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Point de presse de M. Pascal Bérubé, député de Matane-Matapédia, Mme Lorraine Richard, députée de Duplessis, et Mme Véronique Hivon, députée de Joliette

Version finale

Le mercredi 21 novembre 2018, 13 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures dix-neuf minutes)

M. Bérubé : Merci. Alors, le Parti québécois est réuni pour son caucus présessionnel avec l'ensemble des députés élus lors de la dernière élection.

On a pris acte hier que le gouvernement se préparait, faisait des simulations pour la période de questions. Ils font bien de se préparer, parce que nous sommes prêts pour ce travail qu'on a à faire, de questionner le gouvernement, de porter les aspirations des Québécois et des Québécoises, non seulement de nos circonscriptions respectives, mais de l'ensemble du Québec.        Jusqu'à maintenant, avant même que la Chambre ait siégé un seul jour, de nombreux reculs qui sont révélateurs de la part du nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec. D'abord, sur Bombardier, après avoir dénoncé l'entente, maintenant on est prêts à mettre plus d'argent malgré 2 500 emplois coupés, malgré des primes indécentes versées à ses hauts dirigeants. Ça, c'est l'attitude de reddition de comptes du gouvernement de la CAQ.

Les trop-perçus d'Hydro-Québec. Après avoir exigé à plusieurs reprises, à l'Assemblée nationale, qu'Hydro-Québec nous redonne notre argent, bien, finalement, la CAQ abandonne puis réalise que ce n'est pas possible.

Salaire des médecins. Le premier ministre Legault disait, dans l'opposition, qu'il fallait aller chercher 1 milliard, mais il a reculé, il va mettre les hausses en fiducie.

Les maisons Gilles-Carle, un enjeu qui est sensible et important. On avait promis 20 maisons Gilles-Carle en 10 ans. Maintenant, la ministre dit que ça doit être des initiatives citoyennes. Ce n'est pas ça qu'on avait compris.

Enfouissement de la ligne d'Hydro-Québec à Saint-Adolphe-d'Howard, un engagement la main sur le coeur de la candidate devenue députée. Elle s'était engagée, mais elle a dû reculer sur l'ordre du premier ministre.

La ministre de l'Environnement — par quoi commencer? — qui s'écrase devant le fédéral sur la taxe sur le carbone alors qu'on va donner des remboursements aux provinces soumises à la taxe fédérale parce qu'elles n'ont pas adhéré au marché du carbone. Le Québec n'aura rien et la ministre est très heureuse de ça.

Internet haute vitesse, un enjeu qui touche l'ensemble de la ruralité québécoise, des centaines de milliers de personnes. Bien, le premier ministre promettait que toutes les régions seraient branchées le plus rapidement possible. Maintenant, la ministre responsable nous dit un horizon, à peu près cinq ans. Et de façon générale, ce gouvernement, qui se définissait comme nationaliste, on attend encore. Une diplomatie d'échange de chandails de hockey, ce n'est pas suffisant pour faire la promotion du nationalisme québécois.

Je vous remercie. Je suis prêt à prendre vos questions.

Le Modérateur : M. Cormier.

M. Cormier (François) : Bonjour, M. Bérubé. François Cormier, TVA.

Qu'est-ce que vous pensez de cette idée de M. Legault d'amener des travailleurs ontariens au Québec pour construire des barrages?

M. Bérubé : J'ai ma collègue Lorraine Richard, qui est à côté de moi, avec qui on a eu cette discussion ce matin. C'est une mauvaise idée, d'abord parce qu'on est capables de les construire nous-mêmes, nos infrastructures, quelles qu'elles soient. Alors, je ne sais pas qu'est-ce qui lui est passé par la tête de tout de suite faire une telle concession en négociation, mais je l'invite à tester cette idée auprès des fiers travailleurs québécois qui ont toujours été capables de faire les choses. On n'a pas besoin de l'Ontario. L'Ontario est suffisamment gagnante des ententes qu'elle a avec nous, puis nous, on est capables de faire nos choses. C'est d'être égal à égal, et j'ai de la difficulté à croire que le premier ministre a déjà cédé là-dessus en disant : On va réserver un bloc de travailleurs. Je peux vous dire que dans la circonscription de Lorraine ou de celle de Martin Ouellet... Je sais qu'il n'est pas allé, dans la campagne électorale, mais s'il y va, je pense qu'il va en apprendre plus.

