(Onze heures six minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse des porte-parole de
Québec solidaire en ce début de rentrée parlementaire. Mme Massé va faire
une courte allocution. Ensuite de ça, on va prendre les questions. Une
question, une sous-question, s'il vous plaît, vous êtes nombreux, et on est un
peu restreints dans le temps. Alors, merci. Mme Massé, à vous.
Mme Massé : Merci
beaucoup. Alors, bonjour, tout le monde. C'est aujourd'hui le début de la
session parlementaire, on est vraiment très excités. On arrive à 10, on a
beaucoup à faire, on a beaucoup à dire. Et bien sûr Québec solidaire sera, pour
le début de cette législature et, j'en suis convaincue, sur l'ensemble de la
législature, une opposition combative, comme on l'a toujours été, et aussi
constructive, comme on l'a toujours été.
Alors, dans le contexte où les deux autres
oppositions, présentement, cherchent un chef, leur processus est en train de se
faire, c'est clair que nous, on sait depuis le début où est-ce qu'on s'en va
puis on va continuer à y aller. Et, dans ce sens-là, je pense que
M. Legault connaît notre projet politique et il sait qu'il va nous trouver
sur son chemin s'il ne s'en va pas dans le bon sens.
Alors, vous avez vu nos députés, vous les
avez entendus, vous les avez questionnés dans les dernières semaines. Vous
savez que c'est des gens qui sont compétents, qui ont des choses à dire. Alors,
dès aujourd'hui, si je peux dire, ils auront l'opportunité de pouvoir
contribuer au niveau des différents dossiers dont ils sont responsables, et,
dans ce sens-là, on en est très fiers.
Moi, je vous dirais, ce n'est pas
compliqué, pour cette courte session parlementaire, on a nos priorités, que je
vous présente. Notre priorité de l'environnement, vous la connaissez bien.
Alors, c'est la première priorité. La deuxième, c'est l'environnement. La
troisième, c'est l'environnement. Et je vous dirais que la lutte aux
changements climatiques est notre quatrième priorité.
Pourquoi? Bien, vous le savez autant que
moi, la lutte aux changements climatiques fait partie des enjeux majeurs de
cette 42e législature, et on va s'attendre — et pas seulement
nous, mais la planète entière, le secrétaire général de l'ONU
inclus — à ce que tous les gouvernements sur la planète jouent un
rôle majeur, et bien sûr le Québec n'en fait pas exception.
Or donc, je formule une demande en ce
début de législature, pour les deux semaines à venir, à notre premier ministre.
Je lui demande que, d'ici la fin de la COP24, qui se terminera, comme vous le
savez, à la mi-décembre, il y ait minimalement une ébauche de plan de lutte aux
changements climatiques, minimalement. Bien sûr, il voudra nous parler de plein
d'autres choses, j'en suis, mais on lui demande minimalement une ébauche de
plan de lutte aux changements climatiques.
Je sais qu'il part de loin, je sais qu'il a
beaucoup de travail à faire. Je lui ai d'ailleurs déjà offert nos services et
je le réitère aujourd'hui. Ça fait des années que Québec solidaire travaille
sur ce dossier-là de la transition. On est bien prêts à lui donner un coup de
main s'il est prêt à déposer ce plan-là, une ébauche de plan à court terme.
Mais je pense que cela impose d'entrée de
jeu une première décision, c'est-à-dire de revoir sa décision concernant le
gazoduc. On ne le sait que trop, les projets d'infrastructures viennent
augmenter l'utilisation des hydrocarbures comme le gaz dit naturel, et on pense
que, là, il ne faut pas aller à l'encontre de ce que la planète exige. Donc, M. Legault,
j'ai envie de vous faire confiance, mais je vous demande, puisque c'est les
impératifs de lutte aux changements climatiques qui l'exigent, d'ébaucher ce
plan et de reculer sur la décision du gazoduc.
Le Modérateur
: Merci.
On va prendre les questions — une question, une sous-question, je
vous rappelle — bien, avec M. Cormier, tiens. Présentez-vous, s'il
vous plaît, au bénéfice...
M. Cormier (François) :
François Cormier, de TVA. Est-ce que vous avez eu des discussions avec M. Paradis
concernant les garanties sur la transparence que vous aviez demandées? Et, si
oui, est-ce qu'il a finalement votre appui? Parce que vous aviez dit que, si
vous n'aviez pas de garanties de transparence, il n'y aurait pas d'appui.
