(Quinze heures)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. M. Pascal Bérubé, chef du Parti québécois, est
accompagné aujourd'hui des députés du caucus du Parti québécois.
M. Bérubé, la parole est à vous.
M. Bérubé : Bonjour.
Alors, aujourd'hui, c'est une journée importante pour l'aile parlementaire du
Parti québécois. C'est l'assermentation, mais c'est notamment une première pour
la nouvelle députée de Gaspé, le nouveau député des Îles-de-la-Madeleine. Notre
équipe de 10 députés cumule de l'expérience, des expériences diverses, des
profils académiques et professionnels variés. Nous allons jouer un rôle
important dans le parlementarisme au cours des quatre prochaines années, ici et
ailleurs.
Alors, l'opposition du Parti québécois,
elle sera constructive, elle sera compétente, elle sera assidue, elle sera
professionnelle, ce qu'elle a toujours été, à la fois au gouvernement et dans
l'opposition. Alors, l'histoire se poursuit. C'est un nouveau chapitre qui
s'ouvre. Vous m'avez entendu tout à l'heure, on l'aborde avec beaucoup de
confiance, avec le coeur à l'ouvrage, avec la volonté de bien faire les choses
pour la suite, sans précipitation, et avec lucidité. Mais nous avons une équipe
ici qui va donner le ton, et il nous tarde de commencer à siéger à l'Assemblée
nationale, parce qu'hier vous avez posé des questions au nouveau gouvernement,
la population s'en pose aujourd'hui, et, vous savez quoi? on en a nous aussi. Alors,
la parole est à vous pour la suite.
La Modératrice
: On va
passer à la période de questions. Je vous demanderais de poser une question,
une sous-question, s'il vous plaît, comme vous êtes nombreux. Micro de droite, François Cormier,
de TVA.
M. Cormier (François) :
Bonjour, M. Bérubé. C'est notre cinquième cérémonie d'assermentation en
cinq jours. On n'a pas eu l'impression que l'ambiance était à la fête. Est-ce
qu'on se trompe?
M. Bérubé : C'est une
question de perception. Nous, on a eu beaucoup de plaisir ensemble.
Une voix
: ...
M.
Bérubé
: Bien,
écoutez, à la fête... C'est un moment solennel, c'est un moment qui est émouvant
parce que nos familles sont là. C'est un moment pour rappeler également
l'engagement qu'on a pris. On n'est pas un parti comme les autres. Alors, on a
tous fêté dans nos circonscriptions respectives. Si vous voulez vous en
convaincre, là, j'étais à Gaspé dimanche dernier, ça a fêté fort, et là-bas
aussi. Mais évidemment on aurait souhaité un résultat différent. Mais là,
l'élection est terminée, puis on a un travail à faire puis on va le faire.
M. Cormier (François) :
Votre position sur le crucifix à l'Assemblée nationale, quelle est-elle?
M. Bérubé : Alors, j'ai
entendu la position du gouvernement. Alors, la nôtre demeure la même, il y a un
souci de cohérence. Alors, on est prêts à aborder cette question-là. Notre
position, c'est de référer cette question-là au Bureau de l'Assemblée nationale,
et, là-bas, on est prêts à échanger sur cet enjeu-là. Et il m'apparaît que la
position du gouvernement est assez catégorique et surtout va à l'encontre du
message qu'il veut envoyer dans... sur d'autres thèmes, notamment sur laïcité.
Alors, la cohérence est toujours importante en politique, et on suivra la même
cohérence. Alors, ce que je vous annonce, c'est qu'on est prêts à en débattre,
et ça fait déjà différent de ce que j'ai entendu ce matin de la part du premier
ministre et du nouveau ministre responsable de cette question.
M. Cormier (François) :
Donc, il y a de l'ouverture à le retirer.
M. Bérubé : Il y a de
l'ouverture à en débattre, à savoir s'il n'y aurait pas un endroit plus
approprié pour que, je dirais, cette pièce d'histoire puisse être à l'Assemblée
nationale éventuellement, mais on est prêt à échanger là-dessus. Déjà, d'avoir
une ouverture d'échanger, par cohérence avec nos positions, je pense que ça
démontre l'ouverture nécessaire lorsqu'on veut rassembler les gens. Alors, j'ai
entendu ça hier : On veut rassembler les gens, on veut être capable de
parfois changer nos positions au besoin. Alors, la position qui, selon moi,
rejoint le plus ces propos, c'est celle qu'on a aujourd'hui et qui ne date pas
d'aujourd'hui, qui date depuis le début de ces questions.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche. Patrick Bellerose, le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Bérubé. Juste pour continuer sur le même sujet : Pourquoi
débattre du crucifix à l'abri des regards, au BAN, alors qu'on peut poursuivre
les débats? Pourquoi ne pas le faire publiquement et afficher l'ouverture
publiquement?