M. Cormier (François) : M. Legault dit : L'Ontario va vouloir donner des jobs, des jobs payantes à sa population et pourrait être tentée, donc, de construire des installations pour de l'électricité en Ontario. Alors, en contrepartie, ce qu'on leur dit, c'est : On va vous donner ces jobs payantes là et on va les construire nous-mêmes, donc la moitié des jobs ici, au Québec, puis une autre en Ontario.

M. Bérubé : Une entente entre deux États, ce doit être gagnant-gagnant. Alors, on gagne à faire la construction, engager notre main-d'oeuvre, et l'Ontario y gagne au plan énergétique. Alors, il faut que les deux États soient gagnants, et, en ce sens, je trouve que d'avoir ouvert la porte à ce que des travailleurs ontariens obtiennent ces emplois, c'est une mauvaise idée. Ça aussi, c'est du nationalisme, privilégier les nôtres.

M. Dion (Mathieu) : Mathieu Dion, Radio-Canada. Êtes-vous inquiets de ne pas être reconnus à la hauteur de vos attentes en tant que parti politique à l'Assemblée nationale?

M. Bérubé : On n'est pas inquiets. Il y aura une rencontre de négociation à 16 heures. Toutefois, ce matin, on en a discuté, on a adopté une position de caucus et, s'il n'y a pas davantage d'ouverture de la part du gouvernement caquiste et de l'opposition libérale, on prendra acte et on siégera comme députés indépendants.

M. Dion (Mathieu) : Donc, vous êtes prêts à dire : On ne fera pas de concession à tout prix. C'est ce que vous dites?

M. Bérubé : On assume totalement la négociation qu'on a, qui est réaliste, qui tient compte du pluralisme de notre Assemblée nationale, de la volonté des Québécois, que l'ensemble des voix soit entendues, c'est clair. Le gouvernement a été élu avec moins de quatre électeurs sur 10. Le gouvernement libéral, là, a obtenu le résultat qu'il a obtenu, mais il y a d'autres voix également qui doivent se faire entendre et ce qu'on demande est réaliste et on en a fait la proposition. Il n'y a pas d'ouverture des deux côtés.

Alors, si c'est le cas, on prendra acte et on siégera comme députés indépendants à partir de mardi prochain.

M. Dion (Mathieu) : ...chose à laquelle vous tenez à tout prix et un morceau sur lequel vous n'allez pas lâcher le morceau, finalement, là.

M. Bérubé : Oui, et ça explique... Bien, ça, on le dira à la fin à la table des négociations, mais notre position est claire. On ne fait pas d'état d'âme là-dessus, on en prendra acte. Il y a des éléments sur la table... il y a deux éléments, en fait, et dépendamment de l'ouverture, bien... je sais que ça vous intéresse, mais on y reviendra, dépendamment de l'ouverture, on aura peut-être une entente aujourd'hui. Si ce n'est pas le cas, on a tous assumé de siéger comme indépendants mardi et on travaillera différemment, tout simplement, avec la même responsabilité à l'égard des gens qu'on représente et à l'égard des près de 700 000 personnes qui ont voté pour le Parti québécois.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour mesdames, messieurs, M. Bérubé.

Mme Richard, vous qui connaissez bien la Côte-Nord, évidemment, là, qu'est-ce qui arriverait, à votre avis, si jamais on allait de l'avant avec la proposition de M. Legault d'embaucher des travailleurs ontariens pour construire des barrages dans le Nord du Québec? Qu'est-ce qui arriverait?

Mme Richard : Il arriverait que M. Legault trouverait ça extrêmement difficile d'avoir plusieurs chantiers sur la Côte-Nord qui pourraient être bloqués. Je ne pense pas que M. Legault veut, dès le premier temps de son mandat, entamer une guerre avec... après Apuiat sur la Côte-Nord, encore une fois, avec des travailleurs et des travailleuses de la construction.

Je veux juste vous rappeler que dans le projet hydroélectrique de la rivière Romaine, un des plus gros chantiers au Canada, on a dû se battre régionalement pour faire travailler notre monde, le monde de la Côte-Nord, et on n'y a pas trouvé notre compte. Le chantier se termine et ça a pris énormément de temps. C'était sous un gouvernement du Parti libéral.

