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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin

Version finale

Le mardi 27 novembre 2018, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures six minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse des porte-parole de Québec solidaire en ce début de rentrée parlementaire. Mme Massé va faire une courte allocution. Ensuite de ça, on va prendre les questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît, vous êtes nombreux, et on est un peu restreints dans le temps. Alors, merci. Mme Massé, à vous.

Mme Massé : Merci beaucoup. Alors, bonjour, tout le monde. C'est aujourd'hui le début de la session parlementaire, on est vraiment très excités. On arrive à 10, on a beaucoup à faire, on a beaucoup à dire. Et bien sûr Québec solidaire sera, pour le début de cette législature et, j'en suis convaincue, sur l'ensemble de la législature, une opposition combative, comme on l'a toujours été, et aussi constructive, comme on l'a toujours été.

Alors, dans le contexte où les deux autres oppositions, présentement, cherchent un chef, leur processus est en train de se faire, c'est clair que nous, on sait depuis le début où est-ce qu'on s'en va puis on va continuer à y aller. Et, dans ce sens-là, je pense que M. Legault connaît notre projet politique et il sait qu'il va nous trouver sur son chemin s'il ne s'en va pas dans le bon sens.

Alors, vous avez vu nos députés, vous les avez entendus, vous les avez questionnés dans les dernières semaines. Vous savez que c'est des gens qui sont compétents, qui ont des choses à dire. Alors, dès aujourd'hui, si je peux dire, ils auront l'opportunité de pouvoir contribuer au niveau des différents dossiers dont ils sont responsables, et, dans ce sens-là, on en est très fiers.

Moi, je vous dirais, ce n'est pas compliqué, pour cette courte session parlementaire, on a nos priorités, que je vous présente. Notre priorité de l'environnement, vous la connaissez bien. Alors, c'est la première priorité. La deuxième, c'est l'environnement. La troisième, c'est l'environnement. Et je vous dirais que la lutte aux changements climatiques est notre quatrième priorité.

Pourquoi? Bien, vous le savez autant que moi, la lutte aux changements climatiques fait partie des enjeux majeurs de cette 42e législature, et on va s'attendre — et pas seulement nous, mais la planète entière, le secrétaire général de l'ONU inclus — à ce que tous les gouvernements sur la planète jouent un rôle majeur, et bien sûr le Québec n'en fait pas exception.

Or donc, je formule une demande en ce début de législature, pour les deux semaines à venir, à notre premier ministre. Je lui demande que, d'ici la fin de la COP24, qui se terminera, comme vous le savez, à la mi-décembre, il y ait minimalement une ébauche de plan de lutte aux changements climatiques, minimalement. Bien sûr, il voudra nous parler de plein d'autres choses, j'en suis, mais on lui demande minimalement une ébauche de plan de lutte aux changements climatiques.

Je sais qu'il part de loin, je sais qu'il a beaucoup de travail à faire. Je lui ai d'ailleurs déjà offert nos services et je le réitère aujourd'hui. Ça fait des années que Québec solidaire travaille sur ce dossier-là de la transition. On est bien prêts à lui donner un coup de main s'il est prêt à déposer ce plan-là, une ébauche de plan à court terme.

Mais je pense que cela impose d'entrée de jeu une première décision, c'est-à-dire de revoir sa décision concernant le gazoduc. On ne le sait que trop, les projets d'infrastructures viennent augmenter l'utilisation des hydrocarbures comme le gaz dit naturel, et on pense que, là, il ne faut pas aller à l'encontre de ce que la planète exige. Donc, M. Legault, j'ai envie de vous faire confiance, mais je vous demande, puisque c'est les impératifs de lutte aux changements climatiques qui l'exigent, d'ébaucher ce plan et de reculer sur la décision du gazoduc.

Le Modérateur : Merci. On va prendre les questions — une question, une sous-question, je vous rappelle — bien, avec M. Cormier, tiens. Présentez-vous, s'il vous plaît, au bénéfice...

M. Cormier (François) : François Cormier, de TVA. Est-ce que vous avez eu des discussions avec M. Paradis concernant les garanties sur la transparence que vous aviez demandées? Et, si oui, est-ce qu'il a finalement votre appui? Parce que vous aviez dit que, si vous n'aviez pas de garanties de transparence, il n'y aurait pas d'appui.

