(Onze heures quarante-huit minutes)
M. Arseneau : Alors, bonjour. Aujourd'hui,
le point de presse porte sur le service Internet aux Îles-de-la-Madeleine. En
fait, ce matin, il y avait une conférence de presse qui était tenue à
Cap-aux-Meules avec la présence du président du Réseau intégré des
communications électroniques des Îles, M. Claude Cyr; le maire des Îles,
Jonathan Lapierre; également un représentant de la Chambre de commerce des
Îles. Je faisais également partie des partenaires qui voulaient porter un
message haut et fort envers le gouvernement qui, aujourd'hui, ne prend pas ses
responsabilités en ce qui concerne le déploiement d'un service haute vitesse
sur le territoire des Îles-de-la-Madeleine.
Donc, évidemment, j'étais retenu ici par
les travaux parlementaires. C'est la raison pour laquelle je vous rencontre
maintenant, pour exprimer, comme mes partenaires, les inquiétudes des
Madelinots quant au projet de déploiement de l'Internet à haute vitesse qui
tarde à se mettre en oeuvre et à se concrétiser.
On sait que depuis 2018, soit à l'été en
2018, on a annoncé le déploiement d'un réseau fibre hybride avec la compagnie DÉRYtélécom.
On donnait, à ce moment-là, un délai de 20 mois pour le déploiement d'un
réseau, et aujourd'hui, essentiellement, on n'a pas de nouvelles sur l'évolution
du dossier. J'y reviendrai.
Donc, aujourd'hui, en fait, l'essence du
message, c'est de presser le gouvernement et l'entreprise DÉRYtélécom de
préciser leur plan de match, de faire preuve de transparence pour donner enfin
l'espoir aux Madelinots que le service actuel est en voie d'amélioration et que
le projet va enfin aboutir dans un délai raisonnable. Le gouvernement, donc, ne
livre pas la marchandise, parce qu'il faut se rappeler que c'est lui qui a
choisi le projet présenté par DÉRYtélécom pour un montant d'environ
3 millions de dollars.
À l'époque, il y avait une autre
proposition qui était faite conjointement par Bell Canada et le RICEIM, là, le
Réseau intégré de communications électroniques des Îles, qui est un projet de
l'ordre de 13 millions de dollars, qui était un projet de fibre à la
maison et qui aurait permis d'avoir un service Internet à haute vitesse comme
dans les grands centres urbains, comme à Montréal, et à des tarifs compétitifs
concurrentiels équivalents à ceux pratiqués dans les centres urbains.
À l'heure actuelle, la situation aux Îles, c'est
qu'on a un service qui est inadéquat, qui n'est pas fiable, qui offre une
vitesse de transfert de l'ordre de un, deux mégabits, parfois cinq, ça peut
aller jusqu'à huit mégabits, à des tarifs astronomiques pour le service offert,
de l'ordre de 80 $ en moyenne, alors qu'aujourd'hui, pour un montant de
cet ordre-là, même à Gaspé, évidemment à Québec et à Montréal, on peut avoir des
vitesses qui avoisinent les 1 500 mégabits, donc 1,5 Gig. Donc,
c'est astronomique, l'écart entre ce qui est offert maintenant sur le continent
et ce qu'on offre aux Îles-de-la-Madeleine, malgré le fait qu'on ait un câble
sous-marin qui nous permettrait d'avoir une vitesse tout à fait équivalente à
ce qui se fait ailleurs.
Je veux revenir sur le projet qui a été
retenu brièvement pour dire qu'on a toujours déploré que ce projet-là était le
projet qui était le meilleur marché, mais qui offrait la moins bonne assurance
pour les Madelinots de pouvoir avoir un service évolutif et régler enfin le
problème des infrastructures, donc de la fibre optique à la maison pour
l'ensemble de la population et pour de bon.
Ce projet-là, en fait, quand on... et
M. Cyr le mentionnait ce matin en point de presse aux Îles-de-la-Madeleine,
il correspondait à un investissement global de 521 $ par foyer, alors
qu'on voit qu'ailleurs, dans la moyenne des 82 projets qui ont été annoncés par
le gouvernement ces dernières années à travers le Québec, on parle de
82 projets, la moyenne qui a été offerte est de l'ordre de 3 000 $,
3 029 $ par foyer pour leur offrir un branchement à Internet haute
vitesse. Donc, on est six fois inférieur en termes d'investissement à ce qui
s'est fait ailleurs. Et le projet de fibre à la maison, lui, aurait coûté quelque
chose comme 2 000 $ par foyer pour régler pour de bon la situation.