M. Bérubé : Parce que... Bien,
en fait, on ne fait rien en cachette, là. Nos positions, elles sont connues.
C'est parce que c'est le lieu, c'est comme ça que c'est convenu. Tout ce qui
est aménagement à l'Assemblée nationale, là… Je vous donne un exemple très
concret : il y aura un réaménagement du salon bleu qui va survenir au
cours des prochaines années. Alors, on va être consulté là-dessus au Bureau de
l'Assemblée nationale. Ça sera la même chose pour le crucifix. C'est aussi
simple que ça.
M. Bellerose (Patrick) : Hier,
Mme St-Pierre a proposé que ce soit une femme qui soit la nouvelle présidente de
l'Assemblée nationale. Est-ce que vous appuyez cette idée-là?
M. Bérubé : Bon, d'abord,
juste une observation. J'avais cru noter qu'au Parti libéral, il y avait une
majorité de parlementaires femmes. Ils n'ont pas fait un choix en conséquence.
Je n'ai pas entendu Mme St-Pierre. Vous savez, cette question-là, elle
appartient au gouvernement. Il est majoritaire, alors, dans leurs rangs, ils
vont choisir la personne qui est la plus susceptible de faire le travail
nécessaire. On est toujours heureux d'avoir une avancée de la place des femmes
dans l'ensemble des sphères dans les lieux de pouvoir. Mais la décision leur
appartient. Et nous, notre attente à l'égard de la présidence, quelle qu'elle
soit, que ce soit une femme ou un homme, la neutralité, quelqu'un qui s'assure
de lutter contre le cynisme, qui s'assure de donner une voix à tous les
parlementaires sans égard qu'il ce soit au gouvernement ou dans l'opposition,
c'est notre attente. Donc, on ne veut pas personnaliser cet enjeu-là. Et je
crois que Mme St-Pierre est au courant que c'est une décision qui relève du
caucus de la Coalition avenir Québec. Alors, on leur laisse faire ce choix-là.
Journaliste
: Ce n'est
pas une condition importante ou essentielle?
M. Bérubé : Bien, c'est une
élection. Il y a déjà… La seule femme de l'histoire de l'Assemblée nationale
qui a été en poste, elle était du Parti québécois, c'était Louise Harel. Alors,
la seule première ministre de l'histoire était également au Parti québécois,
alors vous voyez où on loge sur toutes ces questions-là. On très sensibles à
ça, mais cette décision ne dépend pas de nous. Et, comme on ne se mêle jamais
des questions internes des partis politiques, je ne ferai pas exception
aujourd'hui.
La Modératrice
: Merci.
Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour, tout le monde. D'abord, vous avez évoqué une grande corvée à faire au
Parti québécois.
M. Bérubé : Oui.
M. Chouinard (Tommy) : Vous
avez ajouté que ça devait se faire sans précipitation, hein, sans
précipitation. J'aimerais voir, dans votre esprit, la première étape de ça,
incontournable, que vous voyez comme étant la première chose à faire dans le
cadre de cette grande corvée qui ne se fera pas dans la précipitation, vous l'avez
dit. C'est quoi, exactement?
M. Bérubé : Bien, d'abord, on
a pris acte du résultat. Ça, c'est la première des choses. Ensuite, on a eu
déjà deux premiers événements : une rencontre avec les élus, et une
rencontre avec des collègues aussi qui ont perdu l'élection. On a rencontré
l'ensemble des candidats; c'était samedi dernier. On aura un événement qui va
se tenir à Montréal en novembre prochain. Donc, c'est un événement qui sert essentiellement,
60 jours après l'élection, à faire le point sur la dernière campagne.