M. Nadeau-Dubois : M. Paradis
va rencontrer notre caucus en début d'après-midi, et nous avons plusieurs
questions pour lui. On a bien hâte d'entendre ses réponses. On a envie d'y
croire, on a envie de croire que cette nouvelle législature va permettre de
faire un grand ménage sur le plan de la transparence. Les homards, il faut que
ce soit fini; la culture du club privé, il faut que ce soit terminé. Et c'est
ces questions-là qu'on va poser à M. Paradis cet après-midi afin de savoir
est-ce qu'on va partir du bon pied ou du mauvais pied avec lui.
M. Cormier (François) :
Les libéraux semblaient dire ce matin que, bon, il faut être plus transparent,
mais en même temps ils disaient : Maintenant que tout le monde va siéger
au BAN, ça va faire en sorte que tout le monde aura accès aux informations.
Est-ce que c'est le genre de transparence que vous réclamez? Et est-ce que vous
allez siéger au BAN?
M. Nadeau-Dubois : Nous
siégerons au BAN, et je suis content de savoir que les libéraux voient ça comme
une bonne nouvelle. Je vous dirais qu'on n'a pas toujours eu cette
impression-là par le passé. Alors, oui, tant mieux que tous les partis soient
représentés au BAN. C'est clairement un pas dans la bonne direction, on ne va
pas dire le contraire, mais ce n'est pas suffisant. Il faut s'assurer que le
peuple québécois sache ce qui se passe au BAN. Ça ne veut pas dire des réunions
live «streamées» sur Internet en tout temps, hein? Ce qu'on dit par contre,
c'est que la culture du huis clos systématique, il faut y mettre fin. Il y a
plusieurs exemples à travers le Canada de Parlements qui ouvrent les portes de
leur équivalent du Bureau de l'Assemblée nationale. On peut s'en inspirer, on
doit s'en inspirer. Et ce sera un des premiers sujets que nous, on va mettre
sur la table du BAN, le fait de faire une vaste réforme de transparence pour
permettre aux gens de savoir comment on dépense leur argent dans l'institution
des institutions qu'est l'Assemblée nationale.
Le Modérateur
: Marco.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Concrètement, qu'est-ce que ça signifie? Que les députés devront dévoiler
un certain nombre de leurs dépenses? Que l'Assemblée nationale doit également
faire preuve de davantage de transparence, mais comment?
M. Nadeau-Dubois : C'est
plusieurs choses différentes. D'abord, il y a les dépenses de la présidence de l'Assemblée
nationale. Nous, on croit qu'il faut beaucoup plus de transparence en cette
matière-là, et je n'ai pas besoin d'expliquer pourquoi, là, les scandales des
derniers mois l'ont démontré.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais comment? C'est quoi? C'est dévoiler toutes les factures?
M. Nadeau-Dubois : C'est
démontrer... Encore une fois, pas besoin de donner les factures des nettoyeurs
des petites culottes, pour reprendre une métaphore désormais célèbre. On peut
ventiler les principaux postes de dépenses, ce serait tout à fait suffisant
pour nous, comme il se fait, d'ailleurs, au fédéral. Donc, il y a la question,
donc, des dépenses de la présidence de l'Assemblée nationale, ce qui inclut
notamment les voyages organisés par la présidence. Il y a ensuite la question
du budget de l'Assemblée nationale, qui est décidé au BAN. Là également, on
veut plus de transparence. Et il y a un troisième aspect qui est celui que vous
mentionniez, qui est la transparence des dépenses des députés, disons, dans
leurs bureaux de comté ou avec leurs différentes allocations. On souhaite
également une réforme sur ce plan-là. C'est trois choses légèrement différentes
mais qui s'en vont toutes dans le même sens, dans le sens d'une plus grande
transparence dans l'utilisation des fonds publics par les élus et par les
institutions politiques.
Le Modérateur
:
Deuxième question.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, est-ce qu'il en a été question lors des négociations avec les autres
formations politiques la semaine dernière, en vue de votre reconnaissance comme
groupe parlementaire? Est-ce que ça a été sur la table? Est-ce que vous avez
aussi... Parce que j'imagine que vous ne voulez pas être complices de trucs que
vous avez reprochés au BAN version 1.0, là. J'imagine que vous avez des
garanties qu'il va y avoir un changement.
M. Nadeau-Dubois : Ça n'a
pas été l'objet des discussions parce que les discussions portaient sur la
reconnaissance des groupes parlementaires sur le temps de parole, les présences
en commission, les droits de vote, on en a parlé souvent dans les dernières
semaines, ça ne portait pas sur le fonctionnement interne du BAN. Maintenant
qu'on a, je dirais, un pied dans la porte, c'est clair qu'on va être très
insistants sur notre volonté d'ouvrir les portes du BAN, d'ouvrir les fenêtres,
de faire rentrer la lumière et qu'enfin on sache comment l'argent est dépensé à
l'Assemblée nationale du Québec. Ça va faire partie des demandes qu'on va
amener au BAN très rapidement.