M. Nadeau-Dubois : M. Paradis va rencontrer notre caucus en début d'après-midi, et nous avons plusieurs questions pour lui. On a bien hâte d'entendre ses réponses. On a envie d'y croire, on a envie de croire que cette nouvelle législature va permettre de faire un grand ménage sur le plan de la transparence. Les homards, il faut que ce soit fini; la culture du club privé, il faut que ce soit terminé. Et c'est ces questions-là qu'on va poser à M. Paradis cet après-midi afin de savoir est-ce qu'on va partir du bon pied ou du mauvais pied avec lui.

M. Cormier (François) : Les libéraux semblaient dire ce matin que, bon, il faut être plus transparent, mais en même temps ils disaient : Maintenant que tout le monde va siéger au BAN, ça va faire en sorte que tout le monde aura accès aux informations. Est-ce que c'est le genre de transparence que vous réclamez? Et est-ce que vous allez siéger au BAN?

M. Nadeau-Dubois : Nous siégerons au BAN, et je suis content de savoir que les libéraux voient ça comme une bonne nouvelle. Je vous dirais qu'on n'a pas toujours eu cette impression-là par le passé. Alors, oui, tant mieux que tous les partis soient représentés au BAN. C'est clairement un pas dans la bonne direction, on ne va pas dire le contraire, mais ce n'est pas suffisant. Il faut s'assurer que le peuple québécois sache ce qui se passe au BAN. Ça ne veut pas dire des réunions live «streamées» sur Internet en tout temps, hein? Ce qu'on dit par contre, c'est que la culture du huis clos systématique, il faut y mettre fin. Il y a plusieurs exemples à travers le Canada de Parlements qui ouvrent les portes de leur équivalent du Bureau de l'Assemblée nationale. On peut s'en inspirer, on doit s'en inspirer. Et ce sera un des premiers sujets que nous, on va mettre sur la table du BAN, le fait de faire une vaste réforme de transparence pour permettre aux gens de savoir comment on dépense leur argent dans l'institution des institutions qu'est l'Assemblée nationale.

Le Modérateur : Marco.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Concrètement, qu'est-ce que ça signifie? Que les députés devront dévoiler un certain nombre de leurs dépenses? Que l'Assemblée nationale doit également faire preuve de davantage de transparence, mais comment?

M. Nadeau-Dubois : C'est plusieurs choses différentes. D'abord, il y a les dépenses de la présidence de l'Assemblée nationale. Nous, on croit qu'il faut beaucoup plus de transparence en cette matière-là, et je n'ai pas besoin d'expliquer pourquoi, là, les scandales des derniers mois l'ont démontré.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais comment? C'est quoi? C'est dévoiler toutes les factures?

M. Nadeau-Dubois : C'est démontrer... Encore une fois, pas besoin de donner les factures des nettoyeurs des petites culottes, pour reprendre une métaphore désormais célèbre. On peut ventiler les principaux postes de dépenses, ce serait tout à fait suffisant pour nous, comme il se fait, d'ailleurs, au fédéral. Donc, il y a la question, donc, des dépenses de la présidence de l'Assemblée nationale, ce qui inclut notamment les voyages organisés par la présidence. Il y a ensuite la question du budget de l'Assemblée nationale, qui est décidé au BAN. Là également, on veut plus de transparence. Et il y a un troisième aspect qui est celui que vous mentionniez, qui est la transparence des dépenses des députés, disons, dans leurs bureaux de comté ou avec leurs différentes allocations. On souhaite également une réforme sur ce plan-là. C'est trois choses légèrement différentes mais qui s'en vont toutes dans le même sens, dans le sens d'une plus grande transparence dans l'utilisation des fonds publics par les élus et par les institutions politiques.

Le Modérateur : Deuxième question.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, est-ce qu'il en a été question lors des négociations avec les autres formations politiques la semaine dernière, en vue de votre reconnaissance comme groupe parlementaire? Est-ce que ça a été sur la table? Est-ce que vous avez aussi... Parce que j'imagine que vous ne voulez pas être complices de trucs que vous avez reprochés au BAN version 1.0, là. J'imagine que vous avez des garanties qu'il va y avoir un changement.

M. Nadeau-Dubois : Ça n'a pas été l'objet des discussions parce que les discussions portaient sur la reconnaissance des groupes parlementaires sur le temps de parole, les présences en commission, les droits de vote, on en a parlé souvent dans les dernières semaines, ça ne portait pas sur le fonctionnement interne du BAN. Maintenant qu'on a, je dirais, un pied dans la porte, c'est clair qu'on va être très insistants sur notre volonté d'ouvrir les portes du BAN, d'ouvrir les fenêtres, de faire rentrer la lumière et qu'enfin on sache comment l'argent est dépensé à l'Assemblée nationale du Québec. Ça va faire partie des demandes qu'on va amener au BAN très rapidement.