Pour le reste, les instances du parti,
plus tard, détermineront quelles seront les prochaines échéances, mais, en ce
qui nous concerne, on pense qu'il n'y a pas de précipitation à y avoir. On peut
avoir eu des résultats qui n'étaient pas à la hauteur de ce qu'on souhaitait,
mais on peut réussi un bilan, et c'est dans cette... c'est là-dedans qu'on est
engagés.
M. Chouinard (Tommy) : Il y a
déjà des personnalités, dont un ancien député et ministre, qui proposait, là,
l'union solidaire, déjà d'entamer des rapprochements avec Québec solidaire. Il
y a des gens, quand même, qui poussent, qui regardent les résultats des
élections, font toutes sortes d'additions pour voir est-ce que les comtés
auraient pu... et tout ça. Il y en a un, d'ailleurs, qui distribuait ici un document
à cet effet-là.
M.
Bérubé
: Ah
oui? Il ne s'est pas rendu.
M. Chouinard (Tommy) : Je
vais laisser le mystère sur la personne, mais est-ce que vous trouvez que ça, c'est
de la précipitation, quand on parle de rapprochement avec Québec solidaire,
puis comment vous voyez la chose?
M.
Bérubé
:
Bien, les militants du Parti québécois ont des idées, et on a une vraie vie
militante. Alors, ça, c'est des actifs qui sont importants chez nous.
D'abord, avec Québec solidaire, ça a déjà
été essayé, je n'ai pas besoin de vous en informer. De bonne foi, on avait
proposé des alliances électorales, ça a été refusé, alors ça a mis fin au
dossier. À l'Assemblée nationale, on peut avoir des collaborations ponctuelles
sur des enjeux qui nous touchent, notamment l'environnement, on en a parlé tout
à l'heure, on aura quelques idées d'initiatives dont on vous fera part
prochainement, à cet égard.
Pour le reste, à partir du moment où on a
fait une démarche inédite qui n'a pas été acceptée, on considère qu'on continue
avec notre équipe, avec nos valeurs, avec nos ressources, et qu'on est capables
de redevenir un joueur majeur en politique. Je considère qu'on en est toujours
un, par la force de nos idées, mais on est capables d'amorcer les quatre
prochaines années avec cette grande maison qui va ouvrir ses portes, de part et
d'autre — et ses fenêtres — à toutes ces personnes qui
voudraient y revenir.
M. Chouinard (Tommy) : J'ai
une troisième question, comme d'habitude : Mine de rien...
M.
Bérubé
:
Patrice Roy m'avait dit ça aussi, le soir de l'élection, qu'il avait trois questions.
M. Chouinard (Tommy) : Mais,
mine de rien, je constatais que la moitié de votre députation va travailler principalement
avec une ministre, si j'ai bien compris, la ministre régionale pour tout l'est
du Québec.
M.
Bérubé
: C'est
vrai, oui.
M. Chouinard (Tommy) : Donc,
je crois qu'il y a cinq députés qui sont couverts par son...
M.
Bérubé
: Les
Îles, Gaspé, Bonaventure, Matane-Matapédia, Rimouski. Vous avez raison.
M. Chouinard (Tommy) : Bon. Est-ce
que vous y voyez là... Vous avez déploré le fait qu'elle couvre autant de territoire.
Elle est déléguée au Développement économique régional. Y voyez-vous, malgré
tout, une possibilité de stratégie, de concertation sur une membre du Conseil
des ministres ou est-ce que vous n'y voyez que des inconvénients, là?
M.
Bérubé
:
Bien, c'est inédit. Habituellement, il y a un ou une ministre responsable d'une
région, ça a toujours été la norme, et des fois ça a déjà été deux régions. Ça
n'a pas été un succès. En Gaspésie, les Gaspésiens peuvent vous en témoigner.
Là, c'est trois régions, donc, de Thetford Mines aux Îles-de-la-Madeleine, la
même ministre, ça nous apparaît beaucoup trop. Et là je ne porte pas un
jugement sur la personne qui occupe le poste, mais c'est difficile de tout
faire, et c'est 24 MRC. Uniquement au Bas-Saint-Laurent, c'est 118 municipalités.
Alors, c'est beaucoup trop. Pourtant, il y avait des personnalités, ministres,
qui sont originaires de ces régions, qui auraient pu porter ces responsabilités.