Le Modérateur
: Merci.
Martin.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour. On apprend ce matin que le gouvernement Legault souhaite fixer des
cibles, entre guillemets, plus réalistes de réduction de gaz à effet de serre. Qu'en
pensez-vous?
Mme Massé : Bien, on l'a
souvent dit, les cibles, c'est une chose; les moyens pour l'atteindre, c'est
ça, l'enjeu réel. Juste d'atteindre les cibles prévues, il aurait fallu des
actions assez importantes déjà depuis plusieurs années. Si M. Legault veut
diminuer ces cibles-là, il n'a pas conscience de ce que ça veut dire comme
impact pour la planète. Alors, soyons clairs, ce n'est pas les cibles qu'il
faut diminuer, c'est les gaz à effet de serre.
M. Croteau (Martin) :
Est-ce que vous estimez que les cibles actuelles du Québec, celles de 2020,
celles de 2030, sont réalistes?
Mme Massé : Bien, je
réitère, ces cibles-là ne sont... 2020, là, c'est dans une année et demie,
grosso modo — alors, ça dépend si on le regarde au début de l'année
ou à la fin de l'année 2020 — ces cibles-là sont difficilement
atteignables parce que les gestes passés n'ont pas été faits.
2030 sont très atteignables, et on
pourrait même les rendre beaucoup plus ambitieuses, et c'est ce que Québec
solidaire proposait. Mais, pour ça, il faut revoir carrément notre façon de
faire les choses, et c'est là-dessus qu'on attend M. François Legault. On
veut qu'il nous propose une ébauche.
M. Croteau (Martin) : Je
voudrais juste vous amener sur le cas de Bombardier, si vous permettez, là. On
apprend que l'important contrait de Via Rail, là, irait à Siemens. Quelles sont
vos attentes par rapport au gouvernement Legault dans ce dossier-là?
Mme Massé : Je vous dirais
que, premièrement, ce qui est fascinant, c'est comment, encore une fois, le Canada
abandonne le Québec. Pourquoi? Bien, on l'a vu par le passé, hein, que ce soit
avec les contrats au niveau des navires, que ce soit au niveau du pipeline, je
veux dire, c'est comme si les intérêts du Québec ne semblent pas intéresser le
gouvernement canadien.
Mais en même temps M. Legault sait très
bien que les accords de libre-échange qui sont signés nous mettent dans cette situation-là.
Alors, moi, je pense qu'il faut, bien sûr — et nos attentes par
rapport à M. Legault vont dans ce sens — continuer à dire que
l'argent public doit servir aussi le peuple québécois, et il faut arrêter de
signer des accords de libre-échange qui donnent le plein pouvoir aux
entreprises de poursuivre l'État si on ne va pas dans leur sens.
M. Croteau (Martin) :
Mais, dans le concret et à court terme, là, est-ce que Québec peut faire quelque
chose dans ce dossier-là, faire en sorte que ce contrat-là aille à... ou, en
tout cas, que ces trains-là soient bâtis à La Pocatière, là?
Mme Massé : Bien, je
pense que M. Legault doit crier qu'il faut qu'il y ait du contenu
québécois, canadien. Mais ça ne change rien, l'accord de libre-échange, il est
signé, et le Québec, on n'a pas voix au chapitre. C'est pour ça qu'il faut
changer les règles du jeu.
Le Modérateur
:
Véronique.
Mme Prince (Véronique) :
Oui, bonjour. Je voudrais vous faire réagir sur le sondage qui a été commandé
par Radio-Canada à la firme CROP. Premièrement, sur les seuils d'immigration,
64 % des gens disent qu'ils sont en accord pour les réduire. Et François
Legault s'est fait élire en disant : J'ai un mandat pour aller négocier à
Ottawa, ce qui lui donne un peu raison dans ce sondage-là. Est-ce que vous le
voyez comme ça?
Mme Massé : Bien, ce que
je dirais, c'est : C'est sûr qu'à force de dire et de répéter que
l'immigration est un problème, bien, je peux comprendre que l'opinion publique,
à un moment donné, répète cette ligne-là, si je peux le dire ainsi. Honnêtement,
on le sait depuis toujours, c'est l'intégration qui est nécessaire, et les immigrants
et immigrantes ne sont pas un problème. Est-ce que M. Legault va avoir les
budgets? Est-ce qu'il va faire les choix budgétaires qui vont permettre
réellement aux gens qui nous choisissent de pouvoir pleinement s'implanter dans
la société québécoise? Bien, c'est sûr qu'on va avoir l'oeil ouvert là-dessus.
