui est lui-même un point d'équilibre, hein? Il y a des débats au sein du Parti québécois, ce qu'il y a dans le programme est un point d'équilibre. On ajoute le fait que nous, au gouvernement, on va agir rapidement parce que ça traîne depuis 10 ans et ça cause des problèmes aux communautés qui se sentent stigmatisées par ça. On le reconnaît, c'est pour ça qu'il faut agir et passer à autre chose.

Le Modérateur : Merci. Mme Lévesque, micro de droite.

Mme Lévesque (Catherine) : Bonjour. Toujours sur les «véritables citoyens», est-ce qu'on peut faire un parallèle avec les «deplorables» d'Hillary Clinton, par exemple?

M. Lisée : Ce n'est jamais une bonne idée de manquer de respect aux citoyens qui ne sont pas d'accord avec vous, jamais une bonne idée.

Mme Lévesque (Catherine) : Sur un autre sujet, rapidement, Pointe-aux-Trembles, l'investiture arrive à grands pas. On a vu récemment Catherine Fournier, Pascal Bérubé donner leur appui formel à Jean-Martin Aussant. Est-ce qu'il y a... Est-ce que vous pensez que ça va être serré ou est-ce que vous pensez que M. Aussant va réellement... va gagner?

M. Lisée : Bien, moi, les informations que j'ai, c'est qu'il va avoir une bonne victoire. Mais c'est la démocratie au Parti québécois, encore une fois, on n'est pas à la Compagnie avenir Québec, les gens peuvent se présenter. Il y a des conventions convoitées, et celle-là l'a été par deux candidats, et on aura la réponse très bientôt.

Mme Lévesque (Catherine) : La Compagnie avenir Québec?

M. Lisée : Oui, j'appelle ça la Compagnie avenir Québec parce que M. François Legault a décidé, plutôt que d'essayer de devenir chef du Parti québécois, de créer sa propre compagnie dont il était le président, et c'est lui qui désigne les candidats dans les 125 comtés. Il n'y a pas d'investiture, ses députés actuels sont désignés par lui. Nous, nos députés, il y a toujours une possibilité de contestation dans leurs investitures, ils se mettent tous à risque. René Lévesque a créé un parti pour avoir plus de démocratie au Québec; François Legault a créé un parti qui a moins de démocratie dans son parti.

Le Modérateur : M. Lacroix, micro de gauche.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, mesdames, M. Lisée. Sur la question, vous dites que vous voulez régler ça d'ici l'été 2019. Ça ramène la fameuse question des chartes, là. La semaine dernière, M. Couillard balayait dans la cour de Valérie Plante la question sur le port des signes religieux par les policiers du SPVM. Par la suite, vendredi après-midi, il a laissé entendre, sur les ondes du FM93, que ça pouvait même être illégal d'interdire le port des signes religieux. Alors, vous faites quoi avec la question des chartes?

M. Lisée : Bon, d'abord, moi, je me réfère à un chroniqueur juridique bien connu, Yves Boisvert, qui, depuis 10 ans, nous rappelle que c'est une légende urbaine de dire que la Cour suprême protège le droit d'avoir un signe religieux à la GRC — c'était le turban sikh — ce n'est pas vrai. La GRC a décidé de permettre le turban. Des retraités de la GRC ont contesté le droit de la GRC de faire cela. La Cour suprême... la Cour d'appel du Canada a dit : Si la GRC décide de le faire, rien ne lui interdit, et la Cour suprême a refusé de prendre l'appel. Alors, l'état du droit, c'est que rien n'interdit à un corps de police d'admettre des signes religieux, mais il n'y a aucun jugement de haut tribunal du pays qui dit qu'il est interdit d'interdire les signes religieux, pour une assemblée parlementaire, chez les policiers.

Donc, M. Couillard prend son opinion pour l'état du droit. L'état du droit ne dit pas que c'est illégal, la Cour suprême n'a jamais tranché. Si on lui posait la question, qu'est-ce qu'elle dirait? On ne le sait pas, on ne le sait pas. Mais de dire que c'est illégal de la part d'un premier ministre, alors que ce n'est pas illégal, encore une fois, c'est un manque de respect, là, pour l'état du droit.

M. Lacroix (Louis) : M. Marissal laissait entendre, la semaine dernière, que la question de la souveraineté, ce n'était pas si pressant que ça, dans le fond, parce que Québec solidaire ne sera pas élu à la prochaine élection. Comment vous trouvez l'entrée en politique de M. Marissal? Il y a quelques contradictions, ça, ça peut paraître un peu maladroit. Comment vous qualifiez le début de carrière politique de Vincent Marissal?

M. Lisée : Bien, j'ai écrit sur la question. Je dirai simplement que, pour moi, un trudeauiste indépendantiste, je ne pensais pas que ça existait. C'est comme un végétarien carnivore, tu sais, il y a un moment où il faut que tu décides. Je sais qu'il y en a parmi vous qui pensez que tu peux être l'un, un jour, un, l'autre jour. Mais, sur la question de l'indépendance du Québec, d'adhérer à un parti qui veut la faire et qui prétend la faire dans la première année de son mandat — qui est QS — mais d'avoir magasiné dans un parti qui veut mettre toute son énergie à l'interdire dans une même personne, moi, je n'avais jamais vu ça.

