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Point de presse de Mme Catherine Fournier, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration et de diversité, et Mme Carole Poirier, leader parlementaire de l’opposition officielle

Version finale

Le mardi 8 mai 2018, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures trente-deux minutes)

Mme Fournier : Bonjour à tous. Alors, ce matin... en fait, cet après-midi, nous allons déposer une motion au salon bleu parce que nous avons une demande spéciale à faire au premier ministre canadien Justin Trudeau qui, on le sait, l'été dernier, a tweeté, par rapport à l'arrivée des demandeurs d'asile en grand nombre au Canada, il a tweeté : «À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera...» Par contre, hier, lorsque les ministres fédéraux ont tenu leur point de presse, M. Garneau a dit... le ministre des Transports a dit et a répété ceci, donc : Les demandeurs d'asile à notre frontière ne reçoivent pas un billet gratuit vers le Canada. [...]un peu plus de 90 % des migrants irréguliers ne répondent pas à nos critères et devront quitter.»

Alors, on a vu que depuis l'an dernier il y a eu un afflux encore plus important de demandeurs d'asile à notre frontière en raison du tweet initial de Justin Trudeau, qui a été vu presque un million de fois à travers la planète, 750 000 fois au minimum, ce qui a fait en sorte qu'il y a des réseaux de passeurs qui se sont développés, en grande majorité pour la traversée au chemin Roxham, parce qu'on sait que c'est le chemin irrégulier le plus facile à traverser. Donc, ça, c'est ce qui explique qu'il y a 91 % des migrants qui passent de façon irrégulière par le Québec.

Alors, nous, ce qu'on demande au premier ministre Justin Trudeau, qui, au fond, a envoyé des faux espoirs à ces gens partout sur la planète, pour dire qu'ils étaient les bienvenus au Canada, alors que son ministre a dit textuellement hier qu'il comptait en renvoyer 90 %... Nous, on trouve que c'est profondément inhumain, parce que les gens viennent ici avec espoir d'une vie meilleure, d'autant plus que ça prend des années, pour le gouvernement canadien, à traiter leurs demandes. On l'a vu, ça peut prendre cinq, six, sept ans. Ils ont le temps de s'installer ici, de trouver un travail, de fonder une famille, et puis on leur dit tout simplement : Retournez chez vous. Alors, c'est complètement de la frime de dire que le Canada est ouvert. Il y a un processus, il y a des critères d'acceptation pour les réfugiés, et ce que le ministre Garneau a dit lui-même, c'est qu'il y a 90 % des gens qui seraient retournés.

Alors, notre demande pour Justin Trudeau, ce matin, elle est très claire. On souhaite qu'il puisse, à l'instar de ce qu'il a fait l'été dernier, tweeter très clairement ce qu'a dit hier, textuellement, son ministre des Transports, M. Garneau, donc : «Les demandeurs d'asile à notre frontière ne reçoivent pas un billet gratuit pour le Canada. [...]un peu plus de 90 % des migrants irréguliers ne répondent pas à nos critères et devront quitter», de telle sorte que ça puisse envoyer un message très clair pour ne pas justement susciter ces faux espoirs. Alors, ça, c'est notre première demande.

Et bien sûr on réitère également qu'il faut absolument que le gouvernement fédéral puisse suspendre l'entente sur les pays tiers sûrs, de sorte que les migrants qui souhaitent se présenter aux frontières du Canada puissent le faire partout, dans chacune des provinces, de sorte qu'on puisse retourner au niveau qui a précédé l'entente en 2004, où le Québec recevait grosso modo entre 20 % et 30 % des demandeurs d'asile. Et on a vu clairement qu'à partir de l'entente, en 2004... bien, aujourd'hui, il y en a 91 % qui passent par le Québec.

Alors, on souhaite que les migrants puissent se répartir comme ça à travers les différentes provinces canadiennes pour respecter également les capacités d'accueil du Québec. Parce qu'on a également vu que ce qui a été annoncé hier par le gouvernement canadien, par le gouvernement fédéral, c'était trop peu, trop tard. C'était un véritable show de boucane. Il y a même le syndicat des douaniers canadiens qui l'a dit, il est trop tard pour les campements. Les appels d'offres sont seulement partis la semaine dernière. Alors, ça, c'est 500 places en hébergement supplémentaires, mais on sait que le Québec a seulement entre 1 500 et 2 000 places qui sont disponibles, et, juste la fin de semaine passée, il y a eu presque 400 demandeurs d'asile qui ont franchi notre frontière.