Mais ceci étant dit, je rappelle à M. Legault,
encore une fois, qu'avec le mode de scrutin… C'est sûr qu'il a 74 députés,
mais il n'a pas 74 % de l'aval de la population du Québec, là, on va
s'entendre là-dessus. Alors, moi, je pense que, si M. Legault entendait avec
autant de force la nécessaire lutte aux changements climatiques, qui est aussi,
je dirais, démontrée dans les sondages comme étant une des grandes priorités du
peuple québécois, bien, j'en serais fort heureuse parce qu'il est là, le réel
problème.
Mme Prince (Véronique) :
Puis, toujours dans ce même sondage, en prévision du projet de loi sur la
laïcité qu'il pourra déposer l'an prochain, les gens appuient quand même majoritairement
l'interdiction du port de signes religieux visibles chez les employés de l'État
qui ont une position coercitive, mais aussi les enseignants. Vous, il me semble
que vous logiez aussi dans le consensus du rapport Bouchard-Taylor. Est-ce que
vous pourriez élargir un peu plus votre position en voyant que les Québécois
veulent ça aussi?
Mme Massé : Bien, deux
choses là-dessus. Une première, c'est, encore là, je réitère, quand ça fait des
années, voire même, là, depuis Bouchard-Taylor... ça fait plusieurs années où
on parle de la laïcité comme étant la laïcité des personnes. Vous le savez que,
là-dessus, on n'en est pas du tout, là. Nous, la laïcité, c'est la laïcité de
l'État. Si M. Legault est réellement engagé dans la laïcité de l'État,
bien, il va commencer par retirer le crucifix qu'il y a au-dessus de la tête de
la personne qui préside l'État québécois — ça, c'est un geste
concret — il va arrêter de financer les écoles privées, qui sont,
pour plusieurs…
M. Nadeau-Dubois : Confessionnelles.
Mme Massé :
…confessionnelles, oui — j'avais «confessionnales» dans la tête, ça
ne marchait pas — confessionnelles. Ça, c'est des gestes où on dit :
L'État, on trace une ligne. Le compromis Bouchard-Taylor n'incluait pas du tout
les enseignantes ou les personnes en service de garde. Pourquoi? Bien, parce
que ce n'est pas un pouvoir coercitif. Le compromis Bouchard-Taylor, que, vous
le savez, nous avons appuyé, nous appuyons depuis quelques années, ce
compromis-là disait : C'est les gens en autorité coercitive. On est encore
là. Mais en même temps même M. Bouchard commence à se dire : Est-ce
que c'est vraiment là un peuple qui n'a pas peur? Est-ce que c'est vraiment
vers là qu'il faut aller? On vous l'a dit dernièrement, nos membres aussi vont
continuer à faire cette réflexion-là. Mais il y a une chose qui est certaine,
c'est qu'il faut qu'on soit clairs : la laïcité, ça n'a rien à voir avec
les individus; la laïcité, ça a à voir avec l'État, nos institutions.
Le Modérateur
:
Jean-Marc.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour à vous deux. Encore une fois, à ce point de presse, en introduction, on
vous a entendus parler de la nécessaire lutte aux changements climatiques, mais
pas spontanément d'emploi. Vous avez répondu à une question d'un collègue sur
l'emploi en raison de Bombardier. Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose
d'étonnant à ce qu'on entende les porte-parole de Québec solidaire s'amener régulièrement
au micro et à ne pas parler spontanément d'emploi alors que ça a été quand même
un marqueur de votre parti politique, l'emploi?
Mme Massé : Oui. Bien,
oui, parce que la lutte aux changements climatiques, c'est inévitablement une
façon différente de faire de l'économie, hein, donc c'est une transformation
économique et c'est aussi une transition des emplois pour nous amener dans une économie
qui est plus sobre en carbone et dont les emplois qui sont là sont des emplois
qui répondent à la nouvelle économie. Alors, peut-être qu'on n'en parle pas,
pour le moment, d'entrée de jeu parce que notre priorité ce matin, c'était de
dire à M. Legault : Vous avez deux semaines, vous avez deux semaines
pour nous arriver avec au moins une ébauche.
Mais c'est évident que la préoccupation
des emplois, pour Québec solidaire... L'exemple du gazoduc en est un. Si le 250 millions
d'investissements prévus pour soutenir l'élaboration de ce gazoduc-là de la
part du... soutenir financièrement, pardon, de la part du gouvernement du
Québec... Il y a une chose qui est certaine, ce 250 millions là serait vraiment
plus utile dans une économie du XXIe siècle en utilisant les ressources du
Saguenay—Lac-Saint-Jean, de l'Abitibi-Témiscamingue qui s'appellent la forêt,
et là je vous parle donc d'un changement de paradigme et d'aller vers une économie,
notamment, de biomasse.
