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Point de presse de Mme Sonia LeBel, députée de Champlain, et M. Samuel Poulin, député de Beauce-Sud

Version finale

Le mardi 16 octobre 2018, 15 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Seize heures trente-sept minutes)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Donc, on va commencer le point de presse. Mme LeBel va prendre la parole, suivie de M. Poulin, et ensuite on prendra les questions des journalistes.

Mme LeBel : Alors, bonjour à tous. C'est un moment qui est très important, très rempli d'émotion, et c'est avec beaucoup de fierté que je me présente aujourd'hui devant vous officiellement comme la nouvelle députée du comté de Champlain pour la Coalition avenir Québec.

Le premier ministre élu l'a dit, et je partage cette opinion, c'est un très grand privilège. C'est un privilège, et je souhaite remercier, d'abord et avant tout, les citoyens de mon comté, les gens de Champlain qui ont choisi de me faire confiance, de nous faire confiance, à la Coalition avenir Québec. Et je n'oublierai jamais que c'est grâce à eux que je suis ici, je n'oublierai jamais que je serai d'abord et avant tout une députée, et la députée... votre députée, la députée de Champlain.

On vient de vivre, en tout cas je viens de vivre, nous venons tous de vivre une élection qui est historique. Les Québécois ont choisi de se tourner vers nous, vers l'avenir en optant pour une nouvelle équipe, des nouvelles idées. C'est une très grande confiance. Et j'ai prêté plusieurs types de serments dans ma vie, et je dois vous dire que ce serment-ci que je viens de prêter aujourd'hui, je le ressens particulièrement dans mon estomac. Je le ressens, je ressens le privilège, je ressens la grande responsabilité que c'est, et je le prends, comme tous mes collègues, d'ailleurs, avec un très grand sérieux.

Les défis seront nombreux, les attentes sont grandes, nous le réalisons, on en est vraiment conscients. Maintenant, c'est de notre devoir de se mettre au travail et de livrer la marchandise pour tous les Québécois. Il faut rester proches, d'ailleurs, des préoccupations de ces Québécois. Je pense qu'une des raisons pour lesquelles nous avons eu tant de confiance et que les gens ont voté de cette façon pour nous le 1er octobre, c'est parce qu'on a su, les 125 candidats, les 74 députés élus, rester proches des préoccupations des gens, rester sur le terrain, les écouter, les entendre et créer des liens avec eux, et nous continuerons de l'être et d'être à l'écoute des gens.

On s'apprête à faire des changements, on s'apprête à changer des choses, on veut le faire rapidement. Mais rapidement, ça ne rime pas avec précipitation, alors on fera les choses dans l'ordre, on fera les choses correctement et on fera les choses dans le respect de tous.

Trois grandes priorités vont nous animer dans les prochains jours, dans les premiers jours : naturellement, la question d'économie, les questions de remettre de l'argent dans les poches des Québécois, assurer des services de santé de qualité et améliorer le système d'éducation. Ce seront la toile de fond des premiers jours de notre gouvernement. Maintenant, le travail commence, j'en suis très fière, je ressens ce privilège. Et je vais laisser la parole à mon nouveau collègue Samuel.

M. Poulin : Merci beaucoup, Sonia. Bien, tout d'abord, bonjour aux journalistes. On se connaît bien, donc je suis très content de vous retrouver non pas à titre d'attaché de presse, mais, depuis quelques minutes, à titre de député de Beauce-Sud. Également, saluer Sonia, l'ensemble de mes collègues qui ont été assermentés aujourd'hui comme députés à l'Assemblée nationale.

Vous savez, aujourd'hui on marque l'histoire, hein, peut-être qu'on ne le réalise pas concrètement, mais c'est littéralement l'élection d'une nouvelle équipe aux commandes du Québec, avec un nouveau gouvernement et certainement une équipe extrêmement solide, je pense que tout le monde est unanime là-dessus. On a une équipe qui provient de plusieurs horizons, accompagnée d'un programme capable de rassembler. Et n'oublions pas, on a opté pour le changement et, tout au long de la campagne, on a mis sur la table des idées ambitieuses pour relancer le Québec. Et, à compter d'aujourd'hui, on a l'opportunité de donner un nouveau souffle au Québec. Oui, on va faire plus, on va faire mieux, vous l'avez entendu et, bien entendu, on va le faire en économie, en santé et en éducation. Nos priorités ne changent pas.

On s'est engagés également à faire de la politique autrement. Il me semble qu'on a déjà entendu ça dans le passé, hein, faire de la politique autrement? Mais j'ai très bon espoir que cette fois-ci, ce sera la bonne, et surtout qu'il y aura un changement de ton à l'Assemblée nationale. On a déjà entendu ça aussi, Mme LeBel, un changement de ton. Je pense qu'on aura enfin ce changement de ton qu'on a tant besoin parce qu'on est le gouvernement du Québec également qui a fait élire le plus de femmes. C'est tout un signal que les Québécois ont lancé le 1er octobre dernier. Faire de la politique autrement, c'est de laisser la place à de nombreux jeunes, dont, oui, je fais partie, qui amèneront un regard nouveau sur les enjeux pressants au Québec.

Il faudra travailler fort, continuer d'être à l'écoute du Québec. Mais sachez une chose : l'équipe de la CAQ est gonflée à bloc, elle est prête à servir les intérêts de tous les Québécois, et soyez assurés que nous mettrons tous les efforts nécessaires pour réaliser nos engagements et faire avancer les projets qui sont chers aux Québécois. Alors, dès maintenant, on se met au travail. Merci beaucoup.

Le Modérateur : Merci à tous. On va prendre une question, une sous-question par journaliste. On va commencer par Marc-André Gagnon, Journal de Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour à vous deux. Félicitations! Quel message ça envoie, selon vous, aujourd'hui, le fait que ce ne soit pas François Legault qui soit là pour répondre à nos questions? Depuis le lendemain de l'élection, on n'a pas senti que le premier ministre désigné ait été très, très accessible pour les journalistes, notamment le nombre de questions qui a été limité dès son premier point de presse. Alors là, tous les députés de votre aile parlementaire sont assermentés, et ce n'est pas lui qui vient répondre à nos questions. Alors, est-ce que c'est ça, le changement de ton que la CAQ veut incarner?

Mme LeBel : Je pense qu'on ne doit pas y lire aucun message particulier. On est là pour répondre à vos questions. C'est normal qu'il y ait des gens qui soient là, devant vous. On laisse nos collègues profiter de ce moment. Je pense que le premier ministre élu a été très disponible, a été disponible. D'ailleurs, il était en Arménie, où des journalistes québécois l'accompagnaient. Il est toujours disponible, il est au travail. Il profite de l'occasion aujourd'hui, et on est là pour répondre à vos questions.