Alors, aujourd'hui, moi, je veux ajouter
ma voix à celle des partenaires municipaux de la chambre de commerce et du RICEIM
pour exiger du gouvernement et de son partenaire d'affaires, DÉRYtélécom, un
bilan des étapes réalisées depuis la signature du contrat l'an dernier, un
échéancier de livraison du service Internet à haute vitesse aux
Îles-de-la-Madeleine, également une proposition de grille tarifaire parce que
c'est aussi le nerf de la guerre. On a déjà des vitesses inférieures à ce qui
est offert ailleurs et on paye un prix astronomique. C'est un service de
deuxième ordre à un prix astronomique. Maintenant, ce qu'on considère,
c'est que les citoyens des îles sont considérés comme des citoyens de deuxième
zone. Et on veut aussi avoir des détails, donc, sur les forfaits prévus et sur
les services qui seront offerts.
Vous savez, aujourd'hui, la norme du CRTC
pour la haute vitesse, la norme à la base, on parle d'une vitesse de 50
mégabits en téléchargement. Le télécommunicateur a déjà laissé entendre qu'on
pourrait atteindre peut-être 30, éventuellement 50 et plus tard 100 mégabits.
On veut avoir les détails de cela, parce que, véritablement, les citoyens des Îles
sentent qu'ils se sont fait flouer avec une décision gouvernementale comme
celle-là, du gouvernement précédent, mais qui est toujours appuyée par le gouvernement
actuel.
Il est important de mentionner également
que le service, à l'heure actuelle, est insatisfaisant, bien sûr, pour les citoyens
qui ont initié un mouvement pour demander au gouvernement d'agir et d'agir rapidement.
Il y a une pétition qui circule actuellement aux Îles-de-la-Madeleine, qui sera
complétée demain. On parle de plus de 1 600 personnes qui ont actuellement
signé la pétition.
Il y a également des entreprises, des
institutions, des organismes qui ont signé des lettres d'appui à la demande
pour un service, un véritable service Internet haute vitesse, et dans les plus
brefs délais, et à des coûts concurrentiels ou des tarifs concurrentiels avec
ce qui est pratiqué dans les grands centres urbains. On parle de près d'une
quarantaine de lettres maintenant d'entreprises qui témoignent aussi des
limites qui sont actuellement les leurs pour opérer.
Je vous donnerais l'exemple d'une
entreprise qui doit payer... je crois que c'est 500 $ par mois pour avoir
un service de 30 mégabits. 30 mégabits, ça vaut environ 40 $ sur le continent.
On a également une entreprise à qui on voudrait facturer 50 000 $
pour un branchement d'un service à 100 mégabits, et le service lui-même serait
offert à 2 000 $ par mois, ce qui est offert à Gaspé pour 86 $.
Alors, je pense que ça illustre bien la
problématique dans laquelle on se situe à l'heure actuelle. On a besoin d'un
service Internet parce que de plus en plus ce n'est pas un luxe, mais c'est un
service de base. C'est d'autant plus important pour un archipel isolé comme
celui des Îles-de-la-Madeleine. C'est important pour les services publics, qui
sont de plus en plus sur l'Internet, sur la Toile, pour les citoyens. Et il y a
également aussi toutes les entreprises, comme je l'ai illustré avec les deux
cas que je vous ai présentés, qui sont de plus en plus limitées avec un
service, donc, qui est très peu rapide et qui souffre aussi de certaines
défaillances très, très régulières.
Alors, pour toutes ces raisons, j'en
appelle, encore une fois, au gouvernement à prendre ses responsabilités et à donner
un signal clair que le service minimal qui est offert ou qui est prévu par le
contrat qu'il a signé avec DÉRYtélécom va se déployer dans les plus brefs
délais, et qu'on s'assure également que les tarifs soient abordables, et que le
service soit adéquat et évolutif, parce qu'on ne peut pas se contenter d'avoir un
service de deuxième ordre et considérer une population insulaire comme celle
des Îles-de-la-Madeleine comme des citoyens de deuxième zone. Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 57)