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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Le mercredi 28 novembre 2018, 17 h 22

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix-sept heures vingt-trois minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour. Bien, vous venez, comme nous, d'entendre le premier ministre nous donner son discours inaugural. Je vous dirais que, dans l'ensemble, c'est à peu près comme une belle tarte aux pommes, tu sais, c'est beau, ça sent bon, mais on va en avoir pour quatre ans. Et je vous dis que, lorsqu'on n'entend même pas une fois le mot «pauvreté», lutte à la pauvreté et qu'on se prétend représenter tous les Québécois et Québécoises, bien, vous comprendrez que c'est un peu choquant parce qu'il y a une bonne partie des Québécois et Québécoises qui, aujourd'hui, n'ont rien entendu en ce qui les concerne.

Deux éléments, parce que ma grande réaction se fera demain en Chambre, j'aurai la chance de réagir au discours, mais deux éléments que je veux porter à votre attention, c'est, bien sûr, concernant les changements climatiques, vous ne serez pas surpris, et la question de l'éducation. Je n'en reviens même pas. Je n'en reviens même pas que le premier ministre n'a pas cru bon d'inclure comme priorité la question de la lutte aux changements climatiques. Je trouve ça, en fait, inquiétant. Inquiétant parce qu'il nous semble que tous les partis devraient avoir comme priorité de préserver la planète. Si notre environnement ne se porte pas bien, si on ne fait rien pour limiter la crise actuelle, l'urgence actuelle, bien, dans 20, 30, 40 ans, malheureusement, tout le reste ne servira à rien, l'éducation, la santé, l'économie, même. Alors donc, je suis vraiment surprise, d'autant plus que le premier ministre nous avait laissé comprendre qu'outre ces trois grandes priorités il en ajoutait une quatrième qui était l'environnement, hein, après avoir rencontré les représentants du Pacte. Et là, tout d'un coup, aujourd'hui, bien, ce n'est pas là. C'est vraiment inquiétant. Et je ne vous dirais pas que je suis surprise, mais je suis inquiète.

Puis, au niveau de l'éducation, qui est la grande priorité, selon M. Legault, bien, entre vous et moi, quel gouvernement dirait que l'éducation, ce n'est pas une priorité? Je pense qu'il n'y a aucun gouvernement de l'histoire qui a fait ça. Mais, pour nous, il y a les mots et il y a les gestes. Et, sincèrement, quand ce qui nous est annoncé, c'est de réduire, à prime abord, 700 millions de revenus autonomes pour les commissions scolaires, pour les écoles, on se dit : Bien, coudon, comment ça se fait que c'est ça, la priorité? La priorité aussi de la structure, revoir la structure. On a vu, avec les libéraux, ce que c'est, de revoir des structures. Ça fout le bordel, là. Alors donc, c'est inquiétant.

Et son intention d'assurer que le budget de l'Éducation ne sera jamais affecté, bien, honnêtement, on verra ça en cours de route parce que le diable est dans les détails, et le premier ministre ne pouvait pas, bien sûr, hein, nous donner l'ensemble des détails. On va checker ça. L'idée n'est pas mauvaise en soi parce que c'est une façon de préserver notre système, mais, comme je vous disais, c'est inquiétant.

Alors, je terminerais en vous disant qu'une des choses qui m'a vraiment frappée, c'est le nombre de fois que le mot «audace» a été répété. Ce n'est pas parce qu'on répète constamment le mot «audace» que ça fait qu'on est audacieux. Et il me semble que ce que j'ai vu et j'ai entendu aujourd'hui m'apparaît aller tout à fait en continuité avec les politiques que le gouvernement libéral nous avait habitués dans la dernière législature. Et, dans ce sens-là, pour moi, ce n'est pas ça, d'être audacieux au moment où la planète exige qu'on agisse de façon audacieuse.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, sur la question des changements climatiques, vous êtes insatisfaite, mais la fondation Suzuki vient de déclarer sur nos ondes qu'eux sont très contents du discours, plusieurs éléments sur lesquels ils travaillent depuis longtemps, notamment, là, que Québec devienne la batterie pour l'Est de l'Amérique du Nord. Donc, la fondation se trompe? Ils n'ont pas bien compris le discours?