M. Poulin : Et, si je peux me permettre d'ajouter, à l'intérieur du caucus également, vous l'avez vu au courant des quatre dernières années, les membres de l'équipe ont été extrêmement présents devant les médias, accessibles. On accepte les demandes d'entrevue, et je crois qu'il y aura également cette volonté-là que les membres de l'équipe, au courant des quatre prochaines années, puissent être extrêmement présents.

M. Gagnon (Marc-André) : Le dossier des signes religieux, croyez-vous que ça risque d'être un boulet pour les députés de votre aile parlementaire lors de la session qui s'amène?

Mme LeBel : Non, absolument pas. La position que la CAQ a exprimée avant l'élection, pendant les élections et dans les premiers jours, là, de la transition est celle qu'on a toujours exprimée devant les Québécois, et on va maintenir cette position-là. Les gens sont au courant, ils le savent. Et on ne fait que continuer dans le travail qu'on avait déjà commencé.

M. Gagnon (Marc-André) : O.K., mais est-ce que ce n'est pas un peu incohérent avec l'idée de vouloir travailler avec les autres partis? On vous entend dire : On veut être proches des Québécois. M. Legault a dit tout à l'heure : Il faut penser aussi à ceux qui ont voté pour Québec solidaire, pour le Parti québécois, pour le Parti libéral. Or, eux, ne sont pas exactement du même avis que vous sur cette question-là. Donc, est-ce qu'il y a encore place à la discussion, au débat ou est-ce que l'idée de la CAQ sur les signes religieux est vraiment arrêtée?

Mme LeBel : La position de la CAQ est claire. C'est le point de départ, naturellement. De parler d'ouverture et de discussion ne signifie pas nécessairement parler de recul. Mais il y aura un dispositif, il y aura une loi qui va être présentée. Tous les députés qui ont été élus par les gens auront une voix. Le travail parlementaire se fera et les gens pourront faire valoir leur position, et il y aura des discussions. C'est sûr qu'il va y avoir un travail de discussion et d'ouverture. Mais la position de la CAQ aujourd'hui, elle est claire, et c'est le point de départ de toute cette législation-là.

Le Modérateur : François Cormier, TVA.

M. Cormier (François) : Bonjour. N'y a-t-il pas quand même une incohérence à évoquer Bouchard-Taylor quand les arguments font votre affaire, mais de le laisser de côté, par contre... par exemple, comme le crucifix à l'Assemblée nationale, où on recommandait le retrait dans Bouchard-Taylor?

M. Poulin : On sait qu'il y a un consensus au Québec au niveau de Bouchard-Taylor, bien entendu. Concernant le crucifix qui va demeurer à l'Assemblée nationale, c'est parce que, pour nous, ça fait partie d'un objet patrimonial et historique. Il suffit de se promener un peu partout au Québec, et les gens sont attachés... non pas seulement par religion, mais sont attachés à notre histoire. Et, pour nous, le crucifix, bien, il fait partie de l'histoire du Québec, alors, pour nous, il est normal qu'il puisse demeurer au salon bleu.

M. Cormier (François) : Mais donc ma question étant : Est-ce que ce n'est pas incohérent de dire qu'il y a un consensus dans Bouchard-Taylor quand Bouchard-Taylor recommande justement de ne pas interdire les signes religieux chez les enseignants et de retirer le crucifix?

M. Poulin : Je pense que Bouchard-Taylor a un consensus, vous l'avez dit, concernant ce que vous venez de dire, donc les gens en position d'autorité. Cependant, en ce qui a trait au crucifix, on maintient toujours la même position, il va demeurer là. Je crois, au contraire, que c'est d'être à l'écoute des Québécois. On le dit : On ne doit pas être déconnectés de ce que les gens nous disent. Les gens nous demandent à ce que le crucifix puisse demeurer à l'Assemblée nationale parce qu'il fait partie de notre histoire, et il va y demeurer.

M. Cormier (François) : Il y a encore 11 palais de justice qui ont 17 crucifix, notamment en haut de la tête des juges dans les salles d'audience. Est-ce que ça, ça devrait être retiré? Est-ce que vous avez un malaise à ce qu'il y ait des crucifix dans les salles d'audience?

Mme LeBel : Bien, je pense que la même logique sera appliquée à ces crucifix-là qu'elle est appliquée à celui de l'Assemblée nationale. Vous savez, de se tourner vers l'avenir et de dire qu'à partir de maintenant on va marquer de façon claire le fait que le Québec est une société laïque, c'est se tourner vers l'avenir, c'est se connecter avec le présent, mais il ne faut pas tourner le dos à notre passé. C'est ça qui est la façon dont on va analyser ces situations-là et qui va nous guider dans tous les cas par cas.

Le Modérateur : Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, bonjour à vous deux. Mme LeBel, Robert Lafrenière a annoncé sa démission de l'Unité permanente anticorruption le jour du scrutin. A-t-il pris la bonne décision, selon vous?

Mme LeBel : Je pense qu'il n'est pas de mon ressort aujourd'hui de commenter si M. Lafrenière a pris la bonne ou la mauvaise décision. Il a pris une décision, nous en prenons acte et on va agir pour la suite en conséquence.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'il y a déjà des candidats d'identifiés pour lui succéder?

Mme LeBel : Mon Dieu! On est en transition, hein? Je pense qu'on va laisser le gouvernement se mettre en place, et on verra par la suite.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais les circonstances qu'il a, disons, détaillées assez brièvement dans une lettre sont-elles suffisantes ou vous souhaitez avoir davantage d'explications pour, justement, corriger, peut-être, ce qui fait défaut présentement à l'UPAC?

Mme LeBel : Bien, ce que je souhaite, c'est ne pas commenter les circonstances de sa démission.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que vous allez lui demander à lui, sans les commenter aujourd'hui publiquement, de les détailler, là, les circonstances de son départ, pour vous assurer que l'UPAC puisse travailler dans les meilleures conditions possibles?

Mme LeBel : Si on juge finalement approprié de lui poser la question parce qu'on pense que c'est pour faire avancer l'institution, c'est sûr qu'on le fera, mais on verra en temps et lieu si c'est nécessaire.

M. Bélair-Cirino (Marco) : À titre d'ex-procureure de la commission Charbonneau, y a-t-il une grande oubliée parmi les recommandations de la commission ou dans...

Mme LeBel : Dans quel sens? Dans quel sens?

M. Bélair-Cirino (Marco) : En fait, une recommandation qui a été faite par la commission Charbonneau qui n'a pas été mise en oeuvre par le gouvernement libéral de M. Couillard que vous, vous souhaitez déployer, mettre en oeuvre? Est-ce qu'il y a quelque chose qui doit être fait, là, encore aujourd'hui?

Mme LeBel : Mais je pense qu'on a mis beaucoup de recommandations en place. Il y en a plus que 60, vous me permettrez de ne pas les passer toutes en revue, là. Il y a certaines choses où il va falloir faire des améliorations, mais je ne vous dirai pas nécessairement à quel endroit aujourd'hui. Mais c'est certain qu'on peut pousser un peu plus loin ce qui a été fait et on peut travailler à partir de ce qui a été fait, effectivement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...un exemple concret, pour que les gens puissent...