M. Salvet (Jean-Marc) : Est-ce
que vous voyez parmi les pays, disons ceux du G7, un pays qui refuse de signer
des accords de libre-échange?
Mme Massé : Qui refuse
d'en signer, non. Mais, s'ils avaient la même sensibilité que Québec
solidaire — et c'est ça que Québec solidaire veut amener comme parti
politique, et d'amener le Québec à son indépendance — c'est qu'il y a
des pays qui pourraient jouer un rôle complètement différent et de rappeler que
les règles environnementales, elles ne sont pas là juste pour ne pas faire
plaisir à la grande entreprise, elles sont là parce qu'on a besoin d'une
planète si on veut avoir une économie, être là pour dire : Les conditions
de travail, ce n'est pas juste pour déranger la grande entreprise, c'est là parce
que, quand l'humanité est plus heureuse, quand les travailleurs et
travailleuses sont plus en santé, bien, l'humanité est plus en santé. Alors, c'est
cette posture-là que, malheureusement, on ne voit pas aux pays du G7.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je veux peut-être juste ajouter qu'il y a des formations politiques partout
dans le monde qui partagent la critique de Québec solidaire à l'égard du modèle
actuel de libre-échange et qui proposent un modèle de commerce international
différent qui respecte les droits humains, qui respecte l'environnement, qui
respecte les droits des travailleurs, travailleuses. Donc, cette critique du
modèle actuel de libre-échange, on est très loin d'être les seuls à la porter.
Ne serait-ce qu'au Québec, il y a beaucoup de gens dans la société civile qui
le disent, mais, même à l'international, il y a des formations politiques
partout qui portent cette critique-là comme nous, là.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. Je voudrais revenir un peu sur l'immigration et laïcité. Dites-moi si
je vous comprends bien, Mme Massé. Ce que vous dites, en gros, c'est :
Si les Québécois appuient majoritairement, là, les mesures de M. Legault,
notamment pour le port de signes religieux pour les enseignants et pour la
diminution du nombre d'immigrants, c'est un peu parce que… Vous avez dit :
À force de répéter ça. Est-ce qu'ils ont été un peu «brainwashés», les
Québécois?
Mme Massé : Bien,
«brainwashés», non, mais définitivement, à force de te faire dire que
l'immigration, c'est un problème, que les individus devraient être laïques ou
ne pas avoir de signes religieux dans la fonction publique, à force de répéter
que même les professeurs, les enseignantes ont un pouvoir sur les enfants,
alors qu'on était clairs sur le pouvoir coercitif avec MM. Bouchard,
Taylor, c'est sûr que ça finit par influencer la pensée. Ça fait que, oui, mais
«brainwashés», je pense que j'ai…
Mme Lajoie (Geneviève) :
Comment vous qualifieriez ça, d'abord?
Mme Massé : Bien, c'est
le propre de l'occupation de l'espace public, hein? Nous, à Québec solidaire,
on pense depuis longtemps puis on le répète que l'immigration, ce n'est pas un
problème, la laïcité, ce n'est pas les individus, c'est l'État, les services de
l'État, l'État qui doit être laïque. Ce n'est pas ça qui prime dans l'espace
public, ce n'est pas ça qui ressort dans l'espace public. Mais l'enjeu, ce qui,
à notre sens, est le plus fondamental, c'est la question de l'intégration, c'est
les moyens que l'État donne aux différents groupes, aux différents services pour
faire en sorte que la force que sont les nouveaux arrivants qui nous arrivent
puisse être mise à contribution au maximum. Et j'ai hâte d'entendre M. Legault
nous dire comment l'immigration apporte du positif à notre population.
Le Modérateur
:
Deuxième question.
M. Nadeau-Dubois : Je
vous rappellerais qu'il y a 10 ans, il y a plus de 10 ans, dans le
rapport Bouchard-Taylor, c'était écrit qu'il n'y avait pas une crise de la
diversité religieuse au Québec, mais qu'il y avait la perception d'une crise. Malheureusement,
10 ans plus tard, on est exactement au même point. Il n'y a pas de crise
sur le terrain, toutes les statistiques le montrent, mais, oui, il y a une
perception d'une crise dans la population, et cette perception-là, elle est
alimentée par des groupes et des individus dans la société qui martèlent depuis
10 ans dans l'espace public, à coups de chroniques et d'opinions, qu'il y
a un énorme problème avec la présence du religieux dans notre société. Et les
sondages comme ceux d'aujourd'hui sont, en partie, le reflet de ce martèlement
dans l'espace public.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Peut-être un peu sur la transparence...