Le Modérateur : Merci. Martin.

M. Croteau (Martin) : Bonjour. On apprend ce matin que le gouvernement Legault souhaite fixer des cibles, entre guillemets, plus réalistes de réduction de gaz à effet de serre. Qu'en pensez-vous?

Mme Massé : Bien, on l'a souvent dit, les cibles, c'est une chose; les moyens pour l'atteindre, c'est ça, l'enjeu réel. Juste d'atteindre les cibles prévues, il aurait fallu des actions assez importantes déjà depuis plusieurs années. Si M. Legault veut diminuer ces cibles-là, il n'a pas conscience de ce que ça veut dire comme impact pour la planète. Alors, soyons clairs, ce n'est pas les cibles qu'il faut diminuer, c'est les gaz à effet de serre.

M. Croteau (Martin) : Est-ce que vous estimez que les cibles actuelles du Québec, celles de 2020, celles de 2030, sont réalistes?

Mme Massé : Bien, je réitère, ces cibles-là ne sont... 2020, là, c'est dans une année et demie, grosso modo — alors, ça dépend si on le regarde au début de l'année ou à la fin de l'année 2020 — ces cibles-là sont difficilement atteignables parce que les gestes passés n'ont pas été faits.

2030 sont très atteignables, et on pourrait même les rendre beaucoup plus ambitieuses, et c'est ce que Québec solidaire proposait. Mais, pour ça, il faut revoir carrément notre façon de faire les choses, et c'est là-dessus qu'on attend M. François Legault. On veut qu'il nous propose une ébauche.

M. Croteau (Martin) : Je voudrais juste vous amener sur le cas de Bombardier, si vous permettez, là. On apprend que l'important contrait de Via Rail, là, irait à Siemens. Quelles sont vos attentes par rapport au gouvernement Legault dans ce dossier-là?

Mme Massé : Je vous dirais que, premièrement, ce qui est fascinant, c'est comment, encore une fois, le Canada abandonne le Québec. Pourquoi? Bien, on l'a vu par le passé, hein, que ce soit avec les contrats au niveau des navires, que ce soit au niveau du pipeline, je veux dire, c'est comme si les intérêts du Québec ne semblent pas intéresser le gouvernement canadien.

Mais en même temps M. Legault sait très bien que les accords de libre-échange qui sont signés nous mettent dans cette situation-là. Alors, moi, je pense qu'il faut, bien sûr — et nos attentes par rapport à M. Legault vont dans ce sens — continuer à dire que l'argent public doit servir aussi le peuple québécois, et il faut arrêter de signer des accords de libre-échange qui donnent le plein pouvoir aux entreprises de poursuivre l'État si on ne va pas dans leur sens.

M. Croteau (Martin) : Mais, dans le concret et à court terme, là, est-ce que Québec peut faire quelque chose dans ce dossier-là, faire en sorte que ce contrat-là aille à... ou, en tout cas, que ces trains-là soient bâtis à La Pocatière, là?

Mme Massé : Bien, je pense que M. Legault doit crier qu'il faut qu'il y ait du contenu québécois, canadien. Mais ça ne change rien, l'accord de libre-échange, il est signé, et le Québec, on n'a pas voix au chapitre. C'est pour ça qu'il faut changer les règles du jeu.

Le Modérateur : Véronique.

Mme Prince (Véronique) : Oui, bonjour. Je voudrais vous faire réagir sur le sondage qui a été commandé par Radio-Canada à la firme CROP. Premièrement, sur les seuils d'immigration, 64 % des gens disent qu'ils sont en accord pour les réduire. Et François Legault s'est fait élire en disant : J'ai un mandat pour aller négocier à Ottawa, ce qui lui donne un peu raison dans ce sondage-là. Est-ce que vous le voyez comme ça?

Mme Massé : Bien, ce que je dirais, c'est : C'est sûr qu'à force de dire et de répéter que l'immigration est un problème, bien, je peux comprendre que l'opinion publique, à un moment donné, répète cette ligne-là, si je peux le dire ainsi. Honnêtement, on le sait depuis toujours, c'est l'intégration qui est nécessaire, et les immigrants et immigrantes ne sont pas un problème. Est-ce que M. Legault va avoir les budgets? Est-ce qu'il va faire les choix budgétaires qui vont permettre réellement aux gens qui nous choisissent de pouvoir pleinement s'implanter dans la société québécoise? Bien, c'est sûr qu'on va avoir l'oeil ouvert là-dessus.