Mme LeBel : Mon Dieu! Un exemple concret... Je peux vous parler de l'AMP, qui a été mise en place. Je pense qu'il y a peut-être une façon d'améliorer les pouvoirs de cet organisme-là, qui reprend l'essentiel, effectivement, de la recommandation de la commission Charbonneau. Je ne suis pas ici pour m'engager au nom du gouvernement de ce qu'il va faire ou ne pas faire, je fais simplement un comparatif. On est sur la bonne piste, on a mis une institution qui est très importante en place et on pourra travailler avec le nouveau directeur de cette institution, qui est Denis Gallant, pour voir s'il y a de l'amélioration à faire, et il nous fera très certainement, comme je le connais très bien, ses recommandations.

Le Modérateur : Patricia Cloutier, Le Soleil.

Mme Cloutier (Patricia) : Une précision, tout d'abord. J'aimerais savoir à quel titre vous vous adressez à nous aujourd'hui?

M. Poulin : Je crois, à titre de députée de Champlain, et moi, à titre de député de Beauce-Sud.

Mme Cloutier (Patricia) : Mais est-ce que vous êtes des porte-parole de M. Legault?

M. Poulin : On n'est pas porte-parole de la transition de la transition de la transition.

Mme Cloutier (Patricia) : Non? O.K.

M. Poulin : Non, on est deux nouveaux élus qui ont été assermentés aujourd'hui.

Mme Cloutier (Patricia) : O.K. Et je veux savoir aussi, vous parlez de changement de ton, est-ce que ça veut dire que la CAQ serait d'accord à faire en sorte que le PQ et QS soient des groupes parlementaires pour qu'ils aient davantage de temps pour s'exprimer à l'Assemblée nationale?

M. Poulin : Nous allons en discuter en caucus, concernant la reconnaissance du Parti québécois et de Québec solidaire.

Concernant le changement de ton, par exemple, à l'Assemblée nationale, peu importent les reconnaissances qu'il pourrait y avoir, c'est une responsabilité que chacun des députés a à compter de maintenant. Alors, dès qu'on entre à l'Assemblée nationale au cours des prochaines semaines, l'attitude, le changement de ton, de la façon dont vont se dérouler les travaux parlementaires, peut-être même sur des projets de loi qui pourraient par moment amener certains désaccords, l'important, c'est que le ton, je pense, puisse être différent, et c'est la meilleure façon qu'on va ramener les gens à s'intéresser à la politique.

Hier, vous avez eu un point de presse avec le chef de l'opposition officielle, qui a parlé du fait que le taux de participation avait été bas lors de la dernière élection générale. Donc, il y a des gens qui sont restés à la maison. Pourquoi ils sont restés à la maison? Probablement parce qu'ils n'ont plus confiance en nos institutions. Alors, aujourd'hui, quand on entre ici à titre de député, c'est de penser aussi aux gens qui ne sont pas allés voter parce qu'ils ne croyaient plus à la politique, et ça va commencer au courant des prochaines semaines.

Mme Cloutier (Patricia) : Mais qu'est-ce que vous voulez dire, par exemple que les débats au salon bleu — c'est la période de questions qui est la plus regardée — ce soit moins acrimonieux, qu'on utilise un différent langage? Expliquez-nous ce que vous voulez dire.

M. Poulin : Absolument, absolument. Vous avez assisté à la période des questions au cours des dernières années. Lorsqu'il y a des groupes de classes qui étaient en haut, moi, j'étais gêné par moment de voir de la façon dont ça pouvait se comporter. Alors, oui, on a une responsabilité, comme députés, de faire en sorte que les travaux parlementaires se passent mieux, que ce soit moins acrimonieux, puis on n'a pas des nouvelles sur des épisodes parfois qui ne nous ramènent pas au contenu puis qui ne nous ramènent pas à l'idée du projet de loi. Alors, on parle de femmes, on parle de jeunes, bien, ça vient avec cette lourde responsabilité-là. Si ce n'est pas nous qui changeons les choses à l'Assemblée nationale, c'est qui qui va le faire?

Mme Cloutier (Patricia) : Mais juste pour préciser ça, est-ce que, si on vous attaque... Parce que les gens qui font de la politique depuis longtemps, il y en a encore dans le présent gouvernement puis ils vont utiliser peut-être les mêmes façons de faire. Si on vous attaque, est-ce que les députés de la CAQ ne vont pas répliquer ou auront la consigne d'être plus doux dans leurs contre-attaques?

M. Poulin : Oui. Je pense qu'on va gérer ça à la pièce. Bien entendu, il y a une différence entre une attaque personnelle... Il y a des moments également en politique qui font en sorte que c'est un peu plus enivrant, un peu plus stressant. Mais je pense que la volonté, c'est qu'au quotidien il y ait effectivement un changement de ton. Et, je vous le dis, les deux premières semaines, ça risque de bien aller, mais après il va falloir que ça continue.

Le Modérateur : Martin Croteau, LaPresse.

M. Croteau (Martin) : Je veux faire du pouce sur la question de ma collègue. Qu'est-ce qui vous fait espérer que le ton va changer sous votre gouvernement? Qu'est-ce qui fait que vous, vous allez réussir là où tout le monde a échoué avant?

M. Poulin : Oui, bien, il y a une notion d'attitude, bien entendu. Puis, M. Legault l'a bien exprimé, sur les 74 députés de la CAQ, plus d'une cinquantaine sont nouveaux, alors on ne marche pas dans les mêmes pas que tout le monde, on pense souvent en dehors de la boîte, on se dit : De quelle façon on peut faire en sorte que ça fonctionne mieux? M. Legault l'a même exprimé en campagne électorale sur des enjeux précis où on pourrait prendre des décisions d'autres formations politiques. Ça, ça va redonner confiance aux gens, aux gens qui ne nous ont pas appuyés lors de la dernière campagne électorale puis démontrer qu'ils ont quand même une voix à l'Assemblée nationale. Alors, ça va se faire au quotidien, mais, oui, il y a une question d'attitude, bien entendu, lors des périodes de questions, entre autres.

M. Croteau (Martin) : Mme LeBel, dans votre introduction, vous avez identifié trois priorités : économie, santé, éducation. Vous avez dit ensuite que vous vous adressez à nous à titre de députée et non à titre de porte-parole du parti. Donc, ces trois priorités, ce sont vos priorités ou ce sont celles de votre parti? Pouvez-vous clarifier à qui sont ces trois priorités?

Mme LeBel : Bien, ce sont nos priorités. J'ai accepté de suivre François Legault, mon premier ministre élu, et je les connaissais, ces priorités-là, dès le départ, je les connais depuis longtemps. Ce sont les priorités que j'ai portées comme candidate pour la Coalition avenir Québec, donc elles sont devenues, effectivement, les miennes également.

