(Treize heures trente-deux minutes)
M. Zanetti : Bonjour, tout
le monde. Alors, aujourd'hui, je viens réagir au dépôt de ce que la Vérificatrice
générale a pu voir par rapport à, principalement, RECYC-QUÉBEC, la gestion des
pneus usagés, et aussi la rémunération, la vérification de la rémunération des
médecins au Québec.
Alors, dans un premier temps, pour la
question des pneus, là, c'est complètement aberrant. Moi, je ne comprends pas
ce qui se passe, qu'au Québec en ce moment, là... Moi, la pire chose que j'ai
trouvée là-dedans, c'est qu'on apprend qu'il n'y a pas d'argent qui s'investit
dans l'innovation et la recherche pour le recyclage des pneus usagés, qu'entre
2014 et 2016 la quantité de pneus a doublé et que, justement, en ce moment,
l'industrie du recyclage et du remoulage ne parvient pas à gérer toute la
quantité de déchets qu'on fait. Ça, c'est inadmissible.
Et je vois, je vois, là, les citoyennes et
citoyens, là, s'imaginer la quantité de pneus qui s'en va se faire valoriser
énergétiquement, là, c'est-à-dire se faire brûler à la cimenterie McInnis et
produire des gaz à effet de serre au moment où on essaie de lutter contre changements
climatiques. Voir que ça, en ce moment, RECYC-QUÉBEC considère que c'est du
zéro déchet, je trouve ça complètement hallucinant. Alors, une chance qu'on a
une vérificatrice générale qui est l'affût pour nous avertir quand ce genre de
choses là arrive.
Il faut absolument trouver une solution, il
faut investir. Cette situation-là, d'une part, bien, c'est montrer l'échec
libéral sur les enjeux environnementaux depuis, bon, on peut dire les
15 dernières années de façon presque ininterrompue, mais c'est aussi, en
ce moment, un test de leadership pour la ministre de l'Environnement, Mme Chassé.
Comment est-ce qu'elle va réagir à ça? Tu sais, est-ce qu'elle va, oui ou non,
investir dans l'innovation et la recherche? On ne peut pas continuer de brûler
des pneus dans des cimenteries en 2018, complètement innacceptable. Alors, test
de leadership, et puis on va voir qu'est-ce qu'elle a à offrir parce qu'en ce
moment, bien, on sait qu'elle apprend bien ses lignes de communication, mais ça
commence à presser, là. L'urgence climatique, elle est là, c'est maintenant, et
moi, je veux savoir combien d'argent va être investi pour l'innovation et la
recherche, c'est ça, parce que la question n'est pas de savoir s'il doit y en
avoir. Ça, si jamais il n'y en avait pas, ce serait un scandale, là. On veut
savoir s'il y a quelqu'un aux commandes au ministère de l'Environnement.
Maintenant, sur le dossier de la
rémunération des médecins. Ce qui nous est montré là, en fait, c'est le
symptôme d'un système de rémunération qui ne marche pas. La rémunération à
l'acte, comme il y a au Québec en ce moment, ça ne marche pas, c'est ingérable.
On n'est même pas capables de garder le compte là-dessus, complètement
inacceptable. D'une part, le nombre d'actes n'a pas augmenté, même si l'argent
pour chaque acte a augmenté. Alors, les gens attendent dans les urgences, ça
nous coûte de plus en plus cher. Le salaire des médecins spécialistes,
particulièrement, est rendu complètement disproportionné par rapport aux autres
personnes qui travaillent dans le milieu de la santé, c'est complètement
disproportionné. Et qui paie pour ça? Bien, c'est nous. Et tout l'argent qu'on
met là-dedans — ça a encore augmenté de 400 millions cette
année — tout l'argent qu'on met là-dedans, c'est de l'argent qu'on
est en train de ne pas mettre pour avoir plus de personnes dans les CHSLD, pour
avoir plus de personnes qui s'occupent, justement... des gens partout, plus de
préposés aux bénéficiaires, plus d'infirmiers, plus d'infirmières, puis de
pouvoir instaurer une loi sur les ratios aussi.
Donc, le constat qu'on fait de ça, non
seulement c'est que c'est un système qui est complexe, qu'on a même de la
misère à vérifier... Il y a à peu près 61 millions d'actes qui sont faits
chaque année au Québec, c'est complètement hallucinant. Les médecins, même,
paient des firmes pour s'occuper de tenir l'administration de leur propre
rémunération tellement c'est un système compliqué duquel, en plus, on perd
complètement la trace.