Le Modérateur : Mme Lajoie, micro de gauche.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. La SQ compte bien faire appel au gouvernement pour se gouverner si jamais un de ses employés, un policier demande à pouvoir porter des signes religieux ostentatoires comme un turban ou le hidjab. M. Couillard doit leur répondre quoi lorsqu'ils vont s'adresser à lui?

M. Lisée : Bien, écoutez, il leur répondra que ce n'est pas un véritable enjeu puis qu'il est posé pas par de véritables citoyens. Ça, ce sera sa réponse irrespectueuse.

Moi, je leur réponds, à la SQ : Vous avez raison de demander au gouvernement et à l'Assemblée nationale quoi faire dans ce cas-là parce que ça revient à l'Assemblée nationale de prendre ces décisions de société très importantes. Puis, deuxièmement, attendez donc le gouvernement du Parti québécois à partir du 1er octobre, vous allez avoir une réponse beaucoup plus claire.

Mme Lajoie (Geneviève) : Je voudrais revenir un peu sur, justement, là, bon, le thème de l'identité, qui revient, là, depuis la semaine dernière. Est-ce que ce n'est pas un peu hasardeux pour le Parti québécois de se jeter comme vous le faites dans ce débat-là encore une fois?

M. Lisée : Le Parti québécois a été créé pour la langue, l'indépendance et la laïcité. Il faut se souvenir qu'à l'époque, de faire en sorte que la religion catholique soit moins prégnante dans notre société, c'était un des grands combats de René Lévesque et des gens qui ont fait la Révolution tranquille. Alors, nous, on est le parti qui a accompagné... J'étais conseiller de M. Bouchard lorsque, avec Mme Marois, on a fait même un amendement constitutionnel avec Stéphane Dion pour faire en sorte que nos commissions scolaires religieuses deviennent des commissions scolaires linguistiques. Alors, la marche vers la laïcité est inscrite dans la raison d'être du Parti québécois.

Alors, évidemment, on apporte chacun notre couleur à ça, chaque chef du Parti québécois, et, moi, ma contribution, c'est de dire, depuis un an et demi, un peu comme je le faisais avant comme blogueur puis comme ministre : Il faut être fermes sans être fermés. Sur les signes religieux, il faut procéder de façon ouverte, facilement compréhensible mais graduelle, dans le respect des employés existants, par exemple, dans l'éducation et les garderies installées et qu'il faut simultanément envoyer un signal fort de notre volonté de faire de chaque membre de la diversité au Québec et chaque nouvel arrivant... de faire de sa vie un succès d'intégration. Et ça, c'est ce que j'apporte au débat, qui n'était peut-être pas aussi présent que je l'aurais voulu dans des étapes antérieures, dans des épisodes précédents.

Moi, maintenant, j'ai la responsabilité... avec le caucus, on a fait l'unanimité autour d'une position. Le programme du Parti québécois a été adopté, on ne va pas se cacher de ça. Maintenant, est-ce que je veux que ce soit le sujet central de l'élection? Non. Est-ce que je veux que les gens sachent ce qui va se passer si un gouvernement du Parti québécois est élu le 1er octobre? Oui. Je l'ai dit en santé, je le dis en laïcité, on va le dire en éducation, je l'ai dit, dans la région de Montréal, en mobilité, et on va continuer de le décliner.

Ensuite, quel sera l'enjeu majeur ou, disons, les trois enjeux majeurs de l'élection? À six mois de l'élection, je ne peux pas vous dire. C'est le salaire des médecins, les questions de laïcité, les questions... je ne sais pas.

Le Modérateur : Merci. Mme Plante.

Mme Plante (Caroline) : Vous parliez, tout à l'heure, de la CAQ. Est-ce que vous croyez M. Legault, qui dit qu'il formerait un conseil des ministres paritaire?

M. Lisée : Bien, j'espère. Écoutez, c'est une évolution fulgurante. Moi, je suis très, très, très heureux de l'évolution fulgurante de M. Legault, pour qui... qui avait très, très peu de sensibilité à ce sujet-là il y a quelques mois à peine, qui refusait de s'engager à avoir un gouvernement paritaire. Moi, je me suis engagé... nous nous sommes engagés à avoir un gouvernement paritaire il y a deux ans. Écoutez, moi, tout ce qui fait avancer la cause des femmes, ça me fait plaisir. Et que, finalement, François Legault voie la lumière, c'est une bonne nouvelle. Je lui souhaite la bienvenue parmi ceux qui veulent un gouvernement paritaire.