Je vous donne quelques exemples qui ont été évoqués par d'autres médias :
Sonia LeBel est née à Matane, Isabelle Charest est née à Rimouski, Nathalie Roy
est née à New Carlisle. Alors, il y avait d'autres choix qui étaient possibles.
Alors, est-ce qu'il pourrait y avoir des ajustements? J'espère que ça puisse
être envisagé pour aider ces personnes-là aussi à bien porter les dossiers.
Alors, la Gaspésie mérite un ministre, le Bas-Saint-Laurent mérite un ministre
et Chaudière-Appalaches mérite un ministre, un ou une ministre.
La Modératrice
: Merci.
Mathieu Dion, Radio-Canada, au micro de gauche.
M. Dion (Mathieu) : Bonjour à
tous.
M. Bérubé : Bonjour,
M. Mathieu Dion.
M. Dion (Mathieu) : Il n'y
avait pas un... tu sais, vous avez déjà été beaucoup plus nombreux à être
assermentés au salon rouge. Il n'y avait pas un parfum de nostalgie tantôt?
M. Bérubé : C'est à
l'appréciation de chacun, mais nous, on est tournés vers l'avenir. On a un
mandat de la population, on a 700 000 personnes qui ont voté pour
nous, c'est pas mal de monde, en tout cas, c'est plus que plusieurs formations
politiques. Alors, on est portés par ça. Les gens, ils ne sont pas
nostalgiques, ils voulaient qu'on forme le gouvernement, ces
700 000 personnes, alors c'est pour ça qu'ils ont voté pour nous.
Alors, on continue. Puis les gens qui sont là, c'est les gens de nos familles,
ils ne sont pas nostalgiques, ils sont fiers de nous, je peux vous le dire. Je
peux vous le dire, là, la moitié de mes cousines qui sont là, en avant, là,
elles ne sont pas nostalgiques, là, elles sont contentes, là, puis là, c'est
déjà sur Facebook, alors, bon, c'est de la fierté puis de l'émotion, puis c'est
ça qu'on retrouve. Puis là on ne formait pas le gouvernement, là. Hier, j'ai vu
que c'était la fête, mais là le travail commence aujourd'hui. Puis c'est un peu
pour ça qu'on est envoyés à l'Assemblée nationale, aussi : pour faire ce
travail d'opposition.
M. Dion (Mathieu) : Sur le
crucifix, vous avez dit que vous avez une posture de discussion.
M. Bérubé : Oui.
M. Dion (Mathieu) : L'année
dernière, lors du dépôt de la motion de Québec solidaire, Agnès Maltais avait
dit, par exemple, que le Parti québécois prônerait le retrait du crucifix si la
question devait être débattue au BAN.
M. Bérubé : C'est ce que je
viens de dire.
M. Dion (Mathieu) : Fondamentalement,
le Parti québécois est en faveur du retrait du crucifix? Fondamentalement,
M. Bérubé?
M. Bérubé : On est en faveur
de la discussion, puis on veut entendre les arguments des autres formations
politiques là-dessus, c'est important, là.
La Modératrice
: Merci,
M. Dion.
M. Dion (Mathieu) : Vous êtes
en faveur du retrait?
M. Bérubé : On est prêts à en
débattre, et vous savez que les décisions doivent être unanimes. Alors, à
partir du moment où la Coalition avenir Québec est contre, il n'y a pas de
discussion.
La Modératrice
:
Merci...
Une voix
: ...
M. Bérubé : Je viens de vous
la dire. Je vous remercie.
La Modératrice
: Merci,
M. Dion. On va passer à Patrice Bergeron de La Presse canadienne,
micro de droite.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous tous, félicitations. M. Bérubé, quel est l'état de santé du
parti, de ses finances, son membership? Vous savez que vous aviez déjà un
nouveau chef qui avait dit, après 2014, que c'était un champ de ruines. Alors
là, je n'ose pas qualifier ce que c'est aujourd'hui. Mais quel est l'état de
santé de votre parti, que vous dirigez aujourd'hui?