M. Nadeau-Dubois : Ça ne
prend pas un doctorat en sociologie, je pense, pour avoir cette analyse-là. Les
signataires du rapport Bouchard-Taylor disaient exactement ça il y a 10 ans.
Mme Lajoie (Geneviève) :
D'accord. Sur la transparence et la présidence de l'Assemblée nationale, maintenant
que vous êtes un parti reconnu, est-ce que vous allez participer aux missions à
l'étranger offertes par la présidence, là, les affaires interparlementaires?
Mme Massé : Moi, je pense
que... Voyez-vous, lorsque Québec solidaire a été fondé il y a 12 ans,
notre objectif n'était pas d'avoir des voyages payés par la présidence de
l'Assemblée nationale. Québec solidaire est là parce qu'on veut transformer les
choses. Et, par exemple, on en fait déjà, des voyages, vous le savez : Catherine
Dorion a été à Bilbao dernièrement, Ruba Ghazal ira en Pologne pour la COP. Ce
n'est pas qu'on ne fait pas de liens avec l'international, loin de là. On
mesurera, j'imagine, au mérite la nécessité que Québec solidaire soit présent
ou non.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Mais vous ne l'excluez pas d'emblée, là.
Mme Massé : Bien, ça fait
partie, je dirais, de créer des liens avec le monde. Québec solidaire n'est pas
viré sur le Québec exclusivement. Mais ceci étant dit, notre principal rôle
pour le moment, à 10 députés — ce n'est pas énorme, 10, là,
c'est plus que trois, mais ce n'est pas énorme — notre priorité,
c'est le travail qu'il y a à faire ici.
M. Nadeau-Dubois : Mais,
dans leur formule passée, Québec solidaire ne participera pas à ce type de
voyages là, c'est certain. Est-ce qu'on va exclure aujourd'hui pour toute la
législature le fait de participer à des missions internationales? Je pense que
ce serait vraiment prématuré. Mais, dans leur formule actuelle, où il n'y a pas
de transparence sur les dépenses, où on ne comprend pas vraiment les objectifs,
où il y a des dépenses plutôt somptueuses en divertissements, appelons-le comme
ça, dans cette formule-là, absolument pas. S'il y a d'autres formules qui émergent
de missions internationales qu'on juge réellement pertinentes, je pense que ce
serait prématuré aujourd'hui de dire qu'on ne participera pas.
Le Modérateur
: Alain.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour à vous deux.
Mme Massé : Bonjour,
Alain.
M. Laforest (Alain) :
Êtes-vous l'opposition officielle?
Mme Massé : Bien, pour le
moment, depuis le début de cette nouvelle... depuis la fin, tiens, je vais le
dire de cette façon-là, de cette nouvelle... Voyons! On recommence. Depuis la
fin de l'élection, Québec solidaire est définitivement le porte-voix qui porte
une des préoccupations les plus fondamentales du peuple québécois, c'est-à-dire
la lutte aux changements climatiques. Alors, je pense que, là-dessus,
clairement...
M. Laforest (Alain) : Ce
n'est pas ça, ma question. Êtes-vous l'opposition officielle?
Mme Massé : Bien là, vous
le savez comme moi...
M. Laforest (Alain) :
Vous considérez-vous comme l'opposition officielle?
Mme Massé : Vous savez,
dans le parlementarisme, le terme «opposition officielle» veut dire le deuxième
parti qui a eu le plus de votes. Ça fait que, non, on n'est pas l'opposition
officielle. Mais en matière d'idées, ah! bien oui, ça, c'est clair que Québec
solidaire est l'opposition officielle.
M. Laforest (Alain) : On
est à la 42e législature. Pendant les 10 dernières années, les
15 dernières années, on a critiqué le ton en Chambre. Est-ce que vous
souhaitez un changement de ton? Est-ce que c'est l'occasion de changer de ton?
Mme Massé : Je vais
laisser mon leader répondre parce que je sais qu'on est sur la même longueur
d'onde.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
si par changement de ton, on entend être capables d'être constructifs puis de
trouver des compromis, bien sûr qu'on souhaite un changement de ton. Si, par
changement de ton, on entend cacher les désaccords et faire comme s'il n'y
avait pas, à l'Assemblée nationale du Québec, des conflits de valeurs
fondamentaux, non, il n'y aura pas de changement de ton. Manon l'a bien dit,
Québec solidaire est en désaccord avec ce que propose la CAQ sur à peu près
tous les grands aspects. À ce moment-là, on va s'opposer. Et, quand il y aura
des moments où on sera en accord, je pense, par exemple, à l'enjeu des clauses
orphelin, à l'enjeu de la prise en compte des pensions alimentaires dans
différentes prestations gouvernementales, quand je pense à la réforme du mode
de scrutin, à ce moment-là bien sûr qu'on va collaborer. Et, comme le disait
Manon en introduction, c'est toujours comme ça qu'on a travaillé à l'Assemblée
nationale du Québec : constructifs quand venait le temps de trouver des
compromis, mais combatifs quand venait le temps de bloquer des choses qui sont
inadmissibles.