Alors, on ne suffira pas à la demande. On ne peut pas laisser ces gens-là dans la rue, il va falloir qu'on puisse les héberger, et c'est pour ça que c'est important qu'ils puissent se présenter par les douanes régulières, d'autant plus que ça va empêcher les réseaux de passeurs d'exploiter la vulnérabilité des migrants à leurs fins personnelles. Alors, c'est notre demande, ce matin, au gouvernement fédéral.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer à la période de questions. Micro de gauche, Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Si Justin Trudeau devait tweeter ça, ça n'enverrait pas un message de fermeture du Canada à l'étranger que de tweeter une chose comme celle-là?

Mme Fournier : Non, on ne le pense pas, parce que le ministre Garneau a dit hier, textuellement, que c'était ça, la réalité. Alors, moi, je pense que les gens doivent être au courant des démarches qui ont cours au Canada, du processus qui doit être un processus rigoureux aussi dans l'accueil des réfugiés et respectueux aussi de la capacité d'accueil du pays, alors qu'au contraire ce serait simplement un reflet beaucoup plus réel, au fond, de ce qui se passe sur le terrain.

M. Dion (Mathieu) : Que pense le Parti québécois de la candidature de Marguerite Blais pour la Coalition avenir Québec? Est-ce une personne que vous aimeriez avoir dans vos rangs, tant qu'à y être?

Mme Fournier : On attend la confirmation de la nouvelle.

M. Dion (Mathieu) : O.K. Mais ça semble être assez confirmé, là. Nous, on l'a confirmé dans... différents médias l'avons confirmé. Qu'est-ce que vous pensez? C'est une ancienne ministre qui était responsable des aînés, elle était impliquée. Son retour en politique québécoise, qu'est-ce que ça signifie pour le Parti québécois?

Mme Fournier : C'est une ancienne ministre libérale, donc, si le tout se confirme, bien, ça confirme en même temps que le PLQ et la CAQ sont des vases communicants.

La Modératrice : Merci. Micro de droite, est-ce que c'est... oui, Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Avant ma question, j'aimerais entendre Mme Poirier là-dessus, sur Mme Blais, que vous vous avez côtoyée, là, vous, comme députée.

Mme Poirier : Exactement. Alors, c'est une ministre sous l'ère Charest qui réapparaît avec la CAQ. Alors, on voit bien effectivement, comme l'a dit Catherine, que le PLQ et la CAQ, eh bien, ce sont des partis frères qui accueillent les mêmes députés. C'est d'ailleurs très amusant de voir, ce matin, dans le visuel, de voir Marguerite Blais et Gaétan Barrette dans le même visuel. Alors, on voit bien que Gaétan Barrette, qui était à la CAQ, est rendu au PLQ; et Marguerite, qui était au PLQ, qui est rendue à la CAQ.

M. Laforest (Alain) : Bon, j'y vais avec ma question. Mme Fournier, est-ce que vous trouvez que Justin Trudeau a été cow-boy en janvier 2017?

Mme Poirier : Alors, Justin Trudeau a été, dans le fond, irresponsable d'envoyer un message de cette nature. Même les ambassades du Canada ont relevé ce message-là comme étant vraiment une irresponsabilité importante de la part du Canada, et on l'a dénoncé dès le début. Aujourd'hui, on est plusieurs qui le dénoncent. D'ailleurs, nous, on a été les premiers à le dénoncer, et maintenant c'est devenu viral que ce message-là.

Et quand on voit ce que le ministre Garneau a dit hier, alors on voit bien l'ampleur de ce que le message de Justin Trudeau a donné. Eh bien, aujourd'hui, c'est 90 % qu'on est obligés de retourner chez eux.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que c'est l'amour entre Véronique Hivon et Jean-François Lisée? Est-ce qu'il y a de la grogne au caucus actuellement?

Mme Poirier : Il n'y a pas de grogne. Le caucus est uni, uni derrière le chef et la vice-cheffe. Et je veux que ce soit très, très clair, là, le Parti québécois s'en va en élection avec son chef, sa vice-cheffe unis. Nous sommes tous unis et nous sommes tous prêts à faire cette bataille électorale là ensemble.

M. Laforest (Alain) : Mais là vous êtes la leader...

La Modératrice : Merci, Alain. Ça fait beaucoup de questions.