M. Bérubé : Alors, le Parti
québécois est le parti qui compte le plus de membres au Québec, et, si on
additionne l'ensemble de tous les adhérents de toutes les formations
politiques, c'est encore moins que le nombre de membres du Parti québécois. Alors,
le directeur général était là tout à l'heure, il pourrait me préciser les
chiffres. Mais, de toute façon, tout ça est compilé par le Directeur général
des élections : premier pour le financement au Québec, premier pour le
nombre de membres, des militants partout au Québec, de nombreux jeunes qui ont
adhéré au cours des deux dernières années. Donc, parfois, il y a plus de
membres... en fait, dans notre formation politique, il y a plus de membres
jeunes que dans certaines formations politiques nationales, tous âges
confondus. Alors, c'est évident que, sur la redevance de l'État, compte tenu du
résultat, ça va diminuer. Mais, en même temps, nos militants sont passionnés,
et ce n'est pas des militants qui sont là pour autre chose que pour une cause
qui est importante pour eux. Alors, ils sont fidèles, puis ils sont là, puis
ils se renouvellent, puis on a une équipe renouvelée. Vous voyez, on a des nouveaux
députés aussi. Alors, ça, les finances, vous y avez accès par le rapport du
Directeur général des élections. Mais, durant la campagne, moi, j'ai vu de
l'effervescence puis des gens qui se sont joints à nos équipes, notamment
beaucoup de jeunes. Alors, c'est bon signe.
M. Bergeron (Patrice) :
Et le scénario aussi de refondation a circulé. En tout cas, est-ce que ça
serait dans les hypothèses à envisager pour le Parti québécois, une espèce de
congrès de refondation?
M. Bérubé : Je vous
réfère au bout de mon discours où je disais «sans précipitation». Alors,
j'inclus ça là-dedans. Le bilan n'est pas terminé. Alors, en novembre, on se
réunit à Montréal, on fait le bilan. Ensuite va s'ouvrir nécessairement
plusieurs échanges, qu'on ne veut pas restrictifs, sur l'avenir, sauf sur la
question fondamentale de faire du Québec un pays. Et, pour le reste, on va
échanger, je dirais, avec lucidité et sans tabous, en tout cas c'est ce que je
souhaite, et au terme de l'exercice, bien, on aura certainement gagné en idées
et en énergie. Puis à terme, plus tard, le parti choisira une ou un chef. Mais
tout ça n'est pas pour demain matin.
La Modératrice
: Merci.
M. Bergeron (Patrice) :
Permettez, une petite dernière, une sous question, Valérie.
M. Bérubé : Oui, oui.
M. Bergeron (Patrice) :
Elle est indulgente. Mais c'est parce que vous ouvrez la porte de faire du
Québec un pays. Vous en avez beaucoup parlé dans votre discours. Est-ce que ça
n'envoie pas le signal que maintenant vous allez recentrer l'essentiel de votre
action sur la souveraineté, le discours indépendantiste qui reprend? Il a
toujours été présent, mais là on dirait que vous avez voulu porter un accent
particulier là-dessus, non?
M. Bérubé : Oui. Quand je
pense aux raisons qui font en sorte que ces femmes et ces hommes se présentent
devant l'électorat pour le Parti québécois, c'est pour l'indépendance du
Québec. Qu'est-ce qui fait qu'on est un parti différent? Qu'est-ce qui fait que
ces femmes et ces hommes ont davantage d'ambition pour le Québec que pour
eux-mêmes? On est un parti de vouloir. Puis, quand on a pris le pouvoir, ça a
été une avancée pour le Québec en étant indépendantiste, puis on a fait avancer
de façon importante notre langue, notre culture, nos régions. Bien, c'est pour
ça qu'on fait de la politique. Alors, j'ai rappelé tout à l'heure la citation
de René Lévesque, la citation de René Lévesque de 1976 : «On est
quelque chose comme un grand peuple.» La direction, c'était d'avoir tous nos
leviers de développement. C'était ça, le contexte. Alors, je tiens à le
rappeler au premier ministre, qui a utilisé cette citation. Si lui était allé
au bout de sa logique, de son engagement, et qu'il croit que le Québec mérite
mieux que d'être locataire, il aurait emprunté la voie de René Lévesque. Alors,
je tenais à rappeler ce contexte historique.
La Modératrice
: Merci.
On va passer à gauche avec Alex Boissonneault, Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bonjour, tout le monde. Félicitations pour l'assermentation. Pour suivre un peu
la question de mon collègue, vous avez parlé beaucoup, dans votre allocution,
d'environnement, on est un parti humaniste... J'avais l'impression... Puis on
parle beaucoup d'indépendance aussi, là, on le remarque. C'était beaucoup un discours
qui semblait campé à gauche. Est-ce que vous allez avoir encore un discours
très, très politiquement campé justement du côté de Québec solidaire ou vous
allez rouvrir les portes vers la droite? Vous savez, René Lévesque, il dit :
Il y a trois portes pour entrer au parti. Allez-vous rouvrir les deux portes?