Le Modérateur
:
Caroline.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour. Est-ce que vous trouvez ça suffisant, une journée de consultations sur
la proche aidance, considérant qu'il y a 200 acteurs du milieu qui sont
invités à participer? Est-ce que c'est suffisant, une journée de consultations?
Mme Massé : Bien, il y a
deux éléments. Un premier élément, c'est que nous connaissons très, très bien
les besoins des proches aidants. Ça fait des années, je dirais, qu'on réfléchit
et que les proches aidants eux-mêmes et leurs organisations nous proposent des
voies de passage, nous parlent de leurs priorités. Je pense qu'on connaît déjà beaucoup
de choses.
Ceci étant dit, puisqu'il y a une urgence
d'investir pour assurer la réponse aux besoins des proches aidants et, je
dirais, de leurs familles de façon plus large, je pense qu'une journée de consultations,
c'est une chose, mais c'est le temps que ça va prendre pour répondre à ce qui
est identifié depuis déjà très longtemps qui va être le plus urgent.
Alors, moi, ce que je souhaite, ce n'est
pas nécessairement les résultats de cette journée-là — bien sûr,
l'écoute, et tout ça, va être importante — mais c'est surtout des
actions rapides et le budget nécessaire. C'est toujours ça. D'avoir des beaux
plans d'action, on a été habitués à ça par le passé, mais d'avoir le budget
nécessaire pour les réaliser, ça, on n'a pas été très habitués à ça.
Mme Plante (Caroline) :
Et puis souhaitez-vous, à Québec solidaire, la destitution de Tamara Thermitus,
la présidente de la Commission des droits de la personne?
Mme Massé : Bien, déjà le
printemps dernier, on vous avait qu'on pensait que c'était peut-être mieux pour
la Commission des droits de la personne, considérant que c'est complètement
gelé, tout ça. On n'a pas vu encore le rapport. Vous savez, on est sérieux, à Québec
solidaire, on va prendre le temps de le lire, et tout ça. Mais honnêtement ce
que je souhaite... Vous savez, la commission des droits de la personne et de la
jeunesse, là, c'est une institution fondamentale pour le Québec. C'est une
gardienne, cette institution, c'est une gardienne. Et nous espérons, le plus
rapidement possible — pas seulement le poste de présidence, il y a
plusieurs autres postes de vacants — qu'on puisse redonner les
leviers à cette commission pour assurer qu'elle puisse réaliser ses mandats.
Le Modérateur
: Merci. Cathy.
Mme Senay (Cathy) : I would like to have your reaction regarding this polling that was
done by CROP for Radio-Canada,
CBC. A majority of people are in favor of banning the wearing of religious
symbols for a few public employees and are in favor of the reduction of immigration by 20%. So, the CAQ was right?
M. Nadeau-Dubois : You know, 10 years ago, in the Bouchard-Taylor Report, it was written that there was no crisis in terms of, you
know, the religious diversity in Québec, it was written that there is a perception of a crisis. It is very
sad to say, but 10 years later we are exactly at the same point. There is no
crisis in Québec but there is a
strong perception of such a crisis. Why? Because it's been 10 years now that,
you know, people in the society
and in the media have repeated on and on that there is a huge problem with
immigrants and with religious symbols. And because of that repetition year
after year, it is not that surprizing, I have to say, that the majority of Quebeckers have the perception that there is such a crisis. But it does not
mean that, on the bottom of the issue, Mr. Legault is right, it only means
that he is taking advantage of that perception of a crisis.
Mme Senay
(Cathy) : But the CAQ repeated many, many,
many times that we'll receive less immigrants, we'll take care of them. I mean,
there is a speech like… there are words that definitely appealed to Quebeckers.
M. Nadeau-Dubois : I'm not sure to understand fully the question.
Mme Senay
(Cathy) : Mr. Legault repeated many, many
times that, regarding immigration, we'll have less immigrants, less immigrant
workers, but we'll take care of them.