Je souhaite que le gouvernement de la Coalition avenir Québec avec M. Legault ne répète pas les mêmes erreurs, parce que, oui, je serai là et je suis convaincue que vous savez, pour ne pas le nommer, qu'il y a d'autres personnes qui seront au rendez-vous, pour les bonnes ou les mauvaises raisons. C'est une mauvaise décision de la part de François Legault, d'aller comme ça en Ontario, puis de dire : Vous pourrez amener votre main-d'oeuvre pour venir travailler au Québec. C'est inacceptable, et moi, je ne le laisserai pas faire, comme députée de mon comté et je vais défendre mes travailleurs.

M. Lacroix (Louis) : Donc, les gens de la Côte-Nord n'accepteraient pas ça. C'est ce que vous me dites, là.

Mme Richard : Les gens de la Côte-Nord ne l'accepteraient pas, la députée ne l'accepterait pas, et la population de la Côte-Nord ne l'accepterait pas, et même la population du Québec ne l'accepterait pas.

M. Lacroix (Louis) : En 1974, il y avait eu le saccage de la Baie-James. Est-ce qu'on peut entrevoir ça?

M. Bérubé : C'était la sous-question.

Mme Richard : Ça pourrait être ça.

M. Bérubé : C'était la sous-question. Alors, non seulement...

M. Lacroix (Louis) : Attendez un peu.

M. Bérubé : Question, sous-question, on s'est entendus là-dessus.

M. Lacroix (Louis) : Oui, oui. J'ai posé une question sur le saccage de la Baie-James. Est-ce qu'à votre avis un scénario semblable pourrait se reproduire?

Mme Richard : Écoutez, je ne veux pas avoir qu'il y ait un tel scénario, mais quand les gens ont besoin de travailler et qu'un premier ministre qui est à peine arrivé au pouvoir veut leur enlever le pain puis le beurre, écoutez, ce n'est pas un climat favorable, dans notre coin de pays, d'entendre de tel propos.

M. Bérubé : Alors, manifestement, il n'y a pas seulement des chandails de hockey qui ont été échangés, il y a des emplois payants qui ont été échangés. Je pensais que c'était au Québec qu'il fallait les créer, ces emplois payants. Manifestement, on les a envoyés chez Doug Ford.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui, bonjour, M. Bérubé. Sur le même sujet, j'aimerais savoir, selon vous, quel serait l'impact s'il y avait des travailleurs ontariens qui venaient dans les chantiers québécois, l'impact sur la langue de travail au Québec. J'ai posé la question à M. Legault ce matin, puis il n'a pas répondu.

M. Bérubé : Bien, c'est un enjeu important, c'est un angle qui n'avait pas été abordé dès le départ. Évidemment se pose cet enjeu-là, mais ce qui est le plus important... Je pense que l'expertise québécoise, les fiers travailleurs, travailleuses de la Côte-Nord et d'ailleurs au Québec sont fortement attachés aux grands ouvrages que le gouvernement du Québec commande, et ce serait une très mauvaise idée.

Je ne sais pas qui, jusqu'à maintenant, s'est réjoui de ça, à part Doug Ford, qui ne devait même pas s'attendre à ça, que M. Legault, piètre négociateur, met ça tout de suite sur la table. Je trouve que c'est d'ouvrir son jeu beaucoup trop vite, puis, en fait, il n'aurait même pas dû l'ouvrir là-dessus, ce n'était pas nécessaire. L'Ontario serait gagnante de faire appel à l'expertise québécoise en matière d'énergie. Pourquoi, en plus, leur dire : On veut tellement que ça fonctionne, je me suis tellement avancé dans la campagne électorale qu'il faut que je dise quelque chose aux Québécois, là, que mon approche, elle fonctionne, prenez des emplois en plus? Non, ça ne marche pas.

Mme Richer (Jocelyne) : Donc, c'était complètement prématuré comme annonce.

M. Bérubé : Bien, c'est irresponsable. C'est irresponsable. M. Bélair-Cirino.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Concernant les négociations avec le gouvernement et l'opposition officielle, pourquoi, justement, le gouvernement caquiste et l'opposition libérale doivent craindre l'arrivée de 10 élus indépendants dans le salon bleu?

