L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mercredi 2 mai 2018, 15 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures vingt et une minutes)

M. Khadir : Alors, écoutez, j'ai appris comme tout le monde, avec consternation, l'annonce que Frank Catania, des entreprises Catania, que M. Zampino ont été acquittés dans la procédure qu'il y avait dans tout le scandale du dossier du Faubourg Contrecoeur. Je ne peux pas vraiment traduire l'ampleur de ma déception.

Vous savez, ça fait 10 ans que je suis ici et que je suis impliqué dans plusieurs dossiers relativement au dossier de la corruption et de la collusion dans les plus hautes sphères du pouvoir. Et j'ai envie d'avoir confiance dans le système judiciaire, j'ai envie que ce système marche, que ça nous protège contre des corrompus, que ça nous protège surtout... bon, des corrupteurs, il y en aura toujours, des gens qui sont intéressés à faire un l'argent facile, là, dans... les affairistes, au Québec, comme ailleurs. Mais nous, notre responsabilité, c'est de protéger le public contre les corrompus au pouvoir, comme ça semble avoir été le cas à la ville de Montréal et au gouvernement du Québec à l'époque Charest, dont c'est le premier suspect lui-même.

Cependant, il y a quelque chose qui a dû ne pas fonctionner. Je me demande, je me demande sérieusement... j'attire votre attention, les amis, vous, les journalistes qui êtes ici. Ça, c'est le chapitre 2 de la section Examens des faits du rapport de la commission Charbonneau, ça porte sur le Faubourg Contrecoeur, c'est 40 pages. Est-ce que le procureur de la couronne, le procureur à charge de la direction des poursuites criminelles a fait lire ça au juge? J'ai lu les faits saillants, j'ai parcouru rapidement, comme... juste pour me remémoriser ce que j'avais déjà lu, et, quand on lit ça, il est impossible de penser que, dans toute cette histoire-là, il y a juste un urbaniste qui était chargé de monter l'appel d'offres pour que tout ça se réalise, que lui a reconnu sa culpabilité, donc, pour fraude, pour complot, donc machination, puis que lui, il soit coupable, l'intermédiaire, là, mais le bénéficiaire de ça, l'entreprise Catania, ne soit pas responsable de rien. Que celui qui a signé les autorisations, Frank Zampino, qui s'est mêlé de tout ça... Si vous lisez, là, vous voyez à quel point Frank Zampino s'est investi dans ce dossier-là pour que le contrat soit alloué à l'entreprise Catania, d'accord? Puis que lui ne soit pas responsable, que l'intermédiaire soit coupable de fraude, de complot, mais le bénéficiaire n'en soit pas...

Puis je vous rappelle, pour ceux qui l'ont oublié : l'entreprise Catania, là, le père, Frank Catania, rappelez-vous le film, la vidéo de la GRC, opération Colisée, quand on a vu dans le Café Consenza, là, au moment où Nick Rizzuto, la mafia montréalaise, mettait de l'argent dans son bas, vous rappelez-vous de cet épisode-là, là, les liasses d'argent qu'il mettait dans son bas? Frank Catania père, le fondateur de cette entreprise impliquée dans le Faubourg Contrecoeur, il était là en train de parler au téléphone devant tout ça. Vous vous rappelez qu'à la commission Charbonneau il y a une photo qui a été déposée par la commission Charbonneau, qui avait force de commission judiciaire, la photo a été retenue comme pertinente au dossier : on voyait Catania et Rizzuto assis à la même table. Puis là, il faudrait que moi, je sois... que nous, là, on nous fasse accepter, au public, qu'il y a juste un seul coupable dans tout ça à avoir comploté avec lui-même.

Puis j'aurais un petit mot à ma prochaine collègue, peut-être, on ne sait pas, mais Mme Sonia LeBel, Me Sonia LeBel. J'aimerais savoir pourquoi l'équipe de Mme LeBel n'a pas montré ce dossier-là, n'a pas insisté auprès du procureur dans ce dossier-là pour le faire lire au juge qui vient de rendre sa décision. Évidemment, on va lire la décision du juge, mais il y a quelque chose dans le système qui n'a pas fonctionné. Et j'aimerais entendre le Directeur des poursuites criminelles, après avoir lu le jugement, qu'on va lire ensemble, j'aimerais l'entendre, le Directeur de la poursuite criminelle, nous expliquer qu'est-ce qui n'a pas fonctionné. Est-ce que c'est l'incompétence des procureurs qu'il avait nommés? Est-ce que c'est les moyens qui lui ont manqué? Est-ce qu'il y a quelque chose dans nos lois, dans notre manière de mener ces enquêtes ou de faire ces procès? Est-ce que... C'est où que le bât blesse? Comment faire en sorte que le public soit définitivement protégé?

Le Modérateur : Deux questions, et M. Khadir est attendu aux crédits.