M. Nadeau-Dubois : I think it's a little bit paternalistic to talk about immigrants
and say that we're going to take care of them. Immigrants are people that chose
to live in Québec, to integrate
Québec society. We don't need to take care of them, we
need to be in solidarity with them, to help them do exactly what they want to
do, which is integrate fully our society on the economical, social and cultural
levels. That's what we need to do. It's not about taking care of them, they're
not children. It's about being in solidarity with them and giving the resources
that they need to reach that goal of integration.
Mme Senay (Cathy) : And one last question. The Speaker of the House, the Speaker of the
National Assembly, Mr. Paradis, the one who is going to be elected, most
likely, of course, he said that he wants to raise the transparency on expenses.
How do you react about this?
M. Nadeau-Dubois :
We are very happy to hear that. That's what we have been saying for years, at
Québec solidaire, that it is not acceptable that the institution of all
institutions, which is the National Assembly, closes its doors when it comes to
knowing where the money goes. We will now be a member of the Bureau de
l'Assemblée nationale, and it's going to be one of the first issues that we're
going to raise. We need more transparency. And we are meeting with
Mr. Paradis at the beginning of the afternoon, he is meeting our caucus,
and I know that our newly elected MNA's have a lot of question in terms of what,
specifically, he will propose to make the National Assembly more transparent.
Le Modérateur
:
Merci. Maya.
Mme Johnson
(Maya) : Hello. What do you think the biggest
test will be for this new CAQ Government now that a parliamentary session is
actually happening?
M. Nadeau-Dubois :
Well, one of the major tests of credibility will be on the issue of climate
change. You know, Mr. Legault has already admitted that he had a lack of
propositions on that issue during the electoral campaign. He already admitted
that he had, I would say, two strikes against him. This week is his last opportunity to join actions to words and say : O.K., we have heard the civil society, we have heard Québecsociety saying we need a government with leadership on the issue of climate change. And we expect to
see, before the end of the meeting in Poland around climate change, at least,
at least the big principles of his plan to fight against climate change. We ask
him to have at least the basis of such a plan in the next three weeks.
Mme Johnson (Maya) : So, that means that you're expecting him to address the environment
tomorrow in his inaugural speech.
M. Nadeau-Dubois : Not only the issue of environment in general. If he does not tell
the Québec people his
intentions to fight climate change, it will be a failure. You cannot be a head
of government in 2018 and not
have climate change in your agenda, it is just not possible.
Mme Massé : And I want to remember to Mr. Legault that this is the real
crisis, this is the real one. And we want him to have, as Gabriel said, a plan,
a proposal. We need that.
Le Modérateur
: Merci. Raquel.
Mme Fletcher (Raquel) : On the transparency of the Speaker of the House, what particular
things would you like him to implement? I know it was talked about a lot, the bottles of wine and the expensive
bottles of wine. Can you speak more specifically to that?
M. Nadeau-Dubois : There are two main priorities for us. First, we need to make sure
that the meetings of the Bureau de l'Assemblée
nationale are actually more transparent than what they
are right now. That does not mean that we have to livestream them on Facebook,
but that means that Québec
people have a right to know what happens in those meetings, Québec people have a right to know where
does the money go inside the National Assembly.
The second thing is about
the expenses of the Office of the President himself. I don't need to remember
and to talk about the scandals of the last year. This culture, you know, this
culture of luxury, this culture of private club that when you are a President
of the National Assembly nothing is too expensive for you, that culture has to
change. And that has to start by revealing the details of the expenses of the Office
of the President of the National Assembly, and that includes, of course, his
travels.
Mme Fletcher (Raquel) : Would you like to see a limit to his expenses? For instance, you know,
no bottles of wine over x number of dollars, no lobster?
M. Nadeau-Dubois :
Well you know, I don't think if… I don't know if I will write with you today
the exact type of food that is allowed or not, but
there has to be a policy that, you know, says what is
permitted and not permitted in terms of expenses. You know, the administration
of the National Assembly has been, for a few years now, an administration
without any alcohol. The administration of the National Assembly already does
that. I think it's an interesting path to follow. And we will have that
discussion, of course, around the table of the Bureau de l'Assemblée nationale,
and we will ask that question to Mr. Paradis himself in a few minutes with
our caucus.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
Mme Fletcher (Raquel) : I just have one last question. This is a minisession of only two-weeks
long. I'm just wondering what you think is realistic that can be accomplished
in the next two weeks.
M. Nadeau-Dubois :
What we want to hear from Mr. Legault in the next two weeks is very
simple, we want to see the basic proposal that he will have on fighting climate
change. He doesn't need to put forward a complete plan on 10 years with every
detail, but what he absolutely needs to do to reassure the people of Québec is
to say : That is my general goal and those are the general means I'm going
to use to reach that goal. Thank you.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
Mme Massé :
Merci.
(Fin à 11 h 44)