M. Bérubé : 21 députés indépendants.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais 10 élus péquistes, là.

M. Bérubé : C'est-à-dire que ça prend une entente entre l'ensemble des partis politiques, alors il faut que les quatre partis soient d'accord pour qu'il y ait des groupes reconnus. Québec solidaire ne pourrait pas être reconnu seul, par exemple. Alors, nous, on ne parle pas de crainte, ce n'est pas dans notre vocabulaire. On dit seulement qu'on négocie, et, si d'aventure, il n'y a pas d'entente, ce soir, on siégera comme députés indépendants, sans état d'âme, sans aucune autre intention que de faire notre travail de la façon la plus responsable possible.

Ils ne sont pas obligés de nous reconnaître, mais je pense que le Parlement y gagnerait d'entendre notre voix et celle de Québec solidaire de façon plus structurée, de façon plus ordonnée. Ça m'apparaît une bonne chose à faire, mais ça leur appartient.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, la présence de 21 élus indépendants ferait en sorte que ce serait moins structuré, moins... Quoi, ce serait le désordre à l'Assemblée nationale?

M. Bérubé : C'est vos mots, ce n'est pas les miens, mais les 21 députés pourront s'exprimer en toutes circonstances, et on aura besoin de leur appui pour plusieurs procédures. Alors, on fera ça de façon responsable, mais ça va être plus long.

M. Bélair-Cirino (Marco) : L'Assemblée nationale va siéger pendant deux semaines. Qu'est-ce que vous attendez de la part du gouvernement sur le front législatif pour ces deux semaines-là et où ferez-vous obstacle au gouvernement?

M. Bérubé : Encore une fois, ni crainte ni obstacle, ce n'est pas dans notre vocabulaire. On veut travailler de façon constructive et positive. Le gouvernement a déjà annoncé qu'il souhaitait agir rapidement sur la question de la taxe scolaire et sur la question de la nomination aux deux tiers de différents officiers, donc les suites du projet de loi n° 107, j'imagine que c'est lui qui va être amendé, donc UPAC, Sûreté du Québec et DPCP. Alors, on va prendre acte des pièces législatives avant de les commenter.

Pour le reste, ils sont majoritaires, ils forment leur gouvernement. On ne va pas leur dire quoi faire. J'imagine qu'ils ont les ressources pour prioriser les enjeux qu'ils ont amenés durant la campagne électorale. On va faire notre travail du mieux possible puis on a une belle équipe pour ça, avec de l'expérience, avec des compétences, et je suis convaincu qu'on sera une opposition qui sera très productive, très efficace à l'Assemblée nationale.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais proposez-vous quelque chose pour les deux prochaines semaines? Est-ce qu'il y a une priorité?

M. Bérubé : Bien, il y a une mesure législative que nous, on a proposée par l'entremise du député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, qu'il pourrait expliquer beaucoup mieux que moi, mais en matière d'environnement, qu'on a communiquée avant la grande marche, il y a quelque temps.

Alors, si le gouvernement veut s'inspirer d'un certain nombre de nos propositions, tant mieux, parce qu'on en fera, des propositions. Il y aura des projets de loi qui viendront de notre aile parlementaire. Il y aura quelques rappels, parfois, de leurs promesses. Il faut le faire, là. Je prends acte également ce matin que, pour maternelle quatre ans, on avait dit 5 000 dans le mandat, puis on commence avec 200. C'est bien ça? 200, disons que c'est assez timide. Je pense qu'ils se rendent compte que ça ne fonctionne pas très bien.

Puis il y a deux faiblesses, je pense, qui sont identifiées très rapidement, dans ce gouvernement, deux enjeux où ils sont mal à l'aise, ils ne savent pas comment intervenir, c'est la question de l'environnement puis la question du nationalisme québécois. Et, dans les deux cas, les tests ne sont pas passés, jusqu'à maintenant, à travers le concret, le réel. Je vous en ai donné quelques illustrations. Alors, c'est deux enjeux qu'on va suivre de près.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Sur les négociations, j'aimerais savoir, pour M. et Mme Tout-le-monde, là, le fait d'avoir 21 indépendants, qu'est-ce que ça change? Pouvez-vous me donner un exemple concret?

M. Bérubé : Je pense que les citoyens qui ont voté pour le Parti québécois et Québec solidaire s'attendent à ce qu'on puisse s'exprimer sur...