M. Croteau (Martin) : Alors, ce sont celles du parti, ou les vôtres, ou les deux?

Mme LeBel : Ce sont celles de mon parti, ce sont celles de mon gouvernement et ce sont les miennes. Ce n'est pas mutuellement exclusif, vous savez.

M. Croteau (Martin) : Donc, au sujet de ces trois priorités, comment se fait-il que la réglementation et la législation sur les signes religieux et un éventuel resserrement des règles sur la consommation de marijuana ne figurent pas parmi ces trois priorités? Ça semble pourtant être des dossiers assez pressants.

Mme LeBel : Bien, vous savez, d'avoir trois grandes priorités qui sont porteuses des premières actions du gouvernement ne fait pas en sorte qu'on exclut toutes les autres priorités.

M. Croteau (Martin) : Oui, mais ce sont des priorités moins prioritaires, donc?

Mme LeBel : Bien là, si vous voulez, écoutez, on peut faire... Avec la nouvelle équipe qu'on a, vous savez qu'on peut faire plusieurs priorités en même temps, on peut brasser plusieurs choses en même temps et on va travailler dans ce sens-là, inquiétez-vous pas.

M. Croteau (Martin) : Donc, vous avez plus que trois priorités?

Mme LeBel : Vraiment, vraiment.

M. Croteau (Martin) : Éduquez-moi, je ne demande qu'à être...

Mme LeBel : On a trois grandes priorités qui vont porter notre message pour au début, mais on est là pour quatre ans, on va faire les choses dans l'ordre et on va tout faire, ne vous inquiétez pas.

Le Modérateur : Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour à vous deux. Félicitations à tous les deux, également. Une étude commandée par le maire Labeaume révélée récemment démontre...

Mme LeBel : Excusez-moi, oui...

M. Poulin : ...troisième lien.

M. Bellerose (Patrick) : Désolé, je crois que je perds mon micro. Donc, une étude commandée récemment par le maire Labeaume qui a été rendue publique hier démontre qu'il faudra au moins 10 ans avant de commencer la construction du troisième lien. Sur quelles études ou sur quelles données factuelles vous basez-vous pour dire que vous pouvez commencer d'ici quatre ans?

M. Poulin : Effectivement, vous l'avez bien dit, M.Bellerose, l'engagement de la Coalition avenir Québec est de débuter la construction d'un troisième lien à l'intérieur d'un mandat de quatre ans.

Bien entendu, on a également dit qu'on va déposer, j'imagine au courant des prochaines semaines, des prochains mois, un PQI, qu'on appelle, un plan québécois des infrastructures, qui permet de voir de quelle façon on peut réaliser, donc, le troisième lien.

Mais l'engagement ne change pas, on le maintient. Et, bien entendu, vous savez, il y a différentes étapes pour les grands projets au Québec, ça, vous les connaissez : l'étude d'opportunité, les études environnementales, et tout ça. On a toujours dit qu'on allait voir de quelle façon on puisse maximiser les étapes à faire des projets comme ceux-là, donc, qui obtient un large consensus dans la population de la région de Québec, on puisse faire en sorte que cet engagement puisse se réaliser. Pour nous, c'est toujours la même chose.

M. Bellerose (Patrick) : Mais l'étude dit que ça prend minimum 10 ans avant de faire une première pelletée de terre. Vous dites : On peut le faire en quatre ans. Sur quelles études, sur quelles données factuelles vous basez-vous? Et allez-vous compresser les étapes pour y arriver?

M. Poulin : On aura la chance de démontrer de quelle façon on va s'y prendre pour respecter notre engagement.

M. Bellerose (Patrick) : Vous n'avez pas encore réfléchi à comment vous allez faire pour...

M. Poulin : Bien, vous comprenez qu'on est en période de transition. Bien sûr, on peut avoir une bonne idée de quelle façon on compte le faire parce qu'on a pris un engagement, et cet engagement-là, il est sérieux, et on a bien l'intention de le respecter.

M. Bellerose (Patrick) : Croyez-vous que l'étude dévoilée par le maire Labeaume est crédible?

M. Poulin : Je ne qualifierai pas l'étude en question. Nous, on est convaincus qu'on peut débuter le troisième lien à l'intérieur du mandat de quatre ans.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que le maire Labeaume a posé un geste politique...

M. Poulin : Dernière question, M. Bellerose.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que M. Labeaume a posé un geste politique en commandant et en révélant l'étude?

M. Poulin : Je ne qualifierai pas le geste de M. Labeaume.

Le Modérateur : Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous deux. Quand les libéraux de Philippe Couillard ont pris le pouvoir en 2014, M. Couillard a dit : On s'engage à être le gouvernement le plus transparent de l'histoire. Si vous, vous avez un superlatif à choisir aujourd'hui, ce serait lequel? La CAQ va être le gouvernement le plus quoi de l'histoire?

Mme LeBel : On va s'engager tout simplement à le faire. Je pense que ça va être suffisant.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Donc, la CAQ sera le gouvernement le plus...

Mme LeBel : La CAQ sera un gouvernement transparent et un gouvernement qui va le faire. Donc, on le dit et on va le faire. Je pense que c'est suffisant comme engagement, et les gens nous ont fait confiance et doivent nous faire confiance.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Vous parlez d'un changement de ton. En campagne électorale, vous avez révélé l'identité d'une source, vous avez publié dans les médias des échanges de textos. Est-ce que le nouveau ton correspond à celui que vous avez eu dans ces épisodes-là en campagne ou est-ce que ça va être autre chose?

M. Poulin : Je pense qu'il est difficile de mettre la campagne électorale dans le même bateau parce que les deux éléments que vous venez de nommer font référence à des situations extrêmement précises dont on pourrait parler longuement. Alors, concernant ce qui nous amène au courant des prochaines semaines, je pense que c'est un nouveau ton peut-être qu'on n'a pas vu en politique encore, qu'on n'a peut-être pas vu suffisamment, qu'on n'a peut-être pas vu en campagne électorale puis qu'on n'a encore probablement pas vu au salon bleu à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'on pourrait voir, à un moment donné, les quatre députés d'une formation politique devant vous vous présenter un projet de loi — pourquoi pas, pourquoi pas — et qu'on dit : On travaille tous dans le même sens? Alors, ça peut être des exemples concrets sur certaines idées sur lesquelles on va être d'accord. Mais, bien sûr, on tend toujours la main, c'est toujours ce qu'on a dit, aux autres formations politiques afin qu'on puisse travailler ensemble.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Donc, la CAQ de la campagne électorale ne sera pas nécessairement la même que la CAQ au gouvernement?