Maintenant, qu'il n'ait pas su... parce qu'on me dit qu'hier c'était un de ses arguments centraux, un engagement-phare de la CAQ, de faire en sorte que, dans les conseils d'administration de l'État et du secteur public, il y ait la moitié de femmes. C'est fait, c'est fait, alors ça me laisser douter, là, comme d'habitude, de la qualité de sa recherche puis de sa connaissance du dossier. Mais je ne veux pas trop le chicaner là-dessus parce que ça partait d'un bon sentiment.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce qu'au Québec on devrait faire le débat sur les mères porteuses et la rémunération?

M. Lisée : Non seulement on devrait le faire, mais on aurait dû commencer à le faire il y a trois ans. Il y a un rapport qui a été commandé par le gouvernement de Mme Marois sur la réforme de la famille avec plusieurs éléments importants de mise à jour, dont ce débat-là. Ce n'est pas le temps de le faire en campagne électorale. C'est un débat, comme celui qu'a mené, avec grand doigté et capacité de rassemblement et d'écoute, Véronique Hivon, comme mourir dans la dignité, qu'il faut faire à partir d'un début d'un mandat lorsque les tensions sont apaisées, lorsque les gens peuvent discuter plus librement. Et, nous, c'est dans ce cadre-là qu'on l'envisage pour le prochain mandat. Là, on a repris quatre ans de retard là-dessus, comme sur la ligne bleue, comme sur tant de choses. On va se reprendre.

Le Modérateur : Merci. Parfait. En anglais, Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. Are religious symbols going to be a key campaign issue for you?

M. Lisée : Sorry?

Mme Johnson (Maya) : Are religious symbols going to be a key campaign issue for the PQ?

M. Lisée : Not necessarily, not necessarily. We're talking about it this week because it as become an issue in Montréal in the last week. And the Premier said something unconscionable, the Premier said something unconscionable yesterday when he said that people who disagreed with him were not real citizens. He said that, they are not real citizens. So, who are those not real citizens? 76% of Quebeckers are in favor of complete neutrality in the wardrobe of judges, prison guards, and police officers. And so, are these 76% of Quebeckers not real citizens? And what about the 51.6% of Liberal voters, are they not represented by Premier Couillard? I mean, this disrespect for other people's opinion is intolerance, it is intolerance, and I pledge here that, when I'm Premier on October 1st, I will respect everyone's opinion. We will never have unanimity on this issue, but people who disagree with me are real citizens, including Premier Couillard. And so, I can't believe that he was so disconnected form a majority of Quebeckers and of his own voters to be disdainful and irrespectful of other people's opinions.

Mme Johnson (Maya) : He has repeated that he believes his Government has addressed the issue with Bill 62. It sounds like you're saying Bill 62 is a failure and you would do something different if you came to power. What would this law on «vivre-ensemble» look like?

M. Lisée : Well, it will certainly… We want to do both things simultaneously : the rules of «vivre-ensemble» and the success «vivre-ensemble».

Carole has tabled a bill last November with 20 measures that would make life easier for newcomers and members of the diversity in Québec in employment, in the public sector, in boards, and we're very serious in wanting to send the signal that everyone's story should be a success story in Québec. The rules on religious symbols, for example, that we propose would go further than Bill 62, with Bouchard-Taylor and for people who have an authority position towards children, teachers from elementary and secondary schools, and educators in kindergartens that are installed, not at home but installed, but while respecting those who are already employed — only for new hires would we apply these new rules. I think it's a token of the respect with which we want to advance in a delicate debate where positions are strongly affirmed by both sides. And again, contrary to Premier Couillard, I respect those who disagree with me.

Mme Johnson (Maya) : How would you characterize the way the Premier handled that question about the possibility of hijabs or turbans for Montréal police officers when he said : It's up to the mayor and the police chief to decide how they should deal with that within their own territory?

M. Lisée : It's a complete refusal of responsibility. Either he says : My position is that it should not happen and I'm asking a person not to do it, which is a position, or he says : Well, I permit it, and it should be the law of the land. He decided to pass the buck to the mayor, to the police chief, and it's not a good way to settle this issue. And Mayor Plante said yesterday : Québec has to decide. She is right, Québec has to decide the rule of law for all Quebeckers and all policemen in Québec, and that's what's going to happen within a year when we are in power.

Le Modérateur : Merci. M. Authier.

M. Authier (Philip) : Hello. On that same thing, issue, are you asking Mr. Couillard to apologize, to retract his remark? What exactly are you going to do? How are you going further with this?

M. Lisée : I'm asking him to lose the election. Ha, ha, ha! I think he's unreformable, you know. Again, I will quote Yves Boisvert and, you know, he told me to stop quoting him because, after three times, he feels that I can use the expression, but I love an expression that he used when someone said something terrible and then apologize and Yves wrote : «Ses excuses ont dépassé sa pensée.» And I'm sure that, if Mr. Couillard were to apologize, his apologies would go beyond his thought process, because what he said yesterday is basically what he thinks, that people who disagree with him are not real citizens.

M. Authier (Philip) : Have you ever heard him apologize for anything?

M. Lisée : Yes, once. He apologized for the disaster on autoroute 13. It is the only time he apologized for his own mandate, so that's why I remember it.

Le Modérateur : Merci beaucoup, tout le monde.

M. Lisée : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 36)

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