Journaliste : Donc, d'après vous, il est clair que des criminels vont rester en liberté?

M. Khadir : Bien, il y a quelqu'un qui doit être responsable de tout ça, là, il y a des dizaines de millions de dollars en jeu. Personne ne remet en doute qu'il y a eu malversation, qu'il y a eu des problèmes dans l'attribution de ce contrat, personne ne remet ça en doute. Mais là, il faudrait qu'on croie qu'il y a juste un seul responsable, l'urbaniste mineur qui était l'intermédiaire pour arranger l'appel d'offres. Comment est-ce qu'on peut croire ça quand l'entreprise qui est impliquée est une entreprise dont les éléments principaux et fondateurs sont en lien avec la mafia montréalaise? Donc, il faudrait que la mafia montréalaise ne soit pas coupable, alors que clairement, aux yeux de tout le monde, il y a quelque chose qui a mal tourné dans l'octroi de ce contrat-là puis dans la valeur de ce terrain-là, puis le seul responsable de ça serait l'urbaniste qui était chargé de monter le projet, je veux dire, l'appel d'offres? Il y a quelque chose de simplement, je pense... c'est trop. Le public, notre conscience, notre intelligence, notre gros bon sens ne peut pas accepter ça.

M. Laforest (Alain) : Donc, vous avez peu ou pas confiance au système de justice, là.

M. Khadir : Bien, ça entache sérieusement la crédibilité de notre système dans son ensemble. Je ne sais pas où est-ce que... parce que M. le juge peut avoir fait très bien son travail. Peut-être que le problème, c'est dans la manière dont le dossier a été monté, parce qu'il faut que le juge, il ait des éléments devant lui...

M. Laforest (Alain) : Il y a-tu quelqu'un qui protège quelqu'un?

M. Khadir : ...qui montrent hors de tout doute raisonnable... Puis ça, c'est la job de la direction des poursuites criminelles. Alors, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné? C'est pour ça, je dis : Moi, je veux entendre le directeur. Qu'est-ce qui a failli, selon lui? Comment ça, ils n'ont pas pu faire ça, ils n'ont pas pu épingler les filous?

M. Laforest (Alain) : Est-ce qu'on vous revoit le 2 octobre?

M. Khadir : On reviendra à cette question. Terminons là-dessus, je vous répondrai.

M. Bovet (Sébastien) : Mais donc, qui n'a pas fait son travail? Le DPCP, l'UPAC dans... ou c'était Marteau, je pense, à l'époque, dans l'accumulation de la preuve? Si ça existe, ça, donc, il y a quelqu'un qui...

M. Khadir : Qui n'a pas fait sa job. C'est pour ça, je demande à Sonia LeBel, parce qu'aujourd'hui c'est facile de venir clamer...

M. Bovet (Sébastien) : ...politique, Sonia LeBel, non?

M. Khadir : Non, mais je comprends, mais Sonia LeBel était dans l'équipe de la commission Charbonneau quand le procès a commencé. Est-ce qu'elle s'est employée, dans l'équipe des procureurs de la commission, de s'assurer que le procureur qui poursuit l'enquête de Zampino et de Catania, fasse lire ce... parce que M. le juge n'est pas obligé d'avoir lu le rapport de la commission d'enquête Charbonneau. Par contre, la direction de la poursuite criminelle doit l'avoir lu, examiné. Est-ce que ça a été lu? Est-ce que ça a été déposé? Ça, c'est ma question : Est-ce que ça a déposé devant les yeux du juge?

Deuxième question : Est-ce que Sonia LeBel a vu que quelque chose ne tournait pas rond dans la manière dont l'enquête était menée, la charge était menée? Puis qu'est-ce qu'elle a fait pour corriger le tir? Quelle intervention a-t-elle faite auprès du DPCP?

M. Croteau (Martin) : Vous posez des questions... vous posez la question très précisément, là...

M. Khadir : Oui, parce que...

M. Croteau (Martin) : Vous mentionnez Mme LeBel...

M. Khadir : Parce que regardez, il faut un minimum de crédibilité dans ce qu'on a fait, et je crois que là, il y a... il faut qu'on soit certains que quand les gens viennent dire ici, là, qu'ils regrettent ce qui s'est passé, est-ce qu'ils ont fait la job au moment où c'était prévu de faire la job? Et moi, je sais que Mme LeBel était impliquée dans l'équipe qui menait enquête alentour du principal procureur de la commission Charbonneau. Est-ce que ces enquêteurs, ces procureurs ont fait leur job en lien avec le DPCP? Est-ce qu'ils leur ont fourni toute la documentation et insisté pour que la documentation soit utilisée adéquatement?