M. Poulin : Bien, c'est à vous de juger certains éléments d'une campagne électorale dans un contexte très précis. Alors, on ne peut pas faire ce comparatif-là. Ce que je vous dis, c'est qu'il y a un gouvernement, il y a des députés qui ont été assermentés, un gouvernement qui sera assermenté officiellement jeudi et qui a l'intention de faire que le ton se passe beaucoup mieux à l'Assemblée nationale.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Dernière question : Pourquoi c'est important pour vous… Je poserais la question à votre chef, mais vous êtes délégués, mais, bon, de… François Legault a quand même souligné le fait que vous étiez tous élus pour les solidaires, les libéraux et les péquistes. Pourquoi c'est important pour vous de le rappeler, que le parti est une coalition? Qu'est-ce que…

Mme LeBel : Non, je pense que ce que M. Legault faisait, ce n'est pas de rappeler que le parti est une coalition, c'est rappeler que, maintenant que nous sommes députés, députés assermentés… Moi, particulièrement, je représente tous les citoyens de Champlain, peu importe leur allégeance politique, peu importe l'endroit où ils ont fait leur x sur le bulletin de vote, et je n'ai pas à travailler plus fort pour les électeurs caquistes que pour les électeurs péquistes. Et je pense que c'est ce que le premier ministre élu voulait dire, il voulait rassurer les gens. Et c'est notre volonté à tous, hein? Vous savez, moi, je le disais, j'ai prêté plusieurs serments dans ma vie. Je sais ce que c'est que de porter une charge publique, je sais ce que c'est que de représenter une institution et je prends très au sérieux le fait que je représente l'intérêt de tous les Québécois. Et c'était important, je pense, qu'il mette l'accent sur ce fait-là aujourd'hui.

Le Modérateur : Dernière question.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...

Mme LeBel : Bien, je pense que ça va être le temps qui nous le dira.

Le Modérateur : Antoine Robitaille, Journal de Québec.

M. Robitaille (Antoine) : M. Poulin, vous m'avez raconté, plus tôt aujourd'hui, qu'il y avait des problèmes de transition dans votre comté, que vous êtes arrivé devant des dossiers vides. Mme LeBel, comment ça se passe, vous, dans votre comté, la transition entre Pierre Michel Auger et vous?

Mme LeBel : Je ne dirai pas que ça a été facile. D'ailleurs, M. Auger a refusé de me rencontrer. Par contre, son attaché politique a rencontré mes gens à moi. Je sais que quelques dossiers ont été transférés, mais je dois vous dire que je suis beaucoup sceptique sur le fait que c'est la totalité des dossiers, sinon le comté de Champlain n'est pas très occupé, je vais vous le dire, alors j'aurai beaucoup de temps devant moi. Mais, ceci étant dit, je pense qu'il faut mettre ça derrière nous, il faut regarder devant et il faut se rappeler qu'on est là pour les gens, et c'est ce qu'on a l'intention de faire.

M. Poulin : Peut-être au bénéfice de vos collègues, M. Robitaille, sur ce que je vous ai dit ce midi, alors, effectivement, il y a toujours une période de deux semaines au gouvernement, habituellement, pour faire une transition, ou le député en place qui est battu, une transition. On a vu de très beaux exemples avec Véronyque Tremblay dans Chauveau, Marc H. Plante du côté de Maskinongé, Mireille Jean, Chicoutimi, qui ont pris le temps de rencontrer les gens qui leur succèdent.

Mme LeBel : Oui, il faut les souligner.

M. Poulin : Moi, j'ai tendu la main à mon adversaire le soir même, le lendemain, je lui ai parlé le mercredi, souhaitant le rencontrer la semaine suivante, qui se trouve à être la semaine dernière, et je n'ai pas eu de rencontre. J'ai pris les clés du bureau de circonscription lundi, le bureau était vide, aucun dossier, aucun document, rien. Alors, moi, je trouve ça dommage, je trouve ça dommage, l'attitude qu'une formation politique peut avoir envers des gens d'une région qui lui ont fait confiance pendant plusieurs années.

Maintenant, comme Sonia le dit, on met ça derrière nous, on se retrousse les manches puis on invite les citoyens à venir nous rencontrer et à travailler ensemble sur les dossiers.

M. Robitaille (Antoine) : …y avoir des nouvelles règles sur cette transition-là dans les comtés?

M. Poulin : Bien, c'est quelque chose qu'il faudrait réfléchir éventuellement. On comprend que les dossiers personnels, très souvent il y a des informations nominatives, donc le député en place peut dire : Est-ce que vous souhaitez, monsieur X, que je vous transfère le dossier au prochain député? Alors, c'est une méthode qui fonctionne très bien.

Mais, je vous donne un exemple, des dossiers d'aqueducs, d'égouts, de loisirs, de parcs, des choses sur lesquelles les députés doivent intervenir et que, là, on ne puisse même pas avoir accès à ces dossiers-là, moi, ça ne me dérange pas, ça va me forcer davantage à rebâtir tous ces dossiers-là, mais les citoyens ne méritent pas ça. C'est une des façons qui font en sorte que les citoyens perdent confiance en la politique, des fois.

M. Robitaille (Antoine) : Mme LeBel, pendant la campagne électorale, vous avez dit : Pour une fois, les Québécois réfléchissent. Vous êtes revenue sur cette déclaration-là. Mais est-ce que le résultat qu'on a, c'est une preuve que les Québécois ont réfléchi?

Mme LeBel : Bien, je suis contente que vous me donniez l'occasion de le rectifier parce que ce que j'ai voulu dire, c'est que, pour une fois, on n'était pas dans l'axe souverainiste-fédéraliste, que les Québécois avaient plusieurs options devant eux. Ce qu'on me demandait à l'époque, c'est si le nombre d'indécis me troublait. Alors, ma réponse a été non parce que je comprends que, compte tenu qu'on n'est pas sur le même axe qu'on a vécu dans les 40, 50 dernières années, les Québécois ont beaucoup d'options sur la table et ont beaucoup de réflexion à faire.

Alors, oui, dans un certain sens, je serais bien malvenue de vous dire que je ne suis pas satisfaite du résultat de l'élection. Je suis ici devant vous parce que les gens ont réussi de me faire confiance. Mais effectivement ce de quoi je suis satisfaite, c'est qu'on a enfin une conversation qui dépasse cet enjeu-là fédéraliste-souverainiste et qu'on peut parler de santé, d'éducation, qu'on peut parler d'économie, qu'on peut parler d'immigration, qu'on peut parler d'environnement, qu'on peut parler de justice. Alors, la liste est très longue, et ce n'est pas parce que je ne les ai pas nommés qu'ils ne sont pas importants ou des priorités, mais enfin on parle d'autres choses au Québec que ces deux axes-là. Alors, c'était, ultimement, l'essence de ma déclaration.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, Journal de Québec.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour. Une question pour Mme LeBel en premier. En quoi un juge qui porte un signe religieux fait un accroc à la laïcité de l'État mais pas un juge qui rend un jugement avec un gros crucifix derrière lui, là, accroché au mur?