Mme Lajoie (Geneviève) : Ce n'est pas ça ma question, M. Bérubé.

M. Bérubé : J'y arrive, là. Si vous me permettez de répondre, je vais y arriver.

Donc, qu'est-ce que ça change? Bien, ils s'attendent qu'on puisse les entendre à l'Assemblée nationale, au salon bleu aussi, que ça ne soit pas marginalisé, parce qu'on n'est pas des marginaux, on est représentés par des centaines de milliers de personnes. Alors, nous, cette négociation-là, elle se fait par respect pour les gens qui nous ont appuyés. Le Parlement n'appartient pas à la Coalition avenir Québec. Il faudrait peut-être que le négociateur de la CAQ s'en rende compte, là, et le Parti libéral n'est plus au gouvernement. Alors, il faut faire de la place au pluralisme en politique et surtout dans l'esprit d'un scrutin proportionnel.

Donc, on s'engage là-dedans. La ministre de la Justice nous a dit aujourd'hui qu'elle allait respecter son engagement et déposer un projet de loi avant le 1er octobre 2019. Bien, on peut déjà commencer cet esprit de pluralisme des voix à l'Assemblée nationale, et je pense que toute la démocratie en sera gagnante.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais concrètement...

M. Bérubé : Les citoyens sont dans la démocratie, alors ils seront gagnants.

Mme Lajoie (Geneviève) : Non, non, mais concrètement, à l'Assemblée nationale, 21 indépendants, qu'est-ce que ça change, là? Parce que moi, il faut que j'explique aux gens qu'est-ce que ça veut dire.

M. Bérubé : Oui, bien, je le sais que vous le savez.

Mme Lajoie (Geneviève) : 21 indépendants, ça veut dire quoi, ça change quoi? Il y a une motion sans préavis qui est déposée, il se passe quoi?

M. Bérubé : Alors, pour chacune des motions, ça prend l'appui de l'ensemble des députés individuellement. Alors, les... en tout cas, pour ce qui est de notre part, les 10 députés du Parti québécois, les 10 députés de Québec solidaire, le député indépendant de Chomedey, systématiquement.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, ça risque d'être plus compliqué pour toutes les étapes de l'Assemblée nationale.

M. Bérubé : Oui, mais ça peut être plus simple, si on arrive à une entente ce soir, aussi.

Mme Lajoie (Geneviève) : J'ai une question... Je ne sais pas si vous avez entendu parler, il y a une députée de Québec solidaire, Catherine Dorion, qui a fait l'acquisition d'un véhicule dernièrement.

M. Bérubé : Bien oui, j'ai vu ça.

Mme Lajoie (Geneviève) : J'ai vu qu'il y avait... en tout cas, cette nouvelle-là avait quand même un certain intérêt dans les rangs péquistes. J'ai vu qu'Agnès Maltais avait retweeté des textes là-dessus. J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette histoire, le fait que Mme Dorion ait fait l'acquisition d'un véhicule.

M. Bérubé : Alors, c'est des choix personnels. Le député de Jonquière fait Jonquière-Québec en voiture électrique; Agnès Maltais faisait souvent à pied entre sa résidence, dans Taschereau, et l'Assemblée nationale. Alors, chacun fait des choix selon ses valeurs et ses convictions. Voici les choix que nous, on a faits.

Mme Lajoie (Geneviève) : Taschereau, ce n'est pas très, très éloigné de l'Assemblée nationale, de ce que je comprends, donc.

M. Bérubé : On est dans Taschereau, là, présentement, il y a du transport en commun, il y a du transport actif, il y a le vélo, il y a toutes sortes de moyens d'y arriver, il y a la marche. Agnès Maltais marchait entre... je ne vous dirai pas la rue, mais jusqu'ici, ce n'était pas tellement loin. Alors, chacun fait ses choix. J'imagine que chacun des députés y va avec ses convictions les plus profondes. Alors, on ne porte pas de jugement là-dessus.

Mme Biron (Martine) : Bonjour à tous. Bonjour, M. Bérubé. Pour revenir sur la reconnaissance à l'Assemblée nationale, pourquoi est-ce que le gouvernement ne pourrait pas s'entendre avec l'opposition, avec seulement un des deux groupes parlementaires?