M. Bérubé : Deux choses :
on existait bien avant Québec solidaire, hein, on va se rappeler ça. Alors, ils
sont arrivés après. J'ai parlé de la grande maison de notre formation
politique, d'ouvrir les portes de part et d'autre pour laisser entrer les gens,
d'ouvrir les fenêtres aux idées. Alors, cette grande famille, son point
central, son point de ralliement, c'est tous ceux qui pensent qu'on serait
mieux à titre de propriétaires que de locataires. Alors, il n'y a pas de
restriction. L'important, c'est d'y croire et de vouloir travailler de façon
respectueuse dans la politique québécoise. Pour le reste, tous ceux qui sont
indépendantistes doivent pouvoir se retrouver au Parti québécois.
M. Boissonneault (Alex) : Y
compris ceux qui sont peut-être plus à droite dans le mouvement indépendantiste
et dont beaucoup semblent être allés du côté de la Coalition avenir Québec.
M. Bérubé : Il y a des gens
qui... Les gens pour qui c'est important, là, la seule formation politique qui
en fait son enjeu prioritaire, c'est nous, on va le dire. Il y a des gens qui
sont davantage — puis ça dépend des questions, moi, je me méfie des
étiquettes — plus pragmatiques, plus idéologiques, il y a des gens
qui, sur certaines questions, peuvent s'apparenter davantage à des gens issus
du monde des affaires, d'autres du monde social. C'est une coalition, le Parti
québécois. Ça ne porte pas le nom de coalition, mais c'est une coalition de
gens de partout, de la ville, des régions, avec des expériences différentes.
Alors, moi, je pense que cet esprit-là a toujours existé.
Tantôt, j'ai fait référence aux profils
des différents collègues. Je parlais de Martin Ouellet, issu du milieu des
affaires; je parlais d'autres collègues qui ont des expériences très variées :
Méganne au MBA, si je ne me trompe pas. Alors, tout ça, bien, ça démontre qu'on
est des gens qui sont de différents horizons.
M. Boissonneault (Alex) : Et
je voulais juste voir aussi — ça, ça serait la deuxième
question — si, maintenant que vous êtes moins, vous êtes représentés
essentiellement dans l'Est-du-Québec, bon, vous avez aussi Jonquière,
Marie-Victorin, Joliette, effectivement, mais vous êtes moins, c'est plus
difficile en termes de répartition, donc, comment vous allez travailler dans
ces régions-là, des grandes régions où vous êtes maintenant absents? Vous
n'avez pas peur d'être coincés dans une spirale de décroissance?
M. Bérubé : Alors, ça, c'est
la beauté de notre formation politique, quand on la compare aux autres, parce
que tout ne repose pas sur des députés, on a des militants partout qui sont
fantastiques dans toutes les régions du Québec. Alors, c'est ça, la différence.
Et on est tous dans la même famille politique, et puis on va tous travailler
ensemble. Vous savez, le Parti québécois, si ça repose seulement sur un chef ou
une cheffe, ça devient écrasant. Si ça repose sur un caucus, c'est déjà encore
mieux. Si ça repose sur l'ensemble des militants, c'est encore plus facile de
porter cette cause-là. Puis, encore mieux que ça, on veut élargir et inviter
des gens à revenir avec nous, à adhérer à notre formation politique. Alors,
notre force, c'est notre multitude et nos convictions profondes, et, avec ça
puis avec de l'espoir, on peut aller loin.
M. Boissonneault (Alex) :
Merci.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite, Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Bonjour à tous. Vous partagerez, sauf erreur, le troisième étage de l'hôtel
du Parlement avec les 10 élus de Québec solidaire. Plusieurs personnes
s'inquiètent déjà du climat de travail après une campagne où, disons, QS et le Parti
québécois étaient à couteaux tirés. Est-ce qu'ils ont raison de s'inquiéter?
M.