Mais ceci étant dit, je rappelle à M. Legault, encore une fois, qu'avec le mode de scrutin… C'est sûr qu'il a 74 députés, mais il n'a pas 74 % de l'aval de la population du Québec, là, on va s'entendre là-dessus. Alors, moi, je pense que, si M. Legault entendait avec autant de force la nécessaire lutte aux changements climatiques, qui est aussi, je dirais, démontrée dans les sondages comme étant une des grandes priorités du peuple québécois, bien, j'en serais fort heureuse parce qu'il est là, le réel problème.

Mme Prince (Véronique) : Puis, toujours dans ce même sondage, en prévision du projet de loi sur la laïcité qu'il pourra déposer l'an prochain, les gens appuient quand même majoritairement l'interdiction du port de signes religieux visibles chez les employés de l'État qui ont une position coercitive, mais aussi les enseignants. Vous, il me semble que vous logiez aussi dans le consensus du rapport Bouchard-Taylor. Est-ce que vous pourriez élargir un peu plus votre position en voyant que les Québécois veulent ça aussi?

Mme Massé : Bien, deux choses là-dessus. Une première, c'est, encore là, je réitère, quand ça fait des années, voire même, là, depuis Bouchard-Taylor... ça fait plusieurs années où on parle de la laïcité comme étant la laïcité des personnes. Vous le savez que, là-dessus, on n'en est pas du tout, là. Nous, la laïcité, c'est la laïcité de l'État. Si M. Legault est réellement engagé dans la laïcité de l'État, bien, il va commencer par retirer le crucifix qu'il y a au-dessus de la tête de la personne qui préside l'État québécois — ça, c'est un geste concret — il va arrêter de financer les écoles privées, qui sont, pour plusieurs…

M. Nadeau-Dubois : Confessionnelles.

Mme Massé : …confessionnelles, oui — j'avais «confessionnales» dans la tête, ça ne marchait pas — confessionnelles. Ça, c'est des gestes où on dit : L'État, on trace une ligne. Le compromis Bouchard-Taylor n'incluait pas du tout les enseignantes ou les personnes en service de garde. Pourquoi? Bien, parce que ce n'est pas un pouvoir coercitif. Le compromis Bouchard-Taylor, que, vous le savez, nous avons appuyé, nous appuyons depuis quelques années, ce compromis-là disait : C'est les gens en autorité coercitive. On est encore là. Mais en même temps même M. Bouchard commence à se dire : Est-ce que c'est vraiment là un peuple qui n'a pas peur? Est-ce que c'est vraiment vers là qu'il faut aller? On vous l'a dit dernièrement, nos membres aussi vont continuer à faire cette réflexion-là. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est qu'il faut qu'on soit clairs : la laïcité, ça n'a rien à voir avec les individus; la laïcité, ça a à voir avec l'État, nos institutions.

Le Modérateur : Jean-Marc.

M. Salvet (Jean-Marc) : Bonjour à vous deux. Encore une fois, à ce point de presse, en introduction, on vous a entendus parler de la nécessaire lutte aux changements climatiques, mais pas spontanément d'emploi. Vous avez répondu à une question d'un collègue sur l'emploi en raison de Bombardier. Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'étonnant à ce qu'on entende les porte-parole de Québec solidaire s'amener régulièrement au micro et à ne pas parler spontanément d'emploi alors que ça a été quand même un marqueur de votre parti politique, l'emploi?

Mme Massé : Oui. Bien, oui, parce que la lutte aux changements climatiques, c'est inévitablement une façon différente de faire de l'économie, hein, donc c'est une transformation économique et c'est aussi une transition des emplois pour nous amener dans une économie qui est plus sobre en carbone et dont les emplois qui sont là sont des emplois qui répondent à la nouvelle économie. Alors, peut-être qu'on n'en parle pas, pour le moment, d'entrée de jeu parce que notre priorité ce matin, c'était de dire à M. Legault : Vous avez deux semaines, vous avez deux semaines pour nous arriver avec au moins une ébauche.

Mais c'est évident que la préoccupation des emplois, pour Québec solidaire... L'exemple du gazoduc en est un. Si le 250 millions d'investissements prévus pour soutenir l'élaboration de ce gazoduc-là de la part du... soutenir financièrement, pardon, de la part du gouvernement du Québec... Il y a une chose qui est certaine, ce 250 millions là serait vraiment plus utile dans une économie du XXIe siècle en utilisant les ressources du Saguenay—Lac-Saint-Jean, de l'Abitibi-Témiscamingue qui s'appellent la forêt, et là je vous parle donc d'un changement de paradigme et d'aller vers une économie, notamment, de biomasse.

