(Onze heures quarante minutes)
M. LeBel : Bien, je veux intervenir
aujourd'hui concernant le rapport de la Protectrice du citoyen concernant
l'état de situation dans nos CHSLD. C'est une situation qu'on connaît depuis
longtemps. On parle souvent de la condition de vie de nos aînés dans les CHSLD.
La protectrice est venue juste comme en rajouter puis elle nous a expliqué
qu'effectivement on vit des gros problèmes.
Je me rappelle quand on avait déposé la
loi sur la maltraitance, moi, j'avais beaucoup travaillé sur un type de maltraitance
qui est la maltraitance organisationnelle. Puis la ministre du temps, elle ne
voulait rien savoir de ça, elle disait que ça n'existait pas. Mais c'est ce que
la protectrice vient nous dire, c'est qu'il y a des aînés qui sont maltraités,
puis c'est effectivement par rapport à un cas de maltraitance
organisationnelle. Puis il y a des solutions, les solutions sont là : mettre
à jour les ratios personnel-patients, valoriser les métiers exercés dans les
CHSLD, meilleure formation du personnel dans les CHSLD.
Et là ce qu'on voit de la ministre, on
nous ramène... puis je suis vraiment désolé de tout ça, elle nous ramène la
même solution que l'autre gouvernement... c'est-à-dire qu'on va faire des
visites. On va encore retourner voir les CHSLD. Je ne sais pas combien ça fait
de députés libéraux qui ont fait des visites puis des tournées de CHSLD, voir
les bonnes pratiques, des forums, puis là on recommence encore cette patente-là,
de faire tournées de ministres puis de députés dans les CHSLD pour aller voir.
C'est assez, d'aller voir, là. Il faut investir, il faut mettre de l'argent dans
le réseau, c'est clair, puis on aurait dû le faire dans la mise à jour
économique qu'on a faite la semaine passée. On aurait dû investir de l'argent
dans le réseau et donner de l'air au réseau des CHSLD. Puis on a vu aujourd'hui
dans le CIUSSS, là, pour le maintien à domicile, c'est encore la même chose, c'est
encore les aînés qui paient le prix du sous-financement des services de santé.
Et, bon, la ministre vient de nous dire
qu'il n'y en aura pas, de coupes, qu'elle va mettre de l'argent. Elle dit au
réseau : Allez-y, donnez le service, puis envoyez-nous la facture, on va
payer. Mais, s'ils voulaient payer, pourquoi qu'ils ne l'ont pas tout de
suite... mettre de l'argent dans la mise à jour économique, donner le signal au
réseau qu'il y a de l'argent disponible pour qu'on donne de l'air puis qu'on
donne des services aux aînés du Québec?
Actuellement, on a une ministre des Aînés
qui est versée sur la proche aidance, puis c'est bien correct, puis on va
participer avec elle sur une politique nationale des proches aidants, puis on
va travailler avec elle, comme on a travaillé avec l'autre ministre dans le
passé sur la maltraitance. Elle, c'est les aînés puis c'est la maltraitance
qu'elle voulait travailler, puis on a travaillé avec elle pour... Mais ce que
je trouve dommage, c'est : pendant qu'elle va travailler sur les proches
aidants, comme l'autre ministre pendant qu'elle travaillait sur la
maltraitance, il reste encore qu'on a une société vieillissante puis qu'on ne
s'occupe pas assez de nos aînés, et c'est ça, un gros problème.
Dans ma région, moi, dans le
Bas-Saint-Laurent, il y a une personne sur quatre qui a 65 ans et plus. La
société doit s'adapter au vieillissement de la population, puis on ne se donne
pas une vision large de ça, ce qu'on appelle un problème, mais qui n'est pas un
problème. C'est bon que les gens puissent vieillir le plus longtemps possible,
mais la société doit s'adapter, et on ne se donne pas cette vision plus large,
les aînés qui sont actifs, les aînés qui veulent faire encore de la formation, les
aînés qui veulent demeurer dans leurs villages, les aînés qui veulent avoir des
habitations qui ont du bon sens. On ne se donne pas cette vision large, et c'est
dommage parce que, dans 10 ans, le Québec va être arrivé à ça, à une
personne sur quatre de 65 ans et plus, et on ne se prépare pas. On va
travailler sur les proches aidants comme on a travaillé sur la maltraitance,
mais on ne se donne pas une vision plus large, et ça donne des résultats comme
on a là dans nos CHSLD, dans nos services aux aînés.
Ça fait que, moi, ce que je demande, c'est
qu'on se donne une vision plus large, qu'on intervienne d'une façon urgente en
mettant de l'argent dans le réseau, puis en donnant le signal très clair au
réseau qu'il y a de l'argent disponible, avec des montants, puis que ça soit
très clair, qu'on intervienne de façon urgente, mais aussi qu'on se donne une
vision plus large de comment le Québec doit s'adapter au vieillissement de la
population.
Nous autres, on revendiquait, avec les
groupes, des états généraux sur l'adaptation de la société au vieillissement de
la population, sur les conditions de vie de nos aînés, et je pense qu'on est
rendus là. Il va falloir y arriver un jour, mettre tout le monde autour de la
table, tout le monde, les syndicats, les patrons, le monde de l'éducation, le
monde de la santé, tout le monde autour de la table, les municipalités, le
monde des transports, puis qu'on discute comment on va adapter la société
québécoise au vieillissement de la population pour faire en sorte que... Tu
sais, on a déjà eu une loi pour mourir dans la dignité, bien là, il faut se
donner un plan pour bien vieillir dans la dignité au Québec.
