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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins, et porte-parole de l’opposition officielle en matière de soutien à domicile

Version finale

Le mercredi 6 juin 2018, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-deux minutes)

La Modératrice : Alors, bonjour à toutes et à tous. Mme Diane Lamarre, porte-parole du Parti québécois en matière de santé et d'accessibilité aux soins est accompagnée aujourd'hui de Mme Nicole Gagnon, qui est vice-présidente à l'AREQ, et de Mme Lise Lapointe, présidente de l'AREQ. Mme Lamarre, la parole est à vous.

Mme Lamarre : Merci. Alors, ce matin, nous voulons porter à l'attention de la population une pétition que l'AREQ, l'association des retraitées et retraités — féminines et masculines — en éducation ont portée et m'ont demandé de parrainer, ce que j'ai accepté.

Pourquoi j'ai accepté? C'est une pétition sur la révision du modèle de rémunération des médecins en même temps que vraiment un appel à ce que l'argent soit mis vraiment à l'amélioration de l'accessibilité des soins aux patients. Vous savez, c'est un combat que je mène depuis mes quatre années comme députée, mais je vous dirais aussi, depuis 15 ans dans le système de santé québécois, parce que la situation qu'on fait vivre aux Québécois est inacceptable en termes de manque d'accès et en termes de concentration d'argent à des mesures, à des actes qui n'ont pas vraiment de valeur ajoutée pour la population.

Alors, ce modèle-là, le modèle de rémunération à l'acte, qui a été défendu, promu par le ministre actuel au moment où il était président de la Fédération des médecins spécialistes, et qu'il a continué à amplifier, eh bien, il nous amène dans une situation chaotique où les Québécois n'en ont toujours pas plus pour leur argent, n'en toujours pas suffisamment. On a encore, à Montréal, 35 % des gens qui n'ont pas de médecin de famille. En Montérégie, c'est 25 %. C'est une situation qui est complètement inacceptable. Je ne comprends pas que le ministre puisse encore se sentir à l'aise de se présenter devant la population avec un bilan comme celui-là et en défendant encore le même vieux modèle de rémunération à l'acte dont il a exagéré les paramètres davantage pour amplifier les injustices, les inégalités et le manque d'accès auxquels ce mode contribue.

Alors, il y en a, d'autres modèles de rémunération, qui sont appropriés. Et la première chose qu'il faut supprimer, ce sont les primes, les primes à l'inscription, des primes jaquette, des primes à toutes sortes de paramètres qui ne donnent pas le résultat escompté pour les patients. Alors, je regarde le modèle du National Health Service au Royaume-Uni, qui, lui, fait en sorte que l'équipe… Quand on parle d'interdisciplinarité au Québec, on n'est pas dans un modèle d'interdisciplinarité. On est dans un modèle où le médecin, dans le modèle financier, je parle, prend une cote sur chacun des professionnels qui travaillent pour lui dans un GMF, qui travaillent avec lui dans un GMF.

Alors, il y a d'autres modèles et il y a des modèles où ce sont les bénéfices pour les patients qui comptent, et c'est l'équipe qui reçoit, à ce moment-là, une bonification de sa rémunération. Alors, moi, je pense qu'il faut aller dans ce sens-là, et le ministre résiste, bien sûr, parce que ce n'est pas le modèle auquel lui croit. Mais on a vu… les croyances du ministre, là, elles ont vraiment déstabilisé notre système de santé au Québec. On y croit à ce système public. Le personnel est épuisé. Les gens ne sont pas reconnus à leur juste valeur. On continue de les emprisonner dans des vieux rôles des années 80.

Je terminerais juste avec un exemple très concret. La semaine dernière, dans les lignes directrices qui ont été appliquées aux infirmières praticiennes spécialisées, eh bien, elles peuvent commencer le traitement pour six conditions, problèmes d'hypertension, problèmes thyroïdiens, mais le patient doit revoir le médecin en 30 jours. C'est deux fois facturé. L'IPS qui a cinq ans d'université n'a pas à référer ces patients dans un délai d'un mois s'il n'y a pas de complications.

Alors, on a 300 000 patients qui attendent sur un guichet, qui supplient pour être vus par un médecin, et la priorité qui est accordée, c'est de dire : on va faire revoir un patient qui a été vu, il y a moins d'un mois, par une infirmière praticienne spécialisée qui a cinq ans d'université.