M. Croteau (Martin) : Vous soupçonnez que Mme LeBel n'a pas fait sa job?

M. Khadir : Je ne soupçonne rien. Je pose la question.

M. Croteau (Martin) : Vous nommez son nom, vous lui posez plein de questions, alors que...

M. Khadir : Je ne soupçonne rien. Je pose la question parce que la CAQ... ce qu'on espère... on est dans l'opposition, en tout cas, moi, je prends la responsabilité de la part de Québec solidaire au pouvoir, on est très préoccupés. On va se pencher sur ce qui ne tourne pas rond dans l'ensemble de notre système. Est-ce que c'est le procureur de la couronne? Est-ce que c'est nos lois? Est-ce que ce sont des éléments politiques? Est-ce que ce sont des gens en politique ou les post-it de la politique qui agissent, qui interviennent, qui bloquent? Parce que regardez, là, à la fin de la journée, ce qui arrive, c'est qu'une entreprise qui a des liens évidents avec la mafia, qui en a eu dans le passé et qui a bénéficié de ce contrat-là, aujourd'hui, cette entreprise-là est acquittée. Donc, notre système n'a pas fonctionné.

M. Bovet (Sébastien) : Est-ce que le DPCP doit aller en appel et pourquoi?

M. Khadir : On va attendre de lire le jugement, mais très clairement, pour moi, quand je lis ça... est-ce que vous voulez que je vous en lise? Non, on n'a pas le temps, parce qu'il faut que j'aille en commission, mais je vous invite à le lire, puis je vous fournirai aussi... j'attirerais votre attention sur deux passages en particulier. C'est pratiquement impossible de lire ça et arriver à la conclusion qu'on est arrivés. Donc, je pense que oui, il y a, en partant, en réponse à votre question, je dirais que oui. Il faudrait que le DPCP considère sérieusement d'en appeler de cette décision.

M. Laforest (Alain) : Je reviens sur ma question : Est-ce qu'on vous voit le 2 octobre?

M. Khadir : Vous me demandez, mon cher Alain, une question que vous m'avez demandée à de nombreuses reprises et j'ai dit à chaque fois qu'au moment approprié, je vais l'annoncer, quand je sentirai que c'est le moment approprié et ce n'est pas aujourd'hui, parce que je veux le faire, je le répète, je veux le faire en même temps — que ça soit demain, que ça soit dans quatre ans — je veux que ça soit en même temps devant tout le monde, par respect pour, d'abord, les citoyennes et citoyens de Mercier, par respect pour les membres de Québec solidaire — ils n'ont pas d'autres attentes que ça de moi — mais aussi par respect pour les journalistes, par respect pour l'idée que le respect que j'ai pour vous, l'amitié que j'ai pour vous et même la tendresse que je peux avoir parfois pour vous, il faut que ça soit fait de manière solennelle, au moment approprié, puis je vous assure que vous serez en temps opportun avisé.

M. Bovet (Sébastien) : Ce sera dans les prochaines semaines, si je comprends bien?

M. Khadir : Est-ce que j'ai dit ça? Non. Je n'ai pas dit ça, j'ai dit : Au moment approprié, que ça soit dans les prochaines semaines, comme vous dites, ou dans quatre ans — parce que je ne partirai pas en milieu de mandat, ça, je peux vous le garantir — je vais le faire et vous serez les premiers à êtres avisés si vous êtes toujours là.

M. Laforest (Alain) : Avez-vous encore le feu?

M. Khadir : Oui et c'est ça, il y a un élément que je tiens à vous dire, parce que j'ai lu le même titre qui vous amène à poser ces questions, ce matin, là, le titre du Journal de Montréal ou de Québec qui est : Amir Khadir quitte la politique. Est-ce que c'est possible de quitter la politique pour quelqu'un comme moi qui a la passion de la politique, qui... toute ma vie est organisée alentour de la politique? Mes choix, même la relation que j'ai avec mon épouse depuis 30 ans, on s'est connus en raison de notre engagement politique. Alors, je voudrais, au risque de vous décevoir, vous assurer ici que je ne quitterai probablement jamais la politique. Un jour, je vais quitter l'Assemblée...

M. Laforest (Alain) : Vous êtes spécialiste, vous aimez médecine...

M. Khadir : Non, non, je sais. Un jour, je vais quitter l'Assemblée nationale, mais même avant de venir ici, moi, je faisais de la politique, rappelez-vous, entre 2002 où été élu... 2003, où j'ai été porte-parole de l'UFP, ensuite de Québec solidaire et, 2008, quand je suis rentré, je faisais de la politique et vous m'entendiez souvent parler.

M. Bovet (Sébastien) : Aimez-vous plus la médecine ou la politique?

M. Khadir : J'aime la combinaison des deux. Je suis allé en médecine pour des raisons politiques parce qu'avant, j'étais en d'autres choses, la physique, et une des choses qui m'a emmené... et mon épouse Nima en est en partie responsable : Viens en médecine parce qu'on aura la liberté de faire de la politique.

Le Modérateur : Il est attendu...

M. Khadir : Désolé...

(Fin à 15 h 34)

Participants


Document(s) associé(s)