M. Salvet (Jean-Marc) : Est-ce que vous voyez parmi les pays, disons ceux du G7, un pays qui refuse de signer des accords de libre-échange?

Mme Massé : Qui refuse d'en signer, non. Mais, s'ils avaient la même sensibilité que Québec solidaire — et c'est ça que Québec solidaire veut amener comme parti politique, et d'amener le Québec à son indépendance — c'est qu'il y a des pays qui pourraient jouer un rôle complètement différent et de rappeler que les règles environnementales, elles ne sont pas là juste pour ne pas faire plaisir à la grande entreprise, elles sont là parce qu'on a besoin d'une planète si on veut avoir une économie, être là pour dire : Les conditions de travail, ce n'est pas juste pour déranger la grande entreprise, c'est là parce que, quand l'humanité est plus heureuse, quand les travailleurs et travailleuses sont plus en santé, bien, l'humanité est plus en santé. Alors, c'est cette posture-là que, malheureusement, on ne voit pas aux pays du G7.

M. Nadeau-Dubois : Bien, je veux peut-être juste ajouter qu'il y a des formations politiques partout dans le monde qui partagent la critique de Québec solidaire à l'égard du modèle actuel de libre-échange et qui proposent un modèle de commerce international différent qui respecte les droits humains, qui respecte l'environnement, qui respecte les droits des travailleurs, travailleuses. Donc, cette critique du modèle actuel de libre-échange, on est très loin d'être les seuls à la porter. Ne serait-ce qu'au Québec, il y a beaucoup de gens dans la société civile qui le disent, mais, même à l'international, il y a des formations politiques partout qui portent cette critique-là comme nous, là.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Je voudrais revenir un peu sur l'immigration et laïcité. Dites-moi si je vous comprends bien, Mme Massé. Ce que vous dites, en gros, c'est : Si les Québécois appuient majoritairement, là, les mesures de M. Legault, notamment pour le port de signes religieux pour les enseignants et pour la diminution du nombre d'immigrants, c'est un peu parce que… Vous avez dit : À force de répéter ça. Est-ce qu'ils ont été un peu «brainwashés», les Québécois?

Mme Massé : Bien, «brainwashés», non, mais définitivement, à force de te faire dire que l'immigration, c'est un problème, que les individus devraient être laïques ou ne pas avoir de signes religieux dans la fonction publique, à force de répéter que même les professeurs, les enseignantes ont un pouvoir sur les enfants, alors qu'on était clairs sur le pouvoir coercitif avec MM. Bouchard, Taylor, c'est sûr que ça finit par influencer la pensée. Ça fait que, oui, mais «brainwashés», je pense que j'ai…

Mme Lajoie (Geneviève) : Comment vous qualifieriez ça, d'abord?

Mme Massé : Bien, c'est le propre de l'occupation de l'espace public, hein? Nous, à Québec solidaire, on pense depuis longtemps puis on le répète que l'immigration, ce n'est pas un problème, la laïcité, ce n'est pas les individus, c'est l'État, les services de l'État, l'État qui doit être laïque. Ce n'est pas ça qui prime dans l'espace public, ce n'est pas ça qui ressort dans l'espace public. Mais l'enjeu, ce qui, à notre sens, est le plus fondamental, c'est la question de l'intégration, c'est les moyens que l'État donne aux différents groupes, aux différents services pour faire en sorte que la force que sont les nouveaux arrivants qui nous arrivent puisse être mise à contribution au maximum. Et j'ai hâte d'entendre M. Legault nous dire comment l'immigration apporte du positif à notre population.

Le Modérateur : Deuxième question.

M. Nadeau-Dubois : Je vous rappellerais qu'il y a 10 ans, il y a plus de 10 ans, dans le rapport Bouchard-Taylor, c'était écrit qu'il n'y avait pas une crise de la diversité religieuse au Québec, mais qu'il y avait la perception d'une crise. Malheureusement, 10 ans plus tard, on est exactement au même point. Il n'y a pas de crise sur le terrain, toutes les statistiques le montrent, mais, oui, il y a une perception d'une crise dans la population, et cette perception-là, elle est alimentée par des groupes et des individus dans la société qui martèlent depuis 10 ans dans l'espace public, à coups de chroniques et d'opinions, qu'il y a un énorme problème avec la présence du religieux dans notre société. Et les sondages comme ceux d'aujourd'hui sont, en partie, le reflet de ce martèlement dans l'espace public.

Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être un peu sur la transparence...

M. Nadeau-Dubois : Ça ne prend pas un doctorat en sociologie, je pense, pour avoir cette analyse-là. Les signataires du rapport Bouchard-Taylor disaient exactement ça il y a 10 ans.

Mme Lajoie (Geneviève) : D'accord. Sur la transparence et la présidence de l'Assemblée nationale, maintenant que vous êtes un parti reconnu, est-ce que vous allez participer aux missions à l'étranger offertes par la présidence, là, les affaires interparlementaires?

Mme Massé : Moi, je pense que... Voyez-vous, lorsque Québec solidaire a été fondé il y a 12 ans, notre objectif n'était pas d'avoir des voyages payés par la présidence de l'Assemblée nationale. Québec solidaire est là parce qu'on veut transformer les choses. Et, par exemple, on en fait déjà, des voyages, vous le savez : Catherine Dorion a été à Bilbao dernièrement, Ruba Ghazal ira en Pologne pour la COP. Ce n'est pas qu'on ne fait pas de liens avec l'international, loin de là. On mesurera, j'imagine, au mérite la nécessité que Québec solidaire soit présent ou non.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais vous ne l'excluez pas d'emblée, là.

Mme Massé : Bien, ça fait partie, je dirais, de créer des liens avec le monde. Québec solidaire n'est pas viré sur le Québec exclusivement. Mais ceci étant dit, notre principal rôle pour le moment, à 10 députés — ce n'est pas énorme, 10, là, c'est plus que trois, mais ce n'est pas énorme — notre priorité, c'est le travail qu'il y a à faire ici.

M. Nadeau-Dubois : Mais, dans leur formule passée, Québec solidaire ne participera pas à ce type de voyages là, c'est certain. Est-ce qu'on va exclure aujourd'hui pour toute la législature le fait de participer à des missions internationales? Je pense que ce serait vraiment prématuré. Mais, dans leur formule actuelle, où il n'y a pas de transparence sur les dépenses, où on ne comprend pas vraiment les objectifs, où il y a des dépenses plutôt somptueuses en divertissements, appelons-le comme ça, dans cette formule-là, absolument pas. S'il y a d'autres formules qui émergent de missions internationales qu'on juge réellement pertinentes, je pense que ce serait prématuré aujourd'hui de dire qu'on ne participera pas.

Le Modérateur : Alain.

M. Laforest (Alain) : Bonjour à vous deux.

Mme Massé : Bonjour, Alain.

M. Laforest (Alain) : Êtes-vous l'opposition officielle?

Mme Massé : Bien, pour le moment, depuis le début de cette nouvelle... depuis la fin, tiens, je vais le dire de cette façon-là, de cette nouvelle... Voyons! On recommence. Depuis la fin de l'élection, Québec solidaire est définitivement le porte-voix qui porte une des préoccupations les plus fondamentales du peuple québécois, c'est-à-dire la lutte aux changements climatiques. Alors, je pense que, là-dessus, clairement...

M. Laforest (Alain) : Ce n'est pas ça, ma question. Êtes-vous l'opposition officielle?

Mme Massé : Bien là, vous le savez comme moi...

M. Laforest (Alain) : Vous considérez-vous comme l'opposition officielle?

Mme Massé : Vous savez, dans le parlementarisme, le terme «opposition officielle» veut dire le deuxième parti qui a eu le plus de votes. Ça fait que, non, on n'est pas l'opposition officielle. Mais en matière d'idées, ah! bien oui, ça, c'est clair que Québec solidaire est l'opposition officielle.

M. Laforest (Alain) : On est à la 42e législature. Pendant les 10 dernières années, les 15 dernières années, on a critiqué le ton en Chambre. Est-ce que vous souhaitez un changement de ton? Est-ce que c'est l'occasion de changer de ton?

Mme Massé : Je vais laisser mon leader répondre parce que je sais qu'on est sur la même longueur d'onde.