Alors, il faut vraiment agir par rapport à
ça et il faut aller jusqu'au bout, c'est-à-dire avoir une réforme complète du
mode de rémunération des médecins. Il faut qu'on ait une rémunération mixte
dans laquelle il y a du salariat, peut-être quelques paiements à l'acte, mais
beaucoup moins payés qu'en ce moment parce qu'en ce moment ce n'est pas un
incitatif à la productivité, entre guillemets. Et ça, j'ai vu qu'il y avait des
signes d'ouverture chez la ministre de la Santé, Mme McCann, au niveau
d'augmenter la capitation, là, c'est-à-dire le mode de rémunération par prise
en charge.
Alors, prise en charge, salariat, un petit
peu de paiements à l'acte, c'est dans cette voie qu'on veut aller et qu'il faut
aller si on veut que, d'abord, la rémunération, on soit capables de la suivre,
que les médecins n'aient pas à dépenser des milliers de dollars juste pour
faire gérer ça par des compagnies, ce qui est complètement absurde, puis que
nous, on soit capables de mettre de l'argent à la bonne place au Québec.
M. Dion (Mathieu) : Par
rapport à RECYC-QUÉBEC, de voir que RECYC-QUÉBEC considérait ça du zéro déchet,
acceptait ça, est-ce que ça vous pose des questions sur RECYC-QUÉBEC tout
court?
M. Zanetti : Bien, il y a
une affaire sur laquelle je veux être clair : il nous faut une société
d'État qui gère ça, O.K., et donc RECYC-QUÉBEC a vraiment sa raison d'être. Ce
qu'on remarque là, c'est que — et ça, c'est la responsabilité des
gouvernements des dernières années — bien, RECYC-QUÉBEC, d'une part,
n'a pas été surveillée comme il faut, d'une part, et aussi peut-être n'a pas eu
les moyens d'opérer. Mais, clairement, les pratiques qui ont été tolérées là ne
sont pas bonnes et ne sont pas suffisantes pour assurer la protection de
l'environnement.
M. Cormier (François) : Sur
la rémunération des médecins, est-ce que vous êtes d'accord avec la ministre
McCann, qui veut revoir la rémunération des médecins en se basant sur le modèle
de l'Ontario? Est-ce que vous vous êtes penché là-dessus?
M. Zanetti : Pas en
profondeur. Je vais analyser ça, mais, si ça veut dire salariat, mode de
rémunération mixte, plus de capitation, moins de paiements à l'acte, on est
ouvert à ça.
M. Cormier (François) : Bien,
aujourd'hui, justement, la Vérificatrice générale dit : Là où est le
problème... Elle ne dit pas qu'il y a un problème au niveau du paiement à
l'acte, ce n'est pas ce qu'elle dit aujourd'hui. Ce qu'elle dit, c'est que
c'est facile de vérifier le paiement à l'acte, de vérifier si l'acte a été posé
et de voir s'il a été facturé comme il faut. Là où elle a un problème, c'est
dans le mixte, en fait dans les primes qu'on donne aux médecins sur certains
enjeux. C'est là qu'elle dit qu'il y a un problème de vérification. Alors,
pourquoi vous attaquer au paiement à l'acte quand ce n'est pas ça que la
Vérificatrice générale dit aujourd'hui?
M. Zanetti : Bien, c'est
sûr que ça amène de la complication. Tu sais, quand il y a 61 millions
d'actes, puis que les médecins eux-mêmes ont de la misère à gérer ça par
eux-mêmes, puis qu'ils engagent du monde pour le faire à leur place, il y a une
indication là qu'il y a une complexification du mode de rémunération, et, pour
nous, ça va ensemble.
Évidemment, la Vérificatrice générale ne
fait pas de constat politique là-dessus, elle a une neutralité, elle émet
certains constats. Mais, nous, ce qu'on conclut de ces constats-là, c'est qu'il
faut aller jusqu'à changer le mode de rémunération complètement puis diminuer
la proportion des actes, diminuer l'argent donné par acte parce qu'en ce moment
il ne joue pas son rôle d'être un incitatif à l'augmentation des actes puis à
la réduction, justement, des temps d'attente pour les gens.
M. Cormier (François) :
Pour la cimenterie McInnis, pourquoi vous faites le lien avec les pneus? Il n'y
a pas de pneus à la cimenterie McInnis.