Bérubé
: Je
ne le sais pas. Moi, j'ai eu des discussions avec Gabriel Nadeau-Dubois à plusieurs
reprises depuis l'élection, notamment sur la question de la reconnaissance. On
est capable de collaborer ensemble, on est des gens respectueux, on respecte
les institutions, on respecte les gens. On est capables d'échanger ensemble. À
l'Assemblée nationale, on aura certainement des collaborations ponctuelles au
plan parlementaire. Mais, bien oui, on est des gens civilisés puis on est
capables de se respecter. Je l'ai dit, dans le discours tantôt, que je
respectais tous les députés puis qu'on allait travailler avec eux, alors bien
sûr que oui, bien sûr que oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Justement,
vous trouvez, dans Québec solidaire, un allié objectif pour obtenir la
reconnaissance de groupe parlementaire. Vous avez parlé tantôt... l'importance
que chaque... qu'il y ait un traitement équitable.
M.
Bérubé
: Oui,
très important.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, je comprends, c'est essentiellement un budget semblable, peu importe si
on a fait élire 29 députés...
M.
Bérubé
: Non,
ce n'était pas tout à fait ça. C'est-à-dire que, pour les annonces gouvernementales,
pour l'attention que le gouvernement va accorder aux circonscriptions, on veut vraiment,
là, qu'il n'y ait pas, d'un côté, les députés au pouvoir, puis les autres, les
députés de l'opposition. Parce que c'est une pratique qu'on croyait révolue,
puis parfois on entend ça, tu sais, l'importance de voter du côté du pouvoir.
Moi, j'ai entendu ça dans mon comté. Vous connaissez le résultat, ça n'a pas
marché, mais ça existe, comme propos, alors il faut vraiment... En tout cas,
nous, on l'était.
Moi, je vais vous donner l'exemple, là, de
deux collègues qui sont ici, Véronique Hivon puis Sylvain Gaudreault, qui
étaient au Conseil des ministres avec moi. On ne faisait jamais de distinction
sur l'origine des dossiers. Si c'était un bon dossier, si c'était bon pour la population,
si c'était rigoureux, on l'appuyait. C'est comme ça qu'on a fonctionné. Alors,
j'envoie seulement cette invitation-là au gouvernement à être sensible à toutes
les circonscriptions qui ne sont pas au gouvernement, en disant qu'il n'y a pas
de différence. L'élection est finie, il faut travailler pour le bien commun
puis pour tout le monde.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...précision : À titre de chef intérimaire, quel mandat donnez-vous à la personne,
là? Mme Hivon assumait ces responsabilités-là à la table de concertation des
OUI Québec. Est-ce qu'on poursuit les travaux ou c'est le statu quo jusqu'à la
désignation de...
M.
Bérubé
: On
a, bon... Alors, je vous référais au OUI Québec, mais on a reçu une invitation
déjà à participer à des échanges postélectoraux. Pour ce qui est de mes
collègues, bien, je vous annonce que deux collègues maintenant siègent à
l'exécutif national de notre formation politique. Catherine Fournier y était
déjà, Véronique Hivon s'y rajoute, et Sylvain Gaudreault. Pour ce qui est du
Oui Québec, on désignera, là, la personne qui va continuer les échanges. Mais
c'est évident qu'on va continuer, avec les organisations de la société civile
indépendantiste, des échanges. C'est la raison pour laquelle on fait de la
politique. Alors, ce n'est pas à temps partiel, là, c'est toujours important.
Et on va maintenir vraiment ces liens-là. Et j'ai reçu une correspondance
effectivement assez rapidement, après l'élection, du Oui Québec.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche, Catherine Lévesque, Le Huffington Post.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour. Félicitations à tout le monde. On a la CAQ qui est plus nationaliste
de droite, on a Québec solidaire qui ratisse plus à gauche. Comment est-ce que
le Parti québécois va se démarquer lors de la prochaine session?
M. Bérubé : Il est
indépendantiste.
Mme Lévesque (Catherine) : Mais
est-ce qu'il y a une stratégie en particulier, peut-être, pour justement...
M. Bérubé : Assumer ses
convictions.
Mme Lévesque (Catherine) :
Comment expliquer que le Parti québécois est impopulaire auprès des jeunes?