Mme LeBel : Alors, je vais faire la même réponse que j'ai faite par rapport au crucifix de l'Assemblée nationale : le juge qui porte un signe religieux personnel démontre, devant la personne qui est jugée, des opinions et affiche des tendances. On sait qu'on peut déduire, quand on parle de... que ce soit d'un crucifix, que ce soit autre chose, que ce soit... et que je parle du signe qui est porté sur la personne et non pas de l'objet qui est derrière lui.

Et ce qui est important en justice, surtout quand un juge doit prononcer un jugement, doit condamner ou acquitter quelqu'un, qu'il doit prononcer une sentence, c'est important que le citoyen qui est devant lui n'ait pas l'impression... et sente qu'il n'y a rien d'autre que les éléments de son dossier et les principes de droit qui guident le juge dans sa décision.

En justice, l'apparence de justice est aussi importante que la justice elle-même. Alors, c'est important que le juge ait une apparence de neutralité. Ce n'est pas pour rien que le juge porte une toge, que les avocats portent des toges. Souvent, bon, les avocats, on trouve ça lourd, il fait chaud, mais c'est important, c'est pour nous rendre uniformes et c'est pour rendre, face aux citoyens... parce qu'on parle de leurs vies, on traite de leurs dossiers, de leur sécurité et de leur futur, c'est important que le citoyen sente... ou ne sente pas, plutôt, à l'inverse, que nous sommes biaisés par d'autres considérations que celles que de rendre justice.

Maintenant, qu'on ait un crucifix ou un autre signe symbolique qui, pour moi, fait partie de notre histoire, de notre patrimoine, ne vient pas nécessairement teinter les acteurs qui agissent dans l'enceinte où ce crucifix-là se trouve.

M. Lecavalier (Charles) : Pardonnez-moi, mais c'est difficile de comprendre, je trouve. Quelqu'un qui se fait juger mais qui n'est pas de confession chrétienne, il pourrait trouver que ce gros crucifix-là derrière le juge, bien, il porte atteinte à l'apparence de la décision qui est rendue, non?

Mme LeBel : D'aucuns pourraient le penser, mais c'est pour ça que c'est important aujourd'hui de réitérer le fait que nous voulons avoir un État laïque, le fait qu'on se tourne vers le futur, que c'est le présent, et que ça, par contre, ça fait partie de notre histoire. Et c'est l'histoire qui a fondé le Québec, hein, qui a amené les Québécois jusqu'où on est aujourd'hui. On ne veut pas renier cette histoire-là. Et, pour nous, on fait la part des choses, et c'est pour ça qu'on le réitère de cette façon-là aujourd'hui, pour que ce soit clair.

M. Lecavalier (Charles) : Une autre question à vous deux. On vous entend rarement parler, à la CAQ, d'environnement, là. Le parti n'avait pas vraiment de plateforme pendant les élections, c'était surtout de dire que de garder en place ce que les libéraux ont déjà annoncé. Il y a eu un rapport, récemment, du GIEC, alarmant, là, sur le... Donc, pourquoi l'environnement, ce n'est pas une priorité de la CAQ?

M. Poulin : Je pense qu'il n'a jamais été dit que l'environnement n'est pas une priorité pour la CAQ. Je pense qu'au contraire il y aura un ministre de l'Environnement... je pense, je ne suis pas dans le secret des dieux, mais j'imagine qu'il y aura un ministre de l'Environnement à compter de jeudi, et il sera en mesure de proposer une politique environnementale qui va correspondre aux besoins du milieu et aux souhaits des Québécois.

M. Lecavalier (Charles) : ...des trois priorités qui ont été énoncées, pourtant c'est...

M. Poulin : Santé, éducation, économie sont certainement des priorités, mais les ministres seront assermentés, dévoileront leurs politiques, dévoileront leurs différentes priorités, et je suis convaincu que les gens seront très satisfaits de ce que la CAQ a à proposer en matière d'environnement.

Le Modérateur : Rémi Nadeau, Journal de Québec.

M. Nadeau (Rémi) : Une précision. Donc, pour les enseignants qui portent déjà un signe religieux apparent, donc, est-ce que vous souhaitez, finalement, qu'ils puissent continuer de le porter et que ce soient juste les futurs enseignants qui, à leur embauche, ne pourront pas le porter?

M. Poulin : On déposera un projet de loi où l'ensemble des informations seront données. Bien entendu, la position de la CAQ ne change pas avec ce qu'on avait dit en campagne électorale. Mais vous comprendrez que, sur l'ensemble des éléments, un petit peu de patience, il y a un ministre qui sera nommé, un porteur de dossier, et l'ensemble des informations se retrouveront à l'intérieur du projet de loi, tout en vous rappelant que notre position ne change pas.

M. Nadeau (Rémi) : Mais justement, si je peux me permettre, vous dites que votre position ne change pas, mais, visiblement, elle change, puisqu'il n'était pas question de clause grand-père en campagne électorale ni avant, et là c'est dans l'air, là.

M. Poulin : Sur cet élément-là, je n'ai pas entendu un changement de la part d'un élu comme tel. Je pense qu'à la question... il y avait une volonté, comme sur l'ensemble des projets de loi, de consulter les partis d'opposition sur différents éléments à l'intérieur d'un projet de loi qui, comme vous le savez, se fait presque à tous les projets de loi. Mais la position de la CAQ ne change pas. Je ne sais pas, Mme LeBel, s'il y a quelque chose à ajouter.

Mme LeBel : C'est la même chose. Non.

M. Poulin : Parfait.

Le Modérateur : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. À défaut de pouvoir parler à M. Legault, tout à l'heure vous avez offert un certain nombre d'interprétations du discours qui a prononcé. Comment doit-on interpréter la phrase qu'il a eue à l'égard des députés de l'ADQ lorsqu'il a dit : Je ne vous oublierai jamais? Il a souligné spécifiquement leur présence, leur réélection. Comment on doit interpréter ça?

Mme LeBel : Bien, je pense qu'on doit l'interpréter comme la phrase le dit, c'est qu'il a souligné le fait qu'ils étaient, à tout le moins, à l'origine d'une troisième voix au Québec, troisième voix qui a réussi à percer aujourd'hui. Et je pense qu'on ne doit pas y lire ni plus ni moins que ce qu'il a dit, là.

