(Onze heures vingt-huit minutes)
Mme
Hivon
:
Bonjour, tout le monde. Alors, comme vous avez vu, j'ai voulu questionner aujourd'hui
le gouvernement, le ministre de l'Éducation et le ministre de la Famille, en
lien avec cette idée qu'ils propagent maintenant face à l'opposition qu'ils
vivent par rapport au projet des maternelles quatre ans universelles, et cette
opposition qui fait donc en sorte qu'ils réajustent leur discours depuis
quelques jours et qu'ils disent maintenant qu'il y aura un choix parfaitement
libre pour les parents entre les CPE et la maternelle quatre ans.
Alors, aujourd'hui, j'ai voulu leur dire
qu'évidemment ce discours-là ne faisait pas que les gens oubliaient à quel
point leur engagement, il est pour les maternelles quatre ans. Ils se sont
engagés, en campagne électorale, à créer jusqu'à 5 000 nouvelles
classes de maternelle quatre ans, alors qu'il n'y avait pas une ligne dans leur
cadre financier sur la création de places en services de garde éducatifs, puis
là on parle de tous services de garde confondus. Et toujours pas un mot jusqu'à
ce jour sur le nombre de places qui seraient créées en services de garde
éducatifs, alors qu'on entend cette prétention que les parents pourront aller
là où ils souhaitent voir leur enfant évoluer. Je vous rappelle qu'il y a plus
de 30 000 parents, en ce moment, qui attendent une place au guichet
unique, une place en CPE, une place en service de garde éducatif.
Alors, aujourd'hui, le chat est sorti du sac,
le ministre de la Famille nous a dit qu'il y aurait création de 2 000 places,
tous services de garde confondus, 2 000 places alors qu'il y a plus
de 30 000 parents en attente sur le guichet unique et alors qu'on
veut prétendre qu'il y aura un libre choix entre maternelle quatre ans et CPE.
Et en plus il l'a dit, il a fait par exprès pour dire que ce ne serait pas
nécessairement des places en CPE, qui, on le sait, sont les services de garde
éducatifs qui offrent — étude après étude, c'est prouvé — la
plus grande qualité. Alors, c'est quelque chose qui ne tient tout simplement
pas la route.
Évidemment, le gouvernement, aujourd'hui, ne
peut plus continuer à affirmer qu'il y a véritablement une liberté de choix
entre les deux milieux éducatifs. Alors, on continue à lui dire qu'il ne peut
pas aller de l'avant avec un projet mur à mur, universel de création de places
de maternelle quatre ans, un projet qui n'est ni souhaité par les parents, ni
souhaitable d'un point de vue d'opportunités pour le développement des enfants,
ni non plus réalisable, comme on le sait, à partir des informations qui
viennent des milieux mêmes et qui disent qu'il y a autant pénurie de personnel
que pénurie de locaux et qu'on ne peut pas aller créer ces nouvelles classes là
quand on travaille de peine et de misère pour être en train d'accueillir les
élèves qui ont besoin dans les autres niveaux, de classes.
Je voulais aussi vous dire un petit mot sur
la motion qui vient d'être adoptée à l'unanimité en Chambre, dont je me réjouis
beaucoup, cette motion, donc, qui vise à témoigner de tout notre soutien et
notre solidarité comme Assemblée nationale du Québec à l'égard du peuple
franco-ontarien, de cette communauté francophone minoritaire qui se bat pour,
évidemment, son avenir et qui se bat contre les décisions pleines de mépris du
gouvernement Ford d'abolir le projet... de suspendre le projet d'Université de
l'Ontario français et de la commissaire aux services pour la francophonie.
Alors, je me réjouis que cette motion-là ait pu être adoptée à l'unanimité et
je me réjouis aussi que le drapeau franco-ontarien soit sur le mât de
l'Assemblée nationale en fin de semaine, au moment où il y aura des
manifestations de solidarité avec la communauté, la minorité franco-ontarienne.
M. Gagnon (Marc-André) :
Mme Hivon, concernant les maternelles quatre ans, comment pouvez-vous
affirmer aujourd'hui que ce n'est pas souhaité par les parents, alors que cet
engagement-là était à l'avant-plan, au coeur des engagements de la CAQ et
qu'ils ont fait élire 74 députés?
Mme
Hivon
:
Écoutez, c'est sûr qu'à partir du moment où on a un gouvernement majoritaire,
on peut dire qu'absolument tout ce qui était dans leur programme fait l'objet
d'un consensus complet au Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
...c'était au coeur de leur programme, là.