M. Bérubé : Parce que c'est l'usage qui fait en sorte que ça prend une entente pour qu'elle puisse tenir, où l'ensemble des partis sont parties prenantes, c'est le cas de le dire. Alors, il faut s'entendre ensemble sur un mode de fonctionnement qui va tenir que pour cette législature. Alors, c'est l'usage.

Lorsqu'on a reconnu l'Action démocratique, en 2009, avec neuf députés... six députés, six députés parce que Mario Dumont avait démissionné, cette entente-là, qui était hors norme, on l'a bâtie avec l'ensemble des partis politiques et ça va être la même chose encore là. Alors, nos sorts sont liés. On a 10 députés, Québec solidaire a 10 députés, à la différence qu'on a plus de votes, donc on est deuxième opposition. Mais si le gouvernement et le Parti libéral ne veulent pas nous reconnaître, on en prendra acte, tout simplement.

Mme Biron (Martine) : Mais s'il y a un groupe de 10 députés indépendants qui veulent se regrouper, ils pourraient le faire avec une entente particulière...

M. Bérubé : Non, ce n'est pas possible, pas dans les règles de l'Assemblée nationale. Ils peuvent se regrouper ailleurs s'ils veulent, là, mais pas ici, ça ne fonctionnera pas.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous seriez prêt à partager un vote entre les 21 députés indépendants?

M. Bérubé : Il y a toutes sortes de questions qui rentrent en ligne de compte dans cette négociation, mais on ne partagera pas nos convictions. Lorsqu'on va voter, on va voter selon nos convictions à nous. Alors, on est capables de voter ça.

Mme Biron (Martine) : Vous ne partageriez pas. Ça veut dire que c'est deux groupes... trois groupes, en fait : un groupe de 10, un groupe de 10 puis un groupe de un?

M. Bérubé : Ce qu'on demande est particulièrement réaliste et va dans le sens de, je dirais, notre proportion de parlementaires à l'Assemblée nationale et notre volonté de pouvoir inscrire nos positions sur les pièces législatives en commission parlementaire.

Mme Biron (Martine) : Ce que je comprends, c'est que, si on vous offrait, par exemple, un groupe pour les 21, ce serait piler sur vos convictions? C'est ça que vous voulez dire?

M. Bérubé : Bien, on ne va pas entrer dans le détail de la négociation, mais je suis convaincu que, si le leader du gouvernement nous écoute, lui, il a eu le mandat d'arriver à une entente avant mardi prochain. Alors, il entend votre question, il entend ma réponse, on a une rencontre ce soir. On se souhaite une bonne soirée.

M. Croteau (Martin) : Bonjour, tout le monde. Bonjour, monsieur. Il y avait-u...

Une voix : Non, ça va.

M. Bérubé : C'est à vous.

M. Croteau (Martin) : Juste pour faire du pouce sur la question de Geneviève, M. Bérubé, si vous permettez. Vous dites : Il y aurait... s'il n'y a pas entente, il va y avoir 21 députés indépendants. Vous avez dit : Ça va prendre l'aval de chaque député à chaque fois qu'on a...

M. Bérubé : C'est les règles.

M. Croteau (Martin) : Mais vous n'avez pas... Donc, le résultat de tout ça, c'est quoi? C'est qu'il va y avoir un blocage à l'Assemblée nationale? Les travaux...

M. Bérubé : Du tout.

M. Croteau (Martin) : Qu'est-ce qui va arriver dans l'éventualité où il y a 21 députés indépendants?

M. Bérubé : Vous ne nous entendrez jamais utiliser ce genre de terme. Ce n'est pas dans notre vocabulaire. D'abord, les députés qui sont ici, les 10 députés n'ont pas fini deuxième ni troisième dans leurs circonscriptions, ils ont terminé premier. Donc, ils arrivent tous avec un mandat de leur population. Donc, ça, c'est la première des choses.

Ensuite, on est de la même famille politique, on représente près de 700 000 électeurs. C'est beaucoup de monde. On considère qu'on doit être entendus dans un nouveau contexte. On n'est plus dans le bipartisme. Il y a quatre formations politiques qui ont fait la campagne nationale, qui étaient au débat des chefs, qui doivent être entendues de façon correcte. Ce qu'on demande est très réaliste.