M. Nadeau-Dubois : Bien, si par changement de ton, on entend être capables d'être constructifs puis de trouver des compromis, bien sûr qu'on souhaite un changement de ton. Si, par changement de ton, on entend cacher les désaccords et faire comme s'il n'y avait pas, à l'Assemblée nationale du Québec, des conflits de valeurs fondamentaux, non, il n'y aura pas de changement de ton. Manon l'a bien dit, Québec solidaire est en désaccord avec ce que propose la CAQ sur à peu près tous les grands aspects. À ce moment-là, on va s'opposer. Et, quand il y aura des moments où on sera en accord, je pense, par exemple, à l'enjeu des clauses orphelin, à l'enjeu de la prise en compte des pensions alimentaires dans différentes prestations gouvernementales, quand je pense à la réforme du mode de scrutin, à ce moment-là bien sûr qu'on va collaborer. Et, comme le disait Manon en introduction, c'est toujours comme ça qu'on a travaillé à l'Assemblée nationale du Québec : constructifs quand venait le temps de trouver des compromis, mais combatifs quand venait le temps de bloquer des choses qui sont inadmissibles.

Le Modérateur : Caroline.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour. Est-ce que vous trouvez ça suffisant, une journée de consultations sur la proche aidance, considérant qu'il y a 200 acteurs du milieu qui sont invités à participer? Est-ce que c'est suffisant, une journée de consultations?

Mme Massé : Bien, il y a deux éléments. Un premier élément, c'est que nous connaissons très, très bien les besoins des proches aidants. Ça fait des années, je dirais, qu'on réfléchit et que les proches aidants eux-mêmes et leurs organisations nous proposent des voies de passage, nous parlent de leurs priorités. Je pense qu'on connaît déjà beaucoup de choses.

Ceci étant dit, puisqu'il y a une urgence d'investir pour assurer la réponse aux besoins des proches aidants et, je dirais, de leurs familles de façon plus large, je pense qu'une journée de consultations, c'est une chose, mais c'est le temps que ça va prendre pour répondre à ce qui est identifié depuis déjà très longtemps qui va être le plus urgent.

Alors, moi, ce que je souhaite, ce n'est pas nécessairement les résultats de cette journée-là — bien sûr, l'écoute, et tout ça, va être importante — mais c'est surtout des actions rapides et le budget nécessaire. C'est toujours ça. D'avoir des beaux plans d'action, on a été habitués à ça par le passé, mais d'avoir le budget nécessaire pour les réaliser, ça, on n'a pas été très habitués à ça.

Mme Plante (Caroline) : Et puis souhaitez-vous, à Québec solidaire, la destitution de Tamara Thermitus, la présidente de la Commission des droits de la personne?

Mme Massé : Bien, déjà le printemps dernier, on vous avait qu'on pensait que c'était peut-être mieux pour la Commission des droits de la personne, considérant que c'est complètement gelé, tout ça. On n'a pas vu encore le rapport. Vous savez, on est sérieux, à Québec solidaire, on va prendre le temps de le lire, et tout ça. Mais honnêtement ce que je souhaite... Vous savez, la commission des droits de la personne et de la jeunesse, là, c'est une institution fondamentale pour le Québec. C'est une gardienne, cette institution, c'est une gardienne. Et nous espérons, le plus rapidement possible — pas seulement le poste de présidence, il y a plusieurs autres postes de vacants — qu'on puisse redonner les leviers à cette commission pour assurer qu'elle puisse réaliser ses mandats.

Le Modérateur : Merci. Cathy.

Mme Senay (Cathy) : I would like to have your reaction regarding this polling that was done by CROP for Radio-Canada, CBC. A majority of people are in favor of banning the wearing of religious symbols for a few public employees and are in favor of the reduction of immigration by 20%. So, the CAQ was right?

M. Nadeau-Dubois : You know, 10 years ago, in the Bouchard-Taylor Report, it was written that there was no crisis in terms of, you know, the religious diversity in Québec, it was written that there is a perception of a crisis. It is very sad to say, but 10 years later we are exactly at the same point. There is no crisis in Québec but there is a strong perception of such a crisis. Why? Because it's been 10 years now that, you know, people in the society and in the media have repeated on and on that there is a huge problem with immigrants and with religious symbols. And because of that repetition year after year, it is not that surprizing, I have to say, that the majority of Quebeckers have the perception that there is such a crisis. But it does not mean that, on the bottom of the issue, Mr. Legault is right, it only means that he is taking advantage of that perception of a crisis.

Mme Senay (Cathy) : But the CAQ repeated many, many, many times that we'll receive less immigrants, we'll take care of them. I mean, there is a speech like… there are words that definitely appealed to Quebeckers.

M. Nadeau-Dubois : I'm not sure to understand fully the question.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Legault repeated many, many times that, regarding immigration, we'll have less immigrants, less immigrant workers, but we'll take care of them.