Mme Massé : Non, non. Bien, écoutez, on n'est pas obligés de toujours avoir les mêmes opinions. Moi, je vous dis que ce qui est là, là, ce qui nous a été amené aujourd'hui, il va falloir voir comment ça se traduit. Vous savez, quand on parle de harnacher des rivières, quand on parle d'écouler les surplus... Et je suis capable de reconnaître que, par exemple, au niveau de l'efficacité énergétique, je suis supercontente, moi, d'avoir entendu ce que disait le premier ministre. Mais, vous savez, des paroles, j'en entends depuis quatre ans que je suis ici. Alors, pour moi, là ça va me prendre les gestes. Et, dans ce sens-là, en matière de lutte aux changements climatiques, quand ce n'est même pas identifié comme étant une priorité, c'est inquiétant.

M. Lavallée (Hugo) : Mais reconnaissez-vous que le premier ministre est quand même allé plus loin aujourd'hui qu'il ne l'avait fait auparavant?

Mme Massé : En campagne? Absolument, absolument. En campagne, il n'en a pas parlé, ça fait que ce n'est pas dur d'aller plus loin.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais ça, ce n'est pas de bon augure? Aujourd'hui, le premier ministre a dit des paroles quand même assez fortes, il dit : Je ne peux ignorer ce défi d'urgence climatique et continuer de regarder mes deux fils dans les yeux. Il parle d'une question de survie de notre planète, il dit : Il faut retrousser nos manches. C'est quand même positif, ça.

Mme Massé : Écoutez, ce que je redis, c'est que les paroles, c'est une chose, et les gestes en sont une autre. Pensez au gazoduc, ça, c'est un geste. Pensez à l'entreprise de Bécancour qui va lancer largement du GES dans l'espace, ça, c'est un geste. Alors, comprenez-vous? De la parole aux gestes.

Mais ce n'est pas grave, on va être là, on va être là. Et d'ailleurs on réitère encore aujourd'hui — je vais le dire demain — que, d'ici à la fin de la petite session à laquelle nous sommes, on aimerait ça avoir un plan parce qu'on n'a pas besoin d'attendre. Quand M. Legault dit : Nous sommes dans la grande noirceur, non, je suis désolée, là, c'est vrai qu'on n'a peut-être pas le chiffre exact, mais déjà avec les chiffres de 2015 on savait qu'on aurait de la difficulté d'atteindre les cibles de 2020. Alors, je n'ai pas besoin d'attendre les nouveaux chiffres pour savoir qu'il y a des gestes à poser, et ce n'est définitivement pas ni le troisième lien, ni le gazoduc ou ni l'économie telle qu'elle est faite depuis des siècles, c'est-à-dire extractiviste, polluante, etc.

Mme Plante (Caroline) : D'entrée de jeu, vous avez qualifié ce discours de tarte aux pommes, c'est bon. Qu'est-ce qui est bon? Qu'est-ce qui est bon dans le discours?

Mme Massé : Oui, bien, écoutez, sérieusement, je suis contente que vous me posiez la question, j'ai voulu faire bref. Mais, tu sais, quand j'entends par exemple au niveau de la réforme du mode de scrutin, c'est clair pour moi, M. Legault poursuit cet engagement, et je lui dis : Bravo, François, c'est vers là qu'il faut aller. C'est vrai que le peuple nous a donné un message clair, et allons-y ensemble. Puis là-dessus je vous l'ai déjà dit, on est engagés avec eux là-dessus depuis deux ans puis on va l'être jusqu'au bout.

Quand il nous dit, par exemple, au niveau des frais de garde, au niveau du tarif unique, on est supercontents, mais j'ai hâte d'entendre ça va être combien. C'est sûr que, s'il est à 10 $, 15 $, on ne sera pas contents, là.

Quand il nous parle d'accessibilité à la justice pour la classe moyenne, il a raison. En fait, c'est pourquoi Québec solidaire parle depuis longtemps d'une assurance au niveau de l'accessibilité à la justice parce qu'actuellement il y a trop de monde qui tombe dans les craques.

Au niveau de la rémunération des médecins aussi. Bien là, on va voir, là on va voir. Nous, on a fait nos devoirs depuis au moins 12 ans sur ce dossier-là. On sait que c'est une rémunération mixte, on s'entend, mais il faut voir. Le diable est dans les détails, ça fait que…

Alors, voyez-vous, absolument, moi, je pense que ça sent bon, mais maintenant le diable est dans les détails.