Alors, c'est une illustration de comment notre système de rémunération à l'acte n'est pas performant, ne donne pas l'accès nécessaire, et nous, au Parti québécois, on veut centrer les actions sur le patient, on veut que ce soit lui qui soit en priorité. On veut arrêter d'avoir des patients orphelins et on veut que tout le monde ensemble puisse travailler collectivement à ce qu'il y ait une cohésion, une synchronisation dans les services et surtout une imputabilité, une imputabilité pour chacun des professionnels qui travaille et qui doit mettre ses compétences au service des patients. Et, à ce moment-ci, on considère que les patients paient lourdement le prix d'un système et d'un mode de rémunération qui n'est pas approprié.

Le mode de rémunération actuel des médecins, malheureusement, c'est un modèle... et ce ne sont pas les médecins individuellement qui sont à blâmer mais le modèle. C'est comme s'ils étaient des salariés pas de patron ou des entrepreneurs sans concurrence. C'est un modèle qui ne fonctionne pas. C'est un modèle qui pénalise les patients.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, Mme Gagnon. Pardon. Mme Lapointe.

Mme Lapointe (Lise) : Alors, bonjour. En tant que présidente de l'AREQ, je suis fière de porter la voix des membres qui militent depuis toujours pour un système de santé universel, public et accessible.

La question n'est pas de savoir combien il faut payer les médecins, mais bien plutôt de savoir comment, afin d'assurer une rémunération plus juste et plus équitable. La preuve a été faite, la rémunération à l'acte amène les médecins à encourager leurs patients à consommer des soins, entraîne des coûts de gestion importants, n'incite pas les médecins à déléguer des actes à d'autres professionnels de la santé, tel que le disait Mme Lamarre tout à l'heure.

Il existe plusieurs modes de rémunération employés dans différents États, et plusieurs experts s'entendent pour dire que celui que nous avons au Québec est dépassé et que les patients ne sont pas nécessairement au cœur de ce système comme nous le souhaiterions.

C'est pourquoi nous demandons au gouvernement du Québec de revoir le mode de rémunération des médecins afin de réduire la part du budget du gouvernement consacré à cette rémunération et d'assurer une meilleure accessibilité aux services de santé et des services sociaux. L'enjeu est très grand. Pour nier le problème, il faut agir en concertation avec les experts du milieu et en conciliation avec les parties prenantes. Merci.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, Mme Gagnon.

Mme Gagnon (Nicole) : Bonjour. Je me nomme Nicole Gagnon, responsable du comité d'action sociopolitique à l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec.

À l'AREQ, nous sommes plus de 58 000 membres retraités, soucieux d'avoir un système de santé accessible à tous. D'ailleurs, notre démarche menant vers cette pétition sur le mode de rémunération des médecins date d'il y a deux ans, à la demande de nos membres. Nous avons même publié un dossier sur le sujet dans notre magazine de l'AREQ, l'été dernier, signé par Guillaume Hébert de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques. Ainsi, de nombreuses études et recherches ont démontré l'inefficacité du mode de rémunération des médecins au Québec.

En 2017, le Commissaire à la santé et au bien-être considérait le modèle de rémunération à l'acte des médecins sous-optimal et qu'il devait être revu. Plus récemment, le rapport de recherche mené par Damien Contandriopoulos, intitulé Analyse des impacts de la rémunération des médecins sur leur pratique et la performance du système de santé au Québec faisait un constat très clair : jamais le Québec n'a eu autant de médecins par habitant qu'aujourd'hui et jamais ceux-ci n'ont été aussi bien payés. Et pourtant, pendant que leur rémunération augmentait entre 2006 et 2015, la moyenne de jours travaillés par année diminuait. Si on croyait que l'augmentation de la rémunération des médecins québécois allait assurer un meilleur accès aux soins, c'est raté.

Considérant que la rémunération des médecins représente 21 % du budget de la santé et des services sociaux, lequel constitue 38 % des dépenses de l'État québécois, nous croyons qu'il est nécessaire d'avoir un débat public sur la question. C'est en ce sens que nous avons entrepris cette pétition et c'est donc 9 227 personnes aujourd'hui qui ont appuyé l'objet de cette requête. Merci.

La Modératrice : Merci, mesdames. On va maintenant passer à la période de questions. Pas de question? Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 41)

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