M. Zanetti : C'est ce qu'on
nous a dit ce matin, que ça se faisait revaloriser, qu'au fond, quand les pneus
étaient jetés, ce qu'on nous a dit, c'est : Quand ils s'en vont,
finalement, ils ne peuvent pas être recyclés, ils ne peuvent pas... etc., ils
sont revalorisés. Puis où est-ce qu'ils sont revalorisés? Ce qu'on nous a dit,
c'est : Bien, un des endroits, c'est la cimenterie McInnis.
M. Cormier (François) :
Bien, en fait, l'un des exemples qu'a donnés le Commissaire au développement
durable dans une stratégie de développer l'industrie du pneu, de développer la
revalorisation du pneu, c'est justement d'en mettre dans le ciment. C'est le Commissaire
au développement durable qui a suggéré ça. Et, à la cimenterie McInnis, on nous
dit qu'il n'y a pas de pneus là.
M. Zanetti : Non, non, c'est
ça. Ce qu'il faut s'entendre, c'est que la cimenterie McInnis, de la façon dont
elle utilise les pneus usagés, c'est en les brûlant comme carburant. Elle s'en
sert comme carburant, c'est ça qu'il appelle la revalorisation.
M. Dion (Mathieu) : C'est
mieux qu'autre chose. Tant qu'à faire, ils sont là, il faut les...
M. Zanetti : Bien, ce qui
serait mieux, et ce qu'on pense qu'on doit faire, c'est, oui, si on est capables
d'en mettre dans du béton pour l'alléger comme ils font en Colombie-Britannique,
oui, comme ils font en Europe, de mélanger ça à de l'asphalte. Il faut trouver
de nouvelles avenues pour ne pas revaloriser énergétiquement, c'est-à-dire
brûler les déchets, O.K., c'est ça, la revalorisation énergétique. Ce qu'il
faut, c'est de trouver des façons de s'en servir de manière utile. Alors, nous,
si on est capables d'investir ici en recherche pour en mettre dans du béton et
non pas dans les fours de la cimenterie et puis pour en mettre dans l'asphalte,
bien, évidemment... ou du bardeau d'asphalte.
Il faut qu'on trouve des débouchés pour
ça, mais aussi qu'on réduise notre consommation. C'est d'abord réduire la
consommation. Ça, rien n'est fait, au Québec, pour réduire la consommation de
pneus, hein? Au contraire, on développe des projets, comme le troisième lien,
qui vont développer le parc automobile et augmenter la quantité de pneus qui
sont consommés. Alors, on ne fait rien pour réduire, on ne fait aucune
recherche pour améliorer notre revalorisation, on est en retard sur ce qui se
fait dans le monde, puis après ça, bien, quand on ne trouve pas les moyens de
faire autre chose, on les envoie se brûler, puis on crée des GES, puis on
appelle ça de la revalorisation.
M. Cormier (François) :
Est-ce qu'il y a une option aux pneus? Parce que, même si vous faites le lien
avec le troisième lien, il y aurait juste des voitures électriques, il y aurait
des pneus quand même.
M. Zanetti : Tout à fait.
M. Cormier (François) :
Est-ce qu'on a une autre option? Alors, le pétrole, on a une autre option,
bien, c'est les voitures électriques, les voitures hybrides. Est-ce que, dans
le cas du pneu, on en a une?
M. Zanetti : Bien, c'est
le transport en commun. C'est-à-dire qu'il faut réduire la taille de notre parc
automobile, tu sais. L'idée, c'est de dire : Il y a des gens au Québec
qui, de par l'endroit où ils habitent, n'ont pas le choix d'avoir une voiture,
et ça, on le comprend parfaitement, parfaitement. Mais il faut non pas qu'on
interdise aux gens d'avoir des voitures, mais il faut qu'on développe des
alternatives pour les gens qui, au moins, sont dans des agglomérations plus
denses, pour qu'ils soient capables de ne pas en avoir. Et le jour où les gens
vont être capables de ne pas avoir de voiture solo... Parce que, tu sais, la
solution, c'est aussi l'autopartage, par exemple, quelqu'un qui prend l'autobus
puis, de temps en temps, il s'en va la fin de semaine en camping, il prend une
Communauto, il se loue une voiture. Donc, il faut développer les alternatives
pour réduire le parc automobile et réduire la consommation de pneus. Ça, c'est
vraiment idéal. Merci. Au revoir.
(Fin à 13 h 42)