M. Bérubé : Impopulaire
auprès… Comment expliquer qu'il est populaire avec le Parti libéral? Ça, c'est
une question qui est assez vaste. Alors, il n'y a personne qui doit être pris
pour acquis. On l'a vu durant la campagne. Bon. Une chose que je veux dire, là,
puis c'est la première fois que je vais le dire ici, là : le slogan
libéral, à la dernière élection, c'était Faciliter la vie des Québécois.
Moi, je pense qu'ils ont surtout facilité la vie de l'électorat parce que ça a
envoyé un message très fort que : On peut-u remplacer les libéraux? Oui.
Il y avait une formation politique qui aurait pu faire ça. Alors, la CAQ a été
perçue comme ça. Maintenant, pour les analyses plus fines avec les jeunes, avec
l'ensemble des Québécois, sans segmenter, c'est un peu ça qu'on va faire aussi.
Alors, vous avez vu, j'ai envoyé un message à la jeunesse du Québec. J'en ai
envoyé un sur l'environnement également, mais tout ça, ce n'est pas nouveau,
là. Notre aile jeunesse est très dynamique. Notre plate-forme en environnement
a été saluée pendant la campagne électorale. L'extrait que je vous ai lu tout à
l'heure, il provient de notre plate-forme, qui porte sur la crise climatique.
Alors, malheureusement, souvent on le disait : Il n'y a qu'une formation
politique qui parle environnement. On en parlait beaucoup, mais ce n'est pas
sorti suffisamment. Mais la plus belle preuve de notre engagement : le
document existe toujours, les propositions sont encore là, puis on y croit
encore.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite. Nicolas Lachance, le Journal de Québec.
M. Lachance (Nicolas) :
Bonjour. Pourquoi avoir décidé de faire le serment d'allégeance à la Reine en
public?
M. Bérubé : Bien, d'abord, on
n'a pas le choix de le faire, hein? Il faut le savoir, hein? Alors, on n'a rien
à cacher. On a expliqué : tant que le Québec n'est pas indépendant, on est
obligé de faire le serment parce que, sinon, ça prendrait un changement
constitutionnel. Alors, je ne vois pas ça poindre à l'horizon avec les 10 provinces
et territoires, à court terme. Alors, on le fait, mais on a ajouté une phrase, «tant
que le Québec ne sera pas un pays», qui explique que, oui, on est
indépendantiste. On n'est pas des monarchistes, on est des indépendantistes et,
bien, on respecte les règles des institutions pour l'instant. Mais ne croyez
pas que nous sommes émus par la monarchie britannique. Alors là, c'est la reine
Elizabeth II, ce sera peut-être Charles, William, Harry et George, qui
sait, mais notre seule allégeance — puis vous avez vu qu'il y avait
un seul drapeau — notre seule allégeance, c'est à l'égard du peuple
du Québec. C'est notre seul drapeau, c'est notre seul pays, et je pense que
c'était une façon aussi de faire en sorte que toutes ces personnes qui se sont
déplacées pour leurs députés puissent voir le serment et puis puissent profiter
de ce moment-là. C'était important pour nous.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
vous avez prêté allégeance, donc...
M.
Bérubé
: On
n'a pas le choix.
M. Lachance (Nicolas) : Est-ce
que vous y croyez, à ce serment? Est-ce que ça vous met à l'aise? Y croyez-vous
sincèrement? Non?
M.
Bérubé
: Bien
non. Est-ce que vous croyez qu'on est monarchistes?
M. Lachance (Nicolas) : Ça
veut dire quoi?
M.
Bérubé
: Pas
d'autre question... Bien, c'est sûr qu'on n'est pas monarchistes.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Lachance (Nicolas) : ...
La Modératrice
: Non,
tu l'as déjà posée.
M. Lachance (Nicolas)
:
C'était une sous-question.
M.
Bérubé
: Bon,
je vais aider. Alors, je vais présumer de la prochaine. On n'est pas
monarchistes et on l'a fait, mais la monarchie, on n'y prête pas allégeance, on
n'a pas d'affection particulière pour la monarchie.
La Modératrice
: Merci.
On a des familles qui attendent pour...
M. Lachance (Nicolas) : Juste
une dernière question : Est-ce que c'était une erreur de remettre à un
deuxième mandat l'option du référendum?
M.
Bérubé
:
Alors, notre projet et nos idées, en public, nos bilans et nos analyses, en
privé, sans précipitation et de façon ordonnée. Ce sera ma réponse.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Merci à tous.
(Fin à 15 h 26)