M. Laforest (Alain) : Vous êtes la leader, Mme Poirier, et on sait qu'il y a de la grogne, là. Notre collègue Geneviève Lajoie a révélé qu'il y avait certaines personnes qui se questionnaient et qui se demandent si Véronique Hivon ne serait pas mieux habilitée que Jean-François Lisée pour aller mener la prochaine bataille. Vous, vous dites que ce n'est pas vrai?

Mme Poirier : Alors, moi, ce que je vous dis, là, je vais être très, très claire, là, il n'y a pas de grogne. On est unis, et nous allons aller tous ensemble, les députés, les candidats du Parti québécois, en élection avec Jean-François Lisée comme chef et avec Véronique Hivon comme vice-cheffe unis ensemble.

La Modératrice : Merci. On va passer au micro de gauche, Pascal Dugas.

M. Laforest (Alain) : Juste une petite dernière sur un sujet qui est quand même assez important : LaPresse qui est cédée par les Desmarais, qui devient un organisme à but non lucratif, là. Êtes-vous inquiète pour la presse québécoise avec ce qui se passe actuellement?

Mme Poirier : Bien, on va commencer par avoir les détails de cette transaction. C'est quand même assez inusité comme démarche d'affaires. Alors, on va voir, dans le fond, comment va se répertorier cette nouvelle-là. Moi, j'ai bien hâte de voir la composition de cet OSBL et qui va en être les leaders en tant que tels.

La Modératrice : Merci. Micro de gauche, Pascal Dugas, QMI.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Oui. Si je comprends bien, le Canada ne devrait pas accueillir ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre. C'est ce que le tweet disait. C'est quoi, le problème?

Mme Fournier : Non, tout à fait, mais c'est de dire qu'on ne peut pas accueillir tout le monde. Parce qu'en lançant ce tweet-là, c'est comme si tout le monde qui arrivait au Canada allait être accepté, allait obtenir le statut de réfugié, alors que le ministre Garneau l'a confirmé lui-même, de sa propre bouche hier, il y en a 90 % qui vont être retournés.

Alors, bien sûr qu'il faut accueillir les réfugiés, ceux qui fuient la persécution, la guerre, évidemment, et le Canada a signé des conventions internationales pour l'accueil des réfugiés. Mais toujours est-il qu'il y a un processus qui est en cours. Lorsque quelqu'un demande l'asile au Canada, il y a certaines vérifications qui sont faites, notamment auprès de son statut. Est-ce qu'il est véritablement en danger, en proie à la terreur, à la persécution dans son pays d'origine? Et ce que nous dit le ministre hier, c'est qu'il y en a 90 % qui sont retournés dans leur pays.

Alors, il faut quand même que le Canada puisse envoyer un message clair, parce que les gens qui voient ça à l'international, par exemple, en ce moment, au Nigeria, où notamment il y a des réseaux de passeurs qui se sont développés avec le Québec, bien, se disent qu'au fond le Canada... puis le ministre Garneau l'a dit lui-même hier que c'était une entrée gratuite, très facile. Mais la réalité, c'est ça, et nous, on pense que c'est le temps de faire taire les faux espoirs. Le fait qu'il y ait des gens qui viennent ici, qui ont espoir d'une vie meilleure, qui ont des enfants, qui se bâtissent une vie et qui finalement sont retournés...

Je me rappelle, l'année dernière, au mois de décembre, le cas de la famille Lawrence, qui était parfaitement intégrée au Québec, était ici depuis neuf ans, et ça prend neuf ans avant d'avoir une réponse du fédéral. C'est le plus long délai dans toutes les sociétés occidentales. Nous, on trouve que c'est inhumain, et donc ça devrait vraiment être corrigé, que le Canada puisse envoyer un message clair.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Mais dites-moi, Mme Fournier, quel élément de ce tweet-là que vous avez imprimé est problématique? Quel morceau de la phrase ne devrait pas être là?

Mme Fournier : «À ceux». Comme si c'était tout le monde. Ça crée des faux espoirs. Il y a eu…

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Mais tous ceux qui fuient la persécution, la guerre?

Mme Fournier : À ceux qui fuient la persécution, la guerre, tout à fait.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : C'est ce que le tweet dit.