M. Nadeau-Dubois : I think it's a little bit paternalistic to talk about immigrants and say that we're going to take care of them. Immigrants are people that chose to live in Québec, to integrate Québec society. We don't need to take care of them, we need to be in solidarity with them, to help them do exactly what they want to do, which is integrate fully our society on the economical, social and cultural levels. That's what we need to do. It's not about taking care of them, they're not children. It's about being in solidarity with them and giving the resources that they need to reach that goal of integration.

Mme Senay (Cathy) : And one last question. The Speaker of the House, the Speaker of the National Assembly, Mr. Paradis, the one who is going to be elected, most likely, of course, he said that he wants to raise the transparency on expenses. How do you react about this?

M. Nadeau-Dubois : We are very happy to hear that. That's what we have been saying for years, at Québec solidaire, that it is not acceptable that the institution of all institutions, which is the National Assembly, closes its doors when it comes to knowing where the money goes. We will now be a member of the Bureau de l'Assemblée nationale, and it's going to be one of the first issues that we're going to raise. We need more transparency. And we are meeting with Mr. Paradis at the beginning of the afternoon, he is meeting our caucus, and I know that our newly elected MNA's have a lot of question in terms of what, specifically, he will propose to make the National Assembly more transparent.

Le Modérateur : Merci. Maya.

Mme Johnson (Maya) : Hello. What do you think the biggest test will be for this new CAQ Government now that a parliamentary session is actually happening?

M. Nadeau-Dubois : Well, one of the major tests of credibility will be on the issue of climate change. You know, Mr. Legault has already admitted that he had a lack of propositions on that issue during the electoral campaign. He already admitted that he had, I would say, two strikes against him. This week is his last opportunity to join actions to words and say : O.K., we have heard the civil society, we have heard Québecsociety saying we need a government with leadership on the issue of climate change. And we expect to see, before the end of the meeting in Poland around climate change, at least, at least the big principles of his plan to fight against climate change. We ask him to have at least the basis of such a plan in the next three weeks.

Mme Johnson (Maya) : So, that means that you're expecting him to address the environment tomorrow in his inaugural speech.

M. Nadeau-Dubois : Not only the issue of environment in general. If he does not tell the Québec people his intentions to fight climate change, it will be a failure. You cannot be a head of government in 2018 and not have climate change in your agenda, it is just not possible.

Mme Massé : And I want to remember to Mr. Legault that this is the real crisis, this is the real one. And we want him to have, as Gabriel said, a plan, a proposal. We need that.

Le Modérateur : Merci. Raquel.

Mme Fletcher (Raquel) : On the transparency of the Speaker of the House, what particular things would you like him to implement? I know it was talked about a lot, the bottles of wine and the expensive bottles of wine. Can you speak more specifically to that?

M. Nadeau-Dubois : There are two main priorities for us. First, we need to make sure that the meetings of the Bureau de l'Assemblée nationale are actually more transparent than what they are right now. That does not mean that we have to livestream them on Facebook, but that means that Québec people have a right to know what happens in those meetings, Québec people have a right to know where does the money go inside the National Assembly.

The second thing is about the expenses of the Office of the President himself. I don't need to remember and to talk about the scandals of the last year. This culture, you know, this culture of luxury, this culture of private club that when you are a President of the National Assembly nothing is too expensive for you, that culture has to change. And that has to start by revealing the details of the expenses of the Office of the President of the National Assembly, and that includes, of course, his travels.

Mme Fletcher (Raquel) : Would you like to see a limit to his expenses? For instance, you know, no bottles of wine over x number of dollars, no lobster?

M. Nadeau-Dubois : Well you know, I don't think if… I don't know if I will write with you today the exact type of food that is allowed or not, but there has to be a policy that, you know, says what is permitted and not permitted in terms of expenses. You know, the administration of the National Assembly has been, for a few years now, an administration without any alcohol. The administration of the National Assembly already does that. I think it's an interesting path to follow. And we will have that discussion, of course, around the table of the Bureau de l'Assemblée nationale, and we will ask that question to Mr. Paradis himself in a few minutes with our caucus.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

Mme Fletcher (Raquel) : I just have one last question. This is a minisession of only two-weeks long. I'm just wondering what you think is realistic that can be accomplished in the next two weeks.

M. Nadeau-Dubois : What we want to hear from Mr. Legault in the next two weeks is very simple, we want to see the basic proposal that he will have on fighting climate change. He doesn't need to put forward a complete plan on 10 years with every detail, but what he absolutely needs to do to reassure the people of Québec is to say : That is my general goal and those are the general means I'm going to use to reach that goal. Thank you.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

Mme Massé : Merci.

(Fin à 11 h 44)

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