Alors, on va agir de façon responsable, comme on l'a toujours fait. On a fait des propositions qui vont dans le sens des précédents et dans le sens du gros bon sens, et ni le gouvernement ni le Parti libéral ne veulent céder sur leurs positions...

M. Croteau (Martin) : Je comprends tout ça, mais la question, c'est qu'est-ce qui change dans les travaux en Chambre s'il n'y a pas d'entente et qu'on se retrouve avec 21 députés indépendants.

M. Bérubé : À nouveau, ça va prendre l'appui de chacun des députés pour chacune des motions, des commissions, des nominations.

M. Croteau (Martin) : Donc, vous laissez entendre qu'il va y avoir, quoi, un ralentissement des travaux?

M. Bérubé : Vous laissez entendre. Ce n'est pas dans mon vocabulaire, hein?

M. Croteau (Martin) : Bien non, c'est vous qui laissez planer cette possibilité-là. Alors, pourquoi ne pas le dire?

M. Bérubé : Ce n'est pas dans mon vocabulaire. On va faire le travail puis on prendra le temps qu'il faut.

M. Croteau (Martin) : Je voudrais savoir comment vous accueillez cette lettre ouverte des huit ex-ministres de la Justice qui réclament une réforme du droit de la famille et qu'est-ce que vous pensez de la réaction de la ministre LeBel.

M. Bérubé : Si vous le permettez, je demanderais à ma collègue de Joliette d'intervenir.

Mme Hivon : Alors, nous accueillons très positivement cette démarche parce qu'il faut absolument que ce dossier-là débloque. Ça fait des années. C'était sous l'impulsion de Bertrand St-Arnaud, lorsque nous étions au gouvernement, que le rapport du comité d'experts a été commandé, et le droit de la famille n'a pas été réformé substantiellement depuis 1980.

Alors, nous accueillons très positivement la démarche et nous demandons à la ministre d'agir très promptement. Moi, ça fait des années que je suggère que nous mettions sur pied une commission non partisane, un peu à la manière de la commission sur les soins de fin de vie, pour faire ce travail-là qui soulève des enjeux sociaux très importants et qui concernent tous les citoyens. C'est au coeur de l'organisation familiale, c'est au coeur de comment on voit la famille au Québec. Et même la CAQ, quand elle était dans l'opposition, avait appuyé cette démarche-là.

Alors, ce à quoi on s'attend, c'est une ouverture très rapidement. Et même, il y a eu depuis d'autres travaux qui se sont faits par des comités, la Chambre des notaires. Donc, la ministre pourrait très bien aussi arriver et déposer, par exemple, un avant-projet de loi qui ferait en sorte qu'on pourrait déjà avancer d'un pas et faire cette démarche non partisane sur quelque chose de concret.

M. Croteau (Martin) : Selon vous, pourquoi l'état actuel de la loi est-il inefficient ou, en tout cas, néfaste surtout pour…

Mme Hivon : Parce qu'entre 1980 et 2018 les choses ont grandement évolué. Alors que c'était très marginal, maintenant c'est près de 60 % des enfants qui naissent dans des unions de fait plutôt que de couples mariés. Beaucoup, beaucoup de gens vivent en union de fait aussi. Et donc les enfants doivent être au coeur de toute cette réflexion-là, parce qu'en ce moment il y a des lacunes dans notre manière d'organiser les choses qui font en sorte que l'enfant ne peut pas avoir le même traitement selon qu'il est issu d'une union de fait versus un mariage. Ça, c'est vraiment quelque chose de fondamental. Il y a beaucoup d'autres questions aussi qui se posent. Vous avez vu tout le débat sur les mères porteuses.

Donc, à un moment donné, on ne peut plus juste dire qu'on continue, puis on attend, puis que c'est les tribunaux qui tranchent. Moi, je suis d'avis, nous sommes d'avis au Parti québécois que ce sont les législateurs, ce sont les élus, quand il y a des questions sensibles qui se posent, qui doivent faire le travail et non pas laisser ça entre les mains des tribunaux.

Le Modérateur : Merci. Une dernière question en français. M. Lacroix.

M. Lacroix (Louis) : Juste une petite technicalité sur les négociations pour la reconnaissance. Est-ce que vous considérez, avec 10 députés, que vous êtes à égalité avec QS ou si vous considérez qu'étant donné que vous avez eu plus de votes vous êtes devant, vous devriez avoir une considération autre que celle qu'on veut accorder à QS?