M. Lavallée (Hugo) : Ça ne veut pas dire, donc, que la CAQ va gouverner plus à droite, par exemple?

Mme LeBel : Non. Je pense qu'il a souligné le travail de ces gens-là, l'apport de ces gens-là à une troisième voix. C'est quand même historique, hein, ce qu'on vit aujourd'hui. On est dans un gouvernement qui n'a jamais eu une voix au Québec. On est dans un nouveau gouvernement, on est dans un nouveau parti politique qui occupe la place. Et je pense que tout ce qu'il voulait souligner, c'est le fait qu'avec eux a émergé, a commencé à émerger… On sait, en 2007, hein, ce qui s'est passé avec l'ADQ, et je pense qu'à partir de ce moment-là la troisième voix a émergé. Et je pense qu'on ne doit pas y lire ni plus ni moins que cela.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que ça signifie qu'ils vont avoir une présence assurée ou plus grande au Conseil des ministres?

Mme LeBel : On n'est pas dans la tête du premier ministre élu. Et je pense qu'on aura, comme tout le monde, l'information bien assez tôt, c'est-à-dire jeudi après-midi.

M. Lavallée (Hugo) : Dernière question. Vous avez parlé tout à l'heure du ton que vous souhaitiez voir changer. Qu'est-ce que vous reprochez précisément au ton du précédent gouvernement?

M. Poulin : Bien, voyez-vous, je ne l'attitre pas nécessairement à un gouvernement plus qu'à un autre ou à une formation politique plus qu'à une autre. On a parlé tout à l'heure des périodes de questions qui sont extrêmement acrimonieuses pour les gens qui viennent visiter l'Assemblée nationale. Souvenez-vous de la fin de session parlementaire, réécoutez la dernière période de questions, je pense que tout le monde a une part de responsabilité dans ce qui peut être présenté. Mais entre autres, oui, il y a les périodes de questions, il y a les commissions parlementaires, il y a de faire en sorte qu'on puisse travailler des dossiers ensemble puis que ça puisse avancer davantage.

Vous savez, travailler en collaboration, c'est peut-être quelque chose qu'on n'est pas assez habitués au Québec et qu'il faudra commencer à faire pour, justement, faire en sorte qu'on puisse être d'accord sur différents points et différents avis. Vous seriez surpris comment les élus sont d'accord sur différents points. Mais on a le goût que ça avance, on a quatre ans, on a un mandat majoritaire. M. Legault l'a bien exprimé, on souhaite que le Québec change dans les quatre prochaines années, alors il faut que ça se fasse en collaboration.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, si je comprends bien, c'est bien au-delà du ton, là. C'est dans l'exercice même du travail parlementaire, si je comprends bien.

M. Poulin : L'exercice même du travail parlementaire, le ton en fait d'abord et avant tout partie. Si on souhaite travailler ensemble, il faut d'abord et avant tout être respectueux.

Le Modérateur : Catherine Lévesque, Huffington Post.

Mme Lévesque (Catherine) : Bonjour à vous deux. Seriez-vous prêts à briser la ligne du parti pour, justement, mieux représenter les intérêts des citoyens, de vos citoyens dans vos circonscriptions respectives?

M. Poulin : Bien entendu, tous les votes qui sont faits sont libres, d'une certaine façon, parce qu'ils sont faits par consensus à l'intérieur d'un caucus où on a décidé que, sur une direction, on allait tous et toutes travailler ensemble. Je pense qu'on a vu, dans notre système parlementaire, à de très rares occasions, surtout sur des questions morales, l'occasion que des députés puissent voter selon leur âme et conscience. On l'a vu, entre autres, dans le projet de loi mourir dans la dignité. Donc, je pense, bien entendu, que c'est ce genre de processus parlementaire qu'il faut répéter, bien entendu. Mais il faut être conscients aussi qu'on souhaite faire avancer une machine, qu'on souhaite mettre en place des idées, qu'on souhaite mettre en place des projets de loi, donc il faut que ça se fasse par consensus à l'intérieur des caucus.

Mme Lévesque (Catherine) : Donc, vous allez permettre la discussion à l'intérieur des caucus, mais vous allez présenter un front uni en tout temps, tout le temps?

Mme LeBel : J'ai eu le privilège, moi, comme directrice adjointe du cabinet de M. Legault, de travailler avec le caucus des députés — qui étaient 21 députés, à l'époque — de la CAQ, et je l'ai vu travailler. J'ai vu la façon dont les discussions étaient libres, étaient permises. Le ton était respectueux, mais les gens avaient pleine autorité et position pour exprimer leur opinion. Naturellement, quand on doit faire avancer des choses, faire avancer des politiques, il faut obtenir des consensus pour qu'on puisse travailler et avancer. On va favoriser les consensus, c'est clair.

Mais je peux vous rassurer sur le fait qu'à l'intérieur du caucus tout le monde aura le droit d'exprimer son opinion. Et j'ai vu mon premier ministre élu changer d'idée, je l'ai vu se rallier à d'autres opinions quand il avait une idée de départ. On a tous une idée sur des sujets, hein, c'est normal, on a des backgrounds différents. Et je suis tout à fait confiante que ça se passera de la même façon.

Mme Lévesque (Catherine) : …y a-t-il de la place pour les climatosceptiques au sein de votre caucus?

M. Poulin : Non.

Mme Lévesque (Catherine) : Bien, vous êtes au courant qu'un des députés, maintenant élu et assermenté, doute des changements climatiques?

M. Poulin : Non.

Mme Lévesque (Catherine) : Très bien, merci.

Le Modérateur : Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Oui, c'est ça, vous n'êtes pas au courant ou…

M. Poulin : Non, mais, en fait, de ce que j'en comprends, moi, je n'ai aucun député qui m'a manifesté cet élément-là. Est-ce qu'il peut y avoir eu des propos qui ont été tenus dans le passé ou différents éléments? Moi, de ce que j'en sais, c'est que les députés de la CAQ reconnaissent qu'il y a effectivement des changements climatiques.

Mme Plante (Caroline) : Vous dites…

Une voix :

M. Poulin : Excusez-moi, j'ai mal compris.

Le Modérateur : On va juste respecter les questions. Caroline Plante, LaPresse canadienne.

M. Poulin : Ah! oui, excusez-moi.

Mme Plante (Caroline) : Vous dites que vous voulez être le gouvernement de tous les Québécois. Pour ceux qui s'inquiètent du test des valeurs, est-ce que vous vous engagez aujourd'hui à le publier très rapidement?

M. Poulin : Bien entendu, il y aura un Conseil des ministres qui sera assermenté jeudi, une ou un ministre qui aura à porter ce ballon-là, qui, j'imagine, sera fait au niveau de l'immigration au Québec, et ce sera à lui ou celle de présenter une politique gouvernementale qui inclura effectivement ce questionnaire.

Mme Plante (Caroline) : Vous dites aussi avoir un certain appui sur la question des signes religieux, un certain appui de deux des trois partis d'opposition. Est-ce que vous pourriez, donc, aller plus loin? On peut penser à étendre l'interdiction de porter un signe religieux dans les cégeps, les universités, les garderies. Est-ce que ça pourrait être une option?