Mme Plante (Caroline) : Donc, vous l'accueillez, somme toute, là, de façon générale, assez bien, ce discours?

Mme Massé : Non. Ce que je vous dis, c'est que c'est une tarte aux pommes qui sent bon — qui sent bonne, pardon — qui a quelques mesures, mais l'environnement n'étant pas une priorité pour M. Legault… Il en a parlé, mais il a parlé d'autres choses, là : la réforme de la justice, de ci, de ça. Non. La lutte aux changements climatiques doit être une priorité. Il l'avait dit voilà quelques semaines, il le retire aujourd'hui. Non, je ne suis pas heureuse d'entendre ça, là.

Mme Plante (Caroline) : Donc, la tarte aux pommes sent bon, mais on ne sait pas si elle est vraiment bonne…

Mme Massé : Bien, je n'y ai pas goûté encore, je n'y ai pas goûté.

Mme Plante (Caroline) : C'est un peu difficile à suivre. Est-ce que ça sent bon ou ça ne sent pas bon? Dans le fond, ce que vous dites, c'est que votre réaction, elle est nuancée. Il y a du bon, il y a du mauvais.

M. Bélair-Cirino (Marco) : De un à 10. Vous donnez combien au discours inaugural, de un à 10?

Mme Massé : Ouh! Aïe! Ça, c'est difficile, honnêtement, Marco, parce qu'il y a tellement de différentes mesures. Tu sais, quand on me dit : Le troisième lien, c'est une affaire idéologique, bien, voyons donc, là. Retirer de l'auto solo, ce n'est pas une histoire d'idéologie, c'est une histoire de répondre aux besoins impératifs de lutte aux changements climatiques.

Alors, je ne sais pas, je ne donnerais pas un score nécessairement très élevé. Mon image de la tarte aux pommes n'est peut-être pas 10 sur 10, mais ce que je veux dire, c'est : Quand on entend des paroles, puis que ça sent bon, bien, il faut attendre d'y goûter pour voir si ça va être bon.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais permettez-moi de reposer ma question. Le premier ministre a déposé une motion pour vous inviter à appuyer le programme, la politique générale de son gouvernement. Allez-vous voter pour ou contre?

Mme Massé : Bien, écoutez, laissez-moi discuter avec mon caucus, là. Les affaires qui partent de haut en bas, chez nous, vous savez, ce n'est pas fort.

M. Lavallée (Hugo) : Mais donc, sur la question du troisième lien, juste pour préciser, parce que M. Legault a semblé vous reprocher puis vous viser en disant : Il y a des gens qui en font un combat idéologique. Pour vous, ça n'a pas valeur, justement, de symbole? Il n'y a pas, justement, sur le fond, un débat idéologique? Est-ce que ce n'est pas le symbole de ça?

Mme Massé : Bien, écoutez, si lutter contre les changements climatiques c'est idéologique...

M. Lavallée (Hugo) : Moi, je parle du troisième lien.

Mme Massé : Oui, c'est ça, mais, pour nous, ce qu'on dit en matière de lutte aux changements climatiques, ce n'est pas idéologique, c'est : il faut de plus en plus éliminer l'auto solo, et ça, ce n'est pas en construisant de nouvelles routes, en les élargissant, ou quoi que ce soit. Alors, si M. Legault trouve que ça, c'est idéologique, bien, qu'il aille en parler avec David Suzuki.

Mme Lévesque (Catherine) : On parle du troisième lien comme un projet de développement durable. Il semble dire que ça peut, justement... peut-être que le tramway qui va passer par là, va relier les deux rives. Est-ce qu'il y a quand même du positif là-dedans, dans ce projet-là?

Mme Massé : Bien, on pourrait le faire tout à fait sur les deux infrastructures qui sont là, il y a déjà eu des projets. Moi, je pense que l'idée... Et là-dessus on se rejoint, c'est-à-dire : il faut lier les deux... il faut offrir des alternatives à nos concitoyens. On se rejoint là-dessus. Mais maintenant, pour nous, c'est clair, ce n'est pas en ouvrant encore de nouvelles routes et/ou un nouveau pont qu'on va régler le problème. Merci, mes amis. À demain.

(Fin à 17 h 35)

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