M. Cormier (François) :
En même temps, là vous dites qu'il faut des états généraux puis vous dites en
même temps que les solutions, elles sont là, puis on devrait mettre de
l'argent. Pourquoi, des états généraux, c'est nécessaire, là? Si on connaît les
solutions, là, est-ce qu'on ne peut pas y aller directement?
M. LeBel : Non, ce que je dis,
c'est que, par rapport à la problématique dans nos CHSLD, on connaît les
solutions. Il faut intervenir rapidement, on est capables de le faire.
Ce que je dis, moi, c'est que, quand on
parle du vieillissement de la population au Québec, c'est plus large. Il y a la
santé, mais plus large, il faut adapter notre monde rural. Il y a des grands
quartiers dans nos villes où les aînés ne peuvent pas sortir, puis surtout en
hiver, ils sont isolés, puis ça crée des problèmes. Les aînés qui n'ont pas
accès à des épiceries... Il y a un gros problème de transport. Tu sais, le
dossier des aînés, c'est beaucoup plus large que juste la santé.
La santé, il faut intervenir de façon
urgente, il y a des gens qui souffrent, tu sais, ils sont maltraités. Il faut
intervenir, on est capables de le faire. Mais est-ce qu'on serait capables de
s'arrêter... puis les proches aidants aussi, mais est-ce qu'on serait capables
de s'arrêter puis réfléchir à une société qui va s'adapter à un phénomène qu'on
connaît qui est le vieillissement de la population? Il me semble qu'on devrait
être capables de faire ça, et ça, à mon avis, comme les groupes l'ont
revendiqué, ça passerait par des états généraux sur le vieillissement de la
population.
M. Cormier (François) :
Quand vous dites que le gouvernement devait envoyer le signal qu'il y avait de
l'argent, le gouvernement précédent a déjà envoyé le signal qu'il y avait de
l'argent, le problème qu'il y avait, c'est qu'il n'y avait pas de monde. Donc,
il pouvait embaucher des gens, l'argent était là pour embaucher les gens, mais
il n'y avait pas le monde à être embauché. Alors, est-ce que ce n'est pas ça,
le problème? C'est qu'on n'a pas suffisamment de personnel disponible. Même si
on met les projets ratios de l'avant, il n'y a pas suffisamment de gens.
M. LeBel : Bien, c'est un
cercle vicieux. Il n'y a pas d'argent, le réseau souffre, le réseau n'est pas
capable de livrer. Et les gens qui regardent ça, qui voudraient aller dans ces
métiers-là, qui voudraient aller servir puis être proches des aînés dans le
réseau, quand ils regardent ça, ils ne veulent pas y aller parce qu'ils voient
bien que c'est très difficile. Il faut mettre de l'argent, donner de l'air au
réseau, valoriser le personnel qui est là, et là ensuite les gens vont venir,
ils vont s'intéresser à ces métiers-là.
Là, actuellement, c'est... tu sais, c'est
tout... On s'en parle tous, là. Tout le monde, on dit : Ah! moi, j'espère
de ne pas finir dans un CHSLD. On se dit ça, tout le monde, autour de... Puis
les gens qui voudraient aller dans ces métiers-là, ils entendent ça aussi. Il
faut mettre de l'argent dans le réseau, il faut mettre de l'argent, il faut
donner de l'air à ceux qui livrent ces services-là, et on va attirer du
personnel, j'en suis convaincu. Mais il faut que ce métier-là soit valorisé
puis il faut que le réseau ait les moyens de livrer les services.
M. Cormier (François) :
Dernière question. Est-ce que ce n'est pas une erreur que vous faites de mettre
en contradiction les intentions de Mme Blais sur les proches aidants puis
ce qu'on a besoin dans le réseau? Parce qu'en même temps pour combler ce qui ne
se fait pas dans le réseau en ce moment, c'est souvent les proches aidants qui
vont donner le bain, qui vont donner à manger, qui vont coiffer, qui vont
faire...
M. LeBel : Bien, je ne mets
pas en contradiction les choses, là. Moi, je veux travailler pour une vraie
politique nationale de la proche aidance, là, c'est sûr, puis je vais être là,
comme on l'a fait sur la maltraitance. Je ne mets pas ça en contradiction. Il
faut y arriver, il faut avoir une vraie politique, puis je suis avec la
ministre là-dessus. Ce que je dis, c'est que ne faisons pas que ça, regardons
ce qu'il y a autour. Puis ce qu'il y a autour, par rapport au vieillissement de
la population, il y a beaucoup de choses à regarder.
On a travaillé sur la maltraitance avec
l'ancien gouvernement puis on a fait ça ensemble, l'ensemble des partis
politiques, parce qu'on voulait que les aînés ne soient pas maltraités au
Québec, puis on a fait des avancées. On va le faire aussi avec les proches
aidants. Puis je suis comme vous, je sais que les proches aidants... une chance
qu'il y a des proches aidants, souvent, pour garder les gens à domicile,
prendre soin des aînés et des gens malades. On va travailler là-dessus.
Ce que je dis : Ne faisons pas
l'erreur de ne travailler que là-dessus puis en se disant que ça, ça va tout
régler les problèmes des aînés. Ce n'est pas vrai. On a une population
vieillissante, je l'ai dit. Puis moi, je le sens plus que les autres parce que,
dans ma région, je le dis, une sur quatre, 65 ans et plus. Au Québec, on va
arriver à ça dans 10 ans. Ça fait que moi, là, je le sens, cette situation-là. Dans
les municipalités, la moitié de la population a 65 ans et plus dans le monde
rural. Il y a quelque chose, là, qu'il faut travailler, et c'est là-dessus que
je dis : Il faudrait avoir une vision plus large aussi. Mais ça ne me met
pas en contradiction avec ce que la ministre veut faire pour les proches
aidants, au contraire. Merci.
(Fin à 11 h 48)