Mme Fournier : Tout à fait, mais il y a eu des preuves que les ambassades se sont plaintes de ce tweet-là parce que ça n'envoyait pas le bon message. Ça envoie le message que tout le monde peut être accepté au Canada, alors que ce n'est pas le cas et que le ministre Garneau l'a très bien dit hier.

La Modératrice : Merci. Micro de droite, Jean-Frédéric Moreau, Le Soleil.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Oui, bonjour, mesdames. Pour revenir sur… un peu faire du pouce sur la question de mon collègue, est-ce que c'est l'accueil qui ne fonctionne pas dans le tweet de M. Trudeau? Est-ce que c'est la notion d'accueil? C'est-à-dire, en fait, ma question, c'est : Si le Québec était indépendant, comme vous aimeriez que ce le soit, est-ce que les demandeurs d'asile ne seraient pas accueillis au Québec, comme le souhaitait vraisemblablement M. Trudeau au Canada?

Mme Fournier : Oui, les demandeurs d'asile seraient évidemment accueillis au Québec, mais on enverrait le signal clair que ce n'est pas parce qu'on se présente aux frontières du Québec, du Québec indépendant qu'on obtient nécessairement le statut de réfugié, comme c'est le cas actuellement au Canada.

Il y a vraiment un processus qui est en cours. Ce n'est pas vrai que tout le monde est accepté en tant que réfugié, puis ça, il faut que ça soit clair. Et les ambassades, puis ça a été répertorié dans certains médias à la suite du tweet de M. Trudeau, ont clairement dit que ce tweet était à l'origine d'un afflux particulier de demandeurs d'asile et aussi d'un développement de réseaux de passeurs à l'international qui ont vu, dans ce tweet-là, des affaires d'or, littéralement.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Donc, diriez-vous que, si M. Lisée était premier ministre du Québec, il tweeterait : Le Québec vous accueille, mais il va y avoir une clôture au chemin Roxham, et vous devrez passer par les postes frontaliers?

Mme Fournier : Non. M. Lisée tweeterait que le Québec vous accueille, mais qu'il y a un processus, et que ce n'est pas certain qu'on va avoir le statut de réfugié au bout de la ligne et qu'on va pouvoir demeurer dans un Québec indépendant.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Donc, juste pour être sûr, vous pensez quand même que M. Trudeau… parce que ce n'est pas ce qu'il a écrit, mais c'était son intention derrière ça?

Mme Fournier : C'est l'effet qu'il a créé.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Parce que vous prêtez une intention, quand même, au premier ministre de dire qu'il avait accueilli… Juste pour être sûr de bien comprendre, là, est-ce que vous prêtez une intention au premier ministre, qui souhaitait la bienvenue à tout le monde, puis qu'au fond il n'y aurait pas de processus à suivre, là, dans son…

Mme Fournier : Je ne connais pas ses intentions, mais c'est l'effet qu'il a créé, et ça, ça a été répertorié très clairement.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer en anglais. Raquel Fletcher de Global, micro de gauche.

Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Can you just… Is this working?

Des voix :

Mme Fletcher (Raquel) : OK. So are you… I guess, just to summarize your point, can you say what kind of results you thought the first tweet had, you know, in Canada, but specifically in Québec?

Mme Fournier : Yes, well, ambassades told that it has resulted in a rise of asylum seekers at our borders. So I think… We ask Justin Trudeau to send the right message, to send what is the reality on the ground, that 90% of the asylum seekers will be sent back home.

Mme Fletcher (Raquel) : Can you summarize, obviously because our viewers are English-speaking, what the second tweet... Oh! OK.

Mme Fournier : So we ask Justin Trudeau to tweet what his Minister Garneau told yesterday in the media and in his press conference. So asylum seekers at our border do not receive a free ticket to Canada. A little more than 90% of irregular migrants do not meet our criteria and will need to leave. So that's what he said and that's what we ask Justin Trudeau to tweet.

Mme Fletcher (Raquel) : How do we reconcile these two, I guess, views of Canada, that you don't just get a free ticket, but we are a welcoming country. How do we... Those seem to be contradicting statements. How do we make them one coherent statement?

Mme Fournier : No, it's not contradicting because for sure, we have to open our country to the people requiring asylum, that face some war, for example, in their country. But there's a process and some criterias to meet, and it's important for the asylum seekers to know that this process exists and that you can't just come to Canada and have this free ticket. You have to meet a certain number of criterias.

La Modératrice :Merci beaucoup. Merci, mesdames.

(Fin à 11 h 47)

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