Mme LeBel : Non, ça ne fait pas partie des intentions. En tout cas, ce n'est pas... Quand on parlait... Le rapport Bouchard-Taylor parlait de laïcité ouverte, hein, dans le cas du Québec, et je pense que c'est ce qu'on a décidé d'appliquer. Je pense que les personnes en position d'autorité, telles qu'on les a décrites, sont un minimum requis. Et, au moment où on se parle, là, il n'est pas dans l'intention d'étendre cette politique-là à plus large que ces personnes-là.

Mme Plante (Caroline) : Parce que, dans le fond, si on prend les enseignants, qui sont, d'après vous, en position d'autorité, ils sont tout aussi en position d'autorité dans les cégeps, dans les universités, ailleurs, dans les écoles privées. Pourquoi ça s'arrête aux écoles primaires, secondaires publiques?

Mme LeBel : Parce que c'est ce qu'on a déterminé, pour l'instant, qui était le minimum requis pour pouvoir bien démontrer qu'on était une société laïque. Naturellement, comme mon collègue l'a dit, un ministre sera nommé, sera en charge de ce dossier-là, un projet de loi sera déposé, et on sera ouverts aux discussions.

Et, je répète, être ouverts ne veut pas dire que l'on recule, mais on ne sera pas un gouvernement fermé, on ne sera pas un gouvernement qui va faire fi des opinions des autres et on travaillera, comme on doit le faire, en commission parlementaire pour faire en sorte que ce projet de loi là soit le projet de tous les Québécois.

Le Modérateur : Dernière question.

Mme Plante (Caroline) : Ouverts aux discussions, vous dites que ça ne veut pas dire reculer, mais est-ce que ça veut dire avancer aussi, c'est-à-dire élargir, étendre, aller plus loin?

M. Poulin : Progresser, avancer.

Mme LeBel : Améliorer.

M. Poulin : Améliorer, effectivement.

Mme Plante (Caroline) : Mais en allant plus loin? Est-ce que c'est...

M. Poulin : Bien, aller plus loin, ça peut être relatif, surtout dans une pièce législative à laquelle vous faites référence, mais je pense que c'est se consulter pour progresser, tout simplement.

Mme Plante (Caroline) : Et puis enfin, dernière question, vous sentez-vous à l'aise, aujourd'hui, de répondre aux questions un peu à la place de votre chef?

M. Poulin : Bien, moi, je n'ai pas l'impression qu'on répond à la place de M. Legault parce que, bien entendu, on est des députés qui sont membres du caucus. Là où peut-être il y a une patience supplémentaire à y avoir, c'est en vue de l'assermentation du Conseil des ministres de jeudi, qui va faire en sorte que chaque personne puisse avoir ses dossiers et va être davantage en mesure de pouvoir vous répondre, dans les semaines suivantes, sur les politiques et les plans en question.

Le Modérateur : Cathy Senay.

Mme Senay (Cathy) : You said that you wanted to improve the tone between MNAs during the question period. It's been like this for, like, decades, it's been like this for years, people call it the playground. So, how would you defend yourself to not be like a naive MNA today, a new one, a green one in saying that you can improve the tone, as it's been like this forever?

Mme LeBel : Well, when you want to instigate change, you have to start somewhere, so we're going to have to start by saying that we want to do it, we're going to have to start by demonstrating the way we're going to do it and setting an example. Maybe it's going to be hard to do sometimes. I come from the courts, I know how we can debate very thoroughly with respect. So, that's the way I'm going to manage myself.

Mme Senay (Cathy) : And there are lots of contradictions…

Des voix :

Mme LeBel : I'm sorry, I'm so sorry… Je suis vraiment désolée. I'm sorry, I couldn't hear you.

Mme Senay (Cathy) : The CAQ wants to keep the crucifix, you know, in the blue room, even if the Bouchard-Taylor's recommendations said the opposite. You want also to keep the crucifix in courtrooms. How can you explain your position, well, in preventing it to be full of contradictions to people? You want a secular State, but at the same time you keep crucifix in very important places.

Mme LeBel : I can see why you're asking this question. The fact that we want a secular State and that we want to start from here and look toward the future doesn't mean that we have to negate our past. And this is part of our history, this is part of our culture and this is going to be treated as such, as a historical symbol, a symbol of where we come from, why we're here, what brought us here all together, but it doesn't mean that we cannot look forward, look in the future and put some rules in place to demonstrate that we really are a secular State.

Le Modérateur : Maya Johnson, CTV.

Mme Johnson (Maya) : Yes, good afternoon. Congratulations, now that you're officially an MNA. And it is the eve of the legalization of marijuana, and of course the CAQ has been very clear that it wants to rise the legal age of consumption in Québec. But we're already at a point where, you know, it's happening, so does it make sense to go back and reopen that legislation and try to change everything?

Mme LeBel : So, you tell me because it's happening that we should stop and not do anything? That's not the way we want to work. We announced the fact that we thought that it was best for everybody — and I will set just one example — that the age of legal consumption was set at 21. This is a strong message that we want to send. We said that we were going to do it and we will do it. There is going to be a transition period, obviously, because we cannot just, like, draw a bill right now and adopt it, we have to put the Government in place, we have to start acting like that, but we set a goal and we're going to work towards it.

Mme Johnson (Maya) : So, do you have a timeline?

Mme LeBel : Well, as fast as possible.

Mme Johnson (Maya) : Roughly, how long do you think it will take?

Mme LeBel : As fast as possible.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-il possible de vous entendre en français sur la question? Juste répéter la question en français pour…

Mme LeBel : Google Translate, ça ne te tente… Non?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Non, c'est pour les médias électroniques.

Mme LeBel : C'est une blague.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien, en fait, c'est ça, sur la période de transition, donc, le cannabis sera légal à partir de demain, l'âge…

Mme LeBel : Bien, pour répéter la réponse que je viens de donner…

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, s'il vous plaît.

Mme LeBel : …c'est que la Coalition avenir Québec a toujours été claire sur le fait qu'on pensait que l'âge de 21 ans était un minimum requis. On connaît les études, hein, qui disent que, jusqu'à 25 ans, le développement du cerveau est grandement affecté par la consommation de marijuana. Nous avons toujours été clairs. On a même pris la peine, vous vous souviendrez, de faire un point de presse, peut-être une semaine avant la fin de la campagne électorale, à l'approche de la légalisation, qui est demain, je crois, le 17 octobre, de réitérer ce point-là pour que les gens l'aient bien à l'esprit. Il est clair qu'il y aura une période de transition. On ne peut pas maintenant, tout de suite vous donner une loi qui fait en sorte que, demain matin, instantanément, on aura ajusté l'âge de la consommation légale à 21 ans, mais c'est un objectif qu'on s'est fixé, c'est un objectif qu'on va remplir. Je pense que ça traduit bien.

Le Modérateur : Merci, tout le monde.

M. Poulin : Merci beaucoup, merci.

Mme LeBel : Merci.

(Fin à 17 h 19)

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