Mme
Hivon
: Moi,
je peux vous dire... et demandez à tous les députés qui ont fait du
porte-à-porte pendant des semaines si c'est quelque chose qui est souhaité par
les parents, et évidemment on peut le sonder davantage, là, moi, je suis bien
ouverte à ça, mais je peux vous dire que, pas du tout, les parents trouvent
que, de manière générale, de dire que le choix privilégié sera désormais les
maternelles quatre ans, ce n'est pas le choix qu'ils souhaitent parce que les
ratios sont plus grands, parce qu'aussi les éducatrices en petite enfance sont
spécifiquement formées en petite enfance, alors que, dans le milieu scolaire, c'est
primaire et préscolaire, et aussi il y a des coûts. Je ne sais pas si vous
réalisez ça, mais un enfant de quatre ans en CPE versus un enfant de quatre ans
en maternelle quatre ans, selon les calculs qu'on fait, c'est plus de
1 200 $ de plus si vous devez aller au service de garde parce
qu'évidemment l'école, ça finit à 3 heures, il faut garder le service de
garde. Il y a aussi les repas à payer, qui sont gratuits dans les services de
garde éducatifs, en CPE. L'été aussi, l'été, vous n'avez plus de service de
garde, donc vous envoyez votre enfant où? Dans un camp à l'âge de quatre, cinq
ans. Donc, c'est toutes ces questions-là qui demeurent aussi.
M. Gagnon (Marc-André) :
Mais, quand vous prenez tout ce que vous venez de dire, pour vous, les
maternelles quatre ans comme la CAQ veut le faire, c'est une catastrophe
annoncée?
Mme
Hivon
:
Oui. C'est un projet qui ne tient pas la route. C'est un projet qui est mal
engagé. C'est un projet qui va avoir un effet déstructurant majeur sur les CPE
et les services de garde éducatifs. Il faut s'en rendre compte parce qu'on
commence à implanter ça et qu'est-ce que ça fait? Ça fait qu'on ne crée plus de
places. Vous avez vu aujourd'hui, il a annoncé 2 000 places pour le
mandat, alors que l'année dernière, juste en un an — puis Dieu sait
que le gouvernement libéral n'était pas trop pro-création de places — il
y a eu plus de 7 000 places de créées. Là, on nous annonce 2 000 places.
Première fois qu'on a un chiffre mais, mon Dieu, quel chiffre qui ne tient pas
la route, quel chiffre décevant quand on prétend, de l'autre côté, qu'on va
donner un libre choix aux parents. Alors, non, ça ne tient pas la route. Ça ne
tient pas la route sur le fond des choses, sur l'opportunité. Ça ne tient pas
la route parce que les parents ne le souhaitent pas. Ça ne tient pas la route
parce qu'on n'a pas les espaces ni les enseignants.
Puis pour votre question : Est-ce que
les parents le souhaitent?, évidemment, les sondages, ça ne fait pas foi de
tout, mais je veux porter à votre attention qu'en pleine campagne électorale il
y a eu un sondage qui a été fait par Léger spécifiquement sur la question, et
c'était 65 % des parents qui disaient qu'ils souhaitaient que leur enfant
fréquente, donc, un service de garde éducatif, alors qu'il y avait à peu près
20 % des parents qui disaient qu'ils souhaitaient que leur enfant de
quatre ans fréquente le milieu scolaire. Ça ne fait pas foi de tout, mais je
fais juste dire que, nous, ça confirme l'impression, le sentiment, le pouls
qu'on prend sur le terrain.
Puis je veux dire un mot sur la question
qui a été évoquée là, du code postal puis des maternelles quatre ans qui ne
seraient pas attribuées de manière juste. L'idée à l'origine des maternelles
quatre ans, c'était spécifiquement qu'elles soient en milieux défavorisés. Ce
n'est pas parce que là, il y a une rigidité d'application bureaucratique qu'il
faut complètement chambarder la chose. Oui, c'était ça, l'idée. C'était l'idée
de dire qu'il y a des enfants qui ne fréquentent aucun service éducatif pour
toutes sortes de raison. Mais une des raisons, c'est que, dans l'impression de
certaines personnes qui ne travaillent pas, de parents, envoyer un enfant en
service de garde versus envoyer à l'école, ce n'est pas la même chose. Donc, ça
visait vraiment des enfants qui ne fréquentaient aucun service de garde éducatif.
Là, en ce moment, ce qu'on est en train de faire avec l'effet déstructurant,
c'est qu'on va transférer des enfants qui sont en service de garde éducatif, qui
sont en CPE pour les envoyer dans des maternelles quatre ans, ce qui ne tient complètement
pas la route quand on a déjà un réseau bien adapté, un joyau que sont les CPE,
qui peuvent faire tout ce que les maternelles quatre ans peuvent faire, qui
peuvent développer les passerelles avec les CLSC dans l'optique du dépistage du
Dr Carmant, ce qui se fait d'ailleurs déjà au jour 1 de la
fréquentation d'un CPE et non pas uniquement à l'âge de quatre ans.
M. Noël (Dave) : Juste un
petit rappel : Combien de places devraient être créées en CPE par année au
cours des quatre prochaines années?
Mme
Hivon
:
Nous, ce qu'on avait annoncé, c'était 21 000 places sur un mandat. Donc,
voilà, c'est le besoin qui était évalué. Autre chose? Merci.
(Fin à 11 h 37)