M. Bérubé : Les règles sont assez claires, c'est la prépondérance. Le même nombre de sièges, mais davantage de votes. Donc, s'il y avait un deuxième groupe et un troisième groupe reconnu, on serait le deuxième groupe. C'est la règle qui est établie à l'Assemblée nationale.

M. Lacroix (Louis) : ...

M. Bérubé : Ce n'est pas qu'on y tient, on respecte les règles.

Le Modérateur : Merci. En anglais.

Mme Johnson (Maya) : Good afternoon. Mr. Bérubé, how do you justify making this request to be recognized as an official party?

M. Bérubé : We don't ask about a recognition, we don't ask a recognition, we ask respect for the group of member of Parliament for the Parti québécois. So it's about respect, it's about having some, let's say, occasion to say what we have to say and… just about respect, that's all.

Mme Johnson (Maya) :OK. So, in a context where we're not dealing with a two-party system, that seems to be what you were saying in French…

M. Bérubé : Way better in French.

Mme Johnson (Maya) :You were saying that the Assembly has to evolve with the times and recognize the new political reality, especially when we're talking about proportional representation in a future election. Is that what you're saying?

M. Bérubé : Yes, it's about the result of the election. There is four major parties in Québec. You saw the campaign that we had, the leaders debate, and we do think that the National Assembly should reflect this diversity of ideas in Québec. And a good way to recognize this is to recognize the party with some… We need some… I don't find the word, right now, but it's about… 700,000 people voted for us, they need the Parti québécois to exist totally in the National Assembly. And CAQ doesn't own the government, doesn't own the National Assembly. They need to respect those people as well. So, a good way to respect those people is to make an agreement with Québec solidaire, and the Parti québécois, and the Liberal Party, and this agreement is going to stay still 2022, that's all.

Mme Johnson (Maya) : So you're disappointed obviously then that you haven't been able to reach an agreement yet.

M. Bérubé : We're not disappointed, we just like… We're going to do things differently if it's happening, but we still have time for that. There is a meeting at 4 :00 p.m., and, if it's possible to have an agreement, we are going to be happy with that. If not, we're going to do things differently.

Mme Johnson (Maya) : On another topic, and we discussed this last week, of course, a lot of the backlash to the Ford Government decision to cut services to Franco-Ontarians has been coming from Québec, and one of the arguments is that, in Québec, we protect our Anglophone minority with hospitals, with universities.

Do you think that there could be a backlash against Anglophones here, in Québec, because of the services they have and would you continue to defend the rights of Anglophones in Québec?

M. Bérubé :  Well, I don't think so because, in my case this week, we opened a new school in my riding, called Metis Beach school, and Anglophone school, and I was there with a member of the CAQ Government, and we were proud that we have this diversity in Québec, French-speaking people, Anglophone minority. And all those minorities, they're all Quebeckers. So we're proud of everyone. We're all Quebeckers.

We hope that the Ontarian Government respects the French-speaking Ontarians as we respect the Anglophone minority of Québec. It's about respect, it's about the reality of their province so. I do remember back, a few years ago, Premier Bouchard and the minister Bernard Landry defended the right of the French-speaking Ontarians with the Montfort Hospital. We even put money in this battle and the people from Ontario were pretty surprised but not for us. Those people are our brothers, our sisters. We speak the same language and we have great relationship with them. I hope the Government of Mr. Legault can do as good as we did with the Francophones and I wish that our relationship includes doing business for sure, but includes diversity, respect of the French-speaking Ontarians and respect of one of the nation who founded that country. So this is what we have to say about this.

We don't need a backlash, we need respect and we hope that Mr. Ford could change his mind, but it doesn't seem to happen right now, so we have to take note. And we're looking as well to New Brunswick because there is a new government, like a coalition government with like an anti-bilinguism party, who is now in the coalition conservative party, who think that it's not a good thing to promote French in New Brunswick. So both our neighbors, in New Brunswick and Ontario as well, do thinkthat it's not a good thing that French could progress in this country. So we always thought that the Canada could protect that but it's not happening.

So we are going to continue to promote and defend French in Québec and show solidarity towards our French-speaking people all around Canada and the world. So this is what we have to say about that.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. Bérubé : Merci.

